I just need a book.

Olive & Suileabhan

Arrivé la fin du mois de mars, j'étais déjà à cours d'oeuvres à faire étudier aux étudiants de la fac, que j'avais en classe. Comme la plupart des profs, j'aurais simplement pu garder exactement le même programme d'une année à l'autre. Ainsi, je me serais beaucoup moins fais chier à chercher ce que j'étais supposé leur faire voir au cours de l'année scolaire. Mais parce que j'étais prof depuis quelques années maintenant, je savais que je risquais moi même de m'ennuyer au plus haut point, si j'en arrivais à toujours faire la même chose d'une année sur l'autre. Raison pour laquelle je m'appliquais autant, à trouver toujours de nouvelles oeuvres à leur faire découvrir. Après l'avoir moi même découverte, la plupart du temps. Bien sûr, je commençais invariablement par les grands classiques. Que les livres soient américains, anglais, français ou même irlandais. Il fallait bien leur en apprendre un minimum, qui était dans le programme, pour qu'ils arrivent au jour de leur diplôme, avec de bons bagages en main. Je n'avais pas franchement envie de les voir rater uniquement leur matière de littérature ou apprendre qu'ils reviendraient l'année suivante, pour reprendre les cours que je donnais. Et, non, je n'avais aucune autre motivation que celle ci. Je me foutais bien de savoir s'ils étaient ou non passionnés et intéressés par la matière que j'étais payé pour leur faire découvrir. Je ne me souciais pas vraiment de savoir ce qu'ils pensaient de tout ça et de mes compétences en tant que professeur. Aucun doute que je ne devais pas être un expert dans la chose. Et clairement, je m'en fichais bien. J'avais passé le cap des années où l'on passe son temps à se demander si les gens nous appréciaient ou non et ce qu'ils pensaient de nous. Bref, de toute façon, je ne me souciais plus guère de tout cela. En ce samedi, je pensais plutôt à ce que j'allais commencer à leur faire étudier, une fois que notre oeuvre en cours serait achevée. Et connu quasiment par coeur par tout ce beau monde, tant on en avait parlé et encore parlé, en long, en travers et en large. Plutôt que de perdre mon temps à faire tout le tour des librairies de la ville, pour trouver un bon bouquin que j'aurais le temps de lire avant d'en sortir un cours digne de ce nom, je filai directement en direction de la petite boutique que j'avais découvert peu de temps auparavant. Une fois devant, j'y entrai sans la moindre hésitation et attendis que la jeune gestionnaire arrive de mon côté. Et j'affichai un sourire forcé, tant je n'avais pas l'habitude de me montrer joyeux ou quoi que ce soit de ce genre, contrairement au reste du commun des mortels. « Bonjour Olive ! » Fut la première chose que je dis en croisant son regard, avant de regarder autour de moi. « Je viens pour des conseils aujourd'hui. Besoin de trouver un bouquin à faire étudier à la fac. »

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Olive & Suileabhan

En grand lecteur que j'étais, et prof de litté par dessus le marché, je connaissais à peu près par coeur toutes les petites librairies que l'on pouvait trouver dans la grande ville de New-York. Mais il était évident que j'avais quand même mes préférences parmi toutes celles que l'on pouvait trouver de ci et de là. L'une en particulière, me voyait souvent passer pour acheter des oeuvres plus ou moins connues, de plus ou moins grands auteurs. La propriétaire de cette petite librairie, était même devenue ce que l'on pourrait qualifier "d'amie". Certes, ce n'était pas une amie à qui je parlais énormément et encore moins à qui je me confiais. Pour la simple et bonne raison que ce n'était aucunement mon genre et que ce n'était pas une personne que je connaissais depuis aussi peu de temps, qui allait changer quoi que ce soit à cela. Nous n'avions pas ce genre de relation là, de toute façon. Notre principal sujet de conversation, pour ne pas dire l'unique, était justement la littérature. « Bonjour Suileabhan. Tu vas bien ? » Je ne pris pas vraiment la peine de sourire, alors que je hochais affirmativement la tête. Je ne me souciais guère de ce que l'on pensait de moi et du fait que j'étais loin d'être un type souriant. J'étais ainsi, point. Ca ne signifiait pas que j'étais un type suicidaire en pleine dépression ou un mec qui voulait se donner un genre en détestant tout le monde avec ou sans raison. « Je vais bien, merci ! Et toi ? » Demandai-je par pure politesse, en posant à nouveau le regard sur elle. Bien vite, j'enchaînai pour lui expliquer très brièvement, la raison de ma présence ici ce jour là. « Quel auteur ? Quel genre de littérature ? Quelle année ? » Ca faisait beaucoup de questions auxquelles je n'avais pas vraiment pris le temps de répondre avant de venir la voir par ici.

