Bien que ce soit hautement risqué et difficile, je ne pouvais pas me séparer de Vitaly. Ni même m’imaginer une seule seconde reprendre ma vie comme elle l’était auparavant… Non, c’était impossible. Je tenais beaucoup trop à lui pour parvenir ainsi à faire une croix sur lui et sur le bonheur qu’il m’apportait. Puis sincèrement, nous étions tous deux heureux ainsi. Pourquoi vouloir tout arrêter et ainsi nous faire souffrir ? C’était stupide. Et en même temps, c’était peut être la plus raisonnable des solutions… Mais pour l’instant, j’étais incapable de faire un choix aussi catégorique. Il avait une telle place dans ma vie et dans mon cœur que le perdre m’affecterait beaucoup trop… Je n’étais d’ailleurs même pas sûre d’être capable de vivre cela un jour ou l’autre, tant mes sentiments pour lui étaient forts. Pourtant, jamais je ne lui avais dit que je l’aimais… Cela était tellement flagrant ! Et surtout, étant donné notre relation si particulière et le fait que j’ai été, jusqu’à présent, sa maîtresse, je n’étais pas sûre qu’une telle déclaration soit la bienvenue. Du moins, pas si rapidement après l’annonce de son divorce… Et puis… Je n’avais jamais fait ça. Je n’avais jamais du avouer clairement mes sentiments à quelqu’un… Et c’était sacrément étrange que d’imaginer le faire envers l’ex-mari de ma sœur. Enfin, pour l’instant, tout allait très bien et nous dire ces quelques mots ne semblait pas une nécessité. Notre couple fonctionnait très bien ainsi et c’était l’essentiel. D’ailleurs, la preuve était bel et bien là. Sitôt que nous nous étions retrouvés chez lui, nous avions laissé le désir prendre le dessus pour finalement atterrir dans la chambre d’amis…

Cela ne me surprenait d’ailleurs plus vraiment. Nous avions constamment besoin d’être ensemble, de nous retrouver, de ce contact… le plus souvent physique d’ailleurs ! Ainsi, à peine nos ébats terminés et quelques mots échangés, je retrouvais ses lèvres des miennes avant de dévier sans son cou puis sur son torse. Un vague sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je constatais avec plaisir les frissons que mes lèvres provoquaient. Et naturellement, je continuais, descendant lentement le long de son torse, le redécouvrant une nouvelle fois de mes lèvres et de ma langue tandis que l’un de mes mains jouait avec ses cheveux. Je finis cependant par poser délicatement ma tête contre son torse, fermant légèrement les yeux pour profiter de la chaleur de son corps. J’avais tout simplement envie de rester ainsi contre lui durant toute l’éternité. J’aurais tout donné pour que le temps s’arrête à cet instant précis. Pourtant, je savais bien que cela n’était en rien possible et que dès le lendemain, nous allions devoir, une nouvelle fois, nous efforcer de faire comme si de rien n’était. C’était sans doute ça le pire. La dure réalité qui nous empêchait de vivre pleinement notre amour… C’était bien pour cela que j’avais envie de prolonger au maximum ces instants passés avec lui. Heureusement, nous avions encore toute la nuit et le lendemain matin devant nous… « Je suis tellement bien là…. »

C’était certainement horrible, mais j’étais arrivée à un stade où ma relation avec Vitaly m’importait plus que tout. Et j’étais prête à prendre énormément de risques et à de nombreux sacrifices, pour le garder auprès de moi. Je tenais tellement à lui que j’étais prête à trahir toujours plus ma sœur. Quitte à me fâcher avec elle. C’était de toute façon ce qui risquerait d’arriver lorsqu’elle découvrira que j’étais la maîtresse de Vitaly pendant tout ce temps. J’étais pleinement consciente que cela était mal. Affreusement mal. Et j’aurais certainement été la première à blâmer une telle conduite chez quelqu’un d’autre… Sauf que c’était plus fort que moi. Vitaly représentait ce qui comptait le plus au monde pour moi. Et je n’étais pas prête à me séparer de lui. Et plus le temps passait, plus je me disais que je ne serais jamais prête à une telle chose. Tout ce que je souhaitais, c’était continuer ainsi. Pourvoir le voir, passer du temps avec lui… Et ce, peu importe les conséquences que cela pouvait avoir ! Bien sûr, si cela venait à causer du tort et faire souffrir Serena, je m’en voudrais fortement…  Je ne faisais pas cela de gaieté de cœur…  L’idée de faire souffrir Serena me brisait le cœur. Ce n’était pas dans ma nature de vouloir nuire aux autres. Encore moins à ma sœur, qui avait toujours été là pour moi… Non, clairement, ce que nous faisions était affreusement mal. Et mon attitude l’était encore plus. Mais mes sentiments pour lui prenaient le dessus à tel point que j’étais incapable de penser à autre chose qu’au bonheur que je ressentais en étant proche de lui. Et cela valait bien tous les sacrifices !

