Parfois, il y a toutes ses choses que nous faisons sans intérêts, il y a toutes ses choses qu’on aimerait faire sans le pouvoir, comme faire le tour du monde sans penser qu’en rentrant une vie monotone et sans intérêt nous attend ou encore manger des piranhas vivants sans rien sentir, et enfin, il y a une dernière catégorie, qui regroupe toutes ses choses que nous pouvons faire et qu’on plus que tout, certaines peuvent paraître complètement débiles, mais sont bénéfiques et procure un plaisir intense, comme se rouler dans l’herbe le matin ou alors aller faire ses courses chez l’épicier du coin pour qui on craque littéralement. Aujourd’hui Penny a décidé de se consacrer à cette dernière catégorie histoire de prendre son pied. La demoiselle n’a pas besoin de grand chose pour être parfaitement épanoui et heureuse, son boulot lui suffit largement à combler toutes ses envies. Bien sur, la petite fille du Kansas qu’elle était ne se serait jamais imaginé directrice du marketing pour une grande marque de mode dirigée par son meilleur ami, mais la vie est faite de petits riens et de petites coïncidences qui peuvent au final bouleversée complètement le plan d’avenir qu’on s’était imaginé. Ce matin Penelope s’était réveillée dans une forme olympique prête à relever tous les défis qui s’offraient à elle. Elle était en vacances, n’avait plus le stresse qui lui était bénéfique que lui imposait son boulot, mais pas question de dormir jusqu’à midi et de rester en pyjama toute la journée devant la télé un bol de céréales entre les mains en train de regarder une quelconque série médiocre des années quatre-vingt, au contraire. Lorsqu’elle est en vacances, Penny dépense sûrement plus d’énergie que lorsqu’elle travaille, la seule pause qu’elle s’accorde c’est le soir après le dîner où elle regarde la télévision. La demoiselle s’était lancée un défi complètement fou un peu comme celui de Julie Powell, héroïne du film qu’elle a regardée hier, elle a décidée qu’aujourd’hui se serait sa journée cuisine. Une dizaine de fois chaque année, elle fait une journée cuisine. Pendant cette journée elle ne fait que cuisiner sans s’arrêter, essentiellement des desserts, sa spécialité même si elle n’est pas un as en cuisine. Elle attacha vite fait ses cheveux, qu’elle n’avait même pas coiffée et enfila un t-shirt et un jean ainsi qu’une blouse par dessus. Le marathon cuisine commençait, de huit heures et demi jusqu’à cinq heures elle ne va pas arrêter, même pas pour manger ! Penny mit en route sa chaîne hi-fi qui était reliée à son ordinateur et mit en route sa playlist spéciale cuisine. La demoiselle a des dizaines de playlist en tout genre pour toutes les activités qu’elle fait, que ce soit lorsqu’elle part au travail ou lorsqu’elle se prépare pour une fête. Étant une fan de musique, elle possède un nombre incalculable de CD, vinyles et musiques en tous genres. L’une des seules chansons communes à toutes ses playlist est suddenly i see de KT Tunstall, qui malgré les années reste sa chanson préférée ! Son livre de recettes était légèrement enfariné et remplit de tas de marques pages et post-it mit un peu partout. Cookies, brownies, muffins, cup-cakes, pudding, meringue, tout y passe, même des choses un peu moins connues aux États-Unis comme le sakotis un gâteau lituanien. Penelope aime bien tester beaucoup quitte à ce que soit complètement ratées ! Elle fit aussi des dizaines de milk-shakes et smoothies différents, d’un peu toute les couleurs ! Elle adore mettre toutes sortes de colorants dans ses gâteaux, du bleu, du violet, du vert, du jaune, du rose,…Penny est aussi très bien équipée au niveau des ustensiles et ses