❝ far from the waves❞

Même si Toni ne vivait à New York que depuis quelques mois, la jeune femme avait déjà pris quelques habitudes qui l'avaient elle-même surprise. Habituée aux grands espaces, élevée dans une ville florale et passant son temps sur les grandes plages de Surfer's Paradise, la brune avait d'abord eu du mal à s'habituer à cette grande ville où les espaces verts se faisaient rare, mais fort heureusement, c'était dans le quartier de l'Upper West Side que son frère les avait fait atterrir et, comme elle travaillait à Yorville, Toni avait droit à son bol d'air relativement frais puisqu'elle traversait Central Park deux fois par jour, presque tous les jours, depuis qu'elle avait réussi à obtenir ce travail dans une boutique de fleuriste. Au début, elle avait bien vu que le patron était perplexe de la voir débarquer avec un CV pour le moins original : elle avait à peine terminé le lycée, avait des expériences de serveuse, un diplôme de professorat de surf et une carrière dans ce domaine, mais rien qui se rapporte de près ou de loin aux fleurs ; et pourtant, Toni était incollable sur le sujet. En même temps, elle avait passé son enfance le nez fourré dans les affaires de ses défunts parents, de qui elle essayait désespérément d'être proche d'une certaine façon. C'était comme ça qu'elle avait trouvé les notes de son père, botaniste de profession de son vivant. En plus de s'y connaître en fleurs en général, la jeune femme avait également une grande connaissance des plantes originales et exotiques, et lorsque le patron avait tenté de l'interroger pour la piéger, il n'avait eu d'autres choix que d'admettre que pour sa boutique située en plein cœur de l'Upper East Side, où les clients avaient parfois des requêtes très spéciales, Toni était un véritable atout. Elle... elle voulait juste se prévenir de l'ennui. Au début, elle était venue habiter avec Adrian sans autre idée en tête que de s'éloigner de l'Australie, de Neil et du surf, seulement sûre de ne pas vouloir reprendre des études. Elle avait d'abord donc partagé son temps entre la nage (un passe-temps qu'elle partageait avec son frère Jackson, nageur professionnel) dans l'une des piscines de son quartier, la photographie (comme pour la botanique, cette passion lui venait des photos prises par sa mère) et... la farniente, il fallait bien l'avouer. Lorsqu'elle n'en avait plus pu, elle était partie à la recherche d'un emploi pouvant occuper son temps & lorsqu'elle était passée devant cette boutique de fleurs, elle n'avait pas hésité. Nouvelle coiffure, nouvel emploi, Toni avait parfois l'impression d'être une autre personne... et il fallait avouer que ça la soulageait, dans un sens. Brune de naissance, c'était pourtant en blonde qu'elle avait été la plus connue, lorsqu'elle surfait ; ses longs cheveux blonds étaient en quelque sorte sa marque de fabrique, et lorsqu'elle avait dû abandonner sa carrière – pour un temps, insistait-elle pourtant à se dire à chaque fois qu'elle y pensait -, elle était retournée au brun en espérant que personne ne viendrait la retrouver. Pas qu'elle ai honte, juste... elle n'aimait pas qu'on lui rappelle qu'elle ne pouvait plus surfer pour avoir voulu aller contre les avis médicaux. « Voila votre mimosa doré ! » déclara la jeune femme tout sourire en tendant le bouquet que sa cliente venait de lui demander.