Certes, je n’étais pas fière d’agir de manière aussi égoïste pour le coup mais il m’était impossible d’agir autrement. Me séparer de Vitaly était impensable… Et impossible. Nous avions essayé, les premiers temps. Mais rapidement, nous avions du constater que nous étions dans l’incapacité totale de continuer à vivre sans l’autre. Ainsi, le choix était vite fait. Et je ne le regrettais aucunement lorsque l’on se retrouvait de la sorte, tantôt dans des moments torrides, tantôt tout en douceur. « Je suis bien également. » Je fermais les yeux, le laissant resserrer notre étreinte tandis qu’un vague soupir d’aise m’échapper tant j’étais bien dans ses bras. Et j’enviais Serena d’avoir pu occuper officiellement cette place durant ces cinq longues années. Parce que dans le fond, même si nous continuions à nous voir, jamais nous ne pourrions vivre pleinement notre amour… Et c’était sacrément frustrant. « J'aimerais que cet instant dure toujours ... » Entendre ça, de sa bouche, était hautement plaisant. Et il y a encore quelques mois, je n’aurais jamais imaginé une seule seconde que notre relation prendrait une telle tournure… Mais je n’allais pas m’en plaindre. Et je ne regrettais absolument rien. Malgré le mal causé, j’avais l’impression que nous nous faisions un bien fou. En tous cas, sa seule présence suffisait à me combler de bonheur. Et clairement, depuis que j’étais avec lui, j’étais une autre personne… J’avais ce sentiment de plénitude que je n’avais jamais ressenti auparavant. « C'est pas niais ça ? » Alors que je m’apprêtais à lui confier que moi  aussi, j’avais envie que cet instant dure toujours, je fus surprise par sa réponse qui m’arracha un léger rire. « Peut-être un peu mais… j’aime bien, moi… C’est beau et adorable, je trouve… » C’était peut-être niais, mais c’était de l’amour surtout, non ? Quoi qu’il en soit, cela ne me dérangeait pas tant que ça. Au contraire… J’appréciais ce genre de confidences, qui étaient finalement une évidence mais que je me plaisais toujours à l’entendre dire.

Un homme. C’était tout ce qu’il m’avait fallu pour déraper totalement. Pour oublier la sage Lindsay et toutes les valeurs qui allaient avec. Parce que, clairement, il ne fallait pas avoir de figure pour entretenir une liaison avec le mari de sa sœur. Le simple fait d’être la maîtresse d’un homme marié m’aurait, en temps normal, déjà paru comme terriblement mal. Mais être en plus la maîtresse de son beau-frère était tout bonnement dégueulasse. Pourtant, si, d’ordinaire, j’aurais blâmé une telle attitude, j’en arrivais à ne plus vraiment me poser de questions. C’était ainsi. Le destin, peut-être. Ou simplement ce que nous avions fais de nos vies. Tout cela découlait de nos choix et, en ce qui me concernait, j’assumais pleinement les miens. Et même si je ne tentais – et ne voulais – plus mettre un terme à notre liaison, cela ne m’empêchait pas d’avoir des moments où je culpabilisais. En fait, la culpabilité était devenue une compagnie… Rares étaient les moments où je parvenais à ne plus penser à tout cela. Il y avait toujours une petite part de moi qui s’en voulait de jouer ainsi les salopes et briseuses de ménage… Parce que dans le fond, si rien n’était arrivé entre Vitaly et moi, son mariage serait certainement toujours sur pieds… Et ça, j’y pensais souvent. Je pensais surtout à la souffrance infligée à ma sœur. La pauvre… Elle n’avait strictement rien demandé et allait s’en prendre plein la figure. Enfin, nous non plus, nous n’avions rien demandé ! Tout cela nous était tombé dessus. Et si, pour Vit’, ces sentiments étaient apparus récemment, cela faisait, de mon côté, de longues années que je ‘fantasmais’ discrètement sur lui… De longues années qu’il était à mon goût. Sans que bien sûr, je n’espère quoi que ce soit. Franchement, c’était tellement impensable et improbable !! Du moins, c’était ce que je pensais jusqu’à ce que nos lèvres se rencontrent pour la toute première fois….

Et maintenant, il était plus qu’ancré dans ma vie. Si bien que je ne voyais pas comment je pourrais vivre sans lui… Je l’aimais beaucoup trop pour songer à une quelconque séparation. De toute façon, il fallait vraiment que je l’aime comme une folle pour prendre autant de risques. Oui, je l’aimais. Peut-être même trop, si c’était possible d’aimer ‘trop’ quelqu’un. Mais c’était ainsi. Et pourtant, je ne me voyais pas vraiment lui dire que je l’aimais… C’était trop étrange au sein d’un couple illégitime et interdit tel que le notre. Et de mon côté, le simple fait qu’il avoue être bien avec moi et vouloir que cet instant dure toujours me suffisait amplement. Cependant, comme il le laissa sous-entendre, ce n’était pas le genre de déclaration qu’il avait l’habitude de faire. Et ce qu’il avait dit avait beau être « niais », je trouvais sincèrement cela touchant. Mais surprenant de sa part. Ce fut sans doute ce qui m’arracha un léger rire, pas totalement moqueur cependant. « Bien sûr oui. En fait, t'es juste en train de te foutre de moi, hein ? » En partie. Même si cela était niais, j’appréciais de l’entendre me dire de telles choses…  C’était beau, dans le fond. Ces quelques mots montraient qu’il tenait vraiment à moi… Mais clairement, autant de mièvrerie n’était pas habituel chez lui. Ainsi, cela m’amusait de lui découvrir ce côté presque fleur bleue que je ne lui connaissais pas… « Je ne ferais jamais ça, moi … » répondis-je alors avec un léger sourire en coin tandis que je plongeais mon regard dans le sien. « Je devrais te punir pour ça ... » Me punir ? Intéressant… La simple évocation de cette possibilité de fit frissonner et me donna des idées peu catholiques… Je me relevais alors légèrement, m’appuyant sur mon avant bras afin de pouvoir réellement l’observer, un sourire mutin au bout des lèvres et frôlant son torse de mon index. « Me punir ? Et… à quel type de punition penses-tu ? » demandais-je d’une voix chaude, trouvant son idée de punition plus qu’alléchante.

