« Bien sûr Monsieur Del Toro, je serai chez vous pour treize heures, il n'y aucun problème pour cela. À tout à l'heure monsieur » Raccrochant avec mon employeur, je baissa le feu de mes pâtes puis finis par l'éteindre. J'avais vingt minutes pour manger et me préparer à passer la journée avec Katniss. La jeune père avait besoin d'aller travailler en ce mercredi après midi et il avait donc pensé à me confier sa fille. Cela faisait une petite semaine que je travaillais pour les Del Toro en tant que baby-sitter. Qui aurait cru qu'un jour j'allais garder une enfant ? Personne et surement pas moins seulement lorsque le jeune père m'avait proposé de me prendre, je n'avais pas pu dire non. J'avais donc pris ma vie en main, m'occupant de la petite fille la journée et travaillant dans un bar le soir. Une vie bien chargée et à côté de cela, j'allais profiter de la vie. À la rentrée, je serai obligée de baisser le rythme avant qu'Edwin m'assassine. Vivre avec son frère avait des avantages mais aussi pas mal d'inconvénients et avec nos deux caractères, les efforts étaient de mises. Aujourd'hui, Edwin n'était pas là et je pouvais donc faire ce que je voulais, absolument tout seulement, avec Katniss, je ne pouvais pas faire tout et n'importe quoi. Faire les boutiques était à proscrire puisque la jeune fille s'ennuierait rapidement – très rapidement – et je n'avais pas franchement envie de me faire réprimander en la raccompagnant chez elle. Doucement mais surement, une idée germait dans ma tête. J'avais entendu dire qu'une fête foraine ouvrait ses portes aujourd'hui même et que pour fêter l'occasion, les premiers étaient réduits de moitié. Nous allions donc passer l'après-midi entourées de manèges, de sucres et de ballons gonflables. Enfilant un short en jeans ainsi qu'un haut plutôt large, je quitta l'appartement de mon frère aux alentours de midi et demi et me dirigea vers le logis des Del Toro. Il n'y avait pas tant de kilomètres qui nous séparaient mais je voulais être en avance pour ne montrer que ce que voulait voir le jeune papa c'est-à-dire une jeune femme respectable toujours à l'heure et serviable et non pas la SDF et voleuse que j'avais été pendant un long mois. Sonnant à la porte, je ne mis pas longtemps à entrer et à discuter avec le jeune père. Je lui exposais mes plans pour l'après-midi et lui demandais tout bonnement s'il était d'accord. Faire quelque chose sans son accord n'était pas concevable à mes yeux et au pire, nous pourrions très bien nous promener dans un parc quelconque une bonne partie de l'après-midi. Me dirigeant vers la chambre de la petite fille, je toqua et entra dans son antre de princesse. Je lui fis un sourire et dis « Ça va Katniss ? Tu vas mettre tes chaussures parce qu'on part bientôt » Au plus rapide si possible parce que j'avais beau apprécier Mr Del Toro, j'étais quand même plutôt mal à l'aise face à lui. J'avais l'impression de sqouatter chez lui comme j'avais sqouatter chez Charles quelques courtes nuits. Je fis un signe à Katniss de se dépêcher et attendais devant la porte que le papa donne ses dernières consignes à la petite fille. L'annonce de l'après-midi se ferait un petit peu plus tard, histoire de garder la surprise jusqu'au bout !

Depuis que j'avais accepté le job chez les Del Toro, je me demandais sérieusement si j'avais fais le bon choix. Pourquoi ? Tout simplement parce que je n'étais pas très habile avec les enfants et que je n'avais jamais eu une réelle enfance. À mes yeux, passer ses week end à l'église et le reste de la semaine à l'école puis, à la maison, à aider mes parents, n'était pas une vie. Bien entendu, étant enfant, je ne m'en étais jamais plainte, mais alors absolument jamais. Cela m'avait semblé tellement normal et c'était d'ailleurs pour cela que j'avais eu du mal à comprendre pour Elisa était partie à mes yeux ans. Seulement maintenant que j'avais découvert le monde – et l'Amérique – je comprenais mieux pourquoi ma sœur était partie mais surtout à quel point j'avais été aveuglée pendant de nombreuses années. Non, la vie d'une enfant n'était pas d'aider ses parents mais bel et bien de s'éclater et de rentrer pleine de terres parce qu'elle avait trop joué. Étant privée de cette enfance, j'avais peur de tout rater avec Katniss mais la jeune fille n'était pas comme les autres. Je ne savais pas ce qui changeait entre elle et une gamine de son âge mais une chose était sûre, elle était spéciale et c'était peut être cela qui rendait tout plus facile avec elle. Elle s'amusait d'un rien mais d'une façon plutôt... intéressante. Pénétrant dans sa chambre, je me demandais bien ce qu'elle fabriquait mais je ne voulais pas la questionner. Si elle voulait me parler de ses expériences sur ses poupées barbies, elle le ferait, je n'irais pas la questionner et la forcer à m'en parler. J'étais là pour qu'elle s'amuse et se détende et non pas qu'elle ait l'impression d'avoir commis un crime fédéral. « Je suis prête ! » Chaussures aux pieds, je regarda Katniss de la tête aux pieds. Quelque chose clochait. Elle avait un dessin à finir et voilà que maintenant elle était prête ? J'arquai un sourcil avant de fermer la porte derrière moi. Saluant le père de la fillette, je pris son gilet sur le bras et sortis de la maison. Tout était clair avec Katniss, elle pouvait faire ce qu'elle voulait tant que ça ne mettait pas sa sécurité – ni la mienne – en jeu. Tant qu'elle me respectait, je la respectais. Assise à l'arrêt de bus près de son logement, je dis « Qu'est-ce que tu farfouillais dans ta chambre toi ? Tu aurais pu finir ton dessin devant moi » J'avais bien appuyé sur le mot dessin et la regardais fixement. Soit elle se confiait soit j'abandonnais. Voyant le bus arriver au loin, je me leva et la jeune brunette ne mit pas longtemps avant de faire de même. Sortant mon porte feuille, je dis « Bon alors la petite chipie, tu as une idée d'où est-ce que l'on va passer l'après-midi ? » J'espérais que la jeune fille n'avait pas encore mis les pieds à la foire avec son père sinon, ce serait bien moins drôle. Montant dans le bus, je paya pour nous deux et m'assis à côté de Katniss. Rechigannt légèrement pour enfiler son gilet, elle finit par abdiquer et je pus tranquillement ranger mes sous. Je me doutais bien qu'elle n'avait pas l'habitude de se déplacer en bus ou bien métro mais je n'avais pas le permis et ne pouvais donc pas conduire de voiture. Aux Etats-unis, le permis pouvait être passé dès l'âge de seize ans mais ce n'était pas le cas en Europe. Le trajet en bus passa plutôt rapidement et j'avais l'impression de discuter avec une adulte vu la façon posée dont parlait la jeune Del Toro. « Et ça va à l'école, tu as des copines ? » lançais-je en descendant du bus, enfin arrivé à destination. J'étais émerveillée devant le parc, tout comme la petite fille d'ailleurs. « Alors, on commence par où ? » A ce moment précis je regrettais amèrement de ne pas avoir plus d'argent parce que je voulais tout faire, absolument tout ! J'avais tellement d'année à rattraper...