❝ Ashton & Charles ❞

« Alors Doc, vous l’avez revu votre belle demoiselle ? ». Sans lâcher les feuilles qu’il était en train de consulter, l’intéressé leva les yeux sur son actuel patient en arquant un sourcil. Il savait pertinemment à qui il était en train de faire allusion et s’il savait ce n’était pas pour rien. Jefferson était l’un des plus anciens patients de l’hôpital et surtout l’homme qui faisait le plus d’allers et retours aux urgences du Lenox Hill au point que l’infirmier avait bien vite cessé de compter. Ce vieil homme têtu comme une mule refusait tout simplement de rester plus de temps que nécessaire dans l’enceinte de l’hôpital si bien qu’à chaque qu’il était capable de signer une décharge il filait aussi vite que possible et revenait toujours une ou deux semaines plus tard. Il n’était pas difficile de savoir lorsqu’il commençait sincèrement à en avoir assez, son agacement se faisait ressentir au travers de son comportement et bien vite Jefferson devenait bien plus insupportable qu’un gamin, toutefois Charles en avait l’habitude et il était l’une des rares personnes de cet hôpital que le vieux patient acceptait de voir sans l’envoyer sur les roses. Le plus souvent, lorsqu’il avait véritablement envie de partir, il n’y avait qu’à son infirmier favori qu’il acceptait de parler et à qui il répondait ce qui énervait bien vite le reste du service et faisait sourire le jeune homme. Ce patient, il l’appréciait vraiment et contrairement à beaucoup il savait qu’il avait des histoires à raconter et d’excellents conseils à donner, il était encore mieux que ces psychologues qui travaillaient deux étages plus bas et qu’il avait parfois l’obligation d’aller voir lorsque celui de la base de Fort Hamilton – ou tout du moins rattaché à cette dernière – était dans l’incapacité de le recevoir. Il lui parlait toujours en toute liberté bien qu’il s’assurait sans cesse qu’aucunes oreilles indiscrètes ne se trouvaient dans le coin.

Si Charles acceptait de parler à Jefferson, en revanche pour rien au monde il souhaitait que ces paroles soient entendues par d’autres personnes. La jeune femme dont il était actuellement en train de parler, il savait très bien de qui il s’agissait et le petit sourire qui étira le coin de ses lèvres en était la preuve. Cependant, il refusa de répondre à son patient temps qu’il n’avait pas terminé de vérifier si tout allait bien pour lui aujourd’hui même si dans son état ça ne risquait pas d’être le cas. Son cancer n’était peut-être pas très avancé au point de le forcer à rester couché au lit, seulement il n’en restait pas moins inquiétait et le jeune homme savait que tôt ou tard son patient – qui n’était pas vraiment le sien en fait, mais peu importait – n’allait pas tarder à n’avoir d’autre choix que de rester à l’hôpital jusqu’à la fin à moins de réclamer des soins à domicile qui seraient hors de prix. « Je croyais vous avoir demandé d’arrêter de fumer. ». La mine sérieuse et un regard lourd de sens posé sur le vieil homme, même s’il fut amusé par le roulement des yeux de ce dernier, Charles resta très sérieux y compris lorsqu’il reposa le bloc au pied du lit du patient. « Vous n’avez pas répondu à ma question, doc ! ». En tout cas, si Jefferson était malade en revanche il n’était pas sénile et Charles savait qu’il n’allait pas en démordre tant qu’il n’aurait pas eu sa réponse ou tout du moins une réponse qu’il jugerait satisfaisante. Ashton … Le jeune homme l’avait revu à quelques reprises lorsqu’elle et les enfants avaient été pris en charge par l’hôpital et … il avait également rencontré la sœur jumelle de cette dernière, Logan, qui bien qu’amusante et parfaitement adorable n’avait pas du tout éveillé ce sentiment qu’il éprouvait en présence de sa sœur.

Néanmoins, ça n’avait pas été plus loin mais le jeune homme n’avait pas oublié sa promesse, loin de là seulement il fallait croire que ses supérieurs semblaient vouloir faire durer le temps avant leur prochaine rencontre et le faisaient sans cesse travailler. « Non Jeff, je ne l’ai pas encore revu, mais puisque ça semble vous travailler je vais y aller ce soir et pendant ce temps vous allez me faire plaisir d’être agréable avec Naya. ». Voyant le vieil homme lever les yeux au ciel en soupirant, Charles ne put s’empêcher de pouffer. Naya était l’infirmière de nuit et bien qu’adorable elle était loin d’être très délicate et ce surtout avec Jefferson qui avait tendance à lui taper sur le système. Ses dernières visites effectuées, le jeune homme ne tarda pas à rejoindre les vestiaires à échanger sa tenue réglementaire contre une autre bien plus décontractée et après avoir rapidement salué ses collègues, l’infirmier s’engouffra à l’extérieur de Lenox Hill pour prendre la direction du McDonald le plus proche tout en vérifiant sur son portable qu’il avait toujours en sa possession l’adresse d’Ashton même s’il la connaissait par cœur. L’angoisse était également en rendez-vous et d’autant plus présente lorsqu’il se retrouva sur le pas de la porte de sa maison, sa poche de McDo à la main qu’il vérifiait toutes les cinq minutes pour s’assurer qu’elle n’allait pas se déchirer et répandre son contenu sur le sol. Il fallut un long moment avant qu’il ne parvienne à trouver le courage de sonner à la porte et une fois que ce fut le cas, Charles savait qu’il ne pouvait plus retourner en arrière et même si ce n’était pas du tout son intention, il ne parvenait pas à faire taire l’angoisse qui lui retournait l’estomac. Mais le plus surprenant fut qu’une fois la porte ouverte et une fois le jeune homme face à Ashton, toute sa crainte s’envola d’un coup pour laisser place à un large sourire qui en disait long sur la joie qu’il éprouvait de la revoir. « Tu m'apportes mon Big Mac ! ».