Ethan traînait à gauche comme à droite dans la grande ville qu'était New York. Sans emploi, sans amis et pratiquement sans famille, on aurait pu dire qu'il n'était qu'une ombre, qu'un fantôme au milieu de nulle part, sauf qu'il se complaisait dans cette situation. Il n'avait besoin de personne, vivait comme bon lui semblait et espérait garder ce train de vie durant au moins une bonne trentaine d'années, sauf que sa santé, s'il continuait à autant boire, sortir et fumer, ne lui permettrait pas d'atteindre cette espérance de vie sans passer par la case "cancer" et "arrêts cardiaques". Néanmoins, le jeune homme continuait sa vie comme si de rien était, profitant de l'argent des autres, pourrissant les santés d'une trentaine de personnes à New York. Son indifférence pour ces sujets était remarquable. Il ne pensait que pour lui et ne s'excusait aucunement lorsqu'on venait se plaindre qu'un ami ou un cousin était décédé d'une overdose à cause de ce qu'il avait vendu en trop grande quantité. Pourquoi se morfondre à penser que c'était de sa faute ? Lui n'était que le passeur. Le véritable fautif était celui qui avait consommé. N'allez pas croire que c'était sa façon de se consoler. La vérité, aussi triste qu'elle pouvait être, était qu'il pensait véritablement ainsi. Et qu'il n'avait aucun regret.
Aujourd'hui, il était sorti dans l'idée d'acheter une nouvelle pièce à l'un de ces ordinateurs, mais regrettait. Le beau soleil de qui éclairait la ville l'éblouissait et lui donnait un mal de tête épouvantable au point qu'il détestait ses journées, ce qui était assez paradoxal lorsqu'on savait qu'il avait vécu 18 ans à Los Angeles, et non à Seattle, ville réputée pour son temps "absolument dégueulasse" si l'on utilisait ses propres mots. Ethan descendit du métro sur l'Upper East Side. C'était un quartier qu'il aimait particulièrement, parce qu'il arrivait à prendre beaucoup de cartes bancaires avec la faculté "American Express". Autrement dit: cartes bleues à gros budgets. Il longea les immeubles, les mains dans les poches, regardant la jeunesse dorée se plaindre du retard de leur chauffeur. Alors qu'il s'apprêtait à traverser, il remarqua par une vitrine, une jeune femme brune s'occuper de plantes. Il s'arrêta dans sa marche, et regarda avec plus d'attention. Il connaissait ce visage. Il l'avait déjà vu... Il sortit son portable, appuya sur l'application d'un magazine de surf, chercha dans les archives et tomba sur un gros titre qui l'interpella: "Toni Cameron, jeune surfeuse talentueuse en retraite". Il fit glisser l'article et tomba sur la photo d'une jeune femme blonde et souriante. Il releva son regard sombre vers la vitrine et observa à nouveau la jeune femme. Lentement, alors qu'elle lui faisait face, il plaça son smart phone à côté du visage de l'intéressée, puis haussa un sourcil d'étonnement en comparant les deux visages qui s'offraient à lui. Toni Cameron en brune, travaillant chez un fleuriste, et en plus à New York. Que le monde était petit...
La cliente qu'elle semblait servir paya son dû et sortit d'un air impérial, cet air qu'ils avaient tous dans l'Upper East Side. Ethan entra sans hésitation dans le magasin. Il s'approcha du comptoir en regardant les fleurs, et dit d'un ton assez ironique: "- Elle est loin cette époque de surf sur les plages californiennes, n'est ce pas Toni Cameron ?". Bien sûr qu'il savait ce qu'il lui était arrivée. Il avait apprit comme tout le monde avant de décider de partir loin de Los Angeles. En même temps, il avait été difficile de ne pas avoir vu la nouvelle s'étaler sur les magazines de surf. En fin de compte, leur départ s'était fait en même temps: lui était parti parce qu'il avait envi de changement, elle parce que sa passion ne la retenait plus sur place. Ethan pensait que depuis le temps, elle serait rentrée en Australie et y serait restée, mais ce n'était apparemment pas le cas. "- De blonde à brune, de surfeuse, à fleuriste. J'ai comme l'impression qu'il s'est passé pas mal des choses ces dernières années. Tu m'expliques ?" Lui demanda-t-il en se tournant vers la jolie brune. Aussi surprenant que cela puisse être dans une vie social telle que la sienne, il gardait un bon souvenir de Toni. Il avait aimé son esprit compétitif à toute épreuve et son envie d'être toujours la meilleure dans le surf. C'était là qu'ils se séparaient. Ethan ne surfait que pour le plaisir, aimait remporter des prix lors de compétitions, mais ne voulait pas faire plus. Il avait gardé sa planche, mais elle était dans un coin de son appartement, et il avait même prévu de la vendre, ne sachant plus quoi en faire.

