Jillian avait le don de toujours réussir à faire faire à Cléa tout et n’importe quoi. C’était comme ça depuis qu’elles étaient toutes petites et ça n’avait malheureusement pas changé avec le temps. Quand sa sœur avait décidé quelque chose, Cléa arrivait rarement à protester bien longtemps. Alors elle le faisait, en faisant la tête la plupart du temps mais soit. C’était exactement comme ça que la blonde arrivait à l’attirer dans ses soirées mortellement ennuyeuses et c’était aussi comme ça que Cléa avait atterri aujourd’hui à ce stage bidon de self-défense. Sa sœur était arrivée chez elle quelques jours plus tôt, un grand sourire aux lèvres et lui avait annoncé qu’elle les y avait inscrite toutes les deux. Cléa n’en voyait pas vraiment l’intérêt mais elle avait finit par accepter. Et puis, ce matin, après l’avoir accompagné jusque là en voiture, sa sœur l’avait très aimablement abandonnée sous prétexte d’un rendez-vous urgent. Elle avait ajouté quelque chose sur son patron qui était un vrai tyran mais Cléa avait juste levé les yeux au ciel. Elle savait que sa sœur lui mentait et qu’elle n’avait juste jamais eu l’intention de ce joindre à elle à ce cours. Pourtant, elle lui pardonnerait quand même son mauvais coup, comme à chaque fois. Enfin, elle se vengerait mais ça c’était normal.

Cléa entra dans la salle en maudissant son aînée et ne prêta pas trop attention aux êtres personnes présentes. Au bout d’un moment, elle se détourna et repéra un visage connu. Victor se tenait là, non loin. C’était sûrement un des seuls mecs présents dans la salle. Cléa le regarda en fronçant les sourcils. C’était fou comme elle était toujours amenée comme ça à le croiser même quand elle ne l’aurait pas vraiment voulu. Parce que clairement, elle n’était pas vraiment ravie de le trouver là, elle l’évitait encore depuis leur dernière rencontre, c’était devenue une habitude entre eux depuis que toutes leur rencontres se terminaient par un baiser. Enfin cette fois, c’était de sa faute. Avant qu’elle ait trouvé la meilleure manière dont il convenait d’agir, le prof arriva, les salua et sans plus attendre et annonça comment ils allaient procéder pour travailler. Des exercices en binôme. Et comme le hasard faisait merveilleusement bien les choses, Cléa se retrouva avec Victor. C’était difficile à présent de l’éviter. Elle s’approcha de lui, les yeux baissé et le salua rapidement. « Hey. Ca fait longtemps. » Pas assez longtemps, vraiment pas assez longtemps. Elle essaya ensuite de porter attention à ce que le prof disait mais elle avait un peu du mal à se concentrer.

Victor maudissait encore plus Coleen à cet instant précis. Il tenta de se concentrer, tant bien que mal, sur le professeur. Ce dernier ne fit guère prier et déjà, il avait décidé de mettre en action ces nouveaux élèves. Victor, un peu angoissé, regarda tout autour de lui. Il était le seul garçon… ah non, il était deux. Un autre garçon aux cheveux longs et un peu enveloppé se trouvait pas très loin de Cléa. Avec la chance qu’il ait, il était certain qu’il allait se retrouver avec lui, avec ce mec. Le professeur décida qu’il allait constituer lui-même les binômes. Victor ne soupira pas de soulagement, la crainte de se retrouver avec ce gars était toujours là. Mais il put souffler lorsqu’il entendit que le dénommé « Francis » allait se retrouver avec une petite rousse, un peu frêle. Ce fut au tour de Victor de savoir avec qui il allait se retrouver. Il serra le poing un peu fort, sûrement un brin nerveux. Enfin il pouvait à présent être relaxe, étant donné qu’il savait qu’il n’allait pas se retrouver avec un garçon. « Toi ! » lâcha le professeur en montrant Victor du doigt, « tu vas te mettre avec elle. ». Il lui présenta du menton Cléa. C-L-E-A. Il secoua la tête, songeant qu’il avait dû rêver. Qu’il ne lui avait pas montré Cléa, mais bien une autre fille. La jeune fille dénommée s’approcha de Victor. Ce dernier leva les yeux sur ce visage angélique qui se présentait à lui. Non, il n’avait pas rêvé. C’était bel et bien Cléa qui était en face de lui. « Hey. Ca fait longtemps. » lui dit alors cette voix. Ca faisait longtemps, d’après elle. La notion du temps était relative d’une personne à une autre. Certains diront que ça fait longtemps, d’autres non. La dernière fois qu’ils s’étaient vus, c’était il y a un peu moins de deux semaines, dans Central Park. Sûrement n’auraient-ils pas dû se rencontrer hasardeusement. Leurs deux dernières rencontres s’étaient conclues par un baiser. Un furtif baiser, certes. Victor inspira et tenta de paraître le plus neutre possible. « Hey ! » reprit-il. Comment rester neutre face à une jeune fille qui ne vous laissait pas insensible ? Comment ? Qui avait le remède miracle ? Qui l’avait, dites-le-lui. « En effet… » dit-il timidement, alors que la voix du professeur retentit. Il leur dictait le premier exercice, un « truc fastoche juste pour les mettent en condition » comme il venait de leur dire. Alors il tenta de leur expliquer tant bien que mal l’exercice. Victor fronça les sourcils en se tournant vers l’homme. Il ne comprenait pas vraiment ce qu’il attendait d’eux. Sûrement parce que Victor n’arrivait pas à se concentrer. Il inspira une grande bouffée d’air, encore une fois. Lorsque le professeur leur dit de faire à leur tour l’exercice, Victor regarda droit dans les yeux Cléa. Il maudissait vraiment Coleen de l’avoir mis dans une telle situation, il maudissait ce professeur aussi. Il le maudissait de l’avoir mis en binôme avec Cléa. Alors que les élèves s’étaient déjà mis en route, Cléa et Victor mirent un certain temps avant de se décider de commencer. « Hum… je veux bien faire celui qui tombe… sinon j’aurais trop peur de te faire mal. » dit-il alors.

