Journée normale à l’état major, à priori. Sullivan avait revêtit son uniforme bleu marine et conversé avec nombre de ses supérieurs à Washington par visio conférence jusqu’à ce qu’un troufion ne vienne le déranger à la toute fin, lui annonçant une nouvelle qu’il le surprit au-delà des mots. Au départ, le néo-zélandais eut le premier réflexe de le regarder comme s’il avait fumé de la moquette enroulée dans du drap et qu’une rouquine ne pouvait pas leur avoir donné du fil à retordre à eux, chargés de la protection de cet établissement et de son bon fonctionnement primaire. En tous les cas, il se déplaça le long des interminables couloirs jusqu’à ce que ledit troufion ne le conduise à la cellule où ils avaient dû l’enfermer le temps qu’elle ne se calme. « Vous êtes masochiste soldat, enfermer une femme comme ça aura forcément l’effet inverse » fit-elle d’un air parfaitement sérieux, même si intérieurement, il ne trouvait rien de mieux à faire que de se marrer comme un con. Si la rouquine en question était bien Seraphina et qu’elle s’était retrouvée enfermée par des militaires un peu trop zélés, pour sûr, elle devait beugler comme un putois et les saouler plus aisément que l’intégralité d’une bouteille de vieille vodka bas de gamme. Autant dire qu’une fois que Sullivan fut entré dans la pièce, tous les militaires présents le saluèrent avec respect et droiture, avant qu’il ne lâche le sempiternel : « repos, soldats. Pourriez-vous me laisser seul quelques instants avec cette demoiselle ? Je prends le relai. » S’il y avait bien un suicidaire tentant de le contredire et de faire valoir que ce n’était pas le boulot d’un général que de gérer une simple nénette transformée en furie, le néo-zélandais le fusilla aussitôt du regard avec une telle froideur que celui-ci n’aurait pu souffrir la moindre réplique. « Peut-être serait-il utile que vous ne preniez sa place pour vous apprendre à ne pas répondre à un supérieur, soldat ? » siffla-t-il sans l’espace d’une hésitation, forçant d’un même temps l’intégralité de l’assistance à quitter la pièce tandis qu’il se tournait enfin vers Sera, un sourire amusé sur les lèvres. « Je peux savoir comment tu t’es démerdée pour te faire enfermer, franchement ? » Le néo-zélandais s’empara cependant de son badge et tapa un code afin d’ouvrir la grille de la cellule, n’ayant pas non plus l’intention de la laisser dans la merde : il n’avait pas envie d’être castré si elle sortait après et qu’il avait osé lui faire cette plaisanterie !

Sullivan s’attendait à la voir débouler entre ses bras sitôt les barreaux de la cellule ouverts, il s’y était préparé et avait même ouvert les bras pour l’y accueillir. Ce n’était pas forcément le moment d’être expansif au-delà des mots mais il n’avait pas réellement le choix : Seraphina ne s’était pas risquée à venir le déranger ici s’il n’y avait pas eu un souci de la plus haute importante. « Je vais essayer d’oublier le fait que tu aies escaladé un truc et tâcher de me concentrer sur le principal : pourquoi es-tu venue ici, Sera ? Je te promets ces soldats vont être de corvée de chiottes jusqu’à ce que mort s’en suive, ou presque, mais je veux savoir pourquoi tu es venue jusqu’ici car je suppose que ce n’est pas anodin… » Il était tellement rare que la jolie américaine vienne lui demander ouvertement son aide qu’il ne pouvait que froncer les sourcils, frictionnant ses bras avec vivacité au passage pour la calmer ou tout du moins tenter d’apaiser l’adrénaline circulant très certainement dans ses veines à ce moment précis. « Tu n’as pas une tête de terroriste mais il ne faut pas croire, ce n’est pas le gros loubard qui est souvent le plus dangereux. Les ordres sont stricts, ne rien laisser passer et inspecter tout le monde, tu es à l’état major ici ! » Hélas, Sera et ses bonnes vieilles habitudes ne manquèrent pas de reprendre du poil de la bête et Sully s’écarta d’un pas, lui lançant un air manifestement désapprobateur. « N’y pense même pas chérie ! Tu es sur mon lieu de travail, là ! »

