Sutton me lance un sourire radieux auquel je réponds de la même façon. L'année n'a pas été facile pour elle et la voir retrouver le sourire jour après jour me rassure. Je la regarde jouer la maîtresse de maison avec tous les invités qui arrivent, remplissant l'appartement de ma soeur peu à peu. On a passé toute la journée, et même la veille à préparer la soirée du Nouvel An. Des amis de Sutton sont venus aider aussi pour que tout soit fin prêt. Bref, avec tous les préparatifs pour la soirée, je n'aurais pas vu passer les derniers jours de l'année 2012. On a couru partout toute l'après-midi avec cette impression de ne jamais voir la fin de tout ça et pourtant, nous y voilà. Tout le monde est presque arrivé, tout est en place, des petits-fours jusqu'à la musique, les lasers et la lumière noire. Je tape la bise à tout le monde même si je connais certains plus ou moins bien. Sutton et moi avons passé une partie de l'après-midi à nous faire pomponner dans les salons ... Bref, le genre de choses que je vais une fois tous les trois siècles parce que j'ai pas vraiment envie de dépenser tout mon argent dans ce genre de trucs. Et puis même si je le voulais je ne pourrais pas ... Peu importe. Je dois être une des seules femmes a être en pantalon ce soir, faut croire que j'ai voulu me démarquer. Slim noir et chemisier blanc avec un col claudine noir puis pour compléter le tout les indémodables escarpins noirs qui vont avec tout. Classique mais parfait pour l'occasion. Et puis Sutton étant en robe, ça donne l'occasion aux autres d'arriver à nous différencier, haha.

L'ambiance est là. Les uns commencent à danser et les autres commencent à se servir à manger ou à boire. J'ai pris un verre de champagne en regardant vers l'entrée. Qui a dit que je n'aimais pas les soirées hein ? Ce genre là est quand même différent des soirées en boîte de nuit et puis je ne pouvais tout simplement pas manquer la fête du Nouvel An organisée par ma jumelle. Je sirote mon champagne tranquillement tout en discutant avec d'autres personnes. Mara m'a déjà envoyé trois messages pour savoir comment ça se passe. Elle ne cesse de répéter combien elle a hâte de pouvoir fêter le Réveillon avec ses amis. Ma petite soeur a tellement hâte de grandir qu'elle ne se rend même pas compte qu'elle a tort. J'ai encore regardé la porte d'entrée puis le visage des gens présents ... Zut. Okay, Mia, essaie de montrer un minimum d'intérêt pour la discussion à laquelle t'es censée participer. Soudain une main encercle mon poignet et m'entraine à l'écart. J'ai juste le temps de tourner la tête pour voir que c'est Sutton, avec un sourire en coin parce que ... parce que je suis grillée jusqu'à la moelle. « T'attends encore quelqu'un peut-être ? » demande-t-elle alors que la playlist passe une version remixée d'une chanson des Maroon 5. Discrète, vous avez dit discrète ? Je lève les yeux au ciel. Pourquoi faut-il qu'il soit son meilleur ami déjà ? Mais oui, je dois avouer que ces derniers jours ont été aussi remplis par cette fameuse soirée où Peter et moi nous sommes embrassés. Bon bien sûr j'ai essayé d'oublier le contexte, c'est-à-dire Logan et sa menace mais ... Enfin je suis sûrement parano mais j'ai eu l'impression d'être suivie en ce moment. Je secoue presque la tête pour m'empêcher de penser à Logan. Bientôt, je vais avoir l'impression qu'il m'attend devant l'appartement le soir ... Ridicule, haha. Hum. Sutton sait toute l'histoire du coup et vu sa tête, elle a l'air d'avoir hâte de jouer les entremetteuses. « Si tu veux être plus discrète ... Aaah trop tard ! Regarde qui vient d'arriver ! » lance Sutton très enthousiaste avant de filer vers l'entrée pour accueillir ... Oh merde.

Je l'ai tout de suite remarqué quand il est entré dans l'appartement. croire que maintenant, j'ai un radar, une alarme qui se déclenche quand Peter est dans le coin. Sutton m'observe du coin de l'oeil avec un sourire satisfait et amusé. Cette histoire lui plaît tellement, surtout nos comportements à son meilleur ami et à moi en fait. Toutes nos gaucheries et nos hésitations. Mais trop absorbée par l'arrivée de Peter, je ne réagis pas à ses regards en coin plein de malice. Je suis restée figée tandis qu'elle se dirige à grandes enjambées vers lui pour l'accueillir. Finalement, j'ai peut-être surestimé ma capacité à me comporter normalement lors de cette soirée du Nouvel An où il est l'un des invités. Hum. Ca promet. Sutton est donc parti le saluer tandis que moi ... Pour faire comme à mon habitude, je suis restée plantée à ma place, incapable de bouger, d'esquisser le moindre mouvement. Je dois sûrement être un cas désespéré, et de plus en plus. Tout le monde semble s'amuser autour de nous, c'est jà ça. Enfin je veux dire ... peu importe. Oh ... voilà que Sutton le ramène vers moi maintenant ! J'aurais dû me douter que ma soeur s'amuserait à jouer les Cupidon ce soir. Je l'ai maudite une bonne centaine de fois mais au fond ... pas à ce point. En le voyant se rapprocher, j'essaie de prendre un air détaché, de paraître détendu et d'être dans l'ambiance de la soirée. Pendant un instant, je crois vraiment que ça a marché, que je peux être "normale" mais bien sûr ... Mon assurance a fondu comme neige au soleil au fur et à mesure qu'il s'avance vers moi. Sutton peut être très persuasive quand elle veut. Et bien sûr, les souvenirs de nos baisers de l'autre soir font monter une vague de chaleur en moi et font rosir mes joues. « Salut… » commence-t-il en ayant du mal à me regarder en face. On est vraiment des handicapés tous les deux. Et Sutton qui reste là avec ce sourire moqueur. Mon coeur, comme d'habitude accélère le rythme d'une façon qui est propre à la présence de Peter. Nos yeux se rencontre enfin assez longtemps pour établie le contact. « Salut … » ai-je répondu doucement en me répétant pour m'encourager que c'était un début. Seulement, au moment où j'ouvre la bouche pour essayer de dire quelque chose d'intelligent, des voix que je connais bien font irruption. Les filles "m'empruntent". Je n'ai pas le temps de protester qu'elles m'entraînent déjà loin de Peter sous le regard agacé de Sutton. J'ai voulu sortir un détendu "A plus tard" à Peter mais chose pas très surprenante, rien n'a franchi le seuil de ma bouche.

