« T’ES QU’UNE MERDE QUINN ! » Si seulement Andrew n’avait pas décidé de venir spécifiquement aujourd’hui à la brigade ni même choisi de s’en prendre violemment à la jeune femme… Quinn était pétrifiée. Non pas de peur, mais bien de honte. Il hurlait depuis au moins cinq minutes, la traitant de tous les noms d’oiseaux possibles et imaginables et pourtant, la brunette n’avait pas bougé d’un pouce ni même rétorqué. En effet, son ex voulait lui faire retirer la garde de son fils et si elle lui punchait la face, cela ne pourrait que se retourner contre elle… « Ah tu dois te faire plaisir à te faire tringler par tous les types de cette foutue brigade, hein ? T’es une mère déplorable, un insecte que l’on pourrait écraser d’un simple coup de pompe ! Mais le meilleur dans tous tes collègues, ça doit être ton chef, hein ? Alors que notre fils pleure dans son coin, tu t’envoies aussi Weatherfield ? » Le mot de trop. Quinn avait tenté de penser à autre chose alors qu’il la descendait littéralement en flamme, mais son poing partit tout seul dès lors qu’il eut parlé de ses sentiments pour le capitaine. Ceux-ci ne pouvaient pas être plus véridiques et malheureusement, la colère froide de la fliquette explosa tel un volcan précédemment en sommeil. Une lave incontrôlable s’écoulait dans ses veines tandis qu’elle le massacrait littéralement, toute à cette rage qu’elle ne retenait que depuis trop d’années. Années de frustration, de contrôle, de discipline… « TU ME RETIRERAS PAS MON FILS ESPECE DE CONNARD !! » hurla-t-elle sans même chercher à se dominer, alors que ses collègues cherchaient enfin à intervenir pour la calmer… ce n’était pas trop tôt, surtout qu’ils s’étaient bien rincé l’œil alors qu’Andrew la démontait littéralement sur place.

Certes, Quinn avait conscience que le capitaine aurait tôt fait de sortir de son bureau et de beugler face au massacre mais elle n’en n’avait cure. Rien n’avait plus d’importance que de puncher la face de cet enfoiré de première qui osait la menacer de lui prendre son fils. Mais cela ne manqua pas : le capitaine Weatherfield finit par sortir de son bureau et sa délicate voix perça aussitôt les tympans de la jolie brune. Un collègue de Quinn finit enfin par la maîtriser, la relevant non sans mal alors qu’elle peinait encore à se sortir de cette colère noire dans laquelle elle était entrée. Et comme toujours lorsqu’elle sortait de ses gongs, elle se terra dans un mutisme dont elle avait de secret, incapable de décrire la raison véritable l’ayant poussée à tant de violence… elle qui n’était que douceur et sourire d’ordinaire ! « Cette femme est folle, voilà ce qu’il y a ! Elle ne sait pas s’occuper de notre fils et elle ne sait même pas encaisser la vérité en face !! » beugla Andrew qui se tenait son nez en sang, tachant au passage sa chemise sans oublier d’en remettre une couche pour enfoncer la tête de Quinn sous l’eau au passage. « La seule erreur que j’ai faite et de te laisser me toucher !! » reprit la fliquette en tâchant de se maîtriser tandis que son collègue l’avait lâchée. « Hors de question que j’abandonne la garde de mon fils à un abruti dans ton genre !! » « Comme si j’allais te laisser le choix… tu sais très bien que tu ne fais pas le poids. Après tout, qui voudrait de toi ? Tu n’as pas de famille et surtout aucune classe… »

