Stressée. Voilà l’état dans lequel était Jamie depuis plus de deux jours. Elle n’arrivait plus à contenir sa nervosité, elle qui pourtant arrivait  gérer ses émotions –les trois quarts du temps du moins- sur le terrain lors de ses missions. Elle faisait les cent pas dans son appartement, comme pour vérifier que tout était en ordre, que tout était… parfait. C’était aujourd’hui, le grand jour, celui où Lucas –ou Neven, elle ne savait même plus comment elle devait l’appeler, même s’il y avait de fortes chances pour que ça reste Lucas à ses yeux- allait retrouver Owen, leur fils. Ils avaient convenu de cet arrangement il y avait quelques temps déjà, avant de réellement fixer une date. Ça ne pouvait pas se faire comme ça, juste au hasard ou à un coin de rue comme si on tombait sur un ancien collègue à qui elle présentait rapidement son fils. Non, il s’agissait du père de son fils, et puis, elle avait toujours appréhendé le dire Owen. Comment dire à son fils que son père n’est finalement pas mort ?Elle se revoyait encore, le cœur battant à cent à l’heure pour l’annoncer à Owen. Ils étaient dans la chambre du petit garçon, tous deux assis sur son lit. Il avait senti que sa mère voulait lui dire quelque chose d’important. Elle avait commencé à lui reparlant des métiers qu’ils faisaient respectivement. Il ne savait pas encore de quoi il s’agissait exactement… Jamie n’avait jamais voulu mentir  son fils en lui faisant croire qu’elle faisait un métier banal et sans risque, et que si jamais il lui arrivait quelque chose, il ne sache jamais la vérité, qu’on lui raconte qu’elle avait eu un accident de la route ou qu’un train avait déraillé provoquant de nombreux morts. Non, elle lui avait dit qu’elle faisait un métier dangereux et qu’elle devait arrêter des méchants, mais surtout qu’il ne devait le raconter à personne, que ça devait rester un secret. Elle lui avait dit que Neven faisait le même métier, et elle avait fini par lui avouer, lorsqu’il lui avait posé la question, que c’était à cause de métier qu’il avait disparu, qu’il était mort. Peut-être qu’Owen avait bel et bien leurs gênes, comme elle avait ceux de sa mère. Peut-être que déjà, il avait compris à quel point c’était important qu’il garde les activités de ses parents pour lui, ou peut-être les voyaient-ils à travers des yeux d’enfants, comme des super-héros, et qu’il était chargé de garder leur secret. Et elle avait fini par lui dire qu’il avait été retrouvé, que son père n’était pas mort, qu’il avait dû se cacher des gens qui lui voulaient du mal avant de devoir lui annoncer qu’il ne se souvenait pas de grands choses. Elle avait en tête la petite voix d’Owen « Papa m’a oublié ? » elle avait dû prendre sur elle pour ne pas fondre en larmes. Comment expliquer à son fils qu’il ne l’avait pas volontairement oublié, que certaines choses se déroulaient sans notre consentement ? Mais elle lui avait fait comprendre que si Neven était de retour aujourd’hui, c’est parce qu’au fond, il savait qu’il avait un fils, et qu’il avait voulu le retrouver.

Heureusement pour elle, sa sœur, Erin, avait été là une bonne partie de la journée pour essayer d’instaurer un peu de calme dans cet appartement. Et puis, elle était partie, assurant à sa sœur que tout se passerait bien. Jamie était sans aucun doute plus nerveuse qu’Owen. Il avait l’air étrangement serein. Peut-être que ça cachait quelque chose ? Il était assis au milieu du salon, entouré de quelques jouets, dont la première voiture que lui avait acheté Neven. La sonnette de la porte d’entrée la fit sursauter, et elle vit son petit garçon tourner la tête avec des grands yeux. Deux grands yeux remplis plein d’espoir. Il fallait que ça se passe bien. Même s’il était d’apparence plus calme qu’elle, Owen n’avait pas dit grand-chose de la journée, elle espérait que c’était pour se réserver pour ce soir.
C’est d’un pas assuré qu’elle se dirigea vers la porte pour ouvrir. Comme ils s’y attendaient, Neven était sur le pas de la porte, et tout comme elle, il n’avait pas l’air d’en mener bien large. Un petit sourire qui se voulait réconfortant vint se poser sur les lèvres de l’Irlandaise. Après tout, c’était sans doute lui qui avait le plus besoin de soutien. « Salut. » dit-elle faiblement en se poussant de l'entrée pour le laisser passer. L’avoir en face d’elle était toujours aussi étrange, comme si elle était dans un rêve et que tout allait s’évaporer à son réveil. « Owen ? » appela-t-elle alors qu’il était fixé sur eux.


