Il faisait chaud… Très chaud, mais c’était supportable, j’avais connu pire. Sur Los Angeles, il faisait bien plus chaud à mon gout. Dans mes souvenirs du moins. Ici c’était moins chaud. Supportable. Je transpirais bien moins aussi. Soupirant faiblement, j’attrapais la bouteille d’eau du frigo, bien fraiche avant de défaire le bouchon et boire au goulot de celle-ci. J’aimais la sensation de l’eau fraiche dans ma bouche. C’était glacé, ça faisait mal aux dents parfois, mais moi j’aimais ça. La filant à ma sœur, qui attendait pour boire, je parti dans ma chambre pour me changer. Sarouel –piqué à mon frère- chemise à carreaux –piqué à mon frère-, je pris le soin de bien bander ma poitrine au maximum, mettant une bonne minute à m’habituer au rythme de respiration. Une fois je m’habillais, coiffant rapidement mes cheveux avant de passer ma main sur les côtés rasé. Ça avait poussé, il fallait que je rase à nouveau bientôt… Attrapant la casquette, je la mis sur ma tête avant de prendre mon sac et filer en direction de la fac. J’allais au boulot. Pas de temps à perdre pour le moment. Non absolument pas. Voiture démarré, je filais en compagnie de Mi-Cha à la fac. Elle n’avait toujours pas le permis… plus de neuf fois raté… elle craignait vraiment… Moi je l’avais eu du premier coup… Mais bon c’était Mi-Cha, dame maladresse si je puis dire… Une fois garée devant la fac, on se fit un gros câlin, avant que je n’aille à la cafet là où je bossais. Autant dire que je ne pris pas tout mon temps pour aller derrière le comptoir. Je détestais vraiment cet attroupement de fille. Mais pour l’heure, je ne réfléchissais pas je servais, et je draguais automatiquement quand je voyais que je pouvais en tirer plus de vente. J’étais bonne pour ce genre de chose mine de rien. Mais je les trompais toute… C’était surement méchant, mais moi j’étais bien dans ma peau ainsi alors… Je n’allais pas me gêner hein. Après plusieurs heures de boulot, je quittais la cafétéria pour filer en direction des salles de sports. J’avais besoin de faire plus de sport, et puis je devais me muscler le dos et les jambes. Mais seule hantise était à nouveau de ne plus savoir marcher… c’était si dur de réapprendre à marcher… A se demander, comment un bébé pouvait y arriver… il ne tombait pas de haut le petiot, voilà pourquoi. Une fois dans le vestiaire –pour homme- oui, tant qu’à faire, je me changeai rapidement tant qu’il n’y avait personne. Jogging et t-shirt ample, je mis mes chaussures de sport avant d’entrer dans la salle. De ce que je savais il y avait des coachs sportif qui venaient, alors si ça pouvait m’aider… soit j’étais venu à la bonne heure, soit il n’y avait vraiment personne d’intéressé pour ça… Mais c’était pratiquement vide, il n’y avait pas grand monde. Bon, il y avait aussi court, tout le monde n’avait pas des heures de trous comme moi dans la journée. Puisque je n’allais pas en cours, c’était ma sœur, qui prenait le cours pour moi. « Bonjour… Je viens pour… Bah faire du sport. » Cette Logique Mi-Nam… Vraiment… Débile.
Dieu qu’Elvia regrettait le temps où elle n’était occupée que par ses entraînements de patinage artistique… trouver une chorégraphie toujours plus osée, se surpasser comme jamais, ne jamais laisser place au doute… c’était un temps qui lui manquait, et pourtant, la jolie suissesse avait fini par admettre la vérité : elle approchait désormais de la trentaine, dangereusement même, et continuer à forcer de cette manière comme l’ancienne championne olympique qu’elle était relevait de la folie pure à vrai dire. Il ne fallait plus qu’elle se berce de beaux rêves et qu’elle se concentre sur une nouvelle discipline qui risquait de lui demander de la patience… mais cela tombait bien, car Elvia en avait à revendre. Enceinte ou pas, ses formes ne se voyaient pas encore énormément et elle pouvait s’adonner à quelques cours avant que d’être hors circuit pour quelques mois. Cela tombait bien, puisque l’université l’avait justement engagée pour quelques mois avant de ne voir si les élèves se bousculaient au portillon ou pas. A vrai dire, cela dépendait des jours, et si la veille Elvia avait eut l’impression de ne pas voir le jour, aujourd’hui, c’était l’inverse : elle avait presque l’impression que cela risquait d’être désert et l’idée lui déplaisait. Par chance, un jeune asiatique vint sauver littéralement sauver sa journée en se présentant à elle alors qu’elle s’échauffait depuis bien une heure sans qu’aucun étudiant n’ait osé l’aborder. Elle lui offrit son plus grand sourire et, tout en dissimulant tant bien que mal son accent allemand à couper au couteau, elle s’exclama : « Bonjour et bienvenue ! » Belle entrée en matière, n’est-ce pas ? Bon, d’accord, Elvia venait sans doute de faire preuve d’un peu trop d’enthousiasme mais elle n’avait pas pu s’en empêcher. Elle qui était désespérée il y avait pas cinq minutes parce qu’elle ne croisait aucun étudiant qui veuille recevoir les conseils d’un sportif professionnel… « Je suis sûre que je vais pouvoir vous aider ! Quel type de sport pratiquez-vous ? On peut peut-être faire plusieurs galops d’essai après un bon échauffement car je serais curieuse de savoir quel est votre niveau dans un premier temps. Mais votre discipline de prédilection me sera utile quoi qu’il en soit. Je peux savoir votre prénom ? »
Faire du sport était ma seul et unique intention du moment. Je voulais pouvoir défendre ma sœur à tout moment, elle qui était si fragile, si naïve… Je savais pertinemment, que si c’était elle qui avait vécu ce que j’avais subit, elle sera anéantit pour toujours. Même si j’avais fait une tentative de suicide, au jour d’aujourd’hui, je pouvais sourire, rire, m’amuser, même si c’était qu’avec ma famille… elle, elle en serait ou ? Elle n’aurait pas réagi comme moi…. Elle aurait surement été pire. Mi-Cha avait un cœur fragile, et jamais… Au grand jamais je ne permettrais à qui que ce soit de la briser. Au risque de me voir débouler pour l’anéantir… On ne touchait pas ma sœur… Ni mon frère d’ailleurs. « Bonjour et bienvenue ! » Oula. Elle venait d’où elle ? Son accent faisait presque peur. Europe ? Frissonnant faiblement, je souris lentement en m’approchant un peu plus. J’avais l’impression d’être un peu seul là non ? Oui un peu… C’était peut-être si nul que personne ne venait ? Oui peut être… Raclant ma gorge, je regardais bien autour de moi en avançant alors vers elle. « Je suis sûre que je vais pouvoir vous aider ! Quel type de sport pratiquez-vous ? On peut peut-être faire plusieurs galops d’essai après un bon échauffement car je serais curieuse de savoir quel est votre niveau dans un premier temps. Mais votre discipline de prédilection me sera utile quoi qu’il en soit. Je peux savoir votre prénom ? » Quel sport je faisais ? Je devais surtout muscler mes jambes, ma hantise était de reperdre l’usage de celle-ci. Et bien sur mes bras. Pour pouvoir coller de bonne droite ! C’était important ça non ? Enfouissant mes mains dans mes poches, j’approchais un peu plus d’elle mais sans trop non plus. C’était une femme après tout… Sait-on jamais de quoi elle soit capable… « Mi-Nam. C’est mon prénom. » Marmonnai-je en plissant le nez. « Je ne sais pas quel est mon niveau. Mais je fais beaucoup de courses, j’ai perdu l’usage de mes jambes il y a trois ans. J’ai dû réapprendre à marcher, du coup, j’ai tendance à muscler cette partie du corps. » ajoutai-je en restant immobile devant elle. Je n’aimais pas trop parler de moi en temps normal, mais autant lui expliquer le pourquoi du comment sans rentrer dans les détails non plus. Je ne voulais pas parler du reste.
