ASHTON & CHARLES ❝ last friday night ❞

Le réveil avait été dur … pire que ça à vrai dire et pourtant il s’était levé bien à contre cœur. Les évènements de la veille s’étaient bousculés dans son esprit au moment même où le sommeil l’avait abandonné pour laisser les rayons du soleil qui traversaient les rideaux de sa chambre éclairer cette dernière et l’empêcher de dormir plus longtemps. Une main dépassant du matelas et pendant dans le vide, Charles lâcha un soupire et lutta pour ouvrir les yeux sans être immédiatement ébloui par la lumière du jour … peine perdu. Dans un léger grognement il se redressa lentement sur son lit, passa une main sur son visage pour tenter de se réveiller un peu plus et mit ses cheveux bruns plus en bataille qu’ils ne pouvaient déjà l’être. Il avait mal partout et à en croire le bord près duquel il avait dormi, il n’avait que très peu bougé dans la nuit se contentant que d’une petite place pour éviter de déranger Ashton. Ashton … en se rappelant la jeune femme, l’écossais tourna brusquement la tête vers l’autre côté du lit et la vit dormir toujours aussi paisiblement enveloppée du drap qui s’arrêtait juste au-dessus de sa poitrine.

Ses sourcils se froncèrent légèrement tandis qu’il se força à se remémorer les évènements qui les avaient conduit tous les deux dans sa chambre et qui pourraient sans doute expliquer la raison pour laquelle le soutien-gorge de la jeune femme se trouvait un peu plus loin et non pas sur elle, mais rien. Son caleçon était toujours là où il était supposé être ce qui le rassura immédiatement, non pas qu’il ne trouve pas Ashton désirable mais si jamais il était censé se passer quelque chose de plus entre eux, Charles espérait bien que ça ne serait pas avec trop d’alcool dans le sang et avec des souvenirs lui manquant le lendemain. De nouveau, l’infirmier passa une main sur son visage et parvint à se convaincre qu’il ne s’était rien passé et que l’un comme l’autre s’était contenté de dormir ensemble dans le même lit sans que rien d’autre d’étrange ne soit venu se mêler à leur situation. Charles se leva doucement du lit et fit le moins de bruits possible pour ne pas la réveiller et s’empressa d’attraper un pantalon de jogging et un tee-shirt dans son armoire qu’il enfila en sautillant d’une jambe sur une autre dans le couloir tandis qu’il se rendait en direction de la cuisine. Un café, voilà ce dont il avait besoin, un café bien noir de préférence histoire de pleinement se réveiller.

Parvenant à éviter les quelques cartons qui furent sur son passage, Charles rejoignit sans trop de mal la cuisine et continua d’être aussi silencieux que possible en préparant son café, maudissant le micro-onde lorsque la minute fut écoulée et que la sonnerie le fit comprendre à tout le monde sans le moindre problème. Le jeune homme attrapa sa tasse et la posa sur l’un des plans de travail avant de rejoindre le réfrigérateur d’où il sortit une brique de lait pour en verser son contenu dans sa tasse préférant finalement éviter le café trop corsé qu’il avait tendance à préparer. « Salut. ». Apparemment il y avait encore plus discret que lui. Charles ne l’avait même pas entendu descendre les escaliers et encore moins rejoindre la cuisine. Il reboucha rapidement sa brique, attrapa sa tasse et fit face à Ashton en lui adressant un léger sourire. « Salut … très jolie chemise. » dit-il en montrant cette dernière avec sa tasse, un sourire amusé étirant un peu plus ses lèvres. Contrairement à Ashton, Charles ne semblait éprouver aucune gêne sans doute parce qu’il avait fini pas être certain qu’il ne s’était rien passé entre dans la nuit et qu’ils s’étaient contentés de s’effondrer sur le lit quasiment ivre morts. « Bien dormi ? Oh … et tu veux que je te prépare quelque chose peut-être ? ». Sans même prendre le temps de boire ne serait-ce qu’une petite gorgée de son café, il la posa derrière lui et s’approcha d’Ashton prêt à répondre au moindre de ses désirs dans la mesure du possible.

Certains souvenirs de la vieille restaient flous, mais Charles était persuadé de se souvenir de la grande majorité. L’alcool avait été pendant une période une alliée contre les cauchemars qu’il n’avait cessé de faire lors de son premier déploiement en Afghanistan. Par moment le jeune homme avait même l’impression qu’à force d’avoir bu autant par le passé, les effets de cet alcool qui devenait rapidement addictif se dissipaient sur lui bien plus vite que sur les autres personnes et si ça lui permettait d’être sûr de ne pas avoir fait d’erreur ce n’était pas un détail sur lequel il allait cracher. Pourtant, en se réveillant il n’avait été sûr de rien hormis du fait qu’il avait bel et bien dormi en compagnie d’Ashton puisque cette dernière se trouvait allongée à ses côtés toutefois il restait persuadé que rien ne s’était produit, il se souvenait juste de s’être couché et … c’était à peu près tout d’ailleurs. Charles doutait de parvenir à se souvenir d’autre chose de bon matin – même s’il avait la sensation que midi était passé – bien que cette certitude n’était pas prête de le quitter.