Cléa pestait vraiment intérieurement, elle haïssait sa sœur de l’avoir envoyé là. Elle haïssait ce prof pour l’avoir mise en binôme avec la seule personne avec qui elle ne voulait pas se retrouver ici. Et aussi, elle haïssait Victor pour avoir jugé bon de s’inscrire à ce cours. Quelle idée étrange, il avait eu là. C’était un mec après tout, il n’était pas censé avoir besoin de ce genre de cours pour se défendre. La jeune femme posa un regard critique sur lui. Ouais, si en fait, il devait peut-être en avoir besoin, Victor avait beau être un mec, il était loin d’être très viril. « Hey ! » En tout cas, il n’avait pas l’air beaucoup plus ravie de la voir, qu’elle était de le voir. C’était un sentiment qu’elle comprenait aisément et elle ne pouvait même pas lui en vouloir pour ça. « En effet… » Cléa fronça les sourcils avant de comprendre que Victor disait ça par rapport à ce qu’elle avait dit, comme quoi, ça faisait longtemps. Cléa hocha la tête et se passa nerveusement la main dans les cheveux. « Ouais… ça va toi ? » demanda-t-elle toujours aussi peu à l’aise. Elle avait largement de quoi être mal à l’aise. Elle avait eu beau se repasser le film de leur dernière rencontre, elle n’avait pas été capable de comprendre à un seul moment ce qui avait pu l’amener à l’embrasser. Mais le pire dans tous ça, c’était surtout qu’elle n’était même pas certaine de regretter son geste.

Le professeur parlait encore et encore et Cléa avait l’impression de ne saisir qu’un mot sur dix. Elle était pourtant bien sûr qu’ils parlaient la même langue mais le sens de ce qu’il disait lui échappait quand même. Quand finalement il se tut, Cléa ne savait tout simplement pas ce qu’ils étaient censé faire maintenant. C’était bien sa chance ça. Autour d’eux, les autres semblaient s’être mis à travailler et Cléa se tourna vers Victor, espérant qu’il en savait un peu plus qu’elle. « Hum… je veux bien faire celui qui tombe… sinon j’aurais trop peur de te faire mal. » Pour le coup, sa gêne ne l’empêcha pas de sourire en entendant cette remarque. Comme s’il pouvait vraiment lui faire mal. Cléa posa un nouveau un regard critique sur lui et secoua la tête. C’était plutôt elle qui aurait du s’inquiéter de lui faire mal en fait. Elle était sûre que si jamais elle avait du se battre avec lui un jour, elle aurait eu le dessus en moins de deux. « C’est que… moi aussi j’ai peur de te faire mal. » dit-elle, un petit sourire au coin des lèvres. Elle jeta alors un nouveau coup d’œil autour d’elle en soupirant. « Sérieusement, c’est vraiment ça qu’on doit faire, faire tomber l’autre au sol. Je vois vraiment pas à quoi ça sert. » Elle préférait nettement se déplacer avec une batte de baseball, c’était plus sûr comme moyen de défense. Parce que contre un adversaire qui faisait le double de soi, toutes les techniques du monde ne feraient pas grand miracle.