Les filles m'ont donc emmenée à l'autre bout de l'appartement. C'est peut-être mieux comme ça parce que ... enfin vous voyez pourquoi. Disons que ça me laisse le temps de ... de faire je sais pas quoi exactement mais de le faire. La musique a changé Sofia a souri et on a presque crié en même temps à quel point on adore cette chanson. Hooligans de Don Diablo et Example. Ca me redonne le sourire malgré la boule d'angoisse qui grandit dans mon ventre à cause de la présence de Peter. Le fait de le savoir tout proche, à quelques mètres. Je n'ose pas jeté un coup d'oeil derrière moi avant plusieurs minutes. A un moment je craque, c'est plus fort que moi et je sais que ce n'est que le début. Il est en train de boire du champagne accompagné d'un ami sûrement. Je ne peux m'empêcher de m'attarder quelques secondes. Des secondes qui sont de trop puisque Peter lève les yeux vers moi au même moment. Mon coeur a bondi et je me suis empressée de détourner mon regard vers un endroit plus sur, comme par exemple les filles qui sont en train de danser avec moi. Okay, okay. Ca suffit. Arrête d'agir comme une adolescente de quinze ans. Je les ai donc rejointes sur la piste de danse. Mon corps a commencé à bouger lentement au rythme de la musique. Quoi ? Ce n'est pas parce que je n'aime pas sortir que je ne sais pas danser. Je ne dis pas non plus que je suis une pro mais je fais ce que je peux, avec mes armes. Peu à peu, je me suis sentie mieux mais la présence de Peter est restée dans un coin de ma tête. Les filles ont tous applaudis quand j'ai commencé à danser. Elles se foutent de moi parce qu'elles n'ont pas l'occasion de voir ça très souvent. Je ris. Me laisser aller. Me retenir de le chercher du regard. J'ai le souffle court tout d'un coup. Soudain, je sens une présence dans mon dos. Sutton me sourit de toutes ces dents et commence à danser avec nous. « Tu veux le torturer hein ? » me souffle-t-elle à l'oreille amusée. Je l'ai regardée sans comprendre du premier coup. Ensuite je lui ai donné un coup de coude. Elle me lance un regard faussement offusqué. « Va falloir que vous arrêtiez cette manie de me frapper tous les deux ! » lance ma soeur a deux doigts d'éclater de rire. Puis elle s'est éclipsée avec un grand sourire angélique pour s'occuper du reste de ses invités. Je secoue la tête ... mais sa phrase reste coincée dans ma tête. Ai-je vraiment le pouvoir de torturer Peter ?

Les heures ont défilé. Les chansons, les danses, les rires et les discussions aussi. Et puis les verres. C'est pas parce que je ne sors pas tous les soirs que je ne bois pas. Les filles m'ont pas mal encouragée accessoirement et j'en avais besoin. Toute la soirée ... je suis restée à une distance raisonnable de Peter. Raisonnable entre guillemets évidemment. La vérité c'est que je n'ai pu empêcher mes yeux de traîner sur lui toute la soirée. Ils l'ont tellement cherché, encore et toujours. A force, d'est devenu un automatisme et à force je crois que j'y ai presque pris goût à ce jeu de regard. Pourtant je n'arrête pas de me dire qu'après tout, on s'est embrassés alors on pourrait ... Je veux dire on pourrait retourner l'un vers l'autre sans problème non ? Pourtant on reste là, à se tourner autour tout en restant chacun avec nos groupes d'amis. Sutton m'a déjà menacée de me tuer trois fois s'il ne se passe pas quelque chose avant la fin de la soirée. Mes yeux ont roulé dans leur orbite. J'ai chaud. Les quelques verres que j'ai bu et la danse combinée. Mes pieds me font mal mais je fais un effort pour garder mes escarpins. Soudain, alors que je me dirige vers une table pour m'y asseoir avec Sofia et Lee, quelqu'un commence à crier. Le décompte ! A force de danser et de parler, on a presque oublié la raison de cette soirée ! On a tous repris en coeur. Huit ! Sept ! Six ! Cinq ! Quatre ! Trois ! Deux ! Un ! « BONNE ANNEE ! » a-t-on tous hurlés en coeur. Aussitôt, le festival de bises et de bonne année à chaque invité a commencé. Même ceux que je n'avais jamais vu de ma vie. Je fais la bise à ma soeur, aux filles, à d'autres gens et ... Oh ... Peter se révèle être la prochaine personne à qui je dois ... faire la bise et dire bonne année. Limite lui faire la bise c'est ridicule vu qu'on s'est embrassés ... Peu importe. Il est avec un couple d'amis de Sutton et une fois qu'il a terminé avec eux, nos regards se croisent et ... Je me lance. Une profonde respiration et je fais un pas vers lui, puis deux. En m'approchant de lui, un sourire étrange s'est affichée sur mon visage. « Bonne année ! » ai-je lancé d'un ton enjoué ... mais en restant pétrifiée parce que je ne sais pas si ... enfin lui faire la bise ou ... enfin vous voyez quoi.

Les heures passent, rythmées par la musique et surtout, par mes coups d'oeil vers Peter. J'ai toujours été comme ça avec les mecs qui me plaisent. Je jette des regards qui se veulent discrets, c'est plus fort que moi, comme si mes yeux étaient tout simplement attirés. Aucune lutte possible. C'est exactement ce qu'il se passe ce soir, avec en plus le fait qu'il se soit déjà passé quelque chose. Je n'arrête pas d'y penser pendant que j'essaie de me défouler sur la piste. L'autre soir, nos deux baisers ... et puis Logan. Repenser à lui me fait frissonner et me fait perdre pendant une fraction de secondes le contrôle de mes gestes. Mon souffle se coupe, juste quelques instants avant que je ne réussisse à reprendre le fil de mes pensées. J'ai l'impression de le voir partout en ce moment, Logan. Je suis sure qu'il prépare quelque chose. Ce mec n'est pas du genre à abandonner quand il veut quelque chose et je doute qu'il ait trouvé des activités assez intéressantes qui pourraient lui permettre de m'oublier. Faut pas rêver. Mais ça ne sert à rien de se redire tout ça maintenant j'imagine, ça va me gâcher la fête et une telle chose n'arrivera pas. La danse et les quelques verres que j'ai bus réchauffent mon corps et mes pensées. En réalité mon esprit ne pense qu'à une chose, ou plutôt, il ne pense qu'à une personne ... Tout s'embrouille dans ma tête parce que je sais que Peter est tout proche, qu'il peut me voir. Les débuts sur la piste ont été difficiles, chaque mouvement a été contrôlé et chaque débordement a été lourdement suivi de multiples insultes silencieuses à moi-même. Puis à force, avec les verres et les heures qui ont passé, j'ai commencé à me détendre de plus en plus. A laisser mes yeux traîner sur Peter de plus en plus longtemps sans les précipiter ailleurs quand ils rencontrent les siens. Mon coeur apprend à se calmer, à ne plus être aussi fou à chaque fois que nos regards se croisent et il finit par apprécier ... le moment ? Je raconte vraiment n'importe quoi.