Il se devait de croire qu’ils n’avaient rien fait, il tenait bien trop à ce lien fort qui l’unissait à Ashton pour le voir se briser par une erreur qu’ils auraient pu commettre sous l’effet de l’alcool la veille, une erreur ou simplement d’avoir un peu trop – beaucoup trop – précipité les choses. L’écossais cessa toutefois de penser à tout ça en entendant la voix de la texane s’élever dans la cuisine et ce fut aussi naturel que dans n’importe quelle autre situation qui lui fit face, amusée de la voir à nouveau porter une de ses chemises comme lorsqu’il lui avait passé la sienne sur la plage et qui pendait toujours quelque part dans sa chambre. L’infirmier évita tout de même de la fixer trop longtemps, pas par gêne pour lui, mais bien pour elle même s’il ignorait ce qui le poussait à penser qu’elle serait gênée qu’il la voit ainsi peu vêtue alors que la veille ses sous-vêtements étaient la seule chose qui avaient recouvert sa peau, tout comme lui d’ailleurs. « Hm, la même chose ? ». Charles acquiesça silencieusement et lui tourna rapidement le dos pour chercher dans l’un des placards derrière lui une tasse, se bénissant de s’être occupé de ranger la vaisselle en tout premier lieu dans les débuts de l’emménagement avec Omisha. Se pressant à la tâche, il remplit un tant soit peu la tasse de café et effectua les mêmes gestes que quelques minutes auparavant rejoignant ainsi le micro-onde pour le faire chauffer.

« Et quelque chose pour le mal de tête, si t'as... ». Le jeune homme se tourna vers Ashton tandis qu’il lançait la cuisson et ne put s’empêcher de sourire, amusé de la voir aussi peu dans son assiette. Il était vraiment heureux de ne pas être autant touché par l’alcool qu’il avait pu l’être pas le passé. « Je vais te chercher ça. ». Ceci dit, il sortit de la cuisine après être passé près d’elle, rejoignit la salle de bain du bas et fouilla dans les quelques cartons qu’il n’avait pas encore vidé et en sortit une boite d’aspirine qu’il remporta avec lui pour la déposer devant Ashton avant de s’occuper à nouveau du café qu’il lui préparait. « Bien dormi... Oui. ». Nouveau petit sourire et il s’occupa d’ajouter un peu de lait dans la tasse de la jeune femme avant de ranger une bonne fois pour toute la brique à sa place. « J'imagine... ». Étant donné le silence qui régnait dans la cuisine – et dans toute la maison à vrai dire – Charles n’eut aucun mal à entendre la suite et fronça légèrement les sourcils tandis qu’il déposait la tasse devant elle. « Laisse-moi deviner … aucun souvenir de la veille. », demanda-t-il en attrapant sa tasse pour se mettre face à elle, uniquement séparés par le plan de travail devant eux.

Hormis la veille, Charles n’avait jamais vu boire Ashton et pour cette raison il ne pouvait pas savoir si les effets de ce dernier la touchaient aussi peu que lui ou si c’était l’inverse. Toutefois à en croire la migraine qui semblait s’en prendre à elle, l’écossais eu tout de même un semblant de réponse. Si lui avait lutté dès le réveil pour tenter de se souvenir de ce qu’il s’était passé – ou non – la veille entre eux deux, elle ne semblait se souvenir de rien. Même encore maintenant qu’il était bien réveillé le jeune homme éprouvait quelques difficultés à se souvenir de tout. Il avait beau fouiller dans sa mémoire encore et encore, la seule chose dont il se souvenait était d’être allé se coucher plus épuisé que jamais et le reste étaient totalement flous. Il espérait sincèrement que le café qu’il s’était préparé allait un tant soit peu l’aider à se souvenir même si tout restait vague. Cependant, il restait persuadé de n’avoir rien fait même s’il continuait de se demander la raison qui aurait pu pousser Ashton à se débarrasser de son soutien-gorge, une question qui n’était malheureusement pas prête de quitter son esprit. Cependant, l’infirmier se concentra autant qu’il le put sur autre chose, s’appliquant à répondre au moindre de ses désirs pour ne pas trop avoir à se poser de questions.

Néanmoins, le fait d’avoir senti Ashton douter de ses propres paroles éveillèrent sa curiosité. Si elle non plus n’avait pas la moindre idée de ce qui avait pu se passer ou non entre eux ça risquait de créer une certaine gêne entre eux, une gêne dont le jeune homme ne voulait pas le moins du monde mais contre laquelle il doutait d’être capable de lutter. Son regard toujours posé sur la jeune femme, il porta sa tasse à ses lèvres et bu quelques gorgées de son café en regrettant que les effets de la caféine ne soient pas immédiats. Silencieux, il profita du temps d’attente vis-à-vis de la réponse d’Ashton pour reposer sa tasse sur le plan de travail et étirer ses bras comme pour se réveiller un peu plus d’autant qu’il avait toujours mal partout ce qui l’inquiétait sur ce qui aurait pu se passer cette nuit. « Si, si, je me souviens de quelques trucs... je crois. ». L’infirmier ne put cacher son air suspicieux juste avant qu’un petit sourire amusé n’étire ses lèvres. Il n’y avait rien d’amusant dans toute cette histoire, loin de là mais pour sa défense Charles était loin d’être totalement réveillé et faire face à la jeune femme qui ne semblait pas être certaine de se souvenir de tout l’amusait. « C'était une soirée... plutôt folle. ».

