Une énième soirée mondaine où Lindsay était contrainte de se rendre. Bien sûr, que dirait les riches héritiers si la fille des célèbres ambassadeurs Kennedy n'était pas là? C'était toujours la même chose : la jeune blonde enfilait une robe longue qu'on lui avait choisie à la manière des princesses, et qui plus est, dans laquelle elle n'arrivait même pas à bouger, coincée à la manière d'un saucisson dans un sachet trop étroit. Elle allait aussi faire semblant de s’intéresser au discussion traitant du prix du pétrole, de la place de l'Espagne dans l'Union Européenne ou encore du nouveau contrat que venait de passer une grande société dont la jeune japonaise ne connaissait même pas le nom. Et puis, elle rentrerait, épuisée par tant de faux-semblants, à moitié saoule à cause des verres de champagne avalés pour combler son manque flagrant de conversation. Il n'y avait pas à dire, elle en avait marre de tout ça. Pourtant, elle n'en était qu'à ses débuts et allait devoir subir cela pendant au moins une trentaine d'année... Quelle plaie ! Ça ne valait pas un bon film, enroulée dans une couverture, dégustant lentement un pot de glace à la vanille dans un des quartiers les plus surs de la Grosse Pomme.

Lindsay était là, au beau milieu de la salle, à "parler" avec quatre ou cinq autres personnes lorsqu'Elvia -aussi appelée Evan- fit son apparition, verre à la main. Enfin quelque chose qui pourrait réussir à distraire la jeune blonde. Sans raisons apparentes, les deux filles n'avaient jamais su s'entendre. L'une prétextait que le courant ne passait pas, l'autre répondait que son ennemie s'était un jour trompée de patronyme et qu'elle n'avait toujours pas digéré cette petite erreur. En bref, tout cela était mal parti pour s'arranger maintenant qu'Elvy venait d'engager plutôt la conversation d'une façon plutôt... violente. Lindsay s'écarta du groupe pour s'avancer vers Elvia qui, après l'avoir critiqué elle et sa robe, tentait de s'éloigner sans demander son reste. Cela faisait longtemps qu'elle ne se vexait plus face à de tels de propos, elle préférait en rire. « Hé Evan, attend ! » lui lança-t-elle. « Super tes fringues, on irait bien ensemble tout les deux. » ajouta-t-elle, une pointe d'ironie dans la voix. Ce n'était pas vraiment le genre à se moquer des gens mais elle n'avait pas pu résister à pareille tentation. « Tu fais quoi maintenant? Toujours désespérément accrochée à ton père comme une moule à son rocher? » lui demanda-t-elle par la suite, lui lançant le sourire faux qu'elle sert toujours à ceux avec qui elle ne joue pas franc jeu. Entre autre, Elvia. Et elle en fait partie depuis bien longtemps.