La donne était tombée, Nolan & Maël se rendaient au musée cette après-midi. Lui n'en était pas vraiment fan, mais il n'avait rien contre non plus, alors pourquoi pas? Le fait que, si jeune, Maël s'y intèresse lui prouvait une nouvelle voit qu'il était très éveillé pour son âge, ce que le pédiatre lui avait déjà fait remarqué à plusieurs reprises. il avait entendu un ami lui en parlé et tenait absolumet à voir ça à présent, le parc serait donc pour un autre chose. Ce n'était pas plus mal, le temps était encore assez frais et Nolan avait toujours peur que le petit tombe malade. Il n'était pas l'un de ses parents super protecteur, qui demande à ses amis de laver ses mains avant de toucher l'enfant ou qui lui interdise de se rouler dans la neige, mais tant qu'à faire s'il pouvait l'éviter c'était pas plus mal.

Une fois dans le musée, il serrait un peu plus la main du petit qui avait tendance à partir en courant à la moindre chose qui l'intèressait. Il l'avait ainsi déjà perdu deux fois, se prenant la plus grande frayeur de sa vie alors qu'il n'était qu'à quelques mètres et en pleine forme. Nous étions en pleine semaine, en matinée qui plus est et en dehors d'une classe qui était bien devant eux, le musée était pratiquement vide, lui autorisant à le lacher, tout en le gardant à l'oeil. « Monsieur? Une activité va commencer d'ici quelques minutes pour les moins de dix ans, si vous êtes intéréssé, ça se passe dans la salle neuf. » Nolan observait Maël qui pendait presque à son bras en sautillant, direction la salle 9 donc. L'activité durait 30 minutes, les enfants étaient encadrés par des animateurs, il s'autorisait donc une ballade en solo.

Reprenant le musée à la salle une puisqu'il n'avait aps eut le temps de le commencer, il s'arrêtait un instant pour observer une jeune femme. Il n'avait aucune raison particulière de le faire - avec son fils, il évitait de draguer! - mais sa façon d'observer les choses l'intriguait. Après quelques minutes, elle le remarquait et il lui adressait un léger sourire gêné, pris en flgrand déli. Ce sourire fonctionnait toujours, ou presque. Faisant quelques pas dans sa direction, il montrait l'engin qu'elle l'observait du doigt. « Je ne sais absolument pas à quoi cela peut servir, mais ça a l'air de vous passioner? » Nul comme approche, mais il espèrait quand même qu'elle se mette à lui expliquer l'utilité de cet objet, presque aussi grand qu'eux. Il ne jouait pas l'innonscent, la science n'avait jamais été un de ses points forts, il détestait même ça lorsqu'il était à l'école.

Depuis plusieurs semaines, Kiara-Luka s'était préparée pour ce jour spécial. Elle avait d'ailleurs été tellement stressée qu'elle était arrivée au musée de l'espace avec plusieurs heures d'avance, si bien qu'elle avait tourné et retourné son discours dans sa tête une bonne centaine de fois. Pourtant, la jeune femme n'était pas timide, et surtout elle ne doutait pas de ce qu'elle avait à dire : au MIT, elle avait reçu assez de compliments la qualifiant d'oratrice pour savoir qu'elle savait comment convaincre son audience de la véracité de ses propos. De toute façon, sa réputation la précédait, et ni son sexe ni son physique n'avaient été un frein pour qu'on la prenne au sérieux : comptée parmi l'une des plus jeunes diplômées du MIT, avec un parcours pluri-disciplinaire dans le domaine de la science, déjà applaudie pour sa contribution à l'astrophysique du troisième millénaire, elle avait surtout l'impression de transmettre sa passion plus qu'autre chose : lorsqu'elle travaillait, elle le faisait autant pour le gouvernement américain que pour son propre enrichissement personnel. Et évidemment, ça avait été un succès : sa présentation sur les modifications atmosphériques comparées des différentes planètes du système solaire avait été applaudi par les professionnels réunis dans l'immense salle de conférence du musée et Kiara-Luka avait quitté la conférence en serrant des mains et en souriant poliment. Elle était oratrice, mais elle n'aimait pas particulièrement l'attention. Alors, dès qu'elle en avait eu l'occasion, une fois que le plus important fut dit, la jeune femme s'éclipsa et traversa rapidement le musée qu'elle avait l'impression de connaître par coeur : si elle se pressait, elle pourrait peut-être arriver à temps pour faire un goûter digne de ce nom à Connor, lorsque sa petite sœur Lisa le ramènerait chez elle. Par coeur, vraiment ? Alors comment se faisait-il que son regard ne tombait pour la première fois que maintenant sur le télescope ancien de la première salle ?

