Megan se regarda dans la vitre du rétroviseur, en passant un de ses doigts dans ses boucles fines. Son nouveau brushing était parfait, et sa robe moulante blanche s'associait étrangement bien avec ses chaussures à talons à semelles couleur arc en ciel. Elle examina son nouveau prototype en souriant. Elle en avait eu l'idée le mois dernier : revisiter les Louboutin ordinaires en changeant la couleur de la semelle. Deux semaines plus tard, les modélistes travaillaient avec acharnement sur la conception du modèle et si Megan les portait ce soir, c'était pour les montrer aux gens de l'Awesome. Pour montrer son bon gout. Elle avait déjà préparé sa petite phrase "tu aimes mes chaussures ? Tu pourras les trouver dans une semaine dans ma boutique, sur la 5e avenue". Moyen élégant et simple de se faire la pub auprès des clients branchés du bar. En souriant, elle remit la bride qui tombait sur sa cheville, puis quitta sa décapotable qu'elle avait préalablement garé sur le parking du bar. D'une allure maniérée, Megan rentra dans le bar, en balançant des hanches. En souriant, elle reconnut les habitués du lieu, et fit signe à quelques garçons avec qui elle avait bu un verre un soir.

Finalement, elle aperçut dans un coin de la salle Victoria, son amie, qui l'attendait, un verre de Mojito devant elle. Elle la reconnaissait bien là, en robe tout aussi moulante que la sienne, en train de faire des signes à quelques garçons. Rapidement, Meg se dirigea vers elle et s'assit à ses côtés, sur les sièges en cuir. Elle lui offrit une bise sur la joue et sourit tout en posant son sac sur leur table. " Je t'ai pas trop fait attendre, Vicky ? Je me refaisais une beauté dans la voiture." Elle posa sa tête contre l'épaule de son amie, en soufflant un bon coup. Elle adorait Victoria. Elle l'avait rencontré quelques mois auparavant, dans ce même bar. Très vite, elles s'étaient trouvés des points communs et Megan avait du se rendre à l'évidence : Vic était tout aussi belle qu'elle, si ce n'est plus. Mais pour une fois, elle n'était pas jalouse ni même envieuse. Elle adorait partager sa passion pour la mode avec son amie, mais aussi son gout prononcé pour les garçons, l'alcool, la fête. En résumé, Megan et Victoria étaient pareil. Et c'est ce qui plaisait à la jeune femme.

Alors qu'elle regardait autour d'elle, cherchant deux garçons à se mettre sous la dent (et celle de Vic, bien entendu), elle aperçut un groupe d'hommes d'affaires en costards. Ils devaient avoir 35 ans. Les hommes d'âge murs. Megan aimait bien les trentenaires : ils étaient généreux quand ils offraient des cadeaux, et ils ne s'encombraient pas de petite amie. Ils étaient sur la même longueur d'onde que Megan. Pas d'attachement, juste de l'amusement et du sexe. Le groupe présent ce soir avait les yeux rivés sur les deux jeunes femmes. Tout en se saisissant du Mojito que le serveur venait de lui apporter, Meg interpella Vic en la touchant sur l'épaule. "Deux admirateurs, à 10h."

