CHARLIE & CASTIEL ❝ les retrouvailles de caslie ❞

Tout son corps était douloureux, bien plus que d’habitude et il ne le supportait pas. Il était sportif, il l’avait toujours été, toutefois il fallait bien avouer que depuis qu’il campait le rôle de directeur d’Orchideus dans le centre-ville de Manhattan il ne faisait plus grand-chose et surtout pas des missions sur le terrain. Ça lui manquait, terriblement mais il se devait de tenir son rôle au mieux pour éviter d’éveiller le moindre soupçon le concernant même si une mission de temps à autre n’était pas grand-chose. C’était d’ailleurs la pensée qui lui avait traversé l’esprit la veille alors qu’il était assis derrière son bureau comme chaque jour que Dieu faisait, s’ennuyant à lire les rapports de ses employés à signer divers dossiers qui ne l’intéressaient pas le moins du monde. Il avait besoin d’aller sur le terrain avant de se sentir totalement rouillé et le jeune homme avait pris la première mission banale qui lui était tombée sous la main et il s’était décidé une bonne fois pour toute à sortir de son bureau et à aller prendre l’air laissant le soin de gérer l’agence à celui que s’approchait le plus d’un bras-droit, Jensen un ami de longue date au sein de la NSA qu’il avait recruté une fois à la tête de l’agence. La mission qu’il avait choisi n’avait rien de bien compliqué, il devait se contenter de se fondre dans la masse et écouter au mieux afin d’obtenir des informations qui lui seraient bien utiles.

La nuit étant tombée bien vite sur la ville new-yorkaise, Castiel avait rejoint un club très fermé en se faisant passer pour un petit fils à papa, héritier d’une grosse entreprise pétrolière russe. Lui n’avait pas été repéré de toute la soirée, mais ce ne fut pas le cas de la charmante jeune femme non loin de lui. Castiel l’avait repéré dès qu’il avait mis les pieds dans la pièce et il fut plutôt étonné d’être le seul à avoir remarqué que cette jeune femme était loin de se fondre parmi toutes les autres personnes dans cet endroit. Discret quant à ce qu’il avait facilement deviné, les choses prirent rapidement une tournure inattendue et bien plus loyal à la NSA qu’à Orchideus, le jeune homme fut forcé de prendre la défense de la jeune femme et surtout lui sauver la vie quitte à perdre ses informations. C’étaient tous les coups qu’il avait pris la veille qui expliquaient le fait qu’à son réveil son corps tout entier était douloureux. Une grimace avait déformé son visage lorsqu’il s’était redressé dans son lit et ce fut encore pire quand il traversa sa chambre pour rejoindre la cuisine. Il était exténué et pourtant il avait passé une excellente nuit – bien que seul – et il avait eu tout le temps de rattraper le sommeil qui lui manquait d’autant plus que ce n’était pas son métier actuel qui lui demandait beaucoup d’énergie. Devant la cafetière, Castiel resta de longues minutes avec l’objet en main juste au-dessus de la tasse qu’il avait sorti du placard.

Il était vraiment ailleurs et avait bien du mal à émerger ce qui expliquait le sursaut qui le gagna en entendant la sonnette de sa maison retentir violemment dans chacune des pièces. Sourcils froncés, il abandonna son café sur le plan de travail et prit la direction de la porte d’entrée sans même remarquer le fait qu’en quittant son lit il avait totalement oublié d’enfiler un haut. Curieux savoir qui pouvait lui rendre visite de si bon matin – bien qu’il soit presque onze heures – le texan s’empressa d’ouvrir la porte et resta figé un long moment lorsque son regard se posa sur la jeune femme devant lui. « Charlie … » souffla-t-il plus surpris que jamais de la voir devant lui. La dernière fois qu’il avait eu le plaisir de voir la demoiselle – puisqu’il s’agissait bien de ça – c’était deux ans auparavant, lorsqu’il avait dû partir pour New York et rompre avec la seule personne capable de lui faire oublier Kalani et le décès de sa fille. Revenant malgré tout à lui, le jeune homme se décala sur le côté en ouvrant un peu plus la porte. « Entre … ». Et ce fut précisément à ce moment qu’il prit conscience du fait qu’il était torse-nu. Bien que non gêné d’être ainsi il gagna tout de même rapidement sa chambre pour attraper son haut et retrouva ensuite Charlie en se frottant nerveusement l’arrière de la tête. « Je … hum … tu veux boire quelque chose ? ». Lui désirait plus que jamais engloutir une ou plusieurs tasses de café, ceci dit comme toujours et afin d’être parfaitement poli, il s’efforça de faire passer la jeune femme avant lui, un léger sourire aux lèvres.