Charles agita la tête positivement avec un large sourire, fier de lui. Il tenait toujours ses promesses, tout du moins celles qu’il était certain de pouvoir contrôler et l’achat d’un Big Mac ne lui avait posé aucun problème, surtout pas s’il lui permettait de la revoir ailleurs qu’à l’hôpital et plus longtemps surtout. « Entre, entre, je t'en prie ! ». Sans se faire prier, mais la gratifiant tout de même d’un énième sourire, Charles passa devant elle et après quelques mètres s’arrêta pour lui faire face ne sachant pas bien la direction qu’il devait prendre étant donné qu’il ne connaissait pas les lieux. « Logan est là, Rose a eu un peu de fièvre cette nuit alors... Mais ça va mieux maintenant. ». Le froncement de sourcils du jeune homme démontrait une légère pointe d’inquiétude qui malgré les paroles de la jeune femme ne se dissipa pas tant que ça. Quant à la présence de Logan, elle ne le dérangeait pas le moins du monde puisqu’il appréciait déjà ce double de la jeune femme qui était la seule pour qui il portait un certain intérêt. « Viens, au salon. ». Sourire amusé en apercevant Logan, Charles prit tout de même le temps de la saluer – elle et le petit Wyatt – avant de poser la poche du McDo sur la table basse qu’Ashton lui avait montré en entrant dans la pièce. Puis ce fut vers les deux autres demoiselles que son attention se porta et, par la force de l’habitude, Charles regarda de plus près de la petite Rose avant de poser le regard sur sa mère. « Si jamais tu as besoin d’être rassurée pour la petite, je peux m’en occuper rapidement ou alors … je peux faire un tour au McDo et rapporter quelque chose pour toi Logan, partager mes potatoes ça me pose pas de problème mais je ne suis pas certain que ça soit suffisant comme repas. ». Charles détourna son attention en direction de la jeune femme et du neveu de cette dernière bien que sa main se posa par réflexe sur le front de la petite Rose pour s’assurer qu’elle n’avait vraiment plus de fièvre, on n’est jamais trop prudent.

C'est l'effet Chaton m'enfin c'est tout pourri ce que j'ai fait et je fais rien avancer u.u

Malgré ce petit lien qui s’était créé entre eux et dont il ne parvenait pas à se détacher, il avait tout fait pour repousser le moment où il allait devoir mettre en application sa promesse. Ce qu’il craignait ? Sans doute le fait que ce petit quelque chose qui semblait se développer entre eux ce soit totalement dissipé. Habituellement, il préférait éviter de s’attacher aussi rapidement à une personne, d’autant plus s’il n’était pas certain de la revoir par la suite, mais elle … c’était différent, il ne savait pas dire en quoi, c’était juste ainsi. Sa fragilité le jour où ils s’étaient rencontrés l’avait touché ainsi que sa persévérance. Il tenait à toujours s’assurer qu’elle – et également ses deux enfants – allaient bien et les petites visites à répétitions à l’hôpital en avaient été la preuve. D’un naturel altruiste, avec la jeune femme ce dernier était d’autant plus présent sans qu’il ne parvienne à l’expliquer. Tous les jours, il ressentait cette envie de la revoir, de revoir son sourire et de veiller à ce qu’elle aille bien même si ce n’était peut-être pas son rôle. Toutefois, ce lien il était là et le nier serait une perte de temps. Il avait besoin de la revoir et pourtant il avait tout fait pour repousser le moment à cause de cette crainte qui le rongeait. Même Jeff qui ne le connaissait pas depuis toujours avait su remarquer que le jeune homme n’avait pas encore tenu sa promesse et que ça le tracassait. Lui poser sans cesse des questions sur Ashton était un moyen de lui faire ouvrir les yeux sur le fait qu’il ferait mieux de se dépêcher s’il ne voulait pas voir son tour passer. Charles le savait, mais malgré son caractère, il n’était pas parfait et comme tout le monde il avait des craintes. Seulement, son « patient » avait raison quelque part … à trop attendre c’est lui qui risquait de briser ce petit lien entre lui et la jeune femme.

Il ne le voulait pas, sûrement pas ! Au final, l’infirmier s’était donné un coup de fouet pour faire taire son angoisse et aller jusqu’au bout de ce qu’il avait promis à Ashton et à présent il se trouvait chez elle et se sentait bien plus idiot que d’habitude. Toutes ses craintes s’étaient envolées lorsque la porte s’était ouverte pour laisser apparaitre la jeune femme qu’il espérait revoir depuis un moment. Hormis la satisfaction de la revoir, ce qu’il ressentait à présent c’était sa bêtise et rien que sa bêtise. De quoi avait-il eu peur au juste ? Qu’elle le morde à leur prochaine rencontre peut-être ? Ou était-ce la crainte de voir un autre homme lui ouvrir la porte ? L’infirmier aurait pu, il se serait donné la claque du siècle pour se reprendre. La jalousie était un vilain défaut, d’autant plus lorsqu’il s’était promis de ne pas s’attacher à une femme aussi vite qu’il avait pu le faire avec son ex-femme, les relations qui tournent mal, une fois suffisait largement. Pourtant … pourtant Charles sentait que cette fois c’était différent, mais faire des conclusions trop hâtives ne lui ressemblait pas et même s’il n’en pensait pas moins, le jeune homme ne laissait rien paraitre et restait aussi naturel que possible. La maison dans laquelle il pénétra semblait être toujours en construction et de ce qu’il pouvait deviner par rapport à ce qu’il savait c’est qu’elle resterait ainsi jusqu’à ce que de nouveaux propriétaires s’y installent. Charles comprenait le choix d’Ashton de ne pas rester là, après tout c’était comme s’attendre à ce que le fantôme du père de ses enfants apparaisse dans chaque pièce ou dans chaque couloir, c’était invivable. « Non, j'ai déjà mangé en fait. ». L’un de ses sourcils s’arqua tandis que son regard était toujours posé sur Logan.

Étrangement, il avait quelques doutes sur la véracité de ses propos et le gargouillement qu’émit son estomac quelques instants après ne fit qu’appuyer sa pensée. « Eeeeeet c'est mon signal de sortie. Criez si besoin ! ». Un large sourire amusé apparu au coin des lèvres du jeune infirmier qui secoua discrètement la tête de droite à gauche. Décidément, il l’appréciait vraiment cette demoiselle, pas de la même façon qu’il pouvait apprécier Ashton – ce qui pour lui était une évidence – mais tout de même. Son regard suivit la jeune femme qui quitta la pièce et les laissa tous les deux … enfin tous les quatre en réalité. Face au regard que lui lança Ashton, Charles lui adressa un sourire pour lui faire comprendre que l’attitude de sa jumelle ne le mettait pas mal à l’aise et, qu’au contraire, elle l’amusait. « Je veux bien que tu regardes Rose... ». Aussitôt ces paroles furent-elles prononcées que Charles reprit son sérieux et posa les yeux sur l’enfant qu’elle tenait dans ses bras. Silencieux, il prit le bébé avec soin dans les siens et posa le dos de sa main sur son front puis au niveau de son cou pour tenter de voir si elle avait toujours de la température tandis qu’Ashton approchait les deux couffins du canapé. « Désolée pour le bordel mais entre les petits et les travaux qui n'étaient pas terminés, c'est un peu Doomsday dans toute la maison. ». Charles prit place, Rose toujours dans ses bras, juste à côté d’Ashton et, plus par réflexe que par autre chose, il regarda autour de lui et posa de nouveau son regard sur la jeune femme. « J’ai connu pire … tu devrais voir ce que donne un manoir écossais avec trois enfants qui y vivent dont un plus turbulent que les des autres, c’est quelque chose. ».