L'heure tant attendue a fini par sonner. Tous les invités de Sutton se sont arrêtés de danser, de boire, de parler pour crier le décompte jusqu'à arriver au 'Bonne Année' habituel. S'en suit ensuite la valse des bises et des voeux à chacun des invités présents. J'ai serré ma soeur très fort dans mes bras en disant que je vais finir par prendre goût à ces fêtes passées ensemble. Encore quelques personnes ... jusqu'à ce que la prochaine se révèle être Peter. Mon coeur ne s'est pas calmé du tout en fait mais j'ai repensé aux menaces de mort de ma soeur ... Nan sérieusement, je me dis qu'à un moment, faut se lancer parce que sinon, ça serait trop bête. Et puis je ne vais que lui souhaiter bonne année pour le moment, non pas que ... enfin je sais pas comment je vais faire ensuite, ou plutôt ce que je vais faire mais ... Ta gueule Mia, juste vas-y. Et je l'ai fait. Je me suis traitée une fois de plus de conne pour faire tout ce cinéma alors qu'il s'agit juste dans un premier temps, de lui souhaiter mes meilleurs voeux. A un moment, faut lâcher prise, arrêter de réfléchir. Je suis donc arrivée devant lui, sourire aux lèvres comme si de rien était. « Euh… ouais, bonne année à toi aussi… » répond Peter avec difficultés. Vraiment ? On dirait qu'il a encore plus de mal que moi ... On craint à ce point, comme dirait Sutton ? J'essaie de chercher quelque chose d'intelligent à dire, qui pourrait assurer un début de conversation mais naturellement, c'est le vide. Et puis avant que je n'aie eu le temps de dire ouf, une autre fille vient littéralement se jeter sur Peter sans se préoccuper de moi pour le moins du monde. Je me suis mordue l'intérieur de la joue et ai baissé les yeux. La musique bourdonne dans mes oreilles. Il m'adresse une grimace que sa copine ne peut pas voir. Je lui souris pour dire que y a pas de mal avant de m'éloigner.

Je passe l'heure suivante avec Sutton. Sutton qui a un véritable radar et qui ne tarde pas à remarquer ma soudaine "morosité". Je ne suis pas morose, c'est que je lui ai répété une bonne centaine de fois. C'est juste que ... je sais pas. Ce qui s'est passé quand Peter et moi à minuit ne veut pas quitter ma tête. Autant dire que ça n'a pas été une réussite, c'est voire tout le contraire. C'est ça qui me rend "morose". Sutton a assisté à toute la scène donc je n'ai pas eu besoin de lui raconter. Non ce que j'ai dû faire plutôt c'est de la retenir d'aller intervenir auprès de Peter. J'agis peut-être comme une adolescente de quinze ans avec mais à un moment faut arrêter. Au lieu de ça, on s'est encore occupées, on a naturellement commencé l'année 2013 avec d'autres danses avant de se caler quelque part avec Sutton et ses amies pour papoter. Mes pieds sont en feu. J'aurais dû enlever mes escarpins il y a longtemps. La première heure de l'année est presque passée quand ma jumelle quitte notre table en clamant qu'elle a des choses à préparer pour la suite de la soirée. Les filles la suivent mais moi quand je veux faire de même, elle me fait non de la tête. « Toi, tu bouges pas. Les filles seules attirent toujours les mecs. » fit-elle avec un air entendu et un clin d'oeil en prime. Pas difficile de savoir de quel mec elle parle ... à moins qu'elle décide de me jeter aussi en pâture à tous ses amis masculins ici présents. Ce qui vu la cruauté actuelle de ma soeur, ne m'étonnera sûrement pas. Je lève les yeux au ciel. « Pourquoi ? Parce qu'ils croient qu'on est désespérées quand on est sans eux ? » ai-je remarqué acerbe. La seule réponse de Sutton a été un large sourire avant de s'éloigner avec les autres. J'ai fait la moue avec cette désagréable sensation d'avoir été prise au piège. Je reste seule dans un coin pendant quelques minutes, observant le reste des autres invités ... Bon d'accord, je suis plus à la recherche de Peter en fait, qui semble toujours discuter avec d'autres personnes. Soupir. Au moins ça m'accorde un moment de pause. Je m'appuie contre le mur. Le bar est juste à côté, peut-être que je devrais reprendre un verre. Je n'ose pas en fait. Je n'ai aucune envie d'être bourrée et j'ai la sensation que le prochain verre pourrait mal passer. Et surtout, je ne suis pas aussi désespérée que ça.

