Hugo nettoyait ses verres avec un geste sûr. On passa commande auprès de lui et il la prit aussi tôt en compte pour aussi tôt la faire. Il était doué à ça, il était rapide, efficace et juste. Il était très ordonné et il avait une mémoire infaillible, il servait toujours les premières personnes qui arrivaient au comptoir. La fête avançait, les gens au bar commençaient à être saoules et Hugo regardait l'effervescence avec un regard externe, il avait du mal à comprendre les gens qui étaient si loin, il avait du mal à saisir pourquoi ils se mettaient dans cet état, il ne buvait pas ou très rarement, il n'aimait pas ressentir cette sensation de perdre la tête, d'avoir tout qui tanguait... c'était loin d'être agréable pour Hugo.

Finalement, vers 1h30, il prit une pause pour aller fumer. Il se mit devant la boite et quelques personnes tentèrent de lui parler mais il les envoya gentiment promené. Il préférait être seul plutôt qu'être entouré d'inconnu. Pourtant, à certain moment, il tentait réellement de s'intégrer parmi les gens "normaux", mais il y avait en permanence ce décalage qu'il n'arrivait jamais à réduire. Son regard se porta un instant au bout de la rue et il reconnut aussi tôt la silhouette qui s'approchait de son bar. Il sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres, c'était une des choses les plus rare, on voyait rarement le péruvien sourire, mais Azylis était sans doute la seule personne qu'il considérait comme son amie. Il lui fit un signe de main avant de marcher vers elle tout en jetant sa cigarette. « Bonsoir » lança-t-il alors tout en la regardant rapidement de la tête au pied. « Est-ce que je vais devoir te ramener chez toi ou tu veux passer boire un dernier verre ? » demanda alors Hugo. Il était beaucoup plus bavard que d'ordinaire en présence d'Azylis.

Un shot puis un autre. Et voilà que son compagnon de jeu abandonnait. Tous des lopettes. Ok elle était ukrainienne, et la légende voulait qu’ils commencent la vodka en même temps que leur premier biberon. Mais comme on le dit, c’était une légende, et encore moins une excuse pour ces mecs qui se disaient résistants à l’alcool. Résistants mon œil oui. Face à un gosse de dix ans sans doute. Mais en attendant, elle amassait leur fric. Quand comprendraient-ils qu’ils ne fallaient pas parier contre elle ? En tout cas ça serait le dernier pour elle. Anya lui fit un signe la main pour lui faire comprendre qu’elle devait y aller, Azylis lui répondit par un sourire. Anya, c’était l’une de ses anciennes collègues, autrement dit une call-girl. La seule que la jeune femme avait un tant soit peu appréciée dès le début. Et elles avaient fini par devenir amies, même si Azylis ne comprenait pas toujours pourquoi la jeune Serbe restait là-dedans. Pourquoi elle ne décidait pas de prendre sa vie en main pour faire autre. Malgré toutes les justifications qu’elles pouvaient lui donner, l’Ukrainienne n’y voyait que des excuses.