Elle lui demandait s’il allait bien. Sûrement lui demandait-elle par politesse, ou tout simplement pour faire la conversation. Dans tous les cas, elle devait se forcer à le faire, sûrement n’avait-elle pas envie de se retrouver avec Victor. Pour une raison ou une autre, raison que Victor ignorait bien entendu. Il se contenta d’un hochement de tête. Non pas qu’il ne voulait pas lui parler, en fait… si, un peu. Il n’avait pas envie d’être là, de rester là, de devoir se donner en spectacle ici. Il était certain qu’il allait être ridicule. Coleen l’avait sûrement poussé pour le rendre encore plus pathétique, plus idiot et encore plus ridicule. Il ne pouvait pas laisser paraitre cette certaine image. Bien entendu qu’il n’était pas pathétique, encore moins idiot… légèrement ridicule, certainement. La voix du professeur criarde retentit dans toute la pièce. Claquement de main qui fit frissonner Victor, ou plutôt sursauter. Ce qu’il pouvait être impressionnant, avec sa carrure de déménageur. Alors que tous les élèves entamaient avec hâte l’exercice « d’échauffement » comme le professeur l’avait dit. Victor et Cléa, eux, s’échangèrent un regard d’incompréhension. A croire qu’elle non plus n’avait pas compris ce qu’il venait dire. A croire que le flot de paroles qui était sorti de la bouche du professeur était similaire à un baragouinage chinois. Oui, le chinois n’était qu’une langue incompréhensive et insensée, selon Victor. Ce fut lui qui prit en premier la parole. Il lui disait qu’il voulait bien se porter volontaire pour faire le rôle du « méchant », enfin de celui qui tombe, comme il le lui avait si bien dit. Cela semblait moins fatiguant à faire que celui de faire tomber l’autre à l’aide d’une attaque digne d’un ninja. Oui, Victor n’était pas très sportif dans son genre. Il ne l’était pas du tout, et détestait cela plus que tout. Il avait, pour l’instant, l’impression de se retrouver dans un cours de judo, plus que dans un cours de self-défense. « C’est que… moi aussi j’ai peur de te faire mal. ». Peur de lui faire mal ? Que racontait-elle là. Victor secoua la tête, avant de froncer un peu plus les sourcils. « Oh ne raconte pas de bêtise ! lâcha-t-il en marquant une brève pause, je suis un dur à cuir au fond ! ». Il bomba légèrement le torse, comme pour montrer son semblant de virilité et de musculature inexistante. Car oui, avouons-le, Victor n’était pas très musclé comme garçon, il ne l’était presque pas. Il était mince, sec, un peu trop maigre pour sa grande taille. « Sérieusement, c’est vraiment ça qu’on doit faire, faire tomber l’autre au sol. Je vois vraiment pas à quoi ça sert. » reprit de nouveau Cléa. Victor posa sa main sur son menton, tel un grand penseur. Elle n’avait pas faux à vrai dire. Ca servait à quoi de faire tomber son camarade de binôme ? A rien, certainement. Ou juste à amuser ce professeur tyrannique. Le jeune français se racla la gorge. « J’ai fait du théâtre quand j’étais au collège, ou en primaire… enfin qu’importe… et je n’ai qu’à faire semblant de tomber et il n’y verra que du feu. Et puis toi, tu n’auras qu’à mimer une prise de judo ou une pause de ninja juste avant ma chute et le tour est joué ! Comme ça, l’un comme l’autre, on ne se fera pas mal. ». Ce fut l’idée de Victor. Idée qui fit plus rire Cléa qu’autre chose à vrai dire… Pourtant, le jeune homme semblait si sérieux dans ses paroles. Si sérieux qu’il en était presque convainquant.

Cléa se moquait un peu de lui en disant qu’elle avait peur de lui faire du mal si elle le faisait tomber par terre, évidemment. Mais il y avait aussi un peu de vrai là-dedans. Il n’était pas beaucoup plus musclé qu’elle, après tout, ce n’était pas pour rien que Jillian le disait gay. Le jeune homme secoua la tête suite à ses paroles avant de froncer les sourcils. Il ne devait pas être d’accord là-dessus, ça n’avait rien de bien surprenant. « Oh ne raconte pas de bêtise ! je suis un dur à cuir au fond ! » La blonde éclata de rire. Un dur à cuir… bah voyons. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre parfois ! En plus de ça, il avait l’air parfaitement ridicule à bomber le torse comme un coq fier de lui. « Très au fond alors, c’est un aspect de toi que tu caches parfaitement bien. Je l’aurais jamais soupçonné comme ça. » Enfin ce n’était pas ça qui empêchait la jeune femme d’apprécier le jeune homme quand même, fort heureusement d’ailleurs.