« Hm, je viens justement sans idée. D'où mon souci. » Répondis-je doucement, avant de la voir m'apporter quelques livres qu'elle déposa devant moi. « Ces livres ou un autre ? » Durant le temps qu'elle prit pour s'occuper d'une cliente qui venait d'entrer dans la petite boutique et à laquelle je ne pris guère la peine d'accorder un regard, je posai le regard sur les bouquins que je pris le temps de découvrir de long en large et en travers, lisant les quatrième de couverture. Quand elle en eut finit avec sa cliente, je lui lançai un regard interrogateur. Comme si elle allait pouvoir trouver pour moi, ce que j'allais bien pouvoir faire lire à mes étudiants. Certes, c'était moi le prof et donc à moi de trouver ça. Mais un peu d'aide supplémentaire, ne pouvait décemment pas faire de mal. « C’est comme tu veux, tu as préparé quoi comme cours ?» J'eus une ombre de sourire à cette question, qui me rappelait qu'il était peut-être temps que je m'y mette un peu plus sérieusement. Je soupirai en me redressant et pris le temps de replacer les livres qu'elle m'avait proposé, en une pile parfaite dont aucun ne débordait. J'avais quelques tocs obsessionnels, auxquels je ne prêtais désormais plus attention. « Je dois avouer que je n'y ai guère encore pensé. Tes études de littérature sont plus récentes que les miennes. Tu n'aurais pas quelques idées à me proposer ? En sachant que nous avons vu une oeuvre française dernièrement et une anglaise. » Enumérai-je en fronçant les sourcils, perdu dans mes pensées le temps de me souvenir de tout ce que j'avais pu faire connaître à mes étudiants cette année là.

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«Viens suis-moi. » Sans un mot -parce que je ne parlais jamais plus que nécessaire-, et bras croisés sur le torse, je la suivis tranquillement en direction d'une étagère de livres. Je la regardai ensuite en récupérer quelques uns, qu'elle prit soin de déposer sur une table avant de reporter son attention sur moi. Je voudrais bien lui apporter une réponse. Mais encore faudrait-il que je sache de quoi il était question. Ce qui n'était pas encore le cas. Je posai donc le regard sur les quelques livres qu'elle venait de mettre de côté. « Tu n’as pas encore fait les auteurs russes, qu’en penses-tu ? A moins que tu ne veuilles autre chose. » A bien y réfléchir, je ne pensais pas avoir déjà fait étudier la littérature russe, à mes élèves. Tout au plus, j'avais sans doute déjà lu quelques oeuvres. Mais rien de plus que cela. Tout ça semblait pourtant fort intéressant. C'était simplement que je n'avais encore jamais vraiment pris le temps de me pencher là dessus. Ce qui était peut-être bien dommage. Je passais sans doute à côté de quelque chose. « Ca peut être intéressant. Je ne m'étais pas encore vraiment penché sur les oeuvres russes. » Répondis-je simplement, en prenant l'un des livres pour le feuilleter vaguement. Comme quoi, il pouvait vraiment être bon de demander conseil à une libraire. Du moins, quand elle était véritablement impliquée dans ce qu'elle faisait. Et c'était, de toute évidence, le cas d'Olive elle même. Ce n'était pas pour une autre raison que celle ci, que c'était généralement chez elle que je me rendais pour avoir des conseils en tous genres.