Faire la fête, se bourrer la gueule, vomir dans la rue et finir la nuit avec un beau brun ténébreux, c'était une chose. Ce qui était encore mieux, c'est de faire tout ça avec Victoria. Bon, pas le dernier acte, bien évidemment. Elles ne partageaient pas les garçons, et pour cause, elles avaient des goûts différents, mais cela ne les empêchait pas d'être d'accord quand l'une d'elle deux trouvait un garçon absolument ignoble. Comme c'était le cas pour la bande de mec qui se trouvait à deux tables d'elles. Ils devaient avoir la vingtaine, et frimaient alors qu'ils avaient la carte de crédit de papa. Megan, en les voyant, leva les yeux au ciel. Elle devait avoir leur âge, et pourtant, elle ne dépendait plus de ses parents : elle avait prit ses cliques et ses claques et créé sa boutique avec le compte épargne destiné à ses études. Ses parents n'avaient pas versé un centime de plus. Cela l'énervait donc quand elle voyait deux ou trois minables qui se payaient des bouteilles de champagne à 500 $ juste pour impressionner des filles comme elle. La bonne nouvelle c'est que tant pour elle-même que pour Victoria, leur petit jeu ne fonctionnait pas. « On ne va pas se les farcir, Vic, t'inquiètes. Par contre, on peut les faire baver. » Sans attendre de réponse de son amie, Meg se leva, et se dirigea, de son allure maniérée, vers le bar, tout en marchant très lentement pour que les "boloss" aient le temps de l'admirer. Finalement, elle s'appuya contre le comptoir, en se cambrant légèrement et paya son mojito auprès du serveur. D'un coup d'oeil, elle voyait bien que les deux garçons avaient les yeux fixés sur ses grandes jambes, ses hanches presque inexistantes, et ses fesses que sa robe assez moulante et sa position penchée laissaient légèrement entrevoir. Voyant que son petit jeu fonctionnait, Megan se redressa subitement et rejoignit son amie Victoria. Elle eut à peine le temps de s'asseoir qu'un des garçons fit un geste pour se lever et venir l'aborder. Megan le regarda droit dans les yeux et hocha la tête négativement, sous entendus "tu peux rêver, mon petit." Elle adorait faire languir les garçons, pour finalement tuer tous leurs espoirs.

Finalement, elle se dirigea avec Vicky vers les garçons d'âge mur, qui étaient assis à l'autre bout de la salle. En regardant son amie, et ce sans même lui parler, Megan comprit. Chacune savait quel garçon elles allaient aborder. Meg se chargait du chatain ténébreux aux yeux bleus et Vicky prenait le brun aux yeux verts. Meg s'assit sans gêne sur le fauteuil en cuir, rejoignant sa poire, et lui offrit un regard séduisant. Elle esquissa un sourire à la blague de Victoria : elle la sortait tous les soirs, et même si elle fonctionnait auprès des garçons, Megan s'en lassait -et elle était presque sure que Vic aussi-. Discrètement, elle nota sur son iPhone un rendez-vous café avec son amie pour le lendemain : elles discuteraient de leurs nouvelles tactiques (après s'être remise de leur futur gueule de bois, bien évidemment). Elles devaient se renouveler. D'un geste presque invisible, Megan rangea son téléphone dans sa pochette puis revint au plus important : le garçon avec qui elle finirait surement la nuit. « Hum ... tu m'offres un verre ? » Sans attendre sa réponse, elle se saisit de la carte des boissons et fit mine de réfléchir en admirant les cocktails, même si elle savait déjà ce qu'elle allait prendre. Megan rimait avec Mojito : c'était sa boisson à elle, son petit plaisir, son eldorado, sa coke, sa came, sa drogue. Mojito Mojito Mojito ! Ses amis l'appelaient même Mojita girl (Vicky était à l'origine du surnom) : elle était même capable d'en boire à 8h du matin. Ça, et les margaritas. Mais même les margaritas ne valaient rien comparé au cocktail cubain. Finalement, elle se retourna vers Vicky, et esquissa un sourire. Elles s'étaient comprises. Il fallait passer aux choses sérieuses. « Je suis Megan et elle c'est Victoria. Et souvenez-vous en bien, car vous allez passer la meilleure soirée de votre vie ... surtout toi, chaton. » La fin de sa phrase était destinée à sa proie à elle. Discrètement, après avoir fait un clin d'oeil discret à Victoria, elle posa la main sur la cuisse du jeune homme, et la serra. Si il restait de marbre alors on pouvait douter de son orientation sexuelle. Oh, et puis même les gays succombaient au charme de Megan. Elle était la fille qui rendait toutes les autres filles jalouses et tous les gars hétéros.

