Ziggy attendait devant le cinéma, ayant déjà pris les places, il n’y avait plus qu’à attendre que Hafsa pointe le bout de son nez. Il avait vraiment été content de la trouver, après avoir passé une journée entière à la chercher car Madame n’avait pas de téléphone, il aurait été prêt à manger quelqu’un si elle avait refusé, de toute façon pourquoi elle aurait dit non ? C’était une simple soirée au cinéma puis ils finiraient surement la soirée à marcher dans New York, ça cassait pas trois pattes à un canard. Au bout de quelques minutes il la vit enfin arriver, s’avançant vers elle, il lui dit ‘bonsoir’ tout en déposant un léger baiser sur sa joue, « On y va, ça va commencer. » dit-il tout en la prenant par le bras et l’entraînant vers l’intérieur. Ziggy avait choisi un film sans prise de tête, une bonne comédie américaine bien lourde avec des blagues vaseuses, tout à fait le genre de film qu’il regardait seul chez lui quand il s’ennuyait à mourir mais qui arrivait quand même à le faire rire, même s’il doutait que son choix plaise à son amie.

Deux heures plus tard et un sceau de pop-corn avalé, Ziggy et Hafsa sortirent de la salle et commencèrent à marcher dans New York sans avoir de destination précise. « Alors ? Tu en as pensé quoi ? Désolé, c’était pas le genre de film tiré d’un bouquin ultra philosophique d’un auteur populaire chez les binoclards. » Il rigola à sa remarque qu’il avait dit dans l’unique but de l’embêter. Il savait que Hafsa faisait des études de littérature et qu’elle était très studieuse, un peu trop intelligente, il lui arrivait parfois d’avoir du mal à la suivre quand elle lui parlait de tel ou tel auteur. Ziggy aurait pu en effet choisir un film qui lui aurait beaucoup plus plu, mais il n’avait pas envie de passer une soirée à se taper un mal de crâne sur le sujet d’un film qu’il ne comprendrait pas même au bout de trente explications. « Je te l’accorde, ce n’est pas ce qu’Hollywood fait de meilleur. » Qu’est-ce qu’il pouvait en savoir ? Ziggy devait regarder tout au plus une vingtaine de film par an, le cinéma pour lui était juste un moyen de sortir, être avec quelques personnes quand il n’y avait rien d’autre à faire ou quand il n’avait pas envie de faire la fête. Dans le cas présent, il savait que son amie ne faisait pas beaucoup, voire pas du tout la fête et de nature calme, il avait préféré la trainer au cinéma plutôt que dans un endroit plein de monde où l’alcool coulait à flot.

Ce soir, Ziggy l’avait invité à une sortie cinéma. Elle ne savait pas vraiment à quoi cela allait ressembler, s’il allait l’emmener voir le film le plus ringard de l’année ou non, mais elle avait tout de même accepté. C’était il y a de cela quelques jours. Un brin en retard, elle arriva. Certainement, comme à son accoutumée. Le seul moment où elle n’était pas en retard, c’était pour les cours et son nouveau job dans ce miteux restaurant. Après avoir passé deux heures, l’arrière train assis sur un siège quelque peu grinçant, ils sortirent du cinéma. Une fois dehors, elle enfila sa veste de survêtement par-dessus son tee-shirt. Il faisait nuit et l’air commençait à devenir fraiche. Ziggy fut le premier à parler. Impatient sûrement de savoir ce qu’elle avait pensé de ce film et surtout si elle l’avait trouvé à son goût. « Alors ? Tu en as pensé quoi ? Désolé, c’était pas le genre de film tiré d’un bouquin ultra philosophique d’un auteur populaire chez les binoclards. ». Elle le regarda, l’air quelque peu choqué. Les binoclards, c’était quoi ce stéréotype. Forcément. Tu t’intéresse à la littérature, tu aimes apprendre, te cultiver, nager dans des vagues de pages (souvent incompréhensives pour une personne lambda), tu étais obligatoirement un binoclard, un petit « intello ». Hafsa secoua la tête. « Les binoclards t’emmerdent, lâcha-t-elle en arabe ». L’avantage de parler dans sa langue maternelle était qu’elle pouvait dire ce qu’elle voulait, l’insulter comme bon lui semble, il ne pouvait pas réellement comprendre tout ce qu’elle lui disait. Elle se racla, faisant comme si elle n’avait rien dit. « Sincèrement… tu veux mon avis ? J’ai trouvé ça… nul, sans vraiment d’intérêt… Non, je n’ai vraiment pas aimé. Puis les cadrages, les jeux d’acteurs et tout étaient assez mauvais. Après, si c’est ce genre de film que tu aimes… je ne vais pas te juger, tu sais. Elle marqua une brève pause avant de reprendre. Plus c’est idiot, plus t’aimes non ? » lâcha-t-elle ironiquement alors. Bien entendu, elle le taquinait. Puis il lui dit alors qu’il lui accordait que ce n’était pas le meilleur film d’Hollywood, ou un truc du genre. A vrai dire, elle n’avait pas vraiment fait attention à ce qu’il venait de lui dire.
Les deux jeunes gens marchèrent alors sans but précis. Leur destination semblait inconnue, enfin cela, ils ne le savaient pas encore. Ils marchèrent, encore et toujours. Après quelques minutes, la Palestinienne reprit la parole. « Où nous emmènes-tu ? ».

A peine étaient-ils sortis de la salle que Ziggy venait de lui demander comment elle avait trouvé le film et à entendre les quelques mots qu’elle prononça en arabe, elle n’avait pas du apprécier sa remarque sur les binoclards. Il fit celui qui n’avait pas entendu, préférant continuer de sourire comme un idiot plutôt que de se lancer dans un débat inutile, il savait pertinemment que quand Hafsa parlait dans sa langue maternelle ce n’était pas pour dire qu’elle avait envie de fleur et donc il préférait ignorer ces mots qui lui était totalement inconnu. Elle finit néanmoins par lui donner son avis sur le film. « Sincèrement… tu veux mon avis ? J’ai trouvé ça… nul, sans vraiment d’intérêt… Non, je n’ai vraiment pas aimé. Puis les cadrages, les jeux d’acteurs et tout étaient assez mauvais. Après, si c’est ce genre de film que tu aimes… je ne vais pas te juger, tu sais. Plus c’est idiot, plus t’aimes non ? » Il se tourna alors vers elle, prenant un pseudo air choqué même s’il n’en avait rien à faire, après tout, pourquoi le nier ? Ziggy aimait les trucs idiots, les blagues vaseuses, en bref, tout ce qui le faisait lui et peu d’autres personnes. « Est-ce que tu es en train de dire que je suis idiot ? » ajouta-t-il avant de lâcher un petit rire pour lui montrer qu’il voulait juste l’embêter un peu, en fait il n’avait même pas besoin qu’elle dise oui, il était déjà au courant qu’il était idiot et le plus souvent il en jouait.

Après un petit silence, Hafsa rouvrit la bouche pour lui demander où ils allaient, Ziggy haussa les épaules, « J’en ai absolument aucune idée. » Et c’était vrai, il ne savait pas du tout où ils allaient et puis, pourquoi se prendre la tête avec une destination ? Marcher dans New York la nuit n’était pas une mauvaise chose, ce coin de la ville était plutôt jolie une fois que le soleil se couchait.
Ils continuèrent de marcher tout en parlant de tout et de rien sans faire attention aux noms des rues, surement étaient-ils trop plonger dans leur conversation pour se soucier de l’endroit où ils se trouvaient. Ziggy aimait ce genre de soirée tranquille à juste parler et il aurait pu continuer à apprécier cette nuit si soudainement un mec ne venait pas de se planter devant eux. « File-moi ton fric. » Le blond sursauta d’abord, ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait dans ce genre de situation, mais d’habitude il était seul et se mettait à courir aussi vite qu’il pouvait dans le sens opposé, cette fois-ci c’était différent, il y avait Hafsa qu’il tira d’ailleurs derrière lui pour tenter de la protéger au cas où le type sorte une arme de sa poche. « Je… j’ai rien sur moi là. » parvint-il à articuler, pour une fois Ziggy avait arrêté de rire.

