« Comment ça « l’âge » ? Dis tout de suite que je suis vieux et croulant ! Il viendra un moment où je te montrerais que justement, je ne le suis pas du tout ! » Mais ce moment n’était pas encore arrivé et Wayne ne voulait pas lui mettre la pression en disant ça, bien au contraire. Il faisait juste valoir qu’un peu de maturité faisait du bien, au même titre qu’un brin d’enfantillage n’a jamais tué personne. Dans le fond, ils étaient profondément complémentaires même si l’américain ne pouvait pas s’empêcher de craindre le pire face au dossier jalousie : autant celle de Marley ne le dérangeait pas particulièrement, après tout il commençait à bien la cerner et s’était fait à l’idée qu’elle risquait de lui en faire voir des vertes et des pas mûres, autant il craignait vraiment qu’elle ne se mette en tête de vouloir le rendre jaloux pas des moyens qu’il pourrait qualifier de pas forcément très orthodoxes. C’était son droit, après tout ils étaient dans un pays libre mais d’un autre côté, Wayne se connaissait : si elle le poussait trop à bout, effectivement, il allait se donner en spectacle, se mettre à gueuler comme un putois et finirait par tracer sa route et faire le mort. C’était sa façon à lui de dire que quelque chose lui avait fortement déplu. Ah, il ne cherchait pas le conflit, au contraire il essayait plus de l’éviter, mais une fois ancré dans celui-ci, il ne parvenait pas à passer outre sa rancune. En général, une fois son estime perdue, cela devenait définitif. « Pourquoi tu veux que je beugle ? S’il n’y a que ça je peux beugler juste histoire de dire hein ! » L’américain ne prenait pas la chose au premier degré, il la défiait, voilà tout. Wayne savait par avance qu’elle adorerait une bonne joute verbale de derrière les fagots et ma foi… il commençait à aimer diablement cela aussi. « Tu veux me donner la becquée ? » s’écria-t-il, horrifié. Celle là, il ne l’avait clairement pas vue venir et pourtant, il attrapa docilement la tomate cerise en la mastiquant longuement tandis qu’il ne la lâchait pas des yeux. Mais pour faire bonne mesure, il ne manqua pas de prendre l’une des serviettes propres qu’il était allé chercher pour lui essuyer doucement la bouche, lui rendant pour ainsi dire la monnaie de sa pièce. « Voilà, tu es encore plus jolie comme ça amour. » Et à son tour, il ne manqua pas de lui tirer légèrement la langue. Le plus vieux des deux ? Ah, ça dépend des jours !

Effectivement, le « rien avant le mariage » arracha à Wayne une expression bloquée, au même titre que sa respiration s’était coupée d’un seul coup. Alors soit elle était en train de se foutre de sa gueule, chose qui ne le surprenait pas du tout la connaissant, soit elle avait dans l’idée de se marier et pour le coup, elle ne pouvait pas mieux s’y prendre pour le faire paniquer. Une chance qu’il soit suffisamment maître de ses émotions pour réussir à inverser de lui-même la vapeur… « Pourquoi, tu veux que je t’épouse ? Suffit de le demander ! » Marley eut tôt fait de démentir ses précédents propos, arrachant de fait un sourire canaille à Wayne, sourire qu’il ne put effacer de sitôt de son beau visage. Diantre, elle avait vraiment l’art et la manière de souffler le chaud et le froid sur sa personne, une chance qu’il ait le cœur bien accroché tout de même ! « Vipère, va ! Je vais finir par croire que tu as peur que l’on sache que tu es vierge… tu l’es, n’est-ce pas ? Je préfère savoir histoire d’éviter tout impair. » Cela ne le choquait pas le moins du monde et limite, il préférait savoir. Dans le cas contraire, il se connaissait, il serait le premier à sortir des allusions graveleuses sans faire exprès, pris par l’élan de la plaisanterie et il ne souhaitait pas la heurter… ce n’était ni le genre de la maison, ni même le but de la manœuvre en soi. Il respectait bien trop la sicilienne pour cela, même si là en l’occurrence, le fait qu’elle ne le défie ne vienne de le pousser à pousser un hurlement des plus virulents en plein McDo. Une chance qu’il ne soit pas excessivement plein ! « Satisfaite ? » demanda-t-il avant de n’être surpris par sa requête. Faire un Monopoly avec Marley, c’était comme se jeter dans la gueule du loup, quelque chose lui disait qu’elle était extraordinaire bluffeuse mais aussi une mauvaise perdante hors pair. Voilà pourquoi il plissa soudainement les yeux, passionné par cette soudaine décision et ce bien qu’il n’avait ni l’intention de vendre son âme au diable, ni même celle de perdre juste pour éviter de se prendre une tornade dans la tronche. « J’en ai un chez moi, ma sœur adore. Mais attention, si tu triches… j’ai la vengeance méchante ! » Et il laissa planer sa phrase en cessant brusquement de la regarder tout en sirotant son coca. Il aimait de temps à autre la frustrer car il savait qu’au final, elle allait le forcer à la regarder de nouveau et c’était une réaction qu’il adorait. Masochiste ? Complètement !

