Dans l’esprit de Sullivan, il dansait la lambada tellement il était fier de lui : ENFIN Seraphina se lâchait, devenait davantage entreprenant et n’avait même pas honte d’annoncer clairement la couleur de l’un de ses fantasmes. Des fois, le néo-zélandais avait l’impression qu’Elvia déteignait sur l’américaine car d’après ce que Gabriel disait, c’est qu’elle avait clairement du mal à se laisser aller dans leur vie sexuelle. Du moins avant que les titillements n’arrivent, il va sans dire ! Mais quelque chose soufflait à Sullivan que Morgana ne tarderait pas à faire pencher la balance dans l’autre sens… « Mais termine chérie ! » s’enthousiasma-t-il subitement alors que Sera s’était rapprochée pour lui faire un petit numéro de charme des plus délectables. Rien que pour ce charmant intermède, le soldat se félicitait d’avoir eu l’idée de la « défier » légèrement. Il se laissa donc faire du début à la fin, n’émettant aucune résistance, pas même lorsqu’elle le renversa littéralement sur le lit. Pour une fois, il ne prendrait pas le commandement des opérations pour ainsi dire, il voulait assister à la libération d’une Sera encore craintive de dévoiler ses désirs et autres fantasmes. D’ailleurs, la voir aller chercher une cravate dans le placard du jeune homme l’étonna, bien qu’il n’ait aucun mal à comprendre où elle voulait en venir au juste. « On va jouer à un jeu : je ne vais pas maîtriser la chose, tu vas tout diriger. Laisse-toi aller à ton désir, à ce que tu veux découvrir et fais ce que tu veux de moi, je ne m’opposerai à rien. » De toute façon, de son côté, sa virilité était déjà fièrement dressée bien qu’encore emprisonnée par son boxer… mais Sera ayant été extrêmement proche de lui quelques minutes plus tôt, elle ne pouvait décemment nier son désir pour elle.

Voir Seraphina nettement plus libérée ne fit pas seulement plaisir à Sullivan, cela lui apporta un désir supplémentaire, car le priver de sa vue ne fit qu’augmenter les sensations éprouvées. Mieux, il la vit totalement prendre le contrôle et s’abandonna littéralement à ses décisions, ne pensant pas qu’elle libèrerait si vite sa vision mais il n’en fut pas mécontenté pour autant, puisque ses mains s’attardèrent longuement sur sa poitrine et qu’il n’hésita pas à bouger en même temps qu’elle pour donner davantage de profondeur à leur corps à corps. Ainsi, durant de longues minutes, c’est avec sensualité et désir qu’ils se donnèrent l’un à l’autre, jusqu’à atteindre des monts de plaisir encore jamais atteints, les laissant totalement ivres et repus. Sullivan mit de longues minutes avant de ne reprendre son souffle mais il attira avec délice sa femme entre ses bras, caressant ses longs cheveux roux pour mieux s’endormir du sommeil du juste après de longues caresses. La routine reprit bien évidemment ses droits sur eux lors des jours qui suivirent mais le cas de la mère du jeune homme ne fut plus abordé et aucun des deux ne n’en portait plus mal. Hélas, comme le soldat s’y attendait, avoir une simple semaine sans drame semblait trop demandé et contre toute attente, alors qu’il rendait une simple visite de courtoisie à Morgana pour prendre de ses nouvelles, celle-ci lui apprit une nouvelle des plus déroutantes : Sera évitait les filles. D’accord, il avait déjà remarqué que sa rouquine préférée était plus distante avec ses amies depuis quelques temps mais il avait mis cela sur le compte de son accouchement ! Il ne fut donc pas étonnant qu’une fois rentré, et après avoir longuement embrassé sa femme comme il avait la coutume de le faire d’ordinaire, il n’hésita pas à lui servir un petit verre de quelque chose afin d’entamer une conversation sérieuse. « J’ai vu Morgy, aujourd’hui… elle s’inquiète pour toi, m’a-t-elle dit. Il s’est passé quelque chose avec les filles ? Tu voudrais m’en parler ? »

