Rentrer chez elle, Coleen le faisait à pieds normalement. Elle habitait suffisamment près de la fac pour s’offrir le luxe de marcher pour faire le trajet, ce qui l’arrangeait bien étant donné la sainte horreur qu’elle avait des transports communs. Oui, c’était ce qu’elle faisait normalement, mais aujourd’hui, il pleuvait et ça, en plus du froid, avait eu raison de ses quelques réticences. C’était donc assise sur un banc d’abribus, la tête appuyée contre la paroi derrière, qu’elle se trouvait actuellement, attendant de pouvoir regagner son chez elle. Comme elle n’avait rien d’autres à faire, elle regardait les passants malheureux passants qui s’aventuraient dans la rue même s’il n’y avait franchement pas grand-chose à voir. Ils étaient tous pareils, marchant vite, en manteau – noir le plus souvent pour ne pas faire original- et avec un grand parapluie qui s’avérait être une arme redoutable pour ceux qu’ils pouvaient croiser.

La jeune femme soupira, elle avait l’impression d’attendre depuis des heures, pourtant, elle n’était là que depuis quelques minutes à peine – elle l’apprit en sortant son portable. C’était sûrement pour ça qu’elle rentrait chez elle à pieds, pour ne pas avoir à attendre. Elle songea même, l’espace d’un instant à vaincre la pluie pour avoir l’impression d’avancer à quelque chose mais elle n’en fit rien. Elle se sentait trop fatiguée pour ça. Elle n’avait pourtant pas eu une journée particulièrement épuisante, le fait était juste qu’elle dépensait en ce moment des trésors d’énergie pour éviter Peter et ce n’était pas la chose la plus facile au monde étant donné qu’ils fréquentaient la même fac et ce même si cette dernière était assez grande, Coleen avait la fâcheuse tendance de toujours se trouver sur le même chemin. Elle avait fini par mettre au point une solution simple pour ne prendre aucun risque, celle de rester chez elle et de ne pas se rendre en cours. C’était nettement moins fatigant et tellement mieux. Sa sœur lui avait dit la veille, lorsqu’elle l’avait eu au téléphone, qu’elle était ridicule et qu’elle n’allait pas passer sa vie à éviter un simple garçon. Coleen s’était contenté de lui répondre par un simple petit oui pas très convaincant, elle n’avait pas osé lui dire que cela lui conviendrait très bien de continuer comme ça longtemps ni que, de son point de vu, Peter n’était pas qu’un simple garçon et que c’était bien là tout le problème. Mais elle avait dit oui, et elle était venue aujourd’hui, en ne changeant cependant pas ses nouvelles habitudes. Elle s’était aussi souvenue pourquoi elle ne confiait jamais rien à sa sœur avant et avait pris la résolution de continuer ainsi à l’avenir. Fin de l’histoire.

Elle était maintenant condamnée à endurer une conversation passionnante sur les problèmes de manucure d’une fille non loin de là. Pas que ça l’intéresse franchement, mais la fille en question parlait d’une voix tellement haut perché que tout l’entourage été forcé l’entendre. Coleen hésita un moment à aller lui dire de se la fermer mais au moment où elle s’apprêter à le faire, elle fit tomber son portable. Lorsqu’elle releva la tête, après avoir ramasser ce dernier, sa préoccupation n’était plus du tout celle-là, elle songeait plutôt, en regardant devant elle, que là, il n’y avait nulle part où se cacher.

Depuis la première heure de cours de la journée, Peter n'avait eut de cesse de regarder par la fenêtre. Pourtant, les cours le passionnaient toujours autant, mais cette journée pluvieuse attirait bizarrement plus son attention que le professeur qui s'agitait devant son tableau noir. Mais le jeune homme devait bien avouer que ce n'était pas la première fois qu'il rêvassai ainsi au lieu de prendre des notes. En effet, depuis quelques semaines il pensait à tout un tas de choses, mais certainement pas à ses études de criminologie. Lui qui était d'ordinaire si studieux était bien souvent distrait. Et c'était bien évidemment Coleen qui occupait tant son esprit. Depuis l'épisode de la séance photo et leur baiser volé, Pete ne l'avait plus recroisée. D'ailleurs, c'était une chose assez étrange puisqu'ils étaient censés fréquenter la même université... Soit. De toute façon, il n'avait pas fait preuve d'assez de courage pour la rappeler, alors il se contentait d'attendre en pensant à elle. C'était idiot, et il était probablement en train de la perdre à tout jamais, mais il ne se sentait pas capable de faire quoi que ce soit sans y être contraint.

Contre toute attente, ce fut un réel soulagement que d'entendre le professeur annoncer la fin du cours. Avec et air absent qu'il arborait depuis plusieurs jours, Peter se leva, rangea les affaires qui ne lui avaient pas servi à grand chose, et quitta la salle sans tarder. Même si le ciel était toujours menaçant, il ne tombait plus que quelques gouttes sur la ville, et le jeune irlandais décida de rentrer à pied. Après tout, il n'habitait pas extrêmement loin de l'université, et un peu d'eau ne le tuerait pas. Au contraire, il serait d'autant plus soulagé de retrouver la chaleur de son petit appartement. Là, il se préparerait un bon thé, et s’étalerait sur le canapé pour y regarder la télé. Peter s'y voyait déjà, mais c'était sans compter sur les caprices incontrôlables de la météo. Quelques minutes seulement après son départ de la fac, une violente averse se mit à dégringoler du ciel et il ne fallait qu'une dizaine de seconde au jeune homme pour être complètement trempé. Cherchant à tout prix à se mettre à l'abri, Pete commença à courir puis repéra un abri-bus non loin du trottoir où il se trouvait. En quelques foulées, il s'élança vers ce dernier et se mit à l'abri le plus vite possible. Il baissa la tête et la secoua comme un chien aurait pu le faire, laissant ainsi ses cheveux asperger ses épaules. Peter arborait un large sourire car la situation l'amusait au plus haut point. Mais son sourire s'effaça sitôt qu'il releva les yeux et les posa sur la personne qui occupait déjà le banc de l'abri-bus.

Une bouche entrouverte et des yeux écarquillés remplacèrent donc son beau sourire. Coleen était là, juste devant lui, assise sur ce banc. Peter était ravi de la revoir, et craintif à la fois. Comment allait-elle réagir ? Comment allait-IL réagir ? Il n'en avait pas la moindre idée. Il était tiraillé entre le fait de faire comme si de rien n'était, et celui de partir en courant. Mais il avait quand même bigrement envie de lui parler... Juste entendre sa voix, juste prendre un peu de ses nouvelles, c'est tout ce qu'il demandait. La timidité l'emportant, le jeune homme baissa les yeux, et s'adressa à son interlocutrice sans même la regarder en face. « Euh... salut. » Bien... Il était difficile de faire plus bateau comme entame de conversation, mais rien ne lui était venu à l'esprit mis à part ça. Comme pour se rattraper et lui montrer qu'il n'était pas si empoté que ça, il ajouta : « Ça va ? » Il se consternait lui-même tant il était ridicule. Finalement, Pete était bel et bien empoté, comme ces pauvres gars que l'on voit dans les films pour pré-ados.

C’était Peter, il était là devant elle malgré tout le mal qu’elle s’était donnée pour l’éviter depuis ces dernières semaines. Le plus ironique dans tout ça, c’était quand même qu’il fallait qu’elle croise sa route dans un abribus alors qu’elle ne prenait jamais le bus. Jamais sauf aujourd’hui quoi. Dans un premier temps, elle ne fit rien d’autres que le fixer bêtement, comme si cela pouvait bien changer quelque chose. Tandis qu’elle ne pouvait s’empêcher de remarquer qu’il était toujours aussi craquant, surtout avec les cheveux mouillés, elle récupéra enfin son bon vieux réflexe et retomba en amour pour ses pieds. S’il était intelligent – et elle ne doutait qu’il le soit, il partirait ou, au moins, il ne s’aventurerait pas à lui parler.

Machinalement, elle passa sa main dans ses cheveux et osa un regard devant elle, espérant qu’il est subitement disparu. Cependant, à la place de ça, non seulement elle vit qu’il était toujours là, mais en plus elle l’entendit s’adresser à elle distinctement. « Euh... salut. » Elle releva un peu plus les yeux et put voir qu’il n’en menait pas plus large qu’elle. Il devait avoir de très beaux pieds lui aussi, à moins que ce ne soit le sol qui ait un charme particulier, en tout cas une chose était sûre, même s’il lui parlait, il n’en menait pas plus large qu’elle. La jeune femme secoua la tête, c’était à elle d’être la plus gênée, c’était elle qui lui avait parlé, qui lui avait déclaré ce qu’elle pensait ressentir. Lui, à côté de ça, il s’était contenté d’un simple je comprends et puis il s’était sauvé comme un voleur après l’avoir embrassé, la laissant là, sur le trottoir, à ne rien comprendre. Enfin embrassé n’était pas le terme le plus approprié mais Coleen supposait que c’était celui qui se rapprochait le plus du micro baiser qu’ils avaient échangés. « Ça va ? » C’était vraiment pathétique comme manière d’entamer la conversation, même elle aurait pu faire mieux. Mais elle, elle n’aurait même pas essayé d’entamer la conversation en fait. De toute manière, si c’était pour échanger des banalités pareilles dans une atmosphère aussi pesante, ce n’était pas la peine. Elle se força à sourire, sans grand succès, avant de répondre le plus naturellement. « Super. Il fait beau, il fait chaud, c’est génial. » Inutile de préciser qu’elle était très ironique et qu’elle ne pensait pas un traître mot de ce qu’elle venait de dire. Et pour cause, il pleuvait, il faisait un froid de canard et elle n’allait pas vraiment bien.