Peter est tout seul. En voyant ça, je baisse automatiquement la tête, prétendant ne pas l'avoir vu. Je sais, je sais, stupide réaction mais c'est plus fort que moi. Ma tête me dit que cette fois, je dois le laisser venir à moi. Quelques secondes passent ... Et quand je relève la tête, mes yeux s'agrandissent. Il vient vers moi, comme je l'ai espérée ... oui, non ... je sais plus trop là ... Parce que sa façon de me regarder là tout de suite .... Une fois de plus, mon coeur ne peut s'empêcher de faire des siennes. Avant que je n'aie pu réagir ou dire quoique ce soit, sa main glisse sur mes hanches et Peter m'entraîne dans un coin de l'appartement à l'écart où personne ne viendra nous déranger. Pourtant, il me regarde ensuite avec une hésitation et la gène habituelle, comme s'il n'a pas vraiment réalisé ce qu'il vient de faire et qu'il est en train de se poser des questions sur ce qu'il va faire maintenant. En tous les cas, je suis en apnée depuis que sa main s'est appuyée sur ma hanche. Je n'ose rien dire, de peur de me faire des idées ou quoique ce soit d'autres parce qu'en réalité, je ne peux pas parler. « Je… j’ai vu que tu étais enfin seule alors… » commence-t-il. J'ai alors répondu du tac-au-tac, avec un sourire en coin. « Faut dire que t'avais l'air pas mal occupé aussi cette dernière heure ... » Okay ... est-ce que je viens d'admettre que je le regarde depuis tout à l'heure ? Oui je suis bête, il est au courant. Et puis l'inverse est aussi vrai de toute façon, alors pourquoi je m'en soucie ? Au point où on en est ... Mon regard plonge dans le sien. J'ai chaud. Mes joues semblent être en feu. « Tu es vraiment très belle ce soir… » continue-t-il. D'accord là c'est pire ... Mon coeur bat encore plus fort et ma respiration devient irrégulière. Merde, je n'arrive même pas à lui répondre un simple 'merci'. C'est pourtant pas si difficile que ça non ? Eh bah si. Incapable de parler. L'obscurité, la musique lointaine et le fait que nous soyons seuls me fait croire à un autre monde. Nos visages ... ils se rapprochent. Il avance, je recule et nos lèvres sont de plus en plus proches et ... Mon coeur est en train de perdre les pédales, comme moi. L'odeur de Peter, tout près, m'enivre. Je recule, jusqu'à ne plus pouvoir. C'est lui qui franchit le vide qui a séparé nos lèvres toute la soirée. Contact. Explosion. Je ne sais pas comment vous décrire ce que ça m'a fait ... c'est juste impossible parce que c'est indescriptible. Il y a des moments comme ça dans la vie où les mots ne sont pas requis. Alors j'en ai profité, sans me poser de question, juste en me laissant aller, en me laissant faire. Une vague de chaleur a fit vibrer chaque parcelle de mon corps, chaque parcelle de ma peau tandis que le baiser se renforce. Je ne veux pas que ça s'arrête, je suis sérieuse. Les minutes se succèdent. On reprend un peu d'air entre temps et tout repart. Parce que ça n'a pas de fin. Les minutes se succèdent et j'ai l'impression que plus rien n'existe à part nous. Le temps ne s'écoule plus, il est figé, gelé, coincé. Je perds le file. Je respire de plus en plus difficilement, mais je m'en fous. Ça n'a aucune importance que je finisse par être asphyxiée. Vraiment. Je suis comme ... anesthésiée. Plus rien ne peut m'atteindre. Notre premier baiser était fort aussi, il restera toujours le premier et c'est ce qui fait de lui un moment unique. Mais celui-là ... celui-là est différent. C'est le résultat de toute une soirée à se tourner autour, à faire durer les choses. Toute une soirée de tension. Mes mains se sont baladées, je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite. Entre sa nuque, ses cheveux, son torse, son dos ... le tout sans jamais quitter sa peau. J'ai perdu le fil. Mais à un moment, il a fallu se séparer. Nos bouches l'ont fait, s'écarter à regret l'une de l'autre, comme toujours. Je suis plus qu'essoufflée. Je cherche à reprendre le fil de ma respiration et de tout le reste. J'ai encore des frissons, des genres de palpitations. Le souffle de Peter est tout près. Je ... je ne sais pas quoi dire ... « Ça valait le coup d'attendre toute la soirée ... pour ça. » ai-je souri difficilement à cause de ma respiration encore irrégulière.

Ces derniers temps, mon esprit n'a fait que repenser à la dernière fois que nous nous sommes vus, l'autre soir, dans son appartement ... Et pas qu'à cause de ce qui est arrivé avec Logan, mais aussi et peut-être autant à cause de Peter. C'est la première fois qu'on se revoie depuis que c'est arrivé. Nous deux. Je ne sais pas vraiment comment j'imaginais la scène jusque là, je n'y ai pas vraiment réfléchi, comme si je n'ai réalisé la chose que quand Peter est entré dans l'appartement de Sutton. Mais nous voilà au moment tant attendu et cette fois, personne ne nous a dérangés. J'avais eu peur que les filles ou l'amie de Peter ne reviennent. On a passé à se chercher du regard, comme des aimants. Je ne sais pas comment j'ai fait pour tenir jusqu'à une heure du matin de cette façon. Une torture. A force, je me suis dit que ça dépassait nos timidités mutuelles et ... c'est là que les choses nous ont menés. Après que Sutton et les filles m'aient laissée tomber histoire de voir si les choses vont enfin bouger, je me suis retrouvée toute seule en pleine mer, osant à peine regarder où était Peter et là ... Là nous voilà dans ce recoin obscur et désert de l'appartement de ma soeur, en train de ... en train de rattraper tout le temps qu'on a perdue à se dévorer du regard, même si je dois avouer que si c'était à refaire ... Si le regarder est perdre du temps alors en perdre ne me gêne pas du tout. Je le referais sans hésiter. Nos respirations se font saccadées. Je sens ses mains chaudes se glisser sous mon chemisier. Mon corps entier est devenu un brasier frissonnant sous la braise. Mon esprit est en mode pause. Je me dis que jamais plus je ne pourrai me passer de ses caresses sur ma peau. J'arrive plus à respirer mais ne veux pas que ça s'arrête. L'air est moite, presque brûlant. Je suis complètement happée, grisée par ce nouveau monde, par ces nouvelles sensations qui me font vibrer de la tête aux pieds.

Mais à un moment, il faut se quitter. Toutes les bonnes choses ont une fin, même si je sais que celle-là ne sera pas définitive. Nos lèvres se détachent difficilement car le manque d'air est devenu trop important. Mes poumons réclament l'air brûlant autour de nous. Tout me paraît étrange tout d'un coup. Je suis comme dans du coton, étourdie par tout ce qui vient de se passer, par ce baiser puissant et langoureux qui m'a fait oublier tout le reste du monde. C'est cliché je sais, mais c'est vrai. Heureusement nos visages restent proches tandis que nous reprenons nos souffles. Ces derniers , irréguliers, accompagnent presque en rythme la musique qui provient du salon. Wow, juste ... Wow. Mes yeux fixent la commissure de ses lèvres quand il a ce léger sourire qui me perturbe. Puis sans prévenir, il joint à nouveau nos lèvres, à peine remise de l'action précédente. Le baiser ce fait plus doux, plus léger. Ca me fait sourire aussi. Mais avant que je ne comprenne pourquoi, Peter rompt le contact et je comprends quelques secondes après pourquoi. Je me retourne pour voir l'un des amis de Sutton -je crois- complètement torché en train d'apprécier le spectacle visiblement. Il n'a pas tardé à poursuivre sa route mais le mal est là. La fête de ma soeur à beau être très bien mais ... enfin vous voyez ce que je veux dire. Je me vois pas aller dans la chambre de Sutton avec Peter ... juste pour être tranquilles hein ! Après le reste ... Hum ... peu importe. « Est-ce que… ça te dirait d’aller dans un endroit plus calme ? Enfin… je veux dire… je sais que tu aimes faire la fête à peu près autant que moi alors… je me disais que… enfin… tu crois que Sutton nous en voudrait beaucoup si on s’éclipse ? » commence-t-il mal à l'aise. Je cache ma surprise et garde la bouche fermée, malgré un sourire qui vient soudain étirer mes lèvres avant que je ne le masque par un mordillage de lèvres. Je me retiens de lui dire que Sutton ne nous en voudra pas du tout et qu'elle attend même que ça. « Par exemple, je pourrai partir en premier, et… j’arrêterai un taxi au coin de la rue… Toi tu attendrais un peu, et tu me rejoindrais après… » J'ai froncé les sourcils en l'entendant continuer. Mon corps me crie dessus parce qu'il en veut plus ... encore et toujours plus. J'ai les idées un peu embrouillées. Mais l'idée de partir de cette façon, en décalé ... c'est bien ça qui me fait froncer les sourcils. « Enfin… c’est juste une idée comme ça… » C'est vrai que partir, là, maintenant, tout de suite avec lui est tout ce que je veux. Mon coeur cogne fort dans ma poitrine et la température ne descend toujours pas. Nos deux corps sont toujours collés. « Mmmm, c'est une idée intéressante ... mais je préfèrerai qu'on franchisse cette porte en même temps, même si je suis d'accord pour tout le reste. » ai-je murmuré. S'éclipser en douce. Soudain, sans plus attendre, ma main prend la sienne et je l'attire doucement vers la sortie, sourire aux lèvres, le coeur battant à l'idée que ... ça y est. Après tous ces mois d'attirance. Mon coeur, malgré son rythme cardiaque élevé est léger. On passe les prochaines minutes à se faire discrets, à essayer de s'exfiltrer sans trop de mal vers la porte d'entrée. C'est drôle à faire. En plus on y arrive sans trop de mal parce que tout le monde semble absorber par ce que Sutton à préparer. « Ni vus, ni connus. » ai-je fait en ouvrant la porte d'entrée pour sortir de l'appartement. Mais avant de sortir, je me risque à lancer un dernier regard à l'intérieur de ... Sutton. Sutton nous regarde sortir à l'autre bout du salon avec un air et un sourire satisfaits collés au visage. Je baisse les yeux et ris légèrement. « Enfin presque, rien n'échappe à ma soeur. » ai-je souri quand nous nous sommes retrouvés sur le palier, la porte refermée derrière nous.