« Mi-Nam. Enchantée, vous avez un joli prénom ! Je m’appelle Elvia. » S’il y avait bien une personne sur cette planète ayant atteint des sommets de compétition sportive, jusqu’à être multi championne olympique incontestée pendant de très nombreuses années, sans pour autant n’avoir la plus petite arrogance, c’était bien la jolie suissesse. Elle se moquait de ce qu’autrui pouvait bien penser d’elle, laissait les critiques non constructives glisser et la froideur plus encore. Ceci étant, la jeune personne lui faisant face semblait aussi fragile qu’elle savait l’être dans ses grands moments de regrets – l’abandon du patinage ayant fait énormément de mal à la sportive, surtout lorsqu’elle avait été greffée au niveau de son cœur – et la demoiselle ne put ne pas en prendre compte, surtout pas après sa confession qui tomba littéralement comme un cheveu sur la soupe et lui arracha un haussement de sourcil de surprise. Mais il n’y eut ni pitié ni apitoiement dans le regard d’Elvia, juste de l’admiration. Une profonde admiration pour quelqu’un ayant été en mesure de remarcher et souhaitant manifestement continuer à pouvoir le faire en renforçant ses jambes. « Vous dites faire beaucoup de course… à quel rythme ? J’entends par là combien d’heures et combien de fois par semaine » reprit-elle, aussi stoïque que possible bien qu’elle ne puisse pas ne pas s’estimer touchée par l’accès de confiance que venait de lui offrir son jeune interlocuteur. « Vous avez raison de continuer à muscler cette partie, je vous y encourage. Je pense que mon ancien coach aurait fait de même s’il avait été là… il avait pour habitude de ne pas pousser ses sportifs à muscler quinze parties du corps différentes. Il vaut mieux avoir une seule et même discipline. Mais seriez-vous prêt à passer à la vitesse supérieure avec un rien de musculation ? Nous allons démarrer progressivement bien entendu, puisque je ne pense pas que vous ayez l’habitude, et agrémenter ce nouvel exercice de vos courses habituelles. Pourquoi pas essayer le sprint, aussi ? Cela muscle de façon différente. Il ne faut négliger aucune piste, à vrai dire. »
« Mi-Nam. Enchantée, vous avez un joli prénom ! Je m’appelle Elvia. » Souriant faiblement, je me grattais la joue mal à l’aise avant de baisser la tête. « Elvia aussi c’est un joli prénom. » Annonçai-je en évitant son regard. Par la suite, je lui annonçai alors pourquoi j’étais là. Je voulais muscler mes jambes, je ne voulais plus jamais perdre la mobilité de mes jambes alors les muscler chaque jours était une bonne chose. « Vous dites faire beaucoup de course… à quel rythme ? J’entends par là combien d’heures et combien de fois par semaine » Oula… Je ne saurais dire exactement, mais pour le coup je me mis tout de même à réfléchir. « Vous avez raison de continuer à muscler cette partie, je vous y encourage. Je pense que mon ancien coach aurait fait de même s’il avait été là… il avait pour habitude de ne pas pousser ses sportifs à muscler quinze parties du corps différentes. Il vaut mieux avoir une seule et même discipline. Mais seriez-vous prêt à passer à la vitesse supérieure avec un rien de musculation ? Nous allons démarrer progressivement bien entendu, puisque je ne pense pas que vous ayez l’habitude, et agrémenter ce nouvel exercice de vos courses habituelles. Pourquoi pas essayer le sprint, aussi ? Cela muscle de façon différente. Il ne faut négliger aucune piste, à vrai dire. » Me mordillant les lèvres j’hochais faiblement la tête pour dire oui, moi tant que je pouvais me muscler ça m’allait. Je ne voulais plus jamais perdre l’usage de mes jambes. Quand on grandit on se rend compte à quel point en fait marcher est difficile et petit, nous avions une volonté de malade… « Eh bien en général tous les jours une heure en général, je ne peux pas faire plus pour le moment. » marmonnai-je faiblement sans pour autant me rapprocher d’elle. Non pas que je ne lui fasse pas confiance, mais pour le moment j’étais plutôt bien là où j’étais ni trop près ni trop loin. « Ce que je veux avant tout, c’est pouvoir avoir des jambes très musclés, après je voudrai muscler mes bras. Je voudrai pouvoir savoir me défendre en cas de souci. Je n’ai aucune force dans les bras… J’ai tout perdu quand j’étais dans le coma… J’ai récupéré la moitié de mes muscles au niveau des bras… » marmonnai-je. Si jamais quelqu’un s’en prenait à ma sœur quoi ? Il fallait que je sois en mesure de la défendre au péril de ma vie. C’était une chose qui me tenait très à cœur. Je préférais souffrir à mort que voir une once de malheur et de tristesse dans le regard de Mi-Cha.