Le bus n’arrivait pas. Et pourtant, ça aurait été la solution idéale. Elle cherchait, elle réfléchissait mais elle ne voyait pas d’autres solutions d’esquives à cet instant précis. Il devait sûrement déjà savoir qu’elle était étrange, mais si elle décidait soudainement de rentrer chez elle à pieds malgré les litres d’eau qui tombaient, il risquait de comprendre qu’elle l’évitait et peut-être qu’il le prendrait mal. Quoique, il devait déjà s’être rendu compte qu’elle l’évitait non ? Elle réfléchissait aussi à ce qu’elle pourrait bien lui dire. Parce qu’à défaut de trouver un prétexte pour fuir, il fallait bien qu’elle fasse au moins un petit effort pour maintenir un semblant de conversation entre eux. Le souci, c’était qu’elle n’avait rien à lui dire. « Et toi ça va ? Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas croisé ! » Ok, ça c’était plus que pathétique comme intervention, surtout sa dernière phrase. Elle venait officiellement de faire pire que Peter. mais pour sa défense, ce n'était pas de sa faute, elle n'avait rien demandé. Elle baissa les yeux et contempla ses pieds –encore, tandis qu’elle sentait ses joues s’empourprer légèrement.

A question stupide, réponse stupide. Coleen n'avait pas dérogé à cette règle, mais sa réponse pour le moins inattendue eut pour effet de détendre un peu Peter. Il laissa même échapper un éclat de rire discret. Cette fille était vraiment... à part. Même dans une situation pareille, elle parvenait à faire de l'humour (peut-être malgré elle, d'ailleurs), et lui arrachait un sourire même quand sa seule envie était de s'enfuir. Relevant les yeux vers elle, il pencha légèrement la tête sans même s'en apercevoir. Son regard était attendri et un minuscule sourire ne voulait visiblement pas se résoudre à quitter les lèvres du jeune homme. Coleen cherchait elle aussi à fuir par tous les moyens, et guettait le bus qui n'était pas décidé à arriver. Histoire de rompre le silence, ou pour se donner une contenance, elle reprit à son tour la parole. Ce geste soulagea énormément Peter qui, après la pitoyable entrée en matière qu'il lui avait offerte, redoutait d'avoir à ouvrir une nouvelle fois la bouche en premier. Et sa réflexion lui fit arquer un sourcil. Peter était loin d'être dupe, et il se doutait que s'il ne la croisait plus depuis leur pseudo-baiser, ce n'était pas un hasard ! De là à dire qu'elle le fuyait... il n'en savait trop rien. Mais quelque chose avait changé, c'était certain. L'air de rien, il lui répondit le plus simplement du monde : « Oui, oui ça va. J'ai du mal à croire qu'on fréquente toujours la même fac ! » ajouta-t-il avec un sourire. En même temps, il la regardait du coin de l’œil pour surveiller sa réaction, et ainsi percer le mystère qui l'entourait depuis quelques semaines.

Depuis ses deux expériences malheureuses, Peter était devenu un véritable boulet pour tout ce qui concernait les relations amoureuses. Avant ça, il n'avait jamais été très doué non plus, mais désormais il avait peur. Peur d'être prit pour un imbécile encore une fois, peur de s'attacher alors que ça n'en vaut pas la peine, peur de s'imaginer des choses alors que leur seul lien serait une profonde amitié. Ce sentiment avait quelque chose de pétrifiant qui l'empêchait d'avancer, et qui l'avait même poussé à s'enfuir comme un vagabond juste après le baiser qu'il avait volé à Coleen. N'y tenant plus, Pete s'approcha timidement, puis alla s'asseoir sur le banc qu'abritait l'abri-bus, juste à côté de la jeune femme. Cette fois, il ne la regarda pas, et ses yeux se fixèrent droit devant lui pendant qu'il laissait échapper un long soupir. Pour lui, il était temps de passer aux choses sérieuses. Il fallait faire vite avant que Coleen ne disparaisse dans le prochain bus qui passerait, et ne le laisse aussi seul qu'elle l'avait été quelques semaines plus tôt. Pete voulait comprendre, il voulait savoir si ce qu'elle lui avait dit était vrai. Pas qu'il ne la soupçonne de lui mentir, bien au contraire ! Mais son passé lui avait appris à être prudent avec les discours de ce genre. Ils pouvaient changer du tout au tout en très peu de temps et dans ces cas-là, ceux qui en pâtissaient étaient toujours les mêmes.

Après avoir tourné et retourné les mots dans sa tête, l'irlandais n'eut d'autre choix que de se jeter à l'eau. De la voix la plus calme qu'il lui était donné d'adopter, il déclara : « On va continuer encore longtemps comme ça ? Je veux dire... est-ce qu'on va vraiment faire comme si rien ne s'était passé ? Ou alors... on va continuer à s'éviter pour ne pas avoir à parler tous les deux ? » Peter se tourna vers Coleen jusqu'à apercevoir ses yeux qui avaient, il le savait, un certain pouvoir sur lui. Il secoua légèrement la tête, puis ajouta d'une voix un peu plus basse : « Ce n'est pas ce que je veux. Tu me manquerais trop. » En disant cela, il avait haussé les épaules, comme si ce qu'il venait de dire était une évidence. Sans parler de sentiments amoureux, Pete s'était bien trop attaché à Coleen pour la laisser s'éloigner de la sorte pour une simple histoire de timidité.

Elle s’attendait à n’importe quelle réaction, enfin presque, elle aurait pu s’attendre à tout sauf à ce qu’il se mette à rire. C’était un rire discret certes mais ça en était un et la jeune femme fronça aussitôt les sourcils, cherchant ce qu’elle avait bien pu dire de drôle. Soit, ça n’avait pas grande importance, elle aimait bien quand il riait et qu’il souriait, au moins il ne regardait plus ses pieds, il la regardait elle et elle, elle pouvait voir son visage, c’était nettement mieux. Un léger sourire fit son apparition sur le visage de Coleen, sourire que la phrase du jeune homme ne suffit pas à faire disparaître. « Oui, oui ça va. J'ai du mal à croire qu'on fréquente toujours la même fac ! » Il n’était pas dupe et elle l’avait toujours su. Pourtant, elle n’avait aucune envie de lui avouer qu’effectivement elle le fuyait. Elle choisit d’arborer un air détaché avant de lui répondre. « C‘est une grande fac. »

S’ils se limitaient à ce genre de conversation, ça lui convenait très bien. Pas besoin d’aborder les sujets qui fâchent, ils pouvaient se contenter de sourire pour des raisons stupides et tout le monde s’en porterait mieux. C’était sans compter Peter, qui bien sûr, n’était apparemment pas venu lui parler juste pour se limiter à prendre de ses nouvelles. Coleen sentit au moment où il s’assit à côté d’elle, qu’elle n’allait pas aimer la tournure qu’allait prendre la suite de la conversation. Elle soupira, appuya sa tête contre la paroi arrière de l’abribus et attendit que la suite vienne, qu’il se décide à parler. Il lui fallut un moment mais il finit quand même à formuler ce qui visiblement le souciait. « On va continuer encore longtemps comme ça ? Je veux dire... est-ce qu'on va vraiment faire comme si rien ne s'était passé ? Ou alors... on va continuer à s'éviter pour ne pas avoir à parler tous les deux ? » Il tourna la tête vers elle et leurs regards se croisèrent, pas longtemps parce qu’elle s’empressa de regarder de nouveau en face d’elle. Elle eut d’abord envie de lui dire qu’elle ne l’évitait pas mais elle s’abstint, parce que c’était faux et que le prétendre aurait été ridicule. Mais ça aurait été tellement plus simple de lui dire ça plutôt que d’essayer d’apporter une réponse à sa question. Est-ce qu’ils allaient continuer longtemps comme ça ? S’il n’avait s’agit que d’elle, elle aurait eu plutôt tendance à dire oui. Elle ne voulait pas faire comme si rien ne s’était passé, ce n’était pas possible ça mais l’éviter c’était dans ses moyens. Même si ça ne lui convenait pas non plus, c’était le plus simple pour elle. Néanmoins, il ne s’agissait pas que d’elle, il y avait Peter aussi et apparemment ça ne lui convenait pas plus qu’elle. « Ce n'est pas ce que je veux. Tu me manquerais trop. » Elle baissa la tête, ce n’était définitivement pas ce qu’elle voulait non plus mais alors quoi ? Elle ne voulait pas reparler de ce qui s’était passé l’autre jour, elle ne comprenait pas encore exactement comment les évènements avaient pu prendre une telle tournure et elle comprenait encore moins ce qui c’était passé dans la tête de Peter. Elle devait avouer pourtant qu’il lui manquait déjà. Il avait pris dans les derniers mois une place considérable dans sa vie, il avait toujours été là pour la soutenir et il était le premier qu’elle appelait quand elle s’ennuyait ou quand elle avait envie d’ennuyer quelqu’un. D’un seul coup, tout ça n’avait plus été possible et tout était devenu étrange. Elle ne comptait pas le nombre de fois où elle avait pris son téléphone pour l’appeler et où elle s’était souvenue au moment de taper son numéro que ce n’était pas possible. « Je ne le veux pas non plus… C'est dur.Mais, je n’arrive pas à comprendre Peter… J’ai été très claire moi mais toi… Et puis tu es parti comme ça. » Elle secoua la tête, elle n’arrivait pas à formuler les choses comme elle le voulait. C’était devenu habituel apparemment quand Peter était juste à côté d’elle.