Et autant dire que sa mère avait eu du travail avec lui et parfois même avec Bethany qui avait toujours eu cette tendance à suivre son frère aîné partout et à répéter les mêmes gestes que lui. Son attention se porta une nouvelle fois sur la petite Rose qu’il ausculta comme il l’avait appris au cours de ses années de médecines. Ses yeux dévièrent quelques fractions de secondes sur Ashton et la poche du McDonald qu’il avait ramené et à chaque fois une expression amusée apparaissait sur son visage, son Big Mac elle l’avait attendu apparemment. « Un jour, vous connaîtrez ça. CA ! ». Charles ne put s’empêcher de pouffer en la voyant narguer ses enfants avec son sandwich. Doucement, il alla poser Rose dans son couffin, jouant rapidement avec elle et retourna prendre place auprès d’Ashton. « Alors ? ». l’infirmier fit un petit tour du regard entre Wyatt et Rose pour terminer sur leur mère, sourire qu’il voulait rassurant aux lèvres tandis qu’il déballait à son tour son menu dont l’odeur venait lui chatouiller les narines et éveillait sa faim. « Elle a encore un peu de fièvre, mais d’ici demain ça devrait être passé. C’était juste un petit rhume passager même s’il faudrait se méfier que son frère ne l’ait pas aussi … enfin ce n’est rien de grave, mais il t’empêchera à son tour de dormir. ». Sur ces mots, Charles ne put se retenir plus longtemps de sortir son McChicken de son emballage et croquer dedans à pleine dents tandis que dans son regard sa joie de manger si gras se lisait sans le moindre problème. Une fois sa bouchée avalée, il reposa le hamburger dans sa boite afin d’éviter d’en mettre partout doué comme il pouvait l’être. « Et toi ? Tu vas bien ? Je veux dire hormis la fatigue à cause des petits, tu arrives à tenir le coup ? ». Charles se souvenait de la période qui avait suivi le décès de sa petite sœur et la dépression qui l’avait gagné. Il n’y aurait pas eu ses proches, il était certain que tôt ou tard il aurait fini par sauter du Tower Bridge et se serait laissé couler au fond de la Tamise et il ne voulait pas qu’Ashton sombre de la même manière, pas s’il pouvait faire quelque chose contre.

Au fond ils ne se connaissaient pas, pas aussi bien que le jeune homme l’aurait souhaité. Pourtant, ils avaient déjà ce petit lien qui les unissait, un lien qu’ils devaient avant tout aux deux enfants qui se trouvaient face à eux. Sans la naissance de Wyatt et de Rose, il y avait fort à parier que tous les deux ne se seraient jamais connus. Peut-être leurs chemins se seraient-ils croisés un jour ou l’autre sur la base de Fort Hamilton et encore ils ne pouvaient être sûrs de rien. C’était donc à cette grossesse qu’il devait le fait de l’avoir rencontré et d’avoir sans cesse ce besoin de la revoir et de s’assurer qu’elle allait bien, qu’elle tenait le coup même s’il savait qu’elle passait par un moment très difficile. Il s’était pourtant promis de ne plus s’attacher ou du moins de faire en sorte d’être aussi détaché que possible envers les personnes qu’il aidait, mais ça ne faisait pas partie de lui, ça ne lui ressemblait pas. Il aimait trop s’impliquer. Il appréciait que trop le fait de savoir que les personnes dont il s’occupait allaient bien et parfois les entendre lui raconter leur vie était un véritable plaisir. Lorsqu’il avait fait le choix de suivre des études de médecine alors qu’il vivait encore à Londres, il ne s’était pas imaginé à quel point ce métier allait le passionner. Lui, s’il s’était lancé là-dedans c’était afin d’aider les familles et d’être un soutien pour elles. Il avait perdu sa petite sœur alors qu’il était un adolescent et que tout ce qu’il avait en tête jusque-là était de se lancer dans des études de langues lui qui en parlait déjà deux à l’époque, mais tout avait changé le soir où Bethany était morte, son projet d’avenir et sa vie toute entière.

Charles s’était battu pour obtenir ce qu’il souhaitait et était rapidement devenu l’un des meilleurs élèves de son université à Seattle même si bon élève, il l’avait toujours été à vrai dire. Néanmoins, il n’était pas résident aujourd’hui tout simplement parce que son engagement au sein de l’armée lui prenait parfois le temps nécessaire pour réussir ses études. C’était pour cela qu’il s’était décidé à passer uniquement son diplôme d’infirmier même si aujourd’hui le jeune homme donnerait beaucoup pour reprendre ses études et mettre l’armée un peu de côté, ne serait-ce que pour Omisha, mais également pour Ashton, pour pouvoir s’assurer qu’elle allait bien ce que, au front, il aurait beaucoup de mal à faire. « Oui, oui, ça va... ». Charles tourna la tête vers Ashton, un sourcil arqué qui démontrait le doute qui venait de s’éveiller en lui suite à ces paroles. Il ne savait pas d’où il tenait cette certitude, mais il sentait que ce n’était pas vrai, tout du moins pas entièrement. Cependant, comme à son habitude il ne la força pas à parler, elle était elle-même à même de juger si elle devait en dire plus ou non, lui n’avait pas à lui forcer la main. « Comme tu le dis, les petits prennent beaucoup de temps & d'énergie, alors j'ai pas vraiment le temps de penser à quoique ce soit d'autre. ». Charles se contenta d’acquiescer et attrapa l’une des potatoes – qui lui brûla les doigts – qu’il mangea tout en regardant derrière eux lorsqu’Ashton le fit, poussé par sa curiosité avant de comprendre qu’elle s’assurait que sa sœur n’était pas dans le coin. « J'ai juste hâte... de partir d'ici. ». Un petit sourire désolé apparu sur les lèvres du jeune homme qui posa ensuite les yeux sur les jumeaux face à eux.