oh non t'inquiète :')

« Salut, Jamie. » Au moins ils avaient l’air dans le même état de nervosité tous les deux, ce qui d’un côté, rassurait la jeune femme. Elle ne tarda pas à se ressaisir pour appeler leur progéniture. Après tout, Lucas –ou Neven peu importe- était là pour Owen. Elle appréhendait leurs retrouvailles. Elle ne savait pas vraiment comment son fils –leur fils- allait réagir. Lucas la regarda en lui souriant avant de rejoindre leur petit ange, qui était assis au milieu du salon, entouré par quelques jouets. Elle ne savait pas trop s’il lui avait souri pour la réconforter ou si c’était pour se donner du courage à lui-même.
Il vint s’accroupir près de son fils, qui ne cessait de le regarder avec de grands yeux. Jamie aurait aimé être dans la tête d’Owen pour savoir ce qu’il s’y passait. Elle aurait voulu savoir ce qu’il pensait et ce qu’il ressentait. Lorsque Lucas disparut, elle fit le choix de le garder dans la vie de son fils, d’en faire une partie intégrante, sans pour autant lui donner de faux espoirs. Elle ne voulait pas qu’Owen relègue Lucas au rang de père jamais connu, parce que trop jeune pour s’en souvenir. Elle savait que si elle continuait d’entretenir ses souvenirs, il ne les oublierait pas. « Tiens, c’est pour toi. Je… Je sais que ce n’est pas ton anniversaire, mais j’en ai pas mal à rattraper. » C’était toujours sans dire un mot qu’Owen attrapa le paquet et le posa sans plus d’intérêt, à côté de lui. Jamie retenait sa respiration depuis que Lucas avait mis le paquet entre les mains de leur petite tête blonde, comme interdite. Elle appréhendait la réaction de leur fils, tant elle voulait que tout se passe bien. Et puis, elle ne pouvait imaginer ce que ressentait l’ancien agent du MI-6. Jamie avait une boule dans la gorge, et ses nerfs étaient prêts à lâcher à tout moment. Et finalement, l’inattendu se produisit : Owen se jeta littéralement dans les bras de son père. « I missed you, daddy. » lâcha finalement leur fils de sa petite voix. S’en était juste trop pour l’Irlandaise. « Yeah… I missed you too, son. » Elle sentait les larmes passer la barrière de ses yeux, et couler le long de ses joues. Puis Owen tourna la tête vers elle, et Lucas en fit de même, visiblement dans le même état émotionnel qu’elle.  « Maman… Maman a dit que tu avais perdu la mémoire. »  Elle allait craquer. Et elle ne pouvait se laisser aller devant son fils. D’un pas pressé, elle se rendit jusqu’à la cuisine, en prenant soin de fermer la porte. Et c’est là qu’elle se laissa aller. Se laissant glisser le long de la porte du frigo alors qu’elle éclata en sanglots. Jusque-là, elle n’avait fait que penser à son fils, à ce qu’il pouvait ou pourrait ressentir face à Lucas… Face à la découverte que son père n’était pas mort, comment il pourrait gérer