Intriguée, Kiara-Luka se stoppa dans sa course et s'approcha, clignant des yeux comme si c'était un mirage. Comment avait-elle pu louper ça ?! C'était loin d'être une prouesse, face aux télescopes avec lesquels elle travaillait maintenant & qui lui permettaient de voir d'autres galaxies à l'étoile près, mais l'engin n'en restait pas moins un artefact exceptionnel et témoin d'une histoire de la science riche et fascinante. En métal d'apparence rouillée, l'objet ressemblait à un canon, avec ses manivelles sur les côtés pouvant être prises pour les roues d'une arme de guerre et sa longue échine se rétrécissant jusqu'au bout, pointé vers le ciel. Alors que la jeune femme jetait un coup d'oeil dans la salle en entendant des gens parler, de peur que l'un de ceux qui avaient assisté à la conférence ne vienne l'interpeller, elle croisa le regard d'un homme à l'autre bout de la salle. Surprise, la jeune femme resta un instant interdite, mais le sourire qu'il lui adressa lui fit détourner les yeux dans un sourire contenu. Qu'est-ce qu'elle pouvait être niaise, parfois ! Elle se maudit en sentant ses joues rougir et elle se retourna pour reporter son attention sur le télescope, trouvant son attitude idiote. Pourquoi la regardait-il ? Etais-ce parce qu'elle lui plaisait, ou tout simplement parce qu'elle avait l'air bizarre ? Ou bien n'avais-ce été qu'un hasard ? Mais alors, le sourire ! Pourquoi ? « Je ne sais absolument pas à quoi cela peut servir, mais ça a l'air de vous passionner? » Sursautant de surprise en entendant une voix aussi près d'elle, elle se tourna vers le jeune homme qui l'avait regardé plus tôt et ne put s'empêcher de lâcher un léger rire gêné en le reconnaissant. Au moins, l'avantage était qu'il commençait par une question qui la mettait à l'aise. « C'est un télescope. » expliqua-t-elle dans un sourire en laissant son regard courir entre l'objet et son interlocuteur. « Français, du XIXè, d'inspiration newtonienne. C'est un objet magnifique, vraiment obsolète quand on voit ce qui se fait maintenant, mais magnifique. » continua-t-elle, refusant de plomber le discours avec des explications sur la lumière, la théorie newtonienne et autres profondeurs des orbites. « Vous n'êtes pas un habitué de ce musée, je me trompe ? » demanda-t-elle finalement.

En un sens, Nolan priait pour que Maël ne s’intéresse pas de trop près à la science, puisqu'il serait incapable de répondre à ses questions. Vous n'aviez pas l'air bête lorsque vous vous retrouviez muet face à une question d'un enfant de cinq ans, qui semblait presque mieux informé que vous. D'un autre côté, cela prouvait qu'il s’intéressait à tout, ce qui était une bonne chose. Excellente même. Nolan n'avait pu s'intéresser qu'à la religion de toute son enfance, il maudissait encore ses parents parfois de les avoir élever dans cette atmosphère, qui les avait séparé. la religion avait causé des tonnes de soucis dans la famille, à commencer par les nombreuses disputes dans la fratrie et les départs imprévus. D'un autre côté, ils y croyaient dur comme fer et avaient simplement tout fait pour que leurs enfants voient les choses de la même façon. Même s'il n'était pas question de religion chez lui, il en avait tiré une leçon, et laissait Maël se faire son propre opinion.

