ASHTON & CHARLES ❝ it's in you ❞

C’était parfait … tout lui sembler l’être et Charles avait trouvé un moyen d’oublier ce qui allait l’attendre lorsque le mois d’octobre allait arriver. Il s’était décidé à quitter son petit appartement de Midwood pour quelque chose de mieux, pour une maison bien plus grande même si elle lui donnait d’autant plus l’impression d’être seule avec Omisha qui ne lui adressait quasiment plus la parole. Toutefois cette grande maison de Coney Island allait lui changer les idées et également permettre à Bones d’avoir beaucoup plus de terrain pour se défouler, d’autant plus avec la plage qui se trouvait à quelques mètres. C’était le fait d’avoir parlé du besoin de changer de logement avec Ashton qui l’avait poussé à chercher un autre toit sous lequel vivre en usant des connaissances de sa famille qui touchaient à tout et surtout à l’immobilier. Pour ce qui était du côté financer, Charles ne s’en faisait pas d’autant plus qu’on lui avait fait un prix d’amis bien qu’il s’en serait passé. En tout cas cette maison était parfaite à ses yeux et même si les cartons continuaient de se trouver ici et là dans toutes les pièces, les deux habitants n’ayant pas vraiment eu le temps de toute déballer avec leur emploi du temps respectif.

Ce n’était pourtant pas ce qui l’avait empêché d’organiser une petite soirée surprise pour une personne dont il s’était extrêmement rapproché ces dernières semaines : Ashton. L’idée de partir en Afghanistan sans même avoir plus de temps que ça avec la jeune femme lui avait donné comme un coup de fouet et les jours qui avait suivi leur dernière rencontre chez la jeune Texane, Charles avait fait en sorte de la revoir si souvent qu’à présent ils étaient bien plus proches qu’il ne l’aurait espéré bien que l’un comme l’autre s’évertuaient à se présenter comme n’étant que de simples amis. Cette soirée était un prétexte pour passer plus de temps avec la jeune femme et sans bien savoir pour quelles raisons il avait tenu à marquer le coup et ce fut aider de Logan qu’il était parvenu à tout organiser, réunissant ainsi la grande majorité des membres de la famille d’Ashton dont certains qui ne lui étaient pas inconnus. L’effet de surprise avait d’ailleurs été des plus totales et Charles ne put s’empêcher de s’en réjouir tout comme il ne put faire taire le compliment vis-à-vis de la nouvelle couleur de la jeune femme qui la rendait bien plus attirante qu’elle ne l’était déjà ses yeux.

Avoir autant de monde autour de lui n’était plus dans ses habitudes et l’infirmier s’efforça d’être un hôte aussi exemplaire que possible bien qu’il profita des longues discussions entre tout ce petit monde pour s’éclipser tout en amenant Ashton avec lui. « Suis-moi. », lui glissa-t-il à l’oreille sans même lui laisser le temps de rétorquer quoi que ce soit et déjà ils quittaient la maison en direction de la plage, une bouteille à la main. L’air frais et le silence lui firent le plus grand bien tandis qu’il rejoignait enfin la plage se débarrassant de ses chaussures pour savourer la sensation du sable frais sous ses pieds. Ce fut dans le même silence qu’il s’approcha de l’eau avant de prendre place dans le sable entraînant doucement Ashton avec lui pour ensuite lui adresser un sourire. « Ils ne se rendront pas compte de notre absence et de toute manière j’avais envie d’un peu temps avec toi … au calme. ». Cette précision, il préféra la rajouter car du temps avec elle il aurait pu en avoir dans la maison, mais c’était trop bruyant et il y avait bien trop de paires d’yeux pour qu’il se sente à l’aise et surtout tranquille. De nouveau silencieux, Charles entreprit d’ouvrir la bouteille de vodka qu’il tendit poliment la jeune femme, sourire toujours peint sur ses lèvres.

L’endroit lui semblait d’autant plus parfait lorsqu’ils arrivèrent sur la plage déserte à une heure si tardive. Le bruit de l’océan avait quelque chose d’apaisant et l’air marin qui lui fouettait le visage le détendait. Voir que tout se passait pour le mieux dans cette petite soirée ne pouvait que le satisfaire et il avait été touché de voir Ashton pleurer même si l’envie de la prendre dans ses bras l’avait démangé bien qu’il ait finalement trouvé la force de se retenir. Toutefois, malgré les conversations passionnantes auxquelles il avait eu le droit les premières heures, c’était avec Ashton qu’il souhaitait passer du temps et de préférence seuls et au calme. La plage était l’endroit parfait même si plusieurs endroits de sa nouvelle maison auraient fait l’affaire, mais peu importait. Le fait de se trouver là, en compagnie de la jeune femme l’aidait à sourire sans aucune raison apparente, c’était uniquement le plaisir d’être avec la jeune Texane dans un cadre qu’il n’avait pas de mal à qualifier d’idyllique.

« Merci. ». Charles ne put s’empêcher de pouffer en la voyant toussoter après avoir bu une simple gorgée de vodka, non pas qu’il se moquait, mais … un peu quand même. Pour lui l’alcool n’était pas quelque chose qui le dérangeait, c’était limite s’il sentait le goût de cette boisson lorsqu’il en avalait une gorgée. Il y avait pris l’habitude suite aux nombreuses soirées étudiantes voire même grâce à une certaine période qui datait d’après son premier retour d’Afghanistan et dont il ne parlait à personne. « Charles, tout ce que t'as fait pour ce soir, c'est... extraordinaire. ». Le jeune homme attrapa la bouteille qu’Ashton lui tendait et bu à son tour une gorgée de son contenu en fixant l’océan à perte de vue devant eux pour finalement poser les yeux sur la jeune femme, la bouteille toujours à la main, un large sourire aux lèvres. « Extraordinaire peut-être pas, mais je tenais à te faire plaisir mais je pense que sans Logan je n’aurais pas pu réussir, ta sœur m’a sauvé la vie sur ce coup. ». Et c’était peu dire puisque sa jumelle était celle qui était parvenue à réunir toute leur famille tandis que Charles s’était contenté des préparatifs … en réalité il se contentait du fait que l’idée venait de lui voilà tout.