Bien loin d’être impressionné par cette menace de mort qui planerait sur lui si jamais Wayne s’avisait de la demander en mariage, il en éclata de rire. Après tout, c’était un juste revers de bâton et puis elle l’avait cherché. L’espace d’un dixième de seconde, elle avait sûrement été étonnée par ses propos, voire même paniqué et cela lui suffisait pour contrebalancer la panique qu’elle lui avait imposée. A ceci près qu’il avait bien l’impression qu’elle ne lui disait pas la vérité à propos de sa virginité. Loin de lui l’envie de chercher plus loin, après tout il n’était de la police ni obsédé par la chose, mais il trouvait curieux, si son instinct s’avérait juste, qu’elle ne lui dise pas la vérité. Qu’y avait-il de honteux ? Certes, elle passait pour la plus allumeuse demoiselle de la création et cela casserait certainement cette image qu’elle essayait de se donner, mais face à Wayne, elle n’avait aucun besoin de composer. Au contraire, il aimait les gens vrais, pas des menteurs invétérés qui finissent par s’enliser dans leurs propres mensonges, à un tel point que cela en devient pathologique. Il n’y avait plus qu’à espérer que Marley n’en soit pas à ce point et même qu’elle ne soit pas vierge, car cela reviendrait à dire d’une qu’elle lui mentait, et de deux que son flair n’avait pas faillit une seconde durant tous leurs entretiens… « Ah bon, t’as plus de trente-quatre ans maintenant ? La vache, t’es suuuuper vieille en fait ! » n’hésita-t-il pas à dire avant de se bidonner à nouveau tout en lui piquant son gobelet de coca, il avait finit le sien dans la bataille… sûrement le stress. « J’veux connaître tes pensées » lança-t-il d’un petit air insolent avant même qu’elle n’ait pu répliquer quoi que ce soit. A fou, fou et demi et puisqu’il venait de passer pour un beau spécimen échappé de l’asile, autant poursuivre dans sa lancée ! « Déconne pas, je leur aurais joué un air de piano ou de gratte et le tour est joué… je suis un charmeur de vipère ET de marmaille, tu ne savais pas ? J’suis pas mauvais bluffeur au Monopoly aussi, j’espère que tu sais à qui tu t’attaques ! » Wayne avait toujours eu un excellent contact avec les enfants, au point que sa sœur ne le tanne pour savoir quand il ferait des mini Swarovski. Pas demain la veille, répondait-il à chaque fois. Encore fallait-il trouver la femme qui veuille porter ses enfants ! « Petit joueur ? Aussi vrai que je te pense excellente menteuse et que j’ai appris à ne pas croire un traître mot de ce que tu racontes quand je me rends compte que tu mens… c’est toi, la petite joueuse ! » Lui faisait-il comprendre qu’il ne fallait pas le prendre pour un con et qu’il avait plus ou moins compris qu’elle lui avait déjà menti ? Sans nul doute !