Elvia esquissa de faire un petit sourire non pas moqueur mais plutôt attendri envers ce jeune futur athlète. Il n’y avait pas l’ombre d’une pitié dans le fond de son regard d’un bleu intense, mais plutôt une sorte de compassion constructive, la même qu’avait son coach du temps où elle était dans la peau du sportif et qu’il lui restait énormément à apprendre. « Une heure, c’est déjà très bien. En théorie, à moins que vous ne souhaitiez devenir un sportif de haut niveau, une heure vous permet de vous tenir en forme, d’améliorer votre rythme cardiaque ainsi que votre endurance… c’est même le timing idéal puisqu’il faudrait faire plus de quarante cinq minutes. Inutile de vous épuiser, ce n’est pas le but recherché… il faut vous tenir à votre rythme acquis en revanche » expliqua-t-elle plus machinalement qu’autre chose, les mains derrière le dos, sans chercher à avancer vers son interlocuteur ou à l’observer en long, en large et en travers. Pour l’instant, la phase de parole lui suffisait. « La musculation peut être faite au niveau de tous les muscles de votre corps, nous commencerons donc par vos jambes et ensuite, une fois que la musculature attendra vos espérances, nous passerons aux bras. Il vaut mieux faire étape par étape selon moi… surtout qu’à priori, les jambes sont plus utiles pour courir et obtenir une meilleure endurance que les bras » plaisanta-t-elle sur la fin afin de détendre l’atmosphère. « Seriez-vous prête à ce que l’on teste votre endurance lors d’un jogging dans un premier temps ? »
« Une heure, c’est déjà très bien. En théorie, à moins que vous ne souhaitiez devenir un sportif de haut niveau, une heure vous permet de vous tenir en forme, d’améliorer votre rythme cardiaque ainsi que votre endurance… c’est même le timing idéal puisqu’il faudrait faire plus de quarante-cinq minutes. Inutile de vous épuiser, ce n’est pas le but recherché… il faut vous tenir à votre rythme acquis en revanche » Elle avait raison, de toute façon, je ne cherchais pas à m’épuiser, au contraire, juste à m’améliorer, rien de plus rien de moins. J’en avais marre de stagner en ce moment, c’était la seule chose qui m’ennuyer un peu. « La musculation peut être faite au niveau de tous les muscles de votre corps, nous commencerons donc par vos jambes et ensuite, une fois que la musculature attendra vos espérances, nous passerons aux bras. Il vaut mieux faire étape par étape selon moi… surtout qu’à priori, les jambes sont plus utiles pour courir et obtenir une meilleure endurance que les bras. Seriez-vous prête à ce que l’on teste votre endurance lors d’un jogging dans un premier temps ? » Oh… je n’avais pas réellement prévu ça, mais pourquoi pas, c’était elle la patronne dans tous les cas je n’allais pas faire ma difficile n’est-ce pas ? Me grattant les cheveux je lui fis un faible sourire en hochant alors la tête. « Pourquoi pas oui… vous voulez le faire maintenant le Jogging ? Je suppose que je serai le seul à venir ? Ou vus avez du monde qui va arriver ? » demandai-je en regardant autour de moi. Les étudiants, à part s’empiffrer ça ne pensaient pas trop au sport. Ce qui était dommage en soi je trouvais. Non pas que la vie devait tourner autour du sport… Loin de là, mais un minimum, maintenant les jeune à part se muscler les mains sur les manettes de jeux et les pouces d’appuyer sur le bouton, je ne savais pas ce qu’ils faisaient comme sport… « Ça fait longtemps que vous faite ce métier ? » demandai-je pour en savoir plus sur elle. Après tout elle allait devenir ma Coach, autant que j’en sache au maximum sur elle non ? Et puis c’était une nana… Alors autant que je me méfie d’elle au début, c’était plus fort que moi… Mais cette appréhension ne me quittait pas quand il s’agissait de femme… Je n’avais toujours pas repris confiance en moi sur ce point-là…
Elvia avait déjà commencé à attacher sa longue chevelure châtain sans que son sourire ne la quitte d’un millimètre avant que la question de son tout premier élève ne l’amuse subitement. « C’est le principe du coaching à vrai dire. Je n’attendais que peu d’élèves, deux ou trois maximums… mais avec un seul, c’est encore mieux car je peux focaliser mon attention sur vous exclusivement. C’est mieux pour vous je pense. Quant au jogging, nous allons d’abord faire un long exercice d’étirement et tenter si vous me le permettez… je veux voir l’étendue du travail à fournir » expliqua-t-elle avant de ne s’approcher que de quelques pas, enlevant sa veste pour dévoiler un haut de sport façon débardeur, qui laissait ses épaules nues, chose qui lui donnait plus d’aisance en course puisque aucun vêtement n’altérait la pénétration de ses membres dans l’air. « A vrai dire pour être honnête non, vous êtes mon premier élève. Mais je suis une ancienne sportive de haut niveau, ma spécialité ayant été le patinage artistique. J’ai gagné plusieurs fois la médaille d’or aux Jeux Olympiques et j’ai eu le meilleur des coachs. Certes, nous allons faire de la course et de la musculation mais tout sportif commence par cela donc vous n’avez pas beaucoup de souci à vous faire, je saurais vous guider quoi qu’il en soit. Êtes-vous inquiet ou avez-vous une question qui vous turlupine en particulier ? Autant vider votre sac maintenant car après, je considère que vous avez signé pour être entre mes mains et je vais donc devenir un peu votre cauchemar pour que vous y arriviez le mieux possible. » A plus forte raison depuis qu’elle connaissait ses véritables motivations. Elvia avait l’air gentille voire même adorable comme ça, mais dès qu’il s’agissait de sport, c’était une véritable maniaque. Mi-Nam était tombé entre deux bonnes mains, des mains expertes même, à n’en point douter.
La jeune Elvia avait l’air particulièrement adorable, gentille même si je puis dire. Je l’imaginais parfaitement dans un juste corps sublime avec des patins à glace aux pieds. J’aimais le patinage artistique, ça devait être beau à voir. Je n’avais jamais réellement regardé le patinage à la télé mais les rare fois où j’en avais vu, c’était beau. Je me demandais si elle en faisait toujours. Même si elle avait arrêté les compétitions, elle devait surement toujours en faire pour son propre plaisir. J’aurai surement du regarder les Jeux olympiques quand j’étais plus jeune. Mais loin de moi cet intérêt, j’étais loin d’être une fille télévision, et je ne l’étais toujours pas. Je préférais rester le nez dans mes bouquins. La regardant se rapprocher un peu plus de moi, je fixais ses épaules et son corps musclé, elle était belle, terriblement belle et bien foutue. Si j’avais été un homme peut-être que j’aurai eu le béguin pour elle. Mais je n’étais pas un homme, et je haïssais les femmes au plus haut point. La seule avec qui je parlais sans gêne était ma sœur. Plissant faiblement le nez sous la proximité je fis un faible sourire avant de rire doucement. « Vous n’avez pas besoin de me faire travailler avec acharnement pour être mon pire cauchemar. A la vérité… vous l’êtes déjà. » marmonnai-je doucement. « Oh n’y voyez rien de personnel. Je hais les filles, je suis venue à reculons, vraiment à reculons. » ajoutai-je pour être sincère avec elle. Autant l’être non ? « Mais je vous apprécierais avec le temps… Je pense. » ajoutai-je en me grattant la joue et raclant ma gorge. Enlevant ma veste de Jogging je la posais non loin de moi avant de m’étirer les bras. Autant commencer les étirements non ? Sans la regarder, je commençais à m’étirer doucement, histoire de ne pas me faire mal. « J’ai une question. Vous pourrez m’apprendre à faire du patinage un jour ? » Non pas que ça me plaise, mais je restais persuadé que ça ferait plaisir à Mi-Cha d’aller en faire. Je voulais la voir sourire, c’était mon plaisir mon bonheur. Ma sœur était devenue plus qu’une drogue. Elle était devenue ma raison de vivre.