Pete supportait de moins en moins de tourner autour du pot comme ça, mais il ne savait pas non plus comment s'y prendre pour en arriver au cœur de la discussion. Le sujet était bien trop délicat, le terrain beaucoup trop glissant. Le moindre mot de travers pouvait être mal interprété, voire même blessant. Et le fait de se mettre Coleen à dos était bien la dernière des choses qu'il voulait. En essayant de lutter au mieux contre sa maladresse, le jeune homme tenta tout de même d'aborder e sujet central. La conversation s'avérait chaotique, mais elle était nécessaire. Il faudrait bien passer par là un jour, histoire de savoir où ils en étaient, mais surtout où ils allaient. Ensemble ou non. La première réaction de Coleen fut de baisser la tête ce qui, en soi, n'augurait rien de bon. Un long silence prit alors place dans cet abri-bus qui semblait tout à coup être coupé du monde extérieur. Peter n'entendait même plus le bruit des gouttes d'eau qui s'écrasaient contre la paroi en verre. Il était littéralement suspendu aux lèvres de la jeune femme, et à ce qui allait en sortir d'un instant à l'autre. La suite des événements dépendrait immanquablement de ce qu'elle allait dire, de la façon dont elle allait réagir aux questions qu'il lui avait posé sans beaucoup de tact.

« Je ne le veux pas non plus… C'est dur. Mais, je n’arrive pas à comprendre Peter… J’ai été très claire moi, mais toi… Et puis tu es parti comme ça. » Peter resta un brin interdit devant cette réponse. Il faut dire qu'il n'avait pas vraiment vu les choses sous cet angle-là de son côté... Selon elle, elle avait été très claire. C'était peut-être le cas, mais Pete s'était tout simplement refusé à comprendre ce qu'elle avait voulu lui dire. C'était trop... irréel pour lui. Dans un sens, il savait bien qu'elle avait raison ! Mais le jeune homme n'était pas vraiment certain de ce qu'il ressentait pour elle. Ou plutôt, ses expériences passées le freinaient plus que ce qu'il aurait pu imaginer. « Euh... je... pardon. J'aurai pas du faire ça... Je veux dire... ce que j'ai fait avant de partir, c'était stupide. » Stupide, bref, mais agréable. Ces quelques secondes seulement avaient suffi à lui procurer des sensations qu'il ne soupçonnait même pas. Mais était-ce réellement un signe ? Devait-il vraiment lâcher prise, et se laisser aller avec elle ? Pete n'était plus sûr de rien.

Ce qu'il avait d'abord cru être une idée de génie, remettait en fait toute la faute sur lui. Ce simple baiser, qui n'en était même pas un d'ailleurs, faisait oublier que Coleen lui avait tout balancé d'un coup, tous ses sentiments sans qu'il n'y soit préparé, sans qu'il ne s'y attende. Comment un homme normalement constitué était supposé réagir à tout ça ? Surtout lorsqu'il ne savait même pas de quoi il en retournait pour lui ! L'équation était un peu trop compliquée à résoudre aux yeux de Peter. Néanmoins, il voulait en avoir le cœur net : il devait lui poser la question une dernière fois. Quitte à passer pour un imbécile, de toute façon il ne craignait plus grand chose. « Mais... est-ce que tu es sûre ? Enfin... on était amis avant ! Pourquoi est-ce que ça devrait changer ? » Sa bouche semblait débiter l'inverse même de ce que son cerveau lui commandait. Peter ne pouvait tout simplement pas croire qu'il avait dit ça ! La peur qu'il avait qu'on lui mente, et qu'on le laisse tomber de nouveau prenait le pas sur tout le reste, et le jeune homme en devenait ridicule. Fort heureusement, il n'y avait que Coleen pour assister à ce pitoyable spectacle.

Ils y étaient, ça y est. Le moment que Coleen redoutait tant était arrivé et si elle s’était donné autant de mal pour l’éviter jusque-là c’est parce qu’elle avait peur qu’il adviendrait à ce moment-là. Elle avait peur que cette explication donne lieu à la fin définitive de leur amitié, que leurs routes se séparent définitivement à ce moment-là. « Euh... je... pardon. J'aurai pas du faire ça... Je veux dire... ce que j'ai fait avant de partir, c'était stupide. » La jeune femme ressentit un pincement au cœur à ces paroles. C’était stupide, si c’était ce qu’il pensait alors. Pour elle, ça avait juste été surprenant, inattendu et aussi agréable malgré que ça ait été très court mais en aucun cas elle aurait pu dire que c’était stupide. Ce qui l’était en revanche, c’était son comportement cette fois-là, la manière dont elle était allée s’enfermer dans les toilettes et puis ce qu’elle lui avait dit après. Si elle avait dû, à ce moment précis, faire la liste des plus grosses conneries qu’elle avait pu faire, celle-ci arrivait en premier. « Sûrement. Et moi je n’aurais pas dû te dire ça. C’était encore plus stupide. Donc on est à égalité. » Voilà, il n’y avait pas à en parler pendant des heures, elle avait tout fait de travers la première, il l’avait suivi et puis c’était tout. Elle aurait aussi bien pu lui dire de tout oublier, parce que c’était plus ou moins là qu’elle voulait en venir. Elle lança un regard noir à une fille non loin qui semblait les observer ou c’était peut-être Coleen qui s’imaginait des choses mais elle avait besoin de passer ses nerfs sur quelqu’un. Parce qu’elle était en colère, contre elle, contre Peter, contre la pluie qui ne s’arrêtait pas, contre le bus qui n’arrivait pas, contre un peu tout le monde en fait, mais surtout contre elle.

« Mais... est-ce que tu es sûre ? Enfin... on était amis avant ! Pourquoi est-ce que ça devrait changer ? » Coleen ne fit pas le moindre signe montrant qu’elle avait entendu ce qu’il venait de lui dire. Elle garda les yeux fixés sur un panneau de stop et ne fit même pas mine de vouloir lui répondre. Cette fois, elle ne voulait rien dire de travers, elle voulait réfléchir à tous les mots qui sortiraient de sa bouche pour être sûre de ne pas avoir à le regretter après. Deux solutions s’offraient alors à elle : elle pouvait soit revenir en arrière et dire qu’elle s’était trompée ou sinon elle pouvait dire qu’effectivement elle était sûre mais ça, elle n’était plus certaine d’être prête à dire ça. D’ailleurs sur quoi se basait-elle pour prétendre ce genre de choses ? Elle avait eu des petits-amis déjà mais elle n’avait jamais ressenti un réel attachement pour eux, ils étaient juste là et puis elle sortait avec eux parce que ça faisait bien. Elle avait eu des amis aussi mais là aussi, c’était différent d’avec Peter, elle n’aurait su dire en quoi mais c’était différent. C’était tout ça qui lui faisait dire qu’aujourd’hui, elle ressentait plus que de l’amitié pour le jeune homme et elle ne pensait pas se tromper quand elle disait ça. Elle soupira et tourna la tête vers lui. « Je suis sûre. Mais ça n’a pas grande importance et ce n’est pas forcé de changer. Tu n’as qu’à juste… tout oublier. Et puis voilà. » Elle n’avait pas pu se résoudre à lui mentir, pour ce que ça aurait servi. Pourtant, même si elle lui avait dit la vérité sur le début, elle avait quand même menti sur une chose : leur amitié. C’était forcé de changer car même s’il l’écoutait et qu’il décidait de tout oublié, elle doutait beaucoup d’en être aussi capable.

Il était stupide, elle l'était aussi un peu, fin de l'histoire. Coleen avait commis une erreur en lui avouant ses sentiments, et il en avait commit une en lui répondant par ce maudit baiser qu'il aurait mieux fait de garder pour lui. Sur le coup, il ne s'était pas vraiment aperçu de la portée de son geste, mais il comprenait peu à peu. Son comportement n'avait fait que la blesser, et compliquer encore plus la situation déjà délicate dans laquelle ils se trouvaient tous les deux. Mais soit, il étaient donc « à égalité » comme la jeune femme le souligna en donnant l'impression à Pete qu'elle voulait passer à autre chose. Mais trop soucieux de la tournure que prenaient les événements, et surtout enclin à connaître la vérité, l'irlandais ne put s'empêcher de renchérir en lui demandant si elle était bien sûre d'elle. Une fois de plus, Peter avait mis les deux pieds dans le plat, mais cette attitude commençait à devenir habituelle chez lui. C'en était presque une marque de fabrique.

Sa voisine ne bougea pas d'un millimètre, ce qui fit craindre le pire à Pete. En fait, il oscillait entre le soulagement qu'elle se soit éventuellement trompée au sujet de ses sentiments pour lui, et l'angoisse de la voir s'éloigner de lui en s'apercevant que non, elle ne l'appréciait pas tant que ça. Finalement, il ne savait pas ce qu'il préférerait... Tout reposait désormais sur Coleen, et sur les prochains mots qu'elle prononcerait. La réponse qui suivit attrista un peu Peter. La jeune femme était bel et bien sûre d'elle, mais elle lui demandait de bien vouloir tout oublier. Évidemment, c'était une chose impossible pour lui, mais face à la mine déconfite de Coleen il acquiesça sans bruit. L'étudiant eut un peu de mal à remettre de l'ordre dans ses idées, mais après quelques minutes de réflexion, il en déduisit qu'elle était donc prête à tirer un trait sur ses sentiments pour sauver leur amitié. C'était beau, mais était-ce vraiment ce qu'il voulait pour eux ? Et puis après tout, que voulait-il pour eux ? Peter avait toujours été quelqu'un d'indécis, quelqu'un qui avait besoin de réfléchir pendant des heures afin d'être certain de prendre la bonne décision. Mais cette fois, il ne semblait pas exister de compromis satisfaisant. Quelle que soit l'issue de cette discussion, il lui semblait qu'il perdrait inévitablement une amie. Et pas n'importe laquelle. Leur entrevue prendrait fin au moment même où le bus arriverait, et ils ne se reverraient peut-être plus.