La revoir après tout ce temps était une surprise … agréable, certes mais une surprise malgré tout. Il la connaissait pour être une fille de la campagne, pour être attachée à sa vie à Bellville comme lui-même avait pu l’être lorsqu’il était revenu. Il avait l’habitude de l’imaginer dans le même environnement, non pas qu’il la considère comme incapable de s’habituer aux grandes villes, mais le jeune homme avait une image bien précise d’elle en tête qu’il chérissait depuis quelques années déjà. Ils se connaissaient depuis des années et pour ça il pouvait remercier l’amitié entre Sinead et la jeune femme face à lui. Pendant plusieurs années elle n’avait été que l’amie proche de sa petite sœur, une demoiselle bien trop jeune pour qu’il fasse attention à elle et pourtant il ne l’avait jamais véritablement oublié sans doute parce qu’il avait été bien incapable d’ôter de sa tête tous les souvenirs liés à Bellville. Cette petite ville du Texas était l’endroit où il avait vu le jour, la ville où il avait grandi et ce peut-être même un peu trop vite après le décès de sa mère. C’était là-bas qu’il avait connu les épreuves les plus difficiles et qu’il avait autant développé ce besoin de protéger ses cadets contre le monde entier parce que c’était son rôle.

Néanmoins, Castiel pouvait difficilement dire qu’il n’avait que des mauvais souvenirs de son passage là-bas. Lorsqu’il était revenu après le décès d’Enora-Swann provoqué par Kalani – la mère de sa fille – Castiel était totalement détruit et revenir au Texas avait été pour lui un moyen de se ressourcer et de se trouver loin des grandes villes qui peuplaient les États-Unis. Charlie lui avait permis de revivre. Elle lui avait apporté une douceur et un soutien dont il avait eu du mal à se passer lorsqu’il était reparti après deux ans. Le texan l’avait vu d’une façon bien différente que celle qui datait de leur enfance. Elle était devenue une jeune femme, séduisante qui plus est, et il savait que s’il était toujours parmi les vivants à l’heure d’aujourd’hui c’était à elle qui le devait bien qu’il trouvait ne pas l’avoir assez remercié pour ça. « Je ... je suis désolé ... je ... ». Un sourire amusé étira les lèvres de Castiel. Visiblement elle restait toujours la même et quelque part ça lui faisait plaisir, comme si par sa simple présence il pouvait à nouveau oublier tous les durs moments de sa vie. Loin de vouloir converser avec elle sur le seuil de la porte – et commençant à ne pas avoir très chaud – le jeune homme l’invita à entrer et s’éclipsa le plus rapidement possible en direction de sa chambre afin d’avoir quelque chose sur le dos et ainsi éviter que Charlie se sente mal à l’aise même si elle l’avait vu bien moins vêtu que ça.

« Oui je veux bien ... un café m’ira très bien ». Opinant du chef – et ravi à l’idée de pouvoir avoir bientôt de la caféine dans les veines – Castiel attrapa une seconde tasse qu’il remplit de café et porta les deux au micro-onde à quelques pas de la cafetière sur sa droite. « Je suis désolé de passer comme ça ... je te dérange peut-être ? Je peux m’en aller si tu veux ... ». Sourcils froncés, il se tourna de sorte à pouvoir lui faire face et secoua furtivement la tête de droite à gauche avant de lui répondre. « Non reste … Tu ne me déranges pas du tout. ». Castiel appuya ses paroles d’un nouveau sourire. Il était vrai que la revoir après deux ans suite à leur rupture était quelque peu étrange, cependant il appréciait la voir sans doute parce qu’il n’avait jamais vraiment cessé de penser à elle. « Tu es en ville depuis longtemps ? ». Première question qui lui vint à l’esprit tandis que la minute du micro-onde s’était écoulée. Silencieux dans l’attente de sa réponse, le texan en profita tout de même pour aller chercher les deux tasses qu’il posa sur le plan de travail pour ensuite faire signe à Charlie de prendre place sur l’un des tabourets.

