Ces derniers mois, rien n’avait été facile pour Chris. Que ce soit à titre personnel ou au niveau de son couple, les tuiles s’étaient accumulées et le jeune homme en était même arrivé à douter. Il avait douté de lui, et de ses capacités en rendre sa femme aussi heureuse qu’elle le méritait. Mais fort heureusement, Kat avait été là pour le soutenir à chaque instant et pour lui assurer que leur mariage était bien légitime. Ils s’aimaient, et le passé leur avait prouvé à tous les deux qu’il leur était impossible de vivre l’un sans l’autre. Mais pour sceller une bonne fois pour toute leur histoire et leur union, quelque chose leur manquait encore. Et ce quelque chose, Kat et Chris venaient tout juste de le trouver. Ils avaient longtemps été coincés dans l’appartement délabré du canadien, manquant cruellement de moyens pour se trouver un autre nid plus douillet et accueillant. Mais depuis que la jeune femme avait trouvé un emploi, tout semblait se débloquer. Les deux amants avaient pu économiser, et se dégoter le petit appartement dont ils rêvaient. Ce dernier n’avait absolument rien de luxueux ni même d’exceptionnel, mais aux yeux de Chris il était tout simplement parfait. Mieux, il marquait un peu un nouveau départ, le début d’une nouvelle vie.

Les deux tourtereaux avaient profité du week-end pour emménager dans leur nouvelle demeure, mais ils avaient tout de même du passer une dernière nuit dans l’ancien appartement de Chris. En conséquence, ils s’apprêtaient à passer leur toute première soirée ensemble dans leur petit nid. Et même si rien n’avait été mis en place pour le moment, l’étalagiste avait hâte que sa journée de travail se termine pour rentrer « chez eux ». Enfin il allait pouvoir afficher un sourire en passant le pas de la porte, et ne pas avoir à tomber sur le spectacle désolant que lui avait jusqu’ici offert son ancien logement. A travers les rues de New-York, Chris pressa donc le pas, aidé par le froid qui mordait sa peau en ce début de mois de novembre. Le nez et les joues rougis, il parvint finalement à hauteur de l’immeuble dans lequel Kat devait l’attendre et gravit les escaliers avant d’entrer chez lui. Avant même qu’il n’ait eu le temps de faire quoi que ce soit, la voix de sa femme se fit entendre par dessus la musique qui ambiançait l’appartement : « Dans la cuisine ! » s’écria-t-elle pour guider un Chris qui ne se fit pas prier pour la rejoindre. Un sourire aux lèvres, il s’approcha pour enlacer tendrement Kat avant de poser un regard tout autour de lui. Découvrant ses petits préparatifs, le jeune homme laissa son sourire s’élargir en murmurant : « Hmmm tu as tout prévu ! Dîner aux chandelles pour notre première soirée chez nous… ça me semble parfait ! » Déposant un baiser sur les lèvres de Kat, Chris s’éloigna ensuite pour se débarrasser de sa veste et prêter un peu plus d’attention à la salle à manger improvisée en cartons qui était du plus bel effet. « Tu as passé une bonne journée ? »

Au fond, rentrer chez soi après une bonne journée de travail était la chose la plus banale qui soit. Et pourtant, elle procurait ce soir une joie immense à Chris, heureux de pouvoir enfin crécher dans un apparemment digne de ce nom en compagnie de sa femme. Et de leur « fils », Tiger, qui avait bien évidemment fait partie du déménagement lui aussi. Le canadien ne s’était jamais senti aussi excité à l’idée de rentrer chez lui et il fallait bien avouer que ces derniers temps, il craignait plutôt ce moment-là. De peur de voir que l’état de son appartement s’était encore dégradé, ou pour ne pas se prendre une fois de plus la réalité en pleine face… Cette réalité qui lui rappelait à chaque instant ses échecs et son incapacité à offrir à Kat un logement décent. Mais désormais, cette période était bel et bien révolue et peu à peu, les jeunes mariés s’installaient dans cette vie qu’ils rêvaient d’avoir depuis longtemps. Bien sûr, ce n’était pas encore le grand luxe et l’appartement qu’ils avaient trouvé n’avait rien à voir avec les demeures que la jeune femme avait connu jusqu’ici. Mais aux yeux de Chris, l’endroit ne pouvait pas être plus parfait. Tout simplement parce que cet endroit était à eux.