Pete ne voulait pas la perdre, c'était un fait. Mais de là à lui dire qu'il ressentait la même chose qu'elle, c'était beaucoup plus compliqué ! Mais comment faisaient donc ces gars dans les films, pour qui tout était simple et coulait de source ? En un seul regard, la fille en face d'eux les comprenait, et ils n'avaient alors plus aucun doute sur la marche à suivre. Sauf qu'à ce moment précis, Coleen ne le regardait pas du tout. Elle semblait plutôt s'évertuer à regarder droit devant, ce qui n'aidait pas vraiment Peter à se décider. Mais l'optique de la voir s'éloigner et ne jamais revenir lui fit finalement sauter le pas. Pete secoua vigoureusement la tête, et gonfla sa poitrine pour se donner un peu de courage. « Et... et si je te dis que moi aussi, je te vois peut-être comme un peu plus qu'une simple amie ? » Le jeune homme retint sa respiration pendant quelques instants après avoir fini sa phrase. Il ne savait pas exactement ce qui allait arriver après ça, mais pour la toute première fois, il avait eut le courage de lui faire entendre qu'elle lui plaisait, et c'était un pas énorme pour lui.

Lorsque Peter avait acquiescé après qu’elle lui ait dit de tout oublier, Coleen se sentit légèrement soulagé. Certes, cela ne signifiait pas grand-chose au final et la gêne présente entre eux allaient toujours persister mais au moins, la conversation s’arrêtait là et elle n’avait pas besoin de s’expliquer plus sur ce qui c’était passé la dernière fois qu’ils s’étaient retrouvés face à face. Mais à côté de ça, c’était la fin, la fin de leur amitié et le sentiment de soulagement qui avait habité la jeune femme quelques instants s’évapora aussi vite qu’il était venu. Le fait était qu’elle n’avait plus rien à lui dire maintenant. Elle pouvait toujours s’évertuer à prétendre le contraire mais c’était la vérité. Son visage, qui pendant quelques secondes avait été tourné vers Peter, retrouva sa position précédente et elle put de nouveau contempler la route. Plus tôt, elle avait espéré voir surgir son bus pour échapper à une conversation trop pénible, maintenant, elle ne voulait plus que ce bus arrive. Elle voulait rester là encore, même si c’était dans le silence, parce que quand elle partirait, elle mettrait un point définitif à leur amitié et aux derniers mois qui s’étaient écoulés.

La pluie qui s’écrasait sur l’abribus faisait un bruit infernal. Comme ça, ça ne pouvait paraître être qu’un détail sans intérêt mais ce détail pris toute son importance quand Peter reprit la parole. « Et... et si je te dis que moi aussi, je te vois peut-être comme un peu plus qu'une simple amie ? » Parce qu’elle ne pouvait pas croire ce qu’elle venait d’entendre, Coleen pensa d’abord que la pluie qui faisait trop de boucan l’avait fait mal comprendre les paroles du jeune homme. Elle pensa aussi qu’elle voulait tellement entendre ce genre de choses que ce qu’il venait de dire n’était que le fruit de son imagination. Dans le fond, les deux théories se valaient mais quoiqu’il en soit, le regarda de la jeune femme, perplexe, se posa sur Peter. Elle doutait encore du fait qu’il venait vraiment de dire ce qu’il avait dit mais elle était sûre d’une chose, elle ne le suivait définitivement plus. Lorsqu’elle lui avait dit ce qu’elle pensait ressentir pour lui, il lui avait répondu par un simple je comprends, il avait déclaré un peu plus tôt que l’embrasser avait été stupide et il lui avait demandé pourquoi leur amitié devrait changer, lui faisant clairement comprendre qu’il ne voulait pas que ça soit le cas alors pourquoi est-ce que, maintenant, il venait lui dire ça ? C’était étrange, elle n’en savait rien et elle se sentait perdue. Très perdue et incapable de prononcer le moindre mot.

Le bus qu’elle attendait depuis tellement de temps passa, elle ne le vit qu’à moitié et ne fit pas le moindre mouvement. Des gens s’engouffrèrent dedans et quand il repartie, elle n’avait toujours rien dis. Le silence était sûrement la pire des choses après ce genre d’aveu. Enfin non, la pire des choses qu’elle aurait pu faire, c’était de partir dans le bus, mais garder le silence arrivait quand même en deuxième position dans ce cas-là. Elle mit du temps, mais elle finit par trancher et décida que ce qu’elle avait entendu n’était pas un fruit de son imagination mais si ça lui apparaissait dépourvu de tout sens dans l’immédiat. Elle inspira un grand coup, se racla la gorge et finit par ouvrir la bouche pour parler. « Je… si c’est vrai… je suppose que ça change les choses… » En tout cas, ça ne changeait pas le fait qu’elle était vraiment pathétique parfois, surtout dans ce genre de situation. Mais elle était paumée, ça expliquer tout. Elle n’en attendait pas tant, vraiment pas. Elle joua nerveusement avec son bracelet et finit par se reprendre un peu. « Si tu me dis ça, je pense que j’en serais très heureuse. Vraiment. » Elle faisait de son mieux mais elle restait prudente. On ne pouvait pas le lui reprocher.

Peter était tendu et même anxieux en pensant qu'il avait pour la première fois mis l'hypothèse qu'il ressentait peut-être quelque chose pour Coleen. Et il l'avait même fait devant elle ! Il s'était adressée directement à la principale concernée. Jamais il n'aurait osé une telle chose quelques années auparavant. Mais avec tout ce que Pete avait vécu ces derniers temps, il voyait désormais la vie autrement. Même s'il restait toujours le même, il avait gagné en confiance et s'autorisait aujourd'hui beaucoup plus de choses qu'avant. C'est en voyant la réaction de Coleen que le jeune irlandais se détendit enfin. Elle était mal à l'aise, tout autant que ce qu'il avait pu l'être il y a quelques secondes. A vrai dire, Pete avait l'impression qu'elle ne comprenait absolument rien à tout ce qu'il se passait. Et c'était bien normal ! Lui-même avait un peu de mal à suivre le fil de son raisonnement. Mais le plus important était fait : Coleen était toujours là, et savait désormais qu'elle n'était pas une simple amie pour le jeune homme.

A présent, un léger sourire s'était installé sur les lèvres du jeune irlandais. Coleen lui disait qu'elle était heureuse, et même si elle ne le montrait pas vraiment, Pete était satisfait. Si seulement il avait été sûr de lui, il aurait pu lui faire une vraie déclaration, quelque chose qui l'aurait réellement rassurée. Mais le jeune homme n'en était pas encore là... Son passé aidant, il avait bien du mal à comprendre la nature même de ses sentiments pour Coleen. Mais il était sûr d'une chose : elle était la personne la plus importante pour lui à l'heure qu'il était, et il ne pouvait tout simplement plus se passer de sa présence. Une nouvelle fois, Pete tourna la tête vers sa voisine, et adopta le ton le plus rassurant qu'il lui était donné d'adopter pour lui répondre. « Je suis désole de ne pas être clair comme tu l'as été mais... je crois que j'ai besoin d'un peu de temps. Mais je tiens à toi Coleen, ne doute jamais de ça. » Il avait été clair malgré son incapacité à exprimer ce qu'il pensait au plus profond de lui. Peter réalisa alors que le bus qu'ils attendaient tous les deux pour rentrer chez eux à peu près au sec était passé. Et bien sûr, il était parti sans eux. Les deux jeunes gens se retrouvaient donc seuls sous leur abri-bus, alors que la pluie ne semblait pas vouloir s'arrêter.

« Hé... tu as loupé le bus. Enfin... ON a loupé le bus ! » déclara-t-il amusé. Son seul but était désormais de détendre un peu l'atmosphère. Il se devait de le faire pour qu'ils ne replongent pas une nouvelle fois dans un de ces silences interminables, et rempli d’indicibles sous-entendus. Sans attendre plus d'explications, le jeune homme se leva et s'éloigna de Coleen sans cesser de sourire. Il sortit de l'abri-bus, se retrouvant ainsi sous la pluie battante mais néanmoins agréable. C'est alors qu'il fit volte-face, pour se retrouver face à la jeune femme. Il secoua alors frénétiquement la tête pour se débarrasser des mèches trempées qui commençaient à encombrer son front. En s'adressant à Coleen, Pete fit un signe de la main accompagné d'un petit rire de gamin. « Allez, viens ! On rentre ! Le prochain bus ne passe que dans dix minutes, on ne va tout de même pas attendre tout ce temps ! » Le jeune homme tendit les bras devant lui, en plaçant ses paumes vers le ciel pour capter le maximum de gouttes de pluie. Elles étaient fraîches, comme revivifiantes. Rien de tel pour se remettre les idées en place !

Il souriait. Il fallait croire qu’elle ne s’y était pas prise aussi mal que ça et qu’elle avait réussi à lui faire comprendre ne serait-ce qu’un peu les choses malgré son trouble. Il souriait et elle ne put s’empêcher de remarquer à quel point il était beau quand il souriait. Enfin, il l’était tout le temps, mais encore plus dans ce cas-là. « Je suis désole de ne pas être clair comme tu l'as été mais... je crois que j'ai besoin d'un peu de temps. Mais je tiens à toi Coleen, ne doute jamais de ça. » La jeune femme hocha la tête. Elle n’avait pas besoin de plus, savoir qu’il tenait à elle au point d’oser lui avouer qu’elle lui plaisait, aussi hésitant qu’il avait pu l’être, était déjà beaucoup plus que ce qu’elle attendait de sa part.