« Est-ce que tu es en train de dire que je suis idiot ? » lui demanda alors Ziggy. Hafsa lui lança un petit regard offusqué, avant de secouer la tête négativement. Evidemment, ce n’était pas ce qu’elle était entrain de lui dire. Où était-il allé chercher cela ? Ziggy n’était pas plus bête qu’un autre, selon elle. Il avait des domaines dans lequel il était plus doué que d’autres, des domaines qui le passionnaient plus que d’autres, cela allait de soi. « Ce n’est pas du tout ce que j’ai dit ! J’ai juste dit que tu aimais les trucs idiots, c’est tout. » se justifia-t-elle. Elle n’avait pourtant pas à se justifier, elle était pourtant claire, très claire dans ses propos depuis le début.

Et alors qu’ils prenaient une rue qui était inconnue à Hafsa, elle lui demanda où l’emmènait-il. Après tout, peut-être avait-il une idée de l’endroit où ils allaient, mais non. La réponse semblait être négative. Il n’en avait absolument aucune idée, comme il venait si bien de lui dire. Hafsa haussa les épaules. D’accord. Ils allaient donc marcher vers l’inconnu. Peu importe, cela ne les empêcha pas de continuer de parler de tout et de rien, comme à leur accoutumée. Comme souvent, Ziggy amusait la galerie, en lui racontant la dernière blague vaseuse qu’il venait d’apprendre, il y a de cela quelques heures. Hafsa en ria.
Elle ria. Elle ne ria plus. Un homme se mit au travers de leur chemin. « File-moi ton fric. » lâcha le quidam. Hafsa déglutit avec peine sa salive. Sans même qu’elle ait pu faire, ou même dire quelque chose, Ziggy tira la manche de sa veste et la cacha derrière elle. Dans tous les cas, elle semblait trop abasourdie par les paroles de l’inconnu pour dire quoique ce soit. Bouche entrouverte, son souffle s’accéléra quelque peu. Lorsque Ziggy prit la parole, elle ferma les yeux. Sûrement de peur qu’il ne lui arrive quelque chose. A lui, mais aussi à elle. A l’écoute du ton grave et peu rassuré que venait de prendre le blondinet, la situation ne semblait pas le mettre à l’aise, lui aussi. « Et ta meuf ? » continua l’individu s’approchant alors d’Hafsa. Cette dernière rouvrit les yeux, affolée par la situation. Et malgré cela, elle tenta de calmer son calme. C’était sûrement le mieux qu’elle pouvait faire. « T’vas pas me faire croire qu’vous avez rien. T’sais à qui tu t’adresses au moins ? ». Ce dernier semblait avoir oublié Hafsa, qu’il avait juste observé quelques furtives secondes. Et s’était précieusement approché de Ziggy, l’attrapant par le col de son tee-shirt. Elle regarda la scène, sans savoir comment agir. Elle savait que si elle disait quelque chose, c’était à elle qu’il allait s’en prendre. Si elle agissait, pareil… tout se retournerait contre elle. Et c’est alors que soudainement, deux autres types intervinrent. L’un d’eux s’approcha de Hafsa, bien trop prêt pour elle. Ne se gênant pas de lui caresser les cheveux. « Et elle est mignonne ta copine, mon gars. T’ferais mieux de nous donner ce qu’on veut ou autrement, tu pourrais lui dire bye-bye… ».

« Ce n’est pas du tout ce que j’ai dit ! J’ai juste dit que tu aimais les trucs idiots, c’est tout. » Ziggy rigola de plus belle, tout en donnant un petit coup de coude à son amie « Hey Darling, du calme sur la défensive, je rigolais. » Après tout, qu’est-ce qu’il en avait faire qu’on le trouve idiot ou pas ? C’était comme ça qu’il était et il n’allait pas changer pour faire plaisir à certaines personnes.

La soirée aurait pu continuer dans cette bonne ambiance, il aurait pu continuer à faire rire Hafsa et lui aurait pu continuer à l’écouter parler de chose qu’il ne comprenait pas toujours, mais ça c’était avant, avant qu’un type bizarre se pointe devant eux pour leur demander de l’argent qu’ils n’avaient pas. Ziggy avait peur pour lui mais avant tout pour Hafsa, il ne voulait pas qu’il lui arrive quelque chose et il avait eu beau tenter de la cacher derrière lui, ça ne changeait pas grand-chose, il n’était pas fait en béton. Quand il tourna la tête vers elle en rajoutant ‘et ta meuf ?’, Ziggy sentit un frisson lui parcourir le corps et la peur prit le dessus quand il se mit en mouvement pour s’approcher d’elle. « T’vas pas me faire croire qu’vous avez rien. T’sais à qui tu t’adresses au moins ? » Il déglutit difficilement, sur le moment, il se sentait faible. « On a rien je viens de te dire. » dit-il avec un manque total d’assurance dans sa voix, il savait qu’en continuant à parler comme ça il n’allait pas tarder à se manger un poing dans les dents, au moins il s’était retenu de répondre à sa deuxième question pas un ‘à des trous du cul’, ça retardait de quelques secondes le choc. Il était tellement figé par la peur et concentré sur le moindre fait et geste de l’homme qu’il avait en face de l’autre, qu’il sursauta quand une voix grave se fit entendre dans son dos « Et elle est mignonne ta copine, mon gars. T’ferais mieux de nous donner ce qu’on veut ou autrement, tu pourrais lui dire bye-bye… » Ziggy tourna la tête vers le nouvel arrivant qui était en train de caresser les cheveux d’Hafsa, pendant un moment la fureur remplaça la peur qui avait pris possession de son corps et il se retourna complètement pour donner un coup vif sur le visage de l’inconnu qui recula de quelques pas. « Tu l’as touche pas toi. » Il aurait voulu retourner vers Hafsa, la prendre dans ses bras, lui dire que tout allait bien se passer, partir d’ici au plus vite, ce qui aurait dû avoir lieu si en peu de temps qu’il n’en faut pour le dire, Ziggy se retrouva par terre, une douleur le lançant alors au niveau du nez. Quand il put mettre la douleur de côté et ouvrir les yeux, il vit qu’un troisième gars se tenait près de son amie, se tenait beaucoup trop près. Il se releva doucement, essuyant d’un revers de la main le sang qui commençait à lui couler sur le menton. « Maintenant t’vas m’écoutez, tu nous donnes c’que t’as, où on l’emmène avec nous. » Ziggy soupira tout en reniflant bruyamment, essayant d’oublier le gout métallique qu’il avait dans la bouche « Mais j’ai rien putain ! Faut vous le dire combien de fois ? »

Spoiler:

