PANDORA & CASTIEL

❝ one more time ❞

Plus d’informations. Ils souhaitaient obtenir plus d’informations et de préférence en rapport avec certaines affaires antérieures à celle dans laquelle il était plongé depuis près de deux ans. Sa mâchoire s’était crispée lorsqu’il avait entendu Jordan – l’un de ses supérieurs hiérarchiques – lui transmettre la demande qui en réalité était plus un ordre qu’autre chose. Pendant une petite période il s’était idiotement imaginé que ses anciennes affaires avaient été passées à d’autres agents, hormis une en particulier, mais Castiel réalisait seulement à quel point il avait pu se mettre le doigt dans l’œil. Il s’agissait de ses affaires et aux yeux de ses patrons il n’y avait que lui qui était supposé s’en charger, comme s’il n’avait pas déjà assez à faire. Être directeur d’Orchideus lui avait demandé beaucoup de patience et à présent ça lui demandait également beaucoup de temps et l’agent n’en avait que très peu pour les affaires externes néanmoins il savait qu’il n’avait pas le moindre choix. Le jeune homme allait devoir renouer avec ses indics. Il ignorait la localisation de la plupart d’entre eux, mais s’il souhaitait satisfaire la demande de ses patrons le texan allait devoir faire des recherches en plus de celles qu’il effectuait déjà pour « son » entreprise actuelle. Ce fut donc assez en colère qu’il quitta les bureaux de la NSA ce jour-là avec le grand besoin de s’aérer l’esprit avant de retourner la tête la première dans son travail eu sein des bureaux de la succursale d’Orchideus.

Préférant ne pas rester plus longtemps devant les bureaux de son agence, Castiel se mêla à la foule des citoyens new-yorkais tout en fouillant dans les poches de sa veste pour en sortir son iPhone qu’il ne tarda pas à déverrouiller pour s’assurer que personne n’avait tenté de l’appeler ou de lui envoyer le moindre message … un message vocale, ce fut la seule indication présente sur l’écran de son portable et le jeune homme s’empressa d’appeler sa boite vocale pour savoir ce que contenait ce message. « Pelham Bay. J'ai besoin de te parler. Maintenant. ». Ses sourcils se froncèrent légèrement alors que déjà il faisait demi-tour et rangeait l’objet dans sa poche pour attraper le premier taxi qui croisa sa route. Les indications données, Castiel s’enfonça dans la banquette arrière, le regard posé en direction du paysage qui défilait sous ses yeux tandis qu’il ne cessait de réfléchir à ce qui pouvait pousser Pandora à vouloir le voir si rapidement. La jeune femme faisait partie de ses indics et encore maintenant le texan ne parvenait pas à savoir ce qui avait fait craquer cette jeune femme, mais ce qui le préoccupait le plus pour l’instant était ce besoin de lui parler qu’il aurait senti à travers ses paroles sans même qu’elle ait besoin de lui dire. Arrivé à destination et sa course payée, Castiel n’eut pas le moindre mal à trouver la jeune femme assise sur un banc un peu plus loin. Il se glissa à ses côtés en silence, sans même un regard vers elle, regardant droit devant lui les mains de ses poches. « Tu voulais me voir ? ». L’agent continua de fixer le paysage face à lui quelques instants de plus avant de poser son regard bien veillant sur la jeune femme à ses côtés. « Tu m’as l’air ailleurs … ». Lire le langage humain était l’une de ses habilités, une de celles qui lui permettait de savoir s’il allait s’en sortir ou non au cours d’une affaire et avec le temps Castiel avait tendance à user de cette habilité dans n’importe quelle situation.

Il avait de l’expérience, c’était une chose indéniable. Depuis qu’il avait fait le choix d’entrer dans la NSA, de faire en sorte d’aider à amener un peu de justice dans ce bas monde, Castiel n’avait pas eu d’autre choix que d’apprendre à s’adapter à son métier. Il avait appris comme beaucoup d’agents au cours des entraînements, mais également sur le tas pour ce qu’il n’avait pas développé naturellement. Son aptitude à lire le langage corporel était innée chez lui et c’était cette dernière qu’il usait pour chacune de ses missions afin de savoir à peu près à quoi s’attendre mais aussi pour jouer son rôle de caméléon au mieux. Il était vrai que par moment l’agent en venait à se perdre, à ne plus savoir qui il était ou qui il n’était pas, toutefois les valeurs que lui avait inculqué sa mère lorsqu’elle était toujours en vie lui revenaient bien vite et lui rappelaient qui Castiel était réellement. Ce n’était pas un agent du gouvernement mais bien un frère avant tout. Sa mission était depuis toujours de protéger son frère et sa sœur ce qu’il s’évertuait à faire encore aujourd’hui bien qu’en plus de ça il prenait à cœur de protéger les personnes qui lui étaient proches.

Pandora était l’un de ses indics, mais aussi une demoiselle qu’il avait mis du temps à percer à jour. Le fait qu’il y soit parvenu était une fierté pour lui tout comme ça lui permettait d’avoir déduis rien que par son message qu’elle n’était pas au meilleur de sa forme, ce que tout son corps semblait également dire une fois assis près d’elle. « Ils préparent quelque chose ; quelque chose de gros. ». Sourcils légèrement froncés, Castiel ne parvenait pas à faire taire cette petite voix qui lui disait qu’il y avait bien plus que ce que la jeune femme pouvait accepter de lui dire pour le moment. Son regard suivit le mouvement de main de sa voisine pour apercevoir le morceau de papier qu’elle sortit de sa poche pour ensuite le poser sur sa cuisse sans le moindre regard en sa direction. Castiel prit le papier sans prononcer le moindre mot, sans même le déplier pour voir ce qu’il contenait. Il le rangea dans la poche arrière de son propre pantalon, le regard en direction de l’horizon pour finalement s’intéresser de nouveau à Pandora. Partir comme ça parce qu’elle lui avait donné des informations n’était pas dans ses habitudes. Certes, il n’y avait rien de sérieux et ce ne serait jamais le cas, toutefois il n’était pas un homme sans cœur et était bien trop altruiste pour la laisser comme ça, seule sur ce banc.

