« Paaaaaaaaige !!! DEBOUT LA DEDANS ORIGAMI TIIIIIME !! » Mélisandre tambourinait à la porte de l’appartement de sa moitié la plus impatiente de la création. La veille, lors d’une petite soirée ni trop arrosée ni trop terne, les deux acolytes s’étaient défiées de réussir à s’inscrire à un cours d’origami pour en peupler leurs appartements respectifs… le tout sans s’énerver et avec le sourire sur le visage en prime. Autant dire que cela risquait de leur donner du fil à retordre, Paige étant aussi impatiente que Mélisandre et inversement. Mais une vie sans challenge n’est pas une vie, aussi la jolie rouquine s’était-elle pointée à l’appartement de la blondinette à la première heure en ce beau dimanche, magnifiquement vêtue avec son habituelle classe et sa fantaisie non moins véridique. Et elle continuait à tambouriner allègrement, habitée par son énergie inépuisable d’hyperactive qui ne s’ignore pas. « PAAAAAAAIGE !! » Elle risquait de beugler jusqu’à ce que mort s’en suive, ou alors jusqu’à ce que Paige ne daigne au moins lui ouvrir la porte. Ses talons aiguille la faisait atrocement souffrir, surtout que sa voiture était en panne et qu’elle avait dû se taper un bus allant à deux à l’heure. Ce n’est qu’au bout d’un moment, n’y tenant plus, qu’elle était descendue trois arrêts plus tôt pour marcher jusqu’à l’appartement de Paige… gravissime erreur de laisser parler son orgueil à ce point là, car ses pieds étaient en charpie et qu’ils devaient encore la mener jusqu’à Chinatown, l’endroit étant impossible à atteindre en voiture et les places de parking particulièrement rares. Mais elle tambourinait quand même, ayant plus que hâte de goûter au délice d’un siège ne serait-ce que quelques minutes alors que sa camarade s’habillerait et se maquillerait. Mais en attendant, son impatience légendaire ainsi que la douleur lancinante dans ses deux pieds la poussait à agir en impatiente qui se respecte, au coffre qui percerait un mur en acier et qui pourtant ne comportait pas un soupçon d’impolitesse. Mais ma foi, elle ne fut pas fâchée de voir enfin Paige lui ouvrir, la chevelure en vrac et le visage ne laissant ni entendre qu’elle était ravie de la voir, ni comprendre qu’elle n’avait plus de tympans en état de marche à force de l’entendre s’époumoner comme la folle furieuse qu’elle était. Au moins, on ne pouvait pas lui retirer ça, Mélisandre était une incorrigible optimiste doublée d’une enthousiaste imprévisible. Il n’y avait pas de quoi y voir un mélange engendrant la monotonie, bien au contraire, et c’était souvent la raison pour laquelle on l’adorait… ou la détestait, c’était un peu selon l’air du temps. « Tu as cinq minutes pour te faire belle à faire tomber les mectons comme des mouches… je t’attends patiemment et je ne dis plus un mot jusqu’à ce que tu sois prête. » Méli mima le fait de se coudre la bouche avant de se délecter avec un bonheur infini du premier fauteuil moelleux à portée de fesses. Et dieu sait que c’était divin quand on a son mal aux pieds !

Face à Paige, Méli la suivit aussitôt pour arborer le signe du garde à vous militaire, avant d’éclater de rire et de la suivre jusqu’à ce fameux cours d’origami où elles avaient décidé de se rendre. Sauf qu’à peine arrivée, la jolie rouquine était déjà horrifiée par les figurines de papier qui lui paraissaient diablement difficiles à reproduire. Ce n’était pas faute d’être douée de ses mains en tant que futur chirurgien, pourtant. Elle s’assit docilement à une table libre, juste en face de sa partenaire, tandis qu’on leur fournissait le matériel nécessaire et que le professeur commençait à expliquer l’art noble qu’est l’origami. Déjà au moment des explications, épuisée par sa semaine chargée, Méli manqua de s’endormir. « Ce professeur pourrait faire pioncer un insomniaque ! » murmura-t-elle à Paige avant de se faire reprendre par le dit professeur, l’obligeant au silence. Il est de notoriété publique qu’en plus du manque cruel de patience dont elle faisait souvent preuve, il arrivait à Mélisandre de faire preuve d’insubordination. C’était plus vrai lors de sa première année d’internat, un peu moins aujourd’hui, mais il n’empêche qu’elle était choquée d’être traitée de la sorte. Elle adopta donc un air légèrement bougon avant de se mettre docilement à exécuter l’une de ces fameuses figurines, armée de toute la patience dont elle était capable… ce qui, somme toute, ne risquait pas de casser trois pattes à un canard lorsque l’on connaissait son rythme actuel de vie, sans parler de ses déboires sentimentaux d’avec Nathaniel. Le retour du prince de Kent, s’étant fait embaucher en tant que résident en chirurgie dans le même hôpital que Méli, demeurait aussi inattendu que paniquant. Résultat, les rares nuits où elle avait l’opportunité de dormir, elle n’y parvenait pas. Son esprit finissait par être un véritable chaos, même maintenant qu’elle était censée se détendre en bonne compagnie… « Paige, t’as une vie sentimentale simple ou elle te fait péter une durite ? » Cette question forçait la surprise par sa franchise. Cette fois encore, elle se fit reprendre à cause du bruit qu’elle faisait, mais au lieu de rester silencieuse dans son coin, elle explosa : « Quoi encore ? Il n’y a marqué nulle part qu’on ne peut pas parler ! Ca m’aide à me concentrer, en plus ! » Elle soutint le regard du professeur, s’étant déplacé jusqu’à leur table, afin de lui faire comprendre qu’elle n’avait pas l’intention de faire vœu de silence comme certaines nonnes… ni même l’intention de finir nonne tout court, d’ailleurs. « Il faut qu’il détendre son kimono, celui-là ! Tu ne crois pas ? »