Comme Sullivan aurait dû s’y attendre, Seraphina changea soigneusement de sujet, lui faisant aussitôt lever les yeux au ciel tandis qu’elle préparait le biberon de leur fils. Bien sûr, tenir Jonah dans ses bras après avoir été éloigné de lui toute une journée durant lui fit un bien fou, mais cela ne réglait pas le problème de sa rouquine préférée et contrairement à elle, faire l’autruche n’était pas du tout dans ses habitudes. « Tu étais occupée avec ta grossesse et Lou avant, mais tu trouvais toujours le moyen de voir les filles ou à défaut de les appeler. Tu peux m’expliquer pourquoi, apparemment, tu es en mode silence radio désormais ? » Sullivan n’allait pas lâcher l’affaire aussi facilement et nul ne le savait mieux que Sera. Après tout, elle commençait à le connaître depuis le temps, non ? Dès qu’il avait un os à ronger, impossible que de l’en séparer. « C’est top pour ton dossier ! Si tu as besoin d’aide, tu sais très bien que je te filerai un coup de main bien volontiers. » Non pas qu’il infantilise sa femme mais après tout, puisqu’elle disait être très occupée par leurs enfants, il était normal qu’il veuille l’épauler. Bien que le fait de parler de sa future inscription à Julliard ne lui faisait pas perdre de vue ce que Morgana lui avait dit, ni l’inquiétude qu’elle avait l’air de ressentir pour la rouquine. « Désolée d’insister chérie mais tu sais que j’ai horreur quand tu te mets en mode « tout va bien » et que tu fais l’autruche. Avant, tu étais comme cul et chemise avec Morgana, impossible de vous séparer et là, au revoir rideaux… j’ai loupé un épisode ? Faut que je demande à Dillon ou tu vas éclairer toute seule ma lanterne ? »

« On bosse ta choré quand tu veux mamour ! » lança-t-il non sans lui sourire et déposer un baiser sur sa joue, comme pour atténuer le feu de ses précédentes paroles ainsi que le fait qu’il n’ait de cesse de la pousser à lui parler. C’était sûrement stupide mais Sullivan savait qu’il ne fermerait pas l’œil tant qu’il n’aurait pas eu le fin mot de l’histoire. Il s’agissait probablement d’une histoire de fille, comme il y en avait tant car les femmes n’étaient pas capables de se mettre sur la gueule pour ensuite aller boire un coup dans un bar en mode meilleurs potes du monde… il n’y avait bien que la gente masculine pour parvenir à une telle simplicité ! Non, il fallait forcément qu’elles se fassent les pires coups de la planète, à ruminer leur rage sans jamais pouvoir s’en détacher. Si Dillon était là, sûrement traiterait-il Sullivan de masochiste vu qu’il souhaitait en savoir plus mais à peine Sera eut-elle ouvert la bouche pour lui énoncer quelques détails de la situation qu’il ne mit guère de temps avant de comprendre la chose. « Sauf que si j’ai bien suivi le truc, Denytsa vit chez Morgana et Dillon, non ? Logique qu’elle passe du temps avec sa belle-sœur, non ? File le biberon, je vais lui donner » conclut-il sa phrase sans aller jusqu’à juger Sera car après tout il n’était pas dans leur groupe, n’avait pas tous les tenants et les aboutissants à part lorsqu’il les espionnait en compagnie des potos. Mais pour l’heure, Sullivan était davantage concentré sur le fait de donner le biberon à leur fils, avant qu’une vérité ne lui saute au nez. « Tu es pas fan, fan de la sœur de poto parce qu’elle passe du temps avec TA Morgy, c’est ça ? Non parce que vu qu’elle vient à peine de débarquer dans la vie de Dillon, on ne peut pas dire que tu la connaisses chérie… »

