Le mariage avait été parfait, le weekend largement à la hauteur de ses espérances… mais comment dire, Maureen y avait un peu trop pris goût pour vouloir réapparaître aussitôt à la surface. Surtout que personne n’aurait besoin d’elle avant une bonne semaine au mieux, son père ayant pris les rennes jusqu’à son départ. Forcément, ils étaient revenus à l’appartement de l’irlandaise après leur weekend de folie, mais l’irlandaise n’avait pas manqué de se lever en premier pour leur faire un sac de voyage pour une semaine au bas mot et préparé l’intégralité d’un petit déjeuner copieux à Sheamus tandis qu’il dormait toujours comme un loir. Peut-être que pendant juste une semaine, Maureen n’avait pas envie d’être simplement la mafieuse, la fille anormale mais plutôt la nouvelle épouse d’un irlandais. Cette normalité était à proximité de ses doigts et elle voulait au moins pouvoir la frôler, égoïstement. Voilà pourquoi la jolie blonde se faufila dans la chambre, déposant le plateau en silence sur la table de nuit de Sheamus avant de ne remonter sur le lit et de se lover contre son dos, embrassant longuement son cou, mordillant son oreille pour le réveiller tout en douceur. « Amour, réveille-toi je t’ai fais un petit déj et j’ai prévu une semaine de voyage de noces… toi, moi et ta moto dans un road trip sur la route soixante six » lui murmura-t-elle, fière d’avoir proposé autre chose que l’Irlande. Même si son pays natal lui manquait elle ne voulait pas donner dans le cliché et encore moins dans une destination qui mettrait Sheamus mal à l’aise.

« Pourquoi tu voudrais que je pionce et pas que je te prépare un p’tit déj ? » le provoqua-t-elle alors qu’il l’étreignait et qu’elle lui rendait son câlin plutôt deux fois qu’une. Maureen avait beau être une grande gueule comme on en fait peu, elle était parfaitement raccord à ce sujet avec Sheamus et cela ne l’empêchait pas d’être douce dans ses gestes, dans ses attentions. Même si elle s’était déjà montrée capable de lui mettre une balle en pleine jambe… cela valait mieux qu’en pleine tête, non ? Telle était la philosophie de l’irlandaise en tout cas. « Voyage dans le genre toi et moi et c’est tout sinon je dézingue le premier qui n’est pas d’accord, tu pourras me faire tout ce que tu veux tant qu’on se barre d’ici dans la matinée… » reprit-elle tandis qu’elle frissonnait déjà sous ses baisers, s’emparant bientôt de ses lèvres pour continuer à le réveiller tandis que ses mains, plus provocatrices, réveillaient progressivement un junior déjà au garde à vous comme n’importe quel réflexe masculin matinal. « Je t’ai préparé quelque chose à te flanquer sous la dent quand même… bien que je suis meilleure que le café et que je peux t’assurer que rien qu’en cinq minutes, je te réveille direct ! » ironisa-t-elle tout en se blottissant plus encore dans ses bras, le réveillant sans douceur en s’occupant de titiller ses sens mais sans brutalité aucune. Maureen connaissait bien trop ses endroits sensibles pour ne pas en jouer sans pour autant que ce ne soit violent… il risquait d’être grognon après dans le cas contraire ! Mais si elle s’y prenait bien, il aurait bien plus le smile plaqué sur son beau visage. « Bonjour Monsieur O’Malley… nuit de noces de rêve, et pour toi mon cher mari ? » C’était grisant de le dire mais qu’est-ce qu’elle aimait ça bordel !

