La journée comme à son habitude, je mis encore le mauvais pied-à-terre avant de grogner les cheveux en bataille. Je pense pouvoir jouer dans un film d'horreur si je continue sur cette voie, pourquoi pas en pas explorer cette possibilité ? Je pris à peine le temps de m'apprêtais, car je me sentais déjà en retard. Mais pas en retard pour exercer mon minable stage, non en retard pour arriver en avance à mon rendez-vous du matin, 'quasi' quotidien. En effet, chaque matin, ou presque, j'avais pour habitude maintenant, de me retrouver au Starbucks, et d'y voir toujours la même tête frisée. En fait, c'était même là-bas qu'on c'était rencontré, et on se voyait presque tout le temps là-bas. On avait sympathisé car l'un avait sauvé l'autre d'un retard à son travail, ou quelque chose comme ça. Après, on c'était revu à ce même endroit, et puis ainsi de suite. Maintenant on avait pris l'habitude s'y aller de plus en plus tôt pour passer plus de temps ensemble et se parler, comme un rendez-vous matinal oui. On avait bien accroché pour deux parfaits étrangers l'un pour l'autre. Je me mise donc en chemin, limite joyeuse de ce qui allait s'en suivre. C'était assez étrange à expliquer, mais c'était comme ça depuis un certain temps. J'arrivais sur place, et le brun qui devait y être, n'y était pas encore. J'étais un peu déçu, mais tant pis, aujourd'hui, c'est moi qui vais m'occuper de tout. Je pris donc ma commande habituelle, et celle d'Alejandro aussi. Je m'installais à une tasse regardant les cafés fumer avant qu'il n'entre en scène. Je lui fis un signe de la main, avant qu'il s'installe en face de moi. « Et bien, j'ai faillit attendre tu sais. » Je lui fis un large sourire, car en fait j'étais loin d'être mécontente de sa venue. Depuis qu'on avait l'habitude de se voir tous les matins, c'était un peu comme un petit moment où je me sentais bien avant de commencer ma journée. Le petit moment qui peut nous mettre de bonne humeur pour un certain temps. Pour moi, c'est ce que c'était devenu. Alors que je ne pense pas que j'aurais pu sympathiser avec lui en temps normal, surtout qu'à part nos caractère, on n'avait aucune raison de se rencontrer. Mais il a fallu qu'on squatte le même starbucks le matin pour qu'on fasse attention l'un l'autre, enfin, plutôt qu'on ce remarque.

Le réveil a sonné. En fait, je suis déjà réveillé depuis au moins vingt minutes mais je n'ai pas eu envie de sortir du lit plus tôt que prévu. Résultat ? Résultat j'aurais dû. Pas que je ne suis pas particulièrement du matin mais disons que c'est tout comme. J'ai brièvement croisé Amaury dans le salon avant qu'il ne parte en cours. Les miens ne commencent qu'à quinze heures donc j'ai largement le temps ... disons de vivre ma vie. Pourquoi le réveil alors ? Pour me réveiller à temps pour mon rendez-vous régulier dans un petit café à Manhattan avec Skye. C'est vraiment devenu une habitude, quelque chose qu'on aime faire tous les deux. Ce sont nos moments à nous en fait vu qu'on est pas du genre à rester collés ensemble, raison pour laquelle nos petits-déjeuners, si on peut dire là-bas me redonnent toujours le sourire. Même quand le matin je suis pas au top, comme c'est le cas précisément maintenant. Quand je n'ai pas cours, j'ai tendance à prendre un peu trop mon temps, à croire que j'ai beau regarder l'heure sur mon portable mais que ça n'imprime pas dans mi cabeza. Faut pas trop m'en demander avant mon premier café en fait. Résultat, je suis parti un peu juste, voire beaucoup trop juste. Surtout, c'était sans compter sur les embouteillages quotidiens qu'on peut trouver à New-York. Bien sûr. Cette ville est complètement loca. Un coup d'oeil rapide à l'heure sur le tableau de bord m'indique que oui, je suis déjà en retard. Heureusement