A présent coincé dans ce musée pour au moins trente minutes encore, il s'autorisait un petit tour. Tout l'intriguait mais rien ne l’intéressait réellement, il cherchait surtout des réponses qu'il pourrait ensuite ressortir à Maël tout naturellement. Il espèrait en obtenir une première en s'approchant de la jeune femme qu'il avait remarqué, même si sa question finissait par n'être qu'une excellente excuse pour l'interpeler. « C'est un télescope. » Impressionnant! Il imaginait plutôt ce genre d'engin entrer facilement dans un sac à dos pour permettre de voyager en sa compagnie. « Français, du XIXè, d'inspiration newtonienne. C'est un objet magnifique, vraiment obsolète quand on voit ce qui se fait maintenant, mais magnifique. » Il avait visiblement un don pour trouver la bonne personne à qui poser ses question, à son opposé, elle semblait parfaitement renseignée sur l'objet et peut-être même le musée dans son ensembles. « Oh... il est assez impressionnant, effectivement. » Plus que ça vu l'image qu'il se faisait d'un télescope avant de découvrir l'engin. « Vous n'êtes pas un habitué de ce musée, je me trompe ? » Un sourire gêné, il agitait légèrement la tête de droite à gauche pour lui confirmer qu'il n'avait rien d'un habitué. « Pas vraiment, la science n'a jamais été ma meilleure amie, mais le petit tenait vraiment à venir. » Réalisant de suite son « erreur », Nolan baissait la tête avant de glisser son regard vers la jeune femme à nouveau. Il n'aimait pas signalé qu'il était papa, non seulement pour protéger Maël de ses histoires sans lendemain, mais aussi parce qu'il s'agissait pour lui d'un frein. Il n'avait pas honte de lui, bien au contraire, mais il préférait ne pas le signaler. « Il m'a lâchement abandonné pour participer à l'activité. » Ajoutait-il pour se justifier d'être seul, avant qu'elle ne le prenne pour un très mauvais menteur. Il préférait ne pas préciser de quel petit il pouvait bien parlé, cela lui permettait de déculpabiliser, il ne mentait pas réellement, il omettait juste de dire qu'il s'agissait de son fils. « En revanche, j'ai l'impression que vous connaissez le musée sur le bout des doigts, je me trompe? » Nolan allait tenté tant bien que mal de faire durer la conversation, même si savoir Maël pas loin lui était assez inconfortable. Lorsqu'il était avec lui, il aimait lui donner toute son attention.

Kiara-Luka n'avait pas l'habitude de jouer à la conservatrice de musée, mais il fallait avouer que ça lui allait plutôt bien. En même temps, la jeune femme avait passé sa tête dans les bouquins depuis son plus jeune âge, feuilletant les ouvrages savants de ses parents dès qu'elle avait appris à lire. Forcément, ça en plus de ses études et de son caractère particulièrement curieux et changeant qui la faisait s'intéresser à tout ce qui pouvait bien passer sous son nez et qu'elle prenait pour un challenge de comprendre, elle en connaissait désormais un rayon sur tout ce qui s'approchait de près ou de loin à l'espace.

« Pas vraiment, la science n'a jamais été ma meilleure amie, mais le petit tenait vraiment à venir. » avait répondu son interlocuteur lorsque Kiara-Luka lui avait demandé si il était déjà venu au musée. La jeune femme sourit, perplexe devant sa réplique, et n'osa pas lui demander plus d'informations : après tout, elle ne le connaissait pas, il avait le droit d'aller au musée avec qui il voulait ! Elle-même y emmenait fréquemment son frère, ça devait être son cas aussi. « Il m'a lâchement abandonné pour participer à l'activité. » Le sourire de la jeune femme s'élargit devant la gêne dont semblait être victime le brun mais encore une fois, elle préféra ne pas l'accentuer en y ajoutant un quelconque commentaire. « En revanche, j'ai l'impression que vous connaissez le musée sur le bout des doigts, je me trompe? » Légèrement prise au dépourvu, ce fut au tour de Kiara-Luka d'afficher une mine gênée. Oh, elle n'avait pas honte de ses passions, elle était même fière de son travail et du rôle qu'elle avait dans la recherche scientifique spatiale, mais elle avait appris avec le temps que les gens qui n'étaient pas "comme elle" pouvaient trouver son addiction à la science de ridicule à beaucoup trop excessive, et elle préférait s'en cacher. Et puis, elle ne pouvait que se mentir si elle se disait que le jeune homme ne l'intimidait pas par ses seuls atouts physiques. « J'y ai passé pas mal de temps, effectivement. » avoua-t-elle en détournant les yeux, ne trouvant que le télescope sur lequel les poser. Une association d'idées dans son esprit fit élargir son sourire et elle poursuivit. « Mes parents disaient que je suis née sous un télescope, c'est peut-être pour ça que ça m'intéresse autant. » avoua-t-elle, minimisant son intérêt plus qu'extrême pour l'astronomie.

