Je m'avançai en face du videur. J'avais essayé de m'habiller le plus convenablement possible. J'étais déjà venue à l'Awesome quelques fois, mais ces fois se comptaient sur les doigts d'une seule main. Ordinairement, je portais une jupe ou une robe assez sombre et pale, pour me "fondre dans la masse". Mais cette fois-ci, j'avais envie de changer, c'est pourquoi je portais en ce moment même une robe rouge assez vif. Mes boucles d'oreilles, mon collier, mon rouge à lèvre et mes chaussures étaient assorties à celle-ci. Le videur hocha la tête et j'entrai. Je n'aimais pas le changement, mais on m'avait souvent reproché d'être habillée trop sobrement - et ce n'était pas faux ; ma garde robe était initialement composée d'habits noirs, gris ou blancs, toute couleur semblant être bannie de mes habits. C'est donc sur les conseils de ces personnes que j'avais décidé de... changer.
  J'allai directement vers le bar. Aujourd'hui, vendredi, l'ambiance était proche de celle que l'on trouve en boîte de nuit, pour mon plus grand bonheur. Des filles se déhanchaient tandis que le DJ passait une musique du moment - je ne me rappelle plus du nom. Je saluai polimment le barman, ne connaissant quasiment personne ici.
  “ Bonjour. Un High Balls, s'il vous plaît. Avec du Coca-Cola. ”
  L'homme hocha la tête et commença à préparer le cocktail. Je laissai donc mon regard vaguer sur la foule dansante. Certaines personnes étaient seules, d'autres accompagnées. Je me dis qu'elles étaient chanceuses ; étant d'un naturel plutôt timide, j'entretenais très, très peu de lien avec les gens d'ici. Mais c'était de ma faute : je ne faisais rien pour aller vers les autres et restais cloîtrée chez moi ou à mon travail. Mais, pour une fois, j'avais décidé de voir du monde. Je me doutais bien que si je ne faisais pas d'effort de mon côté, alors personne n'en ferait pour moi. C'est cette réflexion qui m'avait poussée à venir ici, à ce bar, accoudée, en train d'attendre un cocktail composé d'alcool de base et de Coca-Cola.
  Le barman me donna la boisson. Je le remerciai et commença à boire. Aussitôt, mon œsophage me brûla. J'avais oublié que l'alcool et moi n'étions pas amis - ou plutôt que c'était moi qui refusait de boire de l'alcool, car celui-ci avait de mauvais effets sur moi, et pas les moindres. Je payai et tentai de reboire une gorgée du cocktail. Il sembla mieux passer, même si la brûlure était toujours là, bien que moins lancinante. Je réprimai un rire. Si les gens autour de moi me regardaient à ce moment précis, en train de grimacer après avoir bu seulement deux gorgées d'un petit cocktail, ils devaient sûrement ricaner ou bien se moquer de moi. Et vous savez quoi ? Je m'en fichais. Mais j'allais m'habituer à l'alcool. A l'alcool et à cette ambiance oppressante, mais que j'aimais bien tout de même. Je pensai à aller danser, mais au final, je renonçai. Je dansais comme un pied, si je peux dire ça ainsi et, de plus, j'étais seule. Deux raisons suffisantes pour me clouer sur mon tabouret. Je regardai donc les autres danser. Certains étaient complètement saoûls, ce qui me fit sourire. Les lumières des spots étaient sans arrêt en train de changer de couleur et en train de bouger en mouvement tantôt circulaires, tantôt cubiques. Elles se mirent à clignoter, me donnant légèrement mal à la tête. Je reportai donc mon attention sur mon cocktail et le finit presque en entier. La tête ne me tourna pas, ce qui était déjà un très bon signe car, comme je l'ai dit, je ne résistais pas à l'alcool. Accoudée au bar, j'attendis. Je ne sais pas ce que j'attendis exactement. Tout ce que je sais, c'est que j'aimais cette ambiance et que même si j'étais seule, j'avais envie de rester. On m'avait toujours dit de persévérer pour rencontrer des gens. Et c'est bien ce que je comptais faire...