« Donc, voilà, tout en faisant attention, à ce que tu me disais, j’ai eu l’idée des auteurs russes. Mais après, on peut prendre un poème, un conte, un roman. C’est toi qui vois. » Je hochai lentement la tête et pris le temps d'étudier très brièvement, les diverses oeuvres qu'elle me proposait; A vrai dire, j'ignorais encore totalement ce que j'allais pouvoir prendre, décortiquer et faire étudier. Et je ne m'en ferais sans doute pas une très bonne idée, tant que je n'aurais pas pris le temps de lire les quelques bouquins qu'elle pouvait me proposer. « Enfin, voilà ce que je propose pour toi, après, tu me dis ce que tu veux. » Tranquillement, je tournais et retournais les bouquins, avant de relever la tête pour poser le regard sur elle et me forçai à afficher un léger sourire. « T'as étudié des oeuvres russes, à la fac, toi ? » Demandai-je calmement, en lançant un bref regard en direction des livres proposés sur les étagères présentes près de nous. « Je devrais peut-être en prendre plusieurs, pour les étudier moi même avant, de long en large et en travers. Histoire de m'en faire une petite idée et peut être trouver de quoi en faire une étude digne de ce nom. » Emis-je doucement, en fronçant les sourcils d'un air songeur. Ce n'était pas que je manquais de temps libre ... Mais presque. Entre l'université où je donnais des cours tous les jours, et le journal qui exigeait plusieurs articles par semaine, de ma part, je n'avais pas beaucoup de temps pour moi. Et autant dire que lire autant d'oeuvres, pourrait bien me prendre des semaines entières. Or, il faudrait que je termine au plus vite, pour ne pas rester les bras ballants quand mes étudiants et moi même, aurions terminés notre étude actuelle.

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« D’accord, et bien, je me suis dit que cela pourrait donc changer un peu. Elles sont fortes en émotions, il y a des descriptions, pas mal de dialogues enfin pas trop. Tu verras c’est assez intéressant à lire. » Je souris faiblement, de façon à peine perceptible, quand je songeai qu'il était réellement plaisant de savoir où chercher quand on désirait trouver un peu d'aide pour faire ceci ou cela. En l'occurrence, j'avais eus besoin d'une personne qui s'y connaissait réellement en littérature, et qui ne se contentait pas de vendre des bouquins simplement comme ça, pour dire de faire un peu de fric. « Ca changera un peu, je pense. » Répondis-je doucement, en hochant légèrement la tête de façon affirmative. Je finis par la questionner sur ses propres études dans la littérature, pour savoir vers quoi je pouvais ou ne pouvais pas me tourner pour les études que je ferais faire à mes étudiants. « J’ai lu un peu Tolstoi, Dostoïevski , et un peu de contes russes. C’est différent des autres romans. L’ambiance, les textes font que tu es comme transporté en Russie. C’est assez impressionnant. » Je l'écoutais attentivement, regard posé fixement sur elle. Parce que j'étais du genre à penser qu'il était nécessaire de regarder son interlocuteur, quand il prenait la parole. Simple politesse selon moi. Et je l'étais peut-être parfois un peu trop. De façon excessive. Mais j'avais quelques tendances à l'excès, dans pas mal de choses. « Ca m'a l'air intéressant en tout cas. » Répondis-je doucement. « Tiens, un livre sur les auteurs russes que les étudiants prennent. Il y a pas mal de petites choses que tu pourrais prendre pour ton cours. Il n’y a pas de mal à demander un peu d’aide, tous les profs font ça, ils ont des livres pour aider avec leurs cours. » Je haussai les sourcils en me demandant soudainement, si j'avais l'air d'être si incompétent que cela, dans mon boulot ? Je ne pensais pourtant pas l'être.

Et puis je finis par conclure que la jeune femme s'était simplement montrée maladroite dans ses paroles et sa façon de me dire les choses. Et honnêtement, je m'en fichais un peu. Tout simplement parce qu'il n'était pas simple de me vexer ou quoi que ce soit de ce genre. Je me contentai donc de hausser les épaules avant de récupérer le livre qu'elle me tendait. Et je pris le temps de le survoler brièvement, durant le bref instant de silence qui suivit. « Après c’est toi qui voit ce que tu as besoin. » De nouveau, je hochai la tête de façon affirmative, avant de détacher mon regard du livre pour le reposer sur Olive. « Toute aide sera la bienvenue, de toute façon. » Répondis-je sans paraître m'émouvoir le moins du monde. « Alors ? Cela te convient ? Tu as beaucoup d’élèves dans ton cours ? » Je me détournai d'elle pour regarder toutes les livres désormais disposés sur la table devant moi. Je pris le temps de les regarder et de réfléchir, sourcils froncés. « Un nombre incalculable, oui. Dont la plupart ne s'intéressent pas réellement à la littérature. Ce qui rend ma tâche plus ardue. Il n'est pas simple de trouver des oeuvres qui sont capables de retenir l'attention d'étudiants qui sont là simplement pour ajouter une corde à leur arc, pour le jour où ils auront leur diplôme à passer et tout ce qui s'ensuit. » Répondis-je en haussant encore une fois les épaules, avant que la cloche de la porte d'entrée ne teinte. Pendant qu'elle s'éloignait pour s'occuper de la personne, je fis mon choix dans les livres qu'elle m'avait proposé. Je pris le temps de ranger ceux que je n'emporterais pas, avant de récupérer les autres et me rendre au comptoir où elle se tenait. Je les lui tendis sans un sourire. « Je vais prendre cela et je verrai bien lequel je leur ferai étudier. »