A cet instant précis, Hafsa retint sa respiration. Sûrement de peur qu’il ne lui arrive quelque chose si elle fait le moindre mouvement, le moindre bruit. Peur, elle avait. C’était certain. Quiconque dans cette situation aurait peur. La voix de Ziggy retentit. « Tu l’as touche pas toi. ». Ces quelques mots eurent pour don de la rassurer. Il aurait pu dire tout et n’importe quoi à ce moment, ça aurait eu le même effet. La soulager, la rassurer. Le simple son de sa voix l’apaisait. Elle n’était pas seule. Il était là lui aussi. Elle posa un regard sur lui. Sur Ziggy. Le seul visage qui lui était familier, ici. Elle eut voulu réussir à dire quelque chose, mais rien. Rien ne sortir de sa pauvre bouche. Et elle regarda la scène d’une certaine violence se dérouler sous ses yeux. Elle sera ses deux mains en un poing bien ferme, qu’elle ramena près de sa bouche. Le cœur battant, elle avait peur. Peur que Ziggy soit blessé. Il venait de mettre un poing dans la jolie (ironie) face de l’homme qui se tenait juste à côté d’elle. Elle se sentit en partie rassurée… jusqu’à ce qu’il contrattaque et en donne un à Ziggy en retour. Le blondinet se retrouva dés lors à terre. Hafsa eut voulu courir à sa hauteur, pour voir s’il allait bien. Même si cela semblait stupide. Alors qu’elle était sur sa lancée, elle fut rattrapée. « Tu restes là, toi. ». Elle lança un regard à l’homme. Regard mêlé de haine et de peur. L’homme la tint par le bras, pour ne pas qu’elle s’en aille. Elle regarda, sans pouvoir faire quelque chose, Ziggy se relever. A peine venait-il de se remettre sur ses deux jambes, que déjà un homme était entrain de lui parler de nouveau. Encore pour ce fichu argent. Hafsa ne comprenait pas pourquoi ils s’entêtaient à en vouloir à leur argent, ils n’en avaient pas. Ziggy rétorqua qu’il n’en avait pas. L’agacement, la crainte, la colère et tout un méli-mélo d’émotions pouvaient se sentir dans sa voix. Alors que Ziggy était entrain de parler avec ce type, plutôt imposant. Hafsa regarda, autour d’elle. Peut-être pour trouver quelque chose. C’est alors qu’elle poussa virulemment l’homme qui le tenait à bout de bras. Et aussitôt, elle sauta sur une bouteille en verre vide qu’elle trouva près de l’égout. Sans réfléchir, elle donna un coup à la tête de celui qui la tenait en otage. Elle ne savait pas pourquoi elle venait de faire cela, elle n’était pas bagarreuse dans l’âme. Peut-être faisait-elle cela pour se défendre, elle-aussi.

Elle défia du regard celui qu’elle venait d’agresser. Ce dernier semblait furieux, plus que furieux même. Il réussit à rattrapa Hafsa, qui tentait de se débattre. Le sang dégoulinait sur son visage. « T’as cru que t’allais t’en tirer comme ça ? » lui dit-il alors. Après lui avoir dit ces quelques mots, il la jeta dans les bras d’un autre. Ils n’étaient que trois, et pourtant dans cet instant de panique, elle croyait qu’ils étaient des milliers. Elle souffla fortement. Tentant de reprendre un rythme cardiaque normal. L’homme l’attrapa, la coinçant à l’aide de son bras. « Bas les pattes » lâcha-t-elle dans son arabe le plus hargneux. « Oh une gitane ! … ou non, une bougnoule. Et tu sais ce qu’on leur fait aux bougnoules de ton genre chez-nous ?» lui demanda-t-il alors. Elle fit non de la tête. « Tu verras… » un petit rire sadique s’échappa de la bouche. Elle se tourna alors vers Ziggy. Elle se mit alors à lui crier quelques mots, deux mots précisément. « Ton téléphone… ». Elle réussit à le dire distinctement trois fois. La quatrième, l’homme qui la tenait lui mit la main devant sa bouche pour la faire taire.

Cette soirée partait en sucette, totalement. Il détestait ce côté de New York, ces gens prêt à taper sur n’importe qui pour quelques dollars, qui ne lâchaient pas l’affaire même quand il n’y avait rien à prendre et qui menaçait ceux qui étaient plus faible qu’eux, en l’occurrence Hafsa dans la situation présente, parce qu’elle était une femme et bien qu’il détestait la désigner comme tel, même si c’était la vérité, parce qu’elle était étrangère.
Ziggy ne bougeait pas d’un cil, il ne lâchait pas les deux mecs du regard, passant ses yeux sur celui qui retenait Hafsa et l’autre qui l’avait frappé, ne se souciant pas une seule seconde de l’autre qui se trouvait encore par terre. Le blond n’avait plus une seule once de peur en lui, la colère et l’adrénaline avait tout fait disparaitre, il aurait pu taper sur chacun d’entre eux pour qu’ils lâchent son amie, il aurait pu le faire en effet, mais Hafsa le devança, parvenant alors à se détacher à un instant de bourreau pour attraper une bouteille qui trainait non loin du caniveau et lui éclater sur la tête. Surpris par ce geste, Ziggy ne bougea toujours pas, même quand ils attrapèrent Hafsa, s’amusant à se la passer comme un vulgaire ballon, le deuxième type qu’il avait mis à terre se joignant alors à eux. Après quelques mots vaguement prononcé en arabe, son statut d’étrangère revint sur le tapis et il était prêt à leur sauter dessus quand elle se mit à lui crier ‘ton téléphone’ plusieurs fois avant que l’un d’eux ne lui mette la main sur la bouche pour la faire taire. Il mit plusieurs secondes à tilter ce qu’elle venait de lui dire et sortir son portable de sa poche, il releva la tête un instant, assez tôt pour esquiver un coup de celui qui c’était pris un coup de bouteille. Il se mit alors à courir dans le sens opposé de la bataille tout en composant le numéro de la police, c’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour pouvoir téléphoner sans qu’on lui arrache son téléphone de l’oreille. En entendant des pas rapides derrière lui, il savait qu’il n’avait pas beaucoup de temps, mais il réussit tout de même à signaler le problème et sa position avant de se faire plaquer au sol par son poursuivant. Ziggy ne pouvait plus bouger, l’homme qui était étalé sur lui était beaucoup trop lourd pour qu’il puisse faire le moindre mouvement, un sentiment de rage s’empara de lui quand ce dernier lui souffla à l’oreille « T’es mort, tout comme ta meuf. » Prenant une grande inspiration, il jeta sa tête en arrière qui fût alors accompagné d’un cri de douleur lui annonçant qu’il venait surement de lui briser le nez. Il se releva à toute vitesse et lança un coup de pied dans les côtes de son assaillant avant de repartir en direction vers Hafsa qui était toujours entre les mains des deux types. Essoufflé, il ne prit néanmoins pas le temps de récupérer avant de parler. « Les flics vont arriver, vous feriez de partir maintenant. » Un petit sourire se dessina sur les lèvres du blond et un petit rire s’échappa de sa bouche quand il entendit des sirènes se rapprocher de l’endroit où ils se trouvaient.

Hafsa tenta d’articuler du mieux qu’elle pouvait alors que ce gars avait foutu sa main devant sa bouche, avant d’éviter que quelqu’un puisse entendre ce qu’elle disait. Ce qu’elle disait, tout le monde le savait ici. Your phone. Your fuckin’ phone. Voilà ce qu’elle disait, en s’adressant à Ziggy. Ce dernier semblait ne pas saisir la sémantique de ces deux pauvres mots. Ils étaient pourtant si clairs. Après quelques minutes, Ziggy se saisit de son portable sous les yeux des trois hommes. Pendant ce temps, Hafsa mordit la main de celui qui la tenait une nouvelle fois en otage. Ce dernier retira vite sa main, voyant la trace des dents de la Palestinienne et quelques goutes de sang. « HE putain, la salope ! Elle chique en plus ! » s’écria-t-il. Pendant ce temps, Ziggy était parti. Disparu. Il avait pris la fuite. Non, ce n’était pas possible. Hafsa ne voulait pas penser une seconde qu’il l’avait abandonné avec ces trois types. Elle ne pouvait pas s’imaginer qu’il l’avait laissé entre les mains de ses goujats. L’un des hommes la reprit. Avant de prêter attention à l’un de ces camarades de fortunes. « Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir lui faire ? ». Il colla sa bouche à l’oreille d’Hafsa, lui répétant une seconde fois la question. Qu’est-ce qu’ils allaient bien pouvoir lui faire… c’était bien ce qu’elle se demandait. Que pouvaient-ils faire d’une pauvre fille comme elle ? Abuser d’elle ? La tuer après ? C’était bien trop glauque et ça ressemblait bien trop à ce que l’on entendait dans les journaux… Peut-être qu’à son tour aussi, on entendrait parler d’elle à la télévision, dans les journaux, partout… Non, non, ça ne pouvait pas se terminer comme cela ! Absolument pas ! Pendant qu’elle se perdit dans ses pensées, elle regarda les hommes... ils étaient deux… où était le troisième ? C’est alors qu’elle regarda au loin qu’elle le vit se battre avec Ziggy. Elle ne voulut pas en croire ses yeux. Au fond d’elle, elle pria. Elle pria si fortement pour qu’il n’arrive rien à son ami. Elle s’en voudrait terriblement s’il lui arrivait quelque chose. Et c’est alors que le blondinet revint. Apportant la bonne nouvelle, tel un apôtre. «Les flics vont arriver, vous feriez de partir maintenant. ». Les hommes se regardèrent, s’échangèrent des regards. Avant de lâcher un « p’tain venez, on s’tire. ». L’un d’eux s’approcha de Ziggy, lui plantant son doigt devant ses yeux. « Ne t’en fais pas mon p’tit, t’es pas débarrassé de nous pour autant ! Vous allez encore entendre parler de nous, ta meuf et toi ! ». Après quoi, il se tira, rejoignant ses deux compagnons qui étaient déjà partis loin. Hafsa resta les bras le long du corps, regardant autour d’elle. Les larmes au bord des yeux. Elle prit une grande bouffée d’air. Elle fit quelques pas, tremblotante, tremblant de peur, vers Ziggy. « Dis-moi que c’est un cauchemar… Dis-le-moi. » réussit-elle à lui dire.