❝ far from the waves❞

Toni aimait particulièrement passer du temps dans la boutique de fleuriste dans laquelle elle travaillait. Même lorsqu'elle ne devait pas couper les fleurs, la jeune femme était toujours entourée par le mélange des odeurs qu'elles dégageaient tout autour d'elle et ça lui donnait l'impression d'être constamment dans un paradis nasal. Au moins, ici, elle était zen, au chaud, protégée de la pollution de la ville qui avait déjà fait des ravages sur ses poumons, et elle pouvait travailler au contact de quelque chose qui lui plaisait vraiment : les fleurs. La botanique avait été la passion de son père avant d'être la sienne et, à vrai dire, Toni n'avait jamais vu celui-ci à l'ouvrage. Il était mort quelques mois avant sa naissance, mais le jour où elle avait trouvé toutes ses notes... ça avait été une révélation. Avant de se mettre à faire tout plein d'enfants, ses parents avaient voyagé et son père avait notamment beaucoup élargi ses recherches sur les plantes et les fleurs exotiques ; d'ailleurs, Toni était particulièrement calé sur tout ce qui touchait aux plantes de son continent natal. Quand elle travaillait, elle en oubliait même sa passion première, celle qu'elle avait dû taire depuis son dernier accident : le surf. Elle n'était pas remontée une planche depuis maintenant un an... et ça ne lui avait jamais autant manqué que ces derniers temps, alors elle faisait en sorte d'être toujours occupée, au travail ou à se balader avec son appareil photo ici et là, pour ne jamais avoir à penser au temps où elle surfait sur les vagues du monde entier & où elle se complaisait à vivre au même rythme que les marées. « Elle est loin cette époque de surf sur les plages californiennes, n'est ce pas Toni Cameron ? » entendit-elle subitement une voix l'interpeller après qu'elle eut servi une habituée de la boutique. Surprise, la jeune femme qui s'était retournée pour ranger l'argent dans sa caisse fit de nouveau volte-face et tomba nez à nez avec Ethan Davis, dont elle pensait bien avoir reconnu la voix. La dernière fois qu'elle l'avait vu, c'était... il y avait un bon moment, oui. Elle avait rencontré le jeune homme à l'époque où elle entrait dans les compétitions, et où elle avait eu tout le loisir d'admirer le savoir-faire du jeune homme lorsque, fille, elle était sur la touche pendant qu'il combattait ses pairs. Depuis qu'elle avait eu son accident & qu'elle avait été forcé de quitter ce monde, Toni n'avait pas vraiment « honte » mais elle n'en parlait pas vraiment aux gens qu'elle rencontrait ici... parce qu'elle ne se sentait tout simplement plus la même personne. « De blonde à brune, de surfeuse, à fleuriste. J'ai comme l'impression qu'il s'est passé pas mal des choses ces dernières années. Tu m'expliques ? » lui demanda encore le jeune homme alors qu'elle restait bloquée devant lui. Laissant passer sa surprise, l'australienne lui adressa finalement un large sourire : même si elle était loin de ce monde aujourd'hui, il lui manquait plus que jamais en ce moment & recroiser un autre surfeur de cette époque ne faisait que lui rappeler plein de souvenirs. « Aha, oui, ça n'a plus grand chose à voir ! » avoua-t-elle en riant. Il fallait avouer qu'il était plus facile pour elle de se déplacer en brune, vu que sa couleur blonde était particulièrement claire et attirait l'oeil, mais le brun était sa couleur naturelle. « J'ai eu un accident, ça m'étonne que tu n'en ai pas entendu parler, tout le monde ne parlait que de ça... » continua-t-elle avant de lever les yeux au ciel : elle n'avait jamais porté attention aux commérages et aux jugements. « Depuis, je suis ici... mais ça me plaît vraiment ! » s'exclama-t-elle. « Et je suis encore plus surprise de te voir ici ! Qu'est-ce qui t'amène à New York, ça fait longtemps que tu es là ? Qu'est-ce que tu fais, maintenant ? » demanda-t-elle, tout sourire.

