Les journées pouvaient paraître longues parfois dans la jungle New-Yorkaise. Après les vacances d’été, qui avaient été plutôt chargées pour moi, étant donné mon métier, l’automne s’installait et le mois de Septembre lui s’éteignait déjà. J’avais eu énormément de soirées à organiser durant tout l’été, que ce soit des fêtes d’anniversaire pour adolescents, adultes, ou des mariages, je n’avais pas eu une seconde à moi, mais cela m’avait fait du bien. Je n’avais pas fait de rencontre, je n’avais toujours pas trouvé l’amour mais je me sentais tellement mieux. J’avais fait un tri dans ma vie, j’avais coupé les ponts avec certains souvenirs qui me hantaient, et je me rendais compte que c’était là qu’était la solution de mon malheur. Je me sentais tellement bien, je n’en revenais pas. Je m’étais dit, à la fin de ma relation avec Jayden, que je ne m’en sortirais jamais, que jamais je n’arriverais à me sortir la tête de l’eau, que la souffrance et les sentiments m’envahiraient jusqu’à me faire couler. Et bien non, j’avais réussi, je m’en étais sorti et je me sentais beaucoup mieux, tellement mieux. Même ma famille qui était resté à Paris m’avait dit, alors que l’on ne se parlait que via la webcam, que j’étais beaucoup plus heureux, qu’ils pouvaient le lire sur mon visage et ça m’avait donné encore plus de force.

Réveil calme, la lumière du jour sur pose doucement sur mon visage et mes yeux s’ouvrent pour acclamer le soleil. J’apprécie de me lever et de voir les derniers jours ensoleillés prendre possession de New-York comme si l’été n’était jamais vraiment parti. Je n’ai trop rien à faire ces jours-ci, ou alors de petites fêtes que je peux laisser à d’autres personnes de la société. C’est étrange, à mon âge, de me dire que j’ai ce pouvoir de rester chez moi et de donner ce que je n’ai pas envie de faire puisque je suis leur « supérieur » bien que je déteste ce mot. Je n’aimerais pas, en vieillissant, devenir ce genre de patron qui malmène les employés etc., je ne trouve pas cela juste. Complètement débordé par l’ennui, je ne sais quoi faire aujourd’hui, mais il est hors de question que je passe une journée de plus dans ce foutu appartement que je commence à ne vraiment plus supporter. Bien que mon petit chien m’apporte beaucoup de choix, de même que mon colocataire, je ne supporte plus de rester là toute la journée, à ne rien faire à part me droguer de café ou de thé ou de nourriture. Je me balade dans ces rues américaines et je me rappelle en avoir rêvé pendant des années, lorsque ma vie n’était pas aussi belle, je me rappelle avoir calmé ma tristesse en me disant qu’un jour ma vie serait meilleure, j’aurais jamais imaginé qu’elle pourrait être aussi bien, dans le futur. Bizarrement, je prends le métro et loupe ma sortie, tellement perdu dans mes pensées. Bizarrement, oui, parce que ce n’est pas le genre de choses qui m’arrive habituellement. Je sors à la prochaine sortie, et je me retrouve au pied d’un cinéma. Je décide alors de rentrer et d’aller voir un film, tant pis pour ce que j’avais prévu de faire, je me retrouve face à une affiche qui me fait particulièrement envie, et malgré l’attente qui semble assez longue, comme tout ici, à New-York, je patiente et prends mon téléphone pour lire les critiques du film.