que je connais Skye et que je sais qu'elle ne m'en voudra pas. J'ai donc pris mon mal en patience, il n'y a que ça à faire de toute façon. J'aurais pu envoyer un message à Skye mais ça ne sera pas un trop gros retard. Et puis, c'est pas la première fois que l'un d'entre nous arrive en retard à l'un de nos rendez-vous presque quotidiens. Finalement, la circulation est devenue plus fluide quand je suis entré dans Greenwich Village et j'ai pu aller me garer rapidement devant le Starbucks. Une minute après, je pousse la porte d'entrée et cherche ma tête blonde du regard avant de la trouver assise à une table, avec déjà tout ce qu'il faut dessus. Un sourire apparaît sur mes lèvres tandis que je m'approche d'elle. « Et bien, j'ai faillit attendre tu sais. » sourit-elle en me suivant du regard. Je m'installe en face d'elle sur ma chaise, heureux de les voir, elle et mon café. « J'aime me faire désirer. Je suis comme ces divas américaines qui pètent plus haut que leur cul. » ai-je plaisanté malgré mon faux air sérieux. Ca c'est de l'entrée. Bien sûr que je plaisante, jamais je pourrais être comme ces gens à la télé ... Bon okay, j'ai mon orgueil de latino mais c'est différent. Histoire de bien me réveiller, j'ai pris une gorgé de café. « Désolé pour le retard, y a eu une caravane de dromadaires qui a bloqué la route. » ai-je poursuivi. Haha, haha ... dis moi Alex, t'as bouffé un clown d'un mauvais film d'horreur ou quoi ce matin ? Reprenons notre sérieux. « Sinon, ça va ce matin ? » ai-je demandé en ayant une soudaine envie de croissants au chocolat.

« J'aime me faire désirer. Je suis comme ces divas américaines qui pètent plus haut que leur cul. » Je lui souris, il s'assit devant moi où l'attendait son petit-déjeuner habituel. Il avait toujours ce petit côté auquel je ne pouvais pas lui en vouloir. En fait c'était plus une habitude qu'autre chose, mais ça me mettait toujours de bonne humeur de l'avoir face à moi à cette table presque tous les jours. Il avait raison, il avait souvent une vision un peu décalé, mais pas aussi décalé que la mienne, certes on n'avait vraiment pas du tout le même passé, mais avec nos caractères, on s'entendait à merveille. « Toi ? Une diva ? Laisse-moi rire. » rien que ce petit moment le matin me permettait toujours d'aborder la journée de bons pieds, c'est simple jusqu'à ce qu'on me mette vraiment hors de moi, j'étais plus calme. Faut croire que certaines personnes ont des pouvoirs magiques sur nous, si ce n'est pas effrayant... « Désolé pour le retard, y a eu une caravane de dromadaires qui a bloqué la route. » Je le regardais plus sérieusement tout en sirotant mon café bien chaud par cette fraicheur extérieure. Je lui fis un vieux sourire. On sortait toujours les excuses les plus absurdes du monde pour donner une raison à certaines choses, mais le fait est qu'on c'est très bien pourquoi l'autre le fait. « C'est bien cela oui, j'en ai entendu parlé à la radio ce matin, la cargaison venant du désert du Texas a fait escale par New York, d'où ton retard. Mais t'en fais pas, je ne t'en veux pas du tout. » Lui dis-je sur un ton moqueur.. certes parfois on pouvait dire n'importe quoi, mais ça ne gâchait en rien ce petit moment de détente. Il reprit plus sérieusement. « Sinon, ça va ce matin ? » Je pris un instant pour me rappelle de mes crises de flemme matinale car rien en moi n'a envie d'aller au magasin entreprendre ce foutu stage qui ne me sert en rien. Allez il faut tenir quatre mois Skye, plus que quatre petits mois. Ces derniers seront comme les premiers sans aucune considération, mal rémunérés, et surtout d'un ennui. Heureusement qu'à côté j'ai un moyen de rentrée d'argent plus sûr, mais moins mensuel... Et il s'appelle Orphée. J'ai eu beaucoup