Alors que la jolie suissesse s’étirait déjà de son côté en vue de commencer très bientôt un jogging en compagnie de Mi-Nam, celui-ci lui arracha un petit sourire amusé. Oh ce n’était pas Elvia qui risquait de s’offusquer pour ce genre de choses, loin de là même. Mieux, elle préférait largement sa franchise et le fait que l’étudiant soit en mesure de surpasser sa haine pour la gente féminine afin de s’entraîner tout de même en compagnie de l’ancienne patineuse olympique ayant tant fait parler d’elle dans la presse pour son talent et sa discrétion mêlés. « J’apprécie votre sincérité, Mi-Nam, c’est une qualité qui se perd avec le temps. Je ne suis pas choquée une seconde que vous n’aimez pas mon sexe, car vous savez… il fut un temps où j’étais obligée de m’habiller en homme. Cela a duré quelques temps et j’en suis venue à avoir une sorte de méfiance envers la gente féminine… mais cela m’a passé. Oh je ne dis pas que nos cas sont similaires, loin de là et je ne juge en aucune manière… je vous dis juste que ce ne sera pas un problème pour moi. Je ne suis pas là pour me faire apprécier de vous mais pour vous faire progresser… si vous m’appréciez, cela simplifiera simplement les choses » ajouta-t-elle non sans lui sourire avec sincérité, sans cesser pour autant son étirement ne lui rappelant que de très nombreux souvenirs. Cela se voyait qu’elle avait l’habitude et que sa souplesse n’avait rien perdu de sa superbe, malgré sa grossesse et l’arrêt du patinage. « Vous souhaiteriez apprendre ? Mais avec plaisir, j’en serais même ravie ! Voilà un sport qui renforcerait énormément vos jambes et vous donnerait en plus un équilibre supplémentaire. Quand vous le souhaiterez, vous n’aurez qu’à me faire signe… j’ai mes propres entrées à la patinoire de New York. »
Les paroles d’Elvia me clouèrent sur place. On n’était pas les mêmes ? Et pourtant si. Elle ne se doutait pas surement une seule seconde que j’étais une fille... Dans sa façon de parler et d’agir j’étais un homme. Ça prouvait à quel point je m’étais littéralement transformé… ça me touchait au cœur. Ça me détruisait aussi dans un sens, car j’avais là, la preuve qu’une autre fille avait souffert. Pourquoi avait-elle fait ça ? La curiosité m’envahissait. J’avais envie de lui dire que moi aussi je subissais la même en ce moment et que ça me détruisait plus qu’autre chose. Ça durait quand même depuis bientôt trois ans… Je n’arrivais pas à m’en sortir, c’était devenu une obsession… Devenir un homme, ressembler à un homme. Fuir les femmes. Jusqu’à présent ça allait, au lycée, tout le monde, du moins ceux de ma classe savaient que j’étais une fille mais à présent que j’étais en fac, personne ne le savait. Je me souvenais encore l’an dernier quand une fille était venue me voir pour la saint valentin. La pauvre quand je lui avais dit que j’aimais les hommes. Et quand je lui avais dit que j’étais une fille. Le choc. Mais je n’avais pas envie d’en parler, ni même de le lui dire… Ce n’était pas nécessaire qu’on en parle aujourd’hui non ? Je n’avais pas très envie sincèrement… Même si ça me bouffait et me dévorait à petit feu, je préférais garder tout ça pour moi. Même avec ma sœur, je n’en parlais pas. Alors avec une inconnue… Non… Je ne voulais pas. Chassant rapidement l’idée de ma tête, je continuais mes étirements sans rien dire avant de me redresser faiblement. « Pourquoi vous avez fait ça ? Je veux dire… enfin, c’est surement personnel. Mais il devait y avoir une raison… Assez traumatisante, ou marquante, non ? » Demandai-je faiblement en évitant de la regarder assez mal à l’aise. « Je préfère une fille aux allures de garçon qu’une fille qui se fait belle pour se faire remarquer… » marmonnai-je doucement. Je détestais les filles qui minaudaient… Se pavaner et faire sa belle… En Corée j’avais eu ma dose. C’était l’horreur… J’en avais d’ailleurs pas mal souffert… Plus jamais… Plus jamais je ne voulais vivre ce genre de chose.