En bon couard se respectant, Andrew débarrassa rapidement le plancher mais il ne manqua pas de proférer une dernière menace dont il avait le secret. « On se retrouvera devant nos avocats, ma chère Quinny ! » En un mot comme en cent, la demoiselle était dans une merde noire… d’autant qu’elle l’avait frappé devant de très nombreux témoins et qu’il avait le bras suffisamment long pour la priver à jamais de son petit bout… dont elle n’avait toujours pas confié le nom à son capitaine d’ailleurs, éludant soigneusement sa question lorsqu’il la lui avait posée en la surprenant en train de l’allaiter. « A vos ordres chef » murmura-t-elle d’une voix aussi convaincue qu’elle le put pour mieux filer dans son bureau où heureusement Caine n’était pas là. Il avait pris sa journée mais dans un sens c’était dommage, car elle savait qu’il la défendrait bec et ongle pour qu’elle ne garde son fils tout comme elle ne manquerait pas de le faire vis-à-vis de l’écossais s’il en avait le besoin. Sauf que là, bien loin de penser à son coéquipier, elle songeait surtout qu’elle s’était pris la honte de sa vie devant… l’homme de son cœur et que son palpitant n’avait de cesse de se serrer, la rendant presque nauséeuse alors qu’elle s’effondrait en larmes avec une discrétion et un silence parfaitement digne d’elle. Elle ne pouvait plus s’arrêter. « Mais comment je vais faire bordel ? C’est qu’il est blindé de thune de salopard et moi je ne trouverais jamais un avocat bon marché… ou alors il va me garantir le fait que je perde Léo ! » Venait-elle de prononcer le prénom de son fils à haute voix ? Sûrement. Elle soliloquait, confuse… sans se dire qu’elle avait également prononcé le surnom le plus évident du capitaine !

Autant dire que Quinn ne manqua pas de sursauter largement face à l’entrée inattendue du capitaine dans son bureau. Elle n’avait pas fermé la porte à clef ? Rhaaa mais quelle gourde ! Cela calma aussitôt ses larmes, la demoiselle détestant par-dessus tout pleurnicher devant un homme et tout particulièrement celui qui hantait ses jours et ses nuits. Elle les essuya grossièrement d’un revers de main avant de ne se rendre compte qu’il avait tout entendu. Dès lors elle s’empressa de s’exclamer, au comble de la gêne : « C’est parce que Léo c’est un joli prénom capitaine !!! » D’accord, elle s’était un peu emballée mais parce qu’elle ne voulait surtout pas qu’il découvre trop facilement à quel point elle trouvait naturel d’appeler son fils comme l’homme qu’elle aimait. C’était sûrement ça qu’Andrew ne digérait pas… Quinn ne l’avait jamais aimé, ils faisaient chambre à part et les rares fois où il avait tenté une approche, elle serrait une photographie de son chef contre son cœur… « Je vous remercie chef mais vous savez… j’aurais eu surtout confiance en Caine en dehors de vous pour prendre ma défense parce que je ferais exactement pareil pour lui. Mais les autres ont des problématiques à eux… de famille, d’argent, etc. Andrew a le bras tellement long qu’ils choisiraient sûrement la grosse somme d’argent qu’il est capable de leur donner en échange de leur silence et le pire, c’est que je n’arrive pas à les blâmer. Je sais que nous sommes une grande famille et j’aime ce cocon, vraiment… mais je ne veux pas qu’on prenne de coups de bâton à ma place. » Quinn poussa un soupir tout en tournant légèrement la tête pour éviter de montrer ses larmes, mais elle esquissa un faible rire face à sa dernière proposition : « Je pense savoir de qui vous parlez chef mais je n’ai tellement pas les moyens si vous saviez… pourtant je serais prête à n’importe quoi pour Léo, même à vendre mon corps !! »

« Vous pouvez ! » C’était sorti tout seul. Quinn avait esquissé un sourire pour mieux l’effacer aussitôt afin qu’il ne la perce pas immédiatement à jour… comment allait-elle faire si c’était le cas ? D’un côté, elle ne rêvait que d’une chose, c’est qu’il la remarque et voit en elle autre chose que l’un de ses lieutenants, mais d’un autre, elle avait tellement peur d’être repoussée que l’idée même en était insupportable. Mais un sourire émit étira aussitôt ses lèvres alors qu’il lui offrait ni plus ni moins son soutien implicite. Quinn n’aurait jamais osé le demander, même si elle en avait extrêmement besoin et que son avenir en tant que mère en dépendait. « Mais la brigade est saine ! Je ne disais pas ça pour ça chef… même si je suis touchée de tout le soutien que vous m’apporterez très certainement, ce n’était qu’un constat. Je ne suis pas un morceau de choix contrairement à la richesse de mon ex. Mais j’en ai conscience depuis longtemps vous savez !! Ce n’est pas douloureux de le savoir. » A ceci près que Quinn s’attendait à tout sauf à se faire gueuler dessus. Elle s’aplatit soudainement contre sa chaise, tremblotante, dans ses petits souliers alors qu’elle ne comprenait pas du tout ce qu’elle avait dit ou fait comme connerie justement. « Mais qu’est-ce que j’ai dis ?! » s’exclama-t-elle, les yeux écarquillés comme à chaque fois qu’il l’engueulait et qu’elle n’en comprenait pas la raison. « Votre cravate vous étranglait ? » s’inquiéta-t-elle aussitôt, mettant temporairement de côté le fait qu’il ne vienne de l’engueuler comme du poisson pourri. « Mais ce n’était pas une connerie chef !! Il n’est rien que je ne sois pas capable de faire pour mon fils, c’est tout… il est tout ce que j’ai ! Je ne vous demande pas de comprendre et puis… je fais ce que je veux en dehors de la brigade… » La jeune femme avait presque murmuré ces paroles pour éviter de ne se prendre une nouvelle soufflante mais quelque chose lui disait qu’elle se la prendrait quand même. « Non » commença-t-elle en prenant un air sérieux et catégorique « vous n’êtes pas responsable de moi et si j’ai besoin d’un avocat, je trouverais l’argent autrement. » Ne comprenait-il pas qu’elle ne voulait pas qu’il la considère comme un boulet ?