Il resta planté devant eux en attendant qu’ils soient complètement partie. Deux sur trois leur tournèrent le dos et commencèrent à courir dans l’autre sens, tandis que l’un d’eux, celui qui n’avait reçu aucun coup s’approcha de Ziggy « Ne t’en fais pas mon p’tit, t’es pas débarrassé de nous pour autant ! Vous allez encore entendre parler de nous, ta meuf et toi ! » Après quoi, il alla rejoindre ses compères, une fois hors de leur vue, Ziggy souffla un grand coup tout en fermant les yeux, jamais il n’avait eu aussi peur de toute sa vie, pas peur pour lui, mais pour Hafsa, au fond de lui il savait qu’il n’aurait jamais pu se le pardonner si quelque chose de grave lui était arrivé.
Hafsa… Il tourna la tête pour la regarder. Elle tremblait comme une feuille tout en avançant doucement vers lui. « Dis-moi que c’est un cauchemar… Dis-le-moi. » Ziggy l’attira alors vers lui pour la prendre dans ses bras, laissant au passage couler quelques larmes. « Je suis désolé, tellement désolé. » Il aurait aimé que cela ne soit qu’un cauchemar, qu’il puisse se réveiller dans son lit, en rire et reprendre le court normal de sa vie, travailler et sortir le soir pour retrouver une Hafsa souriante qui ne serait pas sous le choc d’une nuit pareille.

Les sirènes se firent de plus en plus proches et une voiture se gara finalement à l’heure niveau. Ziggy n’y prêta pas la moindre attention, il voulait garder Hafsa au creux de ses bras jusqu’à ce qu’ils seraient capable de repartir. Ça aurait pu se passer comme ça si un des agents sortie de la voiture et se planta devant eux. « Où sont-ils ? » Le blond le regarda un instant avant de s’essuyer les yeux d’un revers de la main. « Ils sont partis, quand ils ont su que vous veniez, ils ont pris la fuite. » Le flic passa les pouces autour de sa ceinture et haussa les épaules, il savait qu’ils n’avaient aucunement l’intention de passer la nuit à les chercher dans tout New York. « Vous allez devoir venir avec nous, que l’on prenne votre déposition. » Ziggy hocha la tête et traina Hafsa jusqu’à la voiture sans la lâcher, tenant fermement sa main dans la sienne. Une fois dans le véhicule, il déposa un baiser sur son front. Il n’avait aucune envie de faire ça, il voulait juste rentrer chez lui, prendre une douche et dormir.
Une fois au poste, après quelques minutes passées sur un fauteuil inconfortable, un des policiers vint le chercher. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il lâcha la main de son amie, déposant un dernier baiser sur la joue de cette dernière « Ca va aller maintenant. » Il suivit l’homme en uniforme dans un petit bureau peu chaleureux où il commença à raconter les évènements de la soirée, ce qui s’était passé avant et comment tout s’était déroulé. Après plusieurs minutes et un mal de crâne causé par les néons, il sortit de la pièce, c’était au tour de Hafsa. Il lui caressa l’épaule et se s’assit de nouveau pour l’attendre.

« Je suis désolé, tellement désolé. » dit-il alors. Hafsa tenta tant bien que mal d’hocher la tête. Non, ce n’était pas de sa faute. Evidemment. C’était la faute de personne… c’était ce que Hafsa voulait se convaincre. Personne n’était fautif dans cette histoire. Peut-être aurait-elle-même était capable de trouver une excuse pour ses pauvres types. Elle en serait capable. Alors qu’elle s’était retrouvée dans les bras de Ziggy, qui la serra fort. Elle se recula doucement, tout doucement. Avant d’observer avec une certaine difficulté le visage de son ami. Il faisait noir, et les sources de lumières devenaient de plus en plus maigres. Malgré tout, elle parvint à déceler quelques taches de sang, de blessure sur le visage du blondinet. « Ca va ? Tu n’as pas trop mal ? » lui demanda-t-elle alors. Puis elle baissa du regard, réalisant la stupidité de son regard. Bien entendu, il devait avoir mal…

Les sirènes devenaient de plus en plus fortes, ce qui fit tressaillir la jeune femme. Quelque peu apeurée, elle regarda longuement autour d’elle. Voyant alors une voiture de police. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale. Bouche bée. Pas un mot ne s’échappa de sa bouche. Son regard se perdit un instant. La voix d’un inconnu retentit. Un officier, c’était. Elle laissa Ziggy répondre. « Vous allez devoir venir avec nous, que l’on prenne votre déposition. ». Les yeux écarquillés, elle ne bougea pas d’un cil. Puis, inconsciemment, elle fit non de la tête. Malheureusement, elle n’avait pas le choix. Ziggy se saisit de sa main alors, et l’emmena avec lui jusqu’à la voiture de police. Jusqu’au poste, il ne l’avait pas lâché d’un centimètre. Hafsa, quant à elle, était restée silencieuse. Devenue muette. Après un long trajet en voiture… tout du moins, elle le jugea long, ils arrivèrent au poste. Installés tout d’abord sur des sièges de fortune, en attendant que quelqu’un prenne leur déposition. Hafsa regarda tout autour d’elle, dans un silence religieux.
Puis Ziggy se leva. Il déposa un baiser furtif sur sa joue. Ils s’échangèrent un regard, avant que Ziggy la rassura en lui disant que ça allait aller… Elle haussa les épaules. Sûrement disait-il vrai. Mais cela, elle n’était pas certaine. Seule, elle regarda une nouvelle fois l’endroit dans lequel elle se trouvait. Elle eut l’impression de se retrouver en quelque part, perdu, entre la Cisjordanie et Israël. Elle eut cette fichue impression de se retrouver dans l’un de ces centres où les brigadiers israéliens détenaient pour des raisons x et y des arabes. Soupir. Les minutes qui défilèrent lui parurent long. Très long. Ziggy réapparut, à son soulagement. Mais à présent, c’était à son tour de parler.
Hafsa se leva religieusement et suivit l’homme en uniforme. Dans le bureau, elle s’installa sur la chaise qui lui présenta. Puis il lui posa quelques questions. Et malgré cela, elle resta muette. Comme terrorisée. « Mademoiselle, il faudrait parler ! Nous ne vous voulons aucun mal. » dit-il. Haussement d’épaules de sa part. Après de longue minutes (de patience, certainement), Hafsa finit par parler. L’homme semblait soulagé. Sûrement ne voulait-il pas passer sa nuit à attendre un soupçon de réponse de la part de la jeune fille. Elle raconta alors dans les détails qui lui semblaient importants les événements de la soirée. Le premier homme qui les interpella, les harcèlements, le coup de la bouteille, etcétéra. Après de longue minute, l’homme lui dit qu’elle pouvait sortir. Après une grande bouffée d’inspiration, elle sortit, suivie par l’agent de policier. Une fois qu’elle eut rejoignit Ziggy, l’homme leur dit qu’ils pouvaient y aller, mais qu’ils ne devaient pas avoir peur de revenir les prévenir si les hommes faisaient de nouveau leur réapparition.