Apparemment Mélisandre était tout aussi horrifiée des petits pliages se trouvaient qui de partout dans la pièce. Il y a avait simplement le bruit du pliage doux en bruit de font, un silence de mort à par cela. Les deux jeunes femmes s'installèrent l'une en face de l'autre tandis que pour simple ustensile on leur fit parvenir des bouts de feuilles colorées que d'un seul côté. C'était tellement fin et étonnant qu'elle resta bloquée dessus à l'observer pendant deux minutes. Elle n'écouta rien à ce qui disait le professeur. « Ce professeur pourrait faire pioncer un insomniaque ! » Paige releva les yeux vers son ami et acquiesça sa réplique avant que la rouquine ne se fasse reprendre tel un élève ayant recopié sur un autre pendant un contrôle. On se serait cru au lycée ! La blonde fit de grands yeux suprirs et fit un regard indigné vers Mélisandre qui avait l'air tout aussi outrée que Paige. Mais les jeunes fille n'en firent pas tout un plat même si la blonde savait que cela tournerait dans la tête de Méli durant le reste de son pliage. La belle blonde ne se débrouillait pas trop mal pour tout avouer. Elle y arrivait plutôt pas mal. Ses pliages avaient certes quelques défauts mais si elle suivait bien ce qu'il y avait écrit (sachant que c'était écrit en chinois) elle pouvait obtenir quelque chose d'amusant. Elle réussit une grue en papier, qu'elle trouva assez compliqué à réaliser.

Alors que les deux filles commençaient une boîte encore plus simple, la rouquine re-tenta un prise de parole. « Paige, t’as une vie sentimentale simple ou elle te fait péter une durite ? » La concernée réfléchit un instant à la question de son amie, perplexe. Côté coeur... Son coeur battait, oui bien heureusement. Mais il ne lui faisait pas 'péter une durite' comme le disait si bien Méli. « Quoi encore ? Il n’y a marqué nulle part qu’on ne peut pas parler ! Ca m’aide à me concentrer, en plus ! » Ca y est Méli pétait un câble. Cela fit sourire Paige alors que le professeur se rendait à leur table pour leur remonter les bretelles. Elle ne put s'empêcher de soutenir la cause de son amie contre ce vieux bonhomme. « C'est vrai ça en plus ! Non mais ! On vous paye, et vous nous dictez notre conduite ! » S'il cherchait à les faire taire, c'était peine perdue pour lui. « Il faut qu’il détendre son kimono, celui-là ! Tu ne crois pas ? » Le jeu de mot de Mélisandre fit éclater de rire Paige, qui lui ajouta à son tour. « Ouais c'est clair ! » Le professeur était à deux doigts d'exploser et il partit cherchez son remplaçant qui s'avéra être une femme. Elle avait l'air plus tolérante et les laissa parler. Elle était un peu plus passionnante que le vieux type. « Sinon, pour répondre à ta question, ben ça va. Ça fait longtemps que j'ai pas eut de petit copain mais on a le temps !, elle se stoppa et reprit. Si tu me poses la question c'est que tu as du souci de ce côté, je me trompe ? » Elle fit un regard malicieux avant de plier sa feuille en deux.