ingrédients, elle a toujours au moins deux packs de farine d’avances et puis elle sait que si elle a besoin, il y a une épicerie en bas de la rue, qu’elle n’hésite d’ailleurs pas à dévaliser ses jours de cuisine. Au fur et à mesure que la journée avance, l’appartement commence à devenir une vraie pâtisserie, il y a des gâteaux dans tous les coins. Il y a beaucoup trop de gâteaux pour elle, bien qu’étant gourmande elle ne peut pas manger autant de gâteaux que ce qu’elle en fait, alors, une fois sa journée terminée, elle en garde un petit peu pour elle et pour ses animaux, une tortue, un escargot et un poisson rouge ; elle en donne une grande partie à des associations qui aident les personnes défavorisées et la dernière partie va pour ses ami, enfin plus particulièrement Lynch, son meilleur ami. Une fois tous ses gâteaux et petits pots de crèmes mis dans des petits paniers ornés d’un petit nœud papillon rouge, elle se changea et mit sa petite robe rouge qu’elle adore et qui est un peu son porte bonheur. Elle mit tous ses paniers dans des énormes cartons, pour que ce soit plus simple à transporter et appela un taxi, parce qu’outre le fait que ce soit très volumineux, elle doit aussi traverser tout New-York pour livrer ses paniers à l’association qui se trouve dans le Queens. Après une heure dans les bouchons et à donner ses petits paniers, elle arriva devant chez Lynch, à Broadway. Il était un peu plus de six heures lorsqu’elle entra dans le bâtiment en utilisant la clef qui lui avait donné son meilleur ami il y a quelques temps. Trois paniers dans les mains, elle prit l’ascenseur et monta jusqu’à l’étage où vivait Lynch. Lorsqu’elle fut devant sa porte, elle toqua et qu’on lui ouvre.

Une fois de plus, Bobby s'était paumé. Il tourna sur lui-même plusieurs fois tout en jurant, sourcils fronçés. Il en avait déjà marre de cette ville. C'était beaucoup trop grand, beaucoup trop bruyant pour lui et en plus il n'aimait pas les villes en général. Alors où était la logique là dedans ? Pourquoi était-il venu ici ? Difficile à dire. Lui-même n'en savait rien, en fait. Il longea le mur sans regarder devant lui - de toute manière il ne savait pas où il allait - puis tourna au carrefour sans accélérer le pas. Il marchait lentement, comme toujours, le regard lointain et les cheveux devant les yeux. Au bout d'un moment il s'arrêta, constatant qu'il ne servait à rien de marcher car de toute manière, il était toujours aussi perdu. Ce fut seulement lorsqu'il tourna la tête qu'une lueur d'espoir lui traversa l'esprit. En face de lui, un arrêt de bus avec la ligne qui menait jusqu'à Broadway, son quartier de résidence. C'était trop beau pour être vrai. Il traversa la route sans regarder, ce qui lui valut de faire freiner brutalement une voiture, et arrivé en face il se planta à côté de l'arrêt de bus. Il tira un peu sur son pull, se sentant frissonner. Il n’avait pas l’habitude des villes avec un climat aussi frais, lui son truc c’était de prendre la route dès que le temps se couvrait un peu et de filer pour rejoindre le soleil. Ici c’était beaucoup moins facile, car sa voiture était morte et il avait un peu de mal à se faire aux lignes de bus. En gros, il était coincé ici, et il sentait qu’il n’allait pas tarder à pleuvoir. Aucun moyen pour lui de quitter la ville et de repartir errer sur les routes au fin fond des Etats-Unis. Il fallait qu’il rentre chez “lui”, dans l’immense appartement que son cousin avait accepté de partager avec lui le temps qu’il s’installe. C’était le seul moyen d’être enfin tranquille et surtout, d’éviter de se recevoir une averse sur la tête. Le bus arriva et Bobby y grimpa d’un pas nonchalant.