« Ça va ? Tu n’as pas trop mal ? » Lui demanda-t-elle alors en se reculant un peu de lui. Avec tout ce qui venait de se passer, il avait fini par oublier complètement la douleur au niveau de son nez, oublier le coup qu’il avait pris dans la figure et avait fini par s’habituer au gout du sang dans sa bouche. Ziggy se toucha délicatement l’endroit où il avait été touché, la douleur lui fit l’effet d’un coup de jus dans le crâne, mais pas assez fort pour que ce soit, il poussa un léger soupir de soulagement, il posa de nouveau ses yeux sur Hafsa. « T’inquiète pas pour moi. Tu n’as rien toi ? » Il n’avait pas souvenir qu’elle ait reçu des coups, mais si physiquement ça allait, mentalement ça devait être une autre histoire.

Entre temps, la police venait d’arriver, une simple voiture avec deux agents à l’intérieur. Malheureusement, les trois types étaient déjà partie, Ziggy se dit qu’il aurait pu passer sous silence l’arrivée des flics, mais il ne savait pas combien de temps ils prendraient pour venir, il ne voulait pas mettre Hafsa en danger plus longtemps. C’est donc ainsi que leur soirée se prolongea au poste où un agent prenait leur déposition, le seul instant où le blond dû lâcher son amie pour se rendre dans un bureau, la laissant seule dans la pseudo salle d’attente, il savait qu’elle était en sécurité dans cet endroit, sauf si un fou furieux arrivait avec un fusil à pompe, mais la nuit était assez glauque comme ça pour penser à ce genre de chose. Ça avait ensuite le tour de Hafsa et il ne se releva de son siège que quand elle apparut de nouveau devant lui. Il hocha la tête à ce que le policier venait de leur dire et tout en passant son bras autour des épaules de son amie, il l’entraina vers la sortie. Une fois dehors, il prit la direction du Bronx « Tu dors chez moi ce soir, et si tu veux pas, je t’y traine de force. » Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, même si au fond de lui, il restait inquiet pour son amie. Il ne voulait pas qu’elle reste seule et surtout pas qu’elle soit seule dans cet endroit où elle vivait, qui sait, le coin pouvait être un repère pour les trois types qui les avaient agressé et le visage basané de Hafsa devait encore être frais dans leur mémoire et il n’osait imaginer ce qu’ils étaient capable de lui faire subir.
Après plusieurs minutes de marche parcourue dans le plus grand des silences, ils se retrouvèrent enfin dans son appartement. Ziggy prit directement la direction de la salle de bain pour se nettoyer le visage, et jura un moment devant l’absence de miroir, il fallait vraiment qu’il songe à en racheter un. Il retourna dans la salon avec son bout de sopalin humidifié. « Hafsa, tu peux m’aider s’il te plait ? » Suite à quoi il alla s’assoir dans le canapé. A la lumière, Ziggy avait vraiment une tête affreuse, l’air fatigué, le sang qui avait coulé sur son menton avait maintenant coagulé et il était pâle, très pâle.

Les deux jeunes gens quittèrent le commissariat de police, saluant solennellement le jeune officier qui les avait accueillis, après quoi ils prirent la direction de la sortie. Il faisait sombre dehors, très sombre même. Leur début de retour se fit dans le silence le plus lourd. Après quelques mètres de marche, Ziggy décréta que Hafsa dormirait chez-lui. Dans la nuit newyorkaise, elle hocha la tête, accompagnant son geste d’un timide « d’accord ». La suite du retour se fit de nouveau dans le silence, mêlant crainte et peur. Hafsa avait peur, oui. Peur qu’ils se fassent de nouveau agresser. Alors au moindre bruit, elle sursauté. Restant un instant tétanisée. Elle frissonnait de froid, mais aussi de peur. Les rues n’étaient un endroit sécurisé, elle le savait, elle l’avait toujours su… et ce soir, on lui avait bien démontré. Et sûrement, cela allait de nouveau lui arriver. Après tout, ils leur avaient bien dit qu’ils allaient les retrouver… Ils la retrouveront, elle en était certaine. De gangs à gangs, ça devait se filer quelques infos malgré ces pseudo-guerres. Ou alors une taupe d’un gang adverse leur donnera des informations. Au fond, c’était si simple de les retrouver, même si New-York paraissait être une grande ville. New-York était si petit au fond.

Ils arrivèrent à l’appartement de Ziggy, après une longue marche dans la nuit et le froid. Hafsa était restée silencieuse, tout le long du trajet, et l’était de nouveau restée. Elle regarda aussitôt Ziggy qui prit la direction de la salle de bain. Hafsa, quant à elle, s’avança dans le salon, hottant sa veste de survêtement par la même occasion. Elle se retrouva vêtue de son vieux tee-shirt old-school adidas. C’est alors que son ami ressurgit aussitôt en face d’elle. « Hafsa, tu peux m’aider s’il te plait ? » lui demanda-t-il alors. Hafsa hocha la tête avant de s’approcher vivement de Ziggy. « Attends, laisse-moi faire… » dit-elle en regardant de près les plaies de son ami. Après quoi elle se leva et se dirigea dans la salle de bain où elle partit à la recherche de désinfectant, compresse, serviette. Elle mit un certain temps avant de trouver, à croire que cela semblait être trop désordonné pour elle. Puis elle revint près de lui avec tout cela. Elle commença par lui désinfecter le nez. « T’es vraiment pas beau à voir n’empêche… j’espère que tu ne comptais pas draguer une michetonneuse dans les jours à venir. Quoique… elles aiment bien les bad boy, ces salopes-là. ». Elle marqua une brève pause. « Roh puis arrête de gémir. T’es pas une chochotte quand même ? Tu sais qu’à une époque, les gens dés qu’ils avaient mal, on leur coupait leur membre… si tu veux, je peux toujours te couper le nez… ».

Installé dans son canapé, il remercia Hafsa d’un petit sourire pour avoir la gentillesse de s’occuper de son nez. Elle se leva un moment, surement pour aller chercher le nécessaire pour accomplir cette tâche. En attendant qu’elle revienne, Ziggy enleva sa veste et la jeta dans un coin de la pièce.
Son amie revint une minute plus tard, les mains chargées de compresse et désinfectant, tout en s’asseyant près de lui, elle prit un instant pour le regarder. « T’es vraiment pas beau à voir n’empêche… » Pas beau à voir, ça, il n’en doutait pas une seconde et il n’avait pas besoin d’un miroir pour le savoir, un mec qui vient de se prendre des coups perd un peu de son charme dans la seconde qui suit. Le sang qui coule n’était franchement pas un bon facteur pour se faire bien voir. « J’espère que tu ne comptais pas draguer une michetonneuse dans les jours à venir. Quoique… elles aiment bien les bad boy, ces salopes-là. » Ces salopes là ? Ziggy ouvrit la bouche sous le choc de ce qu’il venait d’entendre. Il était certes habitué à entendre des insultes à longueur de temps, lui-même n’était pas très poli avec ses ‘putain’ et ‘merde’ accrochés à chaque bouts de phrase, mais entendre ce terme de la bouche de Hafsa était une première. « Bah Hafsa, tu te lâches là. » Il lâcha un petit rire qu’il stoppa quand elle appuya la compresse contre son nez, troquant son ricanement contre un petit gémissement de douleur. « Roh puis arrête de gémir. T’es pas une chochotte quand même ? Tu sais qu’à une époque, les gens dés qu’ils avaient mal, on leur coupait leur membre… si tu veux, je peux toujours te couper le nez… » Il l’a regarda avec un air de tueur avec une envie de l’étrangler, ce qu’il ne ferait jamais évidement. « A une autre époque. Et même si tu me coupes le nez, j’aurais encore plus mal.» Elle n’eut pas l’air de prendre en considération ce qu’il venait de dire et repartie à l’assaut de son nez blessé. Après quelques minutes à pousser des petits cris de douleurs, Hafsa posa enfin sa compresse, ce qui voulait surement dire qu’elle avait fini de le faire souffrir et qu’il n’avait plus de trace de sang sur le visage, il passa tout de même sa main sur son visage pour être sûr.
Il poussa un long sourire tout en se laissant aller en arrière contre le dossier du canapé. C’est alors que le blond poussa un cri de douleur qui lui fit l’effet d’un choc électrique au niveau de la poitrine. Ziggy se redressa, relevant alors son tee-shirt laissant alors apparaitre un énorme bleu sur le côté droit de ses côtes, il fit une grimace d’horreur en découvrant cette grosse tâche bleutée. « Uuh… Ça, ça fait mal. » Essayant de se remémorer la soirée, il en conclut qu’il devait ce bel hématome à sa collision avec le sol quand l’un des types l’avait plaqué au sol. Il baissa son tee-shirt tout en haussant les épaules, qu’importe, ce n’était pas comme s’il n’était pas habitué aux coups.
Ziggy se tourna alors vers Hafsa avec un petit sourire. « T’as une sale tête. » Tentative désespérée de faire de l’humour, mais c’était pourtant vrai, on aurait dit qu’elle n’avait pas dormi depuis plusieurs jours.