Pour un peu, Mélisandre aurait rêvé d’être célibataire et donc de ne pas avoir à parler de sa situation sentimentale chaotique. Depuis le retour de Nate dans sa vie, c’était l’horreur. Non seulement il s’était fait embaucher en tant que résident en chirurgie, mais il était au courant de tout ce qui se passait pour elle au sein de l’hôpital. Les titulaires lui demandant de les assister au bloc, les internes avec qui elle était proche… comme s’il avait les yeux et les oreilles partout. Le pire, c’est qu’elle connaissait la hauteur de ses propres sentiments pour lui. C’est ce qui l’empêchait d’ôter cette maudite bague de fiançailles et d’agir de manière normale en sa présence. Il la tétanisait complètement, chaque frôlement étant à la fois un bonheur de chaque seconde et un abominable supplice. Mélisandre ne savait pas combien de temps elle allait tenir au juste, ni si elle tiendrait tout court : Nate n’était plus seulement son patron, il restait son fiancé, du moins à ses yeux. La jolie rouquine n’était point du genre à aller à droite et à gauche, aussi ne fallait-il pas s’attendre à la voir aller avec quelqu’un d’autre… même si elle le souhaitait, elle ne le pourrait pas. La fidélité était en quelque sorte ancrée dans son être. « Disons que même si je disais qu’elle est merdique, le mot ne sera jamais assez fort » commença-t-elle, sans lever les yeux de son ouvrage, bien trop crispée sur ses pliages qu’elle ne parvenait guère à faire ressemblants. Si Mélisandre était très douée de ses mains, comme l’attestait son talent indéniable en chirurgie, elle ne le serait jamais en matière d’origami, c’était une affaire plus qu’entendue. « Si je te raconte mon histoire passionnante, tu me promets de la garder pour toi ? » Cette fois-ci, en revanche, elle fit en sorte de replacer le contact visuel. Il fallait qu’elle soit intimement persuadée que Paige n’irait pas se vanter de l’information : c’était un trop gros risque après ces six mois passés dans l’anonymat le plus complet. « Grosso merdo, je viens de Monaco. Je suis la fille de quelqu’un d’assez… connu dirais-je et pour éviter de te faire un dessin, regarde. » Elle montra son annulaire gauche, portant cette magnifique bague de fiançailles toute d’or et de diamants offerte par Nate il y a plusieurs années. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes qu’elle poursuivit, imperturbable et sérieuse : « On est peut-être jeunes, mais je devrais pourtant être mariée à l’heure qu’il est. Seulement voilà… c’était un mariage arrangé, j’ai paniqué, et je l’ai abandonné devant l’autel le jour J. Le problème, c’est qu’il est important pour moi. Je ne pensais pourtant pas le revoir, surtout que cela fait plus de six mois, mais il a réussi à se faire embaucher à l’hôpital où je suis interne en chirurgie. Il est mon nouveau résident depuis une petite semaine… et c’est grave la merde. Je ne te fais pas de dessin ! »

« Disons que même si je disais qu’elle est merdique, le mot ne sera jamais assez fort » Mmh. Paige n'a jamais vraiment eut de relation concrète pour tout dire. En fait la plupart des hommes sur lesquels elle est tombée sont tous partis car ils fuyaient tous les relations stables. Cela brisa plus d'une fois le cœur. Elle aimerait aimer quelqu'un, elle aimerait avoir quelqu'un pour partager sa vie, car si on veut être amoureux c'est ça. Se marier c'est en quelques sortes sceller ce lien plus fort qui unit deux personnes. Mais l'amour c'est bidon, d'après la blonde. Toutes ses déceptions amoureuses -depuis le collège elle ne fait qu'en avoir- lui ont déchiré son fragile petit cœur. Même si elle ne le montre pas, elle a un caractère fragile. Elle laisse apparaître cette face cachée d'elle qu'à de rares personnes. En fait elle savait pourquoi personne ne voulait se mettre avec elle et se marier, et avoir des enfants. Tout simplement car elle ne pourra jamais avoir d'enfants. Elle n'a pas d’utérus. Un petit sourire triste se dessina sur son visage tandis que les jeunes filles pliaient sereinement. « Si je te raconte mon histoire passionnante, tu me promets de la garder pour toi ? » Mélisandre plongea ses yeux dans ceux de Paige. Elle voulait être sure de la suivre, son histoire devait être passionnante. La blonde fit oui de la tête avec un regard tout à fait neutre : pourquoi irait-elle crier sur les toits une histoire confidentielle. Non, elle n'était pas de ce genre de filles, loin de là. « Grosso merdo, je viens de Monaco. Je suis la fille de quelqu’un d’assez… connu dirais-je et pour éviter de te faire un dessin, regarde. »