En avançant à travers l’appartement pour retrouver Kat dans la cuisine, l’étalagiste constata avec plaisir que la jeune femme avait tout prévu pour leur première soirée. L’installation était sommaire mais là encore, Chris n’aurait pas pu rêver mieux. Ne se privant pas de le lui faire savoir, il lui offrit un doux baiser avant de s’éloigner pour se débarrasser de ses affaires. Pendant ce temps, Kat s’attela à dresser les assiettes, non sans une pointe d’ironie. « And look at you, all excited and not frightened at all about food poisoning... I love you. » déclara-t-elle, faisant immédiatement sourire le canadien qui se contenta de répondre : « I love you too ! » Suivant les indications de sa femme, il s’installa devant l’assiette qu’elle venait de déposer sur un de leurs cartons, et observa une nouvelle fois leur mobilier improvisé en souriant. « Je suis é-pui-sée... J'ai le dos en compote, mais ça va ! Et toi ? » répondit Kat lorsqu’il lui demanda comment s’était passée sa journée. Une petite grimace prit alors place sur le visage du jeune homme même si, au fond, il était ravi de l’entendre parler ainsi. Certes, elle était épuisée à force de se tuer à la tâche mais au moins, elle faisait ce qu’elle aimait et ce dont elle rêvait depuis des lustres. « Super ! Enfin… j’avais quand même hâte de rentrer… et de retrouver ma petite femme dans notre chez nous… » ajouta Chris en se mordant la lèvre inférieure tant il était ravi de pouvoir dire une chose pareille. « Je crois que j’ai jamais été aussi pressé de rentrer… et que je ne m’en lasserai jamais ! On va être tellement bien ici… On peut commencer à installer nos affaires après manger ! Enfin, je vais le faire si tu as mal au dos ! » rectifia-t-il en réalisant qu’il se montrait peut-être un peu trop pressé. Puis, pour ne pas manquer à ses obligations de mari parfait, il reprit en souriant : « Et puis… je pourrai aussi te faire un massage… c’est tout ce qu’il te faut pour ton dos n’est-ce pas ? » Plongeant finalement son regard empli de sous-entendus en direction de son assiette, Chris commença à manger les raviolis qu’avait préparés sa belle presque comme s’il s’agissait d’un met d’exception tant il se délectait de ce moment.

Chris était tellement enthousiaste à l’idée d’emménager dans ce nouvel appartement que toute la fatigue qu’il avait accumulée pendant la journée ne semblait être plus qu’un lointain souvenir. Tout à coup, il se sentait prêt à tout remettre en ordre et à venir à bout des monticules de cartons qui l’entouraient. Pour un peu, le canadien en aurait même oublié l’assiette de ravioli que Kat avait amoureusement préparée pour lui. Mais le creux qui occupait son ventre depuis plusieurs minutes déjà le rappela rapidement  l’ordre, et le poussa à entamer son repas tout en promettant à sa femme un programme des plus alléchants. « Bah voilà, bravo, j'étais excitée pour tout déballer & maintenant que je sais ce à quoi j'aurais droit après je suis pressée qu'on ai terminé ! » répliqua Kat en référence au massage qu’il lui avait proposé. Aussitôt, Chris afficha un large sourire innocent et répondit : « C’est très bien ! On ira encore plus vite comme ça… »