Il était curieux, c’était le moins que l’on puisse dire. Jamais il n’aurait imaginé revoir Charlie, pas à moins de retourner à Bellville et malheureusement ce n’était pas dans ses projets. La mission qu’il avait accepté de faire – plus par obligation que par véritable choix d’ailleurs – le forçait à rester sur New York pour laps de temps qui lui était encore inconnu. Il avait repris ses repères dans cette grande ville et même si bien souvent il désirait de nouveau s’échapper loin de toute cette vie, il ne le faisait pas par loyauté et aussi parce que, quelque part, il aimait bien trop son métier pour tout plaquer du jour au lendemain. Toutefois, retourner une bonne fois pour toute à Bellville lui avait traversé l’esprit plus d’une fois. Malgré les mauvais souvenirs qui subsistaient dans sa ville natale, Castiel y restait malgré tout attaché et aimait son calme. Ce n’était pas pour rien qu’il avait fait le choix de s’établir dans City Island. Ce petit coin tranquille de New York lui donnait la sensation d’être loin de l’oppression, loin du poids qu’il avait sur les épaules à chaque fois qu’il mettait les pieds dans les bureaux d’Orchideus. Là, il revivait et profitait de la simplicité de ce bout de paradis qui ressemblait terriblement à un village de pêcheurs. Alors oui, il pensait parfois à retourner à Bellville, à retourner auprès de Charlie pour voir si finalement il y avait quelque chose à sauver de leur histoire passée, mais le texan s’y refusait.

Il avait bien trop de responsabilités à New York et il ne pouvait pas se permettre de tout lâcher alors que rien n’était terminé et que ce n’était que le commencement. Il avait travaillé pendant deux ans pour gravir les échelons au sein de cette organisation et à présent qu’il en était le directeur il ne comptait pas s’arrêter là, pas alors qu’il savait qu’il pouvait faire encore mieux. Et puis, il ne supportait pas l’idée de s’imposer à la jeune femme. Il avait forcé leur rupture parce qu’il avait dû partir et Castiel ne pouvait pas s’amuser à revenir dans sa vie aussi facilement et c’était toutes ces raisons qui l’avaient poussé à rester là où il était. « Oh eu cela fait quelques mois déjà, Mai dernier. ». Assis devant le plan de travail de la cuisine et face à Charlie, le texan opina du chef en silence et porta sa tasse de café aux lèvres. S’il était étonné de la voir sur le pas de la porte – et maintenant dans sa cuisine – il ne l’était pas de savoir qu’elle était en ville depuis si longtemps sans avoir cherché à prendre contact avec lui. Castiel ne pouvait pas la blâmer, pas alors qui l’avait fait souffrir en partant. « J’ai revu Sinead, c’est elle qui m’a passé ton adresse ... je sais pas pourquoi elle l’a fait ... je lui ai pas demandé ... ». En revanche sa petite sœur allait probablement entendre parler du pays. Sinead connaissait tout de lui tant ils pouvaient être proches et elle savait combien il avait pu être attaché à Charlie et qu’elle ne lui ait pas parlé du fait qu’elle était en ville n’allait pas très bien passer la prochaine qu’il allait voir sa cadette.