Paige contempla la bague de Mélisandre un court instant et n'eut pas besoin d'un dessin pour comprendre. Dans sa tête elle pensa 'Oh My God'. Elle fit des yeux énormes, limite si ce n'était pas qu'elle bavait sur son papier coloré. « On est peut-être jeunes [...] Je ne te fais pas de dessin ! » Quoi quoi quoi ??? ce n'était pas possible, elle avait mangé quelque chose de pas catholique dans toute l'histoire. Son amie était la fiancée de prince de Hanovre ! Paige était à deux doigts de l'arrête cardiaque. « Nan ! C'est pas possible ! » Paige afficha un sourire avant de se mordre la lèvre inférieur avec du malice plein le regard. « C'est Nathaniel, je me trompe ? Rah j'en étais sure que y'avais un truc pas clair entre lui et toi ! Mais pourquoi lui en veux-tu à mort ? » Oui, pourquoi l'avait-elle abandonné le jour du mariage, la blonde ne comprenait pas. Pourtant le mariage c'est le plus beau jour d'un vie avec la naissance de son enfant, c'est magique, c'est tellement parfait ! Mais Paige regretta rapidement son allusion aux enfants et elle ré-afficha un air triste sur son visage. Ne pas pourvoir engendrer c'est juste un supplice, c'est comme si tu es à l'école, tout le monde a un jouet super bien, super génial qui n'est pas trop cher mais que pour une raison ou une autre tu ne peux malheureusement pas l'obtenir, même par tous les moyens.

Juste pour quelques secondes, Mélisandre se permit d’esquisser un léger sourire devant la réaction de Paige au sujet de sa bague de fiançailles. Mais celui-ci disparut bientôt dès lors que son acolyte reprit sa petite tirade : effectivement, elle ne lui avait jamais fait part de ses fiançailles, et encore moins du fait que son fiancé soit le prince de Kent, celui là même qui était désiré par toutes les filles saines d’esprit de la planète terre. Pas étonnant que Paige sache immédiatement de qui il s’agissait, jusqu’à son prénom… il n’était pas non plus surprenant qu’elle soit choquée par l’attitude de son amie, acolyte d’origami pour la journée, qui avait somme toute réagit comme la dernière des dernières. « Oui, c’est bien Nathaniel… on ne peut rien te cacher ! » Mais de là à dire qu’il y avait un truc pas net, n’exagérons pas. Disons simplement que leur histoire était extrêmement complexe et très difficile à expliquer. Déjà qu’elle était incapable d’aligner trois mots à ce sujet devant l’intéressé, alors exprimer clairement ce qu’il signifiait pour elle à Paige… c’était une autre paire de manche. « Je ne lui en veux pas à mort ! » se défendit-elle aussitôt comme si son futur en dépendait. « J’étais prête à l’épouser. Crois-moi. Et je ne dis pas cela parce qu’il est prince de Kent et désiré par le monde entier du côté de la gent féminine… mais on a eu des débuts un peu compliqués et du coup, j’étais absolument persuadée que lui ne m’aimerait jamais. Pire, qu’il ne faisait que m’épouser par obligation. Alors quand je me suis avancée vers la nef, toute de blanc vêtue, j’ai paniqué. Je ne voulais pas qu’il se sente obligé, je voulais juste qu’il puisse avoir le choix d’épouser qui il veut et voilà tout… résultat, maintenant qu’il s’est fait embaucher en tant que mon résident et c’est gravement la merde ! » Mélisandre reporta soudainement son attention sur ses maudits origamis, qui risquaient de passer par la fenêtre si cela continuait… hélas, parler de Nate ne la faisait pas se sentir mieux, contrairement à ce qu’elle pensait. « Pourquoi tu affiches cette tête de six pieds de long ? J’ai dis une connerie ? »

En lui proposant son aide, Paige fit naître chez Mélisandre un délicat sourire en disant long sur ce qu’elle était en train de penser. La jolie rousse avait toujours eu une sensibilité dont elle ne s’était jamais cachée, mais qui s’exprimait souvent quand elle ne s’y attendait pas. Ce fut pourquoi elle frôla légèrement l’épaule de Paige de sa main à son tour, la remerciant du regard pour son soutien qui, elle en était sûre, allait lui être précieux dans les semaines à venir. Mélisandre était bien incapable de savoir ce que la vie allait lui réserver très bientôt. Elle aurait bien aimé être devin juste cette toute petite fois, pour avoir conscience de ce qui s’apprêtait à lui tomber sur le coin du nez… sûrement s’en trouverait-elle bien mieux préparée du coup. Cela dit, ce à quoi elle ne s’attendait pas davantage, ce fut la confidence aussi soudaine, brutale que terrible de Paige. Le sourire de Mélisandre disparut totalement pour laisser la place à une surprise à la limite de l’horreur. « Tu plaisantes ?! » eut-elle le mauvais réflexe de dire, avant de se mordiller légèrement la lèvre inférieure. Ce n’était pas réellement la chose à dire, mais on ne pouvait guère lui en vouloir : il n’existait aucune bonne façon de réagir dans un moment pareil, non vraiment aucune. La pitié ne donnerait pas à Paige le moyen d’avoir des enfants, ni ne la soulagerait de sa peine. Il fallait donc lui parler comme n’importe quel médecin censé ferait… à savoir avec raison et implication. « Je suis sincèrement désolée, je l’ignorais. La nature est une belle bitch si tu veux mon avis !! » finit-elle par trancher, loin de son rôle de médecin. Inutile de dire que pour le coup, Paige pourrait compter sur elle de son côté… Mélisandre ne la laisserait pas tomber, que ce soit en cas de besoin ou pas, et il n’y avait pas l’ombre d’une pitié dans cette promesse tacite qu’elle se faisait.