Ses talons claquaient contre le bitume new yorkais et plusieurs regards se retournaient sur son passage. Azylis avait toujours été consciente des regards qu’elle attirait. Parfois ça l’amusait, ce soir elle s’en foutait. Elle s’en foutait parce qu’il n’y avait qu’un regard qu’elle voulait, seulement là maintenant, elle était simplement trop bornée pour l’appeler ou faire le moindre geste vers lui. Elle avait quitté New York à cause d’Alec, et elle était revenue pour lui. Du moins, son frère avait voulu qu’elle y retourne pour lui. Bah voilà, elle était de retour, mais elle n’arrivait pas à se résoudre à passer le moindre coup de fil. Après tout, c’est lui qui avait merdé. Encore et encore. Etait-ce trop lui demandé que de tenir sa queue bien tranquille entre ses jambes ? Visiblement oui. Relevant finalement la tête, elle aperçut une silhouette familière lui faire de grand signe. Elle reconnaissait l’endroit et surtout le jeune homme qui s’avançait vers elle. Le scorpio et son barman, Hugo. Un jeune homme des plus agréables à regarder mais qu’elle n’avait étrangement pas fait atterrir dans son lit. Sans doute la faute à Alec encore. Il était… un ami. Etonnant oui. Et pourtant c’était bel et bien le cas. Elle aimait vraiment être avec lui. Pour parler, ou seulement pour boire et se laisser ramener. Ecouter aussi. Le genre de choses dont elle n’avait pas forcément l’habitude. « Bonsoir » « Salut ! » répondit-elle avec un grand sourire. « Est-ce que je vais devoir te ramener chez toi ou tu veux passer boire un dernier verre ? » « Pourquoi pas les deux ? » demanda-t-elle avec un haussement d’épaules. Elle ne savait pas vraiment quelle quantité d’alcool elle serait capable d’ingurgiter, mais elle avait envie de boire un verre avec Hugo. « Va pour le dernier verre » ajouta-t-elle avec un signe de tête en direction de l’intérieur du Scorpio. « Shift bientôt fini ? » demanda-t-elle curieuse de savoir pour combien de temps elle pourrait profiter de sa présence.

Hugo n'avait pas été programmé pour aimer, ou pour apprécier les gens de son entourage. Quand il était un enfant, on avait fait de lui une pure machine de guerre incapable de ressentir le moindre sentiment. Cela dit, lorsqu'il avait été libéré vers 17 ans de l'emprise des Sentiers Lumineux, il avait été confronté à une société qui s'inquiétait pour eux, des jeunes... seulement, la société n'avait pas tout à fait été prête à accueillir des jeunes qui se considéraient comme des armes que comme des hommes. C'est durant cette période d'adaptation qu'on avait tenté de leur inclure des valeurs. Ne pas frapper des innocents, ne pas tuer les gens qui s'approchaient rapidement d'eux, ne pas faire de mal aux femmes... les enfants s'étaient plus ou moins adapté et avaient tous réussi à accepter ces règles. Cela dit, ils n'avaient pu se résoudre à totalement quitter le monde de la violence. Hugo était un boxeur professionnel. Il adorait taper et recevoir des coups. En règle général, c'est Trois/Phoenix qui lui disait quand perdre. Enchainer victoires sur victoires aurait pu paraitre suspicieux. Sept/Hugo acceptait donc les directives de celui qui avait toujours été son Chef. Cela dit, quand on était boxeur professionnel, on ne gagnait pas assez bien sa vie, c'était pour ça qu'Hugo bossait également dans un bar, il nouait les deux bouts. Et c'était dans ce bar qu'il avait rencontré Azylis. Au début, il l'avait ignoré comme toutes les autres clientes. Puis il l'avait revue, il l'avait observée de loin et puis, il était incapable de comprendre comment, mais ils avaient fini par parler, par s'échanger des informations qu'il pouvait presque appelé "intime". Il s'était trouvé à lui sourire, à s'inquiéter parfois pour elle. Il avait crû que c'était une sorte de dégénérescence au début... avant qu'on ne lui explique qu'elle était devenue son amie et que du coup, la jeune femme comptait. Il s'était difficilement adapté, mais il l'avait fait. « Salut ! » il sourit, elle était la seule qui avait droit à ses sourires. Il trouvait que cette expression sur son visage le rendait idiot, mais pas avec Azylis, c'était... différent. Connaissant les habitudes de la blonde, il savait qu'elle allait soit venir boire dans le bar, soit elle était venue pour être ramenée, elle ne courait aucun risque d'être agressée en présence d'Hugo. « Pourquoi pas les deux ? » il hocha la tête. « Va pour le dernier verre » il se passa la main dans les cheveux avant de reprendre la direction du bar. « D'accord » dit-il en tentant d'être enthousiaste, mettre des intonations dans sa voix restait parfois compliqué pour lui. « Shift bientôt fini ? » il haussa les épaules fassent à la nouvelle question. « Je peux toujours m'arranger pour ça. » avoua-t-il simplement. Il lança une oeillade à la jeune femme. « ça a été toi ta soirée ? » il poussa la porte du bar pour laisser pénétrer la blonde en premier. Dans un geste défensif, il plaça sa main sur la taille de la blonde. Il savait que parfois, le bar avait mauvaise réputation, il avait souvent vu des bagarres éclatés dans cet endroit... mais il était hors de questions que quiconque touche à Azylis en sa présence. Et par son geste, il montrait qu'il ne valait mieux pas le provoquer, il était un boxeur à la base, et tout le monde le savait ici. « Quelle bêtise as-tu fait ce soir ? » l'interrogea-t-il en finissant devant le bar, c'était étrange de se retrouver de ce côté-ci. Il fit un signe à son collègue qui arriva pour prendre les commandes. Hugo tourna la tête vers Azylis, elle pouvait choisir ce qu'elle voulait, c'était pour lui ce soir.

