Si l’on demandait à Morgan pourquoi il agissait de cette façon avec Gabriel, il serait incapable de donner une réponse concrète. C’est vrai… Pourquoi agissaient-ils comme des enfants ? Tous les deux pourraient se comporter en adulte et s’ignorer tout simplement ; mais non. Ils aimaient se chercher. Ils aimaient se provoquer et ils aimaient par-dessus tout, voir lequel des deux résisterait le plus longtemps. Pour le moment, l’androgyne était en tête puisqu’il était le seul à répondre, à jouer mais pour combien de temps ? Un revirement de situation était bien vite arrivé.
Soit.
Pour l’instant, le styliste regardait les amis du garçon et se demandait comme ils faisaient pour rester en compagnie de ce dernier. Il était agressif, peu bavard et vraiment agaçant par moment. Enfin, Morgan n’avait pas grand-chose à dire là-dessus puisque lui aussi était pire que soulant quand il s’y mettait. En revanche, il s’avérait être un garçon très sociable et très gentil quand on apprenait à le connaitre. Mais visiblement, Gabriel n’avait nullement envie de connaitre l’allemand ; et c’était sûrement réciproque. Quoi que. A vrai dire, Morgan agissait de cette façon sans aucune méchanceté. Lui-même avait été victime de la violence et ses mots agressifs de son père durant de longues années, alors ce n’était certainement pas pour agir de la même façon à son tour. Loin de là. En effet, l’androgyne avait ce comportement envers le jeune homme juste pour l’embêter gentiment, le taquiner. Et malgré les réactions soudaines parfois douloureuses de Gaby, Morgan s’amusait.
Enfin… Il s’amusait dès l’instant où l’on ne lui faisait pas de mal. Et là, le jeune garçon venait d’aller trop loin en mordant l’index du brun, qui serrait les dents en baissant son regard vers le sol. Crier sa douleur ne ferait que le satisfaire ; alors il préféra se taire. Néanmoins, après quelques secondes où il sentit son cœur bondir violemment dans sa poitrine et où il sentit son sang battre dans ses veines, Morgan se reprit et se jeta sur son interlocuteur. Pour commencer, il l’allongea dans l’herbe et ensuite, il plaqua sa main libre dans son cou.

-T’es complètement malade ! Y’a vraiment rien de bon chez toi !

Morgan aura essayé. Il grimaça légèrement et se débrouilla comme il put pour libérer son doigt meurtri de l’emprise de Gabriel. Et après avoir constaté qu’il avait la marque de ses dents ancrée dans sa peau, il soupira profondément et entoura son index dans le keffieh que venait de lui tendre son ami. Personne ne parlait et c’était une ambiance qui avait le don de mettre l’androgyne complètement mal à l’aise. Lui qui parlait tout le temps, et parfois pour ne rien dire…
Bref.
Finalement, le styliste se redressa et glissa sa main - intacte - dans sa nuque tout en regardant son ennemi. A quoi bon rester à ses côtés si ce dernier faisait tout pour le nuire ?
Malgré tout, avant de s’éloigner, Morgan décida de lui lancer encore un de ses sarcasmes qui n’appartenait qu’à lui. Comme toujours, Gabriel lui avait tendu une perche bien trop grande pour qu’il résiste au fait de passer à côté.

- J’vais pas rester ici… J’suis pas maso mais, avoir mon doigt dans ta bouche, ça m’a donné tes idées… mmh… tu vois c’que j’veux dire. Si c’est de ça que tu as envie, il fallait le dire.

En réalité, la douleur qu’éprouvait le brun au niveau de son doigt ne lui donnait pas vraiment envie de plaisanter plus longtemps ; c’est juste qu’il refusait de s’avouer vaincu. Oui il avait eu mal. Oui il regrettait de ne pas pouvoir se venger correctement. Mais oui, il savait aussi parfaitement à quel point ses mots pouvaient mettre le jeune Gaby complètement hors de lui.
Ainsi, l’allemand finit par sourire ironiquement et commença tranquillement à se reculer.