Le fait de se prendre une telle réflexion ainsi que le coca de Marley dans la tronche, il ne s’y était clairement pas attendu. Wayne demeura interdit un bon moment à ruminer cette rancœur le prenant actuellement aux tripes, tentant de dominer cet accès de colère n’ayant de cesse de croître pour ne surtout pas dire des choses qu’il pourrait regretter. Et pourtant, en prenant mal son humour de second degré, qu’il n’avait pas pensé un seul instant, elle l’avait rabaissé comme s’il n’était rien d’autre qu’un baltringue, un petit objet dont elle disposait quand elle avait envie parce qu’elle en avait envie. En y repensant, l’américain ne put se retenir de lui emboiter le pas, poussant la porte des toilettes pour femmes en se moquant bien des éventuelles spectatrices. Après tout, il n’était plus à une scène près avec Marley et cela, il s’y était préparé… mais pas à cette morgue dont elle avait fait preuve, il ne l’acceptait tout bonnement pas. « Je crois que je n’ai pas bien entendu Marley : que je n’oublie pas à qui je parle ? Tu t’écoutes parler de temps en temps ? Tu es partie en vrille simplement parce que j’ai fais de l’humour de mauvais goût ? Hors de question que je me mette à tes genoux juste parce que tu as l’habitude de te faire bisouter les pieds. Si ça ne te plais pas, et bien tant pis parce que je ne suis pas du genre à courber l’échine et à me la faire mettre profond parce que ça plait à Madame. Maintenant, je te présente mes excuses pour cet humour de merde, je ne suis pas parfait et ce n’est pas forcément la peine de te mettre dans des états pareils pour ça… suffisait de me le dire. » On voyait surtout la différence d’âge dans ces moments là : Wayne tempérait là où Marley explosait. Mais il voyait ses efforts, il était même le premier à en avoir conscience… il ne savait simplement pas toujours comment le lui montrer. Bien que la pilule qu’il aperçut finalement contre le sol poussa son sang à ne faire qu’un tour : il la releva sans violence mais sans douceur non plus, le regard brillant de colère, avant d’user d’un ton qu’il valait mieux prendre au sérieux : « Qu’est-ce que t’as pris ?! Merde Marley je peux supporter beaucoup de choses mais que tu te dézingues certainement pas !! Je peux être coulant sur beaucoup de choses mais autant mettre les points sur les virgules : si tu veux te défoncer ce sera sans moi !! » Il la maintenait simplement par les épaules, sans lui faire mal, son regard haineux parlant pour lui. Pourquoi son père avait-il quitté le domicile en se laissant se démerder ? Parce qu’il était poursuivit par ses fournisseurs de dose à qui il n’avait pas payé ce qu’il leur devait… plus jamais à trimer pour que qui que ce soit se déglingue les veines, jamais.

Mais sans doute Marley ne se rendait-elle pas compte du nombre de concessions que Wayne faisait. Il ne montrait pas forcément les efforts fournis mais ça ne voulait pas dire qu’ils n’étaient pas là. Mais en toute bonne foi, il préférait laisser légèrement passer l’orage plutôt que de confronter directement la sicilienne alors qu’elle lui frappait le torse en pleurant. Il n’avait pas voulu la blesser, leur dispute était partie d’une bête histoire de mots mal choisis mais il aurait simplement voulu qu’elle soit capable de lui dire que sa façon de s’exprimer lui déplaisait plutôt que de partir comme une furie aux toilettes avec l’idée bien arrêtée de plonger dans un quelconque paradis artificiel. Ca, il ne l’acceptait pas mais alors pas du tout et c’était bien quelque chose qu’il ne pourrait hélas jamais changer. « Parce que tu crois que je n’ai pas changé pour te côtoyer, Marley ? » demanda-t-il au bout de quelques minutes, alors qu’il la berçait dans ses bras et tentait du mieux qu’il pouvait de la calmer à sa façon. C’était inutile de la braquer encore davantage qu’elle ne l’était déjà… « Je suis un solitaire dans l’âme ! En théorie, je couche dès le premier soir et j’oublie de rappeler le lendemain. Je ne suis pas forcément un connard pour autant, en général mes compagnes d’une nuit sont parfaitement au courant de mon mode de fonctionnement et pourtant, m’as-tu déjà vu agir ainsi avec toi ? J’accorde plus de crédit à ce que l’on vit que tu ne sembles le penser, mais peut-être que je ne te le fais pas encore assez comprendre. Il me faut seulement du temps Marley, je n’ai pas encore l’habitude. Mais ça ne veut pas dire que je ne fais pas d’effort, que je ne cherche pas à changer pour te plaire… crois-moi, mon comportement avec toi est sensiblement différent de celui que j’avais avec les femmes avant de te rencontrer. Avant, j’étais