Pendant des années, Azylis avait eu l’impression de porter un masque. Le masque de cette jeune étrangère pas très à l’aise avec cette nouvelle langue qu’était l’anglais pour elle, un peu fragile mais devant gagner sa vie d’une manière ou d’une autre. Et comme beaucoup de jeunes femmes dans le même cas qu’elle, elle se retrouva à faire le plus vieux métier du monde. Ou presque. Au moins, elle avait eu des clients qui pouvaient assurément la payer. Ils n’avaient pas toujours été très fins ou corrects… Mais pour la plupart, ils se voulaient discrets, libérés et surtout reconnaissants. Ce mode de vie lui avait convenu pendant un temps. Le fait est qu’elle était beaucoup plus que ce masque. Il y avait derrière ça une jeune femme brisée qui n’avait pas choisi de quitter son pays, elle y avait été forcée. Forcée à cause de l’acte qu’elle y avait commis, forcée par peur d’être jugée ou condamnée. Elle avait fui pour avoir une chance. Et pourtant, elle ne regrettait pas son geste, celui d’avoir assassiné l’homme qui avait ôté la vie de ses deux parents. Même si ça l’avait obligé à fuir loin de ce qu’il restait de sa famille, mais surtout d’Aleksei. Il lui avait toujours dit que de toute façon, il n’y avait rien de bon pour elle en Ukraine, seul le passé l’y retenait, que sa vie et son avenir se trouvait ailleurs. Peut-être avait-il eu raison. Le fait est que rare était les personnes avec qui elle se sentait elle-même, avec qui elle ne ressentait pas ce besoin de se cacher derrière un masque. Hugo faisait partie de ce cercle restreint. Sans savoir franchement pourquoi il avait sa confiance et elle aurait pu lui confier sa vie. Et pourtant, elle était forcée d’admettre qu’elle était loin de le connaitre parfaitement ou de connaitre le moindre détail de sa vie. Loin de là.  Et ça lui importait peu, elle comprenait mieux que personne le fait de ne pas s’étaler sur sa vie. Alors avec lui, elle était juste Azylis… Une jeune femme caractérielle un peu trop fêtarde, au physique ravageur et à l’amabilité incertaine. Sauf avec lui. Elle aimait ce sourire. Malgré sa rareté. « D'accord » Oui celui-là, ce même sourire. Passer la fin de sa soirée avec Hugo ne pouvait que l’améliorer. Elle ne put retenir un sourire en le voyant hausser les épaules. Il fallait l’avouer, ce gars-là n’était définitivement pas comme les autres. Pas créée dans le même moule… Mais ça lui plaisait, cette différence, cette incapacité à agir et réagir comme le reste de la population la faisait sourire. « Je peux toujours m'arranger pour ça. » La jeune Ukrainienne sourit de plus bel sachant désormais qu’elle aurait l’intention du beau brun pour le reste de la soirée. « Ça a été toi ta soirée ? » Elle hôcha la tête en signe d’affirmation alors qu’il poussa la porte de l’établissement tout en entourant la taille de la jeune femme dans un geste protecteur. Azylis connaissait la réputation de ce bar et même si elle faisait de la boxe depuis plusieurs années maintenant, il était vrai qu’avoir sa protection assurée par le chilien était plutôt rassurant. « J’étais dans un bar, dans le centre de greenwich… avec une ancienne… collègue. » A vrai dire, c’est le seul truc qu’elle avait trouvé pour se sortir Alec de la tête le temps d’une soirée… Sortir et se faire quelques jeux d’alcool.  « Quelle bêtise as-tu fait ce soir ? » La jolie blonde haussa innocemment les épaules comme si elle n’avait pas la moindre idée de ce dont il parlait. Les deux amis s’assirent au bar, rapidement rejoint par l’un des collègues d’Hugo pour prendre leur commande. « Vodka citron s’il vous plait. » Elle reporta son attention sur Hugo, souriante. « Bon j’avoue… Peut-être que la fierté masculine de certains s’en est pris un coup ce soir. Mais il y avait cet espèce d’énergumène qui criait à haut et fort qu’il n’avait jamais été battu à un jeu d’alcool… » commencça-t-elle en le levant les yeux au ciel. « Tout ça parce qu’il venait de gagner contre un mec qui semblait déjà mal avant même de boire… Du coup, tu me connais… » continua-t-elle avec un sourire faussement angélique « … j’ai voulu rétablir la vérité ! Et on a joué… Puis bah il a perdu hein. Donc là, il doit être en train de vomir quelque part dans la rue… » finit-elle en haussant nonchalement les épaules.

En retrouvant Azylis dans son bar, le péruvien savait parfaitement qu'elle avait déjà dû fêter pas mal, la jeune femme était du genre à sortir beaucoup, c'était à cause de cette manie qu'il l'avait rencontré après tout. Et il ne la jugeait pas, elle faisait ce qu'elle voulait. « J’étais dans un bar, dans le centre de greenwich… avec une ancienne… collègue. » Hugo regarda autour de lui et il fronça les sourcils avant qu'un petit sourire n'étire ses lèvres. « Et t'as perdu ton ancienne collègue exprès qu'elle ne soit plus avec toi ? Tu ne voulais pas me la présenter hein ? » lâcha-t-il plus pour la taquiner qu'autre chose. Ils reprirent tranquillement le chemin du bar où cette fois-ci, Hugo était du côté client du bar, vu l'heure, il n'y avait plus grand monde, et il pouvait bien profiter de la compagnie d'une amie de temps en temps. Le jeune homme demanda à la jeune blonde quelle bêtise elle avait encore fait, et sous son air innocent, il savait qu'il ne pouvait pas se laisser berner. Cela dit, elle ne consentit pas à assouvir immédiatement sa curiosité et elle préféra passer commander. « Vodka citron s’il vous plait. » il observa son collègue. « Bière, et c'est pour moi les deux commandes » lâcha-t-il simplement alors que l'autre hochait de la tête avant de s'exécuter. Le péruvien observa alors Azylis avant qu'elle ne se décide enfin à parler. « Bon j’avoue… Peut-être que la fierté masculine de certains s’en est pris un coup ce soir. Mais il y avait cet espèce d’énergumène qui criait à haut et fort qu’il n’avait jamais été battu à un jeu d’alcool… » il sentait déjà l'agacement d'Azylis à ce moment de son récit... il eut un petit sourire, beaucoup de gens le voyaient comme une sorte de macho, il ne trouvait pas, il était juste protecteur envers les femmes, très gauchement mais bon, les interactions humaines étaient toujours compliqué pour lui. « Tout ça parce qu’il venait de gagner contre un mec qui semblait déjà mal avant même de boire… Du coup, tu me connais… » il pouffa de rire, il voyait déjà la scène de loin, elle était sans doute montée sur ses grands chevaux et avait voulu prouver qu'il avait tord. « … j’ai voulu rétablir la vérité ! Et on a joué… Puis bah il a perdu hein. Donc là, il doit être en train de vomir quelque part dans la rue… » « En gros, tu as rétabli l'honneur des femmes en une soirée, bravo » il tapa dans ses mains pour donner de l'emphase à ses propos. Ils reçurent leur boisson respective et Hugo leva son verre pour trinquer. « Cheers » lança-t-il avec un certain entrain, il était plus facile d'être normal avec elle qu'avec n'importe qui d'autres. Il but une longue gorgée histoire de se réhydrater « Et maintenant, tu m'expliques pourquoi y a pas un gars collant à tes trousses ? Personne n'a succombé à ton charme fou ce soir ? » demanda Hugo en arquant un sourcil de façon moqueuse.