Rien n’aurait pu empêcher Elvia de terminer son échauffement et ses étirements, en théorie. Mais le simple fait que son élève ne se risque à poser une question personnelle la stoppa nette. Effectivement, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même car jamais Mi-Nam n’aurait posé ladite question si la suissesse n’avait pas mis ce sujet sur le tapis mais à force de vouloir mettre son étudiant à l’aise, Elvia s’était fait avoir comme une vulgaire débutante… pire, elle ne semblait pas vouloir stopper ou même être malhonnête, puisqu’il n’était rien dans cette confidence qui puisse lui nuire en tant que tel. Du moins, c’est ce qu’elle se permettait d’espérer… « En théorie je ne parle jamais de choses aussi personnelles avec quelqu’un que je connais si peu, mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même : j’ai lancé le sujet la première ! Disons que mon père ne voulait pas d’un héritier si celui-ci s’avérait être une femme. Ma mère étant atteinte d’Alzheimer, il a fait valoir la chose pour obtenir ma garde, même si ma mère a encore de larges moments de lucidités… et fatalement, comme il ne supportait pas que je sois une fille, il m’a fait vêtir comme un homme, dès mon plus jeune âge. Je me cachais pour aller m’entraîner à la patinoire et à chacune de mes victoires, j’en entendais parler des semaines durant. Il m’a même obligée à me faire appeler Evan, pour que je ne sois pas assimilée à la patineuse douée qui accumulait les titres de gloire. Voilà le fond de la vérité… dès que j’ai pu, je me suis défaite de son emprise, grâce à mes connaissances, ma notoriété bien que je n’aime pas spécifiquement ce mot et grâce à l’homme qui est aujourd’hui mon mari. Vous voyez, rien de très reluisant… mais j’ose espérer que cela ne fait pas de moi quelqu’un qui se fait remarquer car je vous prie de croire que… ce n’est point dans mon caractère, c’est même tout l’inverse. Mais pourquoi vouliez-vous connaître ma raison, au juste ? »
La pauvre elle devait se sentir forcé, ou je ne sais quoi, pourtant ce n’était pas mon but, vraiment, je n’avais pas réellement pensé en posant la question. Mais ce qui était fait, était fait et je ne pouvais pas revenir en arrière, sinon je l’aurai fait pour beaucoup de chose depuis le temps…d’abord pour moi, histoire de ne pas vivre comme j’avais vécu… si seulement ça pouvait se faire ça serait super bien… j’aurai changé ma vie du tout au tout… Une autre vie, une meilleure, un nouvel avenir, de nouvelle chose à vivre… Mais je ne pouvais que rêver… mais plus j’écoutais le récit de la belle Elvia, et plus je me sentais mal pour elle. Ça ne devait pas être facile à vivre comme chose. Comment un père pouvait faire ça à son propre enfant sérieusement ? Je me le demandais… Je savais qu’il y avait des parents abominables sur terre, mais de là, à infliger ce genre de choses, non…Pour le cou, l’ancien moi avait envie de la prendre dans mes bras, comme je le faisais avec Mi-Cha quand elle n’allait pas bien. Mais, mon nouveau moi, n’en fit rien, inerte, comme s tout cela m’indifférait alors que pas du tout. « Je ne vous visais pas quand je disais que je détestais ce genre de fille… Je le précisais, mais ça se voit que vous n’êtes pas comme ça… » marmonnai-je en souriant faiblement. « Je suis juste un peu curieux je présume ? Ça a dû être dur, surtout que ce n’était pas votre choix. Il y a les filles qui choisissent de devenir un homme et celles qui subissent, ça a dû être dur. » ajoutai-je en imaginant la souffrance qu’elle avait dû endurer. C’était surement équivalant à tout ce qu’on m’avait infligé. Je me souvenais encore des brimades reçues sur le fait que Mi-Nam voulait dire beau garçon en coréen… Mon paternel Américain, c’était trompé dans les prénoms, moi jusqu’alors ça ne m’avait jamais dérangé… Puis je suis allée en Corée… Soupirant faiblement, je la détaillais longuement avant de sourire un peu plus. « Vous êtes une femme forte, j’espère que votre père ne vous en veux pas trop d’être partie ? » je me demandais si elle avait encore contact avec lui, surement pas, je présume…
Curieusement, Elvia ne s’était pas sentie mal à l’aise en confiant ce considérable pan de sa vie, et ce bien qu’auparavant, elle n’était même pas capable d’en dégoiser deux mots d’à filée sans fondre en larmes. Il faut croire que sa sensibilité s’était un peu tue depuis qu’elle était devenue maman. Une page de son histoire s’était tournée, une autre s’était ouverte, point final. La jolie suissesse n’avait aucune envie de voir les choses autrement. Après tout, il y avait bien là une façon poétique que de voir les choses, et qui rendait de fait son passé légèrement moins sombre, bien qu’évidemment son étudiant soit très loin de connaître tous les détails de son passif avec son père, loin s’en faut. « J’avoue prêcher le faux pour savoir le vrai et je suis contente que vous ne pensiez pas cela de moi. Mais vous savez, autant cette partie de mon passé m’a longtemps touchée, autant aujourd’hui… je vis autre chose. Je suis heureuse comme je suis et j’ai pu me défaire de son emprise sur moi et je prends donc cela pour une belle victoire. Comme vous l’avez dit, je n’ai pas eu le choix, et c’était donc une question de survie pour moi que de m’écarter de cette mascarade ridicule. » Elvia haussa légèrement les épaules, son échauffement se terminant tandis que Mi-Nam posait une nouvelle question qui lui arracha bien évidemment un sourire à la fois amusé et attendri. C’était important que de créer un climat de confiance avec quelqu’un qui semblait ne pas avoir vécu de choses drôles non plus de son côté… il n’y avait pas de pitié dans la façon de faire d’Elvia, juste une envie de créer une entraide sincère, c’est tout. « Oh si, énormément. Mais comme je vous l’ai dit, c’était une question de survie alors j’ai cessé de penser à ses souhaits égoïstes et j’ai pensé à moi. C’est de cette façon que je me suis sauvée moi-même, que j’ai rencontré mon mari et que j’ai eu des enfants. »
Cette femme avait des enfants ? Sérieusement ? Wow… On ne dirait vraiment pas, son corps était aussi parfait qu’une jeune femme. La chance. J’aimerai être comme elle après un accouchement ou deux… Ce n’était pas donné à tout le monde …Maman était un peu ronde depuis qu’elle nous avait eu. Bon trois d’un coup, ça ne devait pas être plaisant non plus… la pauvre. Mais elle nous aimait de tout son cœur et se fichait plus ou moins de son apparence, du moins, elle n’avait jamais dit quoi que ce soit sur ça. « Quand on vous voit, on ne dirait pas que vous avez eu des enfants… » soufflai-je en souriant en coin. C’était un compliment bien évidement, c’était loin d’être une réflexion ou autre. « D’autre n’ont pas cette chance. » soufflai-je en souriant faiblement avant de m’assoir par terre pour étirer doucement mes adducteurs et mes mollets. J’étais assez souple, ce n’était pas un souci, et j’avais toujours pu courir sans faire d‘effort avant mais j’avais toujours peur depuis mon ‘accident’. Disons que je faisais beaucoup plus attention à moi par rapport à avant, ce qui était surement normal. J’aurai pu finir paralysé, le fait que je puisse utiliser mes jambes tiens d’un miracle impressionnant. Même le fait que je sois en vie… Ces docteurs avaient tous fait pour que je reste en vie, et je ne pourrais jamais assez leur en remercier. « Ma curiosité, me picore un peu. Les gens, ont-ils appris que vous étiez le fameux garçon ? Ou ils n’ont pas fait le rapport ? » demandai-je en me demandant ce qu’ils avaient dû dire pour le fameux garçon qui n’existait pas. Je n’aurai pas aimé être dans cette situation, mais au fond, je faisais la même chose, puisque je me faisais passer pour un garçon à l’heure actuelle. Du moins, je m’habillais comme un garçon, j’agissais comme tel, mais jamais… Jamais je n’avais affirmé être un garçon, je ne me présentais pas comme un garçon. Il n’avait jamais été dit par ma bouche que j’en étais un. Si on me demandait si j’étais une fille je répondais oui. Ou parfois je cherchais à savoir comment je paraissais aux yeux des autres. Mais je ne cachais pas mon sexe quand on me le demandait.