La blonde décida enfin de se mettre à prêter ne serait-ce qu’un peu attention de l’autre imbécile qui leur servait de prof. C’était ce qu’elle avait fini par conclure à son propos : c’était vraiment un imbécile. En plus, il ressemblait à Tarzan un peu (c’était une manière gentille de dire qu’il avait tout d’un homme des cavernes). Elle mis en évidence le fait que tout ça était vraiment inutile et Victor eut l’air d’accord avec elle. Pour une fois que ça arrivait, elle n’allait pas s’en plaindre. Il prit alors la parole pour proposer l’idée la plus ridicule qu’elle ait pu entendre venant de lui. « J’ai fait du théâtre quand j’étais au collège, ou en primaire… enfin qu’importe… et je n’ai qu’à faire semblant de tomber et il n’y verra que du feu. Et puis toi, tu n’auras qu’à mimer une prise de judo ou une pause de ninja juste avant ma chute et le tour est joué ! Comme ça, l’un comme l’autre, on ne se fera pas mal. » Cléa se mit à rire. Que pouvait-elle faire d’autres après ça ? L’idée en elle-même était déjà drôle mais en plus elle imaginait Victor en train de faire des pauses de ninja et ça, c’était très hilarant. « Très bien, je marche. » répondit-elle d’un ton très sérieux. Rien que pour le voir à l’œuvre ça valait la peine. « Mais ne te donne cette peine que quand il nous regardera. » C'est-à-dire pas maintenant. N’empêche, avec cette idée stupide et tout, elle avait l’impression d’être revenue au collège pour le coup. Tout ça à cause de Jillian. En repensant à ça, la blonde fronça les sourcils. « En fait, je peux te poser une question ? » Elle avait dit ça comme s’il s’agissait d’une question e la plus haute importance alors que pas du tout. Elle ne voulait aborder aucun sujet trop sérieux avec lui aujourd’hui. En plus, elle n’attendit même pas sa réponse pour enchaîner. « Qu’est-ce qui t’amènes ici ? » Parce qu’il n’avait pas l’air plus ravi qu’elle d’être là alors ça l’intriguait un peu quand même.

Un sourire quelque peu fier se dessina sur les lèvres de Victor, tant dis que Cléa se mit à rire. Aussitôt, il perdit son sourire qui illuminait son visage. Se moquait-elle de lui ? Telle était la question. Une fille comme Cléa était pourtant si gentille… elle ne pouvait pas. Sûrement allait-elle refuser, jugeant l’idée de Victor légèrement (vraiment très légèrement) ridicule. Il la regarda avec insistance, espérant un instant qu’elle accepte. Elle lâcha quatre petits mots qui eurent pour effet de soulager le jeune homme. Il lâcha un sourire qui se dessina jusqu’à ses oreilles. A croire qu’il en fallait peu pour qu’il soit heureux. Il en faut peu pour être heureux, disait la chanson. « Mais ne te donne cette peine que quand il nous regardera. ». Hochement de la tête affirmatif de la part du jeune homme. Evidemment, il comptait mettre tout cela à l’œuvre juste quand leur professeur sera là, à les observer et juger leur niveau. Niveau qui ne devra sûrement pas être haut… Et c’est alors que Cléa lui demanda ce qu’il faisait là. « Qu’est-ce qui t’amènes ici ? » lui dit-elle exactement. Victor esquissa naïvement un léger sourire avant de réfléchir ce qu’il allait bien pouvoir lui répondre. Il n’allait quand même pas lui dire la triste vérité. Qu’une amie lui avait conseillé ce cours, qu’il en avait vraiment besoin d’après cette fameuse amie, qu’il avait besoin d’apprendre à montrer un soupçon de virilité selon encore cette nana. Non, vraiment, il ne pouvait pas lui dire cela. Son image risquerait de se ternir rapidement, autrement. Il devait faire bonne impression devant elle. Devant Cléa. Il arbora alors son plus grand sourire avant de lui répondre. Cléa le regarda d’ailleurs avec une grande impatience. A croire que cela faisait plusieurs secondes (voire même minutes) qu’il lui souriait comme un benêt. « La curiosité, on va dire ! Je me suis toujours demandé comment ça se passait un cours de ‘self-defense’. Alors j’ai sauté sur l’occasion… puis ça doit être un bon moyen pour faire de charmantes rencontres. ». Mensonge bien entendu. Curieux, savoir comment ça se passait un cours comme ça ? Il n’en avait rien à faire. Il avait juste suivi les conseils de son amie Coleen. Et ce fut sur ces paroles de Victor que le professeur décida de faire son apparition. « Charmante rencontre ? Allez mon gars, t’es pas là pour draguer. » lâcha la grosse voix grave. Victor avala avec un peu de mal sa salive et regarda avec beaucoup de crainte l’homme qui venait de faire son apparition. Un peu gêné parce qu’il venait de lui dire, Victor se sentit légèrement rougir. Avant de réaliser qu’il devait se mettre à l’œuvre, de se vêtir de son rôle de ninja amateur.

Il lança un regard complice à Cléa. C’était le moment T ! Victor prit une grande inspiration avant de devoir commencer à attaquer Cléa, qui elle le contrattaquera. Il prit une pose plutôt risible, levant l’une de ses jambes et lançant un mémorable « YATTA ! ». Faisant ainsi ressortir le ninja qui était en lui. Cléa en fit de même, ou de manière plus discrète. A croire que Victor n’avait plus peur du ridicule. Le ridicule ne tuait pas de toute façon. Lorsque Cléa fit semblant de se saisir de lui afin de le faire tomber, Victor chuta de manière théâtrale. Un petit « aïe » s’échappa de sa bouche. Après quoi, il se releva aussitôt, lançant un sourire de satisfaction au professeur qui les regarda d’un air blasé. « Tu te crois dans un cirque, toi ? » lança-t-il à Victor. Bien entendu, ce dernier fit non de la tête. « Vous allez refaire l’exercice ! Et que ça saute ! ». Quelle autorité. Victor fronça les sourcils. Refaire l’exercice ? Et puis quoi encore…