En arrivant aux Etats-Unis, Azylis avait pris gout à la fête. D’abord de par le métier qu’elle avait exercé en arrivant directement d’Ukraine : call-girl. Elle avait dû se montrer à bon nombre de soirées, accrochées au bras de certains hommes d’affaires –plus ou moins recommandables- qui préféraient se montrer avec une call-girl que seul. Surtout quand la call-girl avec le physique d’Azylis. Elle avait rapidement pris goût à ce mode de vie. Les soirées, l’argent qui coulaient à flot, et les cadeaux qu’elle se voyait offrir seulement pour se montrer. Et puis elle avait découvert les véritables boites de nuit, où se retrouvait la jeunesse new yorkaise en pleine ascension. Alors même lorsqu’elle avait pris son courage à deux mains pour quitter ce qui lui servait de gagne-pain, et dont on ne sortait pas si facilement que ça, elle n’avait pas renoncé à cette habitude de sortir qui s’était désormais installée chez elle. Azylis raconta alors à son ami –oui, Hugo était son ami, et c’était plutôt étonnant lorsque l’on connaissait les caractères des deux jeunes gens- qu’elle revenait juste de greenwich village, d’un bar situé dans le centre, accompagnée d’une de ses anciennes collègues. « Et t'as perdu ton ancienne collègue exprès qu'elle ne soit plus avec toi ? Tu ne voulais pas me la présenter hein ? » Un sourire faussement angélique s’afficha sur les lèvres de la jeune femme avant qu’elle ne se morde malicieusement la lèvre inférieure. « En fait… Je l’ai bien fait exprès… Mais plutôt pour que je ne te présente pas à elle. Oui je suis très possessive comme fille » expliqua-t-elle, amusée. A vrai dire, elle connaissait assez son ex-collègue pour savoir comment se serait passé la scène. Enfin, elle n’en voyait pas l’issu, mais elle pouvait aisément imaginer sa réaction en découvrant Hugo. Autant, elle n’était pas bien difficile lorsqu’il s’agissait des clients qu’elle devait se taper, que lorsqu’il s’agissait d’un coup comme ça, ou d’une relation plus longue, mademoiselle faisait la fine bouche. Et elle savait pertinemment qu’Hugo était son type. Physiquement du moins. Parce que ce n’était pas sûr qu’ensuite, elle ne le fasse pas fuir par son excès de bavardage.
