La soirée avait été parfaite. Idéale. Teresa se sentait tellement bien avec Erik que tous les moments qu’elle passait avec lui lui semblaient parfaits. Elle l’aimait vraiment et en fait, elle n’avait jamais cessé de l’aimer. Elle avait essayé de se convaincre du contraire pour que ce soit plus facile et moins douloureux mais il avait fallu qu’elle le revoie pour que tous ses efforts soient réduits à néant. Elle n’avait pas su comment agir au début, elle n’avait cessé de changer d’avis et avait cru devenir folle mais maintenant, elle se sentait bien. Tout était clair, elle lui avait pardonné et ils s’aimaient. Rien ne pouvait être plus parfait pour elle. Ils avaient passé la soirée chez lui ce soir. Il n’avait pas cuisiné mais ça n’avait pas empêché la jeune femme d’apprécier la soirée. Ils auraient pu aller chez elle et elle aurait tout à fait pu préparer le dîner mais ils ne dérangeaient pas Paige de cette façon.

Ils dormaient à présent, jusqu’à ce que le téléphone de la brésilienne ne se mette à vibrer très fort sur la table de nuit. Cela la réveilla bien sûr mais elle eut du mal à réaliser de quoi il s’agissait. Elle réussit à émerger assez pour s’emparer du téléphone et répondre, sans faire attention au numéro qui était affiché, sans regarder si Erik était réveillé aussi ou non. C’était l’hôpital. Son père était sorti depuis la dernière fois puis il avait été ré-hospitalisé la semaine précédente. Son état s’était amélioré puis de nouveau aggravé. Et là… Elle avait l’impression que c’était faux mais la personne à l’autre bout du fil lui avait annoncé qu’il venait de décéder et qu’ils l’appelaient elle parce qu’ils n’avaient pas réussi à joindre sa mère. Il était mort et… elle n’y croyait pas. Elle avait l’impression que son cœur avait arrêté battre et que le monde autour d’elle avait arrêté de tourner. Sans un mot, elle raccrocha et posa son téléphone à côté d’elle. Elle ne se tourna pas tout de suite et se mit à pleurer en silence, réalisant peu à peu ce qu’elle venait d’apprendre. Ca faisait très mal, l’effet d’un coup de poing dans le ventre. Puis elle pensa à sa mère et au fait qu’elle allait devoir lui annoncer. Elle allait la réveiller, et lui dire, voir sa souffrance dans ses yeux et elle n’allait pas le supporter non plus. Elle se tourna ensuite, posa sa main sur l’épaule d’Erik et le secoua pour le réveiller. « Erik… Il faut… Il faut que tu m’emmènes chez moi. Il faut que je voie ma mère… » Elle avait réussi à rester relativement calme jusqu’ici mais elle commençait à se sentir de plus en plus mal et les larmes se faisaient plus nombreuses.

Erik avait l'impression de vivre sur un petit nuage ces derniers temps. Et tout ça, il le devait uniquement à Teresa. Elle était tellement parfaite et merveilleuse aussi. Il avait eu beaucoup de chance le jour où elle avait décidée de le pardonner de l'avoir abandonner et de lui accorder une seconde chance. Parce qu'elle était la seule femme qu'il ait jamais aimé et, il en était convaincu, la seule femme qu'il pourrait jamais aimé dans toute sa vie. Il se voyait déjà faire sa vie avec elle. Maintenant que sa mère n'était plus un problème pour lui, le jeune homme pouvait imaginer un avenir pour eux sans aucuns problèmes. Ils se marieraient, auraient des enfants (autant que Teresa le voudrait mais il aimerait bien pouvoir en avoir au moins deux). Il leur apprendrait à faire du bateau, ce serait merveilleux. Et puis, ils auraient une belle maison aussi. Enfin soit... Pour le moment, ils n'en étaient pas encore là. Ils en étaient toujours à passer de bons moments ensembles. Comme ce soir. Teresa était venue dîner chez lui et ils avaient fait un petit repas en amoureux avant de finir la soirée dans la chambre. C'était le milieu de la nuit à présent et le danois dormait bien quand il sentit Teresa le secouer pour le réveiller. Il émergea difficilement sur le coup, se demandant si c'était déjà le matin et pourquoi il ne pouvait pas dormir plus longtemps. Quand il ouvrit les yeux et entendit Teresa s'adresser à lui, il comprit néanmoins tout de suite que quelque chose n'allait pas. Genre... vraiment pas. Et il se sentit tout d'un coup très réveillé. « Erik… Il faut… Il faut que tu m’emmènes chez moi. Il faut que je voie ma mère… » Le jeune homme se redressa et alluma sa lampe de chevet. Le visage pleins de larmes de la brésilienne n'échappa alors pas à son attention. « Bien sûr... » souffla-t-il un peu perturbé. « Mais... qu'est-ce qu'il se passe ? ... » Quelque chose de grave certainement vu son état.