de chance quand un gars dans ce genre fait appel à moi, pauvre petite débutante pour m'occuper de lui, alors que je ne visais pas du tout dans son style. Mais c'est bien ça qu'il faut que je fasse m'adapter aux styles de chacun quand c'est une demande plus personnelle. Je m'imaginais déjà ma future journée morne et sans intérêt comme d'habitude. Voir New York à l'approche des fêtes ne m'enchantais pas du tout, mais vraiment pas. Alors dans un souffle je répondis à Alejandro tout en touillant mon café en m'accoudant à la table. « Pour le moment oui, je ne sais même pas comment je tiens dans cette ville. Et toi ? »

« Toi ? Une diva ? Laisse-moi rire. » me répond-elle amusée par ma première réplique de la matinée. Je m'installe tranquillement à ma place, comme je le fais presque quotidiennement dans ce même endroit. Mes lèvres restent étirées en un sourire tout ce qui y de plus sincère, ce qui est aussi le cas très souvent durant nos petits moments matinaux. Commencer mes journées par nos rendez-vous du petit-déjeuner, c'est une des choses que je préfère depuis que j'ai commencé ma nouvelle vie à New-York et qu'on se connaît. Les disputes ? On connaît pas et j'espère que ça restera comme ça. Je croise les bras sur ma poitrine et fait bouger ma tête pour faire passer un soudain mal au cou ... et prendre le temps de bien me réveiller aussi, accessoirement. Moi une diva ? Sur ce coup là elle a raison, pas crédible. Là d'où je viens, je peux pas me permettre de plus me sentir ... Quoique j'y pense, pendant ma période membre de gang, j'ai quand même atteint un certain niveau donc bon. Mais le principal c'est que je ne sois plus comme ça maintenant. Sauf qu'il reste toujours mon orgueil de latino et parfois ça m'arrangerait qu'il disparaisse. Totalement détendu, en même temps je sors tout juste du lit vous me direz, je prends une nouvelle gorgée de café tout en pensant à l'après-midi de boulot au magasin qui m'attend dans tout juste quelques heures. « C'est bien cela oui, j'en ai entendu parlé à la radio ce matin, la cargaison venant du désert du Texas a fait escale par New York, d'où ton retard. Mais t'en fais pas, je ne t'en veux pas du tout. » continue Skye en entrant dans mon jeu. Je me retiens de rire. En même temps ce que je viens juste de dire sur les dromadaires était tellement stupide ... Je sais pas pourquoi j'ai sorti une connerie pareille d'ailleurs, une envie soudaine sûrement. Continuant à jouer le jeu, j'enchaîne le plus sérieusement du monde : « Trop gentil de ta part. » ai-je dit en marquant une pause avant de reprendre. « Je suppose que je devrais pas être étonné si jamais tu me dis que t'as croisé des dinosaures si t'es en retard la prochaine fois ? » Au point où on en est de toute façon. J'ai pris le croissant dans mon assiette et en ai pris un gros bout. Puis, n'oubliant quand même pas les bonnes manières, je demande à Skye comment elle va. « Pour le moment oui, je ne sais même pas comment je tiens dans cette ville. Et toi ? » Je fronce légèrement les sourcils en entendant sa réponse mitigée. « Le boulot ? » ai-je demandé curieux. Personnellement, entre Tijuana, Los Angeles et New-York, si je devais choisir dans quelle ville j'ai vécu le plus de belles choses ... Inutile de préciser que ça serait sans aucun doute New-York, enfin pour le moment. Avant de répondre à sa question, je hausse les épaules. « Moi ça va. Les cours, le boulot ... Pas grand chose de nouveau. Je vais sûrement passer Noël à Los Angeles avec ma famille ... Bref, ma vie passionnante quoi ! » ai-je fait avec un large sourire. Quand on compare ma vie actuelle avec ce qu'était ma vie il y a quelques années ... Je me dis que je suis quand même heureux d'avoir si peu de chose à raconter maintenant.