juste chirurgien, qui vivait pour son boulot, prenait soin de sa jumelle et point barre. Le reste, l’attachement et tout ce qui va avec ne m’intéressait pas. » Le jeune homme plongea un regard extrêmement sérieux avant de prendre le visage de la jolie blonde entre ses mains. Si elle voulait qu’il la regarde se déglinguer sans rien dire, elle s’était plantée de candidat car malheureusement, en tant que médecin, il ne connaissait que trop bien ce que ces saloperies pouvaient faire à l’organisme. « Marley tu peux me demander ce que tu veux, vraiment ce que tu veux, mais s’il faut que je te regarde te dézinguer la santé avec cette saloperie… ce sera sans moi. C’est à cause d’elle que j’ai dû m’occuper de ma sœur tout seul depuis qu’on a quinze ans et crois-moi, elle ne t’apportera jamais rien de bon si ce n’est solitude et déchéance ! Après je ne peux pas t’obliger, tu es une grande fille et tu sais faire tes propres choix. Mais le problème c’est que tu n’es plus toute seule maintenant ! Merde Marley, c’est si peu évident de te rendre compte que je suis complètement fou de toi ?! »

Ses excuses surprirent Wayne autant qu’elles lui mirent du baume au cœur. Il avait pleinement conscience du fait que Marley ne soit pas femme à demander pardon, aussi se surprit-il à resserrer son étreinte contre le corps frêle de la sicilienne afin de lui faire comprendre tacitement à quel point cela le touchait. Il avait beau s’être précédemment emporté, cela n’avait pas duré : toute sa colère avait fondu aussi rapidement qu’un caramel sucré au soleil et il ressentait désormais le poids de la culpabilité. Ils avaient toujours l’art et la manière de s’adorer cinq minutes pour s’affronter durement la seconde d’après, afin de mieux se retrouver… en l’occurrence, il était en train de la serrer dans ses bras à l’intérieur des toilettes pour femmes, mais l’américain se moquait bien du décor dans lequel ils se trouvaient. Il n’avait d’yeux que pour cette sale chieuse adorant avoir le dernier mot. A croire qu’elle ne l’ait définitivement pris dans ses filets puisqu’il abaissait directement sa défense sans même chercher à en comprendre davantage. Là-dessus, il paraissait parfaitement syncro à Marley dans cette seconde, puisqu’elle énonçait sans détour vouloir faire tous les efforts du monde… pour que cela fonctionne ? Il se plaisait à y croire à vrai dire, il en avait besoin. « Je suis très bien placé pour savoir que c’est difficile et que je te demande peut-être la lune mais je n’ai aucune intention de t’enterrer parce que tu auras fait une overdose, Marley. Je t’aiderais à trouver des palliatifs, tu pourras compter sur moi à toute heure du jour comme de la nuit mais tout ce que je te demande, c’est d’essayer d’arrêter de te défoncer. » Après tout, ce n’est pas comme si elle n’avait personne désormais, pas vrai ? Il était là, en chair et en os, prêt à lui ouvrir ses bras dès qu’elle le réclamerait. « Je te demande pardon également. Je ne voulais pas te manquer de respect, juste te faire comprendre que tu n’es pas la seule à vouloir que nous deux, ça marche. » C’était étrange que de dire ‘nous deux’ pour Wayne, alors qu’il avait toujours vécu comme un saltimbanque de l’amour jusqu’ici. Mais le plus étonnant et de loin, c’est d’être soudainement plaqué contre la porte fermée des toilettes, sa jolie blonde ayant une soudaine poussée passionnée tandis qu’elles liaient leurs lèvres ensemble, le poussant à l’entourer plus encore de ses bras afin qu’elle ne s’éloigne pas… ou à tout le moins pas trop vite. Il avait besoin d’elle, envie d’elle même. La seule chose qui le retenait, c’était justement son désir de faire en sorte que cela fonctionne, et qui le poussa d’ailleurs à écourter le baiser en toute délicatesse. « J’essaye de me contrôler mais ça risque d’être trapu si tu m’allumes comme ça, jeune demoiselle ! »

Wayne n’était décidément pas un fanatique absolu des disputes, mais il était prêt à faire tous les efforts du monde pour que son couple avec Marley fonctionne… parce qu’ils étaient un couple désormais, n’est-ce pas ? En tout cas le considérait-il de cette façon, quitte à se traiter lui-même d’idiot parce que la jolie blonde était sûrement la demoiselle la plus inaccessible qu’il lui ait été donné de rencontrer. Qu’importe. Justement, en sa présence il se sentait plus humain qu’à l’hôpital, où il passait pourtant le plus clair de son temps. Là bas, il était avant tout considéré comme un bistouri ambulant, capable d’enchaîner des opérations de plus de huit heures et d’être encore en mesure de faire des vannes vaseuses la minute