« Chérie tu sais que tu peux compter sur moi, que ce soit pour t’aider à t’entraîner à ta choré ou à prendre quelques jours le temps que tu prennes tes marques pour m’occuper des enfants. Tu sais que si tu confies Lou à Az pendant quelques heures elle sera ravie aussi, elle adore gâter sa nièce, déconne pas ! » ironisa Sullivan même si dans le fond, il cherchait avant toute chose à lui faire comprendre à quel point il était certain des capacités exceptionnelles de sa femme mais aussi sur son organisation. Il n’oubliait pas cependant le fait qu’ils soient deux pour s’occuper des enfants et qu’il voulait qu’elle lui demande son aide absolument quand elle voulait, il ne fallait pas qu’elle hésite ! Mais sûrement valait-il mieux le lui répéter car Sera était plutôt de la race de ceux qui se débrouillent en solo à longueur d’année… « Et tu as dit à Morgy tout ce que tu viens de me dire ? » D’accord, Sullivan connaissait davantage Dillon que sa femme et pour cause, il avait plus souvent pratiqué le mec que sa bourgeoise mais il ne pensait pas se tromper en pensant que la monégasque préférait qu’on la regarde dans les yeux pour mieux lui énoncer des vérités plutôt que de l’éviter soigneusement… il finirait par y avoir clash si Sera continuait à éluder la question de cette manière. Il embrassa cependant le front de sa rouquine unique et préférée pour mieux lui sourire. « Non, je ne te trouve pas ridicule du tout. Ca me flinguerait sûrement de la même façon à ta place mais rien de dit que tu vas perdre ta complicité avec Morgana. Ceci étant il ne faut pas que tu oublies que vous avez neuf ans de différence et qu’elle est un brin protectrice envers le plus faible quand elle s’y met… d’après ce que j’ai cru comprendre, la sœur de poto a des difficultés. Peut-être que tu pourrais en parler avec Morgy ? Crever l’abcès, quoi… »

« Tiens, c’est marrant, même si tu ne m’avais pas dit qu’il s’agissait d’un comportement typique de ma sœur je l’aurais quand même deviné ! Pas sa faute, je crois qu’elle veut avoir un bébé… » Sullivan évitait soigneusement le sujet de peur de se faire castrer dans les règles au passage mais il n’empêche que cela l’attristait de sentir toujours sa petite sœur autant en peine. Il avait envie de refaire le portrait de celui qui s’estimait en couple avec elle et qui ne se montrait même pas capable de lui offrir ne serait-ce qu’un peu de bonheur, de protection et d’assurance ! « Joli tableau… je finis de donner le biberon à Jonah et puis je vais m’occuper de l’accrocher, je suis sûr que ça fera plaisir à Az si jamais elle passe faire coucou et qu’elle le voit accroché… surtout qu’elle a du goût la frangine ! Enfin pour en revenir à Morgana, c’est sûr que c’est pas la douceur incarnée des fois quand elle s’y met, en même temps pour supporter poto vaut mieux qu’elle ait de la répartie mais suivant comment elle te présente les choses, peut-être que tu verras aussi les choses d’un autre angle ? Après tout, y’a plus dans deux têtes que dans une, bien pour ça que j’évoque le sujet avec toi mamour… » Sullivan préférait la plupart du temps rester soigneusement en dehors des histoires du groupe de fille mais là, il ne pouvait pas rester les bras ballants alors qu’il sentait Sera en souffrir. C’était au dessus de ses forces et sûrement qu’à sa place, Dillon, Javier, Gabriel et Sergeï auraient agit de la même façon avec leurs femmes ! « Mouais si tu lui présentes comme ça elle risque de te recevoir avec toute la délicatesse dont elle est capable, soit quelque chose avoisinant le degré zéro ! Mais tu peux lui présenter autrement. Ceci dit en connaissant l’un des soucis de Denytsa oui, je pense que tu aurais tout intérêt à aller la voir et te faire ta propre opinion. Oublie cinq minutes Morgy, fais abstraction du reste et agit comme si tu rencontrais la nénette en dehors, pour la première fois. Mets-toi dans une situation de rencontre toute simple… Morgy ne t’enverra sûrement pas chier si tu agis comme ça. »