« Cela dit, il y a d’autres moyens pour avoir des enfants, tu sais. C’est barbare ce que je vais dire, mais tu peux adopter, avoir recours à une mère porteuse… l’important, ce n’est pas la naissance, c’est l’après. Même si je sais que ce n’est qu’une très maigre consolation ce que je suis en train de te dire là. » Elle ne voulait juste pas la voir déprimée, et ce fut sûrement pourquoi elle laissa subitement tomber ses abominables origamis ratés pour lui tendre un mouchoir brodé à ses initiales avant de lui faire une grimace lui donnant ni plus ni moins une tête de débile. « Tu es jeune, magnifique en plus ! Faut pas pleurer, y’a peut-être l’homme de ta vie dans la salle ! » Entre Mélisandre qui avait été fiancée sans son accord préalable et Paige qui ne pourrait jamais avoir d’enfant naturellement, elles faisaient un beau duo…

La nouvelle que venait de lui apprendre Paige semblait la boulverser totalement. Chacun ses problèmes et ses histoires. Pour Mélisandre c'était l'amour et pour Paige c'était l’enfantement. Bref, chacune arrivait à en vivre, chacune bien ou mal mais elles géraient la situation. « Tu plaisantes ?! » Paige fit une tête à dire 'euh j'ai l'air de plaisanter ?' et elle fit des gros yeux à Mélisandre. « Je suis sincèrement désolée, je l’ignorais. La nature est une belle bitch si tu veux mon avis !! » Oh que oui elle l'était. Si celle là avait réellement existé elle aurait déjà été tuée depuis longtemps et pas seulement par Paige. En tous cas, la jeune blogeuse se sentait libérée de ce poids, elle ne l'avait dit à personne mis à part ses parents. C'était peut-être un peu moins grave que d'avoir des emmerdes avec un prince mais tout de même c'était la seule chose qui n'allait pas chez Paige et lui pourrissait un peu la vie. « Ouais, je pense que faire un meurtre me ferrais du bien. » Ce genre de phrases, tu ne la dit pas tous les jours. Mais c'est vrai après tout, pourquoi ELLE, Paige Burwell a-t-elle eut ce petit pépin qui pourrait lui gâcher la vie.

« Cela dit, il y a d’autres moyens pour avoir des enfants, tu sais. C’est barbare ce que je vais dire, mais tu peux adopter, avoir recours à une mère porteuse… l’important, ce n’est pas la naissance, c’est l’après. Même si je sais que ce n’est qu’une très maigre consolation ce que je suis en train de te dire là. » Oui, elle y avait songé des milliers de fois, mère porteuse, adoption,... Certes mais ce n'est pas comme si c'était son enfant. Cela revient au même. Après tout elle chipote, il y a toujours ces consolations mais bon. La rouquine lui tendit un mouchoir brodé de ses initiales pour que ses larmes se volatilisent. Paige se calma et se moucha doucement dans celui ci, elle essuya ses yeux par le dessous en priant pour qu'il n'y aie pas de grosses coulures noires dut au mascara. « Je trouverais bien la solution dès que j'aurais mon prince charmant. » Elle avait le temps après tout, si elle n'avait pas d'homme -et ce qu'il faut avec pour concevoir un enfant- elle ne pourrait pas aller loin. « Tu es jeune, magnifique en plus ! Faut pas pleurer, y’a peut-être l’homme de ta vie dans la salle ! » La blonde termina de se moucher et d'essuyer ses larmes avant de donner un sourire reconnaissant à son amie. Toujours elles seraient là l'une pour l'autre. es amis c'est fait pour cela. En particulier ce duo. Malgré tout, Paige jeta un coup d'œil aux hommes de la salle, tous quadragénaires ou chinois. Super. « Par contre je suis pas sure pour l'homme de ma vie enfin bon, passons. Quoi de neuf dans le service à part tes soucis avec Nate ? Pour ma part, mes études avances du tonnerre. » Elle ne se souvint plus si elle lui avait parlé de son blog mondialement connu, mais dans le doute elle se tût.