Si chaque moment que nous passions ensemble était si intense, c’était certainement car nous savions pertinemment que ces moments là étaient limités et ne pouvaient durer éternellement. N’étant pas un couple légitime, il demeurait difficile pour nous de nous voir. Nous devions, encore aujourd’hui, rester vigilants. Et, contrairement à tous les couples « normaux », nous ne pouvions pas nous voir autant que nous le souhaitions. C’était sacrément frustrant de passer un moment avec lui en sachant que, quelques heures après, j’allais devoir partir et ne plus le revoir durant quelques jours. Et clairement, c’était difficilement vivable. Insupportable, même ! Et c’était justement parce que nous savions que le temps nous était compté, que nous avions décidé de profiter de chaque instant que nous passions ensemble. Ces instants là étaient si parfaits. Si merveilleux… Et cela rendait la séparation toujours plus difficile. Pour sûr, si cela était permis, j’aurais largement préféré rester à ses côtés. Vivre avec lui, même. Je voulais tout partager avec lui. Le voir seulement quelques jours par semaine, quelques heures, n’était plus suffisant. A vrai dire, cela ne l’avait jamais vraiment été. Mais plus le temps passait, plus cela devenait fort entre nous et plus je souffrais de ne pas le voir autant que je le souhaitais. Mais soit. C’était ainsi et c’était toujours mieux que rien.

Et, surprise de l’entendre prononcer une phrase si naïve et touchante à la fois, je me moquais légèrement de lui. Pas méchamment, bien sûr ! Mais c’était tellement inattendu de l’entendre dire ce genre de choses… D’autant plus que cela était venu spontanément. Ainsi, j’assurais – sans aucune conviction – que je n’étais pas capable d’une telle chose. Bien sûr que j’en étais capable ! Et c’était justement car je savais qu’il n’allait pas le prendre mal, que je me permettais cela. Parce qu’il y avait cette immense complicité entre nous grâce à laquelle nous pouvions tout nous permettre. Et j’aimais sacrément ça ! Malgré notre différence d’âge et tous les points qui nous opposaient, nous parvenions aisément à créer une véritable complicité. « Mais bien sûr ... Tu mens si mal. C'est fou ça ... » Je levais les yeux au ciel en secouant vaguement la tête. Si je mentais si mal que ça, nous aurions sans doute été démasqués depuis longtemps… Et tout naturellement, lorsqu’il évoqua la possibilité de me punir, je ne me fis pas prier pour le questionner sur le sujet, comprenant bien les sous-entendus qu’il faisait en parlant de punition. Les idées fusaient également dans mon esprit et, à voir le sourire carnassier qu’il affichait, nous avions certainement les mêmes…  D’ailleurs, je pris un malin plaisir à faire courir mes doigts sur son torse, le provoquant doucement. Il ne tarda cependant pas à me saisir la main afin de me faire basculer sur le lit et de prendre place au dessus de moi, plaquant mes mains contre le lit et au dessus de ma tête. « J'ai pensé à une privation de sexe ... Mais ce serait idiot que je me punisse en même temps, non ? » Conservant un sourire mutin sur mes lèvres, je vins finalement me mordiller lentement la lèvre inférieure. « Mouais… Enfin, dis plutôt que tu serais juste incapable de me résister bien longtemps… » répondis-je d’une voix suave, sachant pourtant très bien que je serais tout aussi incapable de tenir longtemps face à lui. Mais c’était plus fort que moi, j’adorais le provoquer…

En fait, en y réfléchissant bien, notre relation était totalement incongrue et insensée. Et n’importe qui, extérieur à tout cela, pourrait aisément en conclure qu’une telle histoire ne pouvait pas durer. Car, à croire qu’être un couple illégitime ne nous suffisait pas, nous avions clairement choisi la difficulté en nous lançant dans cette aventure malgré notre différence d’âge et mon lien avec Serena. Pour sûr, tout cela était très compliqué à gérer. Très compliqué, même. Et nous ne nous serions jamais lancés là dedans, si nous n’éprouvions pas de forts et réels sentiments. C’était bien le minimum pour prendre de tels risques et accepter de souffrir de la sorte. Car même si, de mon côté, j’étais profondément heureuse lorsque j’étais avec lui, je souffrais de la séparation et surtout, de la situation en général. Ne pouvoir le voir qu’occasionnellement, devoir sans cesse mentir, trahir ainsi Serena et être en partie à l’origine de leur séparation, me torturait l’esprit. Mais soit. J’étais toujours prête à subir cela si ça me permettait de continuer avec Vitaly. Et il suffisait que je me retrouve avec lui pour réaliser ô combien toute cette souffrance pouvait n’être qu’un détail face au bonheur éprouve avec lui. Puis il y avait cette complicité si forte, qui nous permettait de surmonter toute épreuve… Non, pour rien au monde je n’aurais voulu changer cela. Notre relation m’était beaucoup trop précieuse.