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« Oui, tu peux, j’espère que cela t’a aidé. » Je hochai la tête d'un air distrait. Je devais reconnaître que j'étais un peu à plat niveau idées de cours que je pourrais donner à mes étudiants actuels. Et que c'était assez agaçant, pour ne pas dire angoissant. Je n'étais pas d'un naturel à angoisser pour un oui ou pour un non, fort heureusement. Mais j'étais tout de même pour le moins irrité, de me retrouver dans cette étrange situation. C'était bien pour cela d'ailleurs, que j'avais littéralement accourus ici, pour demander un peu d'aide. Je me débrouillais toujours tout seul en général. Mais avoir un peu de secours ne pouvait décemment pas faire de mal. Et Olive semblait du genre à être prête à aider un peu, si on le lui demandait gentiment et sans faire de chichi. Ce qu'elle venait de faire d'ailleurs, sans la moindre hésitation. Certes, c'était un peu son boulot en même temps. Une fois que j'eus fais mon choix dans les livres et rangé ceux que je ne gardais pas, je la rejoignis au comptoir, passant après un client qui venait de payer ses propres achats. Je lui mentionnai que j'en prenais quelques uns, en attendant de voir lequel j'allais concrètement utiliser pour mes cours. « Oui, pas de soucis, de toute façon, je suis ouvert si tu as besoin de revenir. » Je souris et hochai tranquillement la tête. A moins qu'elle ne ferme en me voyant arriver, je ne doutais pas qu'elle était ouverte aux horaires qu'elle avait elle même indiqué sur la porte.

Et c'était d'ailleurs préférable pour elle, si elle souhaitait faire un minimum de chiffre d'affaires. N'avait-elle pas une petite boutique comme celle ci, dans ce but là justement ? « Bon courage pour tes cours. » Une nouvelle fois, je du me rappeler de sourire, pour paraître plus sympa et plus ouvert que je ne l'étais réellement. Non pas que j'étais un type vraiment mauvais. Mais trop souvent, il m'arrivait de ne plus savoir comment j'étais supposé me comporter pour paraître normal et comme tout le monde. « Je te remercie ! » Ajoutai-je ensuite. « Tiens, un marque page, et un papier contenant le téléphone et les heures de la boutique. » Comme une habitude, ou un toc -parce que j'étais bel et bien emplis de toc en tous genres-, je hochai une nouvelle fois la tête de façon affirmative et me forçai à conserver un vague sourire en coin. « Super ! De toute façon, je reviendrai une fois les livres terminés, sans doute. » Lui indiquai-je en récupérant mon sac de livres. « Tes cours sont libres ? On peut aller les voir en libre auditeur ? » Il n'y avait sans doute rien de bien étonnant à ce qu'une personne qui avait fait des études de littérature, puisse désirer assister à un cours ou deux encore, bien après l'obtention de son diplôme. « Oui ils le sont, tu peux venir quand tu le souhaites. Souhaites-tu que je te donne les horaires auxquels je travaille ? »

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« Bien, pas de soucis. » Je souris légèrement et hochai la tête, avant de lui proposer les heures durant lesquels je donnais mes cours, puisqu'elle semblait être suffisamment intéressée pour participer à certains d'entre eux. S'ils étaient bel et bien ouverts, rares étaient les gens qui étaient assez intéressés par la littérature pour décider d'eux mêmes, de venir voir un cours. Raison pour laquelle j'étais ravi de voir qu'elle même s'y intéressait. « Oui je veux bien, je vais les notes. » Sans dire un mot, je la regardais sortir de quoi prendre note, un papier et un stylo, avant de lui énumérer les heures auxquelles elle avait le plus de chances de me trouver en train de bosser à la fac. Je ne m'y trouvais évidemment pas trente cinq heures par semaines. Puisque je n'avais pas des cours tout le temps. Ne serait-ce que parce qu'il me fallait presque autant d'heures que je passais en cours, que d'heures à passer chez moi, pour corriger les copies de mes étudiants. Ce n'était pas que je leur donnais des tas de devoirs que je notais ensuite. Mais j'aimais voir au fur et à mesure des cours, s'ils avaient bien tout compris, avant de poursuivre dans notre évolution. C'était clairement ce qui me donnait autant de boulot. Et mon implication prouvait, à n'en pas douter, que j'aimais vraiment mon emploi.