La violence n’avait pas le pouvoir de résoudre les conflits ; c’était bien connu. Imaginons un peu que les deux garçons décident d’en venir aux mains, il y aura bien un vainqueur, non ? Et un perdant… et ce dernier pourrait bien décider de se venger la prochaine fois que leur chemin se croiseraient. C’était bel et bien un cercle vicieux qui n’en terminerait jamais s’ils prenaient la décision d’en venir aux mains. Malgré tout, Morgan savait qu’il était capable de bien des choses quand il était énervé ; mais ça, seul son frère jumeau en était conscient. En effet, lorsque les deux Màïcky se disputaient, il ne valait mieux pas trainer dans les parages, ni même essayer de les séparer. Tous les deux étaient dans leur bulle et ne voyaient rien d’autre que leur homologue. Souvent, ils se balançaient tout ce qui leur passait sous la main : Des vases, des chaises, des tables. Et oui, c’était assez violent et impressionnant. Par la suite, quand ils ne trouvaient plus rien à se lancer, ils en venaient aux mains en hurlant des mots qu’ils ne pensaient absolument pas. Enfin, Morgan le disait souvent : Leur relation était exceptionnelle et ce genre de situation ne se produisait que très rarement puisque le reste du temps, ils ne formaient qu’une seule et même personne. Maël sans Morgan n’existait pas ; et inversement.

Avec Gabriel, c’était différent. L’androgyne n’était pas du genre à regretter ses gestes alors si jamais il ne venait à utiliser ses poings pour se calmer, il n’irait sûrement pas s’excuser après. Malgré tout, il n’avait pas envie de s’afficher dans Central Park, en train de se battre avec un minot qui le détestait plus que tout. Pourquoi s’arrêter là-dessus ? Le brun lui, ne le détestait pas et il refusait de créer une émeute.
Finalement, le jeune Gaby se montra très moqueur à l’égard de son ennemi, ce qui rendit la respiration de ce dernier plutôt rapide et bruyante. L’énervement montait gentiment alors qu’il rassemblait toute sa bonne volonté pour ne pas lui sauter dessus et lui régler son compte.

- Comme ça, tu m'oublieras pas.

Ca, c’est un fait. Morgan ne pourrait pas oublier Gabriel. Car même s’il ne pensait pas à lui tous les jours - et heureusement sinon sa tension en prendrait un coup - ça lui arrivait de s’énerver en repensant à certaines situations. D’ailleurs, cela ne serait pas étonnant que le soir même, ou le lendemain, le styliste ressasse les souvenirs de son après-midi en regrettant de ne pas avoir dit ou fait telle ou telle chose.

-Et tu crois que c’est une bonne chose ?!

Morgan leva les yeux, exaspéré et soupira profondément en expulsant l’air par ses narines. Lui qui était venu pour passer une agréable après-midi, il sentait qu’il allait encore être énervé jusqu’à ce qu’il aille se coucher. Soit.
Partir comme ça ne mettrait certainement pas l’allemand en valeur, qui refusait de fuir de toute façon. Ainsi, en sentant que Gabriel le bousculait, il s’empressa de lui agripper le col de son t-shirt pour se retenir.

-Si je tombe, tu tombes avec moi.

Après avoir affiché son plus beau sourire - ironique -, Morgan se stabilisa sur ses longues jambes et lâcha son ennemi. Son regard était devenu plus noir que d’habitude, et son envie de lui coller son poing dans la figure augmentait fortement au fur et à mesure qu’il essayait de se contrôler. Ses compagnons discutaient entre eux, ne se souciant pas vraiment du problème, ce qui rassurait Morgan d’un côté puisqu’il détestait qu’on se mêle de ses affaires. Cette fois, c’était entre Gabriel et lui, uniquement. D’ailleurs, il attrapa ce dernier par les épaules et le plaqua contre le tronc d’un arbre, un peu plus loin.

-Allé, va-y. Dis moi c’qui te dérange chez moi !

Le parfum de l’androgyne le suivait partout. De longs vagues odorantes passaient dans leurs narines, pour le plus grand bonheur de Morgan qui adorait ça d’ailleurs. Néanmoins, il n’avait pas le temps de s’attarder sur un si petit détail. La réponse de son interlocuteur l’intéressait largement ; bien qu’il doute obtenir satisfaction aussi facilement, et rapidement.