« Pas aussi perverse, pas aussi perverse… je suis comme Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois ! » plaisanta-t-il de bon cœur avant de n’accueillir une nouvelle fois Sera entre ses bras, mais pour un sujet bien moins plaisant. Sullivan ferma d’ailleurs les yeux tout en comptant silencieusement jusqu’à dix pour calmer la colère irradiant actuellement l’intégralité de son corps mais c’était de plus en plus difficile. L’envie d’aller égorger purement et simplement ces quelques petits cons s’en étant pris à sa fiancée n’était que d’autant plus forte car il avait conscience que cela risquait de ne pas s’arrêter là. « Tu en as parlé à quelqu’un d’autre ? » fit-il aussi calmement que possible, bien que la donne soit loin d’être aisée. De toute façon, dès qu’il s’agissait de Seraphina et de leur enfant, Sullivan était aussi calme que rageur tant il se sentait impliqué au-delà des mots. « J’te jure si je ne me retenais pas, je leur referais purement et simplement le portrait ! Mais à part t’épauler là dans la seconde je ne peux pas faire grand-chose, si ce n’est d’aller te faire passer un examen avec le doc d’ici pour s’assurer que tout va bien. Ceci dit, je pense qu’il est grand temps que l’on monte au créneau et j’entends par là principal et tout le toutim ! Hors de question que l’on laisse les choses empirer SURTOUT avec ce qui est arrivé à Quinn. Je ne supporterai pas la chose Sera, je te préviens… déjà que je suis en mode parano dès que tu lèves le petit doigt alors là ! Dis-moi, quelle est la solution que tu préfères ? » Aussi vrai qu’il savait pertinemment que la rouquine ne supporterait jamais d’être privée de ses choix, il lui laissait sciemment la parole… quitte à mettre son véto après coup.

« Bien ce que je dis, je vais épouser une perverse ! Tu peux pas demander un voyage à Disneyland comme tout le monde pour ton anniversaire ? » répondit Sullivan du tac au tac non sans lâcher d’une semelle ce fameux sourire numéro trente-trois bis lui donnant un formidable air couillon. Bah, elle avait dit oui à sa demande en mariage pour supporter cela aussi jusqu’à ce que la mort ne les sépare, n’est-ce pas ? Dans le cas contraire, elle n’était pas dans la merde Seraphina, c’était plus qu’officiel. « Je vois » reprit-il d’un air bien moins sympathique cependant, ne comprenant même pas comment un professeur digne de ce nom pouvait juste se décharger comme ça en disant que sans preuve, ce n’était même pas la peine de chercher. Il avait bien dû voir les bleus de Sera, non ?! A moins qu’il n’ait pas croisé la demoiselle aujourd’hui, ce qui était plausible. En tout cas, il perdit définitivement son sourire avant de ne l’obliger à s’asseoir sur la première chaise qu’il trouva à proximité pour mieux faire les cent pas de son côté. Il faisait toujours cela lorsqu’il avait besoin de réfléchir et en l’occurrence, il y avait urgence. S’il ne faisait rien et qu’il poussait Sera à retourner en cours, il risquait aussi de faire prendre de considérables risques au bébé et ça, il n’en n’était pas plus question… « J’aurais un mot à dire à Morgana avant votre prochaine soirée entre filles… et avant que tu paniques, je veux juste lui bisouiller le front » ajouta-t-il en ponctuant ses paroles d’un sourire canaille pour mieux se stopper subitement devant la rouquine de son cœur. « Moi je ne te pousse à rien chérie. Si tu veux passer ton diplôme en avance et après t’octroyer une année sabbatique je ne m’y opposerais pas mais là, tout de suite ce n’est pas moi qui décide. Nous ne sommes pas mariés et tu n’as pas demandé ton émancipation, je tiens donc à ce que l’on fasse ça dans les règles et que tu en parles avec Maggie. Explique-lui grosso modo le problème, ton plan b et… qu’en attendant le passage de ton diplôme, tu vas bosser en stage ici, avec moi. Comme ça je vous aurais toi et le bébé à l’œil et je serai certain qu’il ne t’arrivera pas de couille. »

« Si je t’emmène à Disneyland, ce ne sera pas en tenue militaire chérie, hors de question ! Et puis d’où te vient cette histoire de striptease ? » demanda subitement Sullivan, soupçonneux quant à l’effet qu’avait Morgana sur Seraphina, vu qu’il les avait souvent entendu parler de striptease toutes les deux. Allez savoir s’il s’agissait juste d’une plaisanterie pour les faire bondir tous les deux avec Dillon ou si l’épouse Wolf était effectivement sérieuse. Impossible de le savoir tant la monégasque était l’imprévisibilité incarnée. « Si j’en faisais une obligation, je ne te prendrais justement pas à mon service, chérie. Mais il se trouve qu’ici, à l’état-major, il y a un petit génie spécialisé dans le faux et également dans le hackage et il se repose un peu trop sur ses lauriers à mon goût. Étant donné que je n’ai pas son talent, difficile de lui rentrer dans le lard mais toi, tu pourrais le faire pour moi. On mêle l’utile à l’agréable dans un échange de bons procédés : tu ne rumines pas toute la journée dans ton coin et de mon côté, je peux garder un œil sur toi et le bébé. Ce n’est pas le plus important ? » A sa façon, Sullivan lui faisait comprendre que Sera n’était pas un boulet à sa cheville et qu’il était plus que temps qu’elle s’ôte cette idée saugrenue de la tête. « Alors, qu’en penses-tu ? Je ne prendrai pas un « non » comme une réponse, sache-le. »