Le jeune homme haussa les sourcils pour lui confirmer que ça avait bien été le cas. Encore maintenant il se demandait ce qui avait pu lui prendre de lui proposer un bain de minuit et surtout d’être allé au bout de cette proposition alors que l’eau avait été clairement glaciale ce dont il se souvenait parfaitement. « Est-ce que j'ai rêvé que tu me demandais de venir vivre ici avec les petits ou ... ? ». Charles baissa la tête en souriant avant de pouffer discrètement. Ce n’était pas vraiment le genre de question à laquelle il s’attendait, mais au moins ça affirmait le fait qu’Ashton avait une vision assez floue de la veille. L’écossais releva doucement la tête pour poser son regard bleu sur la jeune femme, toujours souriant. « Tu n’as pas rêvé, je te l’ai bien proposé. Tu n’as rêvé non plus du moment où on a affronté l’eau froide, mais ça je pense que les preuves dans tes cheveux parlent pour moi. ». Le sable était une vraie horreur et maintenant qu’il y pensait, il comprenait mieux la raison pour laquelle son cuir chevelu le grattait autant depuis qu’il s’était levé. « Par contre, même si je suis persuadé qu’il ne s’est rien produit de … hm … d’autre, une fois couché j’ai aucune idée de ce qui s’est passé … ». Charles ignorait s’il avait dit ça pour prendre de l’avance sur une prochaine question de la part de la texane ou si c’était pour s’en convaincre lui-même. Ne pouvant s’empêcher de légèrement grimacer, il porta sa tasse à ses lèvres comme pour cacher cette gêne qui venait tout juste de le gagner.

tu m'as dis de te faire de la merde tous les jours, je fais

Ce qu’il aurait aimé être capable de forcer sa mémoire ne serait-ce qu’à l’aide du café qu’il était en train de boire ça lui aurait facilité bien des choses et lui aurait également permis de faire disparaitre une bonne fois pour toute cette gêne qui lui nouait l’estomac. Pourtant, face à Ashton l’infirmier s’efforçait de paraître aussi neutre que possible pour ne pas l’inquiéter quitte à véritablement lui faire croire qu’il ne s’était rien passé alors qu’il n’en avait pas la moindre idée. « Hm. ». L’écossais revint à lui, posa son regard sur la jeune femme et tenta un sourire pour apaiser la situation.

Il aurait voulu être capable d’ajouter autre chose pour qu’ils oublient ou passent à autre chose, mais il ne voyait pas et son cerveau était encore bien trop embrumé pour qu’il en soit capable. « On devait sûrement être super fatigués... ». Il acquiesça, incapable de trouver autre chose à dire. Oui, ça devait être ça, ils devaient être tellement fatigués qu’ils s’étaient écroulés dans son lit et que c’était uniquement pour cette raison qu’ils ne se souvenaient de rien, parce que de toute manière il n’y avait rien à se souvenir puisqu’ils avaient juste dormi. Charles tenta de s’en convaincre le plus possible, mais il ne parvenait pas à faire cette sensation qu’il y avait plus et la frustration le gagna bien vite face au fait qu’il était incapable de mettre le doigt sur la raison de la présence de cette impression en lui. « Et, tu vas sûrement trouver ça bizarre que j'ai pas demandé ça avant mais... Tu sais où sont les jumeaux ? ». Ses sourcils se froncèrent légèrement. Les jumeaux … il était tellement concentré sur ce qui avait pu ou non se passer qu’il les avait lui-même oublié et pourtant il n’était pas inquiet, persuadé qu’avec le monde qu’il y avait la veille chez lui quelqu’un avait dû s’occuper de Rose et Wyatt pour Ashton. Toutefois, il sentit une certaine angoisse le gagner et il regarda autour de lui comme si les deux petites têtes allaient se montrer comme par magie.

« Ah, je crois que je sais. ». Son regard se posa alors sur le bout de papier que la jeune femme tenait sur entre ses doigts et sans même qu’elle ait besoin de lui dire, il devina qui avait rédigé ce mot. « Logan a les petits... Elle dit qu'on dormait tellement bien que personne a voulu nous réveiller... ». Bien que soulagé de savoir les petits avec l’une de leur tante, la suite du mot de la jeune femme força l’infirmer à essayer de se souvenir une nouvelle fois ce qui avait pu se passer la nuit précédente. Puis, face au rire nerveux d’Ashton, Charles ne put s’empêcher de sourire. C’était quasiment aussi contagieux que sur la plage et comme la veille il n’avait pas la moindre idée de la raison qui la poussait à rire d’un coup et pourtant il ne pouvait pas s’empêcher de sourire encore et toujours. « Il semblerait qu’elle fasse son possible pour qu’on finisse tous les deux … ». Charles fronça légèrement les sourcils prenant seulement conscience du fait que déjà depuis un petit moment la jumelle d’Ashton s’efforçait de les pousser l’un vers l’autre. « Oh … et je viens seulement de comprendre pourquoi. ». Finalement, peut-être réfléchissait-il plus que d’habitude lorsqu’il venait de se lever ou alors c’était le fait d’avoir été pas mal occupé ces derniers temps au point d’être incapable de comprendre ce que faisait Logan. Charles secoua sa tête de gauche à droite. « Hm … bref. Ça commence à aller mieux ta tête ? ». Il fallait à tout prix qu’il change de sujet, ni Ashton ni lui n’avaient besoin d’ajouter plus de gêne à la situation actuelle.