Cléa avait trouvé le sujet idéal à aborder. Il n’était pas trop personnel et aurait le mérite de le faire parler un peu. C’est exactement pour ça qu’elle lui avait demandé la raison de sa venue là. Aussi simple que ça. En plus de ça, sa question était tout à fait légitime, la plupart des mecs sur la terre aurait eu bien trop d’orgueil pour se rendre à un cours de sel-défense comme ça, au risque de se couvrir de ridicule. « La curiosité, on va dire ! Je me suis toujours demandé comment ça se passait un cours de ‘self-defense’. Alors j’ai sauté sur l’occasion… puis ça doit être un bon moyen pour faire de charmantes rencontres. » La blonde fronça les sourcils. Elle était presque certaine qu’il était en train de lui mentir là. Elle ne savait pas s’il pensait vraiment lui faire gober ça mais si c’était le cas, il se trompait lourdement. « Genre, par curiosité. » Un sourire moqueur se dessina sur las lèvres de la jeune femme. « J’ai assez d’estime pour toi pour croire que t’as mieux à faire de ta vie pour éprouver de la curiosité pour autre chose que ça. » Elle fit un geste évasif qui englobait al salle dans laquelle il se trouvait et ajouta une petite moue dégoutée. Elle reprit la parole en baissant le ton. « Ne sois pas si fier, j’ai deviné. Mais moi aussi on m’a traîné de force ici rassures toi. Sauf que moi ej suis une fille et que c’est un peu moins la honte mais soit. »

Le fameux professeur arriva jusqu’à eux. Cléa avait à peine fait attention à lui depuis qu’elle était arrivée et c’était sûrement mieux en fait, il avait l’air d’un mec stupide qui ne jurait que par ses muscles et sa force. Cléa et Victor lui firent alors le fameux numéro qu’ils avaient mis au point. Cléa avait eu raison d’accepter cette idée, Victor en train d’imiter un ninja, ça valait vraiment le coup d’œil. Elle dut faire un énorme effort pour ne pas se mettre à rire et faire sa part du boulot mais elle avait conscience qu’ils offraient un tableau bien ridicule. Au moins, ils auraient eu le mérite de divertir un peu les autres, c’était un point positif. Le professeur, lui, n’eut pas l’air d’apprécier leur numéro et leur commanda de refaire l’exercice en les prenant de haut. Cléa fronça les sourcils, les prenait-il vraiment pour des gamins ? Elle croisa ses bras et s’adressa à lui d’un ton condescendant. « Je crois pas que ça va être possible désolée. Je me suis cassé un ongle voyez-vous et je crois que je ne pourrais plus rien faire aujourd’hui. C’est dommage… » Elle haussa les épaules te lui sortit alors son plus beau sourire tout en pensant que c’était vraiment un con.

Le professeur ne semblait pas rire, il était même strict. Très strict. Alors qu’il venait de demander aux deux jeunes gens (Victor et Cléa) de faire l’exercice, Cléa trouva une excuse pour ne pas le faire. « Je crois pas que ça va être possible désolée. Je me suis cassé un ongle voyez-vous et je crois que je ne pourrais plus rien faire aujourd’hui. C’est dommage… ». Un sourire amusé se dessina dés lors sur les lèvres de Victor. Elle n’était pas vraiment crédible, et il avait bien peur que l’homme ne gobe cette excuse. Et même si cela semblait être vrai, le bourreau les forcerait malgré tout à faire son exercice, son stupide exercice. D’ailleurs, il venait de soupirer, déjà blasé de ses deux nouveaux élèves. « Trouve une autre excuse, celle-ci n’est pas valable ! Tu crois que dans la rue, tu balancerais cela à celui qui t’attaque ? ». Voilà ce qu’il lui balança, reprenons ces termes. Victor fronça les sourcils. Le ton que ce gros tas de muscles employait ne lui plaisait pas du tout. Il se prenait pour qui… ou plutôt pour quoi celui-là hein ? Victor se racla donc la gorge. Sûrement pour intervenir. « Vous devriez baisser d’un ton ! » s’exclama-t-il, bombant légèrement le torse. Peut-être pour impressionner ce professeur. Mais sa tentative fut vaine. Il se mit à légèrement pouffer de rire, avant de pester qu’il ferait mieux de se taire et de se mettre à l’action de suite. Victor arqua un sourcil. Et sans même comprendre comment cela s’était produit, le professeur se saisit de son bras et le fit tomber sur le dos. « C’est comme cela que tu dois faire, ma petite. Avec ou sans ongle cassé. » finit par lâcher le professeur. Le français de son côté gémit de douleur. Tapant à l’aide de sa main le sol. Il avait l’impression d’agoniser. « Ah mon dos, mon dos. » gémissait-il. Bien entendu, il avait mal. Très mal. Il bouillonnait intérieurement d’envie de se venger de ce professeur dont le nom lui échappait. Taj ? Taïg ? Tayo ? Un nom en Ta… qu’importe, c’était une brute épaisse, sûrement sans cœur. Avec peine, il réussit à se relever. Lançant un regard noir au professeur. Il passa sa main dans le dos, tentant de calmer la douleur, mais en vain. « Allez, montre-moi ce que t’as dans le ventre, ma petite ! » dit-il alors à Cléa. Victor échangea un bref regard face à sa partenaire… il avait compris ce qu’il allait lui arriver. Ce qui allait encore lui arriver. Il allait se retrouver à terre encore une fois. Cette idée de cours de self-defense n’était pas une bonne idée, pas du tout même.