« Tu ne m’ôteras pas de l’idée que tu es quand même un brin perverse chérie ! » se défendit-il non pas parce qu’il était mal à l’aise mais au contraire parce qu’il s’amusait de ce goût soudain pour son uniforme. Décidément, y compris là-dessus, Seraphina ne cesserait jamais de le surprendre… en même temps il n’allait pas se plaindre qu’elle aime bien l’uniforme, pas vrai ? « Tu sais « conquérir le monde », c’est avec Minus et Cortex… il n’y a pas que toi qui regarde la télé avec Lou ! » s’expliqua-t-il tout en la berçant un moment dans ses bras, conscient que ses subordonnés ne risquaient pas de se repointer devant ses yeux de sitôt sous peine d’être de corvée de chiottes pendant un temps tellement long que ce serait proprement indécent. « Justement je t’offre un challenge à ta taille car au moins je sais que tu le feras dans le but de protéger notre cher Président ET de clouer le bec à quelqu’un qui pète justement plus haut que son cul. Tu auras compris, ce type me tape sur le système… je compte sur toi pour le mettre à terre et me faire honneur, en toute discrétion bien sûr ! Tu seras rattachée à mon bureau, tu me verras donc relativement régulièrement et puis si tu as besoin de quelque chose, mon assistante te fournira ce qu’il te faut. En théorie tu peux commencer dès demain, le temps que je règle les détails pratiques avec mes supérieurs pour officialiser la chose. En revanche, le coup de la carte bleue… diable, je savais que tu étais une femme vénale ! » Sullivan éclata de rire avant de n’embrasser doucement son front, espérant lui avoir ôté toute inquiétude vis-à-vis de son lycée, des couillons en faisant partie ET de la fin de sa grossesse, puisqu’il allait garder un œil sur elle mais sur leur bébé également.

« Miaou ? Oh dear… » Sullivan avait follement envie d’appeler son bon vieux poto à l’aide, voir même l’intégralité des potos histoire de faire de toute urgence une réunion au sommet mais Gabriel devait être occupé à sa musculation intensive, Javier à être entre les mains de sa Miss, Dillon à faire pouet pouet à sa Morgy d’amour quant à Sergeï… bah, peut-être ne valait-il mieux pas savoir tout court à vrai dire. « Je suis follement rassuré ! » s’exclama-t-il soudainement car il ne fallait pas croire, depuis qu’il savait pour le passif de Seraphina, Sullivan avait mené sa petite enquête solo et savait pertinemment que ses supérieurs ne pouvaient qu’accepter ce plan b justement parce qu’elle n’était pas blacklistée auprès de l’armée. Tout bénéfice, n’est-ce pas ? « Sauf que je suis pas certaine d’être réellement taillé pour faire les boutiques avec toi… au pire, je vais soudoyer Elvia, Morgana, Elvia et Missandei en leur donnant grosso modo des directives, je crois qu’elles seront de bien meilleur conseil que moi ! Et puis… depuis quand tu refuserais une séance avec tes potesses, hein ? » fit-elle non sans ajouter un clin d’œil taquin pour mieux reprendre un air on ne peut plus sérieux et ainsi faire quelques pas dans la pièce. Il n’avait pas réellement réfléchi au comportement que devrait adopter Seraphina durant tout son « stage » auprès de l’état major mais connaissant sa finesse d’esprit, elle allait se fondre dans le décor en un rien de temps. « Personnellement, cela ne me choquera jamais que tu te présentes comme ma future femme mais comme certains soldats sont cons comme des manches et seraient capable de te considérer comme une « promotion canapé » je te le déconseille. Vu que tu vas bosser dans mon bureau, tu pourras être naturelle quand nous serons seuls, et en public, sache que je suis général, alors un « mon général » sera bien vu, ainsi que l’usage du vouvoiement. Rien ne t’empêche de tutoyer tes collègues s’ils t’y invitent, tu verras, c’est une grande famille mine de rien ici. Ne te mets pas Martel en tête, tu verras bien dès ton premier jour… mais si tu as d’autres questions, je serai ravi d’y répondre. »