Ethan était entré chez le fleuriste. Mentionner ce fait pouvait paraître étrange lorsqu'on connaissait bien le personnage. En fait, il avait horreur des fleurs. Ce n'était pas que ça le dérangeait d'en avoir (c'était sympas quand on en prenait soin) mais partout où il y avait des fleurs, il y avait des femmes, et donc souvent une vie de couple ce qu'il avait du mal à concrétiser dans son esprit. Difficile pour lui de s'imaginer partager sa vie avec quelqu'un dans plusieurs années, ou pire, devenir père. Rien que cette idée le faisait frissonner. Les enfants, c'était bien, mais loin de lui et chez les autres. S'il y avait bien quelque chose dont il était sûr, c'est qu'il n'avait aucunement l'envie d'être père et encore moins le savoir-faire, même si on disait souvent que ça s'apprenait sur le fait. La solitude lui convenait parfaitement, et d'ailleurs il n'avait pas vraiment d'amis. Ce n'était que des connaissances, ou des connaissances proches, mais jamais des personnes à qui il aurait pu se confier. L'idée même qu'il puisse se reposer sur l'épaule de quelqu'un l'effrayait, parce qu'il n'avait confiance qu'en lui-même.

Ethan était entré dans le magasin en ayant reconnu Toni Cameron, une jeune femme qui autre fois faisait du surf avec lui. Il n'était pas remonté sur une planche depuis quelques années maintenant. Il n'en avait pas vraiment envie, parce que cela voulait dire qu'il devait retourner en Californie (il y avait beaucoup d'autres endroits mais il ne se voyait pas faire du surf autre part). La Californie, bien que ça lui plaisait énormément, lui rappelait des tas de souvenirs qu'il préférait garder dans un coin de sa tête, comme par exemple son "sympathique" beau-père et sa fille. En attendant, il préférait rester à New York et vaguer à ses occupations habituelles.
Lorsqu'il vit Toni, il lui demanda ce qu'il s'était passé pour qu'elle passe de blonde à brune, de surfeuse à fleuriste et lui fit également remarquer que l'époque ou elle surfait semblait révolue. La jeune femme fut surprise de son intervention inattendue dans sa boutique. Après quelques secondes durant lequel elle restait à le regarder (peut-être pour le reconnaître) elle eut un large sourire et finit par rire: «- Aha, oui, ça n'a plus grand chose à voir ! », lui répondit-elle en terminant de placer l'argent dans sa caisse. Le garçon acquiesça en regardant ses longs cheveux bruns. Évidement que ça n'avait plus rien avoir, elle était passée de "blonde californienne" (ou plutôt "australienne" dans son cas) à brune chocolat. Ethan l'avait toujours vu en blonde, et il avait l'impression de ne plus vraiment s'adresser à la même personne. "- J'aimais bien quand t'étais en blonde, au moins, ça bannissait l'indifférence."lui répondit-il en la contemplant. Ses cheveux blonds avaient toujours eut le don d'attirer les regards. « J'ai eu un accident, ça m'étonne que tu n'en ai pas entendu parler, tout le monde ne parlait que de ça...», reprit Toni en levant les yeux au ciel. "- Comment j'aurais pu ne pas être au courant ? On ne parlait QUE de ça dans les magazines de surf. Tu m'as au moins gâché une bonne dizaine d'exemplaires avec tes bêtises." lui répondit-il avec un sourire.
« Depuis, je suis ici... mais ça me plaît vraiment ! », finit-elle par dire avec enthousiasme, pendant qu'il faisait un tour du magasin en regardant un gigantesque bouquet de fleures exotiques. Il haussa un sourcil à sa dernière phrase. Elle n'avait pas envie de partir au soleil ? Il aurait pourtant mît sa main à couper que ça aurait été le cas. "- Tu veux pas repartir en Australie ?" Lui demanda-t-il en reprenant sa contemplation de ce bouquet gigantesque faisait pratiquement la taille de salle de bain. Il y avait vraiment des gens qui avaient les moyens de s'acheter des trucs pareils ?
« Je suis encore plus surprise de te voir ici ! Qu'est-ce qui t'amène à New York, ça fait longtemps que tu es là ? Qu'est-ce que tu fais, maintenant ? » demanda Toni avec intérêt. Hum. Qu'est-ce qu'il pouvait vient peindre à ça ? "Salut, moi c'est Ethan, j'ai emménagé à New York parce que je ne supporte plus mon beau père et parce que j'ai couché avec sa fille, maintenant je deale et je pirate des logiciels." Pas vraiment top comme présentation. Comme d'habitude, il allait dire la moitié de la vérité: "- Je me sus installé à New York sur un coup de tête. Et je travaille sur des logiciels."