[c'est nul pardon ]

Le prof l’agaçait. Cléa ne voyait pas pourquoi il se croyait permis de leur aboyer dessus. Certes, il était prof mais ce n’était qu’un statut stupide. Ils n’étaient pas dans un lycée ou quelque chose de ce genre là où il aurait toujours des élèves à enguirlander et ce, peu importe ce qu’il pourrait faire. Non, il donnait de ridicule cours de self-défense et il ferait bien mieux de se méfier parce que sinon, il se retrouverait un beau jour sans élève et par la même occasion, sans emploi. Ce serait bien fait. Il leur ordonna de refaire l’exercice et Cléa déclara ne pas pouvoir le faire parce qu’elle s’était cassé un ongle. C’était une excellente raison de ne vouloir rien faire ça, non ? « Trouve une autre excuse, celle-ci n’est pas valable ! Tu crois que dans la rue, tu balancerais cela à celui qui t’attaque ? » Bah pourquoi pas non ? Elle fallait lui dire ça mais elle se retint. Il avait tord de toute manière, dans la rue elle n’aurait pas à craindre de faire mal à celui qu’elle faisait mais là c’était différent. Et puis son exercice était stupide. Tout ça était stupide en fait. Victor chercha alors à al défendre et ceci n’eut que pour effet de faire de lui le cobaye de la démonstration qui suivit. Le professeur lui montrait l’exercice à faire, c’était trop aimable de sa part vraiment. Mais il ne se souciait en aucun cas du fait que Victor venait d’être aplati comme une crêpe sur le sol.

« Allez, montre-moi ce que t’as dans le ventre, ma petite ! » Cléa fronça les sourcils. Mais qu’est-ce qu’il croyait, qu’elle allait faire pareille que lui parce qu’il le lui ordonnait. Elle croisa le regard de Victor quia avait visiblement l’air persuadé qu’il allait s’approcher d’elle. « Vous savez, dans la rue, si quelqu’un m’ordonne quelque chose, je ne le ferais pas. C’est pareil que là en fait… » fit-elle après un instant de réflexion. « Enfin soit, puisque vous le voulez. » Elle s’approcha alors de Victor. Il voulait voir ce qu’elle avait dans le ventre, il allait voir. Arrivée près du jeune homme, au lieu de faire la prise que le professeur venait de remontrer, elle se pencha vers lui et approcha son visage du sien. A ce moment-là, elle l’embrassa. Le baiser ne dura pas bien longtemps, enfin plus longtemps que les deux premiers qu’ils avaient échangés mais ça n’avait rien difficile. « Voilà, mon bon monsieur. » reprit-elle en regardant à nouveau le professeur. « Je vais vous laisser maintenant. Bon fin de cours à vous. » Elle quitta ensuite la salle sans plus se faire prier. Elle s’assit alors sur le trottoir devant, attendant que Victor la rejoigne. Elle espérait qu’il ne resterait pas jusqu’à la fin de cours. Quoique, elle l’avait peut-être mis mal à l’aise ne fait, encore une fois. Ce n’était pas son but pourtant…

Victor regarda attentiste la scène se déroulait sous ses yeux. Le professeur qui se prenait pour le quasi-roi du monde demanda à Cléa de reproduire l’existe. En soi, rien de bien difficile. Elle n’avait qu’à mettre en application ce qu’il lui avait montré quelques secondes auparavant. Oui, mais Cléa ne semblait pas être du même avis que cela. Elle n’hésita pas à lui répondre, chose que Victor n’aurait pas faite. Sûrement ce surplus de gentillesse qui envahissait son petit cœur mou. Puis dans un excès de spontanéité certainement, Cléa lui dit qu’elle allait donc faire ce qu’il venait de lui demander. Toujours les bras ballants, le long de son longiligne corps, il attendait que la jeune blonde entama son action, mais rien de tout cela. Ou tout du moins de ce que le professeur n’avait fait auparavant sur le cobaye Victor. Elle s’approcha de lui l’air déterminée. Très déterminée, même. Victor se mit en position, afin de tenter une quelconque riposte, mais rien. Rien de cela. Cléa passa les mains autour du cou du français et l’embrassa langoureusement. Le jeune homme écarquilla les yeux, ne comprenant guère ce qu’il venait de se passer. Il ne comprenait pas. Pourquoi était-elle entrain de l’embrasser ? Lorsque leurs lèvres se détachèrent. L’incompréhension se lisait alors sur le visage de Victor, arquant par la même occasion un sourcil. Il sentit son cœur battre de plus bel, non pas au point de s’évanouir. Victor était bien plus solide qu’il ne pouvait laisser paraitre, vous savez. Détrompez-vous des apparences. Cléa déclara alors qu’elle y allait, ou quelque chose comme cela. Tout cela semblait un brin confus dans la tête de Victor. Il la regarda partir, sans trop savoir où elle allait… Lorsqu’elle disparut, il regarda autour de lui. Posant son regard de petit garçon abandonné sur ce professeur. Professeur qui semblait sans cœur, le visage grave, l’air mécontent. « Allez barre-toi avec ta gonzesse, j’en ai eu assez avec vous deux ! » déclara alors le professeur à Victor. Et malgré cela, il resta sur place. Abasourdi par la scène, par ce baiser… « Allez casse-toi ! » dit le professeur en s’adressant alors à son élève.