Il pouvait comprendre cet empressement qu’elle ressentait et Charles se connaissait assez bien pour savoir ce que s’ils s’étaient un peu mieux connu il lui aurait proposé d’emménager avec Omisha et lui le temps de trouver quelque chose d’autre où s’installer. Malheureusement, son appartement était bien trop petit pour accueillir trois autres personnes et le jeune homme se dépêcha d’ôter cette idée de son esprit en attrapant son hamburger et mordit une nouvelle fois dedans. Toutefois, sa bouchée avalée son regard retourna se poser sur Ashton. « Hm … j’ai des pauses par moment à l’hôpital, je peux essayer de faire des recherches de mon côté si tu veux ? Ça pourrait accélérer les choses, surtout que j’ai quelques amis dans l’immobilier. ». Ce n’était pas tout à fait vrai étant donné que ces « amis » étaient avant tout des connaissances de sa mère et de sa famille, mais il savait qu’ils l’aideraient tout de même si jamais il venait leur demander de l’aider ce qui, finalement, ne changer pas tellement les paroles qu’il venait de prononcer. « Alors, un manoir en Ecosse hein ? Ca a dû être une enfance plutôt pas mal... ». Il lui fallut le temps de terminer son hamburger pour saisir le fait que parler de son enfance était un moyen d’éviter de s’étaler plus longtemps sur le sujet précédent. Loin de vouloir insister, le jeune homme termina ce qu’il avait dans la bouche, avala une gorgée de son coca et se tourna vers la jeune femme, un léger sourire aux lèvres. « Hm … oui, j’ai tendance à oublier qu’à part mon prénom et mon métier il n’y a pas grand-chose que tu sais de moi, alors … ». Charles s’arrêta de parler et fronça son nez le temps de trouver par où commencer les yeux posés sur le plafond au-dessus d’eux avant qu’un sourire étire de nouveau ses lèvres et que son regard de porte pour la énième fois sur Ashton.

« Je suis écossais, mais je crois que mon accent parle pour moi. D’ailleurs je parle anglais, italien et français … je pense me débrouiller assez bien en russe et en chinois aussi. J’ai grandi en Ecosse dans un manoir avec mon frère aîné et ma petite sœur, j’étais le plus turbulent des trois au point qu’à sept ans j’ai bien manqué de me noyer. Je suis venu aux Etats-Unis pour mes études il y a plusieurs années déjà et j'ai été marié, mais ça on va passer sous silence … ». De nouveau, le jeune homme fit une pause pour tâcher de voir ce qu’il oubliait et ce qu’il considérait comme le moins important – mais qui ne l’était pas aux yeux de certaines personnes – lui revint immédiatement à l’esprit. « Oh et je suis comte, je descends d’une longue lignée d’histoires bien barbantes et c’est bien moins intéressant que ce qu’on pourrait croire. ». Non pas qu’il n’aimait pas son titre, mais Charles s’en serait passé à de nombreuses occasions, mais pour ça il était moins doué que son frère qui parvenait toujours à s’en sortir lorsque leur mère lui demandait un service et au final c’était toujours lui qui y avait le droit. Petit sourire amusé aux lèvres, Charles attrapa une nouvelle potatoes qu’il mangea rapidement pour éviter de se brûler la langue en plus de ses doigts. « Voilà, en résumé l’histoire de ma vie, tu viens d’ailleurs d’entrer dans un nouveau chapitre, mais je suis pas sûr que ça soit véritablement une chance. ». Le jeune homme avait volontairement passé l’histoire de l’adolescence au cours de laquelle il avait perdu sa petite sœur doutant que ce genre de sujet soit véritablement celui à aborder en ce moment.

Malgré ce qui s’était passé à Fort Hamilton, tous les deux n’avaient pas vraiment eu le temps d’apprendre à se connaître, pas même lorsqu’il était passé s’assurer qu’elle allait bien une fois qu’elle fut à l’hôpital. A vrai dire, ses visites tenaient plus du coup de vent que d’autre chose puisque le plus souvent le jeune homme prenait sur son temps de pause pour monter à la maternité pour passer la voir elle et les enfants ce qui ne laissait pas véritablement le temps de discuter très longtemps. Il avait tout de même pu faire la connaissance de Logan, sa jumelle, une jeune femme tout aussi charmante et attachante qu’Ashton même s’il n’y avait plus aucun doute sur le fait que le jeune Écossais n’avait d’yeux que pour l’une d’entre elles. Peut-être que s’il n’avait pas autant tardé à lui apporter ce fameux Big Mac ils auraient eu le temps de mieux se connaitre parce qu’il savait que, pour l’instant, c’était ce temps qui allait le manquer bien qu’il préféra ne rien en dire. Les jours défilaient à une vitesse si effrayante qu’à chaque fois qu’il ouvrait les yeux le matin il craignait de ne jamais trouver une solution avant le mois d’octobre, avant son déploiement pour l’Afghanistan et même s’il n’en montrait rien, à l’intérieur il était terrorisé. Passer du temps avec Ashton semblait lui faire oublier cette peur, ce qui n’était pas plus mal, seulement à avoir trop attendu il se rendait compte à présent qu’il n’aurait peut-être pas le temps de la connaître assez avant de partir d’autant plus que rien ne lui garantissait qu’il allait rentrer.

Toutefois, il s’accrochait à la certitude que rien de grave n’allait lui arriver, qu’il n’aurait pas à vivre le même moment que par le passé même si les choses allaient être tout aussi horribles. Les scènes, Charles parvenait à les visualiser sans le moindre problème à travers ses rêves et même s’il commençait sincèrement à sentir la fatigue peser de plus en plus dans son corps il tenait le coup à la fois par fierté, mais également pour ne pas inquiéter ses proches. Pourtant, en présence de la jeune femme il parvenait à tout oublier comme si le reste du monde n’avait pas autant d’importance que son bien-être à elle … et celui de ses enfants. Il se détestait de s’attacher aussi facilement et il craignait d’avoir de nouveau la même mauvaise surprise qu’avec son ex-femme, mais il ne pouvait pas lutter contre ça. Ashton ne lui semblait pas être le genre de jeune femme à être capable d’entrer dans la peau d’une toute autre personne ne serait-ce que pour obtenir ce qu’elle souhaitait. Certes, il ne la connaissait pas tant que ça, mais il restait néanmoins convaincu que ce n’était pas le genre de la jeune femme près de lui. Ainsi, lui parler de ce qu’avait pu être sa vie – dans les grandes lignes en tout cas – ne lui posait aucun problème, pas alors qu’il voulait tellement la connaître un peu plus que ce qui pouvait déjà être le cas. « Wow, je trouve ça plutôt impressionnant... ».