Chaque mot du capitaine n’était qu’un poignard supplémentaire lancé contre son pauvre cœur déjà meurtri. Sa respiration s’était faite plus rapide tandis qu’elle n’osait rien répondre, craignant plus que tout le courroux de son chef. Diable qu’elle l’aimait mais diable qu’il lui faisait peur ! Elle n’avait cure du fait de ne pas être dans ses petits papyrus quand elle faisait une connerie ayant un rapport avec le travail, mais là, c’était différent… il lui donnait l’impression d’être blâmée pour un méfait n’ayant pas encore été commis et qui n’avait, en prime, aucun rapport avec son travail. Ce fut pire lorsqu’il posa ses deux mains sur l’accoudoir de son fauteuil, car leur proximité mettait son cœur au supplice. Elle ne retint pas deux larmes qui s’écoulèrent insidieusement contre ses joues pâles et froides mais autant dire qu’elle n’avait aucune intention de se laisser dicter sa conduite lorsque cela n’avait pas de rapport avec le travail. « Ah oui, mon fils mérite mieux qu’une mère qui est prête à faire n’importe quoi pour qu’il ne manque de rien ? JE ME FOUS DE NE PAS ETRE CLASSE ! Je m’en fous tant que je peux encore me regarder dans la glace en me disant que je n’ai pas reculé devant la difficulté même si ça me débecte ! Mais vous ne savez pas ce que c’est que d’avoir des soucis d’argent !! Vous jugez à votre niveau alors que vous ne connaissez pas cette problématique là chef ! Je suis désolée mais je n’ai pas d’ordre à recevoir de vous sur mon environnement personnel, avec tout le respect que je vous dois capitaine. » Et Quinn s’était relevée pour lui faire face, non pas afin de faire preuve d’insubordination mais parce qu’elle tenait à mettre les points sur les i. « Je n’ai pas l’intention de me cacher de vous. Et pour être honnête ça me blesse de savoir que j’ai pu baisser si vite dans votre estime mais dites-moi pourquoi cela vous importe tant ? »

D’accord, ce n’était pas exactement la réponse qu’attendait Quinn mais c’était un début. Son chef lui donnait presque un traitement de faveur et elle le savait : faire des heures supplémentaires qui soient réellement rémunérées n’était pas donné à tout le monde et nul ne le savait mieux que la demoiselle… même si elle imaginait déjà devoir payer une nourrice les yeux de la tête puisqu’elle n’avait aucune famille qui puisse lui garder gentiment Léo. « Sans doute avez-vous raison et je suppose que si je le fais, je peux dire adieu à ma tête ? » Quinn n’hésita pas une seconde à laisser échapper un petit rire pour évacuer toute la pression supplémentaire qu’il avait fait naître sur ses épaules. Certes, son chef allait très certainement émettre un grognement sans voir ce qu’il y avait de drôle mais justement, il n’y avait rien de risible… elle se mettait simplement tellement de pression sur ses frêles épaules qu’elle avait besoin d’évacuer… soit par les larmes – et d’ailleurs ses beaux yeux noisettes étaient encore brillants – soit par le rire, qui était sa marque de fabrique et faisait que toute la brigade l’adorait. On lui avait souvent demandé de sortir d’ailleurs, mais… Quinn n’avait d’yeux que pour son capitaine, quitte à se mener elle-même à sa perte. « Vous aurez le formulaire vendredi soir sur votre bureau, vous pouvez compter sur moi. » Dès qu’on lui disait que la discussion était close, elle ne faisait jamais l’affront à quelqu’un de continuer à argumenter, bien au contraire. Elle avait la sagesse de savoir où s’arrêter… même si en l’occurrence, elle n’hésita pas à embrasser délicatement la joue de son chef, même en sachant qu’elle dépassait clairement les bornes et qu’il risquait de lui tacler la face une fois encore… elle avait besoin d’un contact physique avec quelqu’un d’autre que Caine, qui se donnait régulièrement des câlins pour se consoler. Ce qu’elle voulait, c’était son capitaine… « Merci à vous. Je serais probablement en perdition sans votre sagesse. » Cette fois, elle n’avait pas prononcé le mot ‘chef’ comme si elle voulait écarter le travail de ce soudain moment de tendresse… Quinn n’avait guère pu s’en empêcher.