Et, alors que nous commencions à nous provoquer, Vitaly entreprit de me faire basculer sur le lit, évoquant l’idée de me punir. Et naturellement, je ne pu que rebondir là-dessus pour lui demander, tout à fait innocemment, à quel type de punition il pensait… Encore une fois, notre complicité avait prit le dessus et nous voilà, tels deux adolescents, en train de jouer à se provoquer. Et, me retrouvant bloquée par l’emprise physique de Vitaly sur moi, je me retrouvais contrainte à devoir me défendre comme je le pouvais. Ainsi, lorsqu’il évoqua une privation de sexe, je ne pu m’empêcher de souligner qu’il aurait certainement du mal à s’y tenir. Plus que moi ? Peut-être bien… Certes, cela se jouerait à peu. Mais j’osais croire que j’avais un minimum de self contrôle pour tenir plus longtemps que lui. Et, vu sa réaction, il n’était pas si sûr que ça de mes aptitudes à lui résister… « Parce que toi, tu serais capable de me résister, peut-être ... ? » En réalité, cela allait sans doute dépendre de lui. Si encore, il jouait le jeu… Mais si, à l’inverse, il s’amusait à me provoquer, je ne serais sans doute pas capable de lui résister bien longtemps. En fait, il semblait même que, dans n’importe quel cas, je ne sois pas capable de lui résister…  Si je l’étais, nous n’en serions certainement pas là finalement. Cherchant alors à le provoquer, je vins doucement effleurer ses lèvres des miennes. « Et pourquoi pas… ? » murmurais-je tout en reculant légèrement mon visage du sien, affichant un léger sourire. « En fait, je suis même certain que c'est toi qui craquerais la première ... » Il n’avait peut être pas tort. Mais le reconnaître aussi facilement serait bien dommage et moins drôle. « Jamais ! » affirmais-je d’un ton déterminé et soutenant toujours son regard avec un léger sourire en coin. « Relevez-vous le défi, Monsieur James-O’Neil ? » demandais-je avant de me mordiller la lèvre inférieure et en lui lançant un regard taquin.

Toutes les bonnes choses ont une fin, comme on dit. Ainsi, notre histoire aussi avait une fin. Et qu’on le veuille ou non, cette dernière approchait. Et ce, totalement malgré nous. Parce qu’évidemment,  si cela ne tenait qu’à nous, notre couple serait éternel. Mais il ne l’était pas et ne pouvait pas l’être… C’était ainsi et nous le savions depuis le tout début. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de songer à cette fin qui se rapprochait de plus en plus. Surtout maintenant qu’il s’était séparé de Serena… Puis garder une telle relation secrète n’était franchement pas simple. D’autant plus que, poussés par des sentiments terriblement forts, nous éprouvions un besoin quasi quotidien de nous voir. Même si, évidemment, chaque  entrevue était un risque de se faire surprendre. C’était d’ailleurs ce qui risquait de nous arriver. Un imprévu, une gaffe, un faux pas de l’un d’entre nous et c’était foutu. Et, pour sûr, il aurait mieux valu   que l’on mette un terme à toute cette histoire de nous-même, avant de causer plus de dégâts. Car évidemment, la pire des choses serait que Serena découvre tout cela… Et, pour éviter cela, la meilleure solution était de se séparer. Or, personnellement, j’étais incapable d’une telle concession. Je l’aimais beaucoup trop pour cela. Et je préférais finalement continuer sur cette lancée, malgré les risques encourus. C’était absolument abject et totalement égoïste comme raisonnement, je le savais bien et me dégoutais moi-même mais j’étais dans l’incapacité de faire autrement…


Et il m’était encore plus difficile de songer à une possible séparation lorsque cette fabuleuse complicité que nous avions semblait encore plus forte et plus présente. Exactement comme c’était le cas à cet instant-là. Comme souvent, nous prenions un malin plaisir à nous provoquer, insinuant tour à tour que l’autre ne serait pas capable de bien longtemps en cas de privation de sexe. « Parce que je sais que t'en es incapable ... » En fait, il n’avait pas tort. Il y a avait de réelles et fortes chances pour que je craque la première. Mais puis qu’il semblait me lancer ce défi, j’étais prête à lui tenir tête et lui prouver que je pouvais, bien plus facilement que lui, me priver de sexe. En réalité, je n’étais pas totalement sure sue ce soit le cas mais il semblait trop sûr de lui pour que je le laisse gagner si facilement. « Je compte bien te prouver le contraire… » affirmais-je alors avec un sourire mutin. Et je voyais bien à sa réaction qu’il n’était pas du tout convaincu de mes aptitudes à lui résister. Ainsi, je lui lançais finalement ouvertement le défi tout en continuant de le provoquer doucement en me mordillant la lèvre inférieure. Il finit d’ailleurs par s’éloigner de moi et s’étendre sur le lit, loin de moi, comme pour éviter toute tentation… « Tu craqueras la première ... » Je laissais alors m’échapper un léger rire. Il semblait vraiment persuadé de cela. Ou alors, il tentait de s’en convaincre. « Tu me sous-estimes… » confiais-je alors en lui lançant un regard taquin avant de revenir vers lui, balayant son corps d’un regard plein de désir avant de l’embrasser du bout des lèvres et de finalement me lever afin de récupérer mes sous-vêtements et de les enfiler. Je jetais ensuite un coup d’œil à l’heure pour constater qu’il était l’heure de manger…  J’enfilais alors m’une de ses chemises, ayant la flemme de me rhabiller entièrement et sachant pertinemment que je serais bien plus sexy et tentante pour lui ainsi... « Il commence à être tard, on devrait peut-être manger…  T’as de quoi nous faire un repas ou on commande ? » demandais-je alors, excluant aussitôt la possibilité d’un repas dans un lieux public, ce qui était beaucoup trop risqué pour nous.