Un petit sourire vint étirer les lèvres de Charles qui baissa quasiment aussitôt la tête et posa son regard sur sa portion de potatoes. Il n’était pas surpris par sa réaction. Le jeune homme avait toutefois l’habitude de bien pire, de faire face à des jeunes femmes qui devenaient presque hystériques en l’attendant prononcer le mot « comte » à croire qu’il suffisait d’un simple mot pour qu’elles tombent éperdument amoureuses de lui et s’imaginent mariées avec toute un ribambelle d’enfants. Lui ne cherchait plus réellement à se poser depuis son divorce, d’autant plus lorsqu’il faisait le bilan des rencontres de l’année qui étaient toutes un échec et qui ne tournaient qu’autour du fait qu’il était plus ou moins assis sur une petite fortune. Mais Ashton, n’avait pas réagi de la même manière ce qui le confortait dans l’idée qu’elle était différente des autres et que, finalement, il n’avait pas à craindre de s’attacher à elle – ce qui était déjà le cas. « Et puis, personnellement... Je suis plutôt contente que tu sois rentré dans ma vie... aussi brusque ai-ce été ! ». Tandis qu’il attrapait une nouvelle potatoes – bien moins brûlante que les précédentes – Charles posa les yeux sur la jeune femme, touché par ses paroles. Il ne se considérait pas comme étant un bon parti … à vrai dire il passait une grande partie de son temps à se dévaloriser à cause d’une certaine modestie qui le caractérisait. Entendre, Ashton dire qu’elle était contente d’être entrée dans sa vie le fit sourire de plus belle même si son cœur manqua un battement … ce qu’il pouvait se trouver niais par moment !

« Sans toi, je sais vraiment pas ce qui serait arrivé aux petits, ce qui me serait arrivé à moi... ». A présent, son regard refusait de la quitter. Charles balaya l’air de sa main pour lui faire comprendre que pour lui ça n’était rien, qu’il n’avait fait que son travail. « Si ça n’avait pas été moi, l’un des adorables médecins se seraient chargés de toi, mais je ne suis pas vraiment sûr qu’ils en seraient sortis indemnes avec leur tact. ». La dernière partie était bien évidemment ironique. S’il y avait bien une chose qui manquait à ses supérieurs médecins de la base de Fort Hamilton c’était bien du tact et peut-être un peu d’humanité. L’excuse selon laquelle la guerre pouvait changer un homme ne marchait pas aux yeux de l’Écossais. Après tout, lui-même était parti et ce n’était pas pour autant qu’il était devenu antipathique comme certains à Fort Hamilton. Le jeune homme s’apprêtait à répliquer de nouveau lorsqu’une tornade prénommée Logan fit de nouveau son apparition dans le salon, lui volant une potatoes au vol. « Faites pas attention à moi, j'étais juste venue vérifier les petits ! ». Difficile de ne pas faire attention à elle à vrai dire, mais Charles se contenta de lui adresser un sourire amusé juste avant qu’elle ne reparte d’où elle venait. Sur certains points la jumelle d’Ashton lui rappelait l’adolescente qu’avait pu être sa sœur, cette demoiselle toujours montée sur ressort et qui avait cette fâcheuse manie à toujours vouloir tout savoir sur tout.

Cette pensée fit d’ailleurs disparaitre le sourire du jeune alors que dans sa poitrine, son cœur se serra à la pensée de Bethany. « Je t'apprends rien en te disant que t'as aussi une fan, dans ce nouveau chapitre... Elle va vraiment écouter chacune de nos paroles, tu sais... ». Charles leva les yeux vers Ashton et mis quelques instants avant de saisir les paroles qu’elle venait de prononcer. Il l’écoutait, mais il avait été soudainement ailleurs ce qui se voyait légèrement dans son regard, mais le jeune homme s’efforça de se reprendre bien vite. « Je n’en doute pas une seule seconde, mais je l’aime bien ta sœur. ». Il appuya sur ces dernières paroles, persuadé que Logan continuait d’épier leur conversation de là où elle se trouvait tandis qu’il adressait un nouveau sourire à Ashton. « Tu veux pas qu'on aille faire un tour ? Pour digérer et... sortir un peu d'ici peut pas me faire de mal, je pense. ». Son regard passa des jumeaux à leur mère, d’Ashton aux jumeaux et ainsi de suite pendant quelques instants avant de regarder à son tour vers la fenêtre, acquiesçant brièvement dans signe de tête. « Je suppose que Logan va les surveiller ? ». A vrai dire sa question n’en était pas vraiment une et déjà Charles se levait du canapé et tendit sa main à Ashton pour l’aider à se relever – par simple mesure de politesse – avant de se diriger vers l’extérieur de la maison en sa compagnie. « Est-ce que je peux t’éclairer sur d’autres points de ma vie peut-être ? Enfance, adolescence, vie actuelle … fais-toi plaisir ! ». Charles n’avait rien à cacher. Tous les moments de sa vie n’étaient pas glorieux, mais si Ashton voulait savoir quelque chose d’autre le concernant, il ne voyait aucun inconvénient à lui fournir n’importe quel détail en marchant ensemble dans la rue.

Le temps était clément dernièrement et pourtant les grandes chaleurs n’étaient pas ce à quoi il était habitué depuis petit. Le Royaume-Uni était connu pour sa météo très pluvieuse seulement il n’avait jamais rien eu contre la pluie, au contraire même. Petit, il lui était arrivé plus d’une fois de sortir contre l’avis de sa mère pour s’amuser à courir sous des torrents de pluie suivit de très près par sa petite sœur qui était comme son ombre. A l’époque, il était tout ce qu’il y a de plus innocent, le froid et la maladie ne l’effrayaient pas et même si, comme bien des personnes, il ne supportait pas le fait d’être malade, à chaque fois le petit garçon qu’il était ne parvenait pas à regretter ses choix. Cette époque lui manquait. Bien souvent il aurait aimé être encore plongé dans cette innocence caractéristique de l’enfance et ne plus jamais en sortir. Il regrettait cette période et le fait de ne pas avoir profité plus longtemps de sa famille lorsqu’elle était unie, toutefois le passé restait le passé et Charles n’avait aucun moyen de le changer et quand bien même en aurait-il était capable, il ne l’aurait pas fait. Son arrivée aux États-Unis avait demandé un temps d’adaptation et ce pas uniquement au niveau de la culture de ce pays. Entre son pays natal – ou Londres – et Seattle ou New York ça n’était vraiment pas la même chose et le jeune homme avait dû s’acclimater tout en se battant avec les autres internes en médecine pour garder sa place.