« Oh mais je n’en doute pas ! Dis-toi qu’on a sauvé un chien une fois quand on était encore en Nouvelle Zélande, on l’avait soigné et tout et impossible de détacher Az de cet animal, elle se levait carrément en pleine nuit pour être sûre qu’il respirait toujours et n’avait besoin de rien ! Ca force le respect, non ? Et ouais, elle est en couple. Bon j’ai envie de refaire le portrait de cet abruti qui ne la rend pas forcément ultra heureuse mais je me retiens parce que je sais qu’elle m’en voudrait. Au moins, toi tu auras sûrement la chance d’en savoir plus sans qu’elle t’envoie péter ! » Mais c’était normal en même temps : Sullivan était son grand frère et ne pouvait pas nécessairement tout comprendre à sa relation avec William. De son côté, Sera restait une femme ayant galéré dans sa vie mais aussi dans sa vie sentimentale, d’où le fait que les deux demoiselles puissent bien mieux accorder leurs violons. « Je pense que ouais, ça doit être similaire. Denytsa, c’est un petit poussin et Morgy, une maman poule. Tu vois un peu le style ? D’autant que d’après ce que j’ai compris, Dillon et son père ne sont jamais dispos pour elle et voudraient qu’elle se plie à un certain nombre de choses pour éviter que son passé ne lui desserve… et elle vient de perdre sa mère en prime. Donc ouais, à partir de là, je pense que tu peux te servir de ce que tu ressens vis-à-vis de ma sœur pour essayer ne serait-ce que de faire sa connaissance. Morgy appréciera forcément… voire même elle te filera un coup de main. C’est une grande gueule mais elle mord pas trop. » Sullivan esquissa un petit rire tout en finissant de donner son biberon à Jonah, reposant ce dernier contre le plan de travail de la cuisine pour mieux la regarder faire parfaite femme au foyer. « Mon estomac est affamé, nourris-moi donc, femme ! » plaisanta-t-il avant de ne lui mettre une légère main aux fesses, avant que Jonah n’éclate de rire. Oh yeah, quel boss !

« Merci de penser aussi qu’elle est belle quand elle sourit mais dès que j’ai le malheur de lui dire, elle prend tout ce qui lui tombe sous la main pour m’assommer ! J’te jure mamour je suis un frérot battu !! » se lamenta-t-il avant de n’éclater de rire de sa propre connerie, car pour sûr si Az n’avait pas eu envie de l’étrangler pour ses propos précédents, sa dernière réplique achèverait de lui en donner l’envie. Mais c’était une façon comme une autre d’encourager Seraphina à ne pas hésiter à rendre visite à la néo-zélandaise, car Sullivan n’en n’avait guère le temps en ce moment à sa plus grande consternation. Cela ne l’empêchait pas de l’appeler très régulièrement pour avoir des nouvelles, il n’empêche qu’un appel et une visite, cela n’avait définitivement pas le même impact, autant être honnête. « Personne n’a dit que tu devais lui rendre une visite dans la seconde ! Effectivement, je comprends que tu veuilles à tout prix réussir ton audition, c’est normal… mais une fois que tu auras l’esprit libéré de cette obligation, je pense que c’est une bonne chose, aussi je félicite ta décision ma chérie » fit-il non sans l’embrasser avec tendresse, Jonah toujours sagement installé dans ses bras. Il ne bronchait quasiment jamais dans les bras de son père, à croire qu’il y soit définitivement bien calé ! « T’es au courant que je vais pouvoir te dire « fais moi à manger femme » comme tout macho qui se respecte ? C’est d’la baaaalle ! » fanfaronna-t-il non sans aller coucher leur fils pour mieux la laisser œuvrer sans qu’elle ne l’ait dans les pattes. Il n’avait pas non plus envie qu’elle se transforme en véritable harpie, il tenait à son cher sac à bonbons ! « Bah tant que c’est offert, pourquoi je materai pas ? Après tout, t’es à moi chérie je te ferais remarquer, et aux yeux de la loi en prime ! Quoi tu m’as fait de bon ?? »