Victor partit alors en direction des vestiaires afin de se changer. Il n’allait quand même pas rentrer chez-lui vêtu de cet accoutrement stupide. Il ne traina pas dans les vestiaires déserts. Vêtu d’un jean et d’un tee-shirt Supreme offert par sa petite-sœur, il sortit du bâtiment. Son sac de sport à bout de bras… comme s’il était vraiment sportif. Et c’est alors que son regard s’attarda sur Cléa qui était assise sur le trottoir. Sûrement depuis de longues minutes, depuis qu’elle avait quitté ce cours peut-être bien… Victor s’approcha d’elle. « Le professeur m’a dit que je pouvais y aller… enfin il ne me l’a pas vraiment dit comme cela, mais ça voulait dire la même chose… » lança Victor afin d’entamer la conversation entre eux. Puis, posant son sac sur le bitume, il s’assit à côté de Cléa sur ce petit morceau de trottoir.

Cléa attendait sur le trottoir. Elle ne doutait pas du fait que Victor viendrait la rejoindre tôt ou tard. Enfin presque pas, elle n’y avait pas pensé avant mais peut-être qu’il n’avait pas aimé ce qu’elle venait de faire. Ca aurait été tout à fait compréhensible en fait. Elle s’était servie de lui pour faire enrager le prof. Enfin un peu. Elle avait aussi trouvé ça agréable mais bon. Au bout de plusieurs minutes, elle entendit des bruits de pas derrière elle et elle l’entendit parler. « Le professeur m’a dit que je pouvais y aller… enfin il ne me l’a pas vraiment dit comme cela, mais ça voulait dire la même chose… » La jeune femme hocha la tête avant de poser son sac sur ses genoux pour laisser Victor s’assoir près d’elle. « J’aurais aimé voir sa tête. » regretta-t-elle. « Quel con ! » Elle garda ensuite le silence un moment, lui aussi. Elle ne savait pas trop comment évoquer le reste. C’était la même chose à chaque fois. Elle se redressa alors et tira Victor par le bras pour qu’il se lève à son tour. « Tu me raccompagnes chez moi ? » interrogea-t-elle alors. Et puis, sans attendre de réponse, elle se mit en route.

Victor semblait avoir décidé de la suivre. C’était mieux comme ça. Ils marchèrent plusieurs minutes en silence et puis Cléa finit par lui poser la question qui la taraudait. « Dis, tu ne m’en veux pas hein ? » Elle lui lança un regard rapide. « Enfin pour ce qui s’est passé, je ne voulais pas te gêner ou quoi que ce soit d’autres, je voulais juste… » Faire enrager l’autre. Elle tut ses quatre mots, ça ne plairait sûrement pas au jeune homme d’entendre ça. Elle avait déjà remarqué qu’il pouvait parfois se montrer très susceptible. Enfin elle l’aimait bien quand même, malgré ça. « Tu embrasses bien tu sais. » dit-elle dans une tentative de détendre l’atmosphère enfin aussi bien qu’il le pouvait vu qu’elle l’avait pris deux fois de suite au dépourvu.

Victor regarda un instant droit devant lui, à vrai dire, il n’y avait rien à regarder juste une façade d’immeuble. A cela s’accompagnait quelques bruits de moteurs de voitures, motos et autres bolides à la pointe de la technologie, des petits chants d’oiseaux qui se faisaient timides, et à toute cette cacophonie, on y ajoutait la voix de Cléa. Elle aurait aimé voir sa tête, comme elle venait de lui dire. Un petit rictus se dessina sur les lèvres de Victor… A vrai dire, il n’y avait rien à voir, rien à regarder, juste un professeur en colère et quelque peu blasé par ces deux élèves. Il avait tenu vingt minutes dans ce cours… Vingt minutes. Victor se voyait mal expliquer à Coleen le dérapage de ce cours, quand elle le lui demandera comment ça s’est passé… il se contentera de dire que cela s’était bien passé et qu’il avait appris beaucoup, même si cela était faux. Il avait rien appris dans ce cours, rien du tout. Puis Cléa renchérit en insultant ledit professeur de con. Victor se contenta d’un hochement des épaules, il n’en pensait pas moins, c’était un fait. La suite de la conversation se suivit par un silence, un long silence. Après quelques minutes, la jeune fille lui demanda s’il voulait bien la raccompagner, ce n’était pas exactement ce qu’elle venait de lui dire, mais c’était ce qu’il devait comprendre par ses quelques mots. Avec l’aide de Cléa, Victor se releva. Il attrapa son sac de sport, qu’il balança par-dessus son épaule puis emboita le pas, suivant silencieusement la jeune femme.