Nous étions incapables de nous conduire en adultes responsables dès que nous étions ensemble. C’était un fait indéniable. Et cela avait commencé au moment même où nous nous étions embrassés. Depuis ce jour, jamais nous n’avions pu agir comme des personnes censées et responsables. Car, pour sûr, de telles personnes auraient immédiatement mit fin à cette relation dénuée de sens. Mais non, pas nous. Nous n’étions même pas dans cette optique là. Parce que, de mon côté, je me sentais bien incapable de me séparer de lui. Déjà qu’être loin de lui durant quelques jours était une véritable épreuve, me séparer de lui, définitivement, n’était franchement pas envisageable. Ainsi, nous continuions d’agir de la sorte, de manière tout à fait égoïste. Mais cela nous rendait heureux. Et c’était là notre but principal. Et j’étais d’autant plus heureuse lorsque je passais, en sa compagnie, des moments de pure complicité. Exactement comme à l’instant présent, où nous nous taquinions et nous provoquions comme des gosses. C’était clairement ce que nous étions pour nous amuser de la sorte alors que la situation était tout de même tordue et difficile à vivre au quotidien. A tel point que, personnellement, j’oubliais presque toutes les embûches, toutes les difficultés, que nous avions à surmonter dans notre relation. Cela ne nous touchait pas vraiment lorsque nous étions ensemble. Certes, nous ne pouvions nous empêcher de culpabiliser… Mais cela restait, dans mon cas, une bien légère souffrance face au bonheur que m’apportait Vitaly. Ainsi, je retrouvais bien rapidement mon âme d’enfant et le défiais de tenir, sans sexe, plus longtemps que moi.

Et visiblement, je n’étais pas la seule à être retombée en enfance. Je posais sur lui un regard taquin lorsqu’il me tira la langue, alors que j’affirmais ne pas craquer la première. « Et je compte bien te prouver le contraire, du contraire ! » Je lâchais un bref rire face à sa réponse et la détermination qu’il avait à vouloir me prouver que je céderais la première. Il se trompait. Fortement. Du moins, je l’espérais. Car, même si j’affirmais pouvoir tenir plus longtemps que lui, rien n’était moins sûr. J’étais toujours aussi sensible à son pouvoir de séduction et n’étais franchement pas sûre de pouvoir lui résister bien longtemps. Surtout s’il me provoquait. Quoi que… à ce jeu là, j’étais également plutôt douée. Je levais alors les yeux au ciel avec un léger sourire moqueur, comme pour montrer que je ne croyais pas vraiment ce qu’il disait là. « Ou bien je te connais juste trop ... » C’était peut-être ça. Oui, il y avait de fortes chances pour qu’il parvienne aussi facilement à lire en moi. Qu’il me connaisse suffisamment pour anticiper mes réactions… Je ne répondis donc pas à cette énième provocation, constatent amèrement qu’il avait sans doute raison. D’ailleurs, mon regard dévia et balaya doucement son corps avant que je daigne me rhabiller pour finalement le questionner sur le repas. Je ne pus cependant cacher un léger sourire en réalisant que, tout comme je l’avais prévu, il reportait son attention sur mon corps, que je recouvrais de l’une de ses chemises. « Je vais nous préparer un truc ... » Je lui emboitais alors le pas, curieuse de voir comment il se débrouillait en cuisine. « Tu veux que je te file un coup de main ? » proposais-je alors en me plaçant à côté de lui.

Tout était incroyablement parfait dès l’instant où nous nous retrouvions. Dès que nous étions ensemble, j’étais foutrement bien. Pour sûr, ma vie n’était plus totalement la même depuis que nous avions entamé cette liaison. Je découvrais des choses, des sensations, des sentiments, dont je n’aurais jamais pu imaginer l’existence. Et j’avais l’impression que le fait qu’il s’agisse de ma toute première relation et qu’elle soit, qui plus est, interdite, amplifiait toutes ces sensations. Et cela rendait notre histoire sacrément magique. Presque surréaliste. Oh oui, car un homme, marié, ayant une trentaine d’années, qui tombe amoureux et entretien une liaison avec la petite sœur de sa femme, de presque 20 ans sa cadette, cela pouvait aisément paraître surréaliste. Et franchement pas banal. Pourtant, c’était bien notre cas. Et nous nous accommodions plutôt bien de cela. Nous y trouvions tous deux notre compte et c’était tout ce qui importait. Tant que cette relation, aussi compliquée et risquait soit-elle, nous rendait heureux, il n’y avait aucune raison que cela ne cesse. Et pour être heureux, nous l’étions sacrément dès l’instant où nous étions ensemble. Du moins, c’était ce qu’il laissait paraître. Et de mon côté, c’était vrai. Je n’avais d’ailleurs certainement jamais été aussi heureuse que depuis que nous nous fréquentions… Puis, il fallait bien l’avouer, notre couple fonctionnait à merveille. Malgré l’écart d’âge, le peu de fois où nous pouvions nous voir et toutes ces petites choses qui, misent bout à bout, rendaient notre relation fragile, nous parvenions sans problème à nous entendre. Et à faire grandir une complicité sans faille. Et surtout, cet amour si puissant qui était à l’origine de toute cette situation saugrenue.

Après nous être gentiment provoqué et taquiné pendant un bref moment, je soulignais qu’il était peut-être temps de dîner. Et, après m’être rapidement vêtue de l’une de ses chemises, je le rejoins dans la cuisine afin de lui proposer mon aide. « Hm ... Non. Tu peux t'asseoir et me regarder faire si tu veux. Je fais juste quelque chose de rapide et simple. » Et, après qu’il m’ait repoussé d’un léger coup de hanches, je lui tirais rapidement la langue avant de m’éloigner pour récupérer des couverts et commencer à mettre la table sans me préoccuper du repas qu’il était censé préparer. Ce ne fut qu’après quelques longues minutes que, surprise par une odeur de brûlé, je reportais mon attention sur Vitaly et la poêlé qui était en train de chauffer. « Merde ... J'espère que tu n'as pas trop faim et peut attendre qu'on soit livrés ... Mes placards sont vides ... » Je jetais un bref coup d’œil par-dessus son épaule pour constater, d’un air amusé, qu’il avait tout laissé brûler… Je me mordis légèrement les lèvres pour ne pas rire ouvertement. Il pourrait le prendre mal et loin de moi cette intention. Je me demandais surtout comme il avait pu oublier la poêlé alors qu’il était juste devant. A moins que, ma tenue n’ait été la cause de son inattention.. C’était fort possible puisqu’il m’avait semblé l’apercevoir loucher à plusieurs reprises sur moi tandis que je préparais la table. Cette pensée m’arracha alors un petit sourire de satisfaction. « Ca va aller, ne t’inquiètes pas… Qu’est-ce que tu compte commander ?» demandais-je par curiosité tout en me hissant sur le plan de travail pour m’y assoir, face à Vitaly.