le fait qu’il ait perdu la mémoire et que, malgré son amour indélébile, ça ne serait pas comme avant. Pas une seule fois elle ne s’était demandée ce que ça lui ferait à elle d’assister aux retrouvailles entre les deux hommes de sa vie. Et là, elle se prenait juste tout un tas d’émotions en pleine figure. Elle avait pendant, tellement longtemps tentée de garder la face aux yeux de tous, et même de son fils… Là c’était trop. Elle se souvenait comme si c’était hier, de la douleur qu’elle avait ressenti en apprenant la disparition de Lucas, la galère que ça avait été d’apprendre à vivre sans l’homme avec qui elle avait voulu faire sa vie. Elle avait juste l’impression que son cœur était en train d’exploser. Mais elle passa finalement ses mains sur ses yeux, essuyant ses larmes, avant de se lever pour se rendre devant la machine à café. Elle mit le tout en route, en restant appuyée sur le plan de travail, le regard dans le vague, tentant de retrouver un peu de contenance.
Une fois le café préparé, Jamie apporta le tout sur un plateau, jusqu’au salon. « … Tu étais toujours avec moi. Et je t’ai cherché partout. C'est grâce à toi si je suis ici » Une nouvelle fois, elle sentit son cœur se serrer. L’irlandaise ne pouvait s’empêcher de se demander : et s’il n’y avait eu qu’eux deux ? Elle et Lucas ? Aurait-il eu ne serait-ce qu’un souvenir, une intuition pour l’amener à la chercher ? Ou aurait-il simplement laissé son ancienne vie de côté pour en construire une nouvelle ? Elle préféra mettre ses pensées de côté avant de recraquer de nouveau. Jamie posa le plateau sur la table basse et s’assit sur le canapé. Owen s’approcha d’elle, et essuya maladroitement les quelques larmes qui coulaient encore sur les joues de sa mère. Elle ne put s’empêcher de sourire et de l’embrasser sur le front. « Papa nous a retrouvé, Maman. » dit-il avec des yeux pétillants. Elle aimait le regard qu’avait son fils. Il avait pourtant toujours eu une certaine joie de vivre, mais là, c’était au-delà de ça. « Avec une photo de moi ! » Jamie se retint de ne pas pleurer une fois encore. « Oui mon ange, c’est grâce à toi. Tu l’ouvres ce paquet ? » dit-elle en désignant le cadeau d’un signe de tête avant que son fils ne se précipite dessus, comme si, tout d’un coup, ce cadeau avait une nouvelle signification. « Je… hum j’ai fait du café si tu veux. Enfin j’ai des bières si tu préfères. » ajouta-t-elle à l’adresse de Lucas. « Et hum, je voulais te dire… Maintenant… ‘fin tu peux passer quand tu veux. » Enfin faudrait aussi qu’elle prévienne Imen, sa colocataire, et Erin, des dernières mis à jour… Mais maintenant que les retrouvailles étaient enclenchées, et que Owen semblait l’avoir accepté, elle ne voyait aucune raison que Lucas ne jouisse pas totalement de ses droits en tant que père.