❝ far from the waves❞

Pour le coup, Toni était vraiment surprise de voir quelqu'un qu'elle connaissait de son « ancienne vie » ici, maintenant. Elle vivait à New York depuis maintenant plusieurs mois et jusqu'à présent, notamment grâce à la couleur de ses cheveux, elle avait réussi à passer inaperçu face à ses éventuels admirateurs, ou à toute personne qu'elle ai pu connaître à cette époque pour avoir fait des compétitions avec eux ou autre. « J'aimais bien quand t'étais en blonde, au moins, ça bannissait l'indifférence. » Pour le coup, Ethan avait bien raison : à l'époque où elle était d'un blond centré et clair éclatant, elle attirait absolument tous les regards. Certains se demandaient si c'était sa véritable couleur, d'autres savaient que c'était sa marque de fabrique, la reconnaissaient ainsi de loin... « C'était justement le but. » lui expliqua donc Toni en souriant, enchaînant bien vite sur les raisons qui l'avaient poussée à quitter le monde du surf. « Comment j'aurais pu ne pas être au courant ? On ne parlait QUE de ça dans les magazines de surf. Tu m'as au moins gâché une bonne dizaine d'exemplaires avec tes bêtises. » Ethan disait ça avec humour, et Toni lui répondit par un sourire. A vrai dire, la jeune femme ne considérait pas du tout qu'elle avait fait une bêtise. Beaucoup de gens, son frère aîné Neil le premier, la blâmaient pour avoir repris le surf après leur accident de bateau, sans en avoir vraiment parlé avec un spécialiste avant. Elle se pensait prête, elle avait suivi son cœur et à ses yeux, elle ne pouvait pas regretter. Le surf lui manquait trop, si ça n'avait pas été ça, elle serait devenue totalement folle d'être restée sans rien faire. Maintenant, bien sûr que le surf lui manquait toujours, mais elle ne regrettait rien. « Oh, pardon ! La prochaine fois, je serais plus discrète ! » répliqua Toni avec le même humour, ne doutant de toute façon pas qu'elle allait retrouver sa place sur sa planche bien assez vite. « Tu veux pas repartir en Australie ? » Rapidement, Toni nia de la tête ; même si elle adorait les paysages & l'endroit où elle avait passé la plus grande partie de sa vie, elle était désormais synonyme des conflits qui l'opposaient quotidiennement à Neil. « Non, enfin pas pour le moment en tout cas. Je suis bien, ici ! » répéta-t-elle en hochant la tête. « Je me suis installé à New York sur un coup de tête. Et je travaille sur des logiciels. » lui répondit finalement Ethan lorsqu'elle lui demanda, tout aussi surprise, ce qui l'amenait à New York. « Oh, ça aussi c'est bien loin du surfeur ! Est-ce qu'il y a assez de compétition dans le domaine ? T'as totalement arrêté le surf, alors ? »