Charles se révélait parfois très lent pour ce qui s’agissait de saisir les choses. Malgré l’intelligence dont il avait toujours su faire preuve – mais dont il ne parlait jamais – certaines choses lui échappaient parfois et lorsqu’il les saisissait enfin le jeune homme se sentait plus idiot que jamais, comme à cet instant bien précis. Il n’avait jamais cherché à comprendre ce qui pouvait pousser Logan à faire en sorte qu’Ashton et lui soient si souvent tous les deux. A ses yeux la jeune femme respectait avant tout l’intimité dont avait besoin sa jumelle pour se confier à lui ou alors s’occupait des jumeaux par simple plaisir – ce qui était sans doute le cas. Jamais jusqu’alors il n’avait compris ce que la jeune texane pouvait avoir derrière la tête et puisque l’idée qu’il y ait plus entre lui et Ashton lui avait très rarement traversé l’esprit se doutant qu’il était encore trop tôt pour elle de passer à autre chose, Charles n’avait jamais remarqué qu’en réalité Logan les poussait de sorte à ce qu’ils deviennent rapidement plus que de simples amis. Son café devint subitement très intéressant et bien moins gênant que toute cette situation. La veille il n’aurait pas pensé que tout pourrait tourner ainsi et qu’il aurait à nouveau à lutter contre les trous noirs comme lorsqu’il était revenu d’Afghanistan et qu’il avait passé la plus grande partie de son temps à se rendre ivre mort dans le premier bar qui croisait sa route. « Un peu mieux, oui, merci. ». L’écossais lui adressa finalement un sourire en reposant sa tasse sur le plan de travail, heureux de l’entendre. Il se sentait coupable.

Après tout c’est lui qui avait eu la mauvaise idée d’embarquer la bouteille de vodka avec eux lorsqu’ils étaient partis sur la plage et quelque part c’était lui qui l’avait plus ou moins forcé à boire autant. C’était à nouveau une preuve que, par moment, le jeune homme agissait avant de réfléchir, une mauvaise habitude qu’il devait à cette impulsivité qui l’avait caractérisé pendant des années avant qu’il tâche de travailler un peu ce mauvais côté de sa personnalité qui avait manqué de lui coûter la vie à tout juste sept ans. « Je réfléchirais deux fois à la boisson, à la prochaine soirée. ». Amusé bien malgré lui, Charles pouffa et termina son café allant rapidement mettre sa tasse dans l’évier, se persuadant que pour une fois il n’allait pas oublier de faire la vaisselle même si l’idée de laver tous les verres qui se trouvaient ici et là le démoralisait d’avance. « Et toi, qu'est-ce que t'es, un guerrier ? On dirait que t'as dormi douze heures et que t'as pas bu une goutte d'alcool, je trouve ça plutôt injuste. ». L’infirmier se tourna à nouveau en direction d’Ashton d’abord souriant, puis petit à petit son sourire s’effaça tandis qu’il baissait la tête, à présent honteux. « C’est moins glorieux que ce qu’on peut penser. », avoua-t-il en levant la tête vers elle, une moue honteuse prenant place sur son visage. « C’est pas la première fois que je pars en Afghanistan. Lors de mon premier retour j’ai pensé que chasser les images que j’avais en tête avec des verres d’alcool serait efficace, comme quoi on peut être infirmier et pas particulièrement malin. ». Charles passa nerveusement une main dans sa nuque, massant cette dernière sans oser croiser le regard d’Ashton, c’était bien la première fois qu’il parlait volontairement de cette période … à quelqu’un autre que son psychologue au sein de l’armée.

Depuis cette mauvaise période il avait été convenu que Charles éviterait de toucher le plus possible à l’alcool tout comme il éviterait de mettre les pieds dans un bar sauf s’il s’agissait de prendre une boisson non-alcoolisée. L’écossais tenait bon depuis deux ans, deux ans qu’il ne touchait quasiment plus à l’alcool en étant même venu à craindre chaque bouteille qui croisait sa route à croire qu’elle allait le mordre. Il était plutôt fier de lui sur ce point et évitait les trous noirs comme il avait pu en avoir par le passé ou les réveils avec de bonnes migraines carabinées auxquelles il n’était jamais parvenu à s’habituer et ce malgré toutes les cuites qu’il avait pu prendre en deux ans. Toutefois, la veille il savait qu’il y était allé un peu fort. Il avait bu bien trop pour un seul soir et il savait pertinemment que certaines gorgées qu’il avait pu avaler étaient avant tout dû à sa crainte de repartir dans quelques mois. Charles n’arrivait toujours pas à se faire à cette idée même si cette fois il était parvenu à se convaincre de donner sa proposition à ses supérieurs bien qu’il devait surtout croiser les doigts pour espérer que cette dernière soit acceptée. « C'est compréhensible... ». Le jeune homme n’osa toujours pas lever la tête vers Ashton.

Cet aveu lui semblait trop honteux, à croire qu’il tenait plus que tout à ce que l’on croit qu’il ne faisait jamais d’erreurs ce qui était pourtant loin d’être le cas lorsqu’on le connaissait assez bien pour le savoir. Il possédait un passé dont il n’était que très peu fier mais vivait toutefois avec. Néanmoins il s’agissait de ses démons, ceux contre qui il s’efforçait de se battre depuis des années et il n’avait jamais eu l’envie de les partager de crainte de faire fuir les personnes autour de lui et, aujourd’hui, de faire fuir Ashton. Pourtant, il n’y avait pas de quoi avoir honte, sa psychologue le lui avait assez répété, mais il était ainsi toujours persuadé que ses erreurs étaient honteuses et ce depuis qu’il s’était convaincu que sa presque noyade était la raison du divorce de ses parents et, par extension, qu’il était coupable. Charles s’appliqua donc à continuer de fuir le regard de la texane et fixa pendant un long moment le plan de travail devant lui. « T'as dû voir, et vivre des choses horribles... ». A peine l’eut-elle dit que certains souvenirs lui revinrent en flashs aussi violents que des gifles. Il essayait d’y penser le moins possible mais ses nuits étaient devenues de plus en plus agitées à l’idée de repartir et à présent qu’il y pensait l’infirmer était bien obligé d’admettre que la nuit précédente était la plus calme depuis longtemps.