« C’est une jolie maison ... ». Castiel regarda autour de lui avec rapidité et posa à nouveau les yeux sur la jeune femme. A ses yeux ce n’était jamais qu’une maison comme bien d’autre. Il l’avait prise parce qu’elle était la seule libre dans ce petit coin de paradis. Néanmoins un petit sourire étira ses lèvres en guise de début de réponse. « Merci … je préférais ça au centre-ville de New York, ça me rappel un peu le calme de Bellville. ». A cette évocation il sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Parler de leur ville natale n’était peut-être pas très malin, surtout si ça risquait de rappeler leur passé en commun. Tâchant toutefois de rester aussi neutre que possible, son sourire toujours aux lèvres, Castiel bu une nouvelle gorgée de son café avant de reprendre. « Elle a bien fait … de te donner mon adresse je veux dire. Ça me fait du bien de te voir. ». Peut-être aurait-il pu ressentir cette dose de bien-être s’il avait eu le courage de reprendre contact avec elle un peu plus tôt, mais le jeune homme avait jugé qu’elle voulait probablement ne plus jamais entendre parler de lui bien que sa présence chez lui démontrait l’exact opposé. « Et … hm … tu as trouvé un logement et un travail depuis mai ? ». Si lui n’avait pas le moindre problème concernant ces deux points, ce n’était pas le cas de tout le monde et une fois de plus New York n’était pas Bellville. Ne parvenant pas à décrocher son regard du visage doux et apaisant de Charlie, Castiel s’efforçait de lancer une bonne conversation tout en faisant taire son envie de la prendre dans ses bras comme il avait pu en avoir l’habitude et ce afin de lui demander pardon de l’avoir abandonné aussi lâchement deux ans auparavant.

Les deux années qui s’étaient écoulées depuis son départ, il avait préféré ne pas trop y penser et à vrai dire son travail l’y avait bien aidé. Il s’était plongé corps et âme dans la mission qui était sienne et ce uniquement pour ne pas trop penser au fait qu’il avait lâchement abandonné la jeune femme face à lui. Pourtant, elle lui avait apporté beaucoup … du calme, de la tendresse mais aussi le moyen de tenter de passer à autre chose, d’oublier la tromperie de Kalani et le décès de cette dernière dans un accident de voiture qui avait également entraîné leur fille vers la mort. Charlie avait été beaucoup de choses pour lui au cours des deux années qu’il avait passé à Bellville et bien souvent il regrettait d’avoir accepté une nouvelle affaire et de l’avoir quitté. Castiel ne pouvait pas nier le fait que lorsqu’il avait dû faire ses valises et affronter son regard deux années plus tôt il avait senti son cœur se déchirer dans sa poitrine. Le texan s’était sincèrement attaché à elle et lui faire du mal avait été une véritable torture. Même si Charlie n’avait rien dit et qu’elle n’avait rien fait pour le retenir – sachant qu’il serait tout de même parti – il était assez intelligent pour savoir que son départ n’avait pas été l’évènement le plus agréable dans la vie passée de la jeune femme.

Toutefois, la voir devant lui et savoir qu’elle avait fait le premier pas pour le revoir après deux ans lui faisait plaisir et lui donnait la sensation que quelque part rien n’était perdu pour eux … ne serait-ce que pour une question d’amitié. « C’est sûr que c’est plus calme que le centre-ville, mais pour moi je trouve que c’est encore beaucoup trop bruyant, beaucoup trop sales ... je l’avoue, je ne suis pas fan de la ville mais si toi tu as trouvé ton coin de tranquillité ici c’est bien. ». Un petit sourire étira à nouveau les lèvres de Castiel qui baissa en même temps la tête et posa les yeux sur sa tasse de café encore fumante. Il était vrai que New York était loin d’être une ville aussi agréable que celle où les deux jeunes gens avaient passé une grande partie de leur vie. La Grande Pomme était connue pour être une ville qui ne dormait jamais. Ici tout le monde s’agitait et ce quel que soit l’heure du jour ou de la nuit. Les gens ne respectaient pas forcément l’environnement – voire pas du tout – et tout était bien plus bruyant et oppressant que la campagne du Texas. Néanmoins, City Island était de loin un coin bien plus tranquille et qui possédait un paysage tout à fait différent du reste de la ville de New York. Là, Castiel avait la sensation de pouvoir revivre et laisser de côté l’oppression de son travail. Il retrouvait un tant soit peu de calme et de bien-être bien que ça soit tout de même différent de Bellville. « Je suis contente aussi de te voir ... ça fait tellement longtemps, j’ai l’impression qu’il s’est passé 10 ans depuis que tu es ... enfin que tu es parti ». Le jeune homme redressa lentement la tête pour poser son regard sur Charlie.