Arrivée au comptoir du bar, la jeune Ukrainienne commanda son éternelle vodka citron. Elle ne venait pas des pays de l’Est pour rien. « Bière, et c'est pour moi les deux commandes » Azylis sourit à son ami, reconnaissante de n’avoir à rien payer avant d’enchainer son récit de début de soirée, ou comment elle avait réussi, par un jeu d’alcool à briser l’ego d’un gars dont elle se foutait éperdument. Elle était partie du principe que s’il se vantait tellement sur ses capacités à tenir l’alcool, c’est qu’il avait bel et bien un minimum de résistance, et par conséquent, qu’il y aurait un peu de difficultés à le défier. Que nenni. Une vraie lopette. Bref, que dalle, il n’avait absolument rien dans le ventre. Du moins rien de bien solide. « En gros, tu as rétabli l'honneur des femmes en une soirée, bravo » lança Hugo en frappant dans ses mains, ce qu’Azylis approuva d’un fier signe de tête. « C’est ça ! » Leurs boissons arrivèrent au même moment. La jeune femme attrapa son verre, « Cheers » lança Hugo tandis qu’Azylis levait son verre en guise de réponse.  « Et maintenant, tu m'expliques pourquoi y a pas un gars collant à tes trousses ? Personne n'a succombé à ton charme fou ce soir ? » La jolie blonde se renfrogna légèrement en se rappelant la raison de son escapade nocturne : oublier Alec. Ou en tout cas se le sortir pour une durée plus ou moins longue de sa petite tête. « Personne » répondit-elle en secouant la tête de gauche à droite comme une enfant. Elle fronça alors les sourcils « Peut-être que je commence à me faire vieille. Ou peut-être que je ne les remarque même plus parce que j’ai l’autre idiot en tête. » L’autre idiot, c’était bien évidemment Alec. Sans doute la deuxième hypothèse était la plus plausible mais Azylis secoua la tête.  « Peu importe. La vraie question est plutôt… Pourquoi je suis encore la seule fille à te parler, pourquoi n’ai-je pas à me battre pour avoir ton  attention ? » demanda-t-elle taquine. Hugo était attirant, n’importe quelle femme pouvait l’affirmer, et pourtant, aucune ne semblait vouloir capter son attention.

Les amis d'Hugo se comptait sur le doigt d'une main, et encore, Hugo les considérait comme ses amis, mais il ne se livrait pas facilement, loin de là. Il était très... secret, il ne le faisait pas exprès, il comprenait juste que sa vie était tellement difficile à comprendre que les gens ne saisissait pas ce par quoi il était passé. Puis après, ils éprouvaient une sorte de pitié pour lui et ça le mettait en rogne, il n'était pas triste ou déçu, il ne se sentait pas plus mal qu'un autre, il n'avait même pas les mêmes priorités que les autres, tout ce qui lui importait à lui c'était de mourir au combat, ce serait son salut. C'était pour ça que pour lui, New York c'était comme des vacances, il pouvait presque dormir tranquillement ici, il pouvait presque se promener en n'étant pas sur ses gardes, cela dit, il avait vécu plus de la moitié de sa vie dans la terreur d'exploser en marchant sur une mine ou en ayant peur d'être fait prisonnier et torturé... il ne pouvait juste pas se montrer confiant de façon soudaine, ça prenait du temps. Et il lui avait aussi fallut du temps pour lier une amitié sincère avec Azylis, mais aujourd'hui, il pouvait dire qu'elle était sa meilleure amie, celle qu'il avait envie de protéger en permanence, il pouvait se permettre d'être plus léger avec elle. « En fait… Je l’ai bien fait exprès… Mais plutôt pour que je ne te présente pas à elle. Oui je suis très possessive comme fille » il sourit avant de la pousser avec son épaule. « Tu sais bien que je suis à toi quand tu es là parce que je suis merveilleux comme ça ! » lança-t-il avec le regard pétillant d'amusement. C'était si simple d'être avec elle, en plus, il n'y avait jamais eu de tension sexuelle ou autre connerie du genre entre eux, ils étaient "amis" et se respectaient trop pour tout gâcher bêtement.