La trajet fut rapide et Bobby rejoignit l’immeuble où vivait Lynch, grimpa dans ascenseur et appuya sur plusieurs boutons car il n’était plus sûr de l’étage. Finalement il parvint à retrouver son appartement et y entra, jetant ses clefs et sa veste sur le divan. Lynch n’était pas rentré, ce qui n’était pas étonnant pour un homme d’affaire comme lui, et cela ne dérangeait pas Bobby car il était assez accoutumé à sa solitude. Il commençait à aimer cet endroit, bien qu’il ne soit pas très fan de ce genre de grands espaces. Il s’y sentait de plus en plus à l’aise, d’ailleurs c’était sans aucun doute le seul endroit qu’il affectionnait un petit peu à New York. Il se rendit à la cuisine et tira une bière du frigo, puis alla s’avachir dans le salon. Il soupira longuement, profitant du silence qui s’était installé dans le salon, mais il fut bientôt tiré de ses rêveries par des bruits venant de la porte d’entrée. Il tourna la tête et constata que quelqu’un toquait. Il posa sa bière sur la table basse et se leva, décidant d’aller ouvrir. Lorsqu’il eut ouvert la porte, une silhouette féminine apparut devant lui, une petite brune aux yeux azur qui tenait plusieurs paniers dans ses mains. Il écarquilla les yeux, avant de lancer avec ironie « Ah ben c’est pas trop tôt, ça fait trois heures que j’ai commandé ces gâteaux ! » Il garda une expression neutre durant plusieurs secondes avant d’esquisser un de ses rares sourires, léger et discret. Puis il ouvrit la porte un peu plus grand, et au bout de quelques secondes il reprit la parole « Lynch n’est pas là, si c’est lui que vous cherchez. » Il supposa qu’elle allait partir pour aller le retrouver à son bureau, après tout elle n’avait aucun intérêt à rester là avec lui. Pourtant Bobby espérait qu’elle ne parte pas, car ses gâteaux avaient l’air délicieux et pour une fois, il n’avait pas envie d’être seul. Qui plus est, cette fille là avait quelqu’une chose intriguant, quelque chose qui lui semblait … étrangement familier. Il avait déjà vu ces yeux là quelque part.

Après tant de mois à passer ses journées seul, Bobby avait un peu de mal à retrouver le sens du contact humain, dont l’un des fondements majeurs était le sourire. Bobby souriait peu, en fait, il ne souriait presque jamais. Dans sa vie passée, il lui arrivait fréquemment d’avoir ce genre de geste mais à présent, il arborait constamment la même expression neutre, et les rares sourires qu’il faisait étaient des sourires sarcastiques. Il était devenu pour lui presque impossible de sourire sans raison, dans le simple but d’être courtois ou d’exprimer sa bonne humeur. Mais s’il pouvait paraître un peu froid aux premiers abords, il n’était pas pour autant un gars asocial et réservé. Or pour le voir, il fallait dépasser cette façade, et creuser un peu plus, ce que très peu de personnes osaient faire. Pour beaucoup, Bobby était un mec mystérieux, froid, et rien de plus. Mais il se foutait bien de ce que pensaient les autres. Étant donné l’image qu’il avait de lui-même, il trouvait normal que les gens ne s’intéressent pas à lui. Il ne méritait pas la sympathie des autres. Contrairement à son cousin, il n’était pas le genre de personne à qui on apportait des gâteaux. Ouvrir la porte à cette fille et découvrir cela lui avait rappelé à quel point il était seul, et que plus personne ne ferait ce genre de choses pour lui. Alors il n’allait pas congédier cette fille, après tout elle avait l’air plutôt amusante et sa solitude commençait à lui peser. Et en plus, elle n’avait pas fait la sourde oreille après qu’il ait lancé une remarque ironique. Elle avait même joué le jeu « Trois heures ? Tu dois être affamé alors ! » Affamé, il l’était. Surpris, encore plus. D’ordinaire les gens se contentaient d’ignorer ce genre de remarque absurde qu’il lançait, préférant rester sérieux. Mais apparemment, cette fille-là aimait la dérision. Il ne répondit pas, se contentant de demander si elle cherchait Lynch, ce qui était l’explication la plus plausible à sa venue soudaine. « Oui, mais ça peut attendre, je n’ai pas envie de me trimballer ces paniers pendant encore dix kilomètres ! Ah et tu sais, tu peux me tutoyer, j'ai l'impression d'être une vieille là ! » Bobby plissa les yeux un instant, se