« Tu sais que tu es parfaite, amour ? » Que Seraphina ait trouvé la recette dans une revue ou qu’elle ait échangé des conseils culinaires avec ses amies - et notamment avec Denytsa, la sœur cadette de poto qui s’avérait être un futur chef - Sullivan n’en n’avait cure car cela avait l’air rudement bon et qu’il ne se priva pas de le lui faire savoir en esquissant un « huuuum » tout à fait significatif. « Tu ne t’es rien fait à manger soleil de ma vie ? Il faut, il faut !! Ce n’est pas parce que je suis parti trois jours qu’il ne faut pas te nourrir comme il faut, car après tout, pour t’occuper de nos enfants ET préparer ta choré il te faut des forces. Tu veux que je te prépare un petit quelque chose ? » De tous ses potes, le néo-zélandais était le partisan le plus extraordinaire de l’échange et du donnant-donnant. Pour lui, la femme n’a pas forcément sa place que derrière les fourneaux et il n’était pas un machiste convaincu… il n’avait pas envie de finir castré, non plus ! « Au fait, j’ai entendu le téléphone sonner, tout va bien ? » s’enquit-il aussitôt tandis qu’il goûtait la préparation de sa femme adorée et qui lui arracha une expression de délice. C’est qu’en prime elle était douée en cuisine, elle lui avait caché ça ! « Tu ne te souviens peut-être pas de pourquoi tu m’as épousé, mais moi, je découvre pourquoi j’ai très bien fait de me laisser passer la corde au cou ! » Ce qu’il ne savait pas encore, c’est que son en cas risquait fort de tourner cours en vue de la bataille qui se préparait : après tout, la personne ayant appelé plus tôt dans la soirée n’était autre que C’ian, la jumelle de Seraphina, et celle-ci se trouvait en curieuse posture…

Rien qu’au ton employé par sa chère et tendre, Sullivan ne mit pas plus d’une seconde pour savoir que cela ne laissait strictement rien augurer de bon pour la suite. Il leva le nez de son assiette pour la regarder, voyant une telle colère dans son regard qu’il aurait presque été tenté de rester assit pour ne pas subir son courroux à son tour. Oh il s’attendait à ce qu’elle ne rue dans les brancards mais en vue de rendre une visite à C’ian, sa jumelle, celle ayant justement été battue... mais non. Plutôt que de rendre une visite à la jumelle, Seraphina lui fit avaler un morceau de roquette de travers en lui proposant un plan tellement impossible que même dans ses pires cauchemars, il n’y aurait surtout pas pensé. « Tu peux me la refaire amour, j’ai peur que tu aies dit une connerie ! » s’exclama-t-il en se levant cette fois, délaissant sciemment son plat car rien n’était plus important que ce qui se jouait ici et maintenant dans l’esprit de sa piquante rouquine. « Je sais que tu veux l’aider et pour avoir fait sa rencontre oui c’est quelqu’un de très bien mais merde Sera, une ambassade ! Au mieux on va se faire taper sur les doigts, au pire on risque d’être en taule pour un long moment ! Tu as prévu quoi comme excuse à donner aux vigiles s’ils nous prennent ? Sans oublier les caméras de surveillance, tu penses franchement que tu rentres dans une ambassade comme dans un supermarché ? » Sullivan ne souhaitait pas être désobligeant mais d’un autre côté... il fallait que sa femme atterrisse ou alors il lui faudrait changer de discours pour être plus dur et il espérait ô combien que Sera ne le pousserait pas dans de tels extrêmes. « Tu es vraiment sérieuse en disant que tu veux que je t’accompagne en prime ?? » manqua-t-il de s’étrangler sur place.

Sullivan aurait dû parier des dollars contre des biscuits que Seraphina allait lui lister un à un tous les arguments possibles et imaginables en vue de le faire céder. S’il se faisait prendre, adios sa carrière et personne ne voudrait jamais le réembaucher, mais c’était une bien maigre punition à côté de ce que risquait de subir Sera si jamais elle s’y pointait seule ET que le fameux ambassadeur de mes couilles sur son front lui faisait du mal à elle. Sa rouquine préférée avait beau savoir parfaitement se mettre en mode Rambo Warrior, il n’empêche qu’elle était toujours âgée de dix-huit ans, avait un gabarit de crevette et aucune possibilité d’attaquer de front un ambassadeur du Japon. « Je suis vraiment un vendu mais okay, on va y aller ensemble, à la condition expresse, formelle et inébranlable qu’avant, on passe chez Missandei et Javier ! J’ai toute confiance en leurs talents respectifs et s’il y a bien deux personnes en ce monde capables de nous éviter d’être piqués la main dans le sac, c’est eux. Mais tu as bien conscience que Miss va devoir nous assurer un soutien informatique pendant toute l’opération, que tu vas devoir suivre mes ordres à la lettre et ne pas t’offusquer ? Sinon ça va tout foutre par terre… je t’emmène jusqu’au bureau de ce pourri et tu pourras faire tous les faux que tu veux mais avant ça, je dicte les ordres et toi tu obéis, pas de fierté mal placée sinon la vengeance de ta sœur, on peut de la foutre au cul j’en ai peur. » Sullivan était d’un sérieux à faire peur et ne comptait aucunement terminer son dîner : s’il fallait régler cette affaire, autant que ce soit maintenant car Javier partait bientôt en mission ET juste à son retour, il embarquait sa dulcinée en voyage… il fallait donc viser serré.