«Bah Hafsa, tu te lâches là. » lâcha Ziggy, peu de temps après qu’elle ait fait sa réflexion sur le fait qu’il n’était vraiment pas beau. Mais vraiment vraiment pas beau. Elle baissa légèrement la tête, lâchant un bref ‘pardon’. C’est vrai que ce n’était pas de son genre de parler de la sorte. Elle, la petite fille bien sage. Petite fille, pas si petite… Enfin passons ce détail dénué d’intérêt. Puis elle reprit son ‘travail’ initial. Elle désinfecta le semblant de plaie qui se trouvait au niveau du nez de son ami. Soigner des individus, elle l’avait déjà fait. Là-bas. Elle avait soigné ce vieux Malik âgé de soixante balais et qui s’était mangé une bombe Juive. Elle se rappelle encore de son visage presque in-reconnaissable. Soigner des plaies, elle l’avait fait tant de fois. Quand l’un de ces villageois partait au conflit contre les israéliens par exemple. A croire que ce n’était pas étudiante en littérature qu’elle aurait dû faire, mais bien infirmière ou une connerie du genre. Mais où aurait-elle pu faire ses études ? En Israël ? Un Juif qui se fera soigner par une Arabe ? Bon nombre d’habitants refuseraient cela là-bas, leur rancœur et leur fierté étant bien trop importante dans les deux camps. Puis Hafsa fit quelques références à ce qu’elle avait lu, une fois, dans un ouvrage de médecine ancestrale. Enfin elle n’était pas certaine de la fiabilité de l’œuvre, mais qu’importe. Chose qui fait gémir un peu plus Ziggy dans ses paroles. Le nez coupé, il aurait encore plus mal lui dit-il alors. Un léger sourire amusé se dessina sur le visage de Hafsa. Pour sûr, il aura encore mal, bien plus mal. La jeune fille enleva la compresse. Puis elle lui donna un petit bout de coton. « Tiens, mets ça dans ta narine, si cette nuit, ça recoulera, ça t’évitera de te réveiller dans un bain de sang ! » lui fit-elle remarquer. Remarque faite, Ziggy s’exécuta et le voilà avec une mèche de coton dans la narine droite. Hafsa ne put s’empêcher de rire. Non, pas de la douleur de son ami. Mais plutôt de son allure assez pittoresque avec ce bout de coton fourré dans le nez. Puis elle se releva, reprenant ce qu’elle avait pris pour les ranger à leur place.

Pendant qu’elle était dans la salle de bain, elle entendit de nouveau gémir son ami. Aussitôt, elle ressortit et revint le voir. C’est alors qu’elle découvrit le bel hématome de dessiné sur le torse de son ami. « Ca partira d’ici quelques jours, ne t’en fais pas ! » lâcha-t-elle, tout en s’asseyant sur le canapé. S’asseoir… elle poussa délicatement son ami, lui faisant comprendre qu’il prenait la place, presque toute la place. Une fois installée, elle regarda autour d’elle. « Je suppose que tu veux regarder la télévision en t’empiffrant de chips bien grasse comme un bon gros américain ? » lui demanda-t-elle, un petit sourire au bout des lèvres. Bon, ça, c’était cliché… même beaucoup cliché, mais ca correspondait presqu’à l’image de Ziggy. Ziggy, le bon américain.

Finalement, après le passage fort en émotion de la soirée qui venait de se dérouler, les deux jeunes gens se retrouvèrent l’un à côté de l’autre, Hafsa avec sa tête de zombie et Ziggy qui avait encore plus l’air d’un débile avec son petit bout de coton que son amie lui avait forcer à se fourrer dans le nez, et comme d’habitude, il en riait. La brune reprit alors la parole « Je suppose que tu veux regarder la télévision en t’empiffrant de chips bien grasse comme un bon gros américain ? » Des chips bien grasses devant la télé ? Etait-ce là une façon de se moquer de son mode de vie ? Allait-elle lui sortir tout plein de cliché pour ponctuer cette soirée ? Elle pouvait de toute façon, Ziggy s’en foutait de toute façon, et il était prêt à aller chercher un paquet de chips et allumer la télé sur une chaine de foot pour prouver qu’elle avait raison, juste pour faire l’abruti, une fois de plus.
Mais avant cela, il voulait qu’elle réponde à une simple question, la question qu’elle avait évité depuis que les trois hommes avaient déguerpis de leur sillage. Il se tourna alors vers elle, troquant son sourire contre son air sérieux, même si le coton dans le nez n’aidait pas. « Bon, répond moi maintenant, et hors de question d’esquiver cette fois. Ça va toi ou pas ? » Il avait besoin de savoir que malgré ce qui venait de se passer, elle irait mieux dans les jours à venir, qu’elle se remettrait de ce qu’elle venait de vivre. Ziggy avait besoin de savoir ce qu’elle avait sur le cœur pour pouvoir faire de son mieux si elle était au plus mal. Hafsa était ce genre de personne qui ne s’ouvrait pas facilement, préférant garder tout au fond d’elle plutôt de crier au monde que rien n’allait, mais il ne pourrait pas se pardonner de la laisser filer au matin sans savoir qu’elle n’allait pas bien.

[Bon, c'est court mais il est 3h du mat']

Hafsa aurait pu en rire de ce qu’elle venait de lui dire. C’était si cliché, si stéréotypé ce qu’elle venait de dire. Ce n’était franchement pas son genre, ce type de réplique, pas du tout même. Hafsa était d’ailleurs la première à souffrir de ces préjugés. Un arabe égal un terroriste dans la tête de certains américains. Bah oui forcément, tous décédant de Ben Laden, n’est-ce pas ! Quels cons ceux-là, ceux qui pensent cela je veux dire. Ziggy ne faisait pas parti de ce groupe sectaire. Encore heureux… il ne serait pas ami, bon ami avec elle autrement. Oui, elle aurait pu en rire de ce qu’elle venait de lui dire, mais le cœur ne semblait pas à l’humour douteux et lourd. Non, loin de là. La voix de Ziggy apparut comme par enchantement (ou pas vraiment à vrai dire…) dans l’appartement de ce dernier. Il lui disait de répondre qu’il était hors de question qu’elle esquive cette fois-ci. Hafsa ne comprit pas tout, cela avait certainement dû se comprendre face à son visage où l’on pouvait lire une totale incompréhension. Puis il lui demanda de but en blanc si elle allait bien ou non. Ou quelque chose comme cela. Elle commença par hocher les épaules. Vu le ton que le blondinet avait pris, cet réaction risquerait de l’agacer un peu plus. Elle se racla alors la gorge. « Ca va… je… j’suis juste fatiguée. » dit-elle alors, tout en se tournant vers son ami. « Je devrais sûrement aller m’allonger un peu, quelques minutes… ». Vu l’heure tardive, ces quelques minutes, comme elle venait de lui dire, allaient certainement se transformer en quelques heures, voire même plusieurs heures…. Elle était fatiguée, lui avait-elle dit. Juste fatiguée. Juste cela et rien de plus… bien sûr qu’il y avait un quelque chose de plus. Elle était encore sous le choc, sous le choc de leurs mésaventures, mais peut-être que demain sera meilleur. Qui sait. Elle se ressassait malgré tous les images, les paroles en boucle… Elle secoua doucement la tête, cherchant à chasser toutes ces images.