« Hé... tu as loupé le bus. Enfin... ON a loupé le bus ! » Un petit sourire amusée fit son apparition sur les lèvres de Coleen. Ce n’était pas dû au ton que Peter avait employé pour dire ça mais surtout au fait qu’il ne se rende compte que de ça maintenant. On pourrait penser qu’un bus est assez gros pour être remarqué tout de même ? Mais il fallait croire que dans cette situation là, ça n’avait pas été le cas. Elle se souvint tout de même qu’elle l’avait à peine remarqué elle aussi mais cela ne fit pas disparaître son sourire pour autant. Dans un sens, c’était mieux que ce soit comme ça que comme cela avait été juste avant. Même si, dans le fond, l’air quelque peu détendu qu’elle s’efforçait d’afficher n’était que partiel. Elle ne savait pas où ils allaient comme ça et elle n’aimait pas ça, elle avait peur aussi. Néanmoins, elle s’efforçait de reléguer toutes ces pensées très loin pour essayer de profiter du moment présent même si ce qui se passait dans ce moment était étrange.

Et cela n’allait pas en s’arrangeant. Elle fut obligée de le constater lorsque Peter sortit de l’abribus alors que la pluie tombait toujours inlassablement. Il allait être trempé en moins de deux mais ça n’avait pas l’air de le déranger particulièrement. Certes, ce n’était qu’un peu d’eau mais tout de même, Coleen préférait nettement sa place sous l’abribus. Il lui fit un signe de la main et Coleen lâcha un petit rire amusé en voyant ça. On aurait dit qu’il n’avait jamais vue de pluie de toute sa vie. « Allez, viens ! On rentre ! Le prochain bus ne passe que dans dix minutes, on ne va tout de même pas attendre tout ce temps ! » Après avoir dit ça, Coleen vit le jeune homme tendre les mains vers le ciel comme si il avait eu besoin de ça pour sentir la pluie. C’est sûrement pour ça qu’elle se décida à la rejoindre, enfin elle ne savait pas vraiment. Elle avait d’abord pensé qu’elle préférait largement attendre dix minutes et puis, elle avait fini par trouver ça ridicule, elle voulait juste le rejoindre. Alors tant pis pour la pluie. Ses cheveux ne mirent pas longtemps à dégouliner d’eau, ça lui rappelait quand elle était petite et qu’elle se mettait sous la pluie juste parce qu’elle aimait ça. Ils restèrent plusieurs minutes sans bouger. Coleen recula la tête en arrière et leva les yeux vers le ciel, pour l’instant, elle n’avait pas froid, elle se sentait juste bien. Elle finit par tourner la tête vers Peter et lui sourit. « On ne va peut-être pas resté là pendant des heures. » Bien qu’elle ne soit pas sûre que ça la dérange beaucoup en fin de compte. Aussi naturellement, qu’elle l’aurait fait quelques semaines plus tôt, elle attrapa la main de Peter et elle commença à avancer, lui indiquant de la suivre.

Duh '-' C'est juste pire que naze là Désolé, je me rattraperais la prochaine fois ~

Contre toute attente, les tentatives de Pete pour détendre un peu l'atmosphère avaient l'air de fonctionner. Peu à peu, l'expression de Coleen se faisait plus douce, elle était même souriante. Et le seul fait de voir ce sourire constituait déjà une belle victoire pour Pete. Elle lui avait tellement manqué... des semaines entières sans la voir, sans même l'apercevoir, c'était beaucoup trop long. Ce délai lui avait paru interminable, et il se fit promettre intérieurement de ne plus jamais la laisser s'éloigner de lui comme ça. En sortant sous la pluie, Peter se sentait libre, regonflé à bloc et particulièrement heureux d'avoir retrouvé Coleen. Bien sûr, tout n'était pas fait. Il lui avait plus ou moins avoué qu'elle lui plaisait, mais un certain malaise demeurait encore entre les deux jeunes gens. Mais le fait de l'entendre rire, ne serait-ce qu'un peu, le rassura énormément. Il pensait sincèrement qu'elle allait se moquer de lui, le prendre pour un fou et rester bien au sec sous l'abri-bus. Mais le prenant totalement à contre-pieds, Coleen s'aventura à l'extérieur sans la moindre hésitation. Un grand sourire se dessina alors sur les lèvres du jeune homme qui n'avait définitivement d'yeux que pour elle. La pluie qui dégoulinait sur son visage, ses yeux à tomber qui s'accordaient parfaitement avec l'ambiance grise que leur offrait la météo... le tableau était juste parfait. Lorsqu'elle bascula sa tête en arrière, comme pour profiter au mieux de la pluie qui tombait sur eux, Peter resta presque bouche bée, comme en admiration devant elle. Il posait sur elle un regard attendri, accompagné d'un sourire béat qui répondit parfaitement à celui que lui offrit Coleen en se redressant.

« On ne va peut-être pas rester là pendant des heures. » Effectivement, ils étaient tous les deux totalement trempés, autant que s'ils avaient plongé dans une piscine tout habillés. A coup sûr, ils passeraient leur journée du lendemain au fin fond de leurs lits respectifs, entourés d'un paquet de mouchoirs et d'un bon thé chaud. Tout naturellement, Coleen prit alors la main de Pete et se mit en route. Tout d'abord hésitant, le jeune irlandais se laissa finalement entraîner, et se posta à la hauteur de Coleen, serrant un peu plus ses doigts entre les siens. Il était fier de se ballder ainsi à son bras, malgré la pluie et leur état certainement pitoyable vu de l'extérieur. Pourtant, la situation ne pouvait pas être plus parfaite selon lui. Il se sentait bien, en confiance et tellement heureux de pouvoir enfin retenir la main de Coleen, comme avant. Au bout d'un moment, Peter s'autorisa même à lâcher sa main, et à passer son bras autour des épaules de la jeune femme. Qu'il soit malade, passe encore, après tout c'était son idée ! Mais il ne tenait pas spécialement à ce que Coleen le soit aussi à cause de lui. Sans plus aucune retenue, le jeune irlandais osa même l'inviter : « Est-ce que je peux t'inviter à boire un thé ? Ou un chocolat ? Un truc pour se réchauffer quoi... »

Elle n’avait aucune idée de l’endroit où elle se rendait. Elle s’en moquait en fait, le simple fait de sentir sa main en contact avec celle de Peter suffisait à la rendre heureuse alors où qu’elle aille, il fallait que ce soit le plus loin possible. La pluie semblait avoir gommée les dernières traces de malaise qui subsistaient encore trop heureux ou peut-être était-ce ce qu’il s’était dit ? Coleen préférait la première explication, elle n’avait aucune raison particulière à ça, juste, c’était comme ça. Elle commençait à avoir froid quand même un peu et même si elle aurait aimé pouvoir dire que ça n’avait pas d’importance, elle était persuadée qu’elle changerait de discours le lendemain. Un bref instant, Pete lui lâcha la main, elle se tourna vers lui inquiète. Ce qu’elle craignait, c’était qu’il ait changé d’avis ou quelque chose de ce genre-là. Mais son inquiétude disparut bien vite lorsqu’il passa son bras autour de ses épaules. Elle ne savait pas pourquoi il avait fait ça mais une chose était sûre, si c’était pour la réchauffer, c’était peine perdue. Il était en effet tout aussi trempé qu’elle sinon plus, mais ce n’était qu’un détail sans importance. Ils devaient tout de même offrir un portrait assez comique vu de l’extérieur.

« Est-ce que je peux t'inviter à boire un thé ? Ou un chocolat ? Un truc pour se réchauffer quoi... » Un nouveau sourire fit son apparition sur le visage de la jeune femme. Elle se demandait vaguement pourquoi il lui demandait ça parce que pour elle il allait de soi qu’il pouvait l’inviter. Elle était ravie qu’il le fasse parce qu’elle aimait passer du temps chez lui. Il lui paraissait inadmissible aussi que la dernière fois où elle se souvenait avoir mis les pieds chez lui remontait à Halloween et à son anniversaire. Cela lui paraissait remonter à une éternité, à une époque où elle se rendait chez lui sans problème et sans y avoir été réellement invité parfois, juste parce qu’il faisait bien à manger (ok, et un tout petit peu parce qu’elle avait envie de le voir aussi). « Oui tu peux bien sûr. » Et c’est le plus naturellement du monde qu’elle prit alors la direction de chez lui. Elle connaissait tellement bien la route qu’elle n’avait même pas besoin de regarder réellement où elle allait, ses pieds faisaient le trajet mécaniquement et elle avait donc tout le loisir de regarder Peter comme elle le voulait – en faisant toutefois attention au panneau qui menaçait de se mettre en travers de sa route et qu’elle évitait parfois de justesse. Mais enfin, quand bien même elle aurait trébuché à cause d’un trou apparut inopinément devant elle alors qu’elle ne regardait pas où elle allait, ça en aurait valu la peine. Au bout de plusieurs minutes de marche, la jeune femme reprit la parole. « Et tu sais, je ne dirais pas non à un truc à manger en plus d’un chocolat. Je crois que je meurs de faim. De froid aussi mais surtout de faim. »

Peter avait la vague impression de ne jamais s'être senti aussi léger. Son bras était tout naturellement enroulé autour de Coleen, et ça ne semblait pas réellement la déranger. Au contraire, elle marchait elle aussi d'un pas alerte et léger, et le jeune homme avait même l'impression qu'elle n'avait de cesse de le regarder. A ses côtés et sous son regard, Pete se sentait intouchable, invincible et bien plus heureux que n'importe quel autre homme sur terre. Il en arrivait même à ses demander comment il avait fait pour tenir plusieurs semaines sans jamais la croiser, ni même l'apercevoir de loin. En sentant ses yeux clairs braqués sur lui, et en a voyant éviter quelques panneaux de justesse, le jeune homme ne pouvait s'empêcher de garder un petit sourire figé sur le coin de ses lèvres. Bien qu'il n'en ait pas vraiment douté, Coleen accepta son offre sans hésitation, et prit même les devants en se dirigeant sans qu'il ne l'y entraîne vers son appartement. Les deux jeunes gens continuèrent donc leur chemin en se fichant pas mal de la pluie qui par moments redoublait d'intensité.