« Tu essayerai de me soudoyer pour qu’on reste dans le lit ? Mon croissant au caramel… » murmura-t-elle avant de ne mordiller légèrement son oreille, continuant de le réveiller avec douceur non sans noter qu’il marquait un point : depuis six mois, ils n’avaient pas pu réellement faire de voyage de noces et célébrer pleinement leur mariage tant les tuiles s’étaient accumulées. Oh Maureen n’en voulait pas du tout à Shaun, elle ne savait que trop bien ce qu’il traversait actuellement pour l’avoir déjà traversée de son côté, lorsque Sheamus avait quitté l’Irlande, la quittant par la même occasion sans même se retourner. « Je suis peut-être une sorcière mais si je vais te réveiller en douceur mon cher mari on va le faire ce voyage de noces et tu lèveras ton cul de ce lit tout à l’heure pour ça, tu peux me faire confiance ! » grogna-t-elle car cette fois, elle ne voulait pas que son irlandais de mari soit celui qui ferait capoter son petit plan bien huilé. Cette fois-ci, Shaun allait être surveillé par un autre que Sheamus et pourrait se débrouiller comme le grand garçon qu’il était durant quelques jours… il faudrait bien ! Même si contrairement à ce qu’elle pensait, son blond préféré ne fut pas le seul à être titillé, il lui rendait la pareille avec un brio que n’importe qui aurait pu applaudir tant elle gémissait déjà avec force. « J’ai l’impression que ces six mois sont passé comme une journée… tu fais tout passer trop vite, on voit rien passer ! Enfin… il faut dire que je n’arrive pas à voir autre chose que toi, Monsieur O’Malley, et que ça tombe bien parce que moi aussi j’ai envie de toi. » Le départ allait devoir attendre puisque Maureen faisait baisser doucement mais sûrement le boxer qu’il portait, non sans s’être emparée de ses lèvres avec une passion dévorante.

« Possible que ça marche… tu sais bien que j’adore être préparée alors la répétition, ça va être notre dada je sens ! » Maureen n’était jamais contre une étreinte en compagnie de Sheamus et pour cause, elle ne voyait que lui, ne voulait que lui et ne se rassasiait jamais de sa chaleur ni de ses attentions. La preuve, à peine avait-il commencé à la toucher que déjà, elle tremblait tout ce qu’elle savait, s’abandonnant littéralement au plaisir qu’il lui offrait non sans lui offrir à son tout de son côté. Hors de question que leur histoire ne soit pas un immense partage, un échange de bons procédés comme elle en connaissait peu… certes, elle eut presque un peu de mal à grimper sur lui pour le chevaucher avec amour et passion, mais Maureen ne lésinait devant aucun moyen pour les faire attendre mutuellement le neuvième ciel, même au réveil. « Et moi donc qu’est-ce que tu crois ! Toujours opérationnelle pour te réveiller en mode claquement de doigt d’abord, t’as pas épousé une feignasse ! » plaisanta Maureen avant de ne conclure leur étreinte d’un baiser des plus passionnés, tandis qu’elle s’écartait très légèrement pour faire face à un coup de pied des plus virulents de la part de leur fils. Si l’irlandaise avait très bien vécu sa grossesse, notamment parce que Sheamus avait été aux petits soins avec elle, il lui fallait reconnaître qu’elle attendait l’accouchement avec impatience, ne serait-ce que pour pouvoir veiller sur son petit bout et pour avoir finalement la famille dont elle rêvait avec son irlandais préféré depuis qu’ils s’étaient rencontré. « Genre ouais, magne ton cul d’aller prendre une douche, je prépare un sac rapido et on fonce ! T’inquiètes, aucun risque qu’il vienne nous emmerder je crois qu’il y a eu un nouveau chapitre avec sa française et il part à l’île de la Réunion alors pas de raison qu’on se tape pas du bon temps aussi ! Après tout, je vais bientôt accoucher alors merde, je veux plus attendre ! » Six mois que les deux jeunes tourtereaux mariés attendaient de pouvoir enfin partir alors elle refusait que d’attendre encore davantage, c’était au dessus de ses forces. « Me dis pas que tu ne veux pas partir je te flingue moi-même direct et tu sais que j’en suis capable ! Après tout, t’auras tout le loisir de te foutre de ma gueule parce qu’il va falloir que tu mettes ta baleine de femme sur ta moto… ça vaut son pesant de cacahuètes en or au moins, non ? »