A bien y réfléchir, il avait souvent l’impression que plus de deux années s’étaient écoulées depuis qu’il était partit et il éprouva un certain pincement au cœur de l’entendre parler de ce départ avec autant de difficulté, redoublant immédiatement sa culpabilité de l’avoir laissé du jour au lendemain. « Je suis vraiment désolé Charlie … j’aurais préféré ne jamais avoir à partir. ». Un air désolé ainsi qu’un léger sourire pour appuyer ses mots vinrent prendre place sur son visage sans que le texan ne dévie son regard, les mains toujours posées autour de sa tasse de café brûlante. « Oui, oui ... je suis une tu sais grande fille, c’est pas parce que je ne suis jamais allé en ville, que je ne sais pas me débrouiller toute seule. J’ai trouvé un travail dans une pâtisserie ... c’est déjà mon deuxième job à New York, après je loge dans un petit studio le temps de trouver mieux ... je dois dire que je n’ai pas l’habitude de vivre dans un si petit espace mais je commence à m’y faire ... je vais essayer de trouver une collocation ... au moins je ne vivrais pas seule comme ça ». Castiel l’écouta attentivement secouant légèrement le menton à chaque information que la jeune femme lui fournissait. Il était rassuré de savoir qu’elle n’avait pas eu trop de difficulté à trouver un emploi et quant au logement … il savait qu’à New York trouver quelque chose de potable et qui ne ressemblait pas à un placard à balais pouvait être difficile pour une personne aux économies moyennes et fraîchement débarquée en ville.

« Tant mieux. Mais si tu as besoin d’une quelconque aide tu n’hésites pas. Tu connais mon adresse maintenant, ma porte te sera toujours ouverte. ». Et elle l’avait toujours été d’ailleurs, mais n’ayant pas pris contact depuis leur séparation ce n’était pas une chose que Charlie pouvait deviner aisément. « Eu et toi le boulot ? Tu travailles toujours pour eux ? ». Sa tasse de nouveau portée à ses lèvres, Castiel arqua un sourcil tandis qu’il cherchait à savoir de qui la texane voulait parler. Il lui fallut quelques secondes – qu’il mit sur le fait qu’il n’était pas réveillé depuis très longtemps – avant de comprendre de qui elle parlait et tandis qu’il reposait sa tasse sur le plan de travail, il baissa les yeux en soupirant. « [color=firebrick]Oui, toujours … Cette mission est plus longue que les précédentes et demande une infiltration totale. J’ai pas mal avancé seulement il va me falloir encore du temps avant que je parvienne à la terminer./color] ». Son regard se posa à nouveau sur la jeune femme. Aussi loin que remontait sa mémoire – ou du moins dans tous les souvenirs liés à Charlie – il ne se souvenait pas de lui avoir menti ou caché la vérité une seule fois. « Sinead m’aide beaucoup d’ailleurs, autant pour les missions que pour un point de vue moral. ». Même s’il savait qu’il s’en serait parfaitement sortie sans le soutien de sa petite sœur, Castiel ne pouvait pas nier le fait qu’il aimait qu’elle soit dans les parages afin de pouvoir parler régulièrement avec elle, mais également pour pouvoir garder un œil sur elle en bon grand frère qu’il était.

Castiel avait toujours fait de son mieux pour être franc avec Charlie. Il avait toujours été bien incapable de lui mentir ou de lui cacher quoi que ce soit alors que pour sa propre sécurité il aurait sans doute été plus intelligent de lui en dire le moins possible. Néanmoins, cette charmante demoiselle face à lui avait toujours eu ce petit quelque chose que l’agent ne parvenait pas à a expliquer et qui le poussait à se sentir toujours en confiance. Il ne lui avait jamais menti sur ce qu’il faisait bien qu’il avait volontairement omis quelques détails qu’il savait qu’elle ne préférait pas savoir et le Texan avait conscience que Charlie avait connaissance du fait que la seule chose qui avait détruit leur couple était ce travail auquel il semblait si attaché malgré les difficultés qu’il apportait. « Je sais ... enfin tu avais des obligations, c’est plus important.». Castiel lui adressa un petit sourire désolé avec l’envie de lui dire que ce n’était pas le plus important à ses yeux toutefois il savait que ce n’était pas le bon moment pour de telles paroles. En réalité, il n’aurait jamais dû faire passer son travail à la NSA avant Charlie. Il n’aurait jamais dû l’abandonner comme il l’avait fait pour cette mission qui n’était pas encore terminée.