« Et puis, regarde... Maintenant, tu supportes mieux l'alcool, et il me semble bien que ça m'a sauvé la vie hier, j'aurais pu me noyer, et j'avais beaucoup trop bu pour m'en sortir toute seule. ». Touché par le fait qu’Ashton tentait de rendre cet aveu moins honteux, il osa enfin relever la tête et posa les yeux sur elle. Le sourire qui naquit au coin de ses lèvres était pour la remercier de ce qu’elle venait de faire, du fait de tenter de donner une autre valeur à cet alcoolisme qui avait pu être le sien par le passé. « Ivre ou non je ne t’aurais jamais laissé te noyer, ton rire m’aurait beaucoup trop manqué et je suis le futur superman. », dit-il en haussant les sourcils pour lui montrer qu’il la taquinait. « C’est vrai … », commença-t-il en s’accrochant à son regard pour ne pas changer subitement de sujet. Charles éprouvait soudain le besoin de lui dire, de lui confier ce qu’il avait sur la conscience refusant d’avoir le moindre secret. « J’ai vu pas mal de choses horribles. Mon unité est tombée dans une embuscade et j’ai essayé de sauver le plus de monde possible, ce qui me vaut mon grade actuel … seulement je sais que je serais toujours hanté par le regard que m’a lancé mon supérieur juste avant de mourir … ». Un tremblement le secoua à l’évocation de ce moment qui était probablement le pire d’entre tous. Il avait vu dans son regard que ce dernier savait qu’il allait mourir. Il avait lu dans son regard la peur puis l’acceptation et Charles doutait d’être capable de s’en remettre un jour.

Cette sensation de faiblesse le gagnait à chaque fois qu’il évoquait ce moment et pour l’avoir fait que très rarement – tout juste deux ou trois fois en deux ans – il se sentait d’autant plus mal à chaque fois. Charles savait qu’après tout il n’était qu’un être humain et que forcément comme tout le monde certaines choses, certaines images, certaines scènes leur marqueraient probablement à vie mais il aurait tout de même préféré ne pas être marqué par celle-ci. L’écossais avait beau aimé son métier et être fier de sauver des soldats tout en étant un il ne parvenait toujours pas à comprendre la raison qui poussait son pays d’adoption à se trouver depuis onze années en guerre. Certes, il comprenait le traumatisme que les Etats-Unis avaient vécu en septembre 2001, mais lui considérait que depuis le temps il y avait prescription et surtout que les Afghans avaient bien assez payé la folie d’une groupe d’hommes. Cependant c’était ainsi et il se satisfaisait de suivre les ordres sans se poser de questions, ces dernières auraient largement le temps de venir le hanter une fois de retour à New York si retour il y avait cette fois. « T'as fait tout ton possible, tu l'as dit toi-même... ». Le jeune homme adressa un très léger sourire à Ashton.

S’il avait toujours eu peur d’être jugé pour ses erreurs, il avait su qu’elle n’en ferait rien et l’entendre le soutenir lui faisait le plus grand bien sans qu’il s’en cache. La jeune femme semblait l’apaiser par ses mots, par sa présence même s’il savait qu’avec tout ce qu’elle pourrait tenter de faire ou de dire les images seraient toujours là, quelque part dans sa tête. « Malgré ce qui a pu arriver, ta vie continue. ». C’était du moins ce qu’il essayait de faire en faisant passer les autres avant lui parce qu’il était ainsi, mais aussi par nécessité ou plus exactement par besoin de toujours faire amende honorable pour ses erreurs passées qu’il gardait soigneusement en lui comme un fardeau. « Ça veut pas dire que tu dois oublier les gens que tu as perdu au combat, mais... Souviens-toi plutôt de ton supérieur quand il t'a foutu une rouste qu'au moment de sa mort, et tu l'honoreras sans te briser l'esprit. ». Charles posa les yeux sur les mains d’Ashton qu’elle avait posé sur les siennes juste avant de prendre la parole. Il les regarda pendant quelques instants et retourna les siennes pour serrer celles de la jeune femme avec une petite pression. Ce contact avait quelque chose d’apaisant, bien plus que les paroles ou une présence, c’était simplement agréable et même s’il ne se l’expliquait pas l’infirmier se contenta d’apprécier le contact des douces mains d’Ashton sur les siennes.

« Et maintenant c’est à moi de me demander ce que je ferais sans toi. », souffla-t-il dans un petit sourire, se rappelant de la conversation de la veille sur la plage. Charles resta silencieux, les yeux posés sur Ashton, ses mains gardant celles de la jeune femme et son sourire au coin des lèvres. Puis, il se dégagea doucement et passa une de ses mains sur son visage comme s’il craignait se rapprochement entre eux. « Hm … je te propose de te laisser te réveiller en prenant une douche, il me semble que Logan a amené des affaires de rechanges hier il faut juste que je les retrouve. ». Sa main glissa dans sa nuque tandis qu’il essayait déjà de se souvenir de l’endroit où il avait vu la jumelle d’Ashton poser le sac évitant ainsi de s’attarder sur le fait qu’il avait brusquement changé de sujet. « Après on peut faire tour plus poussé de la maison et … je peux te proposer un restaurant italien que je connais bien. Ensuite, soit on revient là, soit on fait un tour en ville ou alors je te ramène … tu décides du programme. ». Charles avait avant tout besoin de se changer les idées et d’oublier une nouvelle fois ce qui l’attendait, il y avait bien trop pensé en deux jours mais il laissait le choix à la texane de choisir ce qu’ils allaient faire ou non.