d’après, comme s’il n’avait ni conscience ni cœur. Mais il ne s’agissait pas de cela, en vérité : Wayne avait besoin de se détacher émotionnellement pour ne pas être complètement rongé par la culpabilité, de même que pendant quelques minutes, il s’était détaché froidement de sa relation avec Marley pour analyser la situation de façon plus sage qu’elle n’était en mesure de le faire. De cette façon, l’un comme l’autre, à leur manière, étaient parvenus au miracle de désamorcer la bombe s’étant pourtant jouée entre eux. « Que ce sera tout ? C’est déjà pas mal peut-être… mais honey, j’ai déjà vu tout ça lors de mon internat et ce qui m’impressionnait horriblement à l’époque, j’ai réussi à plus ou moins le banaliser. Ce qui sera plus dur, c’est que ce soit toi la cible de ces malaises… ça, je risque de moins bien le digérer que le reste. » Il n’y pouvait rien, au même titre qu’il était incapable de rester dans la chambre de sa sœur lorsqu’on la soignait parce qu’il détestait la voir souffrir, il aurait sûrement beaucoup de mal à voir Marley souffrir autant… mais il ne prendrait pas ses jambes à son cou. Au contraire, il resterait, quitte à subir ses coups et ses insultes ! Même si pour l’instant, bien loin de lui provoquer la moindre tristesse, il devait avouer qu’elle lui faisait de l’effet. Le simple fait qu’elle n’ose en prime porter sa main contre son entrejambe lui fit pousser un très léger grognement, preuve qu’elle le tuait sur place et qu’il lui fallait tout son self control pour ne surtout pas succomber à la tentation. Il ne s’agirait pas de la pousser, pas vrai ? « T’es vraiment tuante… attends-moi dans la voiture, je vais chercher une tonne de glace parce qu’il me faudra bien ça pour nous remettre si on se met la pile au Monopoly, tu ne crois pas ? » Wayne esquissa un clin d’œil à l’attention de la sicilienne avant de ne la retrouver dans la voiture quelques minutes plus tard, un énorme pot de glace en main. « Interdiction d’en manger avant d’être à la maison ! »

« Empereur Kuzco-Wayne, ça pète non ? » ironisa-t-il avant de passer son bras autour de son épaule pour mieux lui embrasser fugacement la tempe. Si elle n’aimait pas les petites attentions continuelles ainsi que les marques d’affection, sûrement Marley allait-elle être constamment dérangée car l’américain en était diablement friand. Sa sœur en était la source, bien évidemment, ne pouvant pas supporter de ne pas avoir de bisou plus de deux heures d’à filée. Une fois, elle l’avait même fait biper alors qu’il faisait passer des visites à ses internes, cherchant à leur apprendre des choses et à tester d’un même temps leur connaissances… autant dire qu’il s’était rué à travers les couloirs de l’hôpital où il officiait et était rentré dans une colère noire car durant tout le trajet jusqu’à la chambre de sa jumelle – qui ne lui avait jamais parut si long, du reste – il s’était vraiment imaginé le pire. Aussi loin qu’il se souvienne, c’était bien la seule fois où il s’était réellement mis en colère contre elle. Anna l’avait d’ailleurs compris et ne s’était plus jamais amusée à renouveler l’expérience… elle pouvait se montrer chieuse et réclamer autant de bisous qu’elle voulait dès qu’il se pointait dans sa chambre mais pas en dehors… « Tu peux juste en prendre une cuillère alors ! Et puis… j’ai une voiture de ouf c’est pas pour rouler comme un papy, non ? » Wayne mit de côté son métier de chirurgien, arborant un sourire à pleines dents avant de n’appuyer sur l’accélérateur dès lors qu’il eut démarré. Il ne fallait pas croire, si raisonnable qu’il savait être en temps normal, le jeune homme était un fervent amateur de vitesse ET de circuits de course. Ce n’était pas pour rien qu’il avait craqué et s’était acheté une Porsche… il aimait rien que le son du moteur, le nombre de vitesses totalement fou, la sensation d’être invincible… il ne craignait rien. Et surtout pas son passé. Que demander de plus ? Surtout qu’avec sa conduite tout à fait maîtrisée, mêlée au fait qu’il n’y avait quasiment personne à cette heure dans les grandes artères de New York, ils furent garés devant son immeuble en un temps record. De quoi avoir envie de le laisser conduire plus souvent, pour peu qu’il ait envie de se lâcher à nouveau ! « Alors, tu vois ? Sept minutes trente, la classe ! La glace n’est pas fondue et j’espère que tu vas garder une bonne première expérience de ta visite chez Mcdo ! » Mais avant même qu’il ne l’invite à le suivre dans son immeuble… il s’empara fougueusement de ses lèvres, comme pour chasser définitivement le feu de leur précédente dispute.