« On va chez moi ? » demande Peter en souriant après qu'on se soit faits grillés par ma soeur au moment de franchir le seuil de la porte. J'ai l'impression d'être sur un petit nuage, c'est peut-être con à dire mais c'est la vérité. En fait, c'est un sentiment compliqué à expliquer je trouve et même, chercher à l'expliquer, ça semblerait lui faire perdre toute sa magie. Les mots ont un côté extrêmement concret qui ne correspond pas à e qui est en train de se passer. Et qu'est-il en train de se passer réellement en fait ? Je ne sais pas trop. Je souris comme la dernière des niaises, je n'arrête pas. Je me sens bien, et puis surtout j'ai chaud. Vraiment très chaud. Mon petit doigt me dit que ce n'est que le début. La nuit est longue. Je hoche doucement la tête à sa question en me mordillant la lèvre inférieure. Oui, on va chez lui, bien sûr que oui. Ma peau fourmille d'impatience à l'idée de revoir la sienne, de la sentir, de la toucher ... Je lui tiens la main mais je ressens quand même ce manque étrange. J'ignore si Casey est à l'appartement ce soir mais vu qu'on a le choix, autant ne pas prendre le risque. Et puis l'idée qu'il puisse rentrer pendant que je suis avec Peter ne m'enchante pas vraiment. Autant éviter. Autant faire les choses bien. Tout ce que je veux, c'est Peter. Tout de suite, maintenant. Sutton serait amusée de m'entendre penser de cette façon. Le fait que ma vie sentimentale est plutôt calme ne m'empêche pas de ... de ressentir le besoin d'avoir Peter pour moi toute seule jusqu'à ... qui sait ? Jusqu'à ce que le soleil soit haut dans le ciel. On a dévalé les escaliers, main dans la main. Je repense au sourire amusé de ma soeur. J'espère que la fin de sa soirée se passera bien. Et puis il est son meilleur ami et ... Sutton adore avoir l'impression d'avoir servi à quelque chose dans les relations des autres. Elle peut être fière.

Ma peau frissonne quand nous arrivons dehors. La nuit semble calme en apparence alors que je sais qu'en réalité, elle est tout le contraire. C'est le Nouvel An après tout. Un taxi passe dans la rue après quelques minutes d'attente à peine. Peter le harangue et nous nous glissons tous les deux sur la banquette arrière après nous êtres engouffrés dedans. Même pendant le trajet on n'a pas pu se retenir. Ca a été une envie trop urgente, pressente et puissante. C'était obligé. Obligé que mes mains se glissent sous sa chemise et que mes lèvres rejoignent les siennes pour effectuer une danse sensuelle. La température monte, monte et l'intérieur du taxi semble s'être rempli d'air électrifié. Mais à part Peter, tout le reste me semble flou, sans importance. Je réalise après quelques minutes qu'on est en train de se chauffer en fait et dieu que c'est bon ... Puis le taxi s'arrête enfin. En sortant, je vois le regard médusé que le chauffeur nous lance. Ca m'amuse et ça m'amuse que ça m'amuse. Je me sens tellement bien que je pourrais me mettre à danser toute seule dans la rue. En me moquant du froid, au contraire, le froid serait parfait. Mais évidemment, j'ai d'autres projets. En quelques minutes, nous nous retrouvons devant l'appartement de Peter et je me mordille la lèvre depuis tout à l'heure dans l'idée de prendre mon mal en patience tandis qu'il ouvre la porte. Mon coeur bat. Il bat fort mais ce n'est rien en comparaison avec l'instant où ses lèvres rejoignent les miennes. J'ai à peine le temps de jeter un coup d'oeil à son appartement qu'il fond à nouveau sur mes lèvres et moi. Je me rends sans protester, désireuse de me laisser aller ce soir, de ne plus penser à rien. Les baisers se font langoureux tandis que je me retrouve coincée entre Peter et le mur. Aussitôt, ses lèvres descendent dans mon cou et je sens ses doigts commencer à déboutonner les boutons de mon chemisier. Un plaisir sans nom. Ma tête bascule légèrement en arrière et mes yeux se ferment. Mon coeur explose et ... Peter s'arrête quelques instants pour planter ses yeux dans les miens. Ils semblent poser une question et cette question, je la connais. Oui. Bien sûr que oui. Alors pour toute réponse, cette fois, c'est moi qui franchit l'espace entre nos lèvres pour lui donner un baiser plus doux, plus tranquille, plus lent jusqu'à ce que cette lenteur fasse tout embraser. Pendant ce temps, mes doigts se faufilent à nouveau sous sa chemise pour caresser son torse, glisser sur sa peau brûlante ... La mienne brûle aussi. On est sûr la même longueur d'onde, il n'a pas à s'inquiéter pour ça. J'ai fini de déboutonner sa chemise et le bout de tissu a fini par atterrir sur le sol. Y vraiment pas de mots pour décrire cet instant, tellement ... tellement ... Même si je meurs d'envie de sentir sa peau contre la mienne, je le laisse terminer d'enlever mon chemisier. Mon souffle est saccadé et ça ne va pas en s'arrangeant. Mes mains se baladent partout sur son torse, dans son dos ... parfois mes doigts s'enfoncent un peu plus dans sa peau qui s'est aussi transformée en brasier. Je parie qu'en enfer, il fait moins chaud qu'ici.