« Hm. Je... ». Alors qu’elle osait enfin lever les yeux vers lui, Castiel pencha la tête sur le côté en appuya son regard pour lui faire comprendre qu’elle pouvait parler, qu’il n’allait pas la juger – il ne l’avait jamais fait – et qu’elle n’avait rien à craindre – ce qu’elle devait aussi savoir. « Je sais pas si je peux continuer... ». L’agent resta plusieurs secondes à la regarder sans dire quoi que ce soit. Quelque part il comprenait ce qu’elle pouvait ressentir, après tout il s’agissait de son grand-père et de son oncle. Castiel avait beau détesté son père, si ce dernier était toujours en vie et trempait dans des affaires illégales il n’était pas sûr d’être capable de le vendre à la police même s’il faisait partie lui-même des forces de l’ordre. « Tu sais que je ne t’ai jamais forcé à quoi que ce soit. » Commença-t-il en doutant légèrement de ses paroles. Les nombreuses fois où ils avaient couché ensemble l’avaient peut-être incité à parler, comment pouvait-il le savoir ? Un soupire lui échappant, il prit place sur le banc de sorte à faire face à la jeune femme et une fois sa main glissée sous le menton de Pandora il la força quelque peu à lever la tête vers lui. « Si tu me disais plutôt ce que tu ressens vraiment ? ».

Que les autres se sentent mal par sa faute était une chose qu’il n’aimait pas le moins du monde et pourtant Castiel savait qu’à cause de son métier bien des personnes allaient mal à cause de lui. Il avait utilisé des personnes pour parvenir à ses fins et ce n’était pas un fait dont il était fier, mais il ne pouvait pas nier le fait qu’il était capable de tout pour réussir une mission qu’on lui confiait. Enfermer une bonne fois pour toute ces personnes qui étaient une menace à la fois pour les Etats-Unis et pour le monde entier comptait bien plus que le reste à ses yeux même s’il savait que si jamais ses véritables proches étaient en danger il les ferait passer avant tout quitte à aller contre la loi. Pandora était une demoiselle qu’il appréciait beaucoup et qu’il avait deviné comme étant bien plus sensible que ce qu’elle pouvait laisser voir. Il se servait d’elle et même si la jeune femme en était parfaitement consciente et que le Texan le savait, ce n’était pas pour autant ce qui l’aidait à se sentir mieux lorsqu’il la voyait aussi tiraillé par quelque chose sur laquelle il n’arrivait pas à mettre le doigt.

Néanmoins, la demoiselle lui fit comprendre assez rapidement que c’était en rapport avec sa position d’indic, un risque qu’elle prenait chaque jour étant donné que les personnes sur lesquelles elle lui donnait des informations n’étaient autre que son propre grand-père et son oncle. « Je sais. ». L’entendre prononcer ces deux petits mots concernant le fait que Castiel ne l’avait jamais forcé à quoi que ce soit le rassura, mais qu’un petit peu. Sa culpabilité ne s’envola pas pour autant, bien trop conscient qu’il était en grande parti fautif concernant l’état dans lequel se trouvait Pandora. La forcer à parler n’était peut-être pas la meilleure chose à faire, mais il avait besoin de savoir ce qui trottait dans sa tête à la fois pour l’aider à se sentir mieux, mais aussi pour tenter de voir s’il y avait quoi que ce soit qu’il pouvait faire pour lui venir en aide. Qu’elle dégage son menton ne le surprit pas plus que ça et Castiel ne força pas de nouveau contact entre eux deux, il se contenta simplement d’attendre qu’elle parle, qu’elle tente un tant soit peu de se confier à lui. « Rien, rien, c'est juste... Ce que mon grand-père & mon oncle font... J'en ai pas grand chose à faire, et c'est beaucoup trop gros pour moi. Je risque trop en venant te donner tant d'informations, et... je sais que ça n'en vaut pas la peine. ».

Les sourcils de l’agent se froncèrent et pourtant il resta silencieux. Son regard resta posé sur la jeune femme sans qu’il ne prononce le moindre mot. De toute manière que pouvait-il bien lui répondre ? Qu’il comprenait ? C’était totalement faux puisqu’il n’avait jamais été dans sa situation, il n’avait aucun membre de sa famille qui trempait dans des affaires illégales et Castiel ne pouvait que tenter de comprendre et non le faire totalement. « Et s'ils finissent par le découvrir, comment est-ce que j'expliquerais ma trahison ? "j'ai eu un coup de coeur pour un agent de la NSA & je lui donne des infos en échange d'une bonne partie de jambes en l'air" ? Je dois m'éloigner de ça, autant d'eux que de toi. ». Cette fois, l’Américain fut incapable de contenir son soupire. Son regard dévia vers l’horizon devant eux deux et il laissa le silence planer quelques minutes de plus avant de trouver le courage de poser de nouveau les yeux sur la jeune femme, qu’elle le regarde ou non. « Fais-le … » Commença-t-il simplement tout en essayant de ne pas avoir l’air trop détaché puisque ce n’était pas le cas. « Je ne te laisserais pas te torturer avec cette histoire pour des informations. Si tu dois t’éloigner, fais-le je préfère ça à te savoir aussi mal. ».