Cependant il était rassuré de la savoir heureuse et la voir si rayonnante était sa plus grande récompense ce soir. « Je crois que j'ai jamais vu ma famille s'entendre aussi bien... ». Le jeune homme porta une nouvelle fois la bouteille à ses lèvres et cette fois-ci il ne put s’empêcher de grimacer en plissant les yeux. Boire ainsi n’était peut-être pas malin avec tout ce qu’il avait déjà bu et le fait que sa tête commençait à tanguer en était la preuve. « Ils se sont peut-être dit qu’il était temps de faire un effort. ». De nouveau un petit sourire étira ses lèvres tandis qu’il passait ses bras autour des épaules d’Ashton pour l’amener un peu plus contre lui avant de lui tendre une nouvelle fois la bouteille de vodka. « Ta sœur m’a dit que vous n’aviez toujours pas trouvé de nouveau logement … j’ai cherché de mon côté, mais … ». Charles se pencha légèrement en avant de sorte à croiser le regard d’Ashton avant de reprendre. « Il y a pas mal de chambres ici qui sont vides … et je pense pouvoir assurer que ce n’était pas l’alcool qui me fait dire ça, mais si tu veux – même si ce n’est que pour un temps – les petits et toi vous êtes les bienvenues. ». C’était définitivement l’alcool qui lui déliait la langue, mais peu importait il se sentait plus léger de l’avoir dit.

Il avait voulu lui faire plaisir et il savait à présent qu’il y était parvenu. Charles avait pu remarquer à force de parler avec elle combien elle aurait aimé que toute sa famille rencontre dignement Wyatt et Rose et le jeune homme avait pris très à cœur de faire en sorte que ça soit le cas. Son altruisme se tournait une fois de plus de son côté et le jeune homme s’était effacé uniquement dans l’idée de la rendre heureuse elle sans pour autant s’attendre à récupérer une quelconque gloire de cet évènement. Bien évidemment, il était fier d’être parvenu à ses fins – même si, une fois encore, Logan l’y avait beaucoup aidé – et il était fier de la voir si heureuse et c’était bien suffisant comme récompense. Pourtant, il savait qu’il y avait plus dans le fond. Charles savait que s’il tenait tellement à lui faire plaisir c’était également dans la crainte de son départ futur. Il s’était attaché à elle dès le début, mais plus il passait du temps avec Ashton et plus cette attachement prenait de l’ampleur. Il n’y avait plus qu’Omisha qu’il avait peur de laisser derrière lui, il y avait aussi Ashton et ses deux enfants. La peur qui l’empêchait déjà de dormir depuis le mois précédent lui rongeait à présent l’estomac à chaque fois qu’il s’imaginait ne pas pouvoir revenir, tout du moins pas en vie.

Il avait peur de manquer tellement de choses, de laisser passer sa chance et c’était devenu une véritable hantise au point que l’infirmier s’efforçait d’en faire un maximum pour faire plaisir à la Texane – et à Omisha – pour être certain de partir satisfait, ce qui ne serait jamais le cas. Cette crainte, il en avait parlé à personne, pas même à son psychologue qu’il était toujours forcé de voir, mais ce soir il sentait qu’elle s’était un tant soit peu dissipée pour laisser place au bonheur et à la joie de voir Ashton aussi émue et heureuse. Son regard se perdit dans l’étendu d’eau sombre qui s’étendait à perte de vue tandis qu’il profitait silencieusement de la proximité avec la jeune femme. « Extraordinaire, je soutiens. La maison, la soirée, tout ! ». Un nouveau sourire étira ses lèvres, un sourire qu’il ne cacha pas. Avec les dernières semaines passées en sa présence, il avait fini par ne plus craindre de lui adresser autant de sourire d’autant plus qu’il avait su remarquer que ce dernier savait faire son petit effet. Charles continua de la regarder quelques instants se prononcer le moindre mot, il voulait juste enregistrer chaque détail de son visage dans sa mémoire et même s’il savait que l’alcool jouait beaucoup sur ses pensées actuelles, il savait également que c’était afin de pouvoir penser à elle une fois en Afghanistan qui la regardait ainsi.

Toutefois, y repenser le força à détourner son regard et à boire une nouvelle grande gorgée de vodka qui lui donna d’autant plus sa sensation que ses paupières étaient lourdes et que le temps s’écoulait d’une lenteur quasi extrême. « T'es sérieux ? ». Ses yeux se posèrent sur elle et la question mit quelques instants à parvenir jusqu’à son cerveau. Charles l’avait entendu parler, toutefois il lui avait fallu un petit temps pour comprendre ce qu’elle disait et ceci fait il lui sourit en agitant la tête ce qui fut vraiment une très mauvaise idée. « C'est complètement fou, t'en as conscience ? ». Conscience, peut-être pas, mais il se doutait bien que ce soit le cas, mais cette fois-ci l’infirmier préféra ne pas agiter la tête et ce dans n’importe quel sens. « J’ai jamais dit que j’étais sein d’esprit. Mais je suis très sérieux, je sais à quel point ta maison te fait souffrir et j’aimerais simplement ne plus jamais à lire cette souffrance dans tes yeux. ». Ceci dit, son regard s’efforça de croiser celui d’Ashton et Charles se refusa de le lâcher se délectant de le voir si pétillant, si heureux, loin de ce qu’il pouvait y voir à chaque fois qu’il la raccompagnait devant sa porte.

s'il continue comme ça il va lui proposer un bain de minuit et la demande en mariage