Mmmmm ... Impression d'être dans un autre monde, rempli de coton et de douceur. Je pourrais dire que c'est un rayon de soleil sur mes yeux qui est en train de me réveiller mais je réalise bien vite que c'est loin d'être le cas. Un long frisson parcourt mon corps, la cause : mon corps nu est découvert à plusieurs endroits, en particulier tout mon flanc gauche, de mon épaule jusqu'à mes pieds. Je sors difficilement de mon état comateux, celui qu'on affronte tous au moment où on est réveillé mais où on est tellement bien qu'on a juste une envie, se rendormir. Du coup, je mets un certain temps à comprendre où je suis. Enveloppée par une douce chaleur, je n'ai qu'une envie, c'est de rester ainsi pour toujours. Puis je comprends que cette douce chaleur provient d'une source bien sûr précise ... J'ouvre les yeux et la première chose que je vois est le visage endormi de Peter et ses courbes. J'ai un moment de pause et tout ce qui s'est passé la veille ou plutôt, tôt ce matin m'est revenue en tête. Son odeur. Ma main posée sur sa poitrine, tout comme ma joue. C'est pour ça que j'ai l'impression qu'elle est en feu. Mes jambes sont enroulées autour des siennes. Je souris en voyant l'air qu'il a quand il est endormi et une bouffée de chaleur monte en moi quand les images de ce matin reviennent. Mmmmm ... Je ne bouge pas trop, n'ayant pas envie de rompre le charme de la scène. Moi réveillée la première qui profite du calme ambiant et du début d'un jour nouveau. Un jour nouveau oui, avec Peter à mes côtés. Ca semble irréel la première fois que je me le dis. La chaleur de nos deux corps se mélangent, j'ai toujours l'impression que les parties de mon corps en contact avec les siennes sont en feu. Même depuis hier, cette sensation n'a disparu et j'espère que ça ne sera jamais le cas.

Pendant quelques secondes, je regarde et sens sa poitrine se soulever au rythme régulier de sa respiration. Comme ma joue est posée dessus, ma tête suit le mouvement. Ca me fait sourire. Mes yeux se posent sur la fenêtre pour constater que ça risque d'être une autre journée avec un ciel couvert et triste ... Avant de réaliser qu'il y a beaucoup plus que ça. A travers les rideaux, je vois des choses tomber et ... Il neige. Il neige !! J'ai un drôle de sourire qui ne quitte plus mes lèvres. C'est certainement un signe quand j'y pense. Il neigeait lors de notre premier baiser avec Peter et il a neigé durant notre première nuit. J'imagine qu'on ne pouvait pas rêver mieux. Soupir d'aise. J'ai l'impression d'être dans un cocon, que le monde extérieur et ses incertitudes ne peuvent plus m'atteindre. Les minutes passent et mon attention vagabonde entre regarder Peter dormir et regarder la neige tomber. Je ne peux pas demander grand chose de plus. Sutton va m'assommer de questions quand je vais rentrer. Je souris à nouveau à l'idée. Après m'être redressée un peu, j'aperçois l'heure qu'il est sur la table de chevet du côté de Peter. Midi passé. Je sais pas combien de temps je l'observe en train de dormir ... Mmmm ... Je me redresse complètement, me mordille la lèvre inférieure en regardant son torse parfait et entreprends de le réveiller en douceur. J'approche mes lèvres de son cou et y dépose dans une lenteur calculée, deux premiers baisers. « Monsieur Brown ... » ai-je susurré tout doucement. Puis j'ai repris mes baisers dans son cou avant de descendre progressivement sur son torse, doucement, lentement et de descendre encore un peu plus bas, jusqu'à son nombril en fait, après le draps recouvre le bas de son corps. Je relève la tête vers lui, amusée. « Il est l'heure de se réveiller. »

Les souvenirs de cette nuit affluent dans mon esprit quand mes lèvres entrent doucement en contact avec la peau de Peter à nouveau. C'est étrange quand on sait qu'on a passé des semaines à se tourner autour, sans trop oser s'approcher et s'avouer clairement qu'on se plaisait à cause d'une certaine timidité de notre part et si on compare à cette nuit ... J'ai presque eu l'impression d'être une toute autre personne. Une personne qui se laisse guider par son instinct et ses désirs les plus profonds sans se soucier du reste du monde. Je ne fais pas souvent cela, ne pas me soucier du reste mais je dois avouer que ça fait du bien. Complètement lâcher prise sans se poser de questions. J'ai l'impression que je ne vais jamais pouvoir rompre le contact entre sa peau et la mienne maintenant. C'est le début à chaque fois de ce genre de chose, l'impression d'être invincible, les papillons, le sentiment de ne plus jamais vouloir bouger du lit ... Je me sens soudain stupide quand mon esprit se met à transformer le mot "chose" en "histoire". Ca ne peut pas être rien cette nuit. Je commence à cerner un peu Peter, ça ne peut pas être rien. Soudain, ne pouvant pas vraiment avoir la confirmation sans passer pour une idiote, je suis prise d'un doute énorme qui me donne l'impression que mon coeur est soudain écrasé dans ma poitrine. J'ai l'art de me poser trop de questions au mauvais moment. En finissant de le réveiller, je me dis que ça ne sert à rien de se dire ça, qu'au contraire, je dois profiter de ce moment si spécial que nous sommes en train de vivre. Ca serait trop bête de passer à côté sous prétexte que soudain, je me mets à me poser des questions existentielles. Au fur et à mesure, je sens sa peau frissonner sous la mienne, signe que mon petit numéro fait son petit effet. Ca me fait sourire de le voir au réveil. La couleur du ciel de neige donne une lumière si spéciale à la scène que je me dis que dès que je rentre, il faut que je fasse quelque chose pour me souvenir de cet instant. Je suis inspirée. Mais pour faire ça, il va falloir que je quitte ce lit, et pire, que je quitte Peter, ce qui pour l'instant, n'est pas une idée très réjouissante dans mon esprit. Ses lèvres s'étirent et il finit par ouvrir les yeux quand mon visage est au-dessus du sien. « Bonjour… » Le temps semble s'être suspendu ensuite. On ne s'est pas lâchés des yeux pendant de longues secondes. Sa main vient caresser ma joue et cependant, c'est tout mon corps qui réagit à ce geste. Brûlure sur ma peau. Puis, je le sens se redresser et donc moi en même temps. Bruissements des draps. Il lie nos lèvres à nouveau, doucement. Les papillons reviennent par millier dans mon ventre. Douce chaleur. Douleur agréable. Quand nos lèvres se quittent, nos visages restent proches. « Tu as bien dormi ? » demande-t-il avant de m'embrasser à nouveau. Mon coeur se soulève de bonheur. C'est stupide dit comme ça, vraiment stupide. J'ai envie de l'embrasser, encore et encore, sans jamais m'arrêter. Malgré tout, je me force à retomber un peu sur terre en me disant que maintenant, on a tout notre temps. Je hausse les épaules, toujours avec ce même sourire en coin. « Mmmm, pas trop mal ... et toi ? » J'ai dormi comme un bébé en fait. Un sommeil sans rêves. Normal vu que ... enfin non, n'entrons pas dans les détails. Rêve ... Un souvenir me revient soudainement en tête. L'envie soudaine de lui parler d'un truc le concernant parce que de toute façon maintenant ... Je m'appuie sur mon coude. Sourire gêné en prime. « Je peux t'avouer un truc ? Si tu promets de ne pas te moquer de moi après ? » ai-je dit en mordillant ma lèvre inférieure pour réprimer un minimum mon sourire gêné.