Au bout d'un certain temps passé dans le silence, ou plutôt dans le brouhaha de la ville mais sans paroles, Coleen déclara : « Et tu sais, je ne dirais pas non à un truc à manger en plus d’un chocolat. Je crois que je meurs de faim. De froid aussi mais surtout de faim. » Pete eut immédiatement envie de la taquiner, de l'attaquer sur le fait qu'elle adorait manger, mais sa proposition lui faisait tellement plaisir qu'il n'en fit rien. Au lieu de ça, son visage s'illumina, et en tournant la tête vers elle il répondit : « Bien sûr ! Tout ce que tu veux... » Puis en apprenant qu'elle commençait à avoir froid, il attrapa de nouveau sa main pour pouvoir marcher plus librement, et déclara à son tour : « Alors dépêchons-nous ! » D'un pas plus rapide, les deux « amis » se remirent alors en route, sillonnant les quelques rues qui les séparaient encore de l'appartement de Peter. Ils n'était pas vraiment dérangé par les passants aujourd'hui, puisque la plupart d'entre eux avaient préféré rester au chaud, prendre leur voiture, ou grimper dans le premier bus qui avait croisé leur chemin. Rares étaient les inconscients comme eux à se balader ainsi sous la pluie. Mais c'est aussi cette impression de solitude qui donnait tout son charme à leur petite excursion.

Après plusieurs minutes supplémentaires de marche, Coleen et Pete arrivèrent à hauteur de la porte d'entrée de l'immeuble où le jeune homme vivait. Ils se trouvaient alors sur le trottoir d'en face, et il ne leur restait plus qu'à traverser la rue pour aller se mettre au chaud, et engloutir ce chocolat dont le jeune irlandais rêvait de plus en plus. Mais c'était sans compter sur la circulation assez dense à cette heure-ci, et Peter dut s'avancer pour appuyer sur le bouton qui déclencherait un feu rouge à l'attention des voitures, et qui leur permettrait ainsi de traverser en toute sécurité. Il se reposta aussitôt à hauteur de Coleen, et tourna la tête pour poser son regard sur elle. Il fut immédiatement happé par ses yeux bleus, et resta immobile un moment, comme hypnotisé. Un nouveau sourire s'était dessiné sur ses lèvres, et son cœur battait si fort qu'on aurait presque pu l'entendre de l'extérieur. Puis tout à coup, sans comprendre ce qui le poussait réellement à faire ça, il approcha son visage de celui de Coleen, et souda leurs lèvres ensemble. Cette fois, il n'allait pas partir, s'enfuir comme un voleur en la laissant seule et désarmée au milieu de la rue. Mieux, il pivota sans lâcher ses lèvres, et l'encercla de ses bras en insistant un peu plus sur son baiser. Rien ne semblait pouvoir les séparer, ni rompre ce moment. Même la voiture qui roula dans une énorme flaque près d'eux, les aspergeant ainsi copieusement, n'eut pour seul effet que de provoquer un léger haussement d'épaules chez Peter, qui continua son langoureux baiser sans ciller.

Elle avait juste déclaré avoir faim parce que c’était le cas et que c’était le genre de choses qu’elle faisait sans hésiter avant. Elle ne s’attendait pas une seule seconde à ce que Peter ait l’air si heureux pour ça, pas du toit. Soit, le jeune homme était définitivement très étrange mais ça ne la dérangeait pas le moins du monde. « Bien sûr ! Tout ce que tu veux... » Elle laissa échapper un petit rire avant de froncer les sourcils. « Ne dis pas ça, tu risquerais de le regretter. » Après qu’elle ait dis ça, Peter lui reprit la main et ils accélèrent le pas. Ils n’étaient déjà plus très loin de toute manière, mais sous la pluie battante, pas loin pouvait paraître des kilomètres, surtout quand elle avait de plus en plus de mal à s’empêcher de grelotter. Elle avait l’impression que dehors, c’était le déluge et qu’elle n’avait jamais vu autant de pluie de sa vie. C’était sûrement parce que d’habitude, elle évitait de rester trop longtemps à découvert quand il pleuvait, simple question de survie.

Ils arrivèrent bientôt en face de l’immeuble où vivait Peter. Coleen fut très heureuse quand elle constata cela, retrouver un peu de chaleur était devenu primordial pour elle. Enfin pas plus que le fait d’être près de Peter mais presque. Comme lors de toutes les fins de journées, lorsque les gens reprenaient leur voiture pour rentrer chez eux après une dure journée, le trafic était important dans la rue et le flot de voiture était continu. Peter appuya sur le bouton qui leur permettrait bientôt de traverser et puis se tourna vers elle. Leurs regards se croisèrent et Coleen aurait donné n’importe quoi pour savoir ce qui pouvait bien lui passer par la tête à ce moment-là. Elle aurait voulu savoir ce qui le poussait à sourire à ce moment précis. Elle aimait tellement lorsqu’il souriait. Le voir sourire la rendait heureuse. Le voir sourire lui faisait perdre le cours de ses pensées. Mais tout ça n’avait pas d’importance. Son visage se rapprocha du sien et Coleen sut instantanément ce qu’il allait se passer ensuite. Pour la deuxième, les lèvres de la jeune femme rencontrèrent celles du jeune homme. Mais tout était tellement différent cette fois-ci. Si, on ne pouvait pas réellement qualifier ce qu’il s’était passé la dernière fois entre eux comme un réel baiser, cela ne faisait aucun doute que cette fois, c’était le cas. Cette fois, il semblait sûr de lui, cette fois, il ne fuirait pas lâchement. Elle le savait, elle avait confiance en lui. Le temps autour d’eux semblait s’être figé ou du moins, c’était l’impression que la jeune femme avait. En vérité, elle avait juste cessé de prêter attention au décor entourant, se concentrant uniquement sur ce moment qu’elle souhaitait ne jamais oublier. Elle n’avait plus froid, plus faim et même la pluie qui ne cessait pas et la flaque d’eau qui les aspergea ne pouvait gâcher cet instant qui était parfait aux yeux de Coleen.

Le baiser finit tout de même par se terminer au plus grand regret de la jeune femme. Elle regarda Peter pendant un long moment, elle aurait voulu dire quelque chose, elle aurait eu des choses à dire mais elle ne trouvait pas les mots appropriés pour ça. Elle garda donc le silence et un petit sourire se dessina sur son visage. Elle espérait que ça suffirait à lui faire comprendre ce qu’elle ressentait à cet instant précis, même si, elle n’arrivait pas à y faire correspondre des mots. Elle ne put s’empêcher de penser aussi que s’embrasser sous la pluie comme ça, ça faisait quand même tellement cliché, comme dans un film ou quelque chose du genre. Cliché mais parfait quand même. Elle lâcha Peter du regard quelques secondes et ses yeux se posèrent sur la route. Elle n’avait pas eu si tord quand elle avait pensé que tout s’était figé autour d’eux, les voitures étaient effectivement arrêtée… au feu. Elle retrouva alors l’usage de la parole. « Le feu ! On peut traverser ! » Certes, c’était assez nul qu’elle n’ait retrouvé la capacité de parler que pour dire ça et pas autre chose mais c’était comme ça. Elle attrapa la main du jeune homme et l’entraîna derrière elle alors qu’elle se rendait de l’autre côté de la route, là où ils trouveraient enfin un abri.

Peter avait donc finit par lâcher prise, par se laisser enfin aller à ses sentiments sans réfléchir. Un simple regard à Coleen avait été l'élément déclencheur. Ses yeux clairs auxquels il résistait depuis si longtemps avaient finalement eut raison de lui. Enlacés sous la pluie, les deux jeunes gens semblaient être seuls au monde. Rien ni personne ne pouvait les perturber, pas même les éclaboussures d'une voiture qui passait un peu trop près d'eux. De toute façon, ils étaient déjà bien trop trempés pour s'inquiéter d'un détail comme celui-là. Le moment était hors du temps, Pete se sentait léger et son cœur battait à tout rompre. Il l'avait fait ! Et Coleen n'avait pas été réticente, bien au contraire. Il l'avait embrassé longuement, tendrement... il y avait mis toute la douceur dont il pouvait faire preuve, tout en lui montrant bien sa conviction. En effet, il ne voulait pas qu'elle pense qu'il allait s'enfuir à nouveau, parce qu'il n'avait aucunement l'intention de le faire. Il avait été stupide et avait bien failli tout gâcher une fois. Pas deux. Mais visiblement, Coleen avait comprit l'importance de ce moment, et même lorsque leur baiser s'acheva, elle n'avait pas l'air effrayée, ni même déroutée.

