Ces derniers jours, Chris n’avait eu de cesse de penser à Kat. Rien d’inhabituel ni d’assez exceptionnel puisqu’a priori, c’est ce qu’il faisait chaque jour depuis leur rupture. Mais cette fois, les choses étaient un petit peu différentes. Le canadien était désormais en possession d’éléments qui lui avaient fait revoir toutes les considérations qu’il avait eues pendant que Kat était en Namibie. A vrai dire, leur dernière entrevue avait à peu près tout remis en question. Et le « présent » que lui avait laissé la jeune femme en repartant n’avait rien arrangé, bien au contraire ! Sur les conseils de Narmer, Kat avait en effet donné ses lettres à Chris. Ces fameuses lettres qu’elle lui avait écrites en Namibie, et que le jeune homme n’avait jamais reçues. C’est d’ailleurs à cause de cet énorme malentendu qu’il avait fini par se persuader que son ex-petite amie l’avait oublié, rayé purement et simplement de sa vie pour se consacrer pleinement à son projet avec Médecins Sans Frontières.

A peine était-il en possession de la pile de lettres que Chris s’était lancé avec un certain empressement dans leur lecture. Mais le contenu de ces missives avait rapidement freiné son entrain… D’ailleurs, il s’en était voulu après coup, réalisant qu’il ne pouvait pas s’attendre à autre chose qu’à des mots crus et blessants. Avec le mal qu’il lui avait fait, Kat lui devait bien ça… Seulement voilà, après l’instant de complicité qu’ils avaient vécus tous les deux en compagnie de Narmer, l’étalagiste s’était prit à espérer que tout pouvait s’arranger d’un simple claquement de doigts. Mais après deux ou trois lettres seulement, Chris redescendit douloureusement sur terre. Cependant, le jeune homme ne stoppa pas sa lecture pour autant. Au contraire, il se plongea un peu plus dans les mots de Kat, oubliant du même coup tout ce qu’il avait prévu pour la suite de sa journée. Comme si sa vi dépendait de ces quelques lignes, il passa le reste de la soirée assis dans son canapé qui se recouvrait peu à peu d’une multitude de lettres dépliées. Même si ce qu’il lisait n’était pas spécialement tendre, Chris trouva tout de même quelque chose de positif à tout ça. Une chose qu’il espérait depuis longtemps et dont il rêvait souvent… Malgré tout, malgré ce qu’il lui avait fait, Kat tenait toujours à lui. Mieux, dans certaines de ces lettres la jeune femme avait avoué qu’elle l’aimait encore. Et même s’il savait que tout n’était pas aussi facile, cette constatation lui réchauffa un peu le cœur.

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Cela faisait maintenant quelques jours que Chris avait esprit le boulot à proprement parler. En vérité, il s’y était remis il y a bien plus longtemps, mais la vitrine qu’il était en train de mettre en place était la première depuis une éternité. Fort heureusement pour lui, il avait su convaincre son patron que sa baisse d’activité et son manque d’inspiration n’étaient que passagers, et qu’à présent tout allait bien. Ce dernier n’avait alors eu d’autre choix que de lui éviter un licenciement et de lui confier un de ses projets. Et pour ne pas le décevoir ou même lui faire regretter son choix, le jeune étalagiste avait fait de son mieux. Et le jour était venu de tout mettre en place, pour cette vitrine qui devrait être présentée au public le lendemain. Pour l’heure, Chris était perché sur un escabeau, s’attelant à accrocher une partie de son décor au plafond. Mais alors qu’il redescendait pour s’emparer d’un nuage supplémentaire, il sentit son téléphone vibrer dans la poche arrière de son jean. Profitant de cette occasion pour faire une pause, Chris s’installa sur une des marches de l’escabeau pour lire son message. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il constata que ce dernier provenait du téléphone de Kat. Sans pouvoir le retenir, le jeune homme sentit son cœur s’accélérer considérablement. Et la lecture du message ne fit d’ailleurs qu’amplifier ce sentiment. Narmer partait. Il était probablement temps pour lui de rejoindre sa famille d’accueil mais avant ça, le petit garçon avait visiblement tenu à dire au revoir au canadien qui s’en voyait plus touché que ce qu’il aurait pu penser. C’est donc quasiment sans aucun hésitation qu’il planta son chantier en cours et quitta les lieux, en prenant bien soin de refermer la vitrine avec une de ses planches de contreplaqué qui le dissimulait du regard des clients. D’un pas pressé, Chris rallia un taxi et lui indiqua la direction de l’aéroport.