L’alcool lui permettait de passer outre ses peurs, peut-être un peu trop d’ailleurs. Toutefois, cette proposition il la voyait avant tout comme un moyen d’aider Ashton, comme une colocation comme il aurait pu le proposer à n’importe lequel de ses amis dans le besoin, même s’il était indéniable qu’il y ait plus avec la jeune femme. Ce n’était pas dans son idée de la brusquer, mais bien de lui venir en aide et autant dire qu’avec la maison qu’il venait de s’offrir, ce n’était pas la place qui allait manquer. Des pièces allaient rester vides pendant un long moment et Charles savait que même quelques cartons allaient s’entasser dans l’une d’elles puisque lui et Omisha prendraient le temps de s’installer comme ils le voudraient. Peut-être y avait-il aussi un rapport avec son départ dans les mois à venir qui le poussait d’autant plus à s’inquiéter pour ces deux jeunes femmes et que son cerveau avait jugé plus intelligent qu’elles soient ensemble pour se soutenir ? Ou peut-être avait-il juste besoin de se jeter dans l’eau face à lui pour se réveiller et se donner la sensation de se prendre une bonne gifle pour remettre ses idées en place ? Quoi qu’il en soit, l’infirmier avait néanmoins tenu à lui faire cette proposition sans le moindre sous-entendu, juste par bonté comme il savait en faire preuve depuis des années sans jamais rien attendre en retour.

« D'accord... Admettons que je dise oui. ». Son attention s’était à présent posée sur l’océan devant eux. Il était parti dans ses pensées, largement aidé par l’alcool qu’il avait actuellement dans le sang. Il était pensif, bien plus qu’il ne pouvait l’être d’habitude ou tout du moins, bien plus que ce qu’il pouvait bien montrer habituellement. Ce fut la voix d’Ashton qui le fit revenir au moment présent et Charles tourna doucement la tête vers elle pour éviter de provoquer de quelconques vertiges dû à l’alcool. L’infirmier la regarda boire une nouvelle gorgé de vodka en silence, en attendant la suite de ce qu’elle avait à lui répondre. « T'as pas peur de la cohabitation ? Enfin, t'es quand même en charge d'une ado, et j'ai deux bébés plutôt bruyants... ». Un petit sourire amusé apparu au coin de ses lèvres en même temps qu’il pouffa. Il avait déjà pensé à tout ça, plus d’une fois pour tout dire, mais si ça ne l’effrayait pas, peut-être qu’il n’en serait pas de même pour Misha bien que la maison soit assez vaste pour que la chambre de l’adolescente soit assez loin de celle des jumeaux. « Du moment que tu ne te transformes pas en meurtrière toutes les nuits de pleine lune, j’ai peur de rien. La maison est, je pense, assez grande pour ne pas être dérangé par les petits et voyons ça comme une colocation et une aide pour te permettre de souffler le temps que tu trouves autre chose. ».

Jusqu’à preuve du contraire, Ashton n’était pas un loup-garou pas plus que ses enfants n’étaient des démons, simplement des enfants en bas-âge qui avaient besoin d’attention. Lui n’avait rien à craindre de cette colocation, même si l’alcool l’avait poussé à se précipiter et à ne pas réfléchir de l’avis que pourrait avoir Omisha dans tout ça. Charles se massa nerveusement la nuque à cette pensée tout en suivant Ashton du regard qui alla se mettre devant lui. « Et t'as trouvé quelque chose, pour ton départ ? ». L’infirmier fixa la jeune Texane pendant de longues secondes jusqu’à ce que son regard dévie sur la bouteille de vodka qu’elle lui tendait et qu’il attrapa pour en boire la plus longue gorgée de la soirée. « Non. ». Son regard se posa n’importe où sauf sur Ashton tandis qu’à avoir bu autant d’alcool d’un coup, sa gorge commençait à brûler. « Enfin, j’ai un de mes plus proches amis qui m’a donné une idée même si je doute sincèrement que ça soit accepté … pour l’instant je préfère ne pas me donner de faux espoirs et me dire que je vais devoir partir. ». Charles porta la bouteille de nouveau à ses lèvres et en bu une gorgée plus courte comme si ça allait lui permettre de tenir le coup. La vérité était toute autre, ce départ était ce qu’il craignait le plus et ce qui l’empêchait à nouveau de dormir la nuit.

« Tu marques un point... J'essaierais de me restreindre, pour ce qui sera de mes pulsions meurtrières. ». Amusé, Charles pouffa légèrement sans pour autant arrêter de marcher. Il doutait sincèrement qu’elle soit capable de lui faire le moindre mal. Elle n’était pas fragile à ses yeux – enfin peut-être un peu – et il avait pu remarquer ces dernières semaines qu’Ashton serait parfaitement capable de se débrouiller par elle-même et que dans le pire des cas elle aurait toujours sa famille pour l’aider. Elle était une battante, il n’y avait qu’à voir la manière dont elle parvenait à gérer la situation ces derniers temps avec les jumeaux. Elle était peut-être aidée de sa jumelle et d’autres proches de son entourage, mais aux yeux de Charles, Ashton se débrouillait très bien par elle-même et si elle avait eu à se défendre elle l’aurait fait, mais pas au point de se transformer en tueuse la nuit. Et puis, lui-même suivait régulièrement un entraînement à Fort Hamilton qui lui permettait de parvenir à maîtriser n’importe qui assez rapidement et il était tout de même bien rassuré de savoir qu’il n’aurait jamais à le faire contre Ashton à moins qu’elle parte dans une crise pour une quelconque raison et encore … l’infirmier ne serait pas capable de lui faire le moindre mal, il le savait parfaitement.