Wayne éclata tout bonnement de rire en voyant Marley filer à la vitesse de la lumière jusqu’à son salon, toujours la glace en main. Tout ce qui était à espérer, c’est que la moitié ne soit pas renversée par terre sinon Loki aurait tôt fait de tout léchouiller histoire que le salon soit à nouveau aussi propre qu’avant que la glace ne tombe. Mais la sicilienne eut le contrôle jusqu’au bout et se rua sur le canapé, énonçant une phrase qui arracha un très léger froncement de sourcils à l’américain. Effectivement, s’il voulait la voir aussi souvent qu’il en avait envie, cela risquait d’être serré, bien que la demoiselle soit majeure et vaccinée. Ah, il ne blâmait pas son père pour son côté manifestement surprotecteur, puisqu’il avait sensiblement le même avec sa propre jumelle, le côté mafieux en moins, mais ça, Wayne ne le savait pas. Il finit donc par en sourire tout en haussant les épaules d’un air à la fois nonchalant et fortement insolent. « Pourquoi pas content ? Attends tu es avec un neurochirurgien chéri, pas avec la moitié d’un abruti ! » s’exclama-t-elle en faisant ce qu’il ne faisait jamais : se vanter. Il ne fallait pas le prendre au pied de la lettre puisque ce n’était ni son genre ni sa façon de penser mais c’était avant tout pour dédramatiser qu’il le faisait. Après tout, il ne comprenait pas pourquoi Papa Don Vito ne l’aimerait pas, justement. « Et si je le rencontrais au cours d’un dîner, ton paternel ? Comme ça, tu me laisseras faire en sorte qu’il puisse m’apprécier davantage plutôt que de n’être un vague prénom qui t’enlève continuellement. Ce ne serait pas plus intelligent ? » Diable, si intelligent et médecin incroyable qu’il était, Wayne ne savait pas dans quel bourbier il était en train de mettre les pieds, et il y allait en sautant à pieds joints en prime ! La preuve, il s’affala sur le canapé pour mieux s’emparer de Marley et se mettre à la serrer fortement dans ses bras. « Loki est un homme, un vrai ! Hein mon pépère ? N’empêche une infirmière a demandé ce que j’en faisais la journée en voyant la photo de Loki sur mon bureau et même qu’elle était dégoûtée parce que je lui ai répondu que tu t’en occupais. Mais personne ne le ferait mieux que toi, pas vrai ? » Et pour l’empêcher de brûler de jalousie, Wayne ne manqua pas de déposer un frêle baiser sur ses lèvres. Après tout, il avait officiellement parlé d’elle non ?

