Ce foutu mois d'avril ne faisait que de commencer, le premier avril fut un jour horrible vraiment, le jour où elle avait tout perdu à vrai dire. Elle avait perdu son bébé, enfin, bon c'est vrai, elle était mère porteuse pour des amis homosexuels, mais par faute de moyens, au lieu de se faire implanter l'embryon, elle avait couché avec l'un d'entre eux, pour pouvoir leur offrir ce qu'ils voulaient. Mais voilà tout, cela faisait cinq mois que tout dans sa vie semblait aller mieux, vraiment mieux, elle s'était rapprochée d'un garçon, Basile, oui c'était étrange, mais il était là pour elle, vraiment, comme personne auparavant, même s'il avait eu le don de l'exaspérer, elle avait changé pour lui, ou du moins grâce à lui. Elle était devenue meilleure, ce n'était plus l'ancienne petite traînée un peu rock d'Ottawa, New York l'avait changé d'une part, et Basile d'autre part. Elle était devenue plus mature, plus joviale, plus sociable aussi, elle s'était remise en cause, se disant qu'elle voudrait enfin accepter l'aide dont elle a besoin, comprendre enfin que ce n'est pas toute seule qu'elle arrivera à créer une marque, se faire un nom, se faire une place, mais plutôt en continuant les contrats pour un jour s'en détacher et voler d'elle-même. Elle aimait un peu plus sa vie, elle avait embrassé Basile. Et voilà que ce premier du mois, tout était tombé. Elle avait perdue sa fille, elle avait tout perdu par la suite. Elle était redevenue froide, encore plus distante qu'avant, s'enfermant des jours entiers dans son studio, ne prêtant plus attention ni à sa guitare, ni à sa machine à coudre. Elle n'avait pas pleuré, elle était trop froide pour, elle n'avait plus sourit, plus rien, comme si tout c'était éteins d'un coup. Plus de bébé, plus d'amour, plus rien. Alors qu'elle était affalée sur son lit depuis ce matin et qu'elle ne l'avait pas quitté, toujours dans un semblant de pyjama atroce, elle recevait un message. Elle l'ignora, comme les autres, pensant que c'était encore Basile. Elle mangeait peu, déjà qu'avant c'était quelque chose, c'était encore pire. Puis elle finit par prendre l'appareil, pour supprimer sa liste des messages non lus, comme chaque jour. Par surprise, ce dernier message n'était pas de Basile, mais d'Alexandre, une vieille connaissance, enfin tout lui paraissait si loin maintenant. Elle le regarda avec attention.

Alexandre Riddles a écrit:

Coucou Skye, j'aurais besoin de toi.. de sortir un peu, de me vider la tête. Si jamais tu es libre, je serais à l'awesome vers 21h pour une nuit d'ivresse. J'espère vraiment te voir. Bisous, Alex.

Elle ne lui répondit pas, puis laissa tomber l'appareil au pied du lit, avant de laisser retomber lourdement sa tête sur le matelas. Les images défilantes toujours dans son esprit. Elle finit par avoir un soupire avant de se lever. Elle aimait bien Alexandre, ils étaient différents, mais cela avait collé entre eux, après tout, c' était surtout un ami de soirée, mais elle était curieuse de savoir ce qu'il lui voulait, ils savaient tous les deux qu'ils étaient dans la même ville en ce moment même, mais ne c'étaient pas revus pour autant. Elle se demanda cent fois ce qu'il pouvait bien l'avoir amené à la contacter elle, mais elle se dit qu'il y avait bien une raison. Elle prit deux trois vêtements qui traînaient ici et là, en boule par terre, sans même faire attention à leur coordination, comme si plus rien ne comptait à ce moment-là, elle qui avait eu un goût si prononcé pour son style, là ça ne lui ressemblait plus. Puis elle sortie du studio, n'emportant que le strict minimum et alla à pied à l'awesome. Quand elle passa la porte d'entrée, les basses raisonnaient déjà dans sa tête, elle eut une soudaine envie de pestiférer des injures, mais même là, elle n'avait plus trop le courage. Elle vit son ami au bar, qui la regardé, elle s'avança, le teint pâle, le visage cerné. Elle demanda au serveur la même chose que lui, avant de prendre son verre et de tout boire cul sec, avant de finir sa dernière gorgée par une grimace de dégoût. Elle se tourna pour voir le visage de son ami avant de lui demander : « Alors, qu'elle est ta raison à toi pour te bourrer la gueule ce soir ? »