Les premières années avaient été difficiles, mais il les avait passé haut la main. Cependant, il n’avait pas renié ses origines et même si lorsqu’il parlait il éveillait la curiosité des gens, Charles refusait de s’adapter entièrement à ce pays qu’il avait bien vite adopté et continuait donc de parler avec son accent écossais. Son roulement des « r » avait parfois intrigué certaines personnes le croyant venir d’un pays latino avant de se rendre compte que son anglais était bien trop parfait même pour les États-Unis et encore aujourd’hui il avait été une preuve qu’il n’appartenait pas à New York auprès d’Ashton. La chaleur extérieur eu quelque chose de revigorant. Au final, l’infirmier avait fini par s’habituer aux températures qui pouvaient être parfois excessives en été dans une ville aussi grande que New York, mais c’était supportable et l’idée de se dégourdir les jambes en compagnie d’Ashton le faisait sourire sans qu’il parvienne à rester neutre … de toute manière il n’en avait pas la moindre envie. « Oh, tellement ! ». Son exclamation le fit d’autant plus sourire tandis qu’ils continuaient d’avancer. Charles enfonça ses mains dans les poches de son jean et après un bref regard vers Ashton ce dernier se posa sur ses pieds pour s’assurer de ne pas rencontrer une quelconque embûche sur le chemin. Tous les deux avaient sauté le passage des questions sur l’un et l’autre et pourtant ça ne les empêchait d’avoir un attachement l’un envers l’autre, un lien que le Major ne savait expliquer mais qu’il appréciait.

« Comment t'en es venu à parler autant de langues ?! ». Charles leva le nez vers le ciel et fronça légèrement ce dernier. Il était vrai qu’il surprenait souvent en énumérant le nombre de langues qu’il pouvait parler si bien qu’avec le temps il avait préféré ne plus le dire pour éviter les questions, mais pour Ashton ce n’était pas la même chose d’autant plus qu’il était celui qui lui avait dit de poser ses questions. « Pourquoi t'es devenu infirmier, à l'armée ? Enfin, je veux dire, t'aurais pu être juste comte, ou bien être chirurgien dans un grand hôpital écossais. ». Ses yeux bleus se posèrent une nouvelle fois sur la jeune femme à ses côtés sans arrêter de marcher pour autant. Sa question était pertinente et étonnement c’était bien la première fois qu’on la lui posait. Silencieux, le jeune homme attendit d’avoir sorti les mains de ses poches avant de se lancer dans ses réponses. « Pour les langues … l’anglais me semble assez évident. Hm … pour l’italien j’ai des origines. Mon père est italien, d’ailleurs mon nom complet n’est pas Sutherland, mais Sutherland-Leonelli ce qui fait toute la différence. Bref, il tenait à ce qu’on connaisse sa langue maternelle pour les rares fois où nous sommes allés en Italie. Le français, c’est une obligation de ma famille que je n’ai jamais bien compris, mais peu importe. Quant au russe et au chinois, la première c’était par envie et la deuxième par curiosité. ».

Charles lui adressa un nouveau sourire. A vrai dire, les langues et la littérature furent ses premières passions, ce vers quoi il avait pensé s’orienter avant la mort de Bethany, avant que ce décès ne bouleverse toute son existence et ses projets d’avenir. « A la base je ne comptais pas être juste infirmier. Quand je suis arrivé aux États-Unis je voulais être titulaire en traumatologie, mais puisque j’étais aussi dans l’armée comme mon père et mon frère, ça m’a pris une grande partie de mon temps et j’ai dû faire un choix. Et puis, comte n’est pas un métier ce n’est qu’un titre qui m’apporte peut-être de l’argent, mais je voulais faire quelque chose d’utile de ma vie, aider les autres. Je ne cherche pas à me faire un grand nom, juste à aider les personnes qui en ont besoin … ». Comme lui avait pu en avoir besoin suite à la mort de sa petite sœur. Étant passé par le deuil – même s’il n’était qu’un adolescent – Charles était bien placé pour savoir qu’après être passé par le choc, le déni et la colère tout le monde entamait l’étape de la tristesse ou de la dépression, moment où toute personne a un grand besoin de soutien. Lui en avait trouvé auprès de sa famille, mais il s’était promis d’aider les gens par la suite même si face aux étapes du deuil il ne pouvait pas faire grand-chose mis à part aider. Un soupire lui échappa et le jeune homme chassa ces pensées de son esprit pour se focaliser à nouveau sur Ashton. « Questions suivantes ? ». A l’intonation de sa voix il était difficile de ne pas sentir que ça l’amusait. Habituellement il n’aimait pas s’étaler sur sa vie, surtout la partie privée de cette dernière mais s’il comptait mieux connaitre Ashton et entretenir ce lien avec elle, il se devait de s’ouvrir.

« Oui, il me semblait bien avoir remarqué que t'aimais aider ton prochain... ». Un petit sourire étira les lèvres du jeune homme. Il n’était pas le genre d’homme à avoir honte d’être humain. Aider les autres était une véritable passion pour lui, mais également un besoin dont il ne se cachait pas. Les deux métiers qu’il faisait étaient une preuve de ce besoin et jamais il n’aurait pensé à cacher à qui que ce soit qu’il était un homme avec une certaine sensibilité. Pourtant, Charles avait toujours été très doué pour cacher ce qu’il ressentait réellement de peur que ça soit utilisé contre lui. Lorsqu’il allait mal, il s’évertuait de le cacher au mieux pour ne pas inquiéter son entourage persuadé de pouvoir s’en sortir par lui-même. Après tout, s’il était capable d’aider les autres, il devait bien l’être pour lui-même ? Le décès de sa petite sœur aurait dû lui faire comprendre que non, toutefois il avait eu le droit à un certain soutien de la part de sa famille sans même s’en rendre compte et c’était sûrement ce qui l’avait aidé et sauvé. « Tu le fais très bien, en tout cas. ». Nouveau sourire que le jeune homme s’efforça de cacher tout en continuant de marcher aux côtés d’Ashton.