« Ca va… je… j’suis juste fatiguée. Je devrais sûrement aller m’allonger un peu, quelques minutes… ». Fatiguée ? Après tout ce qui venait de se passer, elle était juste fatiguée ? Il faudrait qu’un jour Hafsa comprenne qu’il faisait partie des gentils, qu’il ne lui voulait aucun mal, qu’elle pouvait s’ouvrir à lui sans qu’il lui rigole en pleine face pour ce qu’elle pouvait dire. En lui posant cette question, Ziggy avait eu l’espoir qu’elle lui dise vraiment ce qu’elle ressentait, comment elle se sentait pas vraiment, pas juste… fatiguée. Puis il se tût un instant pour réfléchir, de mémoire il parcourait ses longs e-mails et se rendit alors compte que jamais, elle n’avait parlé de ses sentiments sauf quand un truc de joyeux arrivait, jamais elle ne lui avait parlé de ses peines ou autre. La première fois que son amie l’avait fait en sa présence, c’était au même endroit, dans ce salon et c’était partie en sucette, c’est pourquoi le blond n’insista pas plus, elle avait besoin de se reposer. Point. Fin de la discussion.
Ziggy hocha la tête et afficha un petit sourire timide. « Tu veux prendre mon lit ? Comme la dernière fois. » Et lui prendrait le canapé, de toute façon, il n’avait pas l’intention de dormir, contrairement à son amie, la fatigue n’avait pas encore envahi son cerveau et son corps, dire qu’il était en forme serait une erreur, mais quelque chose l’empêchait de fermer les yeux et de sombrer jusqu’au lendemain matin. « Je peux rester avec toi si tu veux. Dans le lit, sur une chaise, coucher sur le tapis… » Il rigola puis se dirigea vers la cuisine pour prendre une bouteille d’eau, la vidant en quelques gorgées, après quoi il reprit « Mais si tu veux être seule, je serais juste là, un problème et t’as juste à appeler Cap’tain Ziggy à la rescousse. » Il prit une pose de super héros ridicule puis il retourna s’assoir à côté d’elle avec un grand sourire. « Ah… et j’ai pas de chips bien grasse au fait. » Dommage, parce qu’il avait faim et il n’aura pas dit non pour un gros paquet de chips bien salées et bien mauvaises pour la santé, mais il savait qu’en fouillant bien il pourrait trouver une pizza ou même un reste de lasagne. Le blond lui tendit alors sa bouteille « T’as soif ? »

Elle prit alors une grande bouffée d’air suintant le renfermé. Son regard se posa un peu partout dans la pièce, naviguant d’un endroit à un autre. Le silence imposait sa présence dans la pièce. Elle était juste fatiguée, lui avait-elle dit. Oui, elle l’était. C’est vrai cela. Ziggy finit alors par prendre la parole. Elle pouvait prendre son lit, lui dit-il alors. Comme la dernière fois, précisa-t-il. Hafsa hocha la tête, après avoir haussé délicatement les épaules. Le blondinet continua à prendre la parole, en émettant des hypothèses un peu farfelues, comme par exemple se coucher sur un tapis pour rester à ses côtés. Il n’y avait bien que lui pour dire ce genre de chose. Hafsa en sourit. Elle le regarda ensuite se diriger sans un mot dans la cuisine. Sûrement allait-il se chercher quelque à manger ou bien à bien, ou peut-être bien les deux. «Mais si tu veux être seule, je serais juste là, un problème et t’as juste à appeler Cap’tain Ziggy à la rescousse. ». Il venait de prendre une pose quelque peu ridicule après avoir dit cela. Hafsa laissa éclater un discret rire avant de reprendre son certain sérieux. C’est alors qu’il lui dit qu’il n’avait pas de chips bien grasses, ou quelque chose comme cela. Hafsa haussa une nouvelle fois les épaules, lâchant un petit « ce n’est pas grave » tout en secouant la tête. Ce n’était pas grave en effet. C’était un détail dont elle se fichait bien. Puis il finit par lui tendre la bouteille d’eau à moitié vide. Il lui demanda ensuite si elle avait soif. Elle fit non de la tête. Non elle n’avait pas soif. Ni faim d’ailleurs. Elle était juste fatiguée, comme elle le lui avait si bien dit. Puis Ziggy se rassit à ses côtés. Hafsa en profita pour se tourner vers lui. « Dis Ziggy, ils vont vraiment nous retrouver ? » lui demanda-t-elle alors , en prenant un air grave.

Il tentait de la faire rire dans l’espoir qu’elle pense à autre chose, même le plus ridicule des sourires le satisfaisait. C’est dans ces moments-là qu’il pouvait être terriblement chiant, prêt à tout, il débitait connerie sur connerie et lâchait difficilement l’affaire. Mais ce petit éclat de rire de la part de son ami après avoir pris sa meilleure pause de super héros le fit revenir sur le canapé, mission accomplie mon capitaine. Ça n’aidait pas à oublier certes, comment une simple figure débile pouvait effacer ce qu’ils avaient vécu une heure au par avant ? Mais le jeune homme se disait souvent que quelqu’un qui peut rire avec un choc s’en remettra un peu plus facilement, du moins, c’est ainsi qu’il percevait la chose, après tout, rester triste et terrorisé n’aide pas non plus.
Finalement le silence retomba entre eux, silence qui fut brisé par le blond buvant bruyamment à la bouteille que Hafsa venait tout juste de refuser. « Dis Ziggy, ils vont vraiment nous retrouver ? » Il posa son eau sur la table et regarda un instant dans le vide. New York était une grande ville, ce genre de mec trainait toujours au même endroit, il fallait donc juste éviter ce petit groupe de rue à cette heure avancée de la nuit, mais si ce n’était pas eux qui les retrouvait, d’autres malfrats s’en occuperait. La nuit, ils ne seraient jamais en sécurité dans cette ville. Au final il ne savait pas quoi lui dire, il voulait la rassurer, la protéger, mais il se rendit bien compte qu’il n’était capable ni de l’un, ni de l’autre en cette instant même. « Je sais pas. » Ziggy prit alors sa main dans la sienne, appliquant plusieurs petites pressions à intervalles régulier, tic qu’il avait souvent quand il tenait la main de quelqu’un. Le blond se tourna alors vers elle, fixant son visage comme s’il le découvrait pour la première fois. Hafsa auras-tu un jour de la chance de vivre dans un monde en paix, où tu pourras marcher dans une rue sans avoir peur de te faire agresser, voir même tuer ?
Il lâcha un petit soupir « Tu veux aller dormir ? » et accompagna ses mots d’un petit sourire.

[Tu me pardonnes hein.. il est 7h50.. j'ai dormi que 3h so, c'est un peu nul xD]

Elle regarda le visage de Ziggy qui venait de se refermer sous ses yeux innocents. Il ne la regardait plus à présent, il semblait être captivé par d’autres éléments de cette nature environnante. Non, en fait, il ne semblait être captivé par rien. Après quelques longues minutes, le blondinet leva la tête et osa répondre, enfin. Il ne savait pas, lui dit-il alors. Bien entendu, il ne savait pas, personne ne le savait de toute façon. A moins vouloir se prendre pour un faux voyant et vouloir décorer le monde en de jolies formules utopistes, mais ceux-là ne faisaient que de briguer une vérité qui était fausse. Hafsa haussa doucement les épaules. Il ne savait pas, elle devait s’en douter… Ziggy finit alors par lui demander si elle voulait aller au lit. De nouveau, elle hocha les épaules avant de répondre d’un timide « oui, je veux bien… ». Après tout, elle lui avait dit qu’elle était fatiguée, qu’elle était juste fatiguée. Elle dessina un petit sourire sur ses lèvres.