"- J'aimais bien quand t'étais en blonde, au moins, ça bannissait l'indifférence" fit remarquer Ethan en regardant la jeune femme. Il se souvenait bien qu'elle ne passait pas inaperçu à Los Angeles, que ce soit sur les plages ou parmis son groupe d'amis qui surfaient avec lui. Il lui semblait qu'elle avait toujours voulu attirer l'attention, sauf qu'en la connaissant un peu plus, il s'était rendu compte que ce n'était pas son but premier. Même si cette couleur tape à l'œil ramenait tous les regards vers elle, elle ne se mettait pas en avant comme l'aurait fait les autres filles. Certes, les amis d'Ethan jouaient toujours du coude en la voyant et se lançaient des taquineries lorsqu'elle pointait le bout de son nez, mais au final, elle n'y prêtait pas vraiment attention. « C'était justement le but», dit-elle en lui expliquant ensuite toutes les raisons qui l'avait poussé à arrêter le surf. Ethan plaisanta en lui affirmant qu'il n'aurait pas pu rater une information pareille. « Oh, pardon ! La prochaine fois, je serais plus discrète ! » Elle lui répondit par un sourire, mais il se demanda si elle le faisait par politesse ou si vraiment elle était sincère. Même s'il connaissait les raisons de son arrêt pour le surf, certaines zones restaient encore obscures. "- Être discrète ne sert à rien dans ces cas là, il faut tout simplement être prudent. Tu sais quand tu reprendras le surf ?" demanda Ethan en lui demandant directement si elle voulait retourner en Australie. Elle nia de la tête ce qui l'étonna. « Non, enfin pas pour le moment en tout cas. Je suis bien, ici ! »
Il ne savait pas si c'était l'habitude de la voir sur les plages ou tout simplement parce qu' il la voyait exclusivement bronzée, mais il avait l'impression qu'elle ne trouvait pas sa place ici. Du moins, c'est ce qu'il pensait, peut-être la jeune femme était-elle vraiment heureuse, mais en attendant il avait l'impression qu'elle se mentait à elle même. Parce que c'était un peu son cas à lui. Il n'avait nulle part où aller, et pourtant il avait cette sensation de ne pas vraiment être ici chez lui. "- Tu ne regrettes rien ? Pas le sable blanc, ni même les vagues ? Tu préfères rester dans la grisaille perpétuelle de New York ?" répéta-t-il comme s'il avait l'intention de la faire douter dans ses dires. Si c'était le cas, au moins, il se sentirait moins seul.
Toni Cameron enchaîna sur sa "profession" qu'il venait d'inventer. C'est vrai que ça se rapprochait de la vérité, mais ça ne l'était pas. De toute façon, avec toutes les craques qu'il avait dit dans sa vie, il n'était plus à un mensonge près. « Oh, ça aussi c'est bien loin du surfeur ! Est-ce qu'il y a assez de compétition dans le domaine ? T'as totalement arrêté le surf, alors ? » lui demanda-t-elle avec enthousiasme. Comme Ethan avait l'habitude de mentir et qu'il s'empêtrait rarement dans ses mensonges, il lui répondit presque immédiatement: "- Non ça va, il n'y a pas trop de complétion. Le domaine est assez vide sur cette profession" lui dit-il en souriant intérieurement. Si il gagnait de l'argent aussi vite qu'il baratinait, il serait déjà milliardaire. "Le surf, j'ai complètement arrêté. Ma planche est dans le coin de mon salon. Parfois ça m'arrive de l'utiliser comme planche à repasser, mais la pauvre reste la plus part du temps inactive." répondit-il en pensant que faire un bref aller retour sur Los Angeles lui ferait le plus grand bien, à condition qu'il ne croise pas son beau-père et sa mère. "- Tu devrais me dire quand tu seras rétablie, comme ça, on ferait du surf ensemble, comme avant. Et cette fois, pas en compétition."

❝ far from the waves❞

« Être discrète ne sert à rien dans ces cas là, il faut tout simplement être prudent. Tu sais quand tu reprendras le surf ? » Toni s'abstint de répondre au jeune homme ; elle savait qu'elle avait été imprudente ce jour là, en décidant de reprendre la compétition contre tous les avis. Pourtant, en entraînement, tout s'était bien passé ! Elle avait toujours cette faiblesse à la cheville, mais elle gérait ; c'était pendant la compétition que tout avait tourné au cauchemar et que sa cheville avait été de nouveau gravement éprouvée, lui fermant de nouveau les portes du monde du surf. Et pourtant, elle ne pouvait pas se résoudre à regretter son action, elle se souvenait être en train de devenir vraiment folle à ne pas pouvoir surfer. « Tu ne regrettes rien ? Pas le sable blanc, ni même les vagues ? Tu préfères rester dans la grisaille perpétuelle de New York ? » Toni leva les yeux au ciel. « Oh t'es vraiment défaitiste ! Il ne fais pas TOUT LE TEMPS gris à New York, il fait vraiment chaud en été ! Et puis, il y a des plages... » argumenta-t-elle, tout sourire. « Non vraiment, je t'assure, ça ne me manque pas, je pense que j'avais de toute façon besoin de changement, et New York est l'endroit rêvé pour ça. D'ailleurs, tu peux pas dire le contraire, puisque tu es là toi aussi. » sourit la jeune femme en lui adressant un clin d'oeil.