N’étant pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, Morgan se montrait alors parfois agressif et violent. En réalité, il savait que son petit poids et son manque de muscles ne l’aideraient pas à s’avouer vainqueur mais il ne désespérait pas. Jamais. son jumeau lui avait toujours dit de ne pas se laisser faire, de ne pas commencer les bagarres puisque le plus important était de les terminer. A ce stade, nous pouvons dire que l’androgyne n’avait pas débuté de conflits physiques, il s’était juste contenté d’immobiliser Gabriel pour obtenir des réponses. C’était la moindre des choses, non ? Qui accepterait de se laisser insulter sans même savoir pourquoi ? Quelle raison poussait le jeune Osborne à se comporter de la sorte ? De même pour Morgan, qu’est ce qui faisait qu’il ne se contrôlait pas facilement quand il avait son ennemi en face de lui ? Pour toutes ces questions, le styliste exigeait des réponses. Il voulait comprendre et ce n’était pas étonnant. Durant toute sa jeunesse, il avait vécu dans le mensonge ; et vraiment, ce fut pire que douloureux quand la vérité éclata alors qu’il pensait déjà tout savoir. Soit.
Morgan maintenait le garçon contre le tronc d’arbre et ce, jusqu’à ce qu’il se retrouve propulsé sur le sol. Son fessier heurta les brins d’herbe plantés dans la terre, avant que son dos ne subisse le même sort. A vrai dire, ce n’était pas la chute qui était le plus douloureux, mais bel et bien le geste que venait de faire Gabriel. Se rendait-il compte de sa violence ? Se rendait-il compte de la méchanceté avec laquelle il agissait ?

- C'est ta sale gueule qui me dérange !

Et se rendait-il compte des mots qu’il employait ? Le pensait-il vraiment ?
Morgan le regarda fixement, refusant de détourner ses yeux, puis se décolla tranquillement du sol. Maintenant debout face à Gabriel, l’androgyne ne put s’empêcher de frotter doucement ses fesses, vérifiant que ses vêtements n’avaient pas subi de traumatisme trop important ; et heureusement, les tâches semblaient ne pas s’être incrustées sur son pantalon. Que dire à présent ? En réalité, le styliste lui aurait bien sauté dessus pour lui donner une bonne leçon, lui donnant alors les coups qu’il avait l’habitude de mettre mais ce n’était - encore une fois - pas dans ses gênes. Au fond, Morgan était quelqu’un de gentil et d’attentionné, qui aimait aider et être présent pour les autres. Seulement voilà, comment se montrer agréable face à une personne comme Gaby ? Au début, tous les deux ne faisaient que se provoquer gentiment mais par la suite, le plus jeune avait laissé son côté violent et méchant refaire surface ; ce qui était dommage puisque l’amusement n’était plus de la partie désormais.
Soit.
Le regard noir de l’allemand se plongea dans celui de son interlocuteur avant qu’il ne laisse libre cours à ses paroles.

-T’es frustré ? J’sais pas trop c’qui s’passe dans ta vie pour que tu sois comme ça mais déverse ta méchanceté sur quelqu’un d’autre !

Et il commença à rejoindre les deux autres qui s’étaient enfin redresser, prêts à agir si la situation dégénérait. Heureusement, Morgan était assez calme pour se reprendre et contrôler ses nerfs.
Finalement, il se retourna une dernière fois et parla tout aussi calmement qu’à son habitude. De toute façon, depuis le début, son ton ne s’était pas élevé tant que ça ; du moins, il ne s’était encore jamais mit à hurler de façon exubérante.

-J’t’ai jamais rien fais. Et entre nous, je préfère avoir une sale gueule plutôt que ton caractère. Tu t’rends compte de rien… Grandis Gabriel.

Ce n’était réellement pas méchant. Morgan voulait juste lui faire comprendre qu’il n’en resterait pas là, malgré son agissement. En réalité, l’androgyne souhaitait qu’il se rende compte que son comportement n’était pas forcément le bon, que dans la vie, vivre avec des préjugés sur les gens ne le ferait pas avancer. Car oui, il jugeait le styliste sur son physique. Peut-être que ce dernier en faisait autant, mais il ne se montrait pas aussi violent. Avec lui, ce n’était que des mots taquins et de la provocation pas bien méchantes.