« Trop gentil de ta part. » Me dit-il sur le ton du sarcasme, on m'en avait donné des excuses plus bidons les une que les autres, mais je dois avouer, que c'était lui qui détenait la palme, quel honneur. « Je suppose que je devrais pas être étonné si jamais tu me dis que t'as croisé des dinosaures si t'es en retard la prochaine fois ? » Après avoir ri à ses mots, je m'imaginais bien la scène dans ma tête, et sur un ton approbateur je lui rétorquais : « C'est bien ça, tu as tout compris ! Ou peut-être un enlèvement par des extraterrestres, c'est tout autant possible, si ce n'est plus probable, quoi que... » Je m'imaginais de nouveau une nouvelle scène dans ma tête, l'apocalypse à New York City, on se croirait presque dans des films de catastrophe, nous qui sommes passé si près de la fin du monde, c'était un comble. Je sirotais mon café tout en admirant la vue dégagée sur l'extérieur, l'hiver était bel et bien là, je trouvais ça fascinant,, j'ai toujours beaucoup aimé l'hiver, je ne sais pas j'adore peut-être m'emmitoufler sous 90 couches de vêtement, ou trainer en tee shirt dans les rues, j'aime respirer l'air frais, et c'est aussi signe que c'était bientôt l'heure du surf (snow), une grande passion. J'étais aux anges, si je n'avais pas ce stage, je serais presque, j'ai bien dit presque, comblé. « Le boulot ? » Dans le mile après tout je m'en plaignais assez, ça devait se lire clairement sur mon visage. « Tout à fait, mais heureusement dans quatre mois c'est fini, je vais pouvoir me consacrer à ma propre collection, je suis impatiente ! » Oui cette bonne nouvelle me redonnais le sourire, j'allais pouvoir enfin vraiment me lancer dans mon projet, est grâce à quelques clients, soit Orphée et Nathan qui avait bien voulu d'une pauvre débutante pour styliste, j'étais bien décidé à m'y mettre sérieusement, et j'avais assez d'argent pour le moment, pour vivre tranquillement durant quelques mois, après, ça sera une autre affaire... Car le problème et que j'ai besoin de plus de deux personnes qui me demande des tenues, car ils ne refont pas leur garde robe tous les jours, c'est une bonne rentrée d'un coup, mais pas à long terme, malheureusement, sinon je pourrais partir ans les Caraïbes dans trois ans sans aucun soucis. C'est mal foutu la vie parfois. Je m'en retournais donc à mon cher petit personnage bouclé. « Moi ça va. Les cours, le boulot ... Pas grand-chose de nouveau. Je vais sûrement passer Noël à Los Angeles avec ma famille ... Bref, ma vie passionnante quoi ! » Je le regardais, oui parfois on avait peu de conversation, mais je pense que c'est simplement le fait de se voir quotidiennement qui nous mettait de bonne humeur. « Oh je vois, j'espère que tu vas passer de bonnes fêtes au moins. Je vais surement passer Noël comme tous les ans, comme un jour normal, car on ne l'a jamais fêté dans ma famille, on n'est pas du tout fêtes tu sais. »

« C'est bien ça, tu as tout compris ! Ou peut-être un enlèvement par des extraterrestres, c'est tout autant possible, si ce n'est plus probable, quoi que... » me répond Skye quand je lui parle des prochains dinosaures qui lui barreront la route la prochaine fois qu'on se verra. Mes lèvres sont toujours étirées en une sourire amusé tandis que je continue à manger mon croissant et à vider ma tasse que ma camarade a demandé avant même que je n'arrive. C'est qu'à force, on commence à connaître nos petites habitudes matinales, c'est presque drôle, presque comme un vieux couple en fait. L'idée est étrange, Skye et moi en vieux couple « Mais les extraterrestres ça manque tellement d'originalité de nos jours ... » ai-je dit avec une fausse voix blasée comme si c'est la pire chose du monde. Oui je sais, notre conversation prend des allures assez étranges, et alors ? Ce genre de conversation absurde, je m'y suis habitué , même si je suis en fait très sérieux quand je dis que les extraterrestres de nos jours, c'est surfait. Les gars ils ont trop exploité le filon entre les films et tout le reste. Bon d'accord, les dinosaures aussi mais ... moins je pense, à part si on a trop regardé l'Âge de Glace trois. Boire une gorgée de mon café a achevé de me réchauffer après le petit moment que j'ai passé dehors pour venir ici. J'ai eu beaucoup de mal à m'habituer