A l’argument « sicilien » Wayne fronça légèrement les sourcils. C’était censé lui donner les chocottes de sa vie ? Non parce que là, tout de suite, il n’était pas forcément impressionné mais une petite voix lui soufflait néanmoins d’être sur ses gardes. Marley n’était pas du genre à lancer des paroles en l’air, surtout d’un tel style, cela devait donc cacher autre chose et aussi puissante que soit sa curiosité, il n’avait guère envie d’approfondir immédiatement la chose. « Tu sais, moi j’suis genre à moitié russe, tu trembles pour autant ? » ironisa-t-il car dans le fond il n’avait pas forcément envie de se prendre la tête, surtout pour ça, avec Marley. « En gros, t’es toujours son bébé et il faut pas qu’un grand méchant loup te pervertisse, je lie bien entre les lignes ? » Mais la sicilienne fut la première à changer à son tour de sujet, s’empressant de laisser exprimer pleinement cette jalousie lui allant si bien et qui rendait Wayne particulièrement adulé. A vrai dire, cela faisait un bien fou à son égo qu’une femme comme elle puisse tenir autant à lui, surtout qu’il la pensait capable de dégommer ou de faire dégommer qui que ce soit qui en veuille après la blouse du neurochirurgien… et pas qu’après sa blouse d’ailleurs, mais il valait mieux ne pas donner ce genre de détails si l’on voulait que la santé mentale de Marley ressemble encore à quelque chose d’humain dans quelques minutes. « Je suis sûr que t’as acheté un jeu de fléchettes après genre ni vu ni connu je t’embrouille ! Remarque je suis mieux loti que le chirurgien cardiothoracique, à un moment donné il était poursuivi par une infirmière nymphomane et elle mettait tout le temps ses petits culottes dans ses blouses… elle était douée parce qu’il ne s’en apercevait même pas ! Relax dear, on a réussi à la renvoyer en mode solidarité masculine. » Sauf qu’en un dixième de seconde, Marley était arrivée à le déconcentrer totalement. Il ne contrôlait plus le fil de ses pensées, et malgré toute la maîtrise dont il était capable en temps normal, la jolie blonde continuait de lui faire un effet bœuf et il lui fallut tout son courage pour s’écarter légèrement d’elle, un sourire amusé sur les lèvres : « Tu es encore en train de me tuer, ange ! Et je ne suis pas sûr que tu sois prête aux éventuelles conséquences… tu me passes la glace ? »

« Sauf que j’ai pas spécialement envie de ne pas en être fiérot, vois-tu… bon c’est pas comme si j’en parlais à tout bout de champ mais vois-tu, Swarovski, ça sent pas particulièrement la choucroute si tu suis mon raisonnement ! » Wayne ne pouvait pas avoir honte de son nom de famille et pour cause, c’était celui de sa mère. Il avait troqué celui que lui avait donné son géniteur à la naissance pour prendre celui de sa mère, afin qu’il ne soit jamais oublié. Cela avait inspiré également Anna puisqu’elle n’avait pas manqué d’en faire de même. « Il est resté à l’âge de pierre ton paternel ? » tenta Wayne avant de n’éclater de rire en voyant l’expression de Marley dès lors qu’il eut prononcé ces mots. « Me regarde pas comme si t’allait te transformer en serial killeuse, je plaisante mon ange ! » L’américain ne savait pas pourquoi, mais il imaginait parfaitement sa sicilienne préférée faire tout ce qui était en son pouvoir pour faire briser son mariage si d’aventure il avait déjà été marié. Cela ne lui avait jamais traversé l’esprit, pour la simple et bonne raison qu’il n’avait jamais trouvé LA personne qui lui donne envie de se poser de façon définitive. Avec Marley, c’était bien différent. Certes, elle faisait de sa vie une révolution à proprement parler mais elle était l’une des rares avec laquelle il pourrait tout à fait envisager un lendemain possible. A ceci près qu’il craignait réellement de commettre un impair avec la piquante blonde et pourtant, elle n’avait pas du tout l’air de vouloir se reculer pour l’instant. Au contraire, elle continuait d’enflammer littéralement ses sens en s’emparant encore et encore de ses lèvres, mettant bien à mal son self control habituel. Il lui fallait tout son courage pour ne pas atteindre ce délicieux point de non retour qui pourrait ne le rendre que plus passionné… et pourtant, ses mains partaient tout de même à l’exploration de ce corps aux divines courbes, qu’il désirait bien au-delà de tout ce qu’il avait bien pu faire comprendre à Marley jusqu’à lors. Elle se moquait des conséquences mais avait-elle réellement conscience de ce que celles-ci pourraient provoquer ? L’espace d’une seconde de folie, Wayne l’allongea sur le sofa tout en dévorant son cou de baiser, subitement incapable de s’arrêter. Pourtant, il fallait bien. Il releva légèrement son visage quelques secondes, l’air subitement sérieux. « Si on continue je risque de ne pas avoir le contrôle suffisant pour m’arrêter… »