*Une sale gueule. Une sale gueule ! Non mais depuis quand j’ai une sale gueule moi ? J’suis grand, mince, j’m’habille bien, et merde ! J’ai pas une sale gueule ! Non mais il m’a bien regardé ou quoi ?! Scheisse !*, pensa t-il, les sourcils froncés.

Malgré ses airs prétentieux, Morgan ne supportait pas qu’on parle de son physique quand c’ était pour le dénigrer. Evidemment, il savait qu’il était beau ; du moins, il était loin de se trouver repoussant - mais l’avis des autres comptaient également. Quoi que… « Les autres » se regroupaient en peu de personnes puisque les seuls qui avaient des avis importants étaient son jumeau et ses amis les plus proches. Et jusqu’à preuve du contraire, Gabriel ne faisait pas parti du cercle d’amis de l’androgyne. Ainsi, ce qu’il pouvait penser ne comptait pas aux yeux du concerné, même si cela le rendait assez nerveux et agacé. Soit. Le brun soupira profondément et s’agenouilla auprès de ses compagnons, se rendant rapidement compte que la jeune femme qui se trouvait à ses côtés le regardait fixement avec son air tendre. Et sans rien dire, elle attira l’allemand contre lui afin de mettre sa tête contre son sein chaleureux. Perplexe, Morgan se laissa faire et prit même une position un peu plus confortable pour que son dos ne reste pas tordu trop longtemps. Ah les femmes… Le styliste pourrait en parler pendant des heures. Dès qu’il s’était rendu compte qu’il était devenu bisexuel, il s’était rapproché de certaines filles étant donné c’était les personnes les plus appropriées pour parler des garçons. D’autant plus qu’il n’était pas rare de voir des gays toujours entourés de nanas. Et bien Morgan n’avait pas échappé à la règle. Soit. Il resta calmement installé, sans bouger, puis finit par tendre son bras jusqu’à son sac pour attraper son paquet de cigarettes. Il y a quelques jours, son jumeau lui avait fait promettre qu’il allait réduire sa consommation mais là, c’était plus fort que lui : Il fallait qu’il évacue sa colère.
Ainsi, il coinça le filtre entre ses lèvres pulpeuses et fit jaillir la flamme de son briquet pour allumer le bout de sa cigarette. Et tout en aspirant longuement, il ferma les yeux. Dieu c’que ça pouvait faire du bien. Pendant un bref moment, Morgan ne pensait plus à rien mais la jeune femme le fit redescendre sur terre quand elle commença à souffler quelques mots à son oreille.

-Il te regarde depuis tout à l’heure. Tu veux qu’on aille ailleurs ?

Aller ailleurs ? Et puis quoi encore ?
Si Gabriel venait à quitter Central Park, Morgan ne pourrait que ressentir une immense satisfaction puisqu’il aurait gagné la bataille. Ainsi, il imaginait que ce serait exactement la même chose pour son ennemi, s’il venait à fuir avec ses compagnons. Jamais il ne ferait ça.
Tout sourire - et après avoir donné une réponse négativement à la jeune fille -, le styliste détourna son regard vers Gaby, qui le fixait avec son air haineux. Est-ce que l’allemand aurait touché un point sensible ? Visiblement, il avait réussi à faire taire Osborne pour un petit moment, et ce n’était pas pour lui déplaire.
*Bon, et bien au moins, il ne parle plus de ma BELLE gueule !*, pensa t-il en tirant longuement sur sa cigarette.
A vrai dire, Morgan n’aimait pas le silence et là, personne ne parlait. Partout où il allait, l’androgyne ne pouvait s’empêcher d’ouvrir la bouche pour parler encore et encore sans jamais se demander s’il ne ferait pas mieux de se taire. C’était dans sa nature ; il aimait le contact avec les gens, il aimait parler et se montrer intéressé. Ainsi, ce n’était pas étonnant qu’il ressente un certain malaise en restant planté là alors qu’il mourrait d’envie de laisser ses mots sortir de sa bouche.
Son regard ne quittait pas celui de Gabriel ; c’était à celui qui lâcherait en premier. Le brun finit par se redresser doucement, quittant alors la chaleur que lui offrait le corps de la jeune femme, puis se mit en tailleur. Alors qu’une main était posée sur sa cheville, l’autre amenait et retirait le bâton nocif de ses fines lèvres ; juste le temps qu’il souffle sa fumée blanche en direction de Gabriel, malgré les quelques mètres qui les séparaient.