La conversion était simple, ils ne se prenaient pas la tête, loin de là, ils étaient détendus l'un envers l'autre et Hugo se sentait réellement à son aise, chose très rare, Azylis faisait ressortir le meilleur de lui, il l'avait déjà constaté et il ne s'en plaignait pas. C'était agréable de voir qu'il pouvait s'attacher à quelqu'un d'autre et qu'une personne tenait à lui. Ils trinquèrent ensemble une fois qu'ils furent servis et Hugo s'assura que la soirée de la blonde se soit bien déroulée, il savait qu'elle était passée par une relation compliquée et il n'aimait pas trop la voir maussade, son sourire lui allait bien mieux. Donc il comprenait pourquoi elle sortait en ce moment : dans le but de se changer les idées... mais il n'était pas certain que cela marche réellement. Il demanda donc si quelqu'un avait succombé à son charme et l'ukrainienne se renfrogna, visiblement, il avait touché la corde sensible. « Personne » il eut un petit sourire en coin avant de tendre la main vers Azylis, son index se posa sur le froncement de sourcil de la blonde, pour l'effacer d'un geste délicat. « Peut-être que je commence à me faire vieille. Ou peut-être que je ne les remarque même plus parce que j’ai l’autre idiot en tête. » « Si tu continues d'autant froncer les sourcils, c'est sûr que tu auras des rides avant l'âge » lui signala alors le péruvien avant de boire une longue gorgée de sa tête. « On est à New York, le fait qu'il soit "quelque part" dans le coin n'aide pas Azylis, ça prend du temps... surtout que... enfin... » il ne savait pas trop parlé des trucs de couple, il avait un peu du mal, mais il espérait qu'Azylis avait tout de même compris ce qu'il avait voulu dire malgré son manque de bons mots. « Peu importe. La vraie question est plutôt… Pourquoi je suis encore la seule fille à te parler, pourquoi n’ai-je pas à me battre pour avoir ton attention ? » Hugo eut un grand sourire avant de prendre un petit air innocent. « J'ai une stratégie en fait. J'ai remarqué que quand je ne souriais pas et que je plissais le regard, ça effrayait un peu les femmes. Après, il y a toujours des téméraires, quand elles me draguent, je me contente de ne pas leur répondre » expliqua alors le jeune homme de façon très simple. Mais pour appuyer ses mots, il lui montra son regard le plus assassin qu'il avait en stock. Au bout de 10 secondes, un sourire fendit son visage et il fit un clin d'oeil à son amie. « Les relations humaines sont trop compliquées pour moi » décréta-t-il simplement en se passant la main dans les cheveux. Il y avait tant de règles. Parfois, il écoutait ses collègues et well... non, ça semblait tellement contraignant d'avoir une autre personne. Des secrets, des codes qu'il ne comprenait pas. Puis ce besoin de se "voir", lui n'avait jamais ressenti le manque de personne ou le besoin de voir quelqu'un. Si les personnes étaient là avec lui, tant mieux, si pas, tant pis. C'était sa façon d'être et il ne pouvait pas se changer.

Ramener sa collègue ici aurait pu être une erreur… ou alors un véritable sketech. Hugo l’aurait sans doute refouler, ce qui aurait amusé la jolie blonde puisqu’elle savait que son amie aurait insisté, ne prenant en aucun non, pour une réponse. Hugo lui donna un léger coup d’épaule. « Tu sais bien que je suis à toi quand tu es là parce que je suis merveilleux comme ça ! » L’ukrainienne ne put s’empêcher de sourire, avant de hausser les épaules. « Je préférais m’en assurer. » lança-t-elle avec un grand sourire. Etre en compagnie d’Hugo n’était pas compliqué. Ca l’était beaucoup moins qu’avec Alec. Moins de questions, donc moins de prises de tête, moins de jalousie aussi… Même si Azylis était du genre possessive avec ses amis, c’était le genre de choses qui n’avait pas lieu d’être avec Hugo. La raison ? Les contacts humains n’étaient franchement pas son fort… Alors son cercle d’amis, ou son entourage, appelez ça comme vous voulez, était assez restreint, et elle pouvait être sûre de ne pas se faire déranger par une jeune écervelée venue attirer son attention. Il les tenait à distance.