Il n’avait pas honte de son compliment, au contraire, mais Charles avait cette petite habitude de baisser la tête dès qu’il était touché par quoi que ce soit, c’était à croire qu’il avait presque honte que quelqu’un voit ses joues chauffer. Toutefois, l’infirmier redressa bien vite la tête pour s’assurer de ne pas dévier au point de se prendre un arbre, ce dont il aurait été capable en fixant autant ses pieds en marchant. Ce petit jeu de questions/réponses lui plaisait et il ne s’en cachait pas. Charles voulait qu’Ashton le connaisse mieux et lui aussi désirait la connaitre un peu mieux. En peu de jours elle avait appris plus de choses que la plupart des connaissances qui faisaient partie de sa vie ce qui était bien là une preuve de l’attachement qu’il pouvait déjà éprouver pour la jeune femme. « Je peux te demander, pour ton mariage ? ». Le jeune homme détourna son regard pour le poser sur Ashton qui en avait fait de même pour ne pas croiser le sien. « Logan me lâchera vraiment pas avec ça. ». Un sourire amusé étira ses lèvres tandis qu’il secoua légèrement la tête de droite à gauche. La question sur son mariage, il était surpris qu’elle ne l’ait pas posé avant toutes les autres.

C’était le genre d’informations qui intriguait et certaines de ses ex petites amies avaient bien vite été curieuses de savoir pour quelles raisons il était à présent divorcé. « Tu n’as pas besoin de te justifier. ». De nouveau, Charles la regarda et se concentra à nouveau sur le chemin qu’ils suivaient sur le trottoir en poussant un soupire … après tout c’était lui qui avait ouvert la porte sur son passé. « Piper … c’était son prénom. On était ensemble en médecine à Seattle. C’était une personne adorable, douce et altruiste … du moins c’est ce que je pensais. On était très proches et avec deux autres amis on a eu notre année et on a décidé de fêter ça à Las Vegas. Le reste est assez flou, mais on a fini marié et j’étais assez attaché à elle, alors on a décidé de le rester. Lorsqu’on est rentré dans l’Oregon j’ai pu découvrir sa vraie facette, le côté calculatrice et manipulatrice de sa personnalité tout ce qui ne me plait pas et j’ai demandé le divorce que j’ai obtenu après un bon moment à batailler. ». Charles grimaça à ce souvenir, mais se recomposa un visage plus agréable en un rien de temps en posant les yeux sur Ashton. « Rien de bien glorieux … ». Vraiment pas et pourtant son frère l’avait prévenu, mais aveuglé par ce qu’il croyait être de l’amour Charles n’avait pas voulu écouter Henry.

t'as vu j'apprends à faire court

Parler de son mariage n’était pas une chose dont il avait l’habitude. Ce moment de sa vie appartenait à un passé qu’il préférait garder pour lui n’étant que très peu fier de ce dernier. Il avait été dupe, peut-être aveuglé par l’amour sans doute, mais à ses yeux il n’avait aucune excuse pour s’être marié aussi vite et certainement avec un coup de trop dans le nez. Toutefois, en parler à Ashton ne lui posait aucun problème, c’était tellement agréable de discuter avec quelqu’un en sachant qu’il n’allait pas être jugé, que la jeune femme était seulement curieuse d’en savoir plus sur lui. « Non, enfin... T'as tenté le coup, ça a pas marché... ». Un petit sourire étira les lèvres du jeune homme. Voilà la raison pour laquelle il n’avait pas eu honte d’en faire part à la jeune femme, de lui raconter ce mariage si foireux qui avait été le sien. Elle ne le jugeait pas, elle se contentait de l’écouter par curiosité et c’était une chose que Charles appréciait. « Hm... Des enfants ? ». Le jeune homme posa les yeux sur Ashton en fronçant légèrement le nez. Les enfants … c’était un sujet qui lui semblait étrange et quelque peu évasif. Des enfants à proprement parler, il n’en avait aucun du moins pas à sa connaissance, mais pour lui Omisha était devenue comme sa fille depuis qu’il avait été désigné pour être son tuteur légal à la mort de son meilleur ami, à la mort de Jerry.

Tandis qu’il réfléchissait, Charles se gratta la tempe et soupira quelque peu puis enfonça les mains dans les poches de son jean le regard porté droit devant lui. « Pas moi … enfin c’est compliqué. ». Charles osa un regard en direction de la jeune femme et lui adressa un sourire pour lui faire comprendre qu’il n’y avait pas à s’inquiéter de ce qu’il allait dire et repris. « L’un de mes meilleurs amis est mort dans un accident de voiture l’an dernier. Il avait une fille, Omisha, que je connais depuis qu’elle est née. J’ai été désigné comme étant son tuteur légal à la mort de son père. Je l’ai toujours considéré comme ma nièce et je prends mon rôle auprès d’elle à cœur même si une adolescente ce n’est pas facile à gérer tous les jours, mais on s’entend bien … enfin on s’entendait bien. ». Un nouveau soupire lui échappa. Charles secoua légèrement la tête de droite à gauche pour tenter de faire taire sa frustration, ce n’était ni le moment ni l’endroit de se laisser aller. Le jeune homme se força donc à sourire une nouvelle fois lorsqu’il posa les yeux sur Ashton. « Tu as le droit de partir en courant chez toi maintenant, même si je t’avoue que je préfèrerais que tu restes avec moi. ». Un sourire d’autant plus franc étira ses lèvres et Charles dévia son regard sur le trottoir sur lequel ils continuaient de marcher en cessant à nouveau de parler dans l’attente d’une nouvelle question.