Finalement, l'américano-australienne tendit sa main en direction du jeune homme, histoire de faire vraiment connaissance - et de connaître son nom - pour se présenter. « Kiara-Luka, enchantée. Je peux vous montrer les bijoux du musée, si vous voulez. » déclara-t-elle en s'étonnant elle-même de son audace mais sans en laisser rien paraître.

« J'y ai passé pas mal de temps, effectivement. » Cette simple révélation lui valait déjà toute son admiration. En plus de ne pas porter le moindre intérêt pour le milieu scientifique, Nolan était bien souvent une pile électrique : Rester en silence dans un musée durant des heures relevait presque de la mission impossible. Sans la jeune femme, il serait d'ailleurs certainement déjà occupé à battre du pied en priant pour que l'activité en question se termine au plus vite. « Mes parents disaient que je suis née sous un télescope, c'est peut-être pour ça que ça m'intéresse autant. » Nolan l'observait intrigué, sans pour autant poser plus de questions. Il ne désirait pas la gêner en parlant d'un sujet si personnel, vu qu'il ne la connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Il était pour sa part né sous les lampes de la salle d'accouchement comme la majorité des enfants.

« Kiara-Luka, enchantée. Je peux vous montrer les bijoux du musée, si vous voulez. » Finalement, la jeune femme lui tendait la main qu'il serrait volontiers, bien qu'un peu surpris. Jusqu'ici, il l'avait sentie assez intimidée, ou peut-être juste gênée par sa présence, qu'elle prenne la situation en main le surprenait, positivement. « Nolan enchanté. » Répondit-il sans dissimuler son sourire. Un café aurait sans doute été plus tentant mais il était malgré lui bloqué dans ce musée. Kiaria-Luka arrivait de toute façon à l'intéresser suffisamment pour qu'il accepte ce tour avec plaisir. « Avec plaisir, je vous suis. » Il ignorait dans quelle pièce se trouvait les « bijoux » dont elle parlait et suivait donc la jeune femme sans se faire prier. « Armez vous de patience... quand je dis que la science n'est pas ma meilleure amie, c'est un doux euphémisme! Disons que je n'ai jamais chercher à y comprendre quelque chose, je ne sais pas à quoi servent les 3/4 des objets du musée! » Il avait été bien plus intéressé par le littéraire et l'étude des langues, seuls les mathématiques se trouvaient plus bas que la science dans ses intérêts. Après ce mini monologue sur son incapacité, il s’intéressait à son parcours à elle. « Qu'est ce qui vous plait ici? » Par "ici", il sous-entendait le musée ainsi que la science qui en était la base. Il ne fallait pas connaître la belle brune depuis une éternité pour voir qu'elle était passionnée lorsqu'elle se mettait à en parler.

La jeune femme ne savait pas vraiment où elle voulait en venir en proposant au jeune homme une visite du musée : elle connaissait celui-ci, certes, et avait une culture certaine sur la majorité des pièces qu'il refermait, mais elle n'était pas une employée du musée et elle n'avait clairement pas d'ambition profonde dans le domaine. Alors pourquoi insistait-elle pour présenter au jeune homme quelques pièces du musée ? « Nolan enchanté. » La jeune femme lui rendit son sourire en saisissant sa main pour la serrer doucement. « Avec plaisir, je vous suis. » Dès qu'elle eut son aval, Kiara-Luka sentit son regard s'illuminer et, dans un signe de la main, lui désigna une direction qu'elle emprunta sans tarder.