Mojita girl, c'était effectivement le nom de son acolyte. Il était venu au bout de quelques nuits en sa compagnie, nuit qui rimaient elles aussi avec le mot "mojito". Victoria rigolait intérieurement, quoi qu'elle fasse elle ne pouvait s'empêcher de penser à ce foutu cocktail, décidément, ça lui collait à la peau. Sa camarade était déjà parée à l'attaque et s'empressait de faire des avances à sa proie. Le coup de la main sur la cuisse, classique véridique. Aussi elle vérifia ses sms en rigolant, elles devaient vraiment mettre à jour leur bible de fêtarde, ça devenait primordial. C'est vrai que Vicky aurait pu être d'une jalousie maladive face à cette prétendue rivale, mais parfois il faut savoir allier les forces pour les multiplier. C'est ce qu'elles avaient fait, et on pouvait avouer que ça marchait du tonnerre. Elle avala les dernières gouttes de son mojito et secoua le verre vide jusqu'à ce que la glace pillée tinte sur les parois.
« Oups! Déjà terminé. » Elle baissa les yeux et joua la petite fille en dépend. Les garçons, et encore plus ceux matures, aimaient se sentir utiles. Et tant mieux, parce que Victoria prenait beaucoup de plaisir à les rendre utiles! Tout en faisant une moue boudeuse, elle enchaîna : « C'est pas digne d'un gentleman que de laisser sa compagne mourir de soif, non? » Vicky fit son fabuleux sourire en coin pour Megan et ne laissa pas le temps à son homme de nuit de répondre. Il était déjà levé, partit chercher le saint graal. Ce qui laissa quelques secondes à la jeune blonde pour admirer son derrière : *Joli dos, jambes musclées, et quel cul!*, elle tourna son visage vers son amie et acquiesça en signe de satisfaction. Un autre point positif : le garçon était revenu comme une fusée, il ne laissait pas attendre une demoiselle en détresse. Son brun ouvrit même sa bouche pulpeuse laissant son timbre de voix se faire entendre pour la première fois :

« Je suis Garrett, et... » la proie emprisonnée dans les filets de Megan n'était pas en matière de donner son nom, il était bien trop occupé avec la jeune fille mate.
« et ne nous occupons pas de ceux là! » Décidément, il savait y faire le garçon. Pour l'instant dans l'échelle de score de Victoria il était déjà à un bon niveau, la nuit se finirait dans ses bras sans aucun doute.
Leur discussion s’enchaînaient, les verres se vidaient et s'étalaient sur la table ronde au centre des deux futurs couples. Il se trouvait que Garrett était quelqu'un d'intéressant, néanmoins il avait 32 ans (et toutes ses dents) il possédait une entreprise de produits chirurgicaux et était passionné d'art. Surtout d’expressionnisme, et ses yeux brillaient lorsqu'il prononçait le nom de "Kandinsky". Il avait même réussi à l’entraîné à l'extérieur pour fumer une cigarette, la jeune blonde avait alors fait une entorse à ses règles de bienséance : cet homme lui plaisait véritablement. Mais laisser Megan plus de dix minutes ne faisait absolument pas partie du plan, elle poussa Garrett à rentrer le plus vite possible, la seule réponse que l'homme lui donna fut un baiser fougueux, alors qu'il la plaquait contre un mur de la salle. Inquiète elle se sépara de l'étreinte masculine qui l'étouffait presque et jeta un oeil sur leur place initiale : Megan n'était plus là. Ni son camarade. Presque paniquée elle se précipita vers la table sans penser qu'elle aurait pu être partie au toilette pour avoir un peu d'intimité avec sa victime. Leurs sacs n'avaient pas bougés, il y avait même son portable sur la banquette.
« Garrett! Garrett! Tu les as vu partir? » Sa voix tremblait, ses mains étaient moites et l'alcool ne faisait que de tanguer sans sa tête. La salle était humide, sombre et presque opaque. Son interlocuteur ne répondit pas et l'attrapa par la main vers la sortie. « Excuse moi?! Tu fais quoi là?! Je t'ai posé une question putain, tu fous quoi?! » Il y avait quelque chose qui clochait et cette situation puait de façon atroce. Elle ne détachait pas son regard du portable resté collé au revêtement velouté rouge de la banqueté. La poignée de Garrett s'appuyait violemment sur la main de Victoria, elle ne savait plus où elle était. Jamais l'alcool ne lui avait fait de tels effets, à croire qu'elle avait pu être droguée...