Autant dire qu’Elvia esquissa un petit sourire tout en penchant la tête sur le côté. Oh elle savait très bien ce que son étudiant voulait dire par « d’autres n’ont pas cette chance ». Combien de femmes avait-elle vu avoir du mal à perdre leurs kilos de grossesse ? Mais à la décharge d’Elvia, hors de question que d’être un poids lourd sur la glace, à moins de n’être suicidaire et de ne vouloir donc provoquer sciemment un accident. La jolie suissesse avait donc suivi un régime alimentaire équilibré en faisant extrêmement attention à ce qu’elle mangeait, et avait repris le sport très peu de temps après son accouchement. Une discipline qu’elle gardait de ses anciens entraînements pour les championnats, sans doute, bien qu’elle n’ait aucune intention d’en retenter un seul à l’avenir… vie de famille oblige. « Je me doute ! Mais même en ayant eu des jumeaux, il faut dire que j’avais déjà l’habitude de manger très équilibré, en faisant attention, etc. Je n’ai donc pas énormément pris de poids et comme je suis une joggeuse convertie, cela n’a pas été si difficile pour moi. Mais tout le monde n’a pas cette chance et puis qui serais-je en tant que sportive si je ne savais pas conserver mon poids ? C’est le b.a.-ba pour ne pas se blesser, vous savez. Vous connaissez quelqu’un qui peine avec sa grossesse ? » Au pire, Elvia se faisait forte de l’aider, ne serait-ce que par des conseils. Il faut dire que la suissesse avait une très fâcheuse tendance à devenir maternelle avec tout le monde depuis son accouchement. Déjà qu’elle voulait aider son prochain bien avant… « A vrai dire non, personne n’en n’a jamais rien su. Je me « déguisais » trop bien et après, plus personne n’a entendu parler d’Ethan. J’en ai été la première surprise d’ailleurs car je ne sais que trop bien à quel point la presse adore faire choux gras de ce genre de sujet… serait-ce que ledit sujet vous « choque » ? Vous avez droit de me le dire, vous savez, je ne suis pas quelqu’un qui se vexe facilement, ce n’est pas dans mon tempérament. »
Oh non, le sujet ne me choquait en aucun cas. Ça serait tout de même un comble si le sujet me choquait, quand on voyait ce que je faisais. J’étais la première à faire comme elle, sauf que pour ma part c’était de mon plein gré. Je ne voulais plus que l’on me prenne pour une fille. Je voulais simplement qu’on me foute la paix. Même si j’attirais les filles dans un autre domaine, qui était du désir, c’était bien moins risqué que les filles qui font chier d’autre filles. J’en ressortais affaibli, mais dans un sens j’en ressortais aussi forte. Jamais, non jamais je ne voulais que ma sœur vive ce que j’avais vécu. Je pense qu’aucune fille ne devait vivre, ce que j’avais vécu. Endurer cette souffrance au point de vouloir renier sa propre nature. J’aimerai pouvoir assumer mon corps, et m’affirmer en tant que fille comme avant, mais c’était impossible. Cette malencontreuse rencontre avec cette classe avait été horrible. Mais il valait mieux moi que ma sœur. « Non, non, ça ne me choque pas, pas du tout. Chacun est libre de faire ce qu’il veut, je ne suis pas pointilleux pour ce genre de chose vous savez. » annonçai-je sans pour autant avoir envie de lui dire pour moi. Je n’avais pas réellement envie de parler pour le moment, c’était mon jardin secret. Il m’avait fallut plusieurs mois pour en parler à Nam-Sun à l’époque… Continuant de travailler pour m’échauffer les muscles, je me massais les mollets tout en faisant des mouvements Flex, pointe avec mon pied pour tirer sur mon muscle et bien le chauffer. « Ma mère a toujours été un peu ronde depuis sa grossesse, mais je ne sais pas si elle cherche réellement à perdre le poids qu’elle a pris. Elle a pris beaucoup dû au fait que nous étions des triplés… » marmonnai-je en m’allongeant sur mes jambes pour tirer mes muscles et les chauffer un peu plus. « Mais bon, je ne sais pas si ça la dérange vraiment… Elle a l’air de bien se porter pour autant. » Oui, même si elle était ronde à présent.
Elvia hocha gentiment la tête à la réponse de Mi-Nam, appréciant le fait que son étudiant ne soit pas choqué et en parle apparemment histoire d’en causer. Oh la jolie suissesse n’était pas complètement dupe, elle se doutait bien que l’abord d’une telle conversation ne pouvait pas être complètement innocente ou désintéressée mais loin d’elle l’envie de se montrer intrusive dans sa vie. De quel droit pourrait-elle le faire, d’ailleurs ? Il valait bien mieux prendre ce genre de sujet avec des pincettes car la compréhension du commun des mortels était souvent bien moins vive que la sienne. Il faut dire qu’Elvia possédait le cœur sur la main, et une capacité de pardon plutôt extraordinaire… sans quoi elle n’aurait pas pu vivre une telle vie et s’en sortir aussi bien. Comme quoi, son mari l’équilibrait bien plus qu’elle ne pouvait le laisser entendre et le fait d’être désormais mère achevait définitivement le processus. « Ce n’est pas forcément une question d’être pointilleux ou pas, certains sont sensibles à ce sujet et d’autres s’en moquent. Tout le monde ne peut pas réagir de la même façon vous savez mais je suis contente que vous ne soyez pas choqué. Cela m’aurait peinée car je pense que nous pouvons mettre une place une solide collaboration » fit-elle avec un sourire à la fois chaleureux et tendre placé contre ses lèvres. « Votre mère a accouché de triplés ? C’est normal alors ! Tout le monde n’est pas sportif ni capable de réguler aisément sa masse corporel, nous ne sommes, hélas, pas tous égaux. Il n’est pas dit que je n’aurais pas été dans le cas de votre mère en cas de grossesse avec triplés. Ceci étant, j’ai une très bonne amie, ancienne championne bien que sa discipline soit très différente de la mienne, qui est actuellement enceinte de triplés. Personnellement, j’ai déjà trouvé un accouchement gémellaire bien assez difficile alors j’applaudis le courage de votre mère… mais vous savez, souvent, la rondeur est synonyme de beauté. Les hommes n’aiment pas tous les planches à pain ! »
Elvia était une femme assez rigolote, enfin rigolote… Je me comprenais moi-même en fait. Elle n’avait pas l’air méchante, non vraiment c’était le genre de nana qui ne ferait pas de mal à une mouche, j’en mettais ma main à couper même s’il le fallait. Elle avait l’air d’être une fille simple, tout à fait naturel, avec un passé plus ou moins douloureux, tout dépendait de quel côté elle le plaçait. Inspirant faiblement, je me redressais lentement en réfléchissant à ses paroles. C’est vrai que les hommes n’aiment pas tous les planches à pain… Et encore heureux, il fallait de tout dans un monde. J’espérais d’ailleurs que toute personne sur terre, trouve chaussure à son pied, chose qui n’était pas forcément facile en soi. Mais j’osais espérer que c’était possible. Nous étions plus de sept milliard, il y avait bien des gens fait l’un pour l’autre, même si c’était à l’autre bout de la terre, j’osais le croire et l’espérer. « Je pense que seul les cons ne peuvent pas changer d’avis. Je pense qu’il ne faut pas se moquer des gens et de leur idéaux, après tout s’ils font ça, ce n’est pas forcément par plaisir, ils le font parfois car il n’y a pas d’autre solution, car ils souffrent, ou par facilité, ou dieu sais-je. Se moquer des gens est mal, et peut entrainer parfois de graves conséquences… Les gens sont stupides. » Annonçai-je en plissant le nez. Oui… surtout les filles qui étaient le pire dans ce domaine-là. Rumeurs, mauvaises langues, insultes et j’en passe. Les garçons au moins ça se frappent et ça passe à autre chose. Les filles non, c’est tellement plus vicieux… « Oui des triplés. Ma sœur mon frère et moi. On se ressemble comme deux gouttes d’eau, parfois les gens ont du mal à nous différencier j’aime bien. » murmurai-je en souriant en coin. [color=indianred]« J’espère que ma mère se trouvera un homme en Corée. Ça fait quelques années maintenant que mes parents sont divorcés… Ne serait-ce que pour son bonheur à elle… « Votre accouchement n’a pas été trop difficile ? Je veux dire, ça ne vous a pas ôté l’envie d’avoir d’autres enfants si l’envie vient ? » J’avais déjà entendu des femmes lors de certains reportage dire qu’après un accouchement, suivant comme ça c’était passé, ne voulait pas faire d’autre enfant… ce que je pouvais comprendre aussi, ça ne devait pas être facile.