La conversation dévia vers leurs nouvelles vies, et effectivement, Ethan semblait ne plus avoir rien à voir avec le surf non plus, ce qui étonna Toni. « Le surf, j'ai complètement arrêté. Ma planche est dans le coin de mon salon. Parfois ça m'arrive de l'utiliser comme planche à repasser, mais la pauvre reste la plus part du temps inactive. » Un peu choquée, mais pleine d'humour, Toni éclata de rire en l'entendant, tout en passant une main sur son visage. Une planche à repasser ! « Non mais, t'as pas honte !? » plaisanta-t-elle. « Tu devrais me dire quand tu seras rétablie, comme ça, on ferait du surf ensemble, comme avant. Et cette fois, pas en compétition. » Cette fois, Toni ne tarda pas à retrouver son sérieux, et elle baissa brièvement les yeux avant de hausser les épaules. « Oh, ce... c'est pas pour tout de suite... Même si je peux marcher, courir sans problèmes, le surf me demande de trop pousser sur ma cheville et pour le moment... Il n'y a pas vraiment d'opération miracle ou de rééducation qui me rende mon aisance et mon équilibre sur une planche. » avoua-t-elle, la voix légèrement teintée de tristesse avant de se reprendre très vite. « De toute façon, je suis sûre que tu es incapable de jouer sans compétition ! »

❝ far from the waves❞

Très vite, la conversation entre les deux compétiteurs nouvellement retrouvés s'orienta bien évidemment sur le surf, et notamment la dernière fois qu'ils avaient surfé l'un contre l'autre, à Los Angeles. A cette époque, Toni avait des cheveux d'un blond immaculé et elle était classée parmi les meilleurs au classement mondial. Comme les temps avaient changés... « Tu sais, moi je n'ai nulle part où aller » déclara le jeune homme, intriguant Toni qui fronça légèrement les sourcils. « Comment ça ? » enchaîna-t-elle. A vrai dire, Ethan semblait totalement indifférent mais Toni ne cessait de s'étonner de ses paroles, de ce qu'il était devenu... et à ses yeux, il y avait toujours un endroit où aller, un endroit à visiter, un nouveau petit paradis à découvrir... c'était comme ça qu'elle était passée au-dessus de son accident & de tout ce que ça avait impliqué : elle était d'un optimisme à tout casser.

« Moi, avoir honte ? Tu me connais mal. Cette planche ne m'est d'aucune aide dans un coin de mon salon. Autant la rendre utile. D'ailleurs, tu devrais essayer, c'est vraiment très pratique pour repasser les chemises » continua Ethan en abordant le fait qu'ils n'utilisaient plus leur planche. « Oh je te crois, t'en fais pas. » continua-t-elle en riant avant de hausser brièvement les épaules. « Moi j'en ai aucune ici... J'avais pas vraiment la foi de la ramener à New York pour rien, alors c'est mon frère qui les garde dans son local de surf, il doit se faire de l'argent dessus en disant qu'elle m'a appartenu ! » déclara-t-elle, adoptant à son tour le ton de l'indifférence. « Pauvre petit oiseau blessé, c'est que je vais presque verser une larme. Si tu reposes plus un pied sur une planche, c'est vrai que tu vas sauver ta cheville, mais en fin de compte tu seras toujours là entrain de penser avec nostalgie au temps ou tu pouvais faire du surf. Alors qu'au final, je suis sur que tu peux en refaire que ce soit maintenant ou demain. » Toni n'aimait pas la tournure que prenait la conversation, mais elle ne comptait absolument pas le laisser paraître ; pour ça aussi, elle s'était terriblement endurcie. Les gens ne la comprenaient pas, personne ne comprenait ses motivations ou ce qu'elle pouvait ressentir depuis son accident. Ethan, comme tous les autres, poussait Toni à reprendre le surf alors qu'ils n'avaient aucune idée de ce que ça avait été, que de le vivre et de faire toute la rééducation après avec une profonde culpabilité sur les épaules. « Exact. Et je compte bien sur ta faible cheville pour gagner si ça devait se produire. » Profitant de la réplique d'Ethan pour retrouver son sourire, Toni leva brièvement les yeux au ciel. « Si tu crois que c'est ça qui va m'empêcher de te battre... » fit-elle malicieusement remarquer. « En tout cas, j'ignorais que tu étais un génie, pour te reconvertir dans l'informatique. » continua-t-elle avant de réaliser qu'il était dans sa boutique de fleurs. « Oh ! Tu étais peut-être venu acheter quelque chose ? » demanda-t-elle, subitement gênée.