Ce n’est qu’après que quelques minutes d’errance, et alors qu’il allait presque se décider à appeler Kat pour lui demander de plus amples informations que le jeune homme aperçut deux silhouettes bien familières. Un sourire se dessina immédiatement sur ses lèvres, et il hâta une nouvelle fois le pas jusqu’à entrer dans le champ de vision de Narmer à qui il adressa un petit signe de la main.

En lisant le message de Kat, Chris n’avait pas hésité une seule seconde avant de décoller, abandonnant du même coup son chantier et tous les enjeux que celui-ci sous-entendait. Et pourtant… Il savait qu’en allant dire au revoir à Narmer, il croiserait inévitablement son ex-petite amie. Celle-là même qui lui avait laissé lire les lettres qu’elle lui avait écrites en Namibie, et qu’il n’avait jamais reçues. Désormais, Chris savait tout. Il savait ce qu’elle pensait, et ce qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même. En apprenant tout ça, il aurait pu aller la retrouver, lui parler, la rassurer. Mais contre toute attente, le jeune homme était resté terré dans le silence, sans même oser passer un simple coup de téléphone à Kat. A vrai dire, tout ce qu’il avait appris dans ces lettres faisait qu’il se sentait terriblement mal à l’aise, encore plus coupable qu’avant. Sa timidité était telle qu’il n’avait pas encore eu le courage de se confronter à une Kat dont il connaissait désormais tous les « secrets ». Et puis de toute façon, qu’aurait-il pu lui dire ? Qu’il était désolé ? Ca ne servait à rien… et elle le savait déjà. Alors Chris avait choisi la solution de facilité : ne rien dire, et attendre. Sans savoir quoi…

C’est donc presque inconsciemment que Chris avait saisi a chance. En pensant à Narmer qui voulait le voir une dernière fois, il avait foncé à l’aéroport, jusqu’à apercevoir le petit garçon foncer vers lui. L’étalagiste eut à peine le temps de s’accroupir pour l’accueillir dans ses bras en riant. « Hey ! Comment tu vas ? Je suis venu le plus vite possible, mais j’ai bien cru que j’étais arrivé trop tard ! » déclara-t-il en serrant un peu plus Narmer contre lui. A bien y penser, c’était étrange. Les deux garçons ne s’étaient croisés qu’une seule fois et pourtant, ils s’étaient tout de suite très bien entendus. L’histoire de Narmer avait touché Chris, et le petit garçon semblait avoir trouvé en lui une sorte de grand frère, ou du moins un partenaire de jeu. Mais maintenant, il était temps de se dire au revoir et quoi qu’il en dise ou quoi qu’il puisse laisser paraitre, Chris avait le cœur lourd. « T’es prêt ? » questionna-t-il en se détachant du petit africain, et en passant une main affectueuse sur ses cheveux. Après avoir hoché vigoureusement la tête, Narmer attrapa la main de Chris qui se redressa. Et malgré une première réticence, il parvint à entrainer le jeune homme avec lui, l’emmenant ainsi à hauteur de Kat.

Pour la première fois depuis son arrivée, le canadien osa poser son regard sur la jeune femme. Un regard plutôt bref, et empreint de gêne… Mais après quelques secondes de silence, Chris se décida à prendre son courage à deux mains. Après tout, la plus gênée des deux, ce devait être elle, pas lui. « Salut… » Puis, en tentant d’accrocher son regard, il demanda : « Ca va ? » Le canadien avait bien comprit que la relation qui liait Narmer et Kat était particulière. Il ne savait pas exactement d’où venait cette intensité, mais les quelques heures qu’il avait partagé avec eux lui avaient suffit à comprendre que le moment des adieux allait être difficile.