« M’est avis que si t’es motivée pour une séance de shopping, Dillon va devoir attacher Morgana pour l’empêcher de t’accompagner ! » Sullivan en était mort de rire par avance même s’il était prêt à ne pas lésiner et à lui faire confiance en lui donnant ni plus ni moins les clefs de son compte en banque. S’il n’avait pas confiance, jamais il n’aurait fait en sorte de pousser Seraphina à venir habiter avec lui, c’était l’évidence même voyons ! « Je connais la connerie de certains soldats parfois, il vaut mieux être prudents et puis… je n’ai tout simplement pas envie qu’on t’emmerde, c’est tout. Appelle-moi mari-poule si tu veux mais il n’empêche que certains on inventé la connerie et que je n’ai pas envie d’appeler un maçon pour faire refaire toutes les portes parce que j’aurais été maladroit avec la tête de certains… » ajouta-t-il, légèrement plus amer, avant de ne s’asseoir sur une chaise à proximité tout en l’embarquant sur ses genoux pour caresser doucement son dos puis son ventre. Sullivan n’avait pas forcément fait preuve d’énormément d’attentions dernièrement et il ne fallait pas croire… il était le premier à s’en rendre compte. « Je suis général pour le compte du Président chérie, si c’est une question de sécurité nationale, pour sûr je fais péter tes fameux scellés d’un petit claquement de doigts… va pour ton matériel mais il reste ici et tu ne t’en sers que dans le cadre des missions que je vais te confier en revanche, je peux te faire confiance là-dessus ? » Vaut mieux prévenir que guérir, comme dit l’autre… « Personne n’a le droit de rentrer dans mon bureau sans mon autorisation alors beusou je veux bien… mais sauras-tu te retenir sans en avoir plus ? Peut-être vaudrait-il mieux être raisonnable, voyoute ! »

Bien loin d’être totalement choqué – il ne fallait pas oublier qu’il en avait vu d’autres et qu’il sortait d’un an en fauteuil roulant – Sullivan éclata plutôt de rire en voyant Seraphina se transformer en véritable louve sur pattes en parlant de ses fameux « joujous ». Le néo-zélandais n’avait pas de grandes connaissances en la matière, et bien qu’il sache se débrouiller avec un informatique de pointe au sein de l’état major, il n’était pas suicidaire au point de vouloir se lancer dans un défi en compagnie de sa fiancée unique et préférée ! Sa rouquine serait capable de faire de lui un castrat en deux temps trois mouvements… « Je crois que je tiens à mon sac à bonbons, au cas où on veuille agrandir la famille ça peut servir chérie alors rappelle-toi de la convention de Genève hein ! Ceci dit je suis une bille à côté de toi sur ce genre de choses alors je te laisse volontiers porter le string, la culotte et tout ce que tu veux à ce sujet ! Mais c’est bien noté. Mon bureau est protégé par un système que Vioryna m’a mis en place alors fais-moi confiance, personne ne touchera à ton précieux matériel, chérie, tu peux dormir sur tes deux oreilles ! » Sullivan eut cependant un petit sourire carnassier non sans lui donner une petite tape sur son fessier musclé tandis qu’elle le provoquait presque ouvertement. « Mais contrairement à toi ma chère, j’ai un entraînement pour résister à toutes formes de torture, même les plus viles, qui contiennent celles que tu ne manqueras sûrement pas de m’infliger ma rusée damoiselle ! »

Sullivan n’était pas un grand expansif devant l’éternel. Il était presque comme un moteur diesel à ce sujet, soit extrêmement lent à mettre en route. Donc si Seraphina ne parlait pas de leur mariage, il continuerait à laisser passer les jours, s’occupant de la réservation de la salle mais sans se presser forcément avec acharnement à vrai dire. De même, il gardait ses rêves pour lui. Cela avait toujours été, si Dillon avait besoin d’une dose d’alcool particulièrement corsée pour commencer à se confier sur sa vie personnelle, ça n’en n’était pas moins vrai pour le néo-zélandais, qui était longtemps resté avec une épée de Damoclès au dessus de la tête tant qu’il n’avait pas pu récupérer sa fille Lou. « C’est pas une question que cela me suffise, j’adore ma fille et j’aime par avance ce p’tit gars mais bon… un troisième, why not ? On dit bien jamais deux sans trois, non ? » répondit-il avec cette manière habituelle de ne pas y toucher. « Je suppose que Julia, c’est un truc informatique ? J’apprécie l’attention amour ! » s’amusa-t-il d’un sourire en coin, ne comprenant évidemment pas l’engouement de Sera pour de tels matériaux mais comptant bien se pencher sur la question pour ne pas être totalement largué lorsqu’elle viendrait lui faire ses rapports. Il n’était pas question d’être totalement ridicule et ignare, pas vrai ? Il allait joindre les deux bouts avec l’aide de Vioryna et de Missandei rien que pour impressionner Sera, c’était dit ! « Morgana est une vraie punaise tentatrice avec poto, alors franchement je crains le pire… mais tu es vile en vérité ! Pas étonnant que tu t’entendes si bien avec elle ! Sauf que je pourrais également t’apprendre des choses… chez nous, pas ici ! »