Après la première pitoyable démonstration qu'il lui avait faite, Pete ne savait pas trop à quoi s'attendre à l'issue de ce baiser. Mais à son plus grand soulagement, Coleen le regarda en souriant. Il répondit à son sourire, et leva une main pour la porter jusqu'au visage de la jeune femme. Là, il effleura sa joue, puis replaça une mèche de ses cheveux trempés derrière son oreille. Le jeune homme ne pouvait définitivement pas se détacher des yeux de Coleen : elle avait un véritable pouvoir hypnotisant sur lui. Mais alors qu'il était sur le point de réitérer ce baiser, elle s'exclama : « Le feu ! On peut traverser ! » Attrapant sa main sans même lui laisser le temps de réagir, elle entraîna Pete sur le passage piéton afin de traverser la route avant que le feu de repasse au vert pour les voitures. Sans aucune résistance, l'irlandais suivit le mouvement en gardant un sourire béat fixé aux lèvres. Ils traversèrent rapidement la route, puis arrivèrent de l'autre côté, juste devant la porte de l'immeuble de Peter. Sans lâcher la main de Coleen, le jeune homme fouilla dans les poches de son jean, et après plusieurs grimaces, en sortit son trousseau de clé. Toujours d'une main, il ouvrit l'énorme porte d'entrée de l'immeuble et laissa la jeune femme s'y engouffrer juste avant lui. Dans le couloir, les deux jeunes gens croisèrent la concierge qui les salua, et adressa un large à l'attention de Peter. En lui répondant, il resserra un peu l'emprise de sa main sur celle de Coleen, puis s'engagea avec elle dans les escaliers. Après plusieurs volées de marches, ils arrivèrent devant l'appartement que le jeune étudiant ouvrit aussi facilement que la première porte.

Peter et Coleen se retrouvèrent enfin au chaud, et au sec. Durant tout le trajet, leurs mains ne s'étaient pas séparées une seule fois, et le jeune homme se rapprocha encore d'elle après avoir refermé la porte derrière eux. Il attrapa sa deuxième main, et se posta bien face à elle. Il la regarda des pieds à la tête, un léger sourire se dessinant peu à peu sur ses lèvres. Puis il baissa la tête pour regarder son propre état. C'est alors qu'il laissa échapper un éclat de rire. Ils avaient l'air tellement malheureux... trempés, grelottant de froid... Et pourtant, leurs regards et leur sourires traduisaient tout le contraire. Jamais Peter ne s'était senti aussi heureux que maintenant et dans son élan, il ressouda ses lèvres à celles de Coleen.

C’était la dernière ligne droite avant qu’ils n’échappent tous deux à la pluie qui ne se calmait pas. Même si au fond, Coleen n’était plus certaine que ça la dérange vraiment. Alors qu’elle guidait Peter de l’autre côté, un doute s’insinua dans son esprit. Elle espérait seulement que le jeune homme n’était pas froissé par sa réaction, ni déçu. A première vue, il n’y avait pas vraiment de raison qu’il le soit mais le fait qu’elle n’ait rien trouvé d’autres à dire que de parler de la couleur du feu, c’était tellement pathétique. Elle secoua la tête, elle n’avait jamais su vraiment parler, ce n’était pas sa faute. Dire les choses qu’elle ressentait, c’était trop difficile, et les rares fois où elle s’y était essayée, cela n’avait pas été très probant. Ce fois quoi, ce n’était pourtant pas faute de lire des romans d’amours et de regarder des films bidons à la télé. C’était stupide, elle aurait du comprendre depuis longtemps qu’elle ne pouvait rien apprendre de ce genre de choses. Parce que, entre nous, les choses n’étaient jamais aussi simple dans la réalité. Toutefois, un simple regard vers Peter la rassura sur le fait que tout était ok pour lui et quelques minutes plus tard, ils avaient retrouvés la chaleur du hall d’entrée. Sains et saufs, ce qui n’avait pas été gagné d’avance.

A peine entrés, ils croisèrent la concierge. Cette dernière eut l’air ravie de voir Peter parce qu’elle lui fit un large sourire qui était, de l’avis de Coleen, plus effrayant qu’autre chose. Elle avait l’habitude de dire des personnes comme ça, qu’elles étaient trop souriantes pour être honnête. L’expérience lui avait souvent donné raison et elle imaginait bien la concierge en question en tant que psychopathe ou un truc comme ça. C’était là qu’elle s’estimait heureuse d’avoir un concierge seulement bon à râler tout seul dans son coin. Il n’était pas inquiétant au moins, juste un peu pénible. Enfin soit, ils croisèrent la concierge et montèrent les escaliers. Ceci se révéla d’ailleurs très difficile pour la jeune femme qui aurait largement préféré que son « ami » vive au rez-de-chaussée, c’était plus sympa pour économiser son énergie.

Au bout d’une éternité, ils atteignirent enfin l’appartement. Elle avait envie de s’assoir, prendre une couverture et de ne plus bouger. Plus jamais. Mais elle ne bougea pas et regarda Peter qui éclata de rire, sûrement cause du tableau qu’ils offraient. Elle ne s’était pas regarder dans une glace mais elle savait que son état ne devait pas être bien différent de celui de Peter et effectivement, il y avait de quoi rire. Néanmoins, elle n’eut pas le temps de se décider si elle devait rire aussi ou non car il l’embrassa de nouveau. C’était aussi parfait que la fois précédente ou même mieux, si toutefois c’était possible. C’était exactement ce à quoi elle pensait lorsque leurs lèvres se détachèrent, encore une fois trop vite à son goût. « Parfait… » Elle ne s’était finalement pas contenté de le penser et elle se sentit légèrement gênée. Ce n’était pas tant le fait d’avoir avoué ça qui la dérangeait mais plutôt celui qu’elle n’arrivait définitivement pas à contrôler ce qu’elle disait en la présence du jeune homme. Pour dissiper cette pensée, un sourire vint se dessiner sur son visage. « Et si tu m’offrais ce chocolat que tu m’as promis ? » A moins qu’il ne préfère l’embrasser encore une fois, auquel cas elle était d’accord aussi. Elle trouvait même sa seconde idée bien mieux en fin de compte.

Spoiler:

Peter se sentait libre, léger, comme libéré d'un poids qui l'encombrait depuis un bon bout de temps. Premièrement, il revoyait Coleen, et c'était déjà un énorme soulagement, et aussi une victoire pour lui. Elle lui avait réellement manqué, et il ne se sentait définitivement pas capable de rester loin d'elle plus longtemps. Deuxièmement, il avait enfin franchi le pas. Et quel pas ! Le jeune homme avait fini par répondre à l'appel et il s'était laissé aller sans plus penser à rien. Pour une fois, il n'avait absolument rien à se reprocher, et il ne regrettait même pas son geste. Mieux, il le réitéra en arrivant chez lui en compagnie de Coleen. Il voulait qu'elle sache qu'il était sûr de lui cette fois, et le meilleur moyen de le lui montrer était de l'embrasser, encore et toujours. Ce n'est qu'en entendant le son de la voix de la jeune femme que Pete fut totalement soulagé. C'était « parfait », elle l'avait dit elle-même, et il partageait son avis à cent pour cent.

« Et si tu m’offrais ce chocolat que tu m’as promis ? » Avec tout ça, Peter avait presque oublié ce pourquoi ils étaient venus jusque là. Enfin, en réalité l'histoire du chocolat n'avait été qu'un prétexte pour rester avec Coleen un peu plus longtemps, mais maintenant qu'elle était là, autant honorer sa promesse. « Oh oui j'oubliai, viens ! » Une fois de plus, l'irlandais attrapa la main de la jeune femme pour l’entraîner vers la cuisine. En arrivant à hauteur du plan de travail, il la lâcha puis se consacra à la préparation de deux chocolats chauds. En soi ça n'avait rien de très sorcier mais Peter tenait à ce que tout soit parfait. Pour cela, il lui fallait être très concentré, et tout son attention fut alors accaparée par ce qu'il faisait. Après ça, il se dirigea vers son réfrigérateur et en sortit une petite assiette où trônaient quelques parts d'un gâteau au chocolat. Un grand sourire se dessina sur son visage lorsqu'il emmena son assiette sur la table. D'un geste de la main, il invita Coleen à s'y installer et déclara fièrement : « Je l'ai fait hier, et il m'en reste quelques parts... Tu as bien dit que tu avais faim ? » ajouta-t-il avec un petit rire.

Peter s'éloigna de nouveau pour aller récupérer deux tasses pleines de chocolat, puis sortit carrément de la cuisine. En laissant Coleen entamer son « goûter » seule, l'irlandais se dirigea vers la salle de bain. Il commença par attraper sa serviette et s'essuya consciencieusement les cheveux. Il ressortit de la pièce avec une autre serviette en main, sans même prendre le temps de se recoiffer. Pete avait toujours été très attentionné avec tout le monde, et particulièrement avec ses proches. Alors forcément avec Coleen, c'était encore plus flagrant. Le jeune homme refit irruption dans la cuisine et lui tendit sa serviette avec un sourire attendri. Elle était vraiment trempée, et ses longs cheveux dégoulinaient dans son dos ce qui devait grandement contribuer à la tenir... au frais. « Tiens, prends ça. Et euh... tu veux que je te prête quelque chose ? Un pull, un gilet ? »

Elle regrettait déjà d'avoir mentionné le chocolat. Bon d'accord, elle avait froid et faim mais bon, ce n'était pas une raison. « Oh oui j'oubliai, viens ! » Une nouvelle fois, Peter pris sa main , comme si elle ne pouvait pas trouver la direction de la cuisine toute seule. Enfin, elle ne pouvait pas dire qu'elle n'aimait pas ça. Pendant qu'il préparait les chocolats, la jeune femme l'observa. Quand, elle se faisait un chocolat, elle, elle se contentait de mettre de la poudre et du lait dans un bol et de le réchauffer. En revanche, quand c'était Peter, même quelque chose d'aussi simple ressemblait à un art tellement il mettait du soin à le faire. Il était tellement concentré que la jeune femme fut tentée de lui lancer son écharpe mouillée à la figure, juste pour le déranger. Cette pensée la fit sourire et, même si elle se ravisa, sou sourire, lui, ne s'estompa pas. Alors qu'elle ne croyait plus qu'il réussirait à finir ses chocolats un jour, Peter se dirigea vers son frigo et revint avec elle avec des parts de gâteaux au chocolat. « Je l'ai fait hier, et il m'en reste quelques parts... Tu as bien dit que tu avais faim ? » C'était le cas oui, elle l'avait dit même s'il lui semblait que c'était il y a une éternité. En tout cas, elle pouvait être rassurée, elle ne mourrait jamais de faim tant que Peter serait là. C'était une chance vu le peu de courage qu'elle avait souvent quand il s'agissait de se préparer à manger ou encore de faire les courses. Elle attrapa une des parts de gâteau et croqua dedans sans attendre plus longtemps. En plus de faire à manger, Peter avait le mérite de faire ça bein et ça, ce n'était pas donner à tout le monde. Elle connaissait des gens – son père, pour ne citer personne, qui pouvait passer beaucoup de temps à cuisiner sans pour autant jamais réussir à faire quelque chose de mangeable. C'était assez désolant et surtout vite insupportable.