Tous les deux continuèrent d’avancer dans le sable frais de la plage, l’esprit quelque peu embrumé par l’alcool qu’ils avaient dans le sang à force de boire plusieurs gorgées de la bouteille de vodka qu’il avait amené avec eux comme s’il avait deviné que très rapidement leur conversation allait emprunté un chemin qu’il n’aimait que très peu. Son futur départ … c’était encore un problème auquel il n’avait pas trouvé de solution. Logan – son meilleur ami et non pas la jumelle d’Ashton – lui avait bien parlé de choisir de devenir réserviste, mais il voyait déjà la tête de son supérieur lorsqu’il leur ferait part de ce choix qui risquait d’être refusé. Dès lors, il s’était mis à réfléchir à un bon compromis à leur donner et même s’il avait à présent une petite idée, Charles n’était vraiment pas certain que ça passe bien mieux. Le jeune homme porta une nouvelle fois la bouteille à ses lèvres et parti comme ça il allait finir par la vider à lui tout seul comme toutes ces bouteilles d’alcool qui avaient pu traîner dans son appartement lorsqu’il était revenu d’Afghanistan la première fois, les images des nombreux soldats morts sous ses yeux et qu’il n’avait pas pu sauver en mémoire. Prenant conscience qu’Ashton était en train de ralentir, l’infirmier en fit autant, les sourcils froncés tandis qu’il tentait de savoir ce qui la forçait à s’arrêter et à le regarder de la sorte.

« C'est toi, que j'entends rendre les armes avant d'avoir tenté quoique ce soit ? ». Sa bouche s’ouvrit, mais Charles la referma aussitôt. Que pouvait-il bien dire pour se justifier alors que sur ce point la jeune texane avait parfaitement raison ? Lui qui n’était pas habitué à baisser les bras comme il avait su lui prouver lorsqu’il l’avait aidé à mettre au monde Rose et Wyatt, voilà qu’il le faisait et ça ne lui ressemblait que très peu. « C'est quoi, cette idée ? Peut-être que ça marchera. ». Son regard s’accrocha à celui d’Ashton à présent devant lui et le jeune homme ne put empêcher un petit sourire d’étirer ses lèvres en la voyant si curieuse d’entendre l’idée qui peut-être l’empêcherait de partir. Charles lui tendit alors la bouteille de vodka qu’il préférait avoir loin de lui avant de répondre. « Demander à être major réserviste. Seulement il n’y a pas assez de médecins sur le terrain ces derniers temps et je doute que ça soit accepté. ». Charles passa une main dans sa nuque qu’il massa nerveusement et soupira. « J’ai aussi pensé à leur proposer le fait de rester réserviste le temps de finir une bonne fois pour toute mes études de médecine et faire entièrement partie de l’armée une fois titulaire en trauma ce qui me donnera d’autant plus de compétences sur le terrain, mais aussi plus de raisons de … partir. ». En sommes ce n’était pas l’idée du siècle, mais c’était la seule qui risquerait un tant soit peu de lui permettre de ne pas partir dans les mois à venir. Le jeune homme continua de regarder la texane droit dans les yeux avant de baisser la tête en fermant les yeux.

Quelques soient les options qui s’offraient à lui, Charles savait que dans tous les cas il serait dans l’obligation de repartir au front tôt ou tard même s’il préférait de loin la seconde option. Il avait encore bien trop à faire ici pour accepter le faire de repartir aussitôt, il avait encore bien des obligations qui le forçaient à rester à New York mais s’il ne trouvait pas rapidement un moyen d’aller contre cette fichue lettre qu’il avait reçu, qu’il soit d’accord ou non ça serait dans un avion en direction de l’Afghanistan qu’il allait terminer. Le jeune homme n’avait pas tellement peur de mourir au front, de toute manière il risquait autant sa vie dans les rues new yorkaise puisque rien ne pouvait lui garantir du fait qu’il n’allait pas se faire renverser par une voiture ou autre, mais il fallait bien avouer que là-bas ses chances étaient encore plus minces. La seule chose qui lui permettait d’avoir plus ou moins envie de s’y rendre était la perspective qu’il allait probablement sauver la vie de jeunes soldats qui avaient encore toute la vie devant eux malgré leur métier. Bien sûr, il savait qu’il y avait de fortes chances qu’il ait de nouveau l’obligation de faire face à ses cauchemars, mais Charles préférait se dire que c’était un mal pour un bien. Toutes les nuits il recommençait à se réveiller en sursaut, le souffle court et les mêmes images en tête.

Il revoyait le regard de son supérieur qui savait qu’il allait mourir, son corps bien trop écrasé par le SUV pour avoir une quelconque chance de revoir sa famille par la suite. Il craignait de voir à nouveau la même chose bien qu’à présent il était assez haut gradé pour être le médecin en chef sur le terrain. Cependant, il ne voulait tout de même pas partir … pas tout de suite du moins. Il y avait Omisha … il y avait Ashton, deux jeunes femmes auxquelles Charles tenait et qu’il refusait d’abandonner si rapidement. Les conditions qu’il pouvait proposer au général de Fort Hamilton lui donneraient peut-être la chance de repousser son départ, mais malgré l’optimisme qui l’habitait pourtant régulièrement, il ne pouvait pas s’empêcher de penser à un refus. En réalité, l’écossais préférait se préparer à une réponse négative pour ne pas se sentir déçu une fois face au général et si jamais le contraire venait à se produire il n’en serait que plus heureux, mais l’alcool ne l’aidait pas à penser de la sorte. « Ce serait juste un moyen de repousser l'échéance... ». Gardant la tête baissée, Charles n’osait plus croiser le regard d’Ashton craignant que trop ce qu’il risquait d’y lire. Même si la déception n’était pas une chose à laquelle il était véritablement habitué, il ne supportait pas de la lire dans le regard des personnes qui avaient de l’importance pour lui et il refusait de la lire dans les yeux d’Ashton.