Tout comme Kat, Chris ne tarda pas à engloutir son repas et alors qu’il récupérai les dernières traces de sauce au creux de son assiette, la jeune femme reprit : « Au fait, tu veux que je te prenne une place pour le spectacle de samedi ? Je me suis dit, comme tu travailles pas ce jour là, on  pourrait se retrouver après, maybe grab a bite somewhere ? » Ravi de pouvoir honorer une telle proposition, l’étalagiste hocha vigoureusement la tête. Dans un sens, le fait qu’ils aient désormais tous les deux un métier leur permettant de s’en sortir à peu près convenablement était encore un peu étrange. Après des mois de galère, ils s’offraient enfin une nouvelle vie, celle dont ils rêvaient depuis bien longtemps. Kat paraissait plus épanouie que jamais et même si le job qu’elle avait trouvé n’était pas encore à la hauteur de ses rêves les plus fous, le canadien était extrêmement fier d’elle. Aussi, il se faisait un plaisir de la rejoindre et de pouvoir admirer son travail. « Oui ça serait parfait ! J’ai hâte d’y être ! » s’exclama-t-il en se redressant pour débarrasser la table. Pour tout dessert, Chris se contenta d’attraper une pomme dans laquelle il mordit goulument avant d’en proposer une autre à Kat. Tout en mâchouillant, il s’approcha d’un des cartons qu’il ouvrit sans pouvoir dissimuler son impatience. Et en découvrant un cadre avec une photo de Kat et lui trônant au beau milieu du carton, le canadien se mit à sourire. Se saisissant dudit cadre, il se dirigea vers la vieille cheminée certainement plus en service qui ornait l’un des murs du salon, et l’y déposa en l’admirant avec une certaine fierté. Il tendit ensuite le bras vers la jeune femme pour l’inciter à le rejoindre et la ramena jusqu’à lui pour déposer un baiser sur son front. « On s’y met ? » reprit-il tout de même après quelques instants, en songeant à la quantité de cartons qui les attendait encore.

Chris avait encore un peu de mal à se faire à l’idée qu’il était bel et bien chez lui. Chez eux. Que tous leurs tracas de ces derniers mois avaient finis par s’évaporer et que tout était sur le point de rentrer dans l’ordre. Bien sûr, il leur restait encore quelques points à régler, et pas des moindres. Les relations que Kat entretenait avec sa famille par exemple… Car même si elle retrouvait peu à peu la complicité de con frère jumeau, le reste du clan O’Maley continuait de  lui tourner le dos. Non pas que Chris veuille à tout prix revivre une confrontation avec sa belle-famille, bien au contraire ! Mais au fond il savait que pour être totalement heureuse, Kat avait besoin de retrouver les siens. Et rien que pour ça, il espérait sincèrement que les choses finiraient par s’arranger, et que les O’Maley parviendraient enfin à l’accepter et à se faire à l’idée que Chris voulait finir sa vie aux côtés de Kat. Car oui, c’était effectivement ce qu’il voulait, et le canadien en était encore plus certain en regardant la photo de leur mariage qu’il venait de poser sur la cheminée. « That was... a special wedding. » murmura d’ailleurs la jeune femme en s’approchant pour se blottir dans les bras de son mari. Et alors qu’il s’apprêtait à lui répondre, Kat anticipa en reprenant : « You know, I want another one... I mean, not now ! But... someday, when everything will be settled and everyone will get along... » Plutôt surprise au premier abord, Chris se rasséréna lorsque la jeune femme lui expliqua les raisons d’une telle volonté. Il se prit meme assez rapidement à rêver lui aussi d’un nouveau mariage… « Un mariage avec ta famille, et la mienne… et avec tous nos amis… » songea le canadien à voix haute, un léger sourire aux lèvres. Il doutait franchement que ce genre de cérémonie soit possible, ne serait-ce que par rapport à la mésentente qui régnait entre les O’Maley et lui, mais il avait tout de même envie d’y croire. Après tout, leurs problèmes étaient tous en train de se régler les uns après les autres, alors pourquoi pas celui-là ?! « J’espère vraiment qu’on pourra avoir ça un jour… » murmura-t-il, toujours aussi rêveur et sans détacher son regard de la photo en face de lui.