« Manquerait plus que tu râles, tiens ! » grogna Maureen avant de ne hausser les épaules à l’évocation des problèmes de son cousin : Shaun lui avait plus ou moins expliqué le fin mot de l’histoire, mais elle était résolue à ne pas s’en mêler rien que pour lui montrer que même s’il n’en n’avait pas toujours conscience, elle lui faisait confiance. Il s’agissait de sa vie personnelle, après tout, non ? S’il venait à mettre lui-même sa vie en danger c’était un autre chapitre mais là ce n’était pas le cas, il avait plutôt la niaque à l’idée de soutenir sa dulcinée, ainsi que plein d’espoir en espérant qu’elle guérisse. Autant dire qu’elle s’accrochait également à cette idée tout en attendant de pied ferme que Sheamus ne se prépare – et ce bien qu’il le fit en un temps véritablement record. Cela leur permit notamment de prendre un petit déjeuner en quatrième vitesse ET de se retrouver avec un sac de voyage en main devant la moto de l’irlandais, même si Maureen redoutait finalement la montée. Elle n’allait pas seulement être épique, elle doutait de pouvoir même s’accrocher à ses hanches masculines avec son gros ventre bosselé sous les coups de pied de Declan ! « J’te jure que même si après la première année de mariage tu te fous de ma gueule, je vais sortir des dossiers tellement affreux sur toi que tu vas non seulement hurler au scandale mais finir par demander grâce ! Mais ceci étant dit… putain je me suis vachement avancée pour la moto, je ne vais JAMAIS tenir là-dessus c’est définitif ! Te fous pas de ma gueule j’étais trop frustrée de ne pas avoir eu de lune de miel digne de ce nom alors je n’ai pas forcément réfléchi à toutes les éventualités… »

« Mais toute la misère VIENT de me tomber sur les épaules, faut pas croire ! Je vis le drame de ma vie ou presque, là… » Maureen fit une petite moue avant de lui donner une pichenette pour mieux l’embrasser amoureusement à son tour. A vrai dire, l’irlandaise était tellement impatiente de partir loin de New York et de vivre pleinement son voyage de noces en compagnie de son mari qu’elle allait être frustrée à la moindre difficulté, c’était une chose certaine. Par chance, Sheamus avait l’issue de secours rêvée, l’aidant à s’installer finalement à l’avant, lui prouvant également qu’il lui faisait suffisamment confiance pour la laisser conduire sa bécane, chose qui n’était pas anodine. Maureen émit un petit rire de souris rien qu’à l’idée de pouvoir à nouveau conduire un cylindre en bonne et due forme, quitte effectivement à s’arrêter souvent. « Je viens de me souvenir pourquoi je t’ai épousé tiens, t’es parfait amour… enfin presque, sinon tu vas prendre la grosse tête ! » Dernier baiser, derniers préparatifs et déjà, l’irlandaise frissonnait rien qu’à entendre ronronner le moteur de la bécane dans son casque. Elle roula à bonne allure pendant un bon moment, les mains de Sheamus délicieusement placées contre son ventre ultra rebondi et tout bosselé à cause des coups de pied de Declan. Ils quittèrent New York sans encombre, et ce n’est que deux heures plus tard que Maureen commença à gesticuler anormalement, finissant par abdiquer et se garer sur le bas côté, descendant non sans mal de la bécane pour mieux s’y soutenir la seconde d’après. « Sheamus c’est la merde » fit-elle en fronçant les sourcils après avoir ôté son casque, la piquante blonde sachant éperdument qu’en ayant trempé le cuir de la moto de son mari, elle avait signé le début de son accouchement… au beau milieu de nulle part.

« Parce que tu crois que j’ai choisi de perdre les eaux en pleine pampa, crétin !! » maugréa Maureen avant de pousser un premier hurlement de douleur face à une contraction des plus violentes. Serrer les cuisses, il en avait de bonnes lui ! Jusqu’à preuve du contraire, c’était elle qui allait déguster quelque chose de bien, et en prime au milieu de nulle part, sans stérilité aucune puisque évidemment avant que les secours n’arrivent il y avait fort à parier pour qu’elle ait déjà au moins commencé le travail. « A priori je suis trop dilatée pour être transportée alors va falloir que tu me files un coup de main et quand je dis coup de main j’entends que tu me laisses pas en plan parce que j’y arriverai pas en mode alone ! J’ai mis une couverture dans le sac de voyage alors tu vas déjà la sortir parce qu’il faudrait que je m’allonge dans l’idéal. Pitié dis-moi que tu as pris un de tes couteaux parce que sinon on va être dans la merde. Pas la peine de verdir, j’te rappelle que j’ai fais un internat de médecine et que j’ai déjà fait naître plusieurs bébés alors on se reprend O’Malley, merde ! » Pour un peu, Maureen était prête à grogner que c’était un ordre mais elle préférait éviter : autant ménager les susceptibilités, surtout dans un moment pareil, sinon il était bien capable de la laisser tomber en pleine cambrousse et à pousser toute seule comme une grande. [b]« Tu crois que c’est comme ça que ça marche ?! Nan Declan il a décidé que c’était maintenant tout de suite alors me fais pas chier on contrarie pas une femme en plein travail ! Tu sais comment les contractions fonctionnent ou pas ? »[/] siffla-t-elle avant de hurler à nouveau pour tenter de supporter une nouvelle vague de douleur. Merde, elle avait déjà été torturée, c’était moins pire, non ? Allez savoir…