Le garçon avec qui Megan passait la soirée s'appelait Tony, et ne semblait pas spécialement intéressant. Il dirigeait une quelconque entreprise d'investissements implantée partout dans le monde, et avait un appartement à Tokyo, New York, Sidney et Paris. Rien que ça. Megan n'était pas spécialement intéressée par sa fortune, ceci dit, et pour cause depuis ses 14 ans, elle avait à sa disposition une carte bleue non plafonnée relié à un compte dont le nombre de zéros allaient au delà du raisonnable. Ce qu'elle aimait chez ce garçon, c'était son physique, tout simplement. Et son âge, sa profession, sa vie, elle s'en moquait éperdument. Ainsi, elle lui coupa la parole, alors qu'il parlait de son dernier voyage d'affaires au Brésil, et lui déposa un baiser sur ses lèvres. Elle était là pour une seule chose, et elle ne repartirait pas sans l'avoir obtenu. Le reste, cela importait peu. Ils commencèrent ainsi à s'embrasser fougueusement, tandis qu'à côté, Victoria discutait avec son prétendant. Finalement, celui de Meg se détacha d'elle pour aller leur chercher à boire. La jeune femme en profita pour faire un sourire au coin à son amie, qui le lui rendit avant de s'éclipser avec le garçon vers la sortie. Ils allaient fumer une cigarette. Megan les aurait bien suivi, seulement elle tentait d'arrêter de fumer, et en plus son "mec" à elle devait revenir avec son énième Mojito. Chose qu'il fit, et Megan sirota alors délicatement dans sa paille en lançant un sourire charmeur à son partenaire. Elle aimait bien sa compagnie, il était agréable à regarder et embrassait comme un dieu. Seulement, elle espérait que son amie & Garrett seraient bientôt de retour : elles avaient pour règle de ne se séparer qu'au moment de ramener le garçon dans leurs appartements respectifs. "On ne sait jamais", elles pouvaient tomber sur des cinglés ou pire, se faire voler leurs sacs à mains. Elles devaient veiller l'une sur l'autre.

Cependant, Megan se doutait bien qu'en ce moment Vic avait sa langue dans la bouche de Garrett. Ils prenaient du bon temps, et la jeune femme comptait faire la même chose avec son Tony. Ainsi, elle accepta volontiers un shouter de Tequila quand l'homme lui en proposa un. Elle n'aimait pas trop ça, en général, mais comme son amie était sortie, et qu'elle tenait assez bien l'alcool, elle pouvait se le permettre. Elle était Megan Worthington, la fille qui s'était prit sa première cuite à l'âge de 18 ans et pouvait boire une quantité astronomique d'alcool sans jamais vaciller. Au mieux, elle se mettait à rire pour rien et à vouloir embrasser tout le monde. Ainsi, un shooter ne lui ferait pas de mal, se dit-elle tout en vidant le verre minuscule d'un coup et en pressant le jus de la rondelle de citron. Sans hésiter, elle accepta quand Tony lui en proposa un autre. Elle avait oublié à quel point cela pouvait s'avérer être bon. Deux shooters, cinq, huit puis onze plus tard, et voilà que la jeune femme se sentait parfaitement bien. Elle tenait toujours étrangement bien. Elle appuya mollement sa tête sur son coude, s'affalant sur la table du bar, et sourit finalement à Tony. « Tu croyais me saouler ... c'est plutôt difficile pour une fille comme moi. » Tony lui sourit tout en payant l'addition de toutes les boissons (y compris celles de Vic et Garret) auprès du serveur. Subitement, Megan se redressa sur son siège et le regarda d'un air grave. Il n'allait pas partir, quand même ? Pas maintenant, alors qu'ils allaient conclure ? « Hum ... Tony, dis-moi, tu vas où comme ça ? » « Garrett vient de m'envoyer un message, lui et ta pote sont partis finir la soirée à l’hôtel. On a qu'à partir nous aussi ... finir notre soirée ailleurs. »