Une fois servis, les deux amis trinquèrent, et Azylis but une gorgée de sa boisson. A force d’avoir enchainée les verres ce soir, sa vodka citron actuelle lui semblait bien douce et sucrée. Ils entamèrent rapidement la conversation sur le début de soirée de la blonde ou plutôt l’humiliation qu’elle avait fait subir à la gente masculine. Comme une petite revanche prise sur ce que le jeune Carter lui avait fait subir… que ça soit de son propre chef ou non d’ailleurs. Hugo n’avait d’ailleurs pas besoin d’être devin pour savoir qu’il avait touché un point sensible en parlant de son succès auprès de la gente masculine. Son visage se ferma quelque peu, malgré elle, fronçant les sourcils à la pensée de l’héritier Carter. Elle sentit alors le doigt d’Hugo se poser délicatement sur son froncement de sourcils, tentant de l’effacer « Si tu continues d'autant froncer les sourcils, c'est sûr que tu auras des rides avant l'âge » Elle sourit, touchée par son attention et son inquiétude. « Ca serait bête qu’on gâche ce visage hein ? » lacha-t-elle sarcastique, « On est à New York, le fait qu'il soit "quelque part" dans le coin n'aide pas Azylis, ça prend du temps... surtout que... enfin... » Il n’avait pas besoin d’en dire plus, elle avait compris. Elle hocha la tête, comme pour lui faire comprendre qu’elle avait capté où il voulait en venir. Sa relation avec Alec n’avait jamais été saine, et si jamais un avenir leur était réservé, elle doutait que ça le devienne. Ils n’étaient pas comme ça, ils attiraient la complication, puisqu’eux même n’avaient jamais donné dans la simplicité. Sans doute de par leurs passés respectifs. Et puis, il était vrai que le savoir pas si loin d’elle, n’aidait en rien. Elle connaissait son adresse, elle passait parfois dans son quartier, et il n’était pas rare que parfois, elle espérait l’y croiser… Comme ça, juste par hasard. New York avait beau être une grande ville, mais lorsqu’il s’agissait d’affaires de cœur, elle devenait bien trop petite. Azylis porta cependant bien vite la conversation sur son ami plutôt que sur sa vie sentimentale, lui demandant à son tour ce qu’il faisait sans une horde de jeunes femmes collées à lui. « J'ai une stratégie en fait. J'ai remarqué que quand je ne souriais pas et que je plissais le regard, ça effrayait un peu les femmes. Après, il y a toujours des téméraires, quand elles me draguent, je me contente de ne pas leur répondre » La jolie blonde éclata d’un rire franc et sincère, avant de voir Hugo faire sa tête de tueur, censé être effrayante. Elle rigola de plus bel pour finalement recevoir un clin d’œil de la part de son ami « Ok, faudra vraiment que je vois ça ! » Elle imaginait très bien la scène et ne savait pas si elle devait être amusée en imaginant le refus subit par la gente masculine ou une certaine pitié. « Les relations humaines sont trop compliquées pour moi » conclu-t-il finalement. Et elle ne pouvait qu’être entièrement d’accord avec lui. Seulement pouvait-elle y renoncer ? Sans doute pas. Pas avec Alec en tout cas. Au fond, elle avait besoin de lui, elle le savait. Tout comme elle avait besoin de cet adorable énergumène assis à côté d’elle. Il la faisait se sentir bien et pas en marge de la société. « Ca doit être bien plus simple pour toi du coup. Enfin, au moins… Pas de prises de tête. »  dit-elle avant de boire une gorgée de son whisky. « Je croyais pendant longtemps, avoir un truc qui me faisait défaut… tu sais, ce qu’ils appellent le cœur… » ajouta-t-elle en rigolant. « … apparemment je me suis plantée, Carter m’en a donné la preuve. »