Maintenant qu’il n’était plus avec ma sœur, étais-je toujours sa maîtresse ? Car, même si le principe restait le même, si dans tous les cas, notre relation devait rester secrète, j’avais profondément envie, maintenant qu’il était séparé de ma sœur, qu’il ne me voit plus comme sa maitresse mais comme sa compagne. Certes, quoi qu’il en soit, il ne pourrait pas le dire officiellement. Mais si déjà, dans son esprit, je passais de maîtresse à petite-amie, compagne… cela me rassurerait. C’était peut-être stupide, mais j’aurais certainement l’impression de compter davantage pour lui s’il venait à me considérer comme sa petite-amie, sa compagne, enfin bref, plus comme sa maîtresse. Parce que, tant qu’il était question de maîtresse, j’avais l’impression que cela sous entendait qu’il pouvait y avoir une femme plus importante à ses yeux. Or, maintenant qu’il n’était plus avec Serena, j’étais censée être un peu plus qu’une simple maîtresse. D’autant plus que nous agissions comme un vrai couple. D’ailleurs, il était pour moi comme mon compagnon, l’homme avec qui je partageais ma vie. Et il m’était impensable d’avoir une quelconque autre relation et parallèle de celle-ci. Car, pour sûr, j’aurais l’impression de tromper Vitaly. Et c’était justement parce que je l’aimais autant, que je ne pouvais songer à une séparation. Même lorsque j’étais loin de lui, lorsque je retrouvais un minimum de raison, je parvenais simplement à constater que oui, ça serait la meilleure chose à faire. Sans pour autant en avoir le courage.

Non, c’était beaucoup plus simple d’opter pour la facilité et le bien-être que nous apportait cette liaison. Tant pis pour le reste. Je regretterais sans doute un jour cet égoïsme, mais pour l’instant, le bonheur que tout cela m’apportait avait raison de tout. Si bien que, sans vraiment hésiter, j’avais prétexté une soirée chez une amie pour passer la nuit auprès de Vit’. Et je prenais un malin plaisir à le taquiner et à le provoquer, faisant mine de douter du fait qu’il puisse tenir longtemps sans me sauter dessus. Ce que d’ailleurs, je constatais avec amusement, voyant qu’il avait eu du mal à rester concentrer sur le dîner tandis que j’étais, en tenue légère, à proximité. Et clairement, je n’étais pas peu fière du résultat. Pas de la poêlé cramée, non. Simplement de constater à quel point je pouvais lui faire de l’effet. Si j’avais d’ailleurs choisi de ne porter qu’une simple chemise lui appartenant, c’était bien dans ce but là. « Dis moi ce qui te fais envie, on a le choix. » Je ris doucement en voyant le tas de prospectus qu’il venait de me tendre. Voilà certainement comment il se nourrissait le plus souvent, depuis que ma sœur était partie. « Rassures-moi… Tu ne commandes quand même pas tous les jours ? Car je n’suis pas sûre que ce soit très bon… » Et si cela n’aurait pas été si compliqué à mettre en place de mon côté, je me serais évidemment proposée pour venir lui préparer de temps en temps de bons petits plats. Ou lui montrer quelques recettes simples si c’était le problème… « Celui-ci me tente bien… » annonçais-je alors en désignant le flyer d’un livreur asiatique.

Lorsque j’étais avec Vitaly, j’oubliais aussitôt notre différence d’âge. Ce n’était, certes, pourtant pas un détail. Mais c’était quelque chose qui n’était pas vraiment visible lorsque nous étions ensemble. Parce que malgré une quinzaine d’années d’écart, nous étions toujours sur la même longueur d’ondes. J’avais même parfois du mal à imaginer qu’il ait l’âge d’être mon père, tant tout était simple et frais entre nous. Enfin, c’était peut être aussi dû au fait que j’étais assez mature, pour une jeune femme de tout juste 18 ans. D’ailleurs, ce fut plus fort que moi, lorsqu’il me tendit les prospectus des livreurs et traiteurs, je ne pu m’empêcher de m’inquiéter en imaginant qu’il faisait plus souvent appel à ce type de services plutôt qu’à ses talents de cuisiniers. C’était plus fort que moi mais je ne pouvais me résoudre à le laisser se nourrir de la sorte. C’était pourtant une fortement prévisible dès l’instant où il s’était séparé de ma sœur. Mais peu importe. « Non, parfois je récupère en passant. » Je levais les yeux au ciel avant de lui donner une légère tape sur le bras en guise de réponse. J’étais sérieuse !  Je m’inquiétais vraiment pour lui et ne voulais pas qu’il se laisse aller sous prétexte qu’il était sur le point de divorcer. « Mais plus sérieusement, c'est toujours meilleur que de bouffer les plats tout prêts achetés en magasin. Ce sont des traiteurs et restaurants après tout. Je n'ai pas le temps de cuisiner de toutes façons. » Certes, c’était peut-être meilleurs que ces plats tout prêts, mais cela ne valait tout de même pas du fait maison ! « Parce que tu travailles trop, je parie ? Franchement, Vit’, tu devrais faire plus attention à toi… En tous cas, j’essaierais de venir un peu plus souvent et de te préparer quelques plats… Je ne suis pas une grande cuisinière, mais ça serait sans doute mieux que de passer tous les jours par des traiteurs ou restaurants… »