au climat hivernal de New-York. Toutes les villes où j'ai vécu avant -y en a trois- connaissent des hivers relativement cléments, en particulier à Tijuana. Skye et moi enchaînons sur la question habituelle qui est "comment ça va". Elle attise ma curiosité en me répondant qu'elle se demande comment elle fait pour tenir dans cette ville. C'est vrai que New-York ... eh bien parfois il faut s'accrocher pour suivre son rythme. « Tout à fait, mais heureusement dans quatre mois c'est fini, je vais pouvoir me consacrer à ma propre collection, je suis impatiente ! » Elle retrouve son sourire en évoquant la fin de son stage et son projet. Elle m'a déjà parlé de tout ça un certain nombre de fois. « Oui il faut encore que tu tiennes un peu mais je sais que tu vas y arriver. Après ça pour te voir je devrai demander un rendez-vous à ta secrétaire. » ai-je fait à la fois pour l'encourager à tenir, mais aussi en étant sincère. Je me demande de quoi auront l'air nos petits-déjeuners quotidiens quand elle sera une styliste de renommée mondiale. Ils ne seront sûrement plus aussi quotidiens que ça. Après ça a été à moi de répondre à la fameuse question. Ma réponse a été courte vu qu'il n'y a pas grand chose à raconter en ce moment sur ma vie. « Oh je vois, j'espère que tu vas passer de bonnes fêtes au moins. Je vais surement passer Noël comme tous les ans, comme un jour normal, car on ne l'a jamais fêté dans ma famille, on n'est pas du tout fêtes tu sais. » Je hoche la tête et finis mon croissant. « Oui j'ai cru le comprendre. » ai-je fait avec un sourire en repensant aux fois où elle me parle de sa famille. Quand j'entends parler de ses parents, c'est là que je me dis silencieusement que les chiens ne font pas des chats. « Oh mais tu sais chez moi ça va être comme chaque année. Ma grand-mère va venir du Mexique, faire à manger pour un régiment, va me pourrir avec son rouge à lèvres toute la soirée, tout le monde sera bien habillé ... et trois jours plus tard tout le monde sera reparti et je ramènerai de la bouffe pour 20 personnes avec moi à New-York ! »

Je regardais Alex, on avait nos habitudes, vraiment une de ses habitudes. Il me semble ne pas trop aimer avoir un train train quotidien bien net, mais quand ce n'est que ça, on peut facilement faire l'impasse sans broncher. On n'était pas les seuls à avoir nos habitudes ici, il y avait toujours une jeune filles étudiante qui prenait son café à la troisième vitesse et qui le buvait en courant dans la rue, bien que ça soit tous les jours, elle n'arrivait pas à ce lever plus tôt pour ne pas être en retard. Il y avait aussi un gars solitaire toujours à la même chaise, qui lisait son journal, tranquillement avec une pâtisserie nouvelle chaque jour. À force, on avait même l'impression qu'ils nous étaient familiers. « Mais les extraterrestres ça manque tellement d'originalité de nos jours ... » Je regardais Alex toujours amusé, oui c'est vrai c'est tellement vu et revu ce que je venais de lui dire, mais bon, j'ai dit la première chose qui me venait à l'esprit. « Excusez-moi ô monsieur de ne pas avoir trouvé mieux pour ce matin ! Peut-être seras-tu plus surpris demain. » Lui dis-je un grand sourire aux lèvres. C'est ça qui était bon, pas d'embrouille et on arrivait toujours de bonne humeur sur le lieu de travail. Bien une ça finisse toujours par changer, mais bon, au moins la mâtiné est sûre d'être agréable. « Oui il faut encore que tu tiennes un peu mais je sais que tu vas-y arriver. Après ça pour te voir je devrai demander un rendez-vous à ta secrétaire. » J'essayais déjà de m'y voir après avoir monté un gros truc, l'agenda chargé, et essayant d'imaginer ce que serait ma vie si un jour j'arrive à percer. Ça serait surement bizarre, mais on gagne pas en célébrité en deux jours, mais j'espère vraiment y arriver, mais je ne m'accroche pas trop à l'idée, d'être 'mondialement connue' si au final ce n'est pas le cas. Je préfère rêver de l'accessible plutôt que de tomber de haut. Mais si c'est plus, je ne dis pas non. « Haha ! On verra bien, pour le moment j'ai bien avancé dans mes planches. Mais tu sais, il y aura toujours une place le matin pour toi et moi, ce créneau sera toujours dégagé. » Lui dis-je sur un ton de petite fille heureuse, comme si elle