Mélisandre esquissa un très léger sourire : il n’y avait rien de drôle à être stérile, elle en avait pleinement conscience, mais il n’était pas utile qu’elle se mette à pleurer dans les chaumières ; Paige avait davantage besoin de quelqu’un pour la soutenir, l’écouter, plutôt que quelqu’un se déprimant face à cette tragédie. Effectivement, la nature est une belle bitch, toujours prête à rappeler à l’ordre nos erreurs passées de la pire des façons… mais Paige n’était pas quelqu’un de cruel, au contraire, elle était altruiste, douce, d’une gentillesse indescriptible ! Il n’y avait décidément aucune justice en ce bas monde. « Si tu fais un meurtre, promis, tu pourras compter sur moi pour cacher le corps… » plaisanta-t-elle en ponctuant ses paroles d’un léger clin d’œil. Finalement, la pimpante rouquine avait délaissé ses origamis pour se concentrer davantage sur la passionnante discussion partagée en compagnie de son amie blonde. Le pliage de papiers n’avait plus aucun intérêt, soudainement. Surtout qu’aussi loin qu’elle se souvienne, Paige était étudiante en médecine… Mélisandre aurait été bien incapable de deviner en quelle année elle pouvait bien être, mais cela n’avait pas d’importance : elle n’était pas interne ni plus avancée qu’elle ne l’était, par conséquent la jolie monégasque aurait toujours un moyen de lui filer un coup de main. « Tu es toujours en médecine ? » se permit-elle de demander, soudainement prise d’un sérieux lui ressemblant pourtant si peu d’ordinaire. « Je peux tout à fait te donner un coup de main dès que tu le souhaites, tu sais. Bon, d’accord, je suis les trois quarts de mon temps à l’hosto, mais rien ne t’empêche de venir voir comment ça se passe sur le terrain. Tu aimerais te diriger vers quel type de métier là dedans ? » Ceux-ci ne manquaient pas. Chirurgie, médecine générale, gynécologie, radiologie, cardiologie, neurologie… Mélisandre ne savait même pas si elle les connaissait tous au moins de nom, bien qu’elle ait déjà presque six ans d’études à son actif en la matière. Après, il est vrai que de parler de médecine l’aidait à ne surtout pas se concentrer sur son petit cas personnel, tournant tellement autour de Nate que c’en était presque affligeant. Aussi, pour gagner du temps, il ne fut guère étonnant de la voir donner un petit coup d’épaule encourageant à son acolyte, juste pour la beauté de la chose. Elle n’avait aucune envie de se déprimer par une si belle journée, bien que le fait de devoir s’agacer à faire de l’origami n’était pas la chose la plus passionnante qu’elle ait à faire aujourd’hui ! « Pour en revenir à moi… je dois dire que Monaco me manque. J’étais la première à dire que la vie princière est chiante comme la pluie, mais ma famille me manque. Ici, je suis comblée niveau boulot, je sais que ma carrière va démarrer sur les chapeaux de roue grâce au fait que j’ai été prise dans un hôpital très bien coté, mais je me demande parfois si c’est vraiment suffisant. Je peine à trouver mes réponses. Et puis, j’aurais beau me mentir, mais il y a Nate dans l’équation, ce qui n’est pas rien. »

Au fond d'elle, Paige se demandait si elle ne devait pas culpabiliser de ne pas avoir d'enfants. C'était peut-être car elle allait faire quelque chose d'horrible dans un futur proche que Dame Nature lui avait retiré cette chose qui la bouffait de l'intérieur. « Si tu fais un meurtre, promis, tu pourras compter sur moi pour cacher le corps… » La blonde rigola sans se gêner. Mélisandre lui faisait retrouver le sourire, et elle ne lui en serait jamais assez reconnaissante. On peut toujours compter sur un ami pour nous aiguiller tout autant que pour nous consoler ou encore faire piquer un fou rire. Après tout la vie de la jeune étudiante était parfaite mis à part ce petit pépin, et elle se focalisait trop dessus certainement. La blonde passa son bras pour écarter le champ de bataille d'origamis mals faits qu'elles avaient réalisé jusqu'à maintenant pour se mettre bien plus face à elle et répondre à ses questions et tenter d'oublier ce soucis, car Mélisandre la bombardait déjà. Elles devaient changer de discussion. En tous cas les deux jeunes filles c'étaient livrées chacune leurs secrets, c'est fou. La rouquine était fiancée à un prince, Paige n'en revenait toujours pas.