« Je ne serais pas aussi tranchante que vous car la « stupidité » ne se résume pas à ça chez un être humain mais disons que les gens ont du mal avec ce qui est différent. Ils n’acceptent jamais cela… ça peut être au sujet de la sexualité, de la couleur de la peau, de la langue, des goûts vestimentaires ou musicaux, du maquillage… tout est prétexte à moquerie vous savez et personnellement je trouve cela dommage. On en oublie le principe de tolérance… » Elvia esquissa cependant un petit sourire en entendant son étudiant parler de sa famille, car il lui semblait déceler comme une étincelle dans son regard rien qu’en en parlant. Il semblait les aimer bien au-delà des mots et ça, la jolie suissesse pouvait tout à fait le comprendre, surtout lorsque l’on connaissait son histoire avec celui étant devenu récemment son mari. Pourtant, Gabriel était prince, secoué par un protocole très envahissant mais cela ne les avait pas empêchés de contourner celui-ci pour se marier une première fois à Las Vegas, évitant ainsi une cérémonie en grande pompe qui ne leur aurait aucunement appartenu. « Je souhaite à votre mère de trouver un homme qui saura la rendre heureuse et s’occupera de vous ainsi que de votre frère et votre sœur, car je suis certaine qu’elle le mérite. Mais vous savez, il faut savoir laisser le temps au temps. Le temps que la blessure cicatrise pour laisser à votre mère toute l’opportunité afin de trouver chaussure à son pied. Mais pour ce qui me concerne non, je n’ai pas peur d’avoir d’autres enfants, j’espère même en avoir d’autres, vu que mon accouchement s’est bien passé. Mais dans mon cas hélas, c’est un peu… complexe. Mon mari est prince, et le poids du protocole est extrêmement lourd. Je ne veux pas imposer à mes enfants quelque chose d’aussi pénible… alors je m’y reprends à deux fois avant d’aborder le sujet avec lui, je dois admettre. »
Mi-Nam sentit ses poils se dresser sur son corps. Elvia avait parfaitement raison. C’était bien ça le pire. Tout et n’importe quoi faisait l’office d’une discrimination. La couleur de peau, une cicatrice, la forme de la tête, la couleur de cheveux, la voix, les fringues, le prénom… absolument tout. Et ça Mi-Nam le savait plus que n’importe qui. Elle en avait été victime à cause de son prénom, mais aussi dû au fait qu’elle avait grandi sur Los Angeles une ville de rêve comparé à Donghae une petite bourgade de la Corée du sud, non loin de Busan. Avec ses cent milles habitant, la ville Coréenne ne faisait pas le poids face à Los Angeles. Mais dans tous les Cas la jeune métisse aurait bien voulu ne pas vivre en Corée, ou alors ailleurs. Dans un autre établissement. Les souvenirs qu’elle en avait été, affreux. Elle faisait des cauchemars et n’avait peur que d’une chose… Revivre la même chose, ou pire que cela arrive à sa sœur jumelle. Mi-Nam Se mordit la langue un long moment avant de relever le visage et de sourire franchement. « Vous avez raison. Les gens, ils leur en faut peu pour faire ce genre de chose. Ils ne réalisent pas forcément les conséquences, tout ce qu’ils veulent, c’est s’imposer, paraitre plus fort, parfois créer un mouvement pour avoir une sorte de pouvoir. Et quand ils réalisent, c’est toujours trop tard. » Et ça Elle le savait mieux que quiconque. Il parait qu’après sa tentative de suicide certaines s’en soient voulu. Mais c’était trop tard, le mal était fait. A quoi bon vouloir s’excuser ? De toute façon Mi-Nam n’aurait jamais accepté les excuses et même trente ans plus tard, elle ne les voudrait pas. Non pas qu’elle soit rancunière, mais il ne fallait pas non plus se foutre de la gueule du monde. « Vous êtes marié à un prince ? Jeongmal ? wow… ça ne doit pas être de tout repos non plus… Parfois ça ne vous pèse pas ? Je veux dire, la vie de princesse ? Je présume que vous ne pouvez pas faire tout ce dont vous pourriez faire librement non ? Enfin… Ce sont surement des préjugés… Non ? » Demanda-t-elle assez curieuse pour le coup.