« Ouais bah moi aussi j’aimerais bien un peu de normalité et avoir l’opportunité d’accoucher dans un hôpital, stérile, avec péridurale à la clef mais en attendant JE SOUFFRE ALORS ME FAIS PAS CHIER AVEC DES DÉTAILS DE MERDE ET ACTIVE ! » beugla Maureen sur la fin, à la limite de s’époumoner tant elle perdait patience à cause de la douleur. Une chance que Sheamus se soit enfin décidé à arrêter de tergiverser pour aller chercher la couverture et l’installer à l’ombre d’un arbre, pendant que Maureen appelait tout de même les secours histoire de, en leur précisant de se magner le train tout en sachant qu’ils ne le feraient pas et qu’elle était de toute façon bonne pour mettre au monde leur fils en pleine cambrousse. Bonjour l’angoisse ! « Pourquoi, t’as peur que je te coupe le sac à bonbons si tu gères pas ? Ca va, j’ai mal mais tu es protégé au moins tant que Declan n’est pas né vu que j’ai besoin de toi ! » osa-t-elle plaisanter en essayant d’y mettre du sien même si c’était plutôt lui demander l’impossible en cette minute précise. Ceci dit, maintenant qu’elle était « en tenue » pour commencer à pousser, autant montrer à Sheamus ce qu’il allait devoir faire, vu qu’il n’avait sûrement jamais assisté à un accouchement de sa vie et qu’il ne connaissait en rien la pratique. « Il faut que tu places ta main ici et dès que tu sens que ça se tend davantage, c’est qu’une contraction arrive. Il faudra que tu me dises de pousser dès que ça commence et que tu checkes en même temps s’il se présente par la tête ou les pieds. Si c’est un siège, on est dans la merde mais on va partir du principe qu’il va être discipliné et se présenter comme il faut, okay ? Tu es prêt ? » C’était le monde à l’envers, la femme enceinte au bord du gaz qui demande à son mari s’il est prêt alors qu’elle était prête à exploser…

Une chose était sûre, Maureen ne passait pas le meilleur moment de sa vie mais par chance, Sheamus parvint effectivement à se reprendre à et faire à la lettre ce qu’elle lui avait indiqué. Merde, elle n’avait aucune main à martyriser et pour sûr, les secours allaient l’entendre s’époumoner jusqu’à ce que l’on puisse prononcer le décès de leurs ouïes respectives rien que pour être arrivés à la bourre sur ce coup là ! Merde, Declan avait vraiment choisi son moment pour arriver, il n’y avait pas à chier… mais en tout cas, une fois la dernière poussée effectuée, rien que le fait d’entendre le premier cri de leur fils la rassura bien au-delà de tout ce qu’elle avait pu imaginer et lui permit de se laisser retomber en arrière, épuisée, pleine sueur, sentant à peine son corps tant celui-ci était endolori par la souffrance et l’adrénaline. « J’te signale que t’était aussi crade quand t’es né alors v’là le commentaire qui sert à rien ! » maugréa-t-elle tandis que de son côté, même non nettoyé, c’était tout de même le plus beau bébé du monde à ses yeux. « Tu ne vas pas lui faire de mal… il a bien dix doigts de pieds et deux mains ? » s’inquiéta-t-elle subitement avant de ne le réclamer pour le serrer un long moment dans ses bras, le berçant tout en laissant des larmes s’écouler le long de ses joues pour évacuer tout ce trop plein d’émotion qui n’avait eu de cesse de grimper depuis qu’elle avait perdu les eaux. « T’es le plus beau toi… bonjour » murmura-t-elle non sans laisser le nourrisson lui attraper le doigt, presque incapable d’en détacher le regard tant elle avait eu l’impression de l’attendre toute sa vie. Mais ça y est, il venait de naître, et au loin ils pouvaient entendre les sirènes de l’ambulance. « Cavaliers d’Offenbach bonjour… j’vais tellement les pourrir qu’ils vont jamais s’en remettre ! » Mais en attendant, cela ne l’empêcha pas de s’emparer de l’une des mains de Sheamus pour la porter à ses lèvres. « T’as assuré mon emmerdeur irlandais préféré. »