Je le laissais ensuite passer commande et revins m’assoir autour de la table. Il ne tarda d’ailleurs pas à s’installer en face de moi. « Une demi heure. J'aurais bien ... Mais non, tant pis pour toi. » Je ne pu retenir un léger rire face à sa remarque avant de lever les yeux au ciel en haussant les épaules. Je n’avais pas oublié notre défi  et trouvais, pour le moment, cette gentille provocation plutôt amusante. Pour sûr, nous allions encore continuer de la sorte un moment. Jusqu’à ce que l’un d’entre nous craque, à coup sûr ! La demie heure passa finalement assez vite, pendant que Vitaly & moi discutions de choses et d’autres… Et donc, après que le livreur soit passé, je fouillais dans les sacs. J’en sortis premièrement les sushis sans pouvoir retenir un sourire taquin. « Tu sais qu’une des coutumes japonaises est de manger les sushis sur le corps d’une femme … ? Puisque tu m’as assuré ne pas craquer le premier… tu ne verras aucun inconvénient à ce que l’on mange ces sushis ‘ à la japonaise ‘ ? » demandais-je sans parvenir à cacher un sourire à la fois satisfait et taquin. Oh, ça, c’était sadique. Sacrément provocateur, même. Mais s’il voulait jouer à cela, il allait vite se rendre compte qu’il avait affaire à une adversaire de taille…

Parce que je voulais le meilleur pour lui, je lui reprochais gentiment de se rabattre trop souvent sur les restaurants et livreurs. Franchement, c’était plus couteux et pas forcément meilleur que des plats faits maison…  « Tu t'inquiète pour rien, je t'assure. C'est très bon ce que font les traiteurs ! Mais soit ... Si tu souhaites venir pour X raison, ce n'est pas moi qui m'en plaindrais ... » Je ne pu retenir un sourire complice. Il avait raison, je m’inquiétais peut-être un peu trop… Mais c’était plus fort que moi. Le sachant seul, j’avais peur qu’il opte pour les solutions de facilité et se néglige un peu trop. « J’essaierai de venir plus souvent… Maintenant qu’il n’y a plus aucun soucis de ‘ton côté’, ça devrait être un peu plus simple… » Cela allait donc dépendre de moi et uniquement de moi. Il faudrait simplement que j’arrive à m’octroyer plus de temps libre pour le passer avec lui… « C’est vraiment trop difficile de te voir aussi peu souvent… » confiais-je alors plus doucement, soupirant légèrement. Plus le temps passait, plus cette situation était pesante. Si chaque moment passé avec lui était magique, je regrettais qu’il ne soit pas possible de se voir plus que ça. Et même si c’était le jeu, si nous savions dès le départ qu’il en serait ainsi, ce n’était pas simple à gérer. Mais soit, ce n’était pas le sujet actuel. Ainsi, je préférais profiter du temps que nous pouvions encore passer ensemble.

D’ailleurs, à peine eut-on reçu les plats commandés que je sautais sur l’occasion pour le provoquer à nouveau en lui proposant de manger les sushis comme les japonais, c’est-à-dire sur le corps d’une femme… Et à voir la mine presque choquée qu’il affichait, j’avais véritablement réussi à le surprendre par l’audace de ma proposition. J’avais particulièrement envie de jouer ce soir. Et de lui prouver qu’il craquerait le premier. Quitte à user de toutes les stratégies possibles pour arriver à mes fins. « Oh ... Vraiment ? » J’acquiesçais alors en me mordillant doucement les lèvres sans le quitter du regard. Je le laissais alors s’emparer de ma main pour y déposer un sushi avant de venir le récupérer de ses lèvres. « Tu n'as pas précisé quelle partie du corps. » C’était prévisible. J’eus tout de même un nouveau sourire, beaucoup plus enjôleur. « C’est le moment d’être créatif… » suggérais-je d’une voix chaude et pleine de sous-entendus. D’ailleurs, il ne tarda pas à emprunter le même chemin en déboutonnant les boutons de ma chemise – enfin, la sienne, que je m’étais approprié – avant qu’il ne dépose ses doigts sur ma gorge. « Je pourrais les disposer, là ... » J’esquissais une légère moue. Pas assez palpitant, pas assez excitant ! Un léger frisson me parcourut ensuite, lorsqu’il effleura ma poitrine. « Ou là ... » Un nouveau frisson parcourut tout mon corps lorsqu’il dessina un cercle invisible sur mon vente, zone particulièrement sensible. « Ou là ... » Je me mordis alors à nouveau la lèvre inférieure, penchant légèrement la tête en arrière, tout en le laissant faire. « Ou encore, là ... » J’affichais alors un vague sourire mutin. « Tout cela me parait… fort intéressant… Je pense qu’il est temps de le tester, véritablement… Mais on serait certainement mieux sur le canapé, ou le lit… » suggérais-je alors en m’emparant des sushis, prête à les déguster de cette manière si particulière…