Quinn s’était justement attendue à ce qu’il ne pousse une gueulante dont il avait le secret mais le capitaine de son cœur ne manqua pas de la détromper en l’attirant dans ses bras pour mieux entourer ses épaules de ses bras. Après les dix secondes de surprise qui lui suffirent pour reprendre ses esprits, la jeune femme le serra aussi fort qu’elle put contre elle, se refusant cependant à compter les minutes tant elle avait espéré ce moment dans ses rêves les plus fous. Mais hélas, même toutes les meilleures choses ont une fin et le capitaine l’incita à retourner à cette foutue enquête lui donna du fil à retordre. Quinn ne manqua pas de s’y atteler sitôt le capitaine sortit de son bureau pendant de très, très nombreuses heures et ce n’est que vers les coups de vingt-deux heures qu’elle se frotta le visage, accablée par sa recherche de fourmi entre les dizaines d’indice qu’elle avait sous les yeux. Elle prit le parti de faire une micro pause, se rendant dans les douches de service qu’elle n’utilisait qu’occasionnellement : cette fois-ci, qu’importe que la baby sitter lui fasse payer un prix monstrueux, elle ne voulait plus jamais que Léo la considère comme n’ayant aucune classe, comme un élément inutile. Sauf que des potaches ne manquèrent pas de lui chiper ses vêtements, sa serviette et de couper l’eau chaude jusqu’à ce qu’elle n’hurle et ne se mette à leur courir après dans les couloirs quasi déserts de la brigade… « Bordel revenez bande de p’tits cons !!! » hurlait-elle avant de ne se heurter à quelqu’un qu’elle aurait préféré ne surtout pas croiser dans un moment pareil : Léo bien sûr ! Quinn était complètement nue et ses ravisseurs semblaient loin désormais, sauf qu’au lieu de rester contre lui, le choc la fit se reculer avant de se couvrir comme elle put. « Vous pouvez vous tourner juste une seconde… on m’a chipé mes vêtements !! J’ai juste voulu prendre une douche pour mieux reprendre mon enquête après et… » Et elle était dans la merde !

Justement, il ne s’agissait pas que d’une passe, et c’était bien là tout le problème. Quinn venait juste de percuter le capitaine de plein fouet, nue comme un nouveau né, non sans se heurter au passage aux habituels cris de son supérieur hiérarchique. « Je n’ai pas fait exprès, ils ont chipé mes vêtements !! » se défendit-elle aussitôt, au comble de la gêne, à un tel point qu’elle rêvait de se heurter longuement la tête contre le mur. Oh elle aurait bien aimé qu’il la voit nue, mais dans d’autres circonstances, et parce qu’il l’aurait longuement effeuillée avant… non, Quinn, ressaisit toi tu es bien assez dans la merde ! Elle s’empara de la veste qu’il lui tendait pour l’enfiler et se racler la gorge. « Je suis visible… » murmura-t-elle non sans frissonner littéralement car ledit vêtement portait son odeur, ce parfum qu’elle aimait tant et contre lequel elle ne se lasserait jamais de se lover. Hélas, l’étreinte qu’il lui avait offerte n’était rien d’autre que passagère, et Quinn n’était pas suffisamment stupide pour ne pas se rendre compte qu’il ne lui en donnerait jamais d’autre. « Je suis désolée chef mais ce n’était vraiment pas ma faute cette fois ! En plus vous étiez plus agréable dans mon rêve… » Oh dear. La brunette venait de lâcher une bombe et aussitôt, l’envie de prendre ses jambes à son cou fut particulièrement violente. « Je vais poursuivre mes ravisseurs » souffla-t-elle sans attendre un nouveau courroux de sa part : elle n’était pas masochiste non plus !