Teresa était revenue à la réalité de la manière la plus dure qui soit. Elle avait passé la soirée avec Erik, une soirée merveilleuse et elle s’était sentie incroyablement bien jusqu’ici. Après ça elle avait tout aussi bien dormi, elle n’avait eu aucun mal à se rendormir et elle se serait sans doute réveillée en pleine forme et d’aussi bonne humeur si elle n’avait pas été réveillée au bout de la nuit par une nouvelle aussi affreuse. Elle mit du temps avant de le réaliser complètement mais son père était mort. Il était mort. Elle avait dû se le répéter une bonne vingtaine de fois avant de complètement l’intégrer, et encore elle n’était pas sûre que ce soit vraiment le cas. Ce ne fut que lorsqu’elle réalisa qu’elle devrait l’annoncer à sa mère, elle, qu’elle devrait la faire souffrir en lui annonçant une telle nouvelle et qu’elle allait s’effondrer dans ses bras alors qu’elle-même devrait rester forte pour pouvoir la soutenir, qu’elle comprit vraiment ce qu’on venait de lui annoncer. Elle se mit alors à pleurer en silence. C’était un vrai cauchemar et elle espérait qu’elle allait se réveiller bientôt. Elle ne pouvait pas le supporter. Son père était mort… Elle n’allait plus jamais le voir, lui parler, l’entendre… Elle ne pouvait pas accepter ça. Lorsque son corps commença à être pris de secousses, elle se reprit et se tourna vers Erik pour le réveiller. Sans rien lui expliquer, elle demanda à ce qu’il l’emmène chez sa mère. Elle était un peu perdue pour tout dire mais elle quand même le lui annoncer. « Bien sûr... » Il avait l’air perturbé et elle comprenait aisément pourquoi. Elle ne l’avait pas vraiment réveillé en douceur non plus mais elle était paniquée et elle n’avait pas les idées très claires. « Mais... qu'est-ce qu'il se passe ? ... » La jeune femme passa une main sur son visage pour tenter d’essuyer ses larmes et prit une grande inspiration avant de répondre : « C’était l’hôpital et ils viennent de me dire que mon père est mort… Il faut que j’aille voir ma mère et que je lui dise… Il faut qu’on y aille… » Elle recommençait à s’affoler, elle ne savait pas comment elle allait réussir à faire ce qu’elle avait à faire. Elle se pencha pour attraper sa robe qu’elle enfila rapidement et se leva pour rassembler rapidement ses affaires. Elle faisait les cent pas dans la chambre et elle n’arrivait vraiment pas à se calmer.