Après quelques minutes de rêverie supplémentaire, Chris lâcha finalement sa femme pour se diriger vers un des tas de cartons amassés dans la pièce. Il se retroussa les manches pour être plus à l’aise, et entreprit de commencer l’immense travail qui les attendait. « Bon… j’imagine qu’on peut installer la chambre en priorité… le reste peut peut-être attendre un peu… » déclara Chris, non sans faire référence aux projets qu’ils avaient pour la soirée, et qui l’enthousiasmaient finalement bien plus que la mise en place de toutes leurs affaires dans l’appartement.

Chris doutait énormément qu’un jour les familles O’Maley et Stanford puissent s’entendre ou ne serait-ce que se fréquenter cordialement. Elles appartenaient toutes deux à des mondes si différents… Absolument rien ne les rapprochait, et les O’Maley étaient même allés jusqu’à renier leur propre fille ou petite-fille pour tenter de lui faire comprendre qu’elle n’avait rien à faire avec Chris. Mais malgré toutes les épreuves qui s’étaient dressé sur leur chemin, les deux amoureux vivaient aujourd’hui ensemble, chez eux, comme un couple lambda. Aux yeux du canadien tout était donc possible, et même si cela s’annonçait pour le moins compliqué, il ne voulait pas perdre espoir. Un jour peut-être, tout rentrerait dans l’ordre et un nouveau mariage pourrait être célébré en présence de sa famille et de celle de Kat. Chris savait que la jeune femme souffrait beaucoup de cette situation et c’était avant tout pour elle qu’il souhaitait que les choses s’arrangent. De ce point de vue-là il y avait d’ailleurs quelques progrès, puisqu’elle reprenait peu à peu contact avec son frère jumeau qui l’avait lui aussi délaissée suite à son mariage inattendu. Même si l’entente était loin d’être au programme entre le canadien et Ben, Chris se permettait tout de même de mettre en lui un peu d’espoir, celui qu’il parvienne à faire le lien entre Kat et le reste de la famille.

Mais les choses n’en étaient pas encore là et pour l’heure, le principal souci du couple était d’emménager dans ce nouvel appartement qu’ils venaient de dégoter. Alors que le jeune homme s’avançait de nouveau vers les cartons à déballer, Kat arrêta son mari en lui apprenant qu’elle avait une surprise pour lui. Aussi curieux qu’amusé, le canadien la toisa avec un sourire en coin pendant qu’elle déballait quelque chose d’un sac qu’il n’avait pas remarqué jusque-là. « … a new blanket ! And it's one of the awesome kind. » lança-t-elle finalement en brandissant fièrement la coquette, signe de leur toute nouvelle vie qui commençait. En effet, Chris savait que sa femme avait une sainte horreur de son ancienne couette et pour cause, elle lui rappelait bien trop Lucja et le « dérapage » qu’il avait eu avec elle et qui avait failli leur couter la fin de leur couple. Mais désormais ils étaient bel et bien passés à autre chose, et aussi idiote cette réflexion fut-elle, Chris sentit que cette nouvelle couette était un véritable symbole de renouveau. Suivant Kat qui s’était déjà emparée d’un carton pour l’emmener dans la chambre, le canadien attendit qu’elle le dépose par terre pour venir envelopper tendrement la jeune femme dans cette nouvelle couette et déposer quelques baisers dans son cou. « Tu sais quoi ? J’ai envie de vérifier un truc… tu dis qu’elle est parfaite, hm ? Hé bien on va voir ça tout de suite ! » s’exclama-t-il d’un ton espiègle avant de faire basculer Kat avec lui sur le lit déjà positionné derrière eux.