Pour ainsi dire, Maureen n’avait pas manqué d’avoir un accouchement éprouvant et elle se sentait plus épuisée encore qu’après un véritable combat corps à corps avec un ennemi. Mais elle s’en foutait comme de son premier sous-vêtement car elle tenait leur merveille entre ses bras et que ça, ça valait bien tout l’or du monde à vrai dire. Rien à foutre de ce que tout le monde pouvait penser ou même qu’elle prenne le risque que son père les tue sur place, elle embrassa Sheamus avant de n’être embarquée par des ambulanciers qu’elle ne manqua pas de pourrir tout le voyage durant. Il faut dire qu’elle avait morflé, qu’elle avait d’ailleurs toujours mal et que leur arrivée tardive lui tapait littéralement sur le système, même si on pouvait dire sans même que cette épreuve les avaient rapprochés avec Sheamus. En tout cas, elle ne put pas mécontente qu’on lui offre un calmant ni qu’on la monte dans sa chambre à la maternité avant de lui confier son fils dans un berceau – hors de question que Declan dorme autre part qu’à côté d’elle, là où elle pouvait veiller sur lui telle une louve sur son petit. « Trois kilos cinq ! Même qu’on m’a dit que c’était un beau bébé attends, la classe ou pas ? J’avais un standing à respecter moi dans l’histoire… faudra que tu me dises comment t’as réussi à te démerder pour trouver un nounours biker, il est sublime merci mon irlandais. » Maureen le laissa mettre les fleurs dans un vase, profitant du fait que justement il lui en offrait avant qu’il ne se glisse contre le lit, la prenant dans ses bras, juste avant qu’une infirmière n’entre en prétextant devoir faire les derniers examens de routine à Declan. « Vous me le ramenez sinon je vous étripe ! » maugréa-t-elle aussitôt, en mode explosion littérale d’hormones. Mais il faut croire que l’infirmière avait l’habitude puisqu’elle lui sourit. « Désolée, notre voyage de noces a encore planté… l’avantage c’est que dès que je sors de cet asile de fous, on pourra embarquer Declan ET je serai nettement plus en forme pour te faire hurler de plaisir » le provoqua-t-elle non sans s’emparer passionnément de ses lèvres. « Je vais bien mon ange… et toi, pas trop traumatisé ? »

« Je me calme si j’ai envie !! » grogna aussitôt Maureen, n’ayant pas envie qu’on lui prenne illico presto son bébé alors qu’elle avait à peine eut le temps de le prendre dans ses bras. Élan protecteur, tu ne peux pas test. En tout cas Sheamus ne pouvait sûrement pas comprendre la foule d’hormones se déversant actuellement dans les veines de sa femme. S’il avait vécu un épisode sûrement traumatisant – bien qu’il en ait très certainement vu d’autres – la jolie irlandaise en avait pas mal soupé de son côté et elle voulait simplement se reposer entre les bras de Sheamus et veiller sur son fils, point barre. On n’avait pas le droit de lui refuser ce petit bonheur alors que cela faisait six mois que TOUT LE MONDE se liguait contre eux pour les emmerder. « Et puis fait gaffe toi, si tu m’emmerdes trop, j’te vire de la chambre et tu auras pas Declan dans les bras avant que je l’ai décidé, na ! Et aussi, tu signerais la fin de la Convention de Genève !! » Maureen le regarda subitement, faussement en colère – quoique – avant de lui lancer un regard désapprobateur tandis qu’il ne semblait plus motiver pour trois sous à l’idée de retenter de partir en voyage de noces. Naaan il n’avait pas le droit de lui faire une chose pareille, c’était interdit !! « Déjà tu vas être emmerdé pour me faire grimper aux rideaux si tu ne veux plus me toucher donc c’est mort pour ton idée de « veiller les morts pour s’envoyer en l’air » et puis merde, t’as pas le droit de me retirer ma nuit de noces, c’est interdit !! J’te signale que ta femme a galéré pour mettre TON fils au monde en souffrant le martyr et là, tu lui donnes juste envie de t’étriper ! » Maureen esquissa une moue tout en fronçant les sourcils de colère avant de ne hausser les épaules et de s’allonger pour mieux lui tourner le dos. Vexée ? A PEINE !