Se dévaloriser était quasiment devenu une seconde nature. Les pertes auxquelles il avait dû faire face par le passé en étaient sans doute la raison. Plusieurs fois il s’était senti coupable de ce qui se produisait dans sa vie à commencer par le divorce de ses parents, puis par la mort de sa petite sœur. Dans les deux cas, Charles avait toujours eu la sensation d’être fautif et rien ni personne ne fut en mesure de faire taire cette sensation si bien qu’aujourd’hui le jeune homme avait une bien piètre image de lui-même. Néanmoins, il avait conscience de faire les choses bien maintenant ou tout du moins la grande majorité de ce qu’il faisait étaient bien, parfois même honorables, mais ça ne semblait pas lui suffire. Son existence était loin d’être parfaite, mais Ashton ne semblait pas s’en préoccuper et, quelque part, Charles en fut rassuré peut-être même touché sans pour autant l’avouer. « Non, non, j'ai pas l'intention de partir... ». Le jeune homme lui adressa à son tour un sourire bien que le sien soit plein de gratitude. Il était bien content qu’elle préfère rester avec lui plutôt que fuir, non pas qu’il aurait été vexé mais … Peut-être que si en réalité. Charles avait un grand nombre de responsabilités qui pesaient sur ses épaules et dernièrement il avait la sensation d’échouer avec l’une d’elle et souvent son moral finissait dans ses chaussettes à cause de ça.

Omisha comptait énormément pour lui et même s’il le lui avait assuré, il n’avait jamais été capable de lui faire comprendre l’attachement exact qu’il avait pour elle. L’abandonner était l’une de ses hantises et la perdre également si bien qu’encore aujourd’hui il cherchait à trouver n’importe quel moyen pour ne pas avoir à partir ne serait-ce que pour elle, même si depuis quelques temps Ashton entrait aussi dans l’équation. « Pourquoi vous vous entendez plus ? ». L’infirmier détourna une nouvelle fois la tête vers la jeune femme et soupira lorsque ses yeux allèrent se poser sur le sol. Charles resta silencieux quelques secondes et passa une main sur son visage pour tâcher de se détendre … ce sujet il ne l’aimait que très peu pour tout dire. « J’ai reçu mon ordre de mission le mois dernier. On me renvoi en Afghanistan en octobre ce qui signifie devoir la laisser toute seule et disons que cette nouvelle n’est pas la meilleure, pour elle comme pour moi. ». Charles dû serrer les dents pour faire taire la colère qui l’envahissait. Cette situation il ne l’aimait pas le moins du monde et pourtant il ne parvenait à se faire à l’idée de démissionner, par alors qu’il était autant attaché à l’armée. « Enfin, je crois que je n’ai jamais fait aussi rapidement le tour de ma vie. ». Nouveau petit sourire. Il se devait de plaisanter un tant soit peu pour ne pas perdre sa bonne humeur, du moins pas en présence de la jeune femme car une fois de retour chez lui le temps pour broyer du noir n’allait pas manquer.

on fera pas de commentaire sur la mienne x) & maintenant qu'il lui a dit il me tarde le prochain p'naise deux pages Ö

Il n’osait plus tellement poser les yeux sur Ashton même si ce n’était pas l’envie qui lui manquait. La jeune femme avait quelque chose d’apaisant lorsqu’il était en sa présence. Il parvenait à se sentir mieux, à se sentir utile et cette sensation lui était véritablement agréable. Cependant, le fait d’avoir à repenser à son futur départ semblait être plus fort que la présence d’Ashton et Charles était bien incapable de faire taire sa frustration. Il se sentait mal à chaque fois qu’il se risquait à y penser, à chaque fois qu’il s’imaginait le jour du grand départ … L’infirmier ignorait si, quand ce jour allait arriver, Omisha serait là pour faire ses adieux et à bien y réfléchir il doutait d’en avoir envie. Le fait d’imaginer de partir loin de l’adolescente était bien assez douloureux, l’idée d’avoir à lui au revoir était encore pire. Mais ce n’était pas tout et maintenant il se rendait compte qu’il serait bien idiot de le nier. Il s’était attaché à la jeune femme à ses côtés, peut-être un peu trop rapidement aux yeux de certains, mais peu lui importait. Ils n’avaient pas eu tellement de temps juste tous les deux pour faire plus amples connaissance et pourtant aujourd’hui ils avaient fait un grand pas même s’ils avaient beaucoup plus parlé de lui que d’elle, toutefois il savait qu’elle avait grandement besoin qu’on lui change les idées. Toutefois, il aurait aimé avoir plus de temps même s’il n’était pas encore partit, même s’ils avaient encore jusqu’au mois d’octobre pour se revoir, mais aux yeux de Charles il y avait tellement à faire qu’il craignait de manquer de temps. Un soupire lui échappa tandis qu’il passait à nouveau une main sur son visage à la fois pour se calmer et aussi pour oublier toute cette histoire même si cette dernière ne semblait pas bien d’accord avec lui. « Alors... Tu vas partir ? ». Enfin il parvint à poser les yeux sur elle sans pour autant prononcer le moindre mot, pas pour l’instant.

Charles se contenta d’avancer dans la rue sans la lâcher du regard. Peut-être était-il lui-même en train de chercher une réponse à cette question comme il le faisait depuis plusieurs semaines, depuis un bon mois. « Si je ne trouve pas une solution qui arrange tout le monde, je crains bien que oui. ». L’infirmier détourna son regard pour le poser droit devant lui avant de reprendre. « L’armée fait partie de ma vie et je sais que je suis incapable de m’en détacher, mais de l’autre côté il y a d’autres personnes auxquelles je tiens et auprès de qui je veux rester et malheureusement je n’ai pas trouvé le moyen d’avoir les deux même si je continue de chercher … ». Surtout, il savait que l’armée ne comptait pas le lâcher comme ça, pas avec son grade et pas en étant un médecin utile et efficace sur le terrain. Trouver un terrain d’entente menant à quelque chose qui conviendrait à tout le monde aller s’avérer difficile, mais Charles s’efforçait de faire preuve d’optimisme et … ses sourcils se froncèrent lorsqu’il sentit de vibrations dans la poche de son jean. Surpris, il s’arrêta au beau milieu du trottoir et sortit son biper de sa poche avant de poser les yeux sur Ashton. « Oh … c’est l’hôpital, je vais devoir me sauver … mais je vais prendre le temps de te raccompagner par simple plaisir d’arriver en retard et de profiter un peu de ta compagnie. ». Charles força un petit sourire loin d’être ravi par l’interruption de ses patrons en ce début de soirée avec la jeune femme qu’il avait si longtemps attendu, mais un appel restait un appel et sa présence au Lenox Hill était obligatoire. Toutefois, laisser Ashton rentrer seule chez elle lui semblait inenvisageable et ce fut la raison – ça et le fait de passer encore un peu de temps avec elle – qui le poussa à rebrousser chemin en sa compagnie avant de la quitter.

& magnifique réunion de famille en perspective j'ai envie de dire XD