« Je ne peux pas vous le dire, je ne les ai pas bien vus ! » se défendit-elle alors que Quinn avait bien une ou deux idées en tête. « Peut-être que refuser les avances de Jones n’était pas l’idée du siècle… » avoua-t-elle avant de n’être attrapée par le col puis plaquée contre le mur par les bons soins du capitaine de son cœur. Quinn se mit à trembloter aussitôt, les yeux exorbités par la surprise tandis qu’elle ne loupait pas une miette de ce qu’était en train de lui sortir Léo. Il en avait de bonnes, comment était-elle censée faire pour ne pas penser à lui tout le temps et encore moins rêver de sa personne ? S’il avait une solution, elle était preneuse et même toute ouïe ! « Mais ce n’est pas floue, vous ne hurliez pas, voilà tout ! Et il faut bien que je récupère mes vêtements, je ne vais pas sortir nue dans la rue ! Je risque d’attraper froid en prime… » continua-t-elle, dans ses petits souliers. Ce n’était pas tant qu’elle aimait son capitaine au-delà des mots, mais il l’impressionnait énormément également. Le sentir si proche et si loin à la fois la tuait littéralement. « Et comment vous faites pour arrêter de rêver de quelqu’un, capitaine ? Je ne contrôle pas mon cerveau et encore moins mes pensées pour ma part ! Oui j’ai rêvé de vous parce que j’étais fatiguée et que je piquais du nez sur mon bureau… ce n’est pas un crime !! Ce n’était qu’un rêve… » La fin de sa phrase sonnait presque comme de la désolation. Et pour cause ! Il était si délicat dans ce fameux rêve…

« Non pas du tout !! Jones m’a juste proposé un dîner romantique et j’ai refusé… je pense qu’il attendait plus que ça de ma part j’ai balisé. » Sauf que Léo s’était donné pour objectif de la secouer semble-t-il car chacun de ses propos était plus aiguisé que la lame d’un sabre de samouraï. Quinn déglutit à plusieurs reprises avec difficultés avant qu’un vent de fierté ne prenne part à l’équation : « J’ai beaucoup de respect pour mon corps et je ne le montre pas ! En quelle langue il faut que je vous le dise pour que vous compreniez ? On m’a volé mes vêtements, je n’avais rien pour me couvrir, il fallait bien que je sorte ! Ca ne veut pas dire que je n’ai pas hâte de me terrer dans mon bureau pour ruminer ma honte sur mes dossiers en cours… quant à tout à l’heure, pour vous citer la discussion est close ! » La jeune femme ne voulait pas faire preuve d’insubordination ou même d’irrespect mais le capitaine l’avait cherché et il ne s’agissait pas d’une discussion sur un dossier ou le travail au sein de la brigade en général… mais plutôt d’une discussion personnelle, et bien qu’il fasse preuve d’un manque cruel de tact et de douceur. « Je n’ai pas voulu être gênante chef » répliqua-t-elle en ravalant ses larmes, sa honte et tout ce qui allait avec. « Ce n’est pas une question d’intelligence et ce n’est pas qu’une rêverie ! J’essaye de ne plus y penser et de me concentrer sur d’autres problématiques… mais je ne suis pas comme vous si vous parvenez à juste fermer les yeux et attendre que ça passe ! Vous… je ne vous demande pas de comprendre et je n’espère rien. Alors plutôt que de blesser mon cœur j’aimerais bien que vous me laissiez partir, capitaine. » Il allait lui discours qu’elle n’avait aucune envie d’entendre, à n’en point douter. Aussi passa-t-elle avec souplesse sous son bras et, avant même qu’il n’ait eut le temps de se retourner, lui replaça sa veste sur les épaules. « Vous êtes une belle personne. Même si apparemment de nous deux il n’y a que moi qui m’en aperçoive. » Quinn tourna rapidement les talons pour retourner à toute vitesse dans son bureau où elle avait une robe de soirée. Bon, d’accord, ce n’était pas la tenue parfaite mais elle avait un avantage : couvrir son corps nu !