Même si les paroles et les gestes d’Ashton pouvaient sembler ne pas être grand-chose, ils avaient toutefois beaucoup d’importance pour l’écossais qui sentait à travers ces derniers le soutien que la jeune femme lui donnait. Ce n’était peut-être rien pour elle, mais pour lui c’était important, bien plus important ce qu’il pouvait dire ou montrer. Il appréciait le fait qu’elle tienne absolument à voir le bon côté des choses – puisque lui semblait incapable de le faire – et qu’elle fasse en sorte qu’il continue d’espérer alors qu’il y avait déjà plusieurs semaines que cet espoir avait disparu. Mais Charles allait avoir largement le temps d’y penser le soir venu, une fois seul et pour l’instant il voulait avant tout changer les idées de la jeune femme, s’efforcer de faire en sorte que sa journée soit aussi agréable que la soirée avait pu l’être et pour ça il devait changer de sujet. Avec toute la famille de la texane réuni, il n’avait pas eu le temps de lui faire visiter la maison pièce par pièce et si jamais elle devait emménager là et éviter de se perdre ils se devaient de commencer par là … après une douche dont tous les deux semblaient avoir besoin.

« Vous aviez vraiment tout planifié ! ». Son geste de la tête était fait pour l’affirmer. Logan et lui avaient pensé à tout dans les moindres détails pour s’assurer qu’il ne faudrait pas aller chercher quelque chose à la dernière minute. Ils avaient fait des listes sur plusieurs jours pour finalement réunir tout ce qu’ils avaient marqué avant de se répartir les tâches à ce qui seraient le plus facile d’accomplir pour l’un ou l’autre et il était fier du résultat. « Douche, tour du propriétaire, restaurant... ville. Hell of a plan ! ». Parfait, ce fut ce que Charles pensa en lui adressant un sourire avant qu’elle ne quitte la cuisine pour rejoindre la salle de bain bien qu’il fut étonné qu’elle s’y rende par elle-même alors qu’elle ne devait pas savoir où elle se trouvait – d’autant plus qu’il n’y en avait pas qu’une seule. Quant à lui, il s’occupa de ranger rapidement tout ce qu’il avait dans la cuisine, de nettoyer la vaisselle qui se trouvait dans l’évier – au moins il s’assurait de ne pas oublier – et rejoignit sa chambre où se trouvait sa propre salle de bain. L’écossais avait tout autant besoin qu’Ashton de prendre une douche. Son corps était recouvert de sel, ses cheveux imprégnés de sable et l’eau chaude lui fit le plus grand bien.

L’infirmier y resta de longues minutes à tenter de se réveiller voire même d’essayer de se souvenir de la nuit passée, mais toujours rien si bien qu’il prit la décision d’arrêter de chercher tandis qu’il sortait de la salle de bain pour rejoindre la chambre et enfiler les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main. Le tour de la maison leur prit une bonne vingtaine de minutes, le temps pour Charles de donner les idées qu’il pouvait avoir pour chaque pièce, puis ceci fait il ne préféra pas s’attarder plus longtemps et tous deux prirent la direction du petit restaurant italien dont il avait été question et que le jeune homme affectionnait. Comme à son habitude, lorsqu’il entra ce fut en italien qu’il salua le propriétaire des lieux derrière son petit bar et après un regard – ainsi qu’un énième sourire – à Ashton, il la guida vers l’une des tables les plus éloignées et où il était certain de pouvoir parler en toute tranquillité. « Je te dois te prévenir qu’une fois que tu auras mangé ici, toute la cuisine italienne que je pourrais te faire goûter ne vaudra pas celle-là. ». Ici il avait l’impression de faire un bond dans un autre pays, dans le pays natal de son père, dans cette petite ville de la région de Campanie où il avait pu se rendre enfant pour y voir sa famille et surtout sa grand-mère qui lui avait appris l’art et la manière de cuisiner les plats traditionnels bien qu’elle restait bien plus doué que lui.

Même s’il ne le montrait pas forcément, l’écossais était attaché à ses origines, bien plus à celles du côté de son père qu’à celles du côté de sa mère puisqu’il avait baigné dans ces dernières pendant des années. L’Italie était un pays qui le fascinait, son histoire, son paysage et sa nourriture, tout éveillait sa curiosité à chaque fois qu’il y pensait, à chaque fois qu’il y allait. Ses souvenirs sur ce pays, sur cette petite ville près de Naples n’étaient pas nombreux, mais il les chérissait autant que possible et espérait pouvoir un jour aller passer du temps là-bas. Ce n’était peut-être pas une priorité, toutefois Charles souhaitait retourner voir sa famille, passer du temps en Italie et entendre sa grand-mère le taquiner sur le fait qu’il ne mangeait pas assez – voire sur le fait qu’il n’avait toujours pas de femme. Lorsqu’il était venu ici pour la première fois, il avait été surpris par sa découverte. Le restaurant se fondait parmi les immeubles du coin et il fallait vraiment savoir qu’il existait. Il savait que la clientèle de Gianni était avant tout composée d’habitués – des italiens pour la plupart – et qu’il se faisait connaitre par le bouche à oreille, mais ça n’enlevait pas sa surprise. L’endroit était plutôt petit, parfaitement cosy et calme.