« Mais ça coûte rien d'essayer, non ? ». L’infirmier pinça légèrement l’arête de son nez en soupirant. Il redressa la tête vers Ashton et se risqua tout de même à croiser son regard. Le jeune homme resta silencieux. Il se contentait simplement de la regarder sans rien dire, d’analyser chacun des traits de son visage une nouvelle fois sans prononcer le moindre mot. Charles humecta ses lèvres puis se les pinça à nouveau dans un silence uniquement brisé par le bruit des vagues qui s’écrasaient sur la plage où tous les deux se trouvaient. « Je suppose … ». Et il l’espérait sincèrement. Son compromis lui semblait correct et bien plus avantageux pour l’armée que pour lui, mais rien ne lui garantissait qu’il soit accepté même s’il désirait plus que tout le fait de ne pas repartir tout de suite, de laisser le temps l’aider à oublier et à s’assurer qu’il avait bien moins d’obligations pour repartir. Charles resta quelques instants de plus à la regarder et se concentra ensuite sur l’eau devant eux. La soirée se passait bien jusque-là et l’écossais refusait de rester plus longtemps sur cette voie qui allait leur plomber le moral sans le moindre problème. « Et si on oubliait ? Juste pour ce soir, on aura tout le temps d’en parler un autre jour … ». Charles posa les yeux sur Ashton un sourire malicieux aux lèvres et avant même d’énoncer cette petite folie qui venait de lui passer par la tête, il attrapa le bas de sa chemise et la retira en la laissant tomber sur le sable. « Ça te tente un bain de minuit ? ».

donne-moi vraiment la bassine ! y a le torse & le sourire là

Cette soirée était censée être parfaite, c’était ce qui lui avait le plus tenu à cœur lorsqu’il s’était occupé des derniers préparatifs avant que les membres de la famille d’Ashton n’arrivent et qu’il puisse faire rapidement connaissance avec eux avant d’aller chercher la jeune femme. Il avait été plus minutieux que jamais et Logan lui avait véritablement été d’une grande aide ce qui lui avait également permis de parler plus longtemps avec la jeune femme et de se rendre compte une bonne fois pour toute qu’elle le faisait rire assez facilement et qu’il l’appréciait vraiment beaucoup. Et pourtant, le jeune homme avait tenu à s’éloigner des conversations qui fusaient ici et là dans la maison pour aller faire un petit tour près de la plage qui se trouvait à quelques pas et ce juste en compagnie d’Ashton. Charles n’avait pas besoin de le cacher, il avait véritablement besoin de passer du temps juste avec la jeune femme comme ils en avaient eu l’habitude ces dernières semaines bien que l’alcool ne soit invité que ce soir-là. Même s’il s’était douté que tôt ou tard la jeune texane en viendrait à lui demander où il en était vis-à-vis de son départ ou, il l’espérait, non-départ pour l’Afghanistan il avait préféré ne pas y penser jusqu’à ce que le sujet soit remis sur le tapis et qu’après quelques minutes à se sentir plus mal que jamais il avait voulu faire en sorte de retourner sur la voie de la bonne humeur et oublier, ne serait-ce que pour ce soir.

Lorsqu’il avait ôté sa chemise, il n’avait pas même cherché à savoir si tous les deux étaient seuls sur la plage, ça n’avait pas la moindre importance et l’alcool qui coulait en masse dans ses veines le poussait d’autant plus à agir sans réfléchir, sans même se demander si se mettre torse-nu devant Ashton était ou non une bonne idée. Fier de la faire à nouveau rire, Charles ne put cacher son contentement qui se devinait grâce au sourire qui à présent ne quittait plus ses lèvres et avait totalement fait disparaître son désarroi. « C'est parti. C'est toi qui l'a proposé, hein, tu vas le regretter bien assez tôt. ». Puis, la voyant ôter à son tour son haut, il comprit d’autant plus qu’elle semblait d’accord avec cette petite folie et ne tarda pas lui-même à retirer son jean qu’il laissa tomber juste à côté de sa chemise. Même la petite brise d’air frais qui provoqua un léger frisson dans tout son corps ne fut pas capable de le forcer à se raviser, maintenant qu’il avait lancé l’idée il se devait d’assumer.

Décidé à ne pas s’aventurer le premier dans l’eau, Charles s’avança doucement en direction de cette dernière tout en laissant Ashton juger d’abord de la température de l’eau et le verdict ne tarda pas à tomber. « Oh God... ». Ce fut à son tour de rire sans la moindre gêne tandis qu’Ashton le rejoignait en sautillant. Que l’eau soit froide n’était pas une surprise, pas alors que le soleil s’était couché déjà depuis plusieurs heures sur New York. Son regard se posa sur Ashton et glissa en direction de sa main qu’il ne tarda pas à saisir. « On y va ensemble … aucun de nous deux ne pourra reculer comme ça. ». Charles éprouvait le besoin de justifier le fait de s’être saisi de la main d’Ashton et rapidement il détourna le regard pour le poser sur l’eau devant eux. Le jeune homme gonfla ses poumons à bloc, coupa sa respiration quelques instants et soupira longuement pour se donner le courage d’avancer ce qu’il fit sans lâcher Ashton et ce malgré le froid qui vint lui mordre la peau. « Nom de … ça devrait pas exister une eau aussi froide. ». Et les vagues qui s’abattaient de plus en plus haut sur son corps n’arrangeaient rien et pourtant Charles continua d’avancer avec la sensation d’être de plus en plus en train de s’enfoncer juste en caleçon dans une eau aussi glaciale que celle des deux pôles alors qu’il suffisait sans doute de laisser le temps à son corps de s’adapter à la température de l’eau.