J'ai l'impression d'être dans une bulle imperméable à tous les malheurs du monde. C'est étrange, ça faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça. Je n'ai envie de penser à rien d'autre que ce moment, si loin des problèmes du quotidien, loin du problème de Logan qui s'amuse toujours à rôder quelque part autour de moi. Le fait d'être auprès de Peter me donne l'impression que tout va bien et que tout est possible. Je sais, ça paraît certainement stupide dit comme ça, pourtant les papillons dans mon ventre sont vraiment réels, ils existent. Ils existent. J'étire mes jambes. J'ai l'impression de ne m'être jamais sentie aussi bien de toute ma vie. Désir de ne plus jamais bouger de ce lit. Désir que plus jamais notre peau ou nos lèvres se séparent. J'ai encore l'esprit embrumé des images de la veille. Sutton m'a sûrement envoyé un message pour me demander un rapport complet. L'idée me fait sourire mais je n'y pense pas plus d'une seconde. Regarder mon portable ne m'effleure même pas l'esprit. Le retour à la réalité serait obligé et je n'en ai aucune envie. Ce que je veux croire pour le moment, c'est que Peter et moi sommes seuls au monde, juste encore quelques instants. Je repose ma tête contre l'oreiller non sans regarder la neige tomber doucement par la fenêtre. Ca paraît tellement irréel. Après tout ce temps à se tourner autour, à tout refouler parce que ça paraissait trop précipité, trop ... trop. Maintenant, nous voilà, après être partis comme des voleurs de chez Sutton. La nouvelle année commence d'une manière ... inespérée. Mes yeux se détournent de la neige pour se reposer sur Peter. Sourire en coin quand je vois son visage si parfait tout près du mien. J'essaie de graver dans ma mémoire chaque détail de cet instant. La position de ses mèches de cheveux, les plissures autour de ses lèvres, l'intensité de ses yeux puis la douceur de l'air, l'odeur des draps et de sa chambre. C'est à ce moment que je me suis souvenue de quelque chose. Malgré le fait que je vais sans doute passer pour une idiote, j'ai envie de lui dire. Une soudaine poussée d'honnêteté qui malgré ce que je viens de prétendre me fait doucement sourire. Peter paraît intrigué. Ses doigts se baladent sur les courbes de mon corps, laissant des trainées de frissons derrière eux. « Je ne sais pas si je peux te promettre un truc pareil… » dit-il visiblement amusé. Par réflexe, je lui donne un léger coup dans l'épaule en entendant sa réponse. Mais euh ! Normalement il aurait dû me dire oui, bien sûr que je ne le ferais pas ! Tss ... « Mais je veux savoir maintenant ! Dis-moi… » Je manque de piquer un fard en continuant de rire doucement entre mes mains. En fait je viens seulement de réaliser là situation dans laquelle je viens de me mettre. Je ne sais même pas comment je vais amener le truc ! Mais son regard réussit à me mettre en confiance. Et puis je l'ai cherché aussi avec mon honnêtement. Je me suis raclée la gorge en cherchant un moyen de limiter les dégâts. « Juste que ... Hum ... j'ai rêvé de toi une fois. » ai-je dit en évitant son regard pour ne pas voir sa réaction. « C'était il y a quelques mois, on était en haut de la Tour de Pise, il y avait tous les plus beaux monuments du monde autour de nous, t'avais préparé un dîné de folie et à la fin ... je me souviens plus de la fin. » Oh non, surtout pas la fin, non. Si je me sens seule après mon récit édifiant ? Oh que oui. J'ai roulé sur le dos pour un tête à tête avec le plafond. A nouveau, j'ai enfoui mon visage dans mes mains. Honte ? Nan ... « Je sais pas pourquoi je te raconte ça ... »

J'ai éprouvé une soudaine envie de lui dire en me souvenant de ce moment avant de réaliser que ce n'était sans doute pas la meilleure des idées que j'ai pu avoir jusque là. Seulement, les mots sont sortis de ma bouche avant que je n'aie pu les retenir. A croire que je ne me souvenais plus de la fin de ce rêve, c'est-à-dire moi tombant lamentablement par terre, enroulée dans les draps et mon oreiller, censé être Peter, serré contre moi. Je sens encore la honte me monter aux joues. Heureusement que Noah n'était pas là, sinon ça aurait été pire ! Le regard curieux de Peter me brûle la peau tandis que je cherche les bons mots et me maudis en même temps. Après quelques secondes à de flottement où je garde la tête dans mes mains, comme si ça pouvait me donner du courage, je finis par commencer à parler. Non mais qu'elle idée de lui parler de ça aussi, quelle idée ... Il va me trouver ridicule. Pourtant c'est trop tard et je me lance donc dans mon court récit. Le visage de Peter ne tarde pas à se fendre d'un large sourire amusé. Haaaaa je voudrais disparaître sous terre, vraiment, ou me cache sous les draps. Mais lui parler de ça équivaut à dire que je lui fais assez confiance pour lui dévoiler cette information capitale ... ou alors simplement parce qu'il est le premier concerné et que je n'aie pas su fermer ma bouche. Peter rit doucement. Je sais que ça l'amuse et qu'il ne se moque pas mais quand même, le rouge me monte aux joues. Il se positionne sur le côté et vient planter un baiser sur ma joue. « Tu sais, si ça peut te rassurer… Moi aussi j’ai beaucoup pensé à toi. Tout le temps, en fait… Depuis qu’on s’est croisés devant cette boîte de nuit… » murmure-t-il. Je souris doucement à mon tour. Bouffée de chaleur en l'entendant dire ça. Le fameux soir où on s'est rencontrés sur ce trottoir de boîte de nuit. Inutile de lui dire que j'ai aussi passé de longues minutes à penser à lui, il le sait déjà avec l'histoire du rêve. J'ignore ce qui a rendu ça possible entre nous, dès le premier soir. Presque dès le premier regard c'était comme ça, impossible que ça s'arrête à une simple rencontre nocturne sur un trottoir, même s'il est le meilleur ami de Sutton, ce qui m'a quand même bien aidé. Moi aussi j'ai beaucoup pensé à toi ... Tout le temps. La mélodie de mon coeur s'amplifie dans ma poitrine. « Bon… de mon côté il n’y avait pas de Tour de Pise mais… » dit-il en riant légèrement. Je souris, fronce mon nez et lui donne une légère tape sur l'épaule pour avoir fait référence à ce que je viens de lui confier. Heureusement qu'il ne sait pas la fin. « C'est parce que vous, mon cher, avez beaucoup moins d'imagination. » ai-je murmuré. « Mais pour ce qui est du dîner, ça peut s’arranger tu sais… » poursuit-elle en s'approchant dangereusement de ma peau nue. Ses lèvres rentrent à nouveau en contact avec elle, laissant une traînée de frissons derrière elle. Je me mordille la lèvre inférieur en me disant que c'est trop bon et que je serai à présent, incapable de m'en passer. « Vraiment ? Intéressant ... » Avant que sa bouche n'aille torturer encore un peu plus ma peau, mes lèvres capturent les siennes tout doucement tandis que mes mains vont se promener un peu partout, histoire de le mettre supplice aussi. Quand je m'écarte doucement de lui, mes yeux tombent sur des irrégularités sur sa peau que j'avais presque oublié. Des cicatrices. Mes doigts passent doucement sur chacune d'entre elles tandis que mes yeux semble absorber. Pendant ces quelques secondes, je ne pense à rien à part panser ses plaies, avant de reposer mon regard dans le sien. « Est-ce que ... je peux te demander d'où ça vient ? » ai-je demandé doucement, ne l'obligeant à rien.