venait d'avouer ses sentiments à un petit garçon. Je pris une autre gorgée de café avant de replonger dans les yeux d'Alex. Je crois qu'avec tous ces matins, je l'avais entièrement passé en revue. Ses cheveux ondulés quelque peu négligé, ses beaux yeux bleu, cette certaine folie de pilosité sur le visage de temps à autre, j'étais bien contente d'avoir une si belle vue tous les matins moi. « Oui j'ai cru le comprendre. » Ce que j'aimais bien avec lui, c'est qu'il me comprenait assez sur la famille. Parce que, j'aime mes parents, c'est sûr, mais on est proche à notre manière, on n'a pas besoin d'artifice pour ça, c'est simple, bien que les autres trouvent que ça peut-être négligé. « Oh mais tu sais chez moi ça va être comme chaque année. Ma grand-mère va venir du Mexique, faire à manger pour un régiment, va me pourrir avec son rouge à lèvres toute la soirée, tout le monde sera bien habillé ... et trois jours plus tard tout le monde sera reparti et je ramènerai de la bouffe pour 20 personnes avec moi à New-York ! » Je rigolais, je voyais extrêmement bien la scène dans ma tête, surtout celle des baisers de la grand-mère. Je ne peux pas vraiment me dire que c'est un manque pour moi, et vu les retours que je peux avoir, je préfère avoir mes propres Noël, soit pas vraiment de Noël. Selon moi, on est trop sorti du contexte de base, et c'est devenu plus commercial qu'autre chose, moi qui n'aime pas cette société de consommation, je dois bien l'aimer pour en vivre. « Je t'y vois merveilleusement bien. Tant qu'avec toute cette bouffe, tu en reviens pas avec dix kilos en plus... Alors c'est toi ton programme à toi de la journée ? »

« Excusez-moi ô monsieur de ne pas avoir trouvé mieux pour ce matin ! Peut-être seras-tu plus surpris demain. » dit-elle en souriant alors que je lui dis que les extraterrestres, c’est surfait de nos jours. Je rigole doucement, imaginant sans peine ce que son imagination débordante va trouver pour demain matin. C’est agréable de commencer le début de sa journée de cette façon. Ca peut être assimilé à une habitude de vieux couple, je le sais bien mais étrangement, ça ne me dérange pas du tout. Pourquoi ça se passerait d’une manière différente de toute façon ? Après tout depuis New-York, depuis deux ans donc, je me suis posé. Plus de conneries, même si j’aime encore participer à des combats de rue. La stabilité et donc un côté train-train quotidien. Il n’y a rien de mal à ça même si de temps en temps … l’adrénaline commence à manquer. C’est comme un besoin urgent en mémoire de mes trois années passées dans le gang ou de cette fameuse nuit où j’ai traversé la frontière en suivant mon propre instinct et non celui del coyote. Pas que ces périodes de ma vie me manquent particulièrement, ô ça non, juste que parfois … parfois c’est étrange de repenser à ma vie d’avant et celle que je mène maintenant. J’ai passé une enfance miséreuse à me faire attoucher par un pervers et maintenant je suis un étudiant qui vit dans un appartement spacieux. En lui demandant comment elle va, elle me parle de son stage et de son envie grandissante qu’il se termine. Je m’amuse alors à imaginer que quand elle sera une styliste de renommée mondiale, je devrais passer par sa secrétaire rien que pouvoir lui dire un mot. « Haha ! On verra bien, pour le moment j'ai bien avancé dans mes planches. Mais tu sais, il y aura toujours une place le matin pour toi et moi, ce créneau sera toujours dégagé. » dit-elle comme si elle me prenait pour un lent d’esprit ou un gosse. Je lève les yeux au ciel toujours aussi amusé. Je sais comment sa vie sera, celle d’un grand nom de la mode, mais la mienne reste un véritable mystère. Parce que vraiment je n’ai pas l’attention de rester chez Levis toute ma vie. Mais bon je ne me plains pas car si je sais où je vais finir, il n’y aurait plus rien de drôle. Un large sourire innocent étire mes lèvres tandis qu’elle ne me quitte pas des yeux. « C’est trop gentil de ta part de ne pas oublier les vieux amis… » ai-je fait en m’affalant contre le dossier de la chaise. C’est vrai qu’on est devenus tellement proches à force de se voir que j’aurais du mal à me passer de nos petits déjeuners ou de la voir, tout simplement. La discussion part ensuite vers un sujet que je sais