Megan regarda autour d'elle, sans rien y comprendre. Victoria était partie, sans même lui dire au revoir ? Non, ce n'était pas possible, elle lui aurait dit au revoir ... Cependant, elle se devait d'admettre que son amie semblait trèse attiré par le fameux Garrett, et elle n'avait peut-être pas voulu perdre une chance de finir la soirée avec lui en retournant dans le bar la prévenir de son départ. Oui, cela devait être ça. Oh, et puis, Vic était une grande fille, elle devait être actuellement sur la banquette arrière d'un taxi sur les genoux de son prétendant. Du moins, Megan l'espérait. Ou... alors peut-être étaient-ils aux toilettes ? Elle savait qu'il arrivait à Victoria de s'y réfugier avec des garçons. Elles avaient même définit ensemble les meilleurs coins pour pouvoir y fricoter sans être surpris par d'autres clients ou des employés. Megan commençait sérieusement à envisager cette hypothèse quand elle songea soudainement à Garrett. C'était un riche homme qui n'avait vraiment pas besoin de copuler dans les toilettes. Il avait surement une suite à l'Hotel Plaza, et y avait sans aucun doute amené Vic. Ainsi, Megan regarda Tony, rassurée par cette nouvelle idée, et lui offrit un sourire charmeur, tout en se saisissant de son mascara caché dans son décolleté. « Je vais me refaire une beauté, et je suis tout à toi chéri. » D'un air maniéré, Megan se releva, prête à se diriger vers les toilettes pour arranger ses yeux, quand elle se sentit soudainement très mal. Oh ... peut-être que les shooters l'avaient enivré finalement. Le fait était qu'elle ne voyait pas très clair dorénavant et avait du mal à se déplacer, devant se tenir aux coins des meubles et des tables pour se rendre aux toilettes. Elle n'aurait pas du en consommer onze, additionnés à tous les mojitos consommées auparavant, elle était bien saoule. En rentrant dans les toilettes pour femmes, elle se passa de l'eau sur le visage, désirant reprendre ses esprits. Elle pouvait remercier le maquillage waterproof, puisque rien n'avait coulé. Elle ouvrit tout de même son tube de mascara, dans le but d'arranger un peu le coin de ces cils. Elle allait surement elle aussi aller dans un hôtel luxueux, et elle voulait être maquillée en circonstance. Alors que la jeune femme était en train de s'admirer dans le reflet du miroir, plissant les yeux pour y voir clair, luttant contre son mal de tête, la porte des toilettes s'ouvrit soudainement, laissant entrevoir Tony, sans sa veste ni même ses affaires. Megan se retourna vers lui, et lui offrit un sourire convainquant. Elle se sentait de plus en plus mal. « On y va ? Je dois juste récupérer mes affaires et ... » Soudainement, Tony perdit son sourire bienveillant et regarda Megan comme un loup qui chassait un agneau. « Nous allons nul part, poupée ! » Il vérrouilla le loquet des toilettes, et s'approcha de la jeune femme. Sans que celle-ci ne puisse réagir, il la souleva, et la posa sur le bord du robinet, avant de l'embrasser fougueusement, presque de force.

Megan ne pouvait pas faire ça. Elle s'était promis de ne plus jamais se faire avoir par un homme, et dans les deux sens du terme. Ce Tony n'aurait pas son coeur et encore moins son corps. Elle avait cependant très mal à la tête, et tandis que le jeune homme essayait de lui enlever de force sa robe, elle essayait tant bien que mal de réfléchir à un plan. Elle ne pouvait pas faire grand chose. Il lui avait déjà enlevé ses chaussures, et il allait bientôt ... non, elle ne pouvait pas laisser faire ça. Ce garçon allait la violer! Ici, dans les toilettes de l'Awesome. Non, c'était tout bonnement inimaginable. Ainsi, elle tenta avec ses jambes de le repousser, pour se relever et quitter vite cet endroit. Bien évidement, il était plus imposant qu'elle. Il lui serrait les bras, la plaquait contre le miroir des toilettes, l'empêchant tout mouvement. Elle était coincée. Il allait la violer, et elle ne pouvait absolument rien faire. Elle sentait difficilement ses membres, et elle n'arrivait pas à crier tant elle était stone. Ainsi, elle n'entendit presque pas les bruits de coups donnés sur la porte. Son agresseur leva la tête vers l'entrée des toilettes. Une personne, un ange gardien pour Megan, désirait aller aux toilettes. Tony allait donc être obligée d'ouvrir. Il se redressa, permettant à la jeune fille de se relever. Megan le regarda, et le poussa pour aller ouvrir et sortir des toilettes. « Tu partirais en laissant ta copine ?»