Les mains enfouis dans les poches de son pantalon beige, Victor marcha au côté de la jolie blonde dans un silence pesant. Ce fut Cléa la première qui osa enfin prendre la parole. « Dis, tu ne m’en veux pas hein ? Enfin pour ce qui s’est passé, je ne voulais pas te gêner ou quoi que ce soit d’autres, je voulais juste… ». Il tourna légèrement le regard sur le visage de Cléa. Si elle parlait du fait qu’ils avaient un peu trop précipitamment le cours, cela non, il ne lui en voulait pas… Pas du tout même. Il n’était pas emballé par ce cours, il avait juste fait cela pour faire plaisir à Coleen, rien de plus. Ou parlait-elle de ce baiser ? L’esprit de Victor avait choisir la première hypothèse, comme s’il ne voulait pas parler de ce qu’ils s’étaient passés entre eux. « Non, pas du tout… » lâcha-t-il, fuyant du regard par la suite. Un léger soulagement pouvait dés lors se lire sur le visage de Cléa. C’est d’ailleurs ce moment précis qu’elle décida pour lui avouer quelques mots. Cinq mots, plus exactement. Tu embrasses bien, tu sais… Victor secoua doucement la tête, il crut au début un peu rêver. Venait-elle vraiment de lui dire cela ? Puis il sortit l’une de ses mains dans les poches et se gratta la nuque. « Je… commença-t-il à dire, avant de se rétracter. » A vrai dire, il ne savait pas quoi répondre à cela. Sûrement était-ce un compliment qu’elle venait de lui faire. Il eut cette impression que ses joues étaient entrain de virer au rouge, ou de prendre une couleur assez chaude. Idiot, pouvait-il se dire à lui-même. « Tu embrasses plutôt bien, toi aussi… ». Idiot, double idiot, triple idiot… il avait envie de se donner des baffes après avoir dit cela.

Cléa attendit la réponse de Victor en espérant vraiment pour que ça aille, pour qu’il ne lui tienne pas rigueur de ce baiser. Il pourrait très bien le prendre, il pourrait. Mais cette fois, elle avait eu un comportement exemplaire, elle ne s’était pas cassée comme une voleuse, elle l’avait attendue et elle acceptait de s’expliquait. C’était lui en revanche qui n’avait pas l’air très désireux de s’expliquer. « Non, pas du tout… » Cléa hocha la tête, elle supposait que c’était bien. Il ne lui en voulait pas, elle aurait peut-être du être soulagée. Mais elle ne l’était pas. Elle était frustrée parce qu’elle aurait aimé pouvoir parler plus de ça et qu’il n’avait pas l’air de le vouloir. Il n’y avait qu’à voir son regard fuyant. Elle finit simplement par lui dire qu’il embrassait bien, pas certaine de ce qu’elle cherchait en disant ça. Détendre l’atmosphère sûrement mas c’était loin d’être le moyen le plus sûr pour ça vu comme ça avait l’air de le gêner. « Je… » Cléa attendit bien la suite mais rien ne vint. Elle retint un soupir. Il n’aurait pas dut être si rouge et si gêné, il aurait juste du en plaisanter comme elle. « Tu embrasses plutôt bien, toi aussi… » dit-il finalement. Cléa fit un petit sourire amusé avant de répondre en toute modestie d’un ton tranquille. « Je sais. »

Ils observèrent à nouveau un moment de silence que Cléa fut encore une fois la première à briser. « Victor… tu crois que c’est normal qu’on finisse par s’embrasser à chaque fois qu’on se voit ? Tu fais ça avec toutes les filles ? » demanda-t-elle alors. Elle ne savait pas, il avait peut-être des mœurs bizarres, on ne savait jamais. Sauf que deux fois sur trois, c’était elle qui l’avait embrassé en première mais bon. « Enfin, je suppose que ça n’a pas grande importance. » finit-elle par déclarer. Elle était un peu lassée par son silence en fait. Donc bon. « En tout cas, vive les cours de sel-défense hein ! » Son ton était tout à fait ironique, elle était un peu à cours d’idées pour meubler la conversation. Il fallait dire qu’elle ne s’était peut-être pas engagée sur la bonne pente dès le début pour le faire parler ne serait-ce qu’un peu.