« Du café, c’est parfait. Je ne suis pas/plus ? très bière depuis que je suis videur. » Jamie ne put s’empêcher de sourire. Lucas avait été bière… Tout comme elle. Après une journée éreintante, rien n’était mieux qu’une bière bien fraiche. A vrai dire, ça lui était même arrivé d’en prendre une, en rentrant, à 3 heures du mat’. Mais depuis quelques années, sans réelle raison, elle avait juste arrêté. Jamie tendit l’une des tasses à Neven, et s’en prit une. Sans attendre une minute de plus, elle lui parla de son droit de venir voir leur fils. Après tout, c’était normal, légitime. Et puis surtout, après tout ce temps, elle en voulait pas les priver encore plus de la présence de l’un et l’autre. Owen avait besoin de son père… Et visiblement, la réciproque était tout aussi valable à en juger par ses retrouvailles. « Merci pour l’invitation. Je te prends au mot en tout cas, je viendrais vous voir souvent mais rassures-toi, jamais sans prévenir, au cas où… Enfin, tu sais... »  La jeune Irlandaise pensa immédiatement à Trevor. Elle ne savait même pas comment les définir. Il était clair qu’elle avait de forts sentiments à son égard. Mais avec Lucas qui revenait dans le tableau, ça aurait été mentir que de dire que tout était clair dans sa tête. C’était tout le contraire. Du jour où elle l’avait rencontré, Jamie avait considéré Lucas comme l’homme de sa vie. Mais l‘était-il toujours ? Rien n’était moins sûr. Un homme se forge de par ses expériences, ses souvenirs, ses réussites et ses échecs… Mais que se passe-t-il lorsque l’on devient amnésique. Est-ce qu’il avait changé sur toute la ligne ? « C’est gentil. » dit-elle tout de même un peu gênée, elle ne se voyait pas aborder sa vie sentimentale avec Lucas, ce qui était un comble, même si au fond, elle mourrait d’envie de savoir ce qu’il ressentait ou ce qu’il se passait dans sa tête. Si, seulement, un vague souvenir d’eux deux avait refait surface. « De ton côté, si tu as besoin d’un babysittor un jour, n’hésites pas à me le demander. » « Tu ne te souviens sans doute pas d’elle, mais j’ai Erin, ma sœur… Qui garde souvent Owen. » Ce dernier se retourna d’ailleurs, tout sourire en entendant le prénom de sa tante. Sa mère lui sourit avant de reporter son attention sur Lucas. « Je la mettrai au courant. Avec le boulot, je lui laisse régulièrement… Ou alors elle vient ici. Enfin dans les deux cas, il n’y aura aucun souci. Et si ce n’est pas Erin qui garde Owen, c’est ma coloc’, Imen. Elle n’est pas là ce soir, mais, tu la croiseras sans doute un jour. Quand ma sœur a un empêchement, c’est elle qui le garde. » Ca allègera sans doute sa petite sœur, qui, malgré tout, avait une vie qui ne se résumait pas à garder son neveu. Et pourtant, elle en était vraiment dingue, Jamie savait que sa sœur ferait tout pour son fils, mais elle avait aussi sa vie à faire, et concilier parfois les deux emplois du temps n’était pas toujours simple. « Et puis… Je pense qu’elle sera contente de te revoir. » avoua-t-elle avec un léger sourire en tournant la tête vers Lucas. Erin avait toujours eu cette manie de donner –ou non- son aval à sa sœur, qui pourtant sa sœur aînée. Mais elle avait toujours adoré Lucas… Sa première remarque ayant même été : dommage que t’es déjà mis la main dessus, j’en aurais bien fait mon quatre heures. Du Erin tout craché. Jamie ne put s’empêcher de sourire à cette pensée, avant de secouer légèrement la tête. « You’re okay ? » La jeune irlandaise resta comme interdite face à la question de son ancien compagnon. Elle se retint de justesse de ne pas sortir un banal ‘très bien merci’, habituellement sorti lorsqu’il s’agit d’une simple formule de politesse et lorsque la personne ne s’y intéressait pas franchement. Mais depuis quand mentait-elle à Lucas ? Il avait toujours été celui avec lequel elle demeurait le plus honnête. Le seul avec qui elle avait pu parler de son métier. Elle ne lui avait jamais mentionné les détails de sa mission, mais elle pouvait ouvertement lui parler de ce que ça lui faisait, de ce qu’elle ressentait. « Sincèrement… J’en sais rien » avoua-t-elle en soupirant. Son regard se posa sur leur fils. Elle ne voulait pas gâcher ce moment, ce sourire qu’il arborait. « J’ai rêvé pendant des années de te voir revenir… Au début, surtout pour moi. J’savais pas comment j’allais m’en sortir, sans toi… et pour l’élever. Et puis ensuite j’rêvais de te voir revenir parce que je ne voulais pas qu’il grandisse sans son père. » continua-t-elle en sentant les larmes couler le long de ses joues. Elle n’avait plus l’habitude de s’épancher sur ses sentiments, encore moins d’être émotive. « Mais j’sais plus où me positionner… » elle essuya ses larmes avant de continuer, « tu vois, j’ai tous ces sentiments… pour toi, au fond, mais je sais même pas ce qu’il reste de toi, de l’homme que j’ai aimé. » finit-elle par avouer. Elle ne voulait certainement pas le blesser, elle tenter juste d’expliquer, au mieux, ce qu’elle ressentait.