Il aurait dû rester à Bellville auprès d’elle et ne jamais partir mais son sens du devoir semblait l’emporter sur tout le reste, sans doute le sang de Marines qui coulait dans ses veines comme dans celles de Neal et Sinéad. Ses paroles suivantes lui semblaient être une évidence. Ce n’était pas parce qu’ils ne s’étaient pas vu depuis son départ du Texas qu’il devait rejeter l’idée de lui venir en aide dès qu’elle en aurait le besoin. Charlie avait fait partie de sa vie et Castiel savait qu’elle en ferait toujours partie, qu’elle garderait cette place qu’elle avait pris dans son cœur lorsqu’elle avait été la seule à savoir panser ses blessures et qu’elle avait été la seule à savoir comment le remettre sur pieds sans même s’en rendre compte. « Oh d’accord. ». Cette mission n’en finissait plus et l’agent rêvait chaque soir du jour où le dossier contiendrait le mot « classé » et qu’enfin il pourrait passer à autre chose. Cependant, malgré son impatience vis-à-vis de l’affaire Orchideus, il continuait de faire son travail au mieux, comme il l’avait toujours fait. « Je sais, elle m’en a un peu parlé ... enfin c’est bien que tu es quelqu’un de proche dans ton boulot ça t’évite de te couper de tous les gens qui te sont proche. ». Le Texan opina du chef bien qu’il ne soit d’accord que sur une partie de cette réponse. Tout d’abord silencieux, Castiel but une nouvelle gorgée de son café et soupira avant de reprendre.

« J’aurais tout de même préféré la savoir plus en sécurité … elle comme Neal d’ailleurs, mais il faut croire qu’on a tous les trois ça dans le sang. » Avoua-t-il dans un nouveau soupirer baissant en même temps les yeux vers sa tasse, son regard se perdant dans la couleur sombre de sa boisson. « Et tu as quelqu’un en ce moment ? ». Redressant vivement la tête, Castiel posa un regard plein de curiosité sur Charlie sans savoir quoi répondre – même si la réponse était toute simple pour tout dire. « Oublie ce que je viens de dire ... ça ne me regarde pas excuse moi ». La voir rougir comme elle en avait toujours l’habitude lorsqu’elle se sentait mal à l’aise fit sourire le jeune homme qui ne la quitta pas des yeux, un sourire amusé étirant le coin de ses lèvres. « Ce n’est rien et non, je ne vois personne. J’aimerais dire que c’est par manque de temps, mais je crois qu’en réalité je n’ai pas vraiment le courage de trouver quelqu’un d’autre pour le moment. ». Son sourire se fit plus faible et même s’il aurait voulu baisser les yeux, Castiel n’en fit rien parce qu’il savait qu’il n’avait pas à avoir honte de ce qu’il allait dire. « À vrai dire depuis la mort de Kalani et de notre fille tu as été la seule que j’ai accepté de laisser entrer dans ma vie. ».

Sa vie n’était peut-être pas des plus parfaites mais il s’en satisfaisait. Il avait connu bien pire. Il avait dû affronter la mort de sa mère, l’alcoolisme de son père et la violence qui avait découlé de cette dernière. Il avait appris à garder la tête haute et à prendre les coups pour son frère et sa sœur pendant plusieurs années avant de faire le choix pour eux trois de fuir Bellville. Son choix, bien que mûrement réfléchi, n’avait pas été facile et entendre son petit frère lui répéter que s’ils avaient connu des périodes difficiles c’était uniquement par sa faute n’avait pas été simple à encaisser, mais Castiel l’avait fait. Tous les actes qu’il avait pu commettre par le passé il avait assumé leurs conséquences. Lorsqu’il avait mis Kalani enceinte par inadvertance, il avait promis de rester auprès d’elle et de l’enfant. C’était ce qu’il avait fait, il avait sacrifié beaucoup – même si ce fut un sacrifice assez doux tant il avait pu aimer sa fille – et lorsqu’il avait découvert que la mère de son enfant n’était pas aussi sérieuse, il avait tout d’abord été brisé avant de se relever pour se battre pour Enora-Swann. Au final, il avait perdu les deux … il avait perdu beaucoup au fil des années et Charlie faisait indéniablement partie des personnes qui étaient sorties de sa vie alors qu’il n’en avait pas la moindre envie, mais il n’avait pas non plus eu le choix.