demandant ce qui était en train de se passer. Il connaissait cette voix, ou du moins, cette façon de parler, de raconter tout un tas de trucs à la fois. C’était plutôt étrange. La jeune femme entra dans l’appartement, et Bobby, toujours aussi loquace, ne répondit rien, se contentant de l’observer alors qu’elle prenait ses aises dans l’appartement. Apparemment elle connaissait bien les lieux. Il haussa les épaules, se disant qu’elle devait être une connaissance de longue date de son cousin. Puis la fille attrapa sa bière et en but une gorgée, ce qui amusa Bobby. Il piocha dans son tas de gâteaux et s’en fourra un dans la bouche. Qui était-donc cette fille ? Tout cela commençait sérieusement à l’intriguer. Et comme si elle avait lu dans ses pensées, elle s’exclama « J’suis une amie de Lynch, enfin sa meilleure amie, Penelope Brown, mais tu peux m’appeler Penny, c’est mieux. Bobby fronça les sourcils, n’écoutant pas vraiment ce qu’elle disait ensuite. Penny. Penny ? Parce que voilà quoi, Penelope, déjà c’est long et puis parce que mes parents adoraient ce prénom et que moi bah…mes parents c’est pas mes supers potes, enfin bref. Et toi t’es qui ? »

Il resta silencieux durant de longues secondes, s’approchant lentement d’elle avant de récupérer sa bière et d’en boire une gorgée. Puis il la contempla encore un peu, et déclara, un peu comme s’il se parlait à lui même « Penny… » Tout lui revenait alors à l’esprit, ou du moins, de vieux souvenirs encore un peu flous avaient refait surface. Il avait du mal à y croire. « La fille de Riverton… Je me disais bien que ces yeux-là me rappelaient quelque chose. » murmura-t-il, un peu chamboulé par cette soudaine révélation. Il avait du mal à réaliser qu’il était en face d’elle, Penny, cette fille qui avait été si spéciale pour lui et qui maintenant semblait si différente et pourtant si familière. C’était vraiment très paradoxal comme sensation, et il ne savait pas trop comment réagir. Il ne savait même pas si elle allait se souvenir de lui, après tout il n’avait pas répondu à sa question, trop bouleversé par tout ça. Finalement il plongea ses yeux dans les siens et reprit « J’ai du mal à y croire … En fait, tu n’as pas tellement changé, si ce n’est que tu as un peu grandi, je crois. C’était un euphémisme. Elle avait beaucoup grandi, en fait, car à l’époque ils devaient avoir treize ou quatorze ans, et Penny et lui étaient encore deux gamins. Ca semblait loin, et pourtant très près, si bien que Bobby avait du mal à se concentrer sur ce qu’il disait. Tout cela lui était revenu à l’esprit si brutalement qu’il avait l’impression de s’être pris une claque dans la figure et d’être en train de vaciller. Et tu as l’air de te débrouiller un peu mieux qu’avant en cuisine … » ajouta-t-il avec malice, en haussant les sourcils. Il se rappelait de cette fois ou Penny avait voulu préparer un plat pour le déjeuner en l’absence de ses parents, et de la cuisine qui avait failli brûler parce que c’était la première fois qu’elle se servait du gaz. Il espérait qu’à présent, elle ne faisait plus ce genre d’expériences dangereuses et s’était accommodée au matériel de cuisine. Et d’après le goût délicieux de ses gâteaux, il ne pouvait que reconnaître qu’elle avait fait des progrès.

A regarder Penny, Bobby avait l'impression qu'elle était partie sur une autre planète. Comme si le seul son de sa voix avait suffit à la faire envoler dans une galaxie lointaine. C'était assez impressionnant. Il ne se rappellait plus vraiment si elle avait toujours été aussi rêveuse, en tout cas, il n'avait pas oublié son imagination débordante. Il était curieux de savoir ce qui était en train de se passer dans sa tête, en tout cas, vu de l'extérieur ça avait l'air vraiment intense et fou. Il la contempla d'un air interrogatif, espérant qu'elle finirait par dire quelque chose. Le silence commençait à se faire pesant et Bobby se demandait si elle était encore en vie ou bien si elle était dans une espèce de transe. C'était drôle, et très effrayant à la fois. Elle était toujours aussi surprenante. Ou bien état-ce juste parce qu'elle ne l'avait pas reconnu ? Après tout, il avait beaucoup grandi lui aussi, et il avait quand même nettement changé. Quelques années avaient