« Tu es toujours en médecine ? » La jeune fille lui fit oui de la tête, et l'européenne enchaîna, en lui proposant de lui filer un coup de main de temps en temps. « Je peux tout à fait te donner un coup de main dès que tu le souhaites, tu sais. Bon, d’accord, je suis les trois quarts de mon temps à l’hosto, mais rien ne t’empêche de venir voir comment ça se passe sur le terrain. Tu aimerais te diriger vers quel type de métier là dedans ? » A vrai dire, la blonde n'avait pas encore bien réfléchi, certainement dans la gynécologie, enfin je sais c'est cruel pour elle mais elle y songe vraiment, elle veut prouver qu'avoir des enfants peut se faire, mieux que pour elle et rêver à la place de ces futurs enfants et à ces parents comblés. Elle trouverait certainement plus facilement de techniques pour réussir à avoir un enfant en se dirigeant dans cette filière. « Ça serait trop cool effectivement ! Je songeais à la gynécologie... Pour en apprendre plus pour ce qui se passe enfin, ça m'aidera à trouver des moyens pour en avoir... » La locutrice détailla la rouquine, elle attendait sa réaction, qui serait certainement horrifié ou compatissante. Soit, la jeune fille voulait aller de l'avant et rester sur son sort serait trop eu productif, du moins c'est son avis. « Pour en revenir à moi… je dois dire que Monaco me manque. J’étais la première à dire que la vie princière est chiante comme la pluie, mais ma famille me manque. Ici, je suis comblée niveau boulot, je sais que ma carrière va démarrer sur les chapeaux de roue grâce au fait que j’ai été prise dans un hôpital très bien coté, mais je me demande parfois si c’est vraiment suffisant. Je peine à trouver mes réponses. Et puis, j’aurais beau me mentir, mais il y a Nate dans l’équation, ce qui n’est pas rien. » La pauvre, Paige posa son regard, hésitant à nouveau sur la bague de fiançailles de son amie. Si elle avait été à sa place, elle ne sait pas ce qu'elle aurait fait. Elle aurait certainement réagit comme la rousse. « Mmh, honnêtement je ne sais pas quoi te dire. Pourquoi ne retournes tu pas à Monaco pour y vivre avec Nate, comme ça tout le monde là bas sera content. Et puis après tu retournes à New York pour poursuivre ta vie avec ton boulot et tout ? », proposa la jeune fille sans détacher son regard du bijoux.

Pour le coup, les deux acolytes semblaient avoir totalement délaissé leurs origamis. Au plus grand désespoir du professeur, d’ailleurs, mais celui-ci se garda bien de leur faire la moindre réflexion à ce sujet : la petite altercation précédente lui avait sûrement suffit. D’autant que la discussion entre les deux demoiselles devenait de plus en plus passionnante : Mélisandre ne semblait pas être la seule à apprendre beaucoup de choses sur son amie. Pas étonnant que Paige soit toujours choquée par l’aveu de la jolie rouquine : ce n’est pas tout les jours que l’on apprend qu’une décervelée a eu l’audace d’abandonner le prince de Kent, ou LA personnalité sexy de la famille Windsor après William, devant l’autel… Mélisandre n’avait pas la lumière à tous les étages et devait forcément être restée collée à la poêle après cuisson, c’était impossible autrement. « Curieuse façon de faire ton propre sauvetage, mais j’avoue qu’il y a de l’idée ! Ce n’est pas moi qui vais te jeter la pierre, surtout pas alors que je veux moi-même devenir spécialiste en chirurgie néo-natale… ça inclut une grosse part de gynécologie même si pour moi ce sera un brin plus sanguinolent ! Mais tu veux aussi faire dans l’obstétrique ou tu veux juste être en cabinet ? » Mélisandre allait bientôt devenir résidente, du reste. Fini cette part de l’internat où les nouveaux venus sont surtout considérés comme de la poudre à canon, le bas de la chaîne alimentaire, ceux qui travaillent jusqu’à épuisement et surtout sans se plaindre. Non pas que la jolie monégasque ne soit pas satisfaite de tout ce qu’elle apprenait en tant qu’interne, mais l’envie de naviguer en solo lors d’une opération se faisait de plus en plus présente. Sans compter qu’elle était appréciée par le titulaire en chirurgie néo-nat’… utile lorsque l’on veut se diriger vers la même discipline exigeante. « Enfin, en tout cas, c’est avec plaisir que je t’accueille si tu en as envie. Je te présenterais au grand manitou de la gynéco au sein du service de chirurgie, si tu veux ! Le sexy docteur Miller… »