C’est alors que les deux jeunes gens se dirigèrent dans la chambre de Ziggy. Ce dernier lui dit qu’elle pouvait prendre un tee-shirt, comme la dernière fois. Elle hocha la tête, approuvant ses paroles. Elle en attrapa un au hasard. Un tee-shirt ridicule de couloir rose avec une tête immonde de bonhomme jaune, apparemment ça s’appelle Pac-Man, enfin elle avait vu cela rapidement dans un jeu vidéo assez kitch. Puis elle partit dans la salle de bain afin de se vêtir de ce tee-shirt qui était mille fois trop grand pour elle. En revenant dans la chambre, elle posa un regard sur son ami qui était encore là. « Tu pourras rester dans la chambre ? » lui demanda-t-elle alors.

Il aurait pu lui mentir, lui dire que tout irait bien maintenant et qu’il y avait très peu de chance que les trois malfrats puissent les retrouver, dans cet appartement ou dehors, de jour comme de nuit. Mais le monde n’était pas rose et Hafsa n’était pas dupe donc lui raconter de tel mensonge était inutile face à une fille aussi intelligente qu’elle. Il avait lancé un simple ‘je sais pas’, qui, au fond, valait bien mieux qu’un non. A la vue du regard extenué de son amie, il lui demanda si elle voulait aller se coucher, la journée c’était mal terminée, mais qui sait ? Demain annonçait peut-être un jour meilleure et il valait mieux en terminer maintenant avec cette soirée.
Il la suivit jusqu’à sa chambre où il resta au centre de la pièce les mains dans les poches, la regardant alors piocher dans son armoire grande ouverte son tee-shirt de Pac Man. Cette chambre qui ressemblait à celle d’un adolescent de quinze ans, rempli de figurine et de skate où le bordel était maitre, il passait son regard sur chacun des murs en attendant le retour de la brune de la salle de bain. Entendant de petits pas léger dans son dos, il se retourna et ne put s’empêcher de lâcher un petit rire. « T’es mignonne avec mon tee-shirt. » Il se tût, gardant un sourire sur son visage.
« Tu pourras rester dans la chambre ? » demanda alors Hafsa. Quelle question. Évidemment qu’il pouvait rester, lui avait-il dis une seule fois non depuis le temps qu’ils se connaissaient ? « Bien sûr. » lui répondit-il en hochant la tête, puis il alla s’assoir sur le fauteuil qui trônait dans un coin de la pièce. Il aurait très bien pu dormir avec elle, comme le font beaucoup d’amis, mais Hafsa avait sa religion et si Ziggy connaissait le principal, il restait un ignorant et donc, le fauteuil était une bonne solution et puis, ce n’était pas la première nuit qu’il passerait dessus et comme il n’avait pas l’intention de dormir, le blond pouvait largement laisser tout le lit pour Hafsa.

A peine venait-elle d’entrer dans la pièce où Ziggy se trouvait que ce dernier riait déjà. Comme à son habitude. A croire que même ce qu’il s’était passé, il y a de cela quelques heures ne semblaient pas l’affecter… ou tout du moins en apparence. Elle se mordit la lèvre inférieure, avant d’arquer un sourcil. Sous le regard de son ami, elle tira un peu son tee-shirt, afin de tenter de cacher ses cuisses, mais en vain. Le morceau de tissu était bien trop petit pour descendre jusqu’à ses chevilles. Être en tee-shirt et en petite culotte sous les yeux d’un homme. Certes, cet homme n’était pas n’importe qui, il était son ami, son meilleur ami même… mais Ziggy restait malgré tout un homme. «T’es mignonne avec mon tee-shirt. » déclara-t-il alors à haute voix. Mignonne, c’était ce qu’on disait… à qui cela ? Aux petites filles, non ? La jeune Hafsa hocha les épaules, se pinçant les lèvres par la même occasion. Mignonne. C’était bien l’une des rares fois qu’on lui disait cela. Elle entrouvrit alors la bouche, contentant certainement contester ce que son ami venait de lui dire, mais… elle se rétracta finalement. Alors, elle grimpa dans le lit, s’allongeant dans le lit et se couvrant délicatement du drap bleu électrique aux motifs assez particulier. Après quelques minutes de réflexion, elle demanda à Ziggy s’il ne pouvait pas rester là. Là, à côté d’elle, au près d’elle, au plus près d’elle… Peur, elle avait. Elle savait que cette petite boule qui s’était forgée au creux de son ventre et de sa poitrine ne partira pas tel un coup de magie. Son ami le blondinet quelque peu déluré approuva. Bien sûr, lui dit-il alors. Un sourire de reconnaissance se dessina alors sur ses lèvres.

Hafsa s’allongea dans le lit, posant sa tête sur l’oreiller. Elle tenta de fermer les yeux, mais en vain… bien trop d’images semblaient s’être épris de son si frêle esprit. Elle devait pourtant dormir, elle était fatiguée… juste fatiguée. Après de longues minutes de lutte avec son sommeil et ses esprits qui la hantèrent, elle se redressa, posant un regard sur Ziggy qui semblait être occupé. Ou tout du moins, c’était ce qu’il laissait paraître. « Ziggy… lâcha-t-elle faiblement. Tu peux… elle baissa peu à peu la tête, entrecoupant ses phrases de léger silence. Tu peux dormir avec moi ? J’ai… Je crois que… j’ai peur… » finit-elle de lâcher, tête baissée.

Seul le bruit des touches de son portable se faisait entendre à travers le silence de la chambre. Ziggy tapait au hasard sur son portable, faisant semblant de jouer sur son portable pour paraitre occupé alors qu’en réalité, il relevait plus souvent la tête vers Hafsa pour la regarder, quand elle tourna la tête et ferma enfin les yeux, il posa son portable sur sa cuisse pour regarder son amie, se repassant en boucle la soirée qu’ils venaient de vivre. Le blond venait de faire une découverte durant ces quelques minutes. Il tenait à Hafsa. Il tenait à elle au point de se prendre des coups en pleine figure pour la protéger. Malgré les paroles blessantes qu’elle pouvait parfois dire ou bien quand elle roulait des yeux aux propos stupide qu’il pouvait parfois tenir, il tenait à elle plus que quiconque sur terre, excepté ses parents, et sur le moment, il aurait capable de tout pour elle.
Le blond se hâta de reprendre son portable en main quand cette dernière se redressa, tout en prenant un air concentré ce qu’il faisait, c’est-à-dire, taper sur des touches dans le vide. Il releva la tête quand elle prononça son prénom. « Tu peux… Tu peux dormir avec moi ? J’ai… Je crois que… j’ai peur… » Un petit sourire timide apparu sur le visage du jeune homme qui se leva de son siège. Il se déshabilla pour se retrouver uniquement vêtu de son boxer et de son tee-shirt et se dirigea vers le lit où il repoussa les couvertures pour s’allonger au côté de son amie. Ziggy passa un bras alors un bras sous le cou d’Hafsa et un autre par-dessus la taille, la serrant un peu plus contre le lui. Il ne rajouta rien à son geste, pas un seul mot, il n’y avait rien à dire, Hafsa savait qu’il était là et qu’elle n’avait pas besoin d’avoir peur, plus besoin d’avoir peur. Comme un enfant qu’on protège, Ziggy la gardait contre lui, prenant alors le rôle d’un attrape-rêve vivant, à la moindre peur, au moindre cauchemar, il serait là pour la rassurer.

[J'ai eu beaucoup de mal à la terminer cette rep niaiseuse... C'est partie en porno total dans ma tête xD Trop de caféine xD]