Chris avait la désagréable impression de ne pas être le bienvenu et pourtant, c’était bel et bien Kat qui lui avait demandé de venir. Certes, elle avait du le faire pour Narmer, mais quand même ! Entre regards fuyants et réponses à peine audibles, le canadien avait clairement le sentiment d’être de trop. Et quelque part, ça le blessait. Aurait-il du l’appeler après avoir lu ses fameuses lettres ? Mais il s’était senti tellement ridicule… Tellement honteux d’avoir pu penser qu’elle avait tiré un trait sur lui et sur leur histoire en si peu de temps. Chris était déjà mal à l’aise lorsqu’elle n’était pas là, alors autant dire qu’un coup de téléphone n’aurait pas servi à grand-chose. L’étalagiste serait resté silencieux, à coup sûr. Et si jamais il avait tenté de dire quelque chose, il se serait certainement empêtré dans des explications qui auraient une nouvelle fois tout gâché. Alors définitivement, Chris avait préféré ne rien dire et tout garder pour lui.

Devant le peu de conversation dont faisait preuve son ex-petite amie, le canadien regretta presque d’avoir tout quitté pour venir les retrouver ici. Mais ses doutes furent vite dissipés lorsqu’une voix résonna dans l’aéroport, annonçant le dernier appel pour un vol que Kat sembla reconnaitre comme étant celui de Narmer. Instantanément, le cœur de Chris se serra et il baissa un regard mélancolique vers le petit garçon. Après une courte hésitation, l’étalagiste recula d’un pas. Par respect, par pudeur, mais aussi parce qu’il savait que Kat aurait préféré être seule dans ce moment-là. Alors Chris se contenta d’observer la scène en silence, en faisant de son mieux pour se faire oublier même si, malgré lui, il gardait une oreille attentive sur la conversation que Narmer tenait avec la jeune femme. D’ailleurs, un léger sourire se dessina sur ses lèvres en entendant son prénom dans la bouche du petit africain. Mais le canadien déchanta bien vite, en constatant une nouvelle fois l’absence de réponse de Kat qui, pire, s’empressa de changer de sujet pour éluder la question. Le jeune homme encaissa douloureusement cette nouvelle déception mais dut rapidement refaire bonne figure pour accueillir en souriant la bise que Narmer lui offrit. A la fois triste et attendri, Chris se contenta de serrer le petit garçon dans ses bras quelques instants, avant de le libérer et de se redresser.

Narmer avait rejoint l’hôtesse qui allait s’occuper de lui, il était désormais hors de la vue de Kat et Chris et pourtant, ils étaient toujours plantés là tous les deux. Immobiles et silencieux, les yeux rivés vers l’endroit où le petit africain s’était engouffré, aucun d’entre eux ne semblait oser faire le premier geste. Même s’il n’était pas spécialement proche d’elle, le canadien remarqua finalement les larmes qui avaient embué les yeux de Kat et à cette simple vision, sa mâchoire se serra. Quelle que soit l’état de leur relation actuelle, la voir pleurer restait quelque chose d’insupportable pour Chris. Aussi, il avança vers elle d’un pas hésitant puis posa sa main sur son épaule. Ses gestes étaient plutôt hasardeux et maladroits, mais il semblait agir sans vraiment pouvoir se contrôler. « Hey… ça va aller… Il a l’air plutôt content de partir… ça va aller. » Ce n’est qu’après avoir prononce ces mots que Chris osa enfin tourner la tête vers Kat, guettant du coin de l’œil la moindre de ses réactions.

Comme s’il avait retrouvé le temps d’une seconde ses gestes d’avant, Chris s’autorisa un geste tendre envers Kat. Un geste qui, il l’espérait, la réconforterait un peu. Les larmes qu’il avait vues sur son visage avaient eu l’effet d’un électrochoc, à la suite duquel il n’avait pas été capable de retenir ce réflexe. Sa main doucement posée sur l’épaule de la jeune femme, il tenta même de la rassurer en quelques mots. Comme s’il la sortait de ses pensées sans le vouloir, Chris constata qu’elle se mit à sursauter, et retira immédiatement sa main de son épaule. Le contact physique ainsi rompu, il se contenta de la regarder avec des yeux qui traduisaient malgré lui la tristesse qu’il ressentait. Et à vrai dire, il se sentait un peu ridicule, presque coupable. Après tout, il n’avait croisé Narmer qu’une seule fois, et son départ semblait l’affecter autant que s’il le connaissait depuis toujours. Mais au fond, ce qui rendait l’étalagiste si triste n’était pas tellement le départ du petit garçon. Non, si son cœur se serrait de cette façon, c’était plutôt « à cause » de Kat. Comme si elle lui transmettait tout ce qu’elle ressentait à cet instant précis, le canadien avait l’impression de partager sa tristesse.