La scène avait des allures irréelles et pourtant, plus les minutes passent, plus ... mon corps et ma tête s'habituent, me confirmant au contraire que tout ce qui se passe maintenant est pour de vrai. C'est réel. La chaleur du corps de Peter, sa peau contre la mienne, ses mains, ses baisers, ses caresses ... Tout est réel. J'ai jeté un nouveau coup d'oeil par la fenêtre pour voir que la neige continue toujours de tomber. La chute des flocons m'apaisent et confortent ce sentiment de sécurité que j'éprouve à chaque fois que je suis chez Peter. Plus question de Logan ou de n'importe qui d'autre, juste nous deux et franchement, ça fait du bien de ne pouvoir penser qu'à ça. Le nombre de jours que j'ai passé à penser à lui depuis notre rencontre devant le club. Je me dis qu'on aurait sans doute fini par se rencontrer parce qu'après tout, c'est le meilleur ami de Sutton ... Peu importe. Je n'arrête pas de me dire depuis mon réveil que je pourrais rester comme ça, dans ce lit avec lui éternellement. J'ai l'impression d'être dans un cocon en fait. Mais bien sûr, je n'ai pas pu m'empêcher d'être curieuse en découvrant plusieurs particularités sur son torse en contradiction avec la perfection de sa peau. Des cicatrices. Peut-être que je n'aurais pas dû poser la question, peut-être que j'aurais dû me retenir parce qu'après tout, ce n'est rien que notre première nuit ensemble, mais ... je l'ai fait, j'ai posé la question et me suis mordue la lèvre inférieur en voyant la tête de Peter. Il peut me dire que ça ne me regarde pas après tout, j'accepterai son silence sans broncher. En fait, je me suis aperçue que je ne connaissais pas grand chose de lui, de son passé et je me suis dit que je pouvais tenter de ... lui poser une question. Une part de moi me souffle qu'après tout, je lui ai avoué pour la partie la plus difficile et honteuse de ma vie, alors il peut bien ... Il peut bien rien du tout. S'il ne veut pas me raconter j'accepterais son silence car l'autre soir ... La situation n'est pas vraiment comparable à ce matin en fait. Je le regarde, pas sure de moi, me demandant si j'ai bien fait de perturber un moment si parfait avec mes questions. Il semble chercher les meilleurs mots pour m'expliquer. « C’est… c’était il y a un peu plus d’un an. J’ai eu un accident de voiture… assez grave. En fait, c’est un autre automobiliste qui m’a percuté et… » commence-t-il en soupirant. Je reste silencieuse, écoutant attentivement le début de son récit ainsi que la suite. Je le regarde en entendant le lire amer sortir de sa bouche tandis que ses yeux se détournent. « C’est tellement improbable… J’ai l’impression que personne ne me croit quand je raconte ce qu’il s’est passé… Je… Les médecins ont confondu l’autre automobiliste avec moi, et ils ont annoncé à tout le monde que j’étais mort dans cet accident. En fait, je suis resté plusieurs mois à l’hôpital, dans le coma, et sous une identité qui n’était pas la mienne… Quand je me suis réveillé, on me croyait mort et les médecins me prenaient pour un certain Monsieur Smith… » En entendant ça, je fronce les sourcils. Je n'ai aucun doute sur sa sincérité vu sa façon de raconter les faits. Mon coeur se serre en imaginant qu'il ait pu vivre un moment pareil. Une tonne de questions apparaissent dans mon esprit, à commencer par comment une telle chose est possible, mais bien sûr, je garde tout pour moi. Me raconter ça n'est pas facile pour lui, alors autant ne pas enfoncer le clou si je ne veux pas ruiner notre premier réveil tous les deux. « Voilà… c’est une drôle d’histoire mais… je me dis quand même que j’ai eu de la chance malgré tout… » finit-il par dire. J'ai un léger sourire en entendant sa conclusion. Je m'en veux un peu de lui avoir fait rappeler ces mauvais souvenirs mais je ne peux m'empêcher d'être heureusement qu'il ait bien voulu me raconter ça, même si heureuse est un bien grand mot. Je me redresse dans le lit et pose une main qui se veut réconfortante sur sa joue. « Oui ... J'ai eu de la chance aussi ce jour-là alors. » ai-je murmuré en faisant référence au fait que sans cette chance, on ne se serait jamais rencontrés lui et moi, qu'on ne serait pas là tous les deux, que je ne l'aurais ... Mon coeur se serre encore un peu. « Merci de m'avoir raconté en tout cas. » ai-je fait sincère. C'est vrai, ça compte pour moi. Ca compte parce qu'il compte à mes yeux. Mes doigts retrouvent rapidement le chemin de son torse et je me rends compte que ça serait trop bête que notre première matinée ensemble reste sur cette note. Un sourire malicieux vient soudain éclaire mon visage tandis que je viens caler un peu plus mon corps contre le sien. « J'espère que tu n'avais rien prévu ce matin. » ai-je murmuré tout près de ses lèvres avant de les capturer à nouveau.