La rouquine eut l’audace de faire un petit haussement de sourcil entendu avant d’esquisser un petit rire qu’elle maîtrisa : le regard insistant de Paige sur sa bague de fiançailles la rappela aussitôt à ses propres soucis et hélas, elle en soupira d’un même coup. Le dossier Nate n’était pas près d’être bouclé, surtout pas alors qu’il était apprécié par tout le service et qu’elle devait finir son internat en sa compagnie. Elle espérait simplement qu’il ne serait pas stupide au point de lui coller une mauvaise appréciation sur son dossier au titre de basse vengeance. « Le petit souci, c’est que Nate ne se plairait absolument pas à Monaco, et que sa pression familiale y serait trop forte : New York, c’est plus éloigné de Londres que Monaco, donc je pense qu’il y est venu parce que ses parents lui foutent la paix. Mais je pense qu’ils doivent déjà essayer de lui chercher une autre princesse à épouser… une qui n’aura pas l’audace de se faire la malle et qui n’aura pas non plus la vie princière en horreur. Il ne faut pas croire, mais Nate est vachement attaché au protocole ! Il a toujours été servi et l’un de ses pires défauts, c’est que personne ne lui a jamais dit non. Personne sauf moi… je dois être la seule à lui balancer ses quatre vérités sans crainte. Je ne sais pas si c’est un bon point, cela dit ! Je suis incapable de savoir ce qu’il pense, et ça me stresse. Je dois te saouler avec lui là, non ? »

La professeur d'origamis semblait être désolée pour les deux jeunes femmes même si elle n'avait pas suivi la discussion, elle devait être étrangement désolée pour ces origamis foiré et du papier qui aurait pu être mieux plié... Mais bon, Paige se fichait des remarques qu'elle porterait à leurs personnes. « Curieuse façon de faire ton propre sauvetage, mais j’avoue qu’il y a de l’idée ! Ce n’est pas moi qui vais te jeter la pierre, surtout pas alors que je veux moi-même devenir spécialiste en chirurgie néo-natale… ça inclut une grosse part de gynécologie même si pour moi ce sera un brin plus sanguinolent ! Mais tu veux aussi faire dans l’obstétrique ou tu veux juste être en cabinet ? » Paige haussa des épaules, elle était encore dubitative. Elle ne savait pas vraiment core quoi faire avec tout cela, elle avait du mal à accepter ses soucis, mais il fallait qu'elle s'y fasse. « Je sais pas, je viens de me renseigner sur la chose., expliqua-t-elle. » « Enfin, en tout cas, c’est avec plaisir que je t’accueille si tu en as envie. Je te présenterais au grand manitou de la gynéco au sein du service de chirurgie, si tu veux ! Le sexy docteur Miller… » Paige rigola, c'était adorable de la part de Mélisandre de s'inquiéter sur son "sort", elle lui en était extrêmement reconnaissante. « Merci, t'es une vraie amie. »

Elles revinrent à la discussion concernant Nate et les soucis de Mélisandre. « Le petit souci, c’est que Nate ne se plairait absolument pas à Monaco, et que sa pression familiale y serait trop forte : New York, c’est plus éloigné de Londres que Monaco, donc je pense qu’il y est venu parce que ses parents lui foutent la paix. Mais je pense qu’ils doivent déjà essayer de lui chercher une autre princesse à épouser… une qui n’aura pas l’audace de se faire la malle et qui n’aura pas non plus la vie princière en horreur. Il ne faut pas croire, mais Nate est vachement attaché au protocole ! Il a toujours été servi et l’un de ses pires défauts, c’est que personne ne lui a jamais dit non. Personne sauf moi… je dois être la seule à lui balancer ses quatre vérités sans crainte. Je ne sais pas si c’est un bon point, cela dit ! Je suis incapable de savoir ce qu’il pense, et ça me stresse. Je dois te saouler avec lui là, non ? » Intéressant. Non, elle ne la soûlait pas, juste que son histoire était un petit peu compliquée et que Paige avait légèrement de mal à suivre. « Ah, je vois. Mais non tu me soûles pas ! C'est complexe ! » Dit-elle en rigolant légèrement, pour que son amie ne se vexe pas. La rouquine n'eut pas le temps de répliquer que Paige hurla, alors qu'elle venait de jeter un coup d'oeil à sa montre, après avoir regardé le dehors. « Bon Dieu ! Le temps passe tellement vite avec toi ! Il est presque midi ! J'ai un cours à une heure ! » C'était vrai, même le samedi les cours étaient impitoyables avec elle, et pourtant elle venait juste de s'en souvenir. Quelle cruche. « Je suis la reine des patates. », dit elle en se frappant le front. Elle se leva alors hâtivement, prenant quelques origamis au passage en prenant son sac. Elle se dirigea alors vers son acolyte et lui fit rapidement la bise, en s'excusant platement de son escapade rapide. « Encore désolée, on se refait ça. On se croise dans les couloirs au pire ! Bisous ! » Elle lui envoya un baiser avec la min alors qu'elle poussait déjà la porte du centre. Elle se mit à courir comme une folle...