« Bon... Je vais rentrer. Merci d'être venu, en tout cas. Il voulait vraiment te dire au revoir, ça lui a fait plaisir. » Toujours en prenant grand soin de ne pas croiser le regard de Chris, la jeune femme s’apprêta à partir. Alors c’était comme ça ? Ils allaient simplement se quitter au beau milieu de l’aéroport, comme deux étrangers qui ne seraient venus que pour saluer une dernière fois une connaissance commune ? Dans un sens, cette réaction n’étonnait pas tellement le canadien. Mais quoi qu’il en soit, il se refusait à la laisser partir comme ça. Le jeune homme savait qu’après ça ils n’auraient plus aucune raison valable de se croiser et que, de fait, ces adieux seraient certainement les derniers. Autant dire que cette idée était tout bonnement inconcevable aux yeux de Chris qui, prenant son courage à deux mains, s’exclama : « Attends ! »

Presque surpris par sa propre vigueur, le jeune homme baissa instantanément les yeux et se mordit la lèvre, honteux. Comme s’il était sur le point de passer un examen dont sa vie dépendait, le canadien tortillait ses mains dans tous les sens, tout en cherchant désespérément dans quel ordre ranger les mots pour retenir Kat près de lui. « Je… est-ce que… » Fail. Fermant les yeux pendant quelques instants, Chris prit le temps d’inspirer profondément avant de reprendre d’une seule traite : « Est-ce qu’on pourrait aller boire un café avant ? J’aimerai te parler Kat… » Puis, comme un coup de poker qui aurait pu la faire rester ou au contraire partir en courant, Chris décida de planter le décor : « J’ai lu tes lettres. »

Comme s’il s’était brusquement retrouvé au pied du mur, Chris n’avait eu d’autre choix que d’aborder le sujet des lettres devant Kat. Il n’avait trouvé aucun autre moyen de la faire rester près de lui, et se refusait définitivement à la laisser partir sans broncher. Il ne voulait tout simplement pas que cette entrevue soit la dernière, et que la jeune femme sorte peu à peu de sa vie, sans bruit, sans qu’il n’ait su la retenir. Tout ce qu’il voulait, c’était qu’elle sache précisément ce qu’il ressentait pour elle, et ce même s’il était bien trop timide pour tout lui balancer d’une traite.

Malheureusement pour le canadien, Kat ne fut pas aussi réceptive que ce qu’il aurait espéré. « Non, merci. Je pense que ton silence ces dernières semaines remplace tous les mots possibles. » A vrai dire, Chris s’était attendu à de tels reproches, mais il ne les avaient certainement pas imaginées aussi incisives et brutales. Le jeune homme eut tout à coup le sentiment douloureux d’être de trop, d’avoir prit le rôle du garçon duquel on ne peut pas se débarrasser, du gros lourdaud collant et tellement débile qu’on voudrait faire déguerpir par tous les moyens. D’ailleurs, Kat s’empressa de tourner les talons et de s’éloigner de nouveau de l’étalagiste dont le visage se décomposait peu à peu. « Kat… non… » tenta-t-il, d’une voix qu’à coup sûr, la jeune femme n’avait même pas pu entendre tant elle était faible. Tout en affichant un regard encore plus poignant que celui d’un chien battu, Chris resta immobile. Pourtant, il voulait la rattraper, mais avait-il encore le droit de la retenir ?