étrange pour elle, la famille ou autrement dit, comment on va passer les fêtes de fin d’année. Elle m’a parlé plusieurs fois de tout ça, qu’ils n’étaient pas vraiment du genre à passer du temps ensemble pour ce genre d’occasions. J’aurais pu dire que ça me fait bizarre, l’idée qu’elle passe Noël toute seule. Ce qui est vrai dans un sens et je lui ai dit au début, parce que mes derniers Noël ont été en famille, même si certains ont été plus compliqués que d’autres … Sauf qu’il ne faudrait pas que j’oublie qu’il y a toute une période de ma vie où je n’ai pas fêté ça non plus. Hector n’a jamais aimé Noël voyez-vous. Mais je raconte donc à Skye le programme qui ne change pas depuis des années chez les Villamarin quand vient cette fameuse soirée de décembre. Ca fait rire ma camarade. Elle imagine sans doute mon visage recouvert de rouge à lèvres et pas par une fille de mon âge moi qui suis un grand tombeur mais plutôt pas une qui a plus de soixante-dix ans. Ma famille adoptive quoi. « Je t'y vois merveilleusement bien. Tant qu'avec toute cette bouffe, tu en reviens pas avec dix kilos en plus... Alors c'est toi ton programme à toi de la journée ? » demande-t-elle. Sourire amusé. Parfois j’ai du mal à me souvenir que les Villamarin ne sont que ma famille adoptive. Je les considère comme ma vraie famille de toute façon depuis tout ce temps. Honnêtement après toutes les merdes que j’ai vécues, je ne pouvais pas mieux tomber. Tout ce qui me reste de ma famille biologique c’est oncle à qui je pourrais foutre une balle en pleine tête sans remords. Je hausse les épaules. « Le principal c’est que je prenne pas dix kilos oui … je me ferais tuer par mes profs, et puis les bourrelets ça m’iraient pas. Mais pour répondre à ta question …. Mmm après notre déjeuner je vais aller bosser au magasin et puis ensuite je vais en cours vers quinze heures. J’ai une éval’ … je crois bien. » ai-je terminé avec un doute . Oui le mec qui se tient vachement au courant. « Et toi ? »

« C'est trop gentil de ta part de ne pas oublier les vieux amis... » On se projetait déjà dans un futur qui n'était peut-être pas prêt de se réaliser. Qui sait, ici, on n'est jamais sûr de rien. C'est tellement difficile de se faire un nom dans ce pays quand on est personne. Je m'étonne parfois quand certains arrivent à me reconnaître, c'est jouissif en quelque sorte, mais aussi bizarre. On est quelqu'un tout en étant personne en fait. Après, bien sûr, je n'avais pas choisi de venir à New York pour rien, il est sûr qu'à Ottawa, je n'allais pas tirer grand-chose d'un stage, ou bien trouver un bon coin pour faire connaître mes idéologies et mon style. New York semblait une vile plus appropriée pour se lancer, bien qu'un peu plus osée, on va dire. Se projeter dans l'avenir, c'est un peu comme rêver non ? On ne sait jamais ce qu'on va finir par trouver, devenir, même si l'on rêve un jour de finir comme l'image qu'on s'était projetée de nous dans notre petit écran plasma cérébral. Mais il est vrai, que j'aurais beaucoup de mal à m'extirper de ma routine journalière, je sais pas, c'est un moment sacré pour moi, ce petit moment, en tête-à-tête avec mon mexicain préféré. Il faut bien admettre qu'un jour cela évolue, mais je ne veux pas qu'il soit supprimé. En fait, ces quelques minutes, me permettent de partir du bon pied, de bonne humeur, et d'attaque pour une partie de la journée. Et je dis ça peut-être hâtivement, mais je ne pense pas devenir, si un jour je le deviens, une styliste célèbre, qui ce fou de tout et des gens qu'elle a pu fréquenter auparavant qui ne sont pas de son 'monde'. Les souvenirs d'Aaron remontent dans ma mémoire. On n'appartenait pas au même monde lui et moi, et pourtant, il y avait bien eu quelque chose. J'eus comme une suffocation qui fut perçue par un léger son aigu qui sorti de ma bouche. Je repris mes esprits en chassant au plus vite ses souvenirs de ma tête, en essayant de me consoler, le passé, c'est le passé, pense à l'avenir. « Alex, jamais je ne pourrais t'oublier, surtout pas toi. » Lui dis-je le plus sincèrement possible. C'est vrai. On passe de très bons moments ensemble, on ne sait jamais pris la tête, c'est un véritable plaisir de le voir, c'est mon souffle du matin, voilà, c'est tout à fait ça.