Après la bonne soirée qu'il avait eu avec Teresa, Erik venait à présent de connâtre un réveil un peu brutal. Au début, il avait gardé les yeux fermés quand la jeune femme l'avait secoué. Il ne savait pas quelle heure il était et il ne voulait pas le savoir. Il voulait juste dormir un peu plus. Il n'avait rien de prévu de toute manière aujourd'hui alors il pouvait bien passer la journée au lit sans que ça ne pose de problèmes à personne. C'était même un très bon programme de passer la journée au lit. Teresa ne tarda néanmoins pas à prendre la parole et Erik sentit immédiatement au ton de la jeune femme que quelque chose n'allait pas. Du coup, ça avait suffit à le réveiller. Il avait ouvert les yeux et c'était redressé, constatant ainsi que ce n'était absolument pas le matin. Non, ils étaient même au beau milieu de la nuit et il savait pertinemment que pour qu'elle demande au beau milieu de la nuit à ce qu'il l'emmène chez sa mère, c'était que quelque chose de grave était arrivé. En allumant la lumière, il constata aussi qu'elle avait le visage inondé de larmes et ça ne fit que confirme ce qui se passait depuis tout à l'heure. Il accepta bien sûr de faire ce qu'elle lui demandait. Mais il restait perturbé malgré tout. Il se demandait ce qu'il pouvait s'être passé exactement. Il posa d'ailleurs la question juste après. Il aurait pu passer son temps à élaborer des théories, rien ne valait mieux que de demander. Il ne pourrait rien faire pour elle si il ne savait pas ce qu'elle avait après tout. « C’était l’hôpital et ils viennent de me dire que mon père est mort… Il faut que j’aille voir ma mère et que je lui dise… Il faut qu’on y aille… » Oh... En entendant ça, Erik resta juste figé et sans voix. Il était incapable de trouver comment réagir. Le temps qu'il retrouve la capacité de bouger, Teresa s'était déjà habillée et faisait à présent les cent pas. Erik se leva donc, s'habilla rapidement à son tour, et arriva à sa hauteur pour la forcer à s'arrêter. Il la serra alors dans ses bras. Un long moment. « Je suis tellement désolé Teresa. » souffla-t-il alors. C'est tout ce qu'il avait trouvé à dire et il était conscient que c'était très loin d'être suffisant mais il ne pouvait décemment pas rester dans le silence plus longtemps. « Ca ne devrait pas être à toi de devoir lui annoncer ça... » C'était beaucoup trop compte tenu de ce qu'elle était déjà en train de vivre.

Teresa aurait tout donné pour ce qu’on venait de lui annoncer ne soit qu’un mauvais rêve. Elle aurait dû s’y attendre mais ça lui paraissait impossible. Pourtant… Elle était bel et bien réveillée. On ne peut plus, en fait. La douleur n’aurait pas été aussi forte sinon. Le pire était qu’elle l’avait vu venir. Son père allait de plus en plus mal depuis Noel et il avait beau avoir eu quelques instants de répit, ça avait simplement été le calme avant la tempête. Bien sûr, elle n’avait pas pu s’empêcher de réveiller Erik. Elle ne pouvait pas faire face à ça toute seule et il était le seul qui était assez important pour elle et qui soit capable de vraiment la soutenir, avec qui elle pouvait se sentir vraiment mieux. Même si là elle voyait difficilement comment c’était possible pour le moment…

Après lui avoir expliqué ce qui n’allait pas, la jeune femme se leva et s’habilla. Comme elle ne pouvait pas tenir en place elle se mit à faire les cent pas dans la chambre. Ce n’était même pas supposé la calmer, elle n’arrivait juste pas à y croire et elle ne pouvait pas rester en place. Impossible. Erik finit par se lever à son tour et la força à s’arrêter en la prenant dans ses bras. Teresa se laissa totalement faire et elle devait admettre que ça lui faisait du bien. Tout n’allait pas mieux mais au moins il* était là et elle pouvait se reposer sur lui. « Je suis tellement désolé Teresa. » La jeune femme hocha simplement la tête et ne répondit rien. Elle se contenta de pleurer un peu. Encore, elle, elle pouvait accepter d’aller mal. Mais elle ne voulait pas que sa mère en souffre. Ce qui était impossible bien sûr mais… Elle allait devoir lui annoncer. Elle allait être pour toujours celle qui lui avait annoncé la mauvaise nouvelle et c’était horrible. Comment pouvait-elle accepter ça ? « Ca ne devrait pas être à toi de devoir lui annoncer ça... » Une nouvelle fois, la brune hocha doucement la tête. Elle soupira aussi tout en s’écartant et en passant une main sur ses yeux et ses joues. « Je sais mais il faut bien que quelqu’un le fasse non ? Et je dois absolument être avec elle maintenant. Elle va forcément voir que quelque chose ne va pas et je ne vais pas être capable de lui cacher la vérité bien longtemps. » Elle était sa mère, elle la connaissait mieux que personne.