Elvia ne put s’empêcher de hocher vivement la tête face au point de vue de Mi-Nam au sujet de la discrimination. Elle se trouvait hélas partout et souvent là où on ne l’attendait pas… dans la rue, à la télévision, sur internet, ne serait-ce que lorsque l’on prend sa voiture le matin pour aller bosser ! Il existe et existera toujours des gens mal lunés, ou tout simplement intolérants à la différence pour nous donner envie d’aller nous recoucher sitôt levés. Elvia l’avait longtemps vécu et ses titres et autres médailles olympiques en patinage ne l’avaient certes pas protégée de ce point de vue là. Rien qu’à son arrivée à New York, on s’était longtemps moqué de son accent à moitié allemand et à moitié français, purement originaire du coin de Suisse où elle était née. Mais elle avait haussé les épaules et poursuivi son chemin, faisant fi que tout ceci ne la blessait pas… hélas, Elvia restait la gentillesse incarnée et même une petite pique à prendre au second degré serait capable de la blesser ! « Oh non ce ne sont pas uniquement des clichés, vous savez. On me donne des cours de protocoles deux fois par jour et bien que je me sois débrouillée ce matin pour partir en douce de chez moi pour y échapper, je suis certaine que j’aurais double ration ce soir en rentrant ! On décide de mon emploi du temps, de mes fréquentations, on a décidé de la cérémonie de mon mariage… ce ne sont pas que des avantages que d’épouser un prince et c’est énormément de travail mais j’ai de la chance dans mon malheur car mon mari aime aussi peu le tralala de ce genre que moi. Sinon je crois que je n’aurais pas supporté… c’est beaucoup trop de pression surtout que le moindre grain de riz attrapé par la presse est retranscrit, amplifié, déformé… une horreur ! »
La seule chose qui me vint en tête, fut un, oh my fucking god. Oui et vraiment, je le pensais vraiment. Comment pouvait-elle supporter ce genre de vie ? Je ne pourrais pas pour ma part, mais peut-être que l’amour changeait une personne ? Je n’avais jamais été amoureuse. Absolument jamais. Si j’aimais ma famille, je me doutais bien que l’amour que l’on porte pour une personne du sexe opposé devait être bien différent. Il parait même que l’on fait des concessions pour l’autre quand on est amoureux. Ah, ça me donnait envie de connaitre ça vraiment. Souriant sur le coup je posais mes coudes sur le sol avant de me tenir la tête et la scruter un long moment. « Vous faite tout ça car vous êtes folle amoureuse de votre époux ? » Demandai-je avec une pointe de curiosité dans ma voix. C’était franchement audible, je ne pouvais pas dire le contraire… J’étais curieuse sur ça pour le coup. Pinçant mes lèvres, j’haussais un sourcil avant de sourire. « Vous n’avez pas peur que je fasse des ragots sur vous une fois sorti d’ici ? Qui sait, vous ne me connaissez pas dans le fond, qu’est-ce qui vous fait croire que je ne suis pas journaliste ? » Demandai-je l’air de rien. Oh, j’étais un tantinet psychopathe pour le coup, j’étais loin d’être journaliste ou quoi que ce soit, mais c’était vrai, pourquoi elle me disait tout ça ? Alors qu’elle venait de me dire que justement les paparazzis sont toujours à la recherche de la moindre chose de travers…Je ne pourrais pas supporter ça aussi d’être traquer et de devoir faire attention à mes faits et gestes, à mes paroles… à tout pratiquement en fait. C’était une vie, il fallait y naitre dedans pour le supporter je pense. Car à mes yeux, même si les stars s’y étaient habitués, parfois il fallait l’avouer, ça ne devait pas être facile bien au contraire même…
Elvia éclata volontiers de rire face à la question de son étudiant. Décidément, sa curiosité était étonnante, surtout pour un jeune homme ! D’ordinaire, il s’agissait là de questions que se posaient les demoiselles, sans vouloir tomber dans le cliché. « Je pensais qu’une jeune femme s’inquièterait de ce genre de choses mais vous voyez, vous faites tomber un à un tous mes préjugés ! » s’amusa la jolie suissesse sans que son sourire ne diminue d’un millimètre, preuve qu’il ne fallait surtout pas le prendre comme une attaque mais bel et bien comme une remarque méliorative. S’il y avait bien une personne sur cette terre n’étant ni calculatrice ni mauvaise, c’était sûrement Elvia et pas une autre. « Vous savez, je suis tombée amoureuse de l’homme, pas du prince. Il pourrait me demander n’importe quoi, je ne serai jamais en mesure de lui refuser quoi que ce soit parce que je sais qu’il serait prêt à tout pour moi de son côté. Notre mariage va bien au-delà de son rôle princier… nous avons appris à nous aimer en tant que personne et c’est parce que je l’aime que j’accepte de telles responsabilités, tout simplement. Quoi de plus naturel ? » Elvia haussa légèrement les épaules comme si elle énonçait des évidences sautant aux yeux, même pour quelqu’un qui ne connaîtrait pas Gabriel Renaldi. A vrai dire, rien qu’à constater les pétales de rose s’échappant du regard de la jolie brune, il ne fallait pas sortir de Saint Cyr pour s’apercevoir qu’elle aimait son mari plus que sa vie. « Pourquoi, vous êtes journaliste ? Vous avez sans doute raison mais j’ai envie de croire que l’intégralité de l’univers n’est pas nécessairement manipulateur ou intéressé. C’est mon côté rêveur et utopique sans doute ! »
Je ne cessais de me mordiller les lèvres. Elle avait raison sur un point. D’habitude c’était les filles qui disaient cela. Sauf que bah, moi j’étais une fille. Et j’étais quand même contente qu’elle me prenne pour un homme, ça prouvait à quel point je me déguisais bien. Enfin, ça voulait aussi dire que j’avais une tronche de mec. Enfin, encore heureux, mon frère avait la même que moi, ça serait con qu’on le prenne pour une nana alors… Il ne serait pas prêt d’accepter ce fait. Je crois même qu’il pleurerait si on le prenait pour une fille, mais bon ce n’était pas près d’arriver vu ses formes et sa coupe de cheveux. On voyait clairement que c’était un mec. Il n’avait rien à craindre. C’était d’ailleurs plus facile de se faire passer pour un mec, qu’un mec une fille non ? Enfin, je ne savais pas trop. Souriant en coin, je restais faiblement silencieuse avant de soupirer longuement. C’était beau l’amour, surtout quand on l’entendait parler en fait. « Non je ne suis pas du tout Journaliste. J’aime le domaine de la musique, peut-être que je les subirais… Mais je n’en suis pas un. » soufflai-je en la regardant longuement. « J’envie votre histoire d’amour, ah, je ne suis jamais tombé amoureux… En même temps je n’ai jamais cherché pour autant…Je ne suis pas pressée pour ce genre de chose. J’attends que mon prince charmant vienne à moi. » Soufflai-je doucement d’un air rêveur. Ça serait vraiment bien en effet. Me redressant faiblement, je me mordis les lèvres hésitantes avant de sourire en coin. « Et vous avez raison, c’est un truc de fille normalement. mais je ne suis pas un garçon… Je suis une fille. Je ressemble à un garçon hein ? Et surtout ne prenez pas peur, je le fais exprès. » Ajoutai-je pour ne pas qu’elle se sente mal de m’avoir confondu avec le sexe opposé. « Comme mentionné plus tôt… Parfois des raisons nous poussent à faire ce genre de chose. Pour ma part je suis un garçon depuis bientôt cinq ans. » Marmonnai-je en souriant faiblement.
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