« Le principal c'est que je prenne pas dix kilos oui ... je me ferais tuer par mes profs, et puis les bourrelets ça m'iraient pas. Mais pour répondre à ta question .... Mmm après notre déjeuner je vais aller bosser au magasin et puis ensuite je vais en cours vers quinze heures. J'ai une éval' ... je crois bien. Et toi ? » Il me faisait rire, il semblait toujours au courant de ce qui pouvait bien se passer dans sa vie professionnelle, surtout en tant qu'étudiant. Je repensais à ce qui allait bien pouvoir se passer après le début du mois de mars. Quand on m'annoncera gaiment, j'insiste sur ce mot, que c'est là que tout s'arrête pour moi. Je ferais quoi ? Je reprendrais mes études là où je les avais laissées ? Je continue dans ma lancée, en trouvant une petite boutique ? Je continue sur mes croquis qui ont rendu mon studio infranchissable ? Je ferais quoi après ? Je deviendrais quoi ? Tant de questions me venaient à l'esprit, et j'essaye simplement de ne pas trop avoir de dettes ou de retard financiers, je ne me le permettrais pas. « Oh, rien de bien, intéressant. Je vais servir des clients plus odieux les uns que les autres toute la journée, Kyle va encore me demander de garder le sourire, et je vais tout faire pour ne pas péter un câble devant un énième client. La routine quoi. »

Je lui ai dit que c'était gentil de sa part de ne pas oublier les vieux amis pour plaisanter bien sûr. Je la connais assez pour savoir que ... enfin même si la célébrité change les gens, il y a toujours des exceptions. Mais à ma grande surprise après ma petite phrase, Skye a soudain le regard perdu et un silence de quelques secondes s'installe entre nous. Je ne dis rien mais me demande à quoi elle pense ou alors à qui. J'ai la confirmation de ce que j'avance quand j'entends un petit bruit aigüe sortir de sa bouche, presque imperceptible mais ... « Alex, jamais je ne pourrais t'oublier, surtout pas toi.» finit-elle par dire. Un sourire, lui aussi presque imperceptible étire le coin de ma bouche. On a tous le droit d'avoir nos moments de pensées secrètes, des moments où notre esprit vagabonde vers autre chose. Je me suis dit du coup que ce n'était pas la peine de faire une quelconque remarque à ce propos, même si je suis curieux de savoir ce à quoi elle pensait. Peut-être plus tard. Quoiqu'il en soit, je perçois la sincérité dans sa voix. « Tu n'as pas besoin de me le dire Skye, je le savais. » ai-je dit en hochant la tête. Il y en a eu d'autres phrases de ce genre dans ma vie pourtant. C'est le côté fraternel qu'on peut trouver dans un gang. Le piège suprême en fait. Vous êtes persuadé d'être seul et incompris et c'est de cette façon que la perspective d'entrer dans un gang devient soudain la solution. Tout ce que vous voulez c'est avoir une famille, d'avoir des frères et voilà comment vous vous faites embarquer sans réellement comprendre que par la suite, ça vous coûtera tout. Des phrases de ce genre ont toujours beaucoup compté pour moi. Ça doit être mon point faible si je peux dire, toujours avoir envie d'y croire.

Puis, notre conversation matinale se détourne sur des thèmes plus habituels. Nos vies, nos familles, nos plans pour la journée. Savoir que je peux compter sur elle comptera toujours à mes yeux, peu importe ce que l'avenir nous réserve à tous les deux, même si je reste persuadé qu'elle s'en sortira bien mieux que moi. Je lui retourne la question après lui avoir raconté mon programme de la journée qui n'a rien de flamboyant. « Oh, rien de bien, intéressant. Je vais servir des clients plus odieux les uns que les autres toute la journée, Kyle va encore me demander de garder le sourire, et je vais tout faire pour ne pas péter un câble devant un énième client. La routine quoi. » Je ne peux pas m'empêcher de grimacer en écoutant son programme qui en effet, n'a rien de réjouissant. Je sais que ce stage lui pèse et que ce Kyle n'aide en rien et spécialement ce matin, l'idée que sa journée se passe comme ça m'irrite. « Ouais ... Je peux peut-être m'arranger avec les extraterrestres pour qu'ils fassent un faux kidnapping et comme ça t'auras une bonne excuse pour manquer ta journée. Je peux le faire si tu veux. Même si j'ai dit qu'ils manquaient d'originalité de nos jours ... Je peux le faire, ils me doivent un service. » ai-je fait très sérieusement en faisant référence au début de notre conversation.