Castiel risquait sa vie tous les jours pour la NSA et même s’il n’était pas toujours fier dès choix que son agence pouvait faire, il restait néanmoins un bon petit soldat dévoué pour son pays et qui considérait n’avoir plus que ça pour lui permettre de tenir chaque jour. Petit à petit, le Texan avait pu sentir littéralement des parties de son cœur se briser et il avait dû se forger une carapace qui n’était autre que son dévouement envers son travail et son besoin de continuer de protéger les personnes qui lui étaient chers. Cependant, revoir Charlie en ce jour ramenait en lui tous ces évènements passés qu’il tentait tant bien que mal de garder au fond de lui et plus précisément cette vie qu’il avait vécu avec la jeune femme et qui aurait pu le satisfaire plus que n’importe quoi si l’appel du devoir n’avait pas été plus fort. « Oui c’est à croire, trois têtes brûlés prêt à risquer leurs vies ». Un nouveau sourire désolé vint étirer le coin des lèvres de Castiel. Elle n’avait pas fait le moindre effort à cacher le fait qu’elle n’aimait pas du tout son métier et le ton qu’elle venait d’employer pour lui répliquer appuyait ce fait que le jeune homme connaissait déjà.

L’Américain ne pouvait pas la blâmer pour ça, après tout c’était son métier qui avait mis fin à leur histoire, c’était ce même métier qui était passé avant elle et l’agent parvenait totalement à comprendre la raison qui pouvait pousser Charlie à ne pas du tout aimer ce qu’il faisait, lui comme Sinéad et Neal d’ailleurs. Quant à la suite de leur conversation, elle prit une tournure quelque peu sérieuse à laquelle il ne s’était pas attendu. Toutefois, puisque lui cacher des choses lui avait toujours été impossible, Castiel continuait d’être honnête avec elle, aussi dérangeant que puisse devenir la situation pour eux deux. « Oh d’accord ... ». Dans un sourire, le jeune homme porta sa tasse de café une dernière fois à ses lèvres pour la vider de son contenu sans quitter Charlie du regard. Il avait appris à la connaître, à lire en elle et il n’eut aucun mal à sentir son malaise qui le fit légèrement sourire tant il pouvait apprécier le fait qu’elle soit toujours la même, celle qui l’avait remis sur pieds par sa simple présence.

« Je suis désolé, je n’aurais pas dû te demander ce genre de chose. Enfin en tous cas, je suis contente de savoir que je fais partie des personnes dont tu as assez confiance pour qu’il entre dans ta vie ... ». Castiel brassa tout d’abord l’air de sa main pour lui faire comprendre qu’elle n’avait aucune raison de s’excuser. Il aimait sa franchise et ses questions, s’il n’avait pas voulu lui répondre, il ne l’aurait pas fait. Sa tasse poussée sur le côté, le jeune homme prit appuie sur le plan de travail, les bras croisés et le regard encore et toujours posé sur la jeune femme. « Je pensais que tu le savais déjà … Tu seras toujours une personne en qui j’ai confiance Charlie. » Avoua-t-il, son léger sourire toujours dessiné sur ses lèvres. Le jeune homme resta silencieux quelques instants de plus sans la quitter des yeux, appréciant simplement sa présence comme ça avait pu être le cas par le passé. « À vrai dire, tu auras toujours beaucoup d’importance pour moi, malgré mes décisions. ». Passé comme futur, mais Castiel se passa bien de le dire. Oui, il regrettait quelque part de l’avoir quitté, il avait eu beaucoup de mal à le faire et il savait qu’il ne se pardonnerait probablement jamais ce choix, mais ce qui était fait était fait et ce n’est pas ce qui allait l’empêcher d’apprécier toujours autant cette charmante jeune femme face à lui.