Quand elle releva la tête pour adresser un regard à Peter, elle vit que celui-ci était parti. Elle soupira, tant pis pour lui s'il n'y avait plus de gâteau quand il revenait. Elle allait le prévenir qu'il n'y en aurait sûrement pas assez mais puisqu'il n'était plus là. Ça en ferait plus pour elle ! Néanmoins, il revint vite. Quand il réapparu dans le champs de vision de la jeune femme, elle n'avait pas terminé sa première part de gâteau. Il tenait à la main une serviette qu'il lui tendit et la jeune femme lui fit un sourire pour le remercier. Elle avait presque réussi à oublier le fait qu'elle était trempée et pourtant, ses cheveux dégoulinaient d'eau. « Tiens, prends ça. Et euh... tu veux que je te prête quelque chose ? Un pull, un gilet ? » Elle attrapa la serviette et entreprit de se sécher un peu, ce qui, à première vue, était loin d'être gagner. « Oui, je veux bien un pull. » Ce serait déjà ça. Même si bon, ça ne suffirait pas à l'empêcher d'être malade demain. « Dis, je pourrais t'appeler demain quand je serai à moitié morte dans le fond de mon lit ? Pour t'engueuler bien sûr, parce que je t'en teins déjà pour personnellement responsable. » Elle joignit un nouveau sourire à sa dernière phrase même si elle pensait vraiment ce qu'elle disait, il n'y avait bien que lui pour avoir des idées pareilles comme celle de rentrer à pieds par ce temps.

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Pete était tellement content et fier de lui d'avoir su recoller les morceaux avec Coleen ! D'ailleurs, il avait même fait mieux que ça puisqu'ils s'étaient embrassés, plusieurs fois, scellant ainsi la fin de leur « amitié » proprement dite. Tout cela aurait pu terrifier Peter qui n'était pas, il fallait bien l'admettre, un habitué des relations de ce type. Mais au contraire, le jeune homme se sentait plutôt soulagé et rassuré. Après ce que lui avait avoué Coleen, leur amitié n'aurait certainement pas survécu très longtemps. Et puis quoi qu'il en dise, l'idée d'aller plus loin avec elle lui avait souvent traversé l'esprit. Même s'il s'était toujours efforcé d'enfouir cette idée au fin fond de son esprit, elle était bel et bien là. Cette fois, il avait sauté le pas, avait oublié toutes ses peurs et se disait qu'il avait enfin prit la bonne décision. La preuve ? Le regard que Coleen portait sur lui. Il luis semblait devenir plus fort quand elle le regardait. Dans ces moments-là, plus rien ne l'atteignait, et il se sentait à part... dans le bon sens du terme.

Coleen sembla apprécier l'initiative qu'avait prit Peter en lui apportant une serviette, et elle l'attrapa immédiatement pour essayer de se sécher, ou du moins de se réchauffer un peu. Sans reprendre sa place en face d'elle, l'irlandais resta planté à ses côtés, en portant sur elle un regard tendre, presque amusé. Ses cheveux étaient tellement longs qu'il lui paraissait impossible de les sécher, et il bénit intérieurement ses propres cheveux courts qui, malgré leur coiffure un peu particulière à ce moment précis, étaient presque secs. « Dis, je pourrais t'appeler demain quand je serai à moitié morte dans le fond de mon lit ? Pour t'engueuler bien sûr, parce que je t'en tiens déjà pour personnellement responsable. » Pete éclata de rire en entendant les revendications de la jeune fille, mais acquiesça quand même. Après tout elle n'avait pas tort, s'ils étaient tous les deux dans cet état, c'était de sa faute à lui ! « Bien sûr ! J'attendrai ton appel du fond de MON lit ! » répondit-il en souriant. Il allait regretter d'être ainsi sorti sous la pluie, c'était certain. Mais le fait de penser au résultat que cette excursion avait eut suffirait très certainement à le consoler. Il avait regagné Coleen, et ça valait bien toutes les grippes du monde.

Le jeune homme daigné finalement se réinstaller sur sa chaise, et reprit sa tasse de chocolat entre ses mains. La chaleur qu'elle lui prodiguait n'était pas désagréable, et il décida d'attendre un peu avant de tremper ses lèvres dans le délicieux breuvage. « Hm, pour le pull... Tu peux aller dans ma chambre, choisis celui que tu veux. » Ce serait plus simple comme ça, et elle aurait tout le loisir de se changer tranquillement dans sa chambre, en choisissant le pull qui lui irait le mieux... si tant est qu'elle en trouve un. Un frisson parcouru le dos du jeune homme qui regretta alors amèrement de ne pas avoir de cheminée dans son appartement. Pour tout réconfort, il ne pouvait compter que sur ses vieux radiateurs sans aucun charme ni aucun cachet. Mais c'était toujours mieux que rien... et pendant que Coleen se dirigeait vers la chambre, Peter alla augmenter un peu le chauffage. Ils auraient bien besoin de ça pour combattre la grippe qui les guettait certainement tous les deux.

Ce qu'elle disait le faisait rire maintenant, c'était bien. Mais elle n'était pas sûre qu'il rirait encore demain quand elle l’appellerait vraiment pour se plaindre. Elle était très pénible quand elle était malade, c'était un fait qu'elle reconnaissait tout à fait. Autrement non, sans se vanter, elle pouvait dire qu'elle était une fille très conciliante et très agréable mais dès qu'elle avait le moindre petit bobo, elle devenait une plaie. C'était comme ça. « Bien sûr ! J'attendrai ton appel du fond de MON lit ! » Elle secoua la tête. Certes, si elle était malade, ce serait sûrement le cas du jeune homme aussi mais ce n'était pas un argument recevable pour sa défense. Il était et resterai le seul et unique responsable à ça, c'était dit. « J'espère pour toi que tu seras en état de marcher quand même. Parce que j'aurais besoin de quelqu'un pour aller à la pharmacie à ma place. Et me faire du thé. Et de la soupe aussi, ma mère me faisait de la soupe quand j'étais malade.  » Un sourire s'étira sur son visage et elle lui lança un regard malicieux tout en essayant toujours de sécher ses cheveux. Vainement. « Mais on ne sera sûrement pas malade.  » Ne disait-on pas que c'était beau de rêver après tout ? »

« Hm, pour le pull... Tu peux aller dans ma chambre, choisis celui que tu veux.  » Coleen hocha la tête. Bien. Très bien. Elle allait y aller … un jour. Pour l'instant, elle était trop occupée à se demander s'il était plus important qu'elle aille chercher un pull maintenant ou qu'elle boive son chocolat et continue de manger des gâteaux avant. C'était un cruel dilemme qui s'offrait à elle là. Dilemme qui prit faim bien vite lorsqu'elle se mit à frissonner. Bon, le pull pressait sûrement un peu plus. Elle se leva mollement se demandant vaguement si elle arriverait à marcher jusqu'à la chambre de Peter mais parvint quand même à atteindre la porte. Avant d'entrer dans la chambre, elle se retourna et lança une regard menaçant au jeune homme. « Laisse moi du gâteau surtout hein. !  » Ce après quoi, elle se dirigea vers l'armoire pour en sortit le premier pull qui lui tombait sous la main. Elle l'enfila après avoir enlever sa veste et son tee-shirt mouilla et s'assit sur le seul quelques instants. L'idée de regagner la cuisine, même pour manger la fatiguait d'avance. C'était embêtant, surtout étant donné qu'elle devait encore rentrer chez elle après. Elle soupira, ce n'était qu'un détail après tout. Elle était heureuse, elle avait retrouvé Peter, elle avait cessé d'avoir froid et tout était parfait maintenant. Vraiment tout. Elle se leva pour rejoindre Peter à la cuisine et se rassit en face de lui. Elle se servit une nouvelle part de gâteau et but une gorgée de son chocolat chaud. Elle posa alors un regard très sérieux sur Peter avant de prendre la parole. « Tu sais, je te l'ai déjà dis mais je t'aime beaucoup comme mec. T'es cool. Bon, je vais sûrement mourir à cause de toi mais ce n'est qu'un détail. Et puis tu fais bien à manger alors ça pardonne tout.  »

Ouais ça fait pas vraiment fin comme fin mais on fait comme on peut Je voulais pas qu'elle se casse comme ça Ni qu'elle s'endorme (si j'y ai pensé ) So voilà