Megan s'arrêta, la main sur la poignée. Victoria. Tony avait donc menti, elle n'était pas à l’hôtel : elle était probablement dans la même situation qu'elle, en ce moment. A cette pensée, la jeune femme eut envie de vomir. Elle ne pouvait pas laisser Victoria dans les mains d'un de ces pervers. Elle ne pouvait la laisser se faire violer. Elle devait tenter de la retrouver; ou mieux encore aller en parler à sa police. Elle était actuellement très désorientée mais elle serait sans doute capable de faire un portrait robot de Tony. De plus, elle avait surement son ADN sur le coin des lèvres. A cette pensée, elle eut envie à nouveau de vomir. En rentrant, elle prendrait une bonne douche. Mais, elle ne la pendrait pas sans Victoria. Ainsi, elle ne réfléchit pas une minute de plus, et dévérouilla le loquet de la porte. Une file de jeunes femmes impatientes rentrèrent, trousses de maquillages à la main. Megan en profita pour la traverser et revenir dans le bar en courant. A cette heure-ci, il n'y avait presque plus personne. Meg se précipita vers son sac à main, s'en saisit et quitta l'établissement rapidement, regardant de temps à autre derrière elle. Tony était au milieu des jeunes femmes, la cherchant surement. Arrivée dehors, elle ouvrit son sac, pour chercher ses clés. Elle devait déguerpir d'ici, et appeler la police. Seulement, y voyant trouble, elle ne réussit pas à trouver le trousseau en forme de coeur. Elle ne distinguait que des formes, des couleurs et quelques tubes de rouges à lèvres mais pas de clés. Soudainement, elle reconnut au toucher les contours de son iPhone. Elle allait appeler le 911 quand elle aperçut Tony qui se dirigeait vers elle, cachant une arme sous son blouson. Sans hésiter, elle cacha le téléphone dans le décolleté de sa robe; et laissa son sac tomber au sol. Tony allait la séquestrer, la violer, la tuer peut-être. Pourtant, elle ne pouvait agir. Ses jambes ne la tenaient plus, et sa tête lui faisait de plus en plus mal. Elle était incapable de courir, ou même de crier à l'aide. Ainsi, sans un bruit, elle tomba au sol, à moitié consciente. Elle était fichue: elle ne pourrait pas sortir le téléphone de son décolleté pour l'utiliser sans que Tony ne le voit, et de plus elle était à deux doigts de s'évanouir. Finalement, elle ferma les yeux; se laissant aller. Elle préférait qu'on la viole quand elle était inconsciente.

Megan ouvrit les yeux. Elle se trouvait à présent dans un véhicule. Elle sentait son corps bouger selon les aléas de la route. Elle ne savait pas où elle était, ni même comment elle était là. Pourtant, Tony et d'autres hommes étaient là, à la regarder tel un objet. Ils riaient, buvaient des bières. La tête de la jeune femme lui faisait toujours aussi mal, mais c'était surement le contre coup. Une chose était sure, elle avait repris ses esprits. Dans un regard en biais, elle vit qu'elle portait toujours sa robe. Elle n'avait pas été déchirée ni même déboutonnée. Megan n'avait donc pas été violé ... pas encore, se dit-elle amèrement. Finalement, elle garda ses yeux fermés. Ses agresseurs n'avaient pas remarqué qu'elle s'était réveillé, ainsi, elle comptait bien écouter ce qu'ils avaient à dire. « Elle mets du temps à se réveiller, quand même. Antoine, t'as mis quoi dans son verre là ? » disait un homme. « La dose nécessaire. Mais Greg m'a dit que l'autre avait été aussi longue à réveiller. T'inquiètes pas, elle est pas morte. » Megan reconnut la voix de Tony, qui visiblement s'appelait en vérité Antoine. Et Garrett ... Greg. « Bon, on l’emmène où ? avec sa copine ou on la garde jusqu'à la semaine prochaine pour le film à Aspen ? » rajouta une voix que Megan ne connaissait pas. « Non, je veux en profiter ce soir moi ! Puis, elle pourra faire des trucs avec sa copine ! » La jeune femme était écoeurée. Ces ordures parlaient d'elle et de Victoria comme si elles étaient des objets à revendre ... elle espérait que ce ne serait pas le cas. Elle avait vu un reportage il y a deux semaines sur des macs qui trouvaient des filles en soirées et les envoyait se prostituer en Europe. Lentement, elle inspira et respira un bon coup. Elle réalisait enfin ce qu'il lui arrivait. Elle était dans un camion, kidnappée par des inconnus, qui avaient pour projet de la violer. Elle devait se sortir de là, et surtout sauver Victoria. Discrètement, elle entrevit les yeux. Les quatre hommes avaient le dos tournés, parlant au chauffeur de la camionnette. Elle passa ainsi la main sur le haut de sa robe : elle sentit bien les recoins de son téléphone à travers le tissu fin. Elle émit un soupir de relâchement, et tenta de le sortir sans faire de bruit. C'était peine perdue. Elle s’apprêtait alors à refermer les yeux quand un des hommes se retourna. En la voyant les yeux ouverts, il sourit, et incita ses amis à regarder. Megan leur lança un regard narquois et se tut. Elle n'allait pas leur faire plaisir de les supplier. Elle savait déjà où était Vic, elle avait son portable sur elle, et même si elle était morte de peur, elle espérait qu'une fois avec son amie, elle trouverait une solution.