La rancœur ne faisait pas réellement partie des défauts de l’androgyne. Evidemment, il ne se laissait pas faire et gardait parfois certains éléments en travers de sa gorge durant quelques instants, mais ça ne durait pas très longtemps. En général, et surtout quand cela concernait son jumeau, il prenait son téléphone et lui envoyait un sms pour lui faire part de ses sentiments les plus profonds, sans oublier de s’excuser sincèrement. Seulement, cet aspect n’était valable que pour Maël ; pour les autres personnes, c’était très différent puisqu’il refusait de s’excuser quant à ses gestes.
Aujourd’hui, Gabriel et Morgan avaient été plus loin que d’habitude. En temps normal, ils se provoquaient, se lançaient quelques pics, se fusillaient sûrement du regard mais ne se touchaient jamais. Là, tous les deux avaient craqué et n’avaient pas résisté à l’envie de rabaisser leur adversaire. Entre morsures et bousculades, l’androgyne avait eu droit à son quota de violence pour la journée, bien qu’il ai déjà connu bien pire. Soit. Surprit, il regarda les amis du jeune homme se lever et s’en aller. Est-ce que Gaby allait suivre ? Visiblement, non et cela n’étonnait pas Morgan, qui restait persuadé que l’un comme l’autre serait capable de passer la nuit dans Central Park en attendant que l’un des deux parte. Enfin… Connaissant le styliste, ce n’était pas sûr qu’il veuille dormir à la belle étoile. Comment ferait-il pour prendre sa douche ? Et pour se maquiller, se coiffer ? En effet, cela relevait de l’impossible.
Finalement, le brun fit également un petit signe de mains aux trois garçons avant de tirer une nouvelle fois sur sa cigarette. La fumée entrait dans sa gorge, lui provoquant quelques picotements qu’il ne sentait même plus, avant d’aller noircir ses poumons.

S’il y avait bien une chose que le jeune allemand ne supportait pas, c’était la solitude. Depuis tout petit, il se sentait exclu de la société et hormis son jumeau, personne n’était là pour lui, pour le rassurer ou pour l’aimer tout simplement. Ainsi, en voyant Gabriel seul assis contre le tronc de l’arbre, il ne put s’empêcher de ressentir ce besoin d’aller le voir. Néanmoins, Morgan n’était pas encore assez idiot pour s’approcher et risquer de se faire jeter, comme toujours. Il soupira silencieusement et écrasa la fin de sa cigarette dans l’herbe avant de se mettre debout pour aller jeter le mégot dans la poubelle la plus proche. Protection de la planète oblige. Soit. Après cela, l’androgyne rejoint ses amis et s’accroupi face à eux avant de leur demander gentiment de le laisser seul. Dociles, la jeune fille hocha la tête positivement et entraina le garçon avec elle, après avoir déposé ses lèvres sur le front du brun.
*Ca, je m’en serais passé…*

Non, Morgan n’était pas contre la tendresse mais il fallait bien avouer que cette jeune femme n’avait rien comprit. Elle ne connaissait rien de l’allemand et elle se permettait de l’embrasser aussi tendrement. Dérouté, le styliste préféra oublier ça, se concentrant de nouveau sur Gabriel, qui le regardait maintenant avec ses sourcils froncés. Décidemment… Malgré tout, Aileen ne comptait pas en rester là ; il passa sa main dans sa nuque et hésita un moment avant de tapoter à côté de lui, faisant ainsi comprendre à son ennemi qu’il pouvait s’approcher sans problème. En réalité, ce n’était pas pour le réprimander qu’il faisait ça ; juste pour essayer d’avoir une conversation avec lui. Après tout, chacun avait son caractère et Morgan était le premier à avoir un caractère de chien, pour rester polie. Lui-même avait ses humeurs.
*Tant pis, je regretterais peut-être… Il a qu’à me toucher et j’lui fais bouffer l’herbe !*

Gabriel ne devait pas prendre cette soudaine invitation comme un appel à la guerre. Leur petite bataille de la journée était terminée et honnêtement, Morgan ne se sentait pas capable d’en recommencer une autre, bien que parfois, son ennemi le mette dans tous ses états.