« Merci. » lui avait-elle dit. Tout simplement. Sans le savoir, Jamie venait de laisser Neven sur sa faim. Il opina, silencieux.

Leur situation était délicate. Il ne savait pas vraiment quelle position adopter vis-à-vis de la mère de son fils et ne voulait pas non plus lui paraître trop curieux mais il ne pouvait s’empêcher d’être concerné par sa vie sentimentale. Primo – et même s’il n’en gardait aucun souvenir-, Jamie avait partagé pendant des années. Deuzio, il y avait Owen. Certes, il ne l’avait pas beaucoup élevé mais c’était son fils et s’il concevait l’idée – aussi douloureuse soit-elle - que Jamie puisse refaire sa vie, il craignait qu’un autre homme prenne sa place dans la vie de son fils. Parce sa présence ici, c’était à Owen qu’il le devait ; s’il n’avait pas eu sa photo sur lui, il ne serait jamais venu vivre à New York et Jamie aurait continué de penser qu’il était mort.

« Tu ne te souviens sans doute pas d’elle, mais j’ai Erin, ma sœur… Qui garde souvent Owen. ». Le trentenaire fronça les sourcils, cherchant un souvenir à associer au prénom de celle qui fut sa belle-sœur, mais – sans surprise – rien ne se produisit. Comme il ne voulait pas l’admettre, il s’intéressa alors au sourire partiellement édenté de sa chère petite tête blonde qui ne manqua pas de l’attendrir. « Je la mettrai au courant. Avec le boulot, je lui laisse régulièrement… Ou alors elle vient ici. Enfin dans les deux cas, il n’y aura aucun souci. Et si ce n’est pas Erin qui garde Owen, c’est ma coloc’, Imen. Elle n’est pas là ce soir, mais, tu la croiseras sans doute un jour. Quand ma sœur a un empêchement, c’est elle qui le garde. ». Erin, Imen. Deux prénoms. Mine de rien, ça faisait beaucoup de choses à assimiler. « Et puis… Je pense qu’elle sera contente de te revoir. ». Son sourire s’élargit. Ce n’était peut-être rien dit comme ça, mais ça représentait beaucoup pour Neven. Il avait passé les dernières années de sa vie à se demander si quelqu’un avait le moindre intérêt pour lui, il en avait même perdu l’espoir. « J’étais apprécié de ma belle famille, c’est déjà ça… » s’amusa-t-il.

Par la suite, il s’inquiéta de Jamie. Sans la « connaitre », il n’éprouvait aucune difficulté à la sentir nerveuse et mal à l’aise. Neven ne pouvait pas lui en vouloir, au contraire, pour lui la réaction de son ex-compagne était aussi légitime que réciproque. « Sincèrement… J’en sais rien. J’ai rêvé pendant des années de te voir revenir… Au début, surtout pour moi. J’savais pas comment j’allais m’en sortir, sans toi… et pour l’élever. Et puis ensuite j’rêvais de te voir revenir parce que je ne voulais pas qu’il grandisse sans son père. » commença-t-elle. Neven ne la quittait pas des yeux. Elle avait l’air si forte et tellement vulnérable à la fois qu’il lui était difficile de rester de marbre. « Mais j’sais plus où me positionner… Tu vois, j’ai tous ces sentiments… pour toi, au fond, mais je sais même pas ce qu’il reste de toi, de l’homme que j’ai aimé. ». Et bam ! En une seule phrase, elle venait de lui briser le cœur. Il n’était pas – ou plus – coutumier aux discussions à cœur ouvert et entendre ça de la bouche d’une femme dont il ne gardait aucun souvenir le tuait. Sans qu’il ne puisse se contrôler, un nœud se forma dans sa gorge et ses yeux rougirent. Il éprouvait soudainement le besoin de se confier ; ça ne s’était jamais produit auparavant. Pas depuis qu’il était amnésique, en tout cas. « Je comprends, tu sais… – commença-t-il en veillant à parer un contact visuel gênant – c’est frustrant pour moi aussi. Je sens qu’il y a une alchimie entre nous, mais les souvenirs ne sont plus là… Je sais que ça te blesse et ça me tue aussi parce que ce n’est pas mon intention. Et puis, il y a Owen. C’est un enfant, mais d’une certaine manière moi aussi. J’ai le sentiment désagréable de n’être qu’une page blanche, un chapitre incertain. Je veux dire : je ne sais même pas le genre de père que j’étais ! Pour l’instant, mes seules références sont les publicités et les séries télévisées. ». Il hésita un instant, mais se décida tout de même à poser sa main sur celle de Jamie en y exerçant une légère pression. Ce devait être sûrement être le premier contact physique depuis des années. « Mais ce n’est pas uniquement le petit garçon de la photo qui m’a attiré ici, c’est la personne qui n’y apparaissait pas. » reprit-il doucement. « Je n'ai plus les souvenirs de Lucas, je ne sais même pas si je lui arriverais à la cheville, mais je serais toujours là pour toi. Aussi longtemps que tu me l’y autorise. ».