passé, et pas n'importe lesquelles : c'était bien celles ou l'on change le plus et Bobby n'était pas une exception. Il était bien loin du petit garçon de Riverton. Finalement, Penny fit un mouvement et récupéra la bière qu'elle lui avait déjà volé un peu plus tôt. Bobby la laissa faire, impatient de voir si elle allait finir par dire quelque chose ou non. Elle se contenta de le défier du regard, et Bobby arqua un sourcil. Mais qu'est-ce qui était en train de se passer ? Il ne savait plus trop quoi penser de son comportement. Et puis tout à coup, son regard s'illumina et Bobby comprit aussitôt qu'elle venait d'avoir une révélation. Enfin ! C'était comme s'il voyait défiler toute leur histoire dans ses yeux, c'était étrange et ça lui faisait beaucoup de bien en même temps, cette sensation d'avoir un passé dont il gardait un bon souvenir et qu'il pouvait reconnaître sans s'en cacher. C'était bien la seule chose qu'il lui restait de bien dans sa vie d'avant, cette époque à Riverton. Certainement les meilleurs années de sa vie, les plus simples et les plus vraies en somme, sans mensonge, sans artifice, juste une vie banale au fin fond des Etats-Unis. Bobby se mordilla la lèvre, un peu atteint par tous ces souvenirs, il fallait l'avouer. Il avait été amoureux de Penny, amoureux comme un fou, à l'époque, et elle était restée dans son esprit, elle avait été son premier amour et il n'avait jamais oublié ces deux années passées près d'elle. Jusqu'à ce qu'il déménage. Le début de la fin, la descente au envers. Tout avait mal tourné à partir du moment où il avait quitté Penny et Riverton, en fait. Cette pensée douloureuse lui submerga l'esprit et il s'efforca de l'ignorer, plongeant ses yeux dans ceux de Penny pour y puiser encore plus de souvenirs. C'était fou comme ses expressions étaient restées les mêmes ! Elle avait peut être grandi, mais elle avait toujours le sourire de sa Penny, celle qu'il avait embrassé à la balançoire, la première fois. Il n'en revenait pas de la trouver ici, à des kilomètres de là où ils s'étaient rencontrés quelques années plus tôt. Si on lui avait dit qu'il reverrait Penny un jour, il ne l'aurait pas cru. « Bo-bobby » dit-elle en bafouillant, et Bobby ne put réprimer un léger sourire, difficile à distinguer mais pourtant profondément sincère. Puis Penny ferma les yeux et Bobby se demanda ce qui lui arrivait, mais elle s'empressa de les ouvrir de nouveau tout en lui lançant un énorme sourire, ce qui constrastait nettement avec le mini sourire qu'il lui avait fait un peu plus tôt. Elle avait vraiment l'air heureuse de le revoir, et cela, malgré l'être froid qu'il était devenu, lui donna chaud au coeur, juste l'espace de quelques secondes. Et puis elle se jeta sur lui, du moins, c'est ce que Bobby eut l'impression de vivre lorsqu'elle le serra dans ses bras. C'était étrange et plaisant à la fois, même s'il avait du mal à se faire à l'idée que cette silhouette qu'il avait contre lui était celle de Penny, sa première amoureuse. Son parfum était différent, son corps avait changé, lui aussi. C'était plutôt drôle, comme moment, si on parvenait à faire abstraction de la force de son étreinte qui lui comprimait un peu la respiration. Tout à coup il entendit un bruit, et il se détacha un peu de Penny, en profitant pour essayer de se remettre de cette subite démonstration affectueuse à laquelle il n'avait pas été préparé. Il constata alors qu'elle avait fait valser la bière par terre, ce qui l'amusa plus qu'autre chose. « Toujours aussi agile. » ironisa-t-il en ramassant la bouteille par terre et en la reposant. Puis il jeta un oeil à ce qui s'était écoulé sur le sol. Manque de bol, c'était sur le tapis. Il haussa les épaules et ajouta « Boarf, tu sais, Lynch doit bien avoir une collection de tapis de secours. Et puis je le trouvais trop simple, ce tapis, ça le rend un peu plus original comme ça. » Il releva les yeux vers elle et croisa son regard. Avec tous ces évènements, ils n'avaient plus de bière et c'était bien dommage. « On en partage une autre ? » lança-t-il à tout hasard, se disant que c'était plus cool de boire à deux que tout seul, d'autant plus qu'ils avaient de quoi se remplir l'estomac en plus avec tous les gâteaux qu'elle avait fait.