Effectivement, Marley tuait littéralement Wayne, ce n’était pas dieu possible ! Non seulement elle l’avait provoqué une bonne partie de la soirée mais elle semblait vouloir aller toujours plus loin, jouant avec ses nerfs, tirant sur cette corde raide le mettant radicalement au supplice. L’américain bénissait vraiment le fait d’avoir de tels nerfs d’acier mais bonjour l’adrénaline se déversant en cascade dans ses veines. Il n’était qu’un homme, après tout, et la sicilienne avait oublié de ne pas être désirable ! Mais sans doute le pire fut lorsqu’elle lui énonça être parfaitement capable de le stopper en cas de besoin. Qu’est-ce que ça voulait dire, au juste ? Qu’elle allait le flanquer sous la douche froide juste pour le plaisir de l’avoir torturé en mode poupée gonflable avant de ne le jeter une fois usagé ? Wayne ne se considérait pas comme un objet, il restait un être humain à part entière et oublier ce détail revenait à lui manquer de respect à son sens. Ce fut sans doute la pire douche froide de la création… l’américain se redressa donc, s’asseyant sur son canapé tout en passant et repassant sa main dans ses cheveux pour les rendre plus désordonnés qu’ils ne l’étaient en vérité. « Je suis pas un sextoy que tu prends et que tu jettes, Marley » énonça-t-il sans froideur, sans cruauté, sans désir de la blesser. Mais peut-être était-il temps que quelqu’un n’ose lui mettre les points sur les virgules. Wayne n’était pas du genre à se laisser faire et ce n’était pas aujourd’hui que cela risquait de commencer. « Que tu puisses me stopper je n’en doute pas mais tu agis comme une égoïste. Faire l’amour, ça se fait à deux pour ta gouverne ! Je ne sais pas à quel jeu tu joues mais ça me déplaît. Autant au début c’était un jeu et c’était marrant, mais là tu m’allumes pour mieux me flanquer une douche froide derrière, régulièrement, juste pour tester. Je suis quoi pour toi, au juste ? Juste un morceau de bidoche que t’as envie de tâter parce que tu ne connais pas certaines sensations ?! Je ne suis pas un objet. J’ai des désirs, des envies aussi… possible que je veuille les partager avec toi mais pas comme ça. Les douches froides, j’en ai déjà assez sué je pense. Navré si mes paroles te déplaisent mais je pense qu’il faut que tu apprennes ce que signifie le mot non, Marley. »

« J’en sais rien ! » grogna subitement Wayne, ne comprenant vraiment pas pourquoi, au lieu de parler calmement, Marley s’enflammait immédiatement à chaque fois qu’il avait le malheur de lui refuser quelque chose. La sicilienne pensait réellement qu’il n’était rien d’autre qu’un bon petit toutou bien dressé ? « Et peut-être que tu as justement manqué qu’on te dise non ! Tu oublies un peu trop que je ne suis pas ton père et que je ne suis pas non plus à tes ordres ! » Marley voulait bouillir dans son coin ? Grand bien lui fasse ! Cette fois, l’américain refusait d’être celui qui arrondirait les angles parce que la jeune femme n’était pas décidée à agir de façon plus mature cette fois-ci. D’ailleurs, il s’affala complètement sur le canapé la seconde qui suivit, en soupirant, marmonnant des paroles incompréhensibles tout en ruminant largement sa rage. Il ne la comprenait pas, sincèrement. Pourquoi diable parvenait-elle toujours au miracle de l’énerver pour de bon ? Ce n’était pas une mince affaire, pourtant ! Au bout d’un moment, Wayne sentit un machin en plastique lui heurter le haut du crâne et forcément, il se retourna aussitôt pour se rendre compte que ce n’était autre que la cuillère Mcdo qui se trouvait dans la glace. Il fronça légèrement les sourcils tandis qu’il la sentait prête à éclater de rire, mais autant dire que lui n’était absolument pas prompt à se marrer même si en temps normal il en aurait eu envie : après tout, elle avait bien suggéré à demi-mot qu’il devait faire ce qu’elle voulait quand elle le voulait, non ? Attendre qu’elle soit prête, pas de problème, il y était même disposé plutôt deux fois qu’une depuis qu’il avait à moitié compris qu’elle était vierge bien qu’elle lui ait dit le contraire. Mais être à moitié pris pour un sextoy afin de faire des efforts et passer par la case douche froide quinze mille fois, ça, c’était cruel et Marley était bien loin de s’en rendre compte. « C’est ça, marre-toi ! » dit-il sans brutalité ni méchanceté tandis qu’il s’affalait à nouveau dans le canapé pour bientôt s’en relever en soupirant. « De toute façon j’étais bon pour une douche froide d’avance, alors maintenant que tu m’as salopé les cheveux, autant la faire tout court ! » Wayne haussa les épaules avant de ne se diriger vers sa chambre, afin de prendre une serviette propre ainsi que de quoi se changer. Mais même à ce moment là, il marmonnait encore nerveusement.