Sur le chemin, une réflexion de Nolan la fit rire sans retenue. « Armez vous de patience... quand je dis que la science n'est pas ma meilleure amie, c'est un doux euphémisme! Disons que je n'ai jamais chercher à y comprendre quelque chose, je ne sais pas à quoi servent les 3/4 des objets du musée! » Kiara-Luka ne pouvait pas dire la même chose, pour peu de choses en fait. Elle avait sa spécialité, mais sa culture était vaste, probablement parce qu'elle avait passé des jours et des nuits la tête dans des bouquins ou sur internet, à se cultiver, se cultiver, pas pour gagner un quelconque concours ou être la meilleure de sa fratrie, mais tout simplement parce que ça l'intéressait. Pour ce qui était des calculs que lui imposait son emploi, elle les faisait désormais avec automatisme : pour elle, c'était de la simple logique et apparemment, lorsqu'on était surdoué, la logique venait toute seule – pas pour tout, mais au moins pour les maths. « Je suis patiente, ne vous en faites pas pour ça. Et puis... On a tous notre domaine de prédilection, le vôtre n'est juste ni l'astronomie, ni la muséologie ! » lui répondit-elle avec un sourire amusé.

Alors qu'ils arrivaient dans la salle que Kiara-Luka voulait atteindre depuis le début, Nolan reprit la parole et Kiara-Luka les arrêta devant une vitrine ne contenant qu'une pierre d'apparence anodine. « Qu'est ce qui vous plait ici? » Légèrement désarçonnée par sa question, la brune s'humecta les lèvres et son regard tomba sur la pierre : aussitôt, son regard changea. Il suffisait qu'elle imagine tout ce par quoi ce bout de roc était passé pour que son coeur se mette à battre plus fort et que son esprit se mette à planer. « Ca... » fit-elle en désignant la pierre avant d'élargir à toute la pièce et, à travers son geste, à tout le musée, la ville, le continent, la planète, la galaxie, l'univers, bien qu'elle doute qu'il ne saisisse tout ça par un simple signe de la main. « Cette pierre, par exemple. Personne ne sait d'où elle vient – probablement du système solaire, mais même ça on ne peut pas en avoir l'assurance. Et même si c'était le cas, quelle distance aurait-elle parcouru avant d'être attrapée par le champ gravitationnel de la Terre ? » Remarquant qu'elle était en train de s'enflammer, la jeune femme se mordit la lèvre avant de sourire, gênée. « C'est ça qui me plaît. Essayer de connaître l'inconnu, de comprendre l'incompréhensible, de déchiffrer l'indéchiffrable.» dit-elle finalement en osant un regard vers le jeune homme. Ayant soudainement l'impression de prendre beaucoup trop de place dans la conversation et plus intéressée à l'idée d'en savoir plus sur Nolan que de s'écouter déblatérer encore et toujours, elle reprit. « Et vous, votre domaine de prédilection, alors ? »

Suivant la jeune femme, Nolan se sentait même prêt à écouter ses explications qui seraient de toute façon bien plus intéressantes que celles qui lui seraient distribuées à la pelle par un guide, sur un ton monotone. Il se demandait parfois comment ces personnes finissaient guide, car rare étaient celles qui distribuaient les informations avec passion, parce qu'elles aimaient ça. Enfin, il ne pouvait pas leur en vouloir, répéter plusieurs fois par jour le même discours lasserait n'importe quel être humain. Sur le chemin, il prit tout de même le temps de s'excuser d'avance pour son incapacité à comprendre quelque chose. « Je suis patiente, ne vous en faites pas pour ça. Et puis... On a tous notre domaine de prédilection, le vôtre n'est juste ni l'astronomie, ni la muséologie ! » Certes. Il ne pouvait que lui adresser un sourire amusé à son tour, bien qu'en y réfléchissant, il n'avait aucun domaine qui le passionnait réellement. Il aimait la littérature, l'apprentissage de nouvelles langues, l'histoire - et encore sur certains sujets précis -, il appréciait le monde de médias mais n'avait réellement aucune passion. Il avait longtemps rêver de devenir pilote d'avion mais avait laisser couler ce rêve à la seconde ou il était devenu papa, Maël avait besoin de lui tous les jours et non à de rares occasions.