Quinn allait râler lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir et sursauta d’un même temps face aux hurlements de son chef. Hurlements qui se finirent en paroles parfaitement normales, chose qui étonna la demoiselle au plus haut point. La jeune femme le regarda en penchant la tête et, sans avoir le temps de rétorquer quoi que ce soit, il avait disparut. Quinn poussa un soupir de désespoir avant de prendre son sac en bandoulière et de se diriger vers l’ascenseur, tournant quinze fois son harmonica dans les mains. Autant dire qu’elle ne s’attendait pas à croiser à nouveau le capitaine de son cœur, une bouteille de scotch ainsi qu’un verre à la main, et surtout pas à ce qu’il ne lui cède l’ascenseur tel le gentleman qu’il était. La tentation était trop forte, même si elle était fatiguée et qu’elle ferait mieux de rentrer pour passer un peu de temps avec son fils, Quinn finit par lui emboiter le pas et le rejoindre sur le toit, se faisant toute petite même s’il l’avait vue arriver. Elle se contenta de s’asseoir, l’observant longuement sans lui chiper son verre ou lui sortir un discours du genre : ce n’est pas bon pour la santé. « Vous allez sûrement me hurler après parce que ce ne sont pas mes oignons mais vous devriez rentrer vous aussi… vous avez l’air fatigué. » Ca pour sûr, elle allait prendre une soufflante d’anthologie mais Quinn s’en moquait : elle savait qu’elle avait raison. « Vous n’avez sûrement pas encore eu l’info parce que le grand chef m’a appelée en personne en premier mais… j’ai un ex suffisamment salopard pour avoir fait en sorte que bientôt, ma carrière ne soit plus que de l’histoire ancienne. Je crois que c’est pour ça que je me suis mise à courir partout pour récupérer mes vêtements et que ça ne m’a pas touchée. Pour le départ anticipé, c’était ma tête ou la vôtre… en toute objectivité, vous m’avez impressionnée le premier jour où je vous ai vu, lors de ce séminaire à Chicago, alors que j’étais encore à l’école de Police. Vous étiez un vrai modèle, je voulais être exactement comme vous ! Alors je ne suis pas idiote. Vous êtes utile à la ville de New York, à la brigade… vous êtes le meilleur élément qui se trouve ici. J’ai accepté de partir. Vous n’avez pas à payer parce que je suis tombée sur un salopard jaloux qui vous envie et veut me pourrir la vie… n’ayez crainte, je ferais en sorte que mes dossiers soient bouclés pour me départ en fin de semaine. Mais je maintiens que vous devriez rentrer vous reposer, chef. » Quinn hocha la tête avant de ne se lever, tentant de maîtriser les battements effrénés de son cœur alors qu’elle s’éloignait, raide comme la justice, persuadée d’avoir pris la bonne décision.

Quinn trouvait extrêmement triste que le capitaine de son cœur n’ait pas la moindre compagnie l’attendant à la maison, prête à le consoler de sa dure journée d’un baiser ou d’une étreinte chaleureuse… certes, il en était un peu de même pour la brunette, puisque son bébé n’était guère en mesure de lui offrir la plus petite étreinte mais sa seule présence réchauffait la froideur de son existence. Il était son tout, sa merveille, au même titre que la jeune femme rêvait désespérément qu’il en soit de même pour l’homme venant tout juste de la retenir par le bras, lui mettant au passage sa veste contre ses épaules. Cette fois-ci, il n’avait pas crié et son calme n’était pas nécessairement pour la rassurer. Au contraire, elle craignait presque dès qu’il redevenait calme car en général, ce n’était aucunement synonyme de bonne augure à venir. « C’est déjà fait capitaine, que vous le vouliez ou non j’ai déjà donné mon acceptation aux hautes sphères. J’accepte d’être de la chair à canon car je sais que ce n’est pas inutile ! Vous êtes le meilleur chef de brigade que la NYPD ait eut depuis longtemps… tout le monde le dit, c’est on ne peut plus objectif ! Je trouverais un autre poste. Je suis débrouillarde, je me fais confiance. » Quinn laissait parler toute son assurance, du moins autant qu’elle le pouvait, mais la discussion à venir lui donnait singulièrement envie de fuir. Elle ne voulait pas être davantage attristée… « Avec tout le respect que vous doit chef je vais décliner votre offre. Il n’y a rien à dire. Je n’ai pas envie de me lancer dans une discussion qui va à coup sûr me briser le cœur… je veux pouvoir partir la tête haute et emporter les sentiments que j’ai pour vous en silence. Vous n’avez pas le droit de me le refuser. » La jeune femme ôta la veste de ses épaules et la lui tendit, espérant vivement qu’il la prendrait…