C’était définitif, il se devait véritablement d’arrêter l’alcool et ces folies. Qu’est-ce qui avait pu lui passer par la tête en lui proposant un bain de minuit alors que l’eau était aussi froide ? Charles allait finir par faire une hypothermie ou alors Ashton passerait par là avant lui étant plus frêle que lui ce qui le confortait dans le fait que l’un comme l’autre étaient complètement fous de s’être lancés en direction de l’eau. Pourtant, il était incapable de faire disparaître le sourire amusé qui étirait ses lèvres tandis qu’il continuait d’avancer dans l’eau en serrant par moment la mâchoire comme si ça allait l’aider à avoir moins froid. Il regrettait déjà sa chemise et son jean qui l’attendaient bien sagement sur le sable de la plage de Coney Island, mais Charles refusait de se dégonfler, pas alors que c’était lui qui avait lancé l’idée et au moins ça avait l’effet de lui remettre un tant soit peu les idées en place. « C'est froid c'est froid c'est froid c'est froid c'est ... ». L’écossais était parfaitement d’accord, c’était même encore pire que froid, c’était glacial et tout son corps était parcouru de nombreux frissons à chaque fois qu’une vague venait s’abattre sur sa peau, mais il ne lâcha pas la main d’Ashton pour se donner encore plus de courage et ne pas repartir en courant sur la plage, du moins jusqu’à ce que la jeune femme ne le lâche pour se glisser totalement dans l’eau. Par moment, il avait tendance à oublier sa taille et donc que la jeune texane à ses côtés devait affronter le froid d’autant plus vite que lui. Charles se serait bien donner une claque – qui d’ailleurs l’aurait sans doute réchauffé pendant un court laps de temps – à cette pensée, mais il n’en fit rien et continua de lutter contre le froid de l’eau en se tournant vers Ashton.

« Je confirme, elle existe, et on est en plein dedans... La fin de Titanic prend tout son sens, maintenant. ». Ne pouvant s’empêcher de laisser échapper un léger rire, Charles serra les poings et se baissa petit à petit en grimaçant alors que l’eau froide recouvrait de plus en plus son corps et le jeune homme ne s’arrêta qu’une fois l’eau au niveau de son cou et regarda Ashton nager. Peut-être aurait-il était mieux d’en faire de même pour se donner chaud et pour s’habituer plus rapidement à la température, mais il en était incapable, c’était encore plus froid que le lac dans lequel il avait sauté âgé de sept ans, ce fameux lac où il avait failli se noyer d’ailleurs. Profitant finalement d’un excès de courage, Charles plongea la tête la première dans l’une des vagues qui venait dans sa direction et se redressa quasiment aussitôt en grognant, cette idée était aussi mauvaise que celle du bain de minuit. Le jeune homme se tourna sur lui-même, fronçant légèrement les sourcils à la recherche d’Ashton et il se sentit immédiatement soulagé de la voir le rejoindre en nageant, son sourire parlant largement pour lui. « Au fait, on prend nos quartiers quand ? ». Son regard posé sur le visage de la jeune femme, le jeune homme se rapprocha doucement tout en remarquant le fait qu’il commençait enfin à s’habituer au froid. « Attends … ». L’infirmier approcha doucement sa main du visage d’Ashton et dégagea tout aussi délicatement l’une de ses mèches rousse qui lui barrait le visage et qu’il replaça derrière son oreille. « C’est mieux non ? Et pour l’emménagement, laisse-moi juste le temps de régler quelques petites choses et ça sera bon … ça ne devrait pas prendre trop de temps. ».

Le froid ne semblait plus être ce qui le dérangeait. Son corps s’était habitué à la température de l’eau bien plus rapidement qu’il ne l’aurait imaginé laissant ainsi de côté la perspective de finir comme Jack Dawson à la fin de Titanic. Charles en oubliait presque le regret d’avoir été dans l’eau si tard. Il profitait du moment présent. Il oubliait ce à quoi il devait s’attendre dans un futur proche et se rappelait que même s’il avait dû passer par des épreuves difficiles au cours de sa vie il n’en restait pas moins jeune avec une grande perspective d’avenir devant lui. Il refusait de penser au fait qu’il risquait de tomber au front, il y avait déjà bien trop réfléchi en laissant l’alcool affluer dans ses veines, maintenant il devait se contenter de savourer les petits moments que lui offrait la vie. Il appréciait passer du temps avec Ashton, pas uniquement parce qu’il avait toujours ce besoin de s’assurer qu’elle allait bien depuis qu’il l’avait rencontré, pas uniquement parce qu’elle le faisait sourire et rire plus naturellement que n’importe quelle autre personne, mais parce qu’il se sentait comme pousser des ailes dans le dos à chaque fois qu’il était en sa présence. Peut-être que son état d’ébriété était ce qui le poussait à penser ainsi, mais il s’en moquait et avait la sensation d’ouvrir les yeux sur quelque chose auquel il n’avait pas voulu croire jusqu’à présent.

Il tenait à Ashton, il n’avait pas mis de temps à le montrer de par son inquiétude, mais la voir ainsi, aussi naturellement à sourire et à rire en oubliant ce par quoi elle pouvait passer depuis la naissance de ses enfants lui faisait réaliser combien il avait pu s’attacher si rapidement. Charles était ainsi. Peut-être jugeait-il un peu trop vite les gens, mais il avait toujours été capable de décrypter la personnalité d’une personne sans pour autant avoir à passer énormément de temps avec cette dernière. Concernant la jeune femme devant lui, le fait d’avoir passé plusieurs semaines à ses côtés à parler de tout et de rien lui avait permis d’avoir la confirmation de ce qu’il avait pensé dès le début : derrière ses allures de jeune femme forte se cachait une personne au grand cœur et dotée d’un petit grain de folie qui avait rapidement fait son effet chez l’écossais. Le jeune homme essayait d’être le moins brusque possible avec elle. La dernière chose qu’il souhaitait était de voir Ashton se braquer, pas alors qu’il s’attachait à elle. Son geste, il hésita à l’effectuer de crainte d’en faire un peu trop seulement ça avait été plus fort que lui et un petit sourire satisfait avait étiré ses lèvres lorsqu’il avait replacé la mèche derrière l’oreille d’Ashton sans dévier son regard du sien. Le froid de l’eau n’avait plus aucune importance durant ce moment, Charles ne prêtait attention qu’à la jolie texane devant lui et le reste il l’avait occulté. Ce moment fut uniquement brisé par le mouvement soudain d’Ashton qui s’appuya sur lui sans qu’il ne comprenne ce qu’il se passait, fronçant légèrement les sourcils en tentant de deviner ce qui lui prenait.