Il fallait voir les choses en face. Bien qu’elle soit ma sœur et son épouse, Serena demeurait un obstacle pour notre relation. Enfin, c’était le cas tant qu’ils étaient ensemble… J’osais croire que maintenant que la situation était différente, les choses seraient un peu plus simples pour nous. « En effet, tu peux venir quand tu veux maintenant ... » Oui, disons que c’était un peu l’aspect positif de leur séparation… Car malgré tout, j’avais beaucoup de mal à me réjouir de cela. Même si cette séparation pouvait faciliter les choses entre Vitaly et moi, cela demeurait un triste fait… Cela m’affectait malgré tout, et je ne cessais de penser à la peine que cela devait leur causer. Aussi bien à l’un qu’à l’autre… Enfin, peut-être davantage à Serena… C’était du moins ce que je supposais. Ainsi, je soulignais ensuite qu’il devenait vraiment trop difficile de ne pas le voir autant que je le voudrais. « Mais on savait dans quoi on se lançait ... » J’hochais vaguement la tête en baissant finalement le regard. Il ne fallait pas se leurrer. Ce n’était pas parce qu’il n’était plus avec Serena, que les choses seraient plus simples. J’allais devoir trouver de sacrées bonnes excuses pour m’absenter aussi souvent sans éveiller les soupçons de mes parents. Et puis, Serena risquait de vouloir passer du temps avec moi. Or, cela allait également représenter du temps en moins pour voir Vit’… C’était horrible de penser ainsi ! Car j’adorais ma sœur et les moments qu’on passait ensemble… Mais voir Vitaly était tout aussi plaisant. Voire même beaucoup plus plaisant…. Ainsi, mon choix était vite fait. Et cela risquait d’éveiller les soupçons de Serena. Mais prétexter un petit ami n’était pas la meilleure solution. Cela susciterait bien trop de questions et d’intérêt pour que je parvienne à être tranquille. Au contraire !

Je profitais alors de l’arrivée de notre commande pour changer de sujet et recommencer à le provoquer. C’était un jeu très intéressant et auquel j’excellais. Pourtant je savais très bien que la partie était loin d’être gagnée tant il était lui aussi déterminé à ne pas craquer. D’ailleurs il me provoqua également par de multiples caresses ô combien troublantes ! Je m’efforçais cependant de lui résister, il était clairement hors de question qu’il gagne aussi facilement. Ainsi, je me trouvais ensuite rapidement allongée sur le canapé, la chemise de Vitaly entrouverte, laissant apparaitre mon corps quasiment nu. Je le laissais alors déposer les sushis sur mon corps tout en affichant un sourire taquin… Ce dernier ce figea alors légèrement lorsqu’il entreprit de les récupérer un à un, prenant largement son temps et ne se privant par pour laisser courir lèvres et langue sur min corps, frissonnant alors à ce doux contact. Et malgré le désir grandissant, je me faisais violence pour ne pas craquer. Pas la première. Et c’était affreusement frustrant de voir qu’il n’était pas prêt de céder. Et lorsqu’il récupéra le dernier sushi, placé assez bas, demeurant toujours autant maitre de lui,  je soupirais légèrement en affichant un vague sourire en coin. « Tenace… mmh ? » Pour sûr, il n’avait pas la moindre intention de céder le premier et donc de perdre…. Sauf que moi non plus.

Si pour le moment, j’arrivais à garder Vitaly et Serena dans ma vie, je savais très bien que cela ne pourrait pas durer. Parce que forcément, à un moment donné, j’allais devoir faire un choix. Serena ou Vitaly ? Vitaly ou Serena ? Et quand bien même je n’effectuais pas de choix, les choses finiraient par mal tourner. Soit Vitaly me quitterait, pour une raison x ou y. Soit Serena découvrirait notre relation, et là, c’est elle que je perdrais. Quoi qu’il en soit, j’allais finir par en perdre un des deux. Peut-être même les deux au final…. Parce que dans le fond, j’étais la moins à plaindre dans la situation actuelle. Je n’avais encore « perdu » personne, contrairement à Serena & Vitaly qui s’étaient mutuellement perdus… Mais de toute évidence, ce n’était qu’une question de temps. Et un jour ou l’autre, tout cela se retournerait contre moi. Enfin, je ne préférais pas y penser et profiter du moment présent. J’avais encore la chance de pouvoir passer pas mal de temps auprès de Vitaly et il n’en fallait pas plus pour me rendre heureuse. Puis faire ce choix était totalement impensable pour moi. J’en étais tout simplement incapable. Incapable de faire du mal à Serena. Mais tout aussi incapable de quitter Vitaly. Pourtant, il allait de soi que les choses ne pouvaient perdurer ainsi. Toute cette situation était sacrément fragile et tôt ou tard, cela allait finir par s’effondrer. Et là, ce serait dur. Très dur. Mais soit, j’en prenais le risque. En fait je n’avais pas vraiment le choix… Si j’avais été amène à faire un choix, à agir raisonnablement, rien de tout cela ne serait arrivé. Et comme je n’étais toujours pas prête à mettre un terme à cette relation, je laissais faire…

Et puis, je profitais pleinement de chaque instant passé avec Vitaly. Ils étaient tellement rares que nous ne pouvions nous permettre de les gâcher. D’ailleurs ils étaient très souvent intenses et hautement plaisants. Tout comme la soirée que nous passions ensemble, pleine de provocation. Sauf que pour une fois, le but était de résister à l’autre. Et nous étions tous deux plus que déterminés à tenir. D’ailleurs, je le provoquais ouvertement en lui proposant de déposer pour finalement venir manger des sushis sur mon corps. A vrai dire, j’étais quasiment persuadée qu’il craquerait. Pourtant ce ne fut pas le cas. Dommage… D’autant plus que, malgré ma détermination, je n’étais pas certaine de pouvoir lui résister bien longtemps. Et je n’avais pas vraiment d’autres idées pour le faire craquer… « Tu l'es aussi. Je pensais que tu craquerais. » La situation serait bien plus tenable s’il n’avait pas eu la bonne idée de laisser courir ses doigts sur mon corps pour y tracer des lignes et figures invisibles. « J’te l’ai dit… Tu me sous-estimes… Ca en est presque vexant. » Malgré la tentation grandissante, je ne bougeais pas et le laissais encore frôler ma peau du bout des doigts, ne pouvant réprimer un léger soupir d’aise.