« Est-ce qu’il y a des conférences parfois ? » Avant que je n'aie eus le temps de lui répondre quoi que ce soit, une cliente entra pour acheter un journal. Je me décalai sur le côté pour la laisser payer son achat, sans lui accorder le moindre regard. Non pas que j'étais mal à l'aise en présence de gens ou que je voulais me montrer impoli. Mais ça m'évitait de devoir supporter une conversation avec quiconque croiserait mon regard. C'était une manie que certaines personnes avaient. Vouloir discuter avec une personne de laquelle on avait croisé le regard. Mais moi, je n'aimais pas franchement parler plus de cinq minutes. Surtout avec d'illustres inconnus que j'aurais oublié aussitôt une nuit passée. Enfin, la cliente s'éloigna, son achat en main. Et je pu me tourner à nouveau vers la propriétaire de la petite librairie, pour répondre enfin à sa question. « Oui il y en a. Mais assez peu souvent. » Lui répondis-je en hochant doucement la tête. « Est-ce que tu as un numéro de téléphone portable sur lequel je peux te joindre, pour te prévenir quand ce sera le cas ? » Lui demandai-je ensuite. Demande qui n'avait aucun double sens. Je ne prenais pas son numéro pour une autre raison que celle ci. Et j'osais espérer qu'elle s'en rendrait compte.

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« Oui, j’en ai un. » Sans un mot, je pris donc son numéro de téléphone. Pour la prévenir quand il y aurait des conférences, puisqu'elle semblait s'y intéresser. Ainsi, elle n'aurait pas à tenter sa chance inutilement, jusqu'à tomber au bon moment. Au moins là, elle avait quelqu'un qui pouvait la prévenir au bon moment. « D’accord, j’essayerais de venir une fois de temps en temps. » Une nouvelle fois, je hochai la tête sans un mot. Parce que je n'avais pas grand chose à répondre à cela de toute façon. « Parfois, si cela te conviendrait, on pourrait avec tes élèves faire des concours de poèmes à la librairie. » Je souris légèrement en songeant que cela ne pourrait pas faire de mal à son chiffre d'affaire. Ca la ferait connaître en plus de tout ça. Et évidemment, c'était un très bon point pour elle. Puisque j'aimais bien sa librairie et que je trouvais son idée plutôt intéressante, je ne voyais pas de raison réelle de refuser son offre. Ce serait simplement un peu plus difficile d'organiser tout ça. Faire venir des étudiants, allait demander un peu de boulot tout de même. Mais ce n'était qu'une question d'organisation. « Cela pourrait intéresser tes étudiants ? »

Je pensais bien que ça pourrait intéresser certains d'entre eux. Surtout les plus bosseurs et passionnés de littérature et d'écriture. Un peu moins ceux qui venaient dans mon cours uniquement pour avoir une matière en plus. Et pour les plus emmerdeuses : uniquement pour le professeur en lui même. Un fait que je ne comprenais pas tout à fait et qui avait le don de m'irriter. Mais je n'avais d'autre choix que de faire avec. Sans aucune preuve de cela, je ne pouvais décemment pas virer certaines étudiantes de mon cours. Alors je subissais regards et sourires crétins, sans trop me plaindre. « Oui, ça peut être une bonne idée. J'en parlerai un peu avec mes étudiants pour voir ce qu'il en est et je te reparlerai de ça ... » Répondis-je en hochant la tête de façon affirmative, léger sourire en coin. Je finis par regarder l'heure et constater que je n'avais pas vu le temps passer. J'avais encore des tonnes de choses à faire et ne pouvais donc pas me permettre de traîner trop longtemps ici. Et puis j'avais désormais des bouquins à lire pour voir si je les ferais étudier à mes élèves ou non. « Sur ce, je vais te laisse et retourner à mes occupations. Je te souhaite une bonne fin de journée ! Et je te recontacte rapidement. » Lui dis-je avant de prendre congé.