Lorsque Teresa réveilla Erik cette nuit-là, celui-ci eut un peu de mal à atterir sur le coup. Il était dans le brouillard et se demandait juste pourquoi il n'avait plus le droit de dormir. Encore un peu et il aurait presque put lui en vouloir. Enfin vraiment presque hein, parce qu'avant de décider si il devait lui en vouloir ou pas, il voulait d'abord chercher à savoir ce qu'il s'était passé. Il aluma la lumière et même si il n'avait pas encore eu d'explication, il sut immédiatement qu'il n'allait pas pouvoir en vouloir à brésilienne. Elle l'avait réveillé pour quelque chose de grave, c'était évident. La preuve, elle avait le visage pleins de larmes là et elle ne tarda pas à lui expliquer ce qui arrivait. L'hôpital avait appelé... son père était mort... Oh gosh... Sur le coup, le danois devait bien avouer que sa réaction n'avait sûrement pas été à la hauteur. Il était juste très démuni, ne sachant pas trop ce qu'il devait dire ou faire maintenant. Il devait se montrer à la hauteur pourtant, Teresa devait savoir qu'elle pouvait s'appuyer sur lui et qu'il serait là pour elle quoiqu'il arrive. A défaut d'avoir trouvé quoi dire ou faire, Erik s'était redressé et habillé. Il s'approcha ensuite de Teresa et la força à s'arrêter (elle avait entreprit de faire les cent pas depuis tout à l'heure) et la serra dans ses bras en soufflant qu'il était désolé. Ouais... il trouvait ça un peu nul pour le coup mais c'était bien tout ce qu'il avait trouvé. Sauf que ça n'aidait pas. Mais il avait bien du mal à voir ce qui pourrait aider la jeune femme maintenant. Il voulait qu'elle se sente mieux, qu'elle ne connaisse pas cette peine mais à moins de ramener son père à la vie, il n'arriverait pas à changer quoique ce soit à ça (et comme ramener les morts à la vie ne faisait pas encore parti de ses pouvoirs). Il allait donc juste se contenter de conduire Teresa chez sa mère parce que c'était là qu'elle voulait aller maintenant, elle devait lui annoncer ça. Ca n'aurait vraiment pas du être à elle de faire une telle chose... « Je sais mais il faut bien que quelqu’un le fasse non ? Et je dois absolument être avec elle maintenant. Elle va forcément voir que quelque chose ne va pas et je ne vais pas être capable de lui cacher la vérité bien longtemps. » Le jeune homme hocha lentement la tête. Oui, elle avait certainement raison. Il l'attrapa alors par le bras et avança dans son appartement. « Allons-y alors. » Ils descendirent dans la rue et Erik n'eut pas trop de mal à trouver un taxi dans lequel ils purent prendre place. Ils commencèrent alors la route en silence. Ils n'avaient plus parlé depuis qu'ils avaient quittés l'appartement en fait. Mais encore une fois, Erik ne voyait pas bien ce qu'il y avait à dire. Il attira la jeune femme contre lui et lui caressa la joue. « Ta mère va avoir besoin de toi. Elle n'aura personne sur qui se reposer d'autre. » commença-t-il alors. C'était un fait. « Mais toi, tu pourras compter sur moi. A n'importe quel moment de la journée ou de la nuit. Je veux que tu le saches, tu n'auras pas à gérer ça toute seule, je serais là pour toi. » Il tenait vraiment à ce qu'elle sache ça.