Et là, comme une perche tendue et totalement inattendue, la jeune femme se retourna vers lui et lança : « Tu peux m'accompagner jusqu'à ma voiture, si c'est important. » Chris cligna des yeux quelques instants, juste assez pour s’assurer que cette proposition n’était pas le fruit de son imagination. Puis, il se dirigea avec empressement vers Kat qui avait déjà reprit sa route. En arrivant à sa hauteur, il décida de ne pas attendre plus longtemps et de se lancer : « Kat… Il faut que tu saches… » Néanmoins, la précipitation et la pression qui pesait sur ses épaules empêchaient le canadien de trouver les mots justes. Une nouvelle fois, il grimaça légèrement mais tenta de dissimuler au mieux sa gêne. Marchant aux côtés de Kat, il faisait fonctionner son cerveau à deux cents à l’heure, histoire de trouver LA formulation qui saurait le mieux faire passer ses idées et ses sentiments. « C’est vrai, j’aurai du t’appeler après avoir lu les lettres. Mais je me sentais tellement… nul ! Tellement ridicule d’avoir pu ne serait-ce qu’imaginer que tu avais tiré un trait sur nous aussi facilement… Je… Ca veut pas dire que c’est ce que j’ai fait moi, pas du tout ! Je me suis inquiété pour toi, tu m’as tellement manqué… » En se remémorant ces moments plus que difficiles pour lui, Chris baissa les yeux. Il était clairement mal à l’aise, mais il devait passer au-dessus de ce sentiment et faire preuve de courage pour retenir Kat. Alors qu’ils arrivaient à hauteur de la voiture de la jeune femme, Chris tenta le tout pour le tout. Il se précipita devant elle, se plaçant entre son corps et le véhicule. Puis il planta ses yeux dans ceux de son ex-petite amie, en mettant dans son regard toute l’intensité qui s’imposait. « Je veux que tu saches que je suis toujours amoureux de toi Kat. Même plus qu’avant, si c’est possible… Je… t’aime. »

Chris avait clairement prit la proposition de Kat comme sa dernière chance. Une dernière perche tendue qu’il n’avait pas le droit de louper, sous peine de perdre la jeune femme à jamais. Alors il n’avait pas le droit à l’erreur… Autant dire que la pression était grande, mais Chris se sentait capable de relever le défi. Il n’avait pas le choix. La vie sans Kat lui était définitivement insupportable, alors il devait la reconquérir, trouver un moyen de se faire pardonner même s’il savait que ce qu’il avait fait était impardonnable. Face à son ex-petite amie, la timidité du canadien avait tendance à refaire surface et l’empêchait de trouver les mots justes. Du moins, il ne les trouvait pas assez rapidement à son gout et en reconnaissant la voiture de la jeune femme garée en face d’eux, Chris ressentit un nouveau regain de pression. Son temps était compté, et au lieu de s’embourber dans des phrases sans fin qu’il n’était même pas sûr de pouvoir prononcer, le canadien décida d’agir. En temps normal, il se montrait beaucoup moins entreprenant mais là encore, Kat réveilla en lui une initiative dont il ne se serait pas cru capable. A la suite de leur tout premier baiser déjà, Chris avait fini par la retenir avec une certaine violence pour pouvoir l’embrasser à son tour. Cette fois, il venait de lui imposer plutôt brusquement une proximité qu’ils avaient perdue depuis des mois.

Son geste avait visiblement surpris Kat, et c’était légitime. Néanmoins, il sentit qu’elle posait une main sur son torse et aussitôt, un frisson parcouru son dos. Ses yeux ne quittaient plus le regard embué de la jeune femme et lorsqu’elle lui demanda d’arrêter, la seule chose qu’il se trouva capable de faire fut d’effleurer sa joue du bout des doigts. Puis, sans vraiment l’écouter, Chris entendit son ex-petite amie marmonner avec cet accent qu’il aimait tant. Et sans prévenir, la jeune femme se projeta contre lui en liant leurs lèvres dans ce baiser dont le canadien avait tant rêvé. Tout d’abord surpris, Chris s’empressa de prendre le visage de Kat entre ses mains, pour prolonger son baiser de la manière la plus tendre qui soit. Il n’aurait su dire si cette union avait duré une fraction de seconde ou une poignée de minutes, mais au moment où il se détacha de la jeune femme, l’étalagiste s’empressa de l’envelopper de ses bras. Tout en la serrant contre lui, il vint loger son visage au creux de son épaule, au beau milieu de ses cheveux. Malgré la satisfaction qu’il ressentait à cet instant précis, sa gorge était nouée et il dut attendre quelques instants avant d’être capable de parler. « Je m’en veux tellement… » murmura-t-il en laissant une de ses mains remonter jusque dans les cheveux de Kat. « Je… » Pour plus de sincérité, Chris se redressa un peu avant de continuer. Plantant de nouveau son regard dans celui de Kat, il reprit : « J’ai jamais voulu te faire de mal comme je l’ai fait… Je voudrai tellement que tu puisses me refaire confiance un jour… »