« Ta sœur est enceinte ? » Alors là, Sullivan comprenait encore moins comment quelqu’un se présentant comme le père de C’ian avait pu la battre, mais peut-être ne le savait-il tout simplement pas. Ce n’était pas le propos à vrai dire. Ce qui l’étonnait plus encore, c’est que le père du bébé de la blondinette ne soit pas intervenu mais ce n’était guère le moment de s’intéresser à ce genre de choseries. « Enfile une paire de baskets confortables et surtout… sans bruit si possible, on y va » la poussa-t-il avant de faire un arrêt relativement long au Manoir de Javier, et pour cause, il avait besoin de tout le génie de Missandei d’un côté pour tout ce qui touchait aux caméras, et du matériel utilisé par l’agent en matière de micro pour qu’ils soient parfaitement synchrones et puissent communiquer sans peine. Une chance que Sullivan soit suffisamment proche de l’homme et Seraphina de la jeune femme pour qu’ils aient eut la possibilité d’obtenir leur aide sans avoir à supplier des heures durant. Résultat, le néo-zélandais avait tenté une percée par une entrée de service relativement peu peuplée, maîtrisé le seul garde d’une prise particulièrement bien administrée pour laisser celui-ci inconscient… mais dans un placard à proximité en lui prenant micros et radios afin d’éviter de ne se faire prendre comme un bleu. « On devrait avoir un peu de marge de manœuvre » murmura-t-il à Sera tandis qu’il suivait le plan obtenu par Missandei après une vague recherche. En dix petites minutes, et grâce à la connaissance du terrain du néo-zélandais, ils parvinrent au bureau de cet enfoiré de première. « D’après Miss, il doit être à sa salle de hammam et on a quelques minutes devant nous. Tu as besoin de quoi Sera ? »

« Tu m’étonnes que le père du gosse soit pas heureux ! Il aurait plus de tête le gars si c’était à toi qu’une telle chose était arrivée ! » Il ne connaissait pas encore le futur père en question mais toute sa sympathie lui revenait, d’autant plus maintenant que Sullivan savait que celui-ci lui avait refait le portrait. Néanmoins, le moment n’était pas à ce genre de pensée, aussi le néo-zélandais se concentra-t-il à la fois sur leur mission mais aussi sur ce dont Sera avait besoin car s’il était pro ès terrain, elle restait l’incontestable pro du faux. Le peu de temps qu’elle mit pour faire ce qu’elle qualifia comme une « œuvre d’art » le surprit d’ailleurs, et ce bien qu’il l’ait déjà vue à l’œuvre au sein même de l’état major. Comme quoi, toujours faire confiance à sa rouquine préférée, surtout lorsqu’il s’agissait de faire du faux ! Mais en l’occurrence, elle faisait la chose pour la bonne cause, et avant toute chose pour aider sa sœur jumelle. « Retiens-toi encore quelques minutes c’est tout ce que je te demande ! » la gronda faussement le néo-zélandais, qui s’esclaffait intérieurement pour avoir parié sur le temps qu’elle mettrait avant de lui faire des avances. Il connaissait sa femme, à vrai dire, ainsi que son goût pour son mari dès qu’il se retrouvait dans quelque situation militaire qu’elle soit, bien que l’on puisse difficilement dire que ladite mission soit très légale. « Je pense qu’on va déjà faire une petite surprise à ta jumelle, puisque c’est pour elle qu’on a fait tout ça, et ensuite je te montrerai comment un militaire peut te faire grimper au douzième ciel en l’espace de quelques secondes une fois que l’on sera rentrés à la maison… »

TOPIC FINITO **