ils me brisent le coeur

Jamie vint son ancien compagnon froncer les sourcils à l’évocation d’Erin. Sans doute cherchait-il dans sa mémoire un quelconque souvenir ou un visage à remettre sur ce prénom. Ces deux-là s’étaient toujours très bien entendus. En même temps, il était relativement difficile de ne pas s’entendre avec la petite dernière des Mayfair. Malgré son côté un peu peste et rebelle, c’était une jeune femme agréable et constamment de bonne humeur. Quant à Lucas… Well, ce n’était pas Jamie qui allait trouver quelque chose à redire. « J’étais apprécié de ma belle famille, c’est déjà ça… » Un sourire se dessina sur les lèvres de l’Irlandaise. « Avec Erin… Je crois que le mot est faible. Avec Lorcan… Disons que vous ne vous êtes pas vus souvent… C’était cordial, mais vous n’avez jamais réellement eu l’occasion d’aller au-delà. Et mon père… Et bien, ça allait, mais c’est pareil, on n’a jamais réellement tous vécu dans la même ville, donc les visites restaient occasionnelles. » expliqua-t-elle alors. A vrai dire, même elle, ça faisait bien quatre mois qu’elle n’avait pas vu son aîné. Mais elle le savait sain et sauf, alors c’était tout ce qui lui importait. Avec son métier, elle avait appris à relativiser les choses, et à ne pas s’inquiéter pour des broutilles. Elle savait –et lui aussi le savait- que si Lorcan avait le moindre problème, il pouvait venir la chercher.

Puis Lucas se tenta à lui demander comment elle se sentait. A vrai dire, c’était une question délicate à laquelle elle n’avait su comment trop répondre. Ses sentiments pour lui étaient forts, certes un peu flous, mais forts. Alors il était évident que tout ça l’affectait énormément. « Je comprends, tu sais…  c’est frustrant pour moi aussi. Je sens qu’il y a une alchimie entre nous, mais les souvenirs ne sont plus là… Je sais que ça te blesse et ça me tue aussi parce que ce n’est pas mon intention. Et puis, il y a Owen. C’est un enfant, mais d’une certaine manière moi aussi. J’ai le sentiment désagréable de n’être qu’une page blanche, un chapitre incertain. Je veux dire : je ne sais même pas le genre de père que j’étais ! Pour l’instant, mes seules références sont les publicités et les séries télévisées. » Elle ne put s’empêcher d’avoir un léger sourire face aux références de son ancien conjoint. Mine de rien, elle trouvait ça mignon. Puis la main de Lucas vint se poser sur la sienne, y exerçant une légère pression. Elle releva instantanément face à ce contact auquel elle ne s’attendait, mais ne put s’empêcher de serrer cette main un peu plus fort, comme pour s’assurer que c’était bien la sienne.  « Mais ce n’est pas uniquement le petit garçon de la photo qui m’a attiré ici, c’est la personne qui n’y apparaissait pas. » reprit-il doucement alors qu’elle sentait les larmes lui monter aux yeux. Il était vrai que depuis qu’il était revenu, elle s’était toujours dit que s’il était là, c’était grâce à Owen, grâce à leur petit bonhomme, et qu’au fond, il se savait père. Ca l’avait autant réconforté qu’attristé à vrai dire. Mais ce qu’il venait de lui dire la touchait vraiment. « Je n'ai plus les souvenirs de Lucas, je ne sais même pas si je lui arriverais à la cheville, mais je serais toujours là pour toi. Aussi longtemps que tu me l’y autorise. » Elle ne put retenir la larme qui coulait le long de sa joue, et sans réellement savoir ce qu’elle faisait, elle fondit dans les bras de Lucas, l’encerclant de ses bras, comme si c’était la première fois qu’elle le revoyait. Oui évidemment, elle préférerait que Lucas, son Lucas, celui qu’elle avait connu soit de retour, mais importe qui il était désormais, elle savait, au fond, qu’elle pouvait tout autant compter sur lui. Et même si ce n’était que des paroles, il venait de lui prouver. Elle resta quelques secondes ainsi, ses bras l’enlaçant, profitant de cette odeur qu’elle ne pensait pas retrouver, avant de le lacher et se reculer quelque peu. « Hm désolée. » dit-elle finalement, un peu gênée. Elle baissa alors la tête, avant de la relever quelques secondes après pour regarder Owen. « Je crois que jamais je ne te voudrais hors de ma vie. De nos vies. » avoua-t-elle mal à l’aise avant de reposer son regard sur celui de l’ancien agent du MI-6. « Tu me promets de ne jamais repartir ? » demanda-t-elle réellement sérieuse. Elle l’avait déjà perdu une fois, et peu importe quelle sorte de relation ils allaient avoir dans le futur, ou même quelle serait sa nouvelle identité, au fond, ça lui importait, elle ne souhaitait simplement pas le perdre une nouvelle fois.

mais tellement
j'suis désolée, c'est pas terrible