Sullivan étira subitement ses lèvres dans un sourire amusé face à la réponse de Seraphina. C’était tellement encourageant qu’il en dansait dans sa tête, sans qu’aucun autre signe physique qu’une soudaine étincelle dans le regard ne soit visible. Le propre du contrôle à l’état pur ! « Tu veux ramener Julia à la maison ? Pas con niveau protection, c’est sûr qu’on serait mieux lotis… je ne te promets rien chérie, mais je vais voir ce que je peux faire. Surtout que j’ai toute confiance en vos trois talents : le tien, celui de Vioryna et celui de Missandei. Mieux que la maison blanche, hein ? Tu vas faire définitivement des jaloux ! » fit-il d’un air amusé avant de ne lui montrer la sortie de l’état major, lui promettant au passage de ne surtout pas rentrer tard pour pouvoir l’accompagner au moins pendant quelques minutes dans son shopping spécial « début de stage ». Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que Sera avait mis le paquet et était remontée à bloc pour paraître tirée à quatre épingles puissance mille… là-dessus, le néo-zélandais n’avait rien à dire.

Tellement rien à dire que quelques jours plus tard, lors de son tout premier jour, c’est une Sera complètement transformée qu’il convoqua dans son bureau pour la signature de son contrat en bonne et due forme, celui-ci ayant été validé deux jours plus tôt par les supérieurs du général. Sullivan avait fait des pieds et des mains pour récupérer tout le matériel de sa fiancée, mais il y était parvenu… « J’ai tout fait mettre dans le coffre ici présent, dont je te donnerai la combinaison après, je veux que tu me dises s’il y a tout ou si des choses manquent, sait-on jamais. Après, tu seras partie pour une visite de l’état major, je veux te faire rencontrer ton adversaire. » Vu qu’ils étaient seuls, protégés dans son bureau, il s’autorisait bien évidemment le tutoiement. Mais cela ne l’empêcha pas de se pencher pour mieux lui murmurer à l’oreille, tout en faisant attention de ne surtout pas la toucher : « La tenue est extrêmement classe, future Madame Novak. »

Sullivan ne put décemment se contrôler, éclatant de rire avant de ne reprendre un visage plus impassible face à l’impatience évidente de sa future femme. En tout cas, dès lors qu’il fut assuré que rien ne manquait dans ses fameux joujoux, il lui fit signe de le suivre, marchant à un rythme relativement lent pour ne pas l’épuiser car nul ne savait mieux que lui à quel stade Seraphina se trouvait au niveau de sa grossesse. Si cela n’avait tenu qu’à lui, il l’aurait portée toute la visite durant afin qu’elle ne se fatigue certes pas mais d’un autre côté, il savait que ce n’était pas lui rendre service au niveau de ses futures collègues. La réputation du néo-zélandais n’était plus à faire, il ne cherchait donc pas à se protéger en mode macho mais plutôt à faire découvrir à Sera un monde extrêmement cruel surtout en cas d’attaque terroriste… tout le monde écrase tout le monde pour l’avoir l’idée du siècle pouvant faire pencher la balance. « Sergent Fraser, je vous présence Seraphina Bennett, notre nouvelle recrue, qui sera également votre redoutable adversaire durant toute la durée du programme. Il va sans dire que j’attends le meilleur de vous deux : il faut que vous soyez en mesure de déceler tous les types de faux pouvant nuire à la sécurité du Président Obama et que vous me fassiez un rapport quotidien. Le moindre manque de fair play sera sanctionné par mes soins. Des questions ? Sergent, vous avez également pour mission de briefer notre nouvelle venue sur les programmes déjà testés, je veux son avis sur tout ce qui a déjà été fait afin d’éviter tout manquement… après tout, il y a plus dans deux têtes que dans une, c’est bien connu. »