« Crampe, crampe... ». Comme s’il redescendait enfin sur terre, le jeune homme l’aida à se maintenir quelques instants avant de juger nécessaire de la sortir de l’eau au risque d’empirer les choses à rester là. Sans rien dire, Charles passa un bras autour du buste d’Ashton et se pencha en avant pour chercher dans l’eau les jambes de la jeune femme, passant son autre bras sous ses genoux pour la porter contre lui et se diriger vers la plage. Silencieux et pressant le pas malgré le froid qui vint lui mordre la peau avec une rapidité affolante, il rejoignit l’endroit où ils avaient laissé leurs vêtements et la posa délicatement sur le sable et prit place près de sa jambe. « Je m’en occupe, mais toi tu ne touches pas à cette bouteille. ». Un large sourire amusé étira le coin de ses lèvres. Charles secoua légèrement la tête sans pouvoir contenir son rire, affecté par le fou rire qui venait de toucher la jeune femme. Son attention se porta du mieux qu’il le put sur la jambe d’Ashton où il effectua quelques pressions jusqu’à trouver l’endroit exact de sa crampe et entreprit dès lors de la masser pour la faire disparaître. « Je me demande comment tu vas survivre une fois que … ». L’infirmer cessa brusquement de parler et continua malgré tout son massage en levant les yeux vers Ashton comme pour lui demander pardon de s’être risqué à nouveau sur ce sujet alors qu’ils avaient réussi à retrouver un tant soit peu de joie.

C’était à croire qu’il n’avait que ça en tête ces derniers temps et que malgré les efforts qu’il pouvait faire pour ne pas y penser, son cerveau s’efforçait de lui rappeler qu’il allait partir, qu’il le veuille ou non s’il ne trouvait pas un moyen d’y échapper. Plus le temps passait depuis qu’il avait fait part à Ashton de son idée et plus son envie d’aller en faire part au Général de Fort Hamilton s’imposait à lui comme une évidence. C’était la seule solution envisageable qui lui donnerait du temps, assez pour ne pas avoir à craindre tous les soirs d’avoir à se réveiller en pleine nuit après un énième cauchemar. Charles n’avait pas terminé ses études de médecine et il savait qu’ainsi il avait même plusieurs petites années pour être tranquille et faire taire sa crainte à moins que le monde n’entre dans une telle guerre que même les réservistes seraient appelés pour défendre leur pays. Oui, c’était ce qu’il devait faire et l’écossais ne tarda pas à se mettre cette idée dans la tête et se laissa emporter par le fou rire qui avait pris Ashton quelques instants plus tôt. C’était nerveux et pourtant il était incapable de s’arrêter tandis qu’il continuait de masser le tibia de la jeune femme pour faire disparaitre une bonne fois pour toute sa crampe. Il n’avait pas la moindre idée de si oui ou non sa requête allait être acceptée, mais le fait de se persuadée que c’était la meilleure chose à faire semblait faire disparaître ce poids qu’il avait sur les épaules et rire fut comme un grand soulagement.

Malgré le peu de concentration dont il pouvait faire preuve tout d’un coup, Charles parvint tout de même à faire deux choses à la fois avant tout grâce à l’habitude d’avoir à gérer plusieurs patients à la fois, ce qu’il avait appris lors de son premier déploiement et son fou rire ne l’arrêta donc pas dans son geste même s’il fit de son mieux pour se calmer, secouant légèrement la tête sans pour autant se séparer de son sourire. « Pardon. ». Il doutait qu’Ashton comprenne ce qui avait pu autant le faire rire d’un coup alors que le sujet qu’il venait d’aborder était loin d’être joyeux, qu’il était même le pire de tous ceux qu’il avait à aborder ces derniers temps. Tâchant donc de reprendre son sérieux, Charles soupira un bon coup et garda les yeux posés sur la jeune femme, ses mains toujours en mouvements. « Je sais pas... J'ai pas envie que tu partes... ». Cette fois, il cessa son massage et fronça légèrement les sourcils, incapable de savoir ce qu’il devait répondre ou non à ce qu’elle venait de dire. Le mieux était sans doute de garder le silence, ce qu’il fit pour finalement détourner le regard vers son tibia en reprenant ces massages. Entendre la jeune femme lui faire part du fait qu’elle ne voulait pas qu’il parte lui avait fait tout drôle. Son fou rire lui semblait bien loin à présent et Charles n’arrivait pas à ôter ces paroles de son esprit, se sentant plus coupable que jamais à l’idée de partir.

« Surtout si je viens vivre ici, et que c'est toi qui fait à manger. Tes pâtes, là, j'attends toujours de les goûter ! ». Charles pouffa sans pour autant lever la tête. C’est vrai qu’il lui avait parlé de ses rares talents en cuisine qui touchaient avant tout la cuisine italienne pour avoir des origines lui provenant du côté de son père. « Si tu pars, on va mourir de faim. ». Le jeune homme leva enfin la tête et arqua un sourcil. Il laissa de côté son sérieux pour laisser l’amusement l’envahir à nouveau. Prenant tout de même le temps de s’assoir de façon plus confortable sur le sable, il mit la jambe d’Ashton sur la sienne de sorte à continuer son massage et leva les yeux vers elle. « Ravi d’entendre que je serais utile à quelque chose mais si je dois t’avouer que je suis déçu d’apprendre que seule ma cuisine te manquera … ». Il appuya ses mots par un sourire, loin d’être sérieux avant de reprendre. « Ton tibia, ça va mieux ou je continue ? ». L’infirmier laissa ses mains poser dessus avant de se pencher en arrière pour attraper le premier vêtement qui lui tomba sous la main – en l’occurrence sa chemise – qu’il lança ensuite à Ashton. « Enfile ça, si t’es malade à cause de moi je m’en voudrais … et je tiens pas à ce que ta sœur ait des doutes sur moi. ». Il aurait tout aussi bien s’assurer de lui rendre son haut, mais sa chemise lui semblait être bien mieux et surtout bien plus grande pour pouvoir la recouvrir entièrement jusqu’à ce qu’ils décident de rentrer.