L’infirmier s’y sentait bien, c’était même parfois son refuge lorsque ça n’allait pas puisque certains clients étaient des proches de sa famille. C’était dans ce monde qu’il voulait plonger Ashton. Il voulait lui faire connaitre un tant soit peu son univers, ce qui avait de l’importance pour lui … comme elle pouvait en avoir dernièrement. « A ce point-là ? Pas même la tienne ? ». Un sourire amusé apparu enfin sur ses lèvres. Pour lui, rien n’était mieux que la cuisine des autres, surtout des spécialistes. Il n’était pas du genre à se lancer des fleurs et c’était probablement ce qui l’avait poussé à affirmer que ce qu’il ferait ne serait jamais aussi bon qu’ici ou qu’au sein de sa famille. « Hm … on verra bien lorsque tu auras mangé ici et que je me risquerais à faire quelque chose une prochaine fois. ». Son sourire ne se délogea pas de sur ses lèvres et il s’intéressa ensuite à la carte qu’il avait dans les mains. Il connaissait les plats par cœur et pourtant les regarder était plus fort que lui, sait-on jamais si Gianni avait un nouveau plat à lui faire goûter. « Je te laisse me conseiller pour ça, toi qui es un habitué. ». Ses yeux quittèrent la carte pour aller se poser sur Ashton en les plissant légèrement. Il referma sa propre carte et croisa ses mains juste au-dessus de cette dernière, de la même façon que la jeune femme.

« Très bien … hm, évite les pizzas. Elles sont excellentes, mais tu risques d’avoir l’impression d’avoir mangé pour un siècle. ». Charles s’enfonça dans sa chaise et croisa les bras contre son torse tout en tâchant de trouver ce qui pourrait convenir le mieux à Ashton. « Sinon, les lasagnes sont très bonnes et il y a aussi les classiques … pâtes à la carbonara ou bolognaise voire les risottos qui sont pas mal. ». L’infirmier cessa de parler quelques instants pour réfléchir un peu plus à ce que lui appréciait comme plat et se redressa d’un coup comme s’il venait d’avoir une illumination. « Oh ! Ses tagliatelles au saumon sont à tomber, enfin même si j’ai toujours eu l’habitude que dans ma famille ça soit aux calamars. ». Partit comme il était, Charles risquait de faire toute la carte tant il pouvait aimer cette nourriture. Néanmoins, il resta silencieux sans dévier son regard conscient qu’il ne l’avait peut-être tellement aidé. « Désolé … hm … si tu préfères classique et être certaine de manger quelque chose de bon, les pâtes à la carbonara sont parfaites. ». Un nouveau petit sourire prit place au coin de ses lèvres en guise d’excuses pour s’être tellement emporté en réfléchissant à tous ces plats. En ce qui le concernait, il allait se laisser une fois de plus tenter par les tagliatelles au saumon dont il raffolait.

okaaay ... de toute façon je peux pas te détester x) mais maintenant j'ai faim et je vais aller faire des pâtes

Aussi surprenant que ça pouvait être, si l’écossais adorait autant cuisiner les plats de ce pays dont il tirait certaines de ses origines c’était avant tout parce qu’ainsi il parvenait à ce souvenir de ces quelques vacances qu’il avait passé en famille à voir sa grand-mère et l’une de ses tantes – même s’il ne savait plus laquelle exactement tant ils étaient nombreux – préparer les repas pour la grande famille Leonelli. Petit, il avait toujours été très curieux et n’ayant pas vraiment l’habitude de voir sa mère cuisiner puisqu’elle détestait ça, voir d’autres femmes être très concentrées sur tout un tas de plats différents l’avait passionné. C’était d’ailleurs sa grand-mère qui lui avait transmis ce goût pour la cuisine, cette passion dont il ne parlait que très rarement et dont il ne se vantait jamais. C’était à cette femme qui avait une place importante dans son cœur qu’il devait de savoir cuisiner aussi bien au moins quelques plats. Même si on l’avait félicité plusieurs fois pour sa cuisine, Charles considérait toujours qu’il était loin d’être doué et ce sans doute parce qu’il n’atteignait pas la perfection de sa grand-mère ou celle de Gianni.

Puis le jeune homme se concentra sur les plats qui étaient servis dans ce restaurant qu’il connaissait évidemment par cœur. Charles ne put d’ailleurs pas s’empêcher de s’emporter. Il aimait tout et l’engouement qui le gagnait lorsqu’il en parlait à Ashton le laissa comprendre. Un petit sourire gêné étira alors ses lèvres et l’infirmier sentit même ses oreilles et ses joues chauffer. La jeune femme semblait s’amuser de le voir aussi passionné parce qu’il pouvait dire – alors qu’il ne s’agissait que de nourriture, autant éviter d’imaginer pour les choses plus importantes. « Allons-y pour les pâtes à la carbonara ! ». L’infirmier opina du chef, souriant à son tour tout en sentant ses joues cesser de chauffer petit à petit sans quitter la texane du regard. « Tu viens souvent ici ? ». Il fit brièvement la moue pour se donner l’air de réfléchir, mais fut coupé dans son élan par l’un des serveurs qui venait d’arriver pour prendre sa commande. Puisque l’établissement accueillait le plus souvent des italiens et que le jeune homme savait que Charles parlait la langue, ce fut donc en italien que la commande se déroula et aussitôt le serveur repartit il posa à nouveau les yeux sur Ashton.