Finalement, la camionnette s'arrêta, et les hommes se saisirent d'elle pour l'amener dans une grande bâtisse. Megan regarda rapidement autour d'elle et reconnut les yeux. C'était les Hamptons, et elle savait pour y avoir passé tous ses étés dans son enfance, que seuls des riches pouvaient y acheter une propriété. Elle et Vic étaient donc tombés sur des professionnels. Soudainement, Tony la prit par le bras, et tout en la traitant de salope, la traîna dans un couloir. Les chambres. Megan se mit alors à crier, hurler, et tenta de se débattre. Elle devait trouver Victoria, et elle s'en moquait qu'on la viole tant qu'elle savait que Vic allait bien. Et pour l'instant, ce n'était pas le cas. Elle hurla ainsi un peu plus fort. « Megan! Megan je suis ici! Viens vite! » La jeune femme n'hésita pas et tenta à nouveau de frapper Tony, mais c'était perdue perdue. « Victoria, Victoria ! » Elle se sentit poussée violemment sur un lit, et entendit une porte se claquer derrière elle. Elle releva la tête, et vit son amie, Vic. Elle semblait frêle, fragile. « Vic, tu vas bien ? Pitié dis moi qu'ils ne t'ont pas violé ? » Megan sans le vouloir se mit elle aussi à pleurer, tout en serrant la main de la blonde. Elles allaient être violées, et visiblement filmées. Cependant, elle savait que rien n'était de la faute de Vic. C'était même plutôt la sienne; c'est elle qui avait choisi leurs cibles pour la soirée. « Ce n'est pas de ta faute, ma chérie ! C'est la mienne ... je suis désolée, je ... oh pardon. » Megan sentait sa gorge se serrer, signe qu'elle allait fondre en larme. Soudainement, elle entendit des voix dans le couloir. Ces salauds discutaient surement de qui violerait qui en premier. Sans hésiter, elle sécha une larme et se tourna vers son amie qui était terrorisée. Elle aussi l'était, mais elle ne devait pas lui montrer. Elle avait une idée, et c'était quitte ou double : soit elle les sauverait, soit elle les tuerait. « Victoria, ressaisis-toi ... Ils vont arriver d'une seconde à l'autre. Je vais feindre un malaise, d'accord ? Et .. tu .. euh ... » Elle tentait de réfléchir, mais son mal de tête et sa peur lui empêchaient de mettre ses idées au clair. Elle se saisit alors de son iPhone. Elle n'avait pas de réseau, bien évidemment. Ses mecs avaient vraiment bien pensée à tout.
« Quand ils s'approcheront de moi pour voir ce que j'ai, tu courras dans le couloir chercher du réseau. Nous .. je ... il faut que tu ... » Tout en tremblant de la tête au pied, Megan mit le téléphone dans la main de sa chère amie. Elle n'arrivait pas à s'exprimer, et pourtant, il le fallait. « On est aux Hamptons, et ... » La porte s'ouvrit soudainement; et Tony et un autre homme rentrèrent. A leur vue, Megan sentit son coeur s'accélérer et ses muscles se paralysèrent sous la peur. Tony s'approcha de Victoria, et tendit la main. « Tu vas me donner ton portable, ma jolie. A moins que tu veuilles filmer le viol de ta copine ? Car on va commencer par elle. »