L’entendre rire lui faisait à chaque fois le plus grand bien. C’était comme si la voir heureuse lui permettait également de l’être, comme si depuis qu’il la connaissait il était devenu dépendant des émotions qui l’envahissaient. Il préférait la voir ainsi plutôt que de l’imaginer se torturer l’esprit dans sa maison et ce même si elle avait ses enfants qui lui prenaient du temps et la présence de sa sœur pour tenter de tenir un tant soit peu le coup. Charles s’évertuait toujours à faire en sorte qu’elle oublie un minimum sa douleur à défaut de pouvoir occulter totalement le souvenir de Xander qui devait probablement hanter chacune des pièces de la maison qu’ils avaient pris tous les deux. Ce soir plus que n’importe quel autre soir il avait tout donné pour elle avec tellement de facilité et de naturel qu’à bien y penser il était lui-même déconcerté de voir combien il pouvait se plier en quatre pour elle. Cependant, il était loin de considérer ça comme difficile, c’était toujours un plaisir puisqu’à chaque fois il voyait un sourire étirer les lèvres d’Ashton ce qui était aux yeux de l’infirmier la meilleure des récompenses, aucun doute là-dessus. « Tu peux continuer. ». D’un geste de la tête, l’écossais acquiesça et effectua à nouveau ses massages au niveau du tibia d’Ashton sans pour autant détourner son regard cette dernière. Il appréciait ces moments simples, ces moments où plus rien ne semblait compter hormis l’instant présent, hormis eux deux et ce lien qui s’était rapidement tissé entre eux.

Sa présence lui était devenue essentielle si bien qu’il craignait aussi de la laisser derrière lui bien que Charles s’évertuait une nouvelle fois de ne pas y penser, mais malheureusement c’était plus fort que lui. Cependant, il n’en laissa rien voir et continua de lui adresser un léger sourire en continuant de faire pression sur le tibia de la jeune femme pour faire disparaitre toutes traces de la crampe qui l’avait gagné lors de leur petit moment de folie. « Merci. Et tu sais, je crois qu'elle est pas loin de te construire un autel, alors t'as pas grand chose à craindre de son côté. ». Charles pouffa bien malgré lui. Il était vrai que voir une personne lui dresser un autel était flatteur, mais il ne pouvait pas s’empêcher de trouver ça quelque peu étrange sur les bords même s’il ne doutait pas une seule minute que Logan soit capable de le faire. En plus de s’attacher à la jeune femme près de lui, l’infirmier devait reconnaitre qu’il appréciait énormément sa jumelle qui en peu de temps était devenu une véritable allier pour ce qui était d’aider Ashton à tenir le coup dans ce qu’elle pouvait traverser dernièrement. « Il y a beaucoup plus que ta cuisine qui me manquera, hein... Tes massages aussi, sûrement. ». N’arrêtant pas ces derniers, Charles baissa les yeux vers la jambe d’Ashton toujours aussi amusé, mais également touché par ses paroles qu’il savait sincères en plus d’être faites pour détendre l’atmosphère. « Tu sais que c'est grâce à toi que je suis comme ça, ce soir ? Depuis la naissances des petits, c'est toi qui m'empêche de sombrer... Sincèrement, même moi je m'étonne de ce que tu arrives à faire... juste en étant là. ».

L’écossais releva doucement la tête et cessa ses massages pour poser les yeux sur Ashton et se concentrer uniquement sur elle. Il la regarda en silence, incapable de dire quoi que ce soit, uniquement touché par ses paroles et le fait d’être capable de l’aider à ce point alors qu’il tentait uniquement d’être une personne sur qui elle pouvait se reposer. Charles ouvrit la bouche sur le point de dire quelque chose qu’il espérait être brillant lorsque des pas derrière lui attirèrent son attention. « T’étais … Vous étiez là. ». Pas plus gêné que ça de se trouver en caleçon tandis qu’Ashton portait sa chemise, Charles leva la tête vers la jeune femme qui venait tout juste d’arriver et ne put être qu’amusé par l’air surpris qui apparut sur son visage. « Ne vous faites pas de fausses idées lieutenant. », la taquina-t-il tandis qu’elle croisait les bras contre sa poitrine en regardant tour à tour Ashton et Charles. « Moui … je garderais ça pour moi on va dire … Je dois y aller, je préfère éviter de faire scandale avec mon adorable sœur et mon adorable père dans le coin. ». Sur ces mots, Loan les salua et rebroussa chemin en les laissant à nouveau seuls. Charles posa son regard sur Ashton et effectua quelques derniers massages sur son tibia qu’il déposa délicatement sur le sable pour ensuite se relever et aider Ashton à se mettre debout. « Je crois que ton absence va finir par se faire sentir maintenant. ». Charles attrapa les vêtements qui se trouvaient non loin d’eux et tendit ceux d’Ashton à la jeune femme en l’échangeant avec sa chemise qu’il remit ainsi que son jean attendant bien sagement qu’elle soit prête pour regagner la maison où, il l’espérait, personne n’aurait remarqué leur petite escapade.