Rien que le fait de voir Sheamus se relever du lit fit grogner doublement Maureen. Elle venait de perdre sa bouillotte, il n’y avait donc rien de plus scandaleux dans cette minute précise ! Bien qu’elle doive avouer que le discours de son irlandais préféré était un peu moins pénible à entendre pour ses oreilles de femme venant juste d’accoucher. « Serait-ce que tu as été traumatisé ? Si tu me dis pas les choses je peux pas deviner O’Malley bordel de merde ! Et puis je te signale que ce n’était pas une partie de plaisir pour moi non plus, j’aurais préféré un accouchement normal, dans un lieu stérile, avec péridurale en plus parce que là, je déguste encore pour ta gouverne ! » Ceci étant, la donne suivant lui arracha un sourire autant qu’elle lui fit lever les yeux au ciel. Il avait de ces images franchement ! Une chance que Declan ne soit pas dans la chambre pour entendre son père déblatérer trente conneries à la seconde sinon Maureen aurait tout bonnement honte pour lui… « Bah je sais pas, tu voulais juste resté enfermer alors comme j’suis pas extralucide, bah je peux pas savoir à ta place ! Et pour ta gouverne Shaun doit être pas loin de s’envoler pour la France, mais en revanche ma tante c’est une très bonne option, elle a pas assez pouponné à son goût quand Anaé a accouché, alors elle va être aux abonnés absents et faudra prendre rendez-vous des semaines à l’avance pour récupérer notre fils, j’te préviens… donc tu veux qu’on fasse vraiment notre voyage de noces dois-je comprendre ? Dans tous les cas ramène ton cul sur le lit, je me les pèle et t’es ma bouillotte remember ? Tu dois être délicat avec ta femme qui morfle ! »

« Je veux bien me gaver de bonbons et de glace à la fraise après mais avant ça, tu restes ton cul ici, ça peut attendre ! » grogna mollement Maureen tout en se serrant davantage contre Sheamus, ayant maladivement besoin de le sentir tout contre elle après cet épisode marquant. Ce n’était pas uniquement la douleur physique qu’il fallait retenir, mais aussi tout ce qui touchait au psychologique : de femme enceinte jusqu’aux yeux elle venait de passer à jeune maman, sans même savoir ce qu’il fallait qu’elle fasse et tout en ayant l’impression que quelqu’un comme elle, dans le rôle de mère, cela ne pouvait que prêter à rire. Il ne fallait pas croire, mais la jolie irlandaise était en pleine crise de doute, voilà pourquoi elle aboyait plus fort que d’habitude. Aussi, silencieusement, alors qu’elle profitait de l’étreinte offerte par Sheamus et qu’elle se laissait bercer par le son mélodieux de sa voix grave, de longues larmes se mirent subitement à couler, sans reniflement, le plus silencieusement du monde, mouillant cependant le t-shirt de l’irlandais sans que Maureen ne s’en rende compte. A sa décharge, elle était bien trop occupée par ce qu’il était en train de dire actuellement… « Possible que ton père aurait fait une attaque directe mais… pas sûr que comme le mien il ne se soit pas transformé en mode papy gagateux ! Mais Shea… tu n’es pas tout seul, t’en as conscience ? Je compte t’emmerder jusque dans la tombe et je serai toujours là, toujours. Tu as une famille maintenant, nous en sommes une toi, Declan et moi. Le passé c’est le passé et je suis sûre que tes parents sont fiers de toi là où ils sont, parce d’un côté, même en emmerdant la tradition, tu as trouvé le moyen d’être heureux. Je ne dis pas qu’on aura jamais de merde mais je sais qu’au moins, on peut compter l’un sur l’autre. » Maureen était un brin en mode nostalgique mais il ne fallait pas lui en vouloir, les hormones étaient les premières responsables. « Franchement, si tu sais plus quoi faire de ta vie, reste en mode bouillotte, t’auras un succès d’enfer auprès de moi. Bon même si ton cul musclé, je crache évidemment pas dessus. »