« J’essaye de venir régulièrement, oui. Je passe surtout le midi et j’ai dû amener Omisha ici une ou deux fois. ». Ou peut-être plus, mais il ne s’en souvenait pas exactement au vu du nombre de fois qu’il avait pu mettre les pieds dans ce restaurant. « Gianni, le patron, est un ami de mon père. Hm … est dans approximativement une heure, Giuseppe va venir prendre son repas habituel – des gnocchis au potiron – et c’est le cousin de ma grand-mère donc disons que je viens pour avoir la sensation d’être dans ma famille. ». Un nouveau petit sourire étira ses lèvres tandis qu’il s’enfonçait de nouveau contre le dossier de sa chaise sans quitter la texane du regard. « Qui sait … peut-être qu’un jour je t’emmènerais en Italie avec Omisha, Rose et Wyatt … tu peux être certaine que tu n’auras pas une minute à toi. ». Charles ne put s’empêcher d’élargir son sourire, amusé rien qu’à l’idée d’imaginer toute sa famille – du côté italien, bien sûr – accueillir tout ce petit monde et voir surtout sa grand-mère tenter de parler en anglais à Ashton.

Charles pensait sincèrement chaque parole qui franchissait ses lèvres, tout du moins le plus souvent. Le jeune homme s’efforçait de faire en sorte qu’Ashton se sente le mieux et ce surtout depuis qu’ils s’étaient rencontrés. C’était une mission qu’il s’était donné, un objectif qu’il s’efforçait d’atteindre à la fois par attachement à la texane que par plaisir de le faire. Il aimait voir ses yeux pétiller lorsqu’il lui faisait des propositions comme lorsqu’il avait proposé à la jeune femme de s’installer avec ses enfants dans la maison de Coney Island. L’emmener en Italie ne lui poserait jamais le moindre problème. Il avait les moyens de payer un voyage pour tout le monde et si ça permettait à Ashton de se changer d’autant plus les idées, l’écossais sauterait sur l’occasion à pieds joints, c’était certain. « J'adorerais aller en Italie. ». Un large sourire étira les lèvres du jeune homme qui approuva d’un signe de tête. Charles se redressa sur sa chaise – à croire qu’il ne savait véritablement pas comment se tenir sur cette dernière – et croisa les doigts sur la table sans rien ajouter. « J'ai pratiquement jamais quitté le continent ! ». Surpris, il arqua un sourcil.

Alors comme ça Ashton n’avait quasiment quitté le sol américain ? Il trouvait ça bien surprenant même s’il pouvait parfaitement comprendre. Ce n’était pas forcément donner à tout le monde de pouvoir voyager partout. Pour sa part, l’infirmier avait la chance d’avoir de la famille dans deux pays différents ce qui lui permettait donc de voyager et d’économiser concernant l’hébergement. Pourtant, hormis l’Ecosse – ainsi que l’Angleterre – et l’Italie, Charles n’était pas allé bien loin même si ce n’était pas l’envie qui lui manquait mais bien le temps. « Hm … dans ce cas raison de plus pour que je t’y amène dans un avenir proche. ». Du moins, Charles l’espérait puisque tant qu’il ne serait pas certain de revenir – ou de partir – il ne pouvait rien prévoir sur le long terme et l’écossais s’en sentait tellement frustré rien que d’y penser qu’il chassa bien vite ceci de son esprit. « D'ailleurs, hm... ». Sortit de ses pensées par la voix d’Ashton, le jeune homme leva les yeux vers elle mais ne prit pas la parole afin de lui laisser le temps de continuer plutôt que de se risquer de la couper dans son élan. « Par rapport à ce que t'as dit hier... hm, moi & les petits, qui viendrions vivre chez toi... C'était... enfin, tu le pensais vraiment ? ».

Charles resta silencieux, son regard accroché à celui de la texane face à lui tandis que son sourire se rapetissait pour devenir plus amusé mais plus timide aussi. L’écossais laissa volontairement quelques secondes s’écouler avant de se décider à lui répondre. « Je le pensais vraiment, j’évite de plaisanter sur ce genre de chose. ». Charles appuya ses paroles par un mouvement de la tête sans que son sourire ne le quitte. « Je préfère même te savoir à la maison plutôt que chez toi. ». L’écossais ancra d’autant plus son regard dans celui d’Ashton pour lui prouver combien il était sérieux bien qu’il fut interrompu dans son jeu de regard par le serveur qui vint déposer les plats que tous les deux avaient choisi de manger. Le reste de la journée se passa tout aussi calmement que ce midi dans le restaurant de Gianni. Charles profita de la balade à travers New York pour continuer de rassurer Ashton concernant sa proposition de vivre chez lui en lui proposant également de prendre son temps si jamais elle considérait ça comme nécessaire. Sa journée juste avec la jeune femme lui permis d’oublier le trou impressionnant qu’il avait vis-à-vis de la nuit passée et même lorsqu’il raccompagna l’américaine chez elle et qu’il rentra chez lui il n’y pensa pas un instant et se contenta de sourire comme un idiot en repensant à cette bonne journée que tous les deux avaient plus qu’appréciés, il en était sûr.