Ne relevant pas, le jeune homme s'arrêtait lorsqu'elle en fit de même en posant son regard sur ce qu'il définissait comme un simple cailloux, mis en vitrine pour faire joli. « Ca... » Par réflexe, Nolan lançait un regard circulaire dans la pièce en suivant le mouvement de sa main, avant de le poser à nouveau sur la pierre en question. « Cette pierre, par exemple. Personne ne sait d'où elle vient – probablement du système solaire, mais même ça on ne peut pas en avoir l'assurance. Et même si c'était le cas, quelle distance aurait-elle parcouru avant d'être attrapée par le champ gravitationnel de la Terre ? » Hum, question intéressante, effectivement, mais à laquelle il avait juste envie de répondre " peu importe". La provenance de cette pierre ne changerait surement pas le cours des choses, le sens de sa vie, du moins pas qu'il ne le sache. « C'est ça qui me plaît. Essayer de connaître l'inconnu, de comprendre l'incompréhensible, de déchiffrer l'indéchiffrable.» Sur ce point, il la comprenait même si ses questions à lui n'étaient pas du tout dans le même domaine. Nolan se demandait assez souvent s'il y avait un au delà - non pas qu'il soit croyant, mais on lui avait parlé de cet "après" tout au long de sa vie et en y réfléchissant, il se disait qu'il devait bien y avoir quelque chose. Il n'imaginait pas un joli tribunal dans les nuages ou l'on vous accorde le droit au paradis, mais il lui arrivait souvent de se demander si ses proches décédés était toujours présents d'une certaine manière, chose que personne ne pourrait jamais prouver. Du moins il n'imaginait pas quelqu'un le faire. Soit, il s'éparpillait et reprenait rapidement ses esprits pour faire glisser son regard sur Kiara-Luka en alternance avec la pierre en question. « Tu as une théorie? Sur cette pierre par exemple? » Il ne jouait plus l’intéressé mais l'était vraiment. Nolan n'était pas fan de la science, des choses prouvée par A+B par des calculs exceptionnels, en revanche il adorait inventer de nombreuses théories qui expliquaient l'inexplicable et avait donc hâte d'entendre la sienne, qui serait sans doute bien plus sérieuse que celle qu'il avait lui même en tête.

« Et vous, votre domaine de prédilection, alors ? » La question qu'il aurait préféré éviter... et qui lui faisait surtout remarquer qu'il était passé au tutoiement l'air de rien. Puisqu'elle ne lui avait fait aucune remarque, il préférait continuer sur sa lancée, c'était beaucoup plus agréable. Proche. « Pas grand chose à vrai dire ! J'aime beaucoup de choses mais rien ne me passionne vraiment... mais si je devais en choisir un, ce serait sans doute l'aviation. Je rêvais d'être pilote quand j'étais encore assez naïf pour penser que les maths étaient de mon côté! » Nolan lui adressait un sourire amusé, sachant parfaitement que sans Maël, il n'aurait pas hésité une seconde à se lancer malgré sa peine à réussir dans cette matière. Il partait du principe que " quand on veut, on peut " et avec d'énormes efforts, il aurait sans doute eut la joie d'y comprendre quelque chose. Ce rêve abandonné ne l'attristait pourtant pas le moins du monde, malgré les difficultés qu'il avait pu rencontré en 4 ans, Maël restait la plus belle chose qu'il lui soit arrivé et pour rien au monde il ne changerait cela.

« Tu as une théorie ? Sur cette pierre par exemple ? » Kiara-Luka plissa les yeux un instant et reporta son attention sur la météorite sous glace devant elle. Son regard glissa sur la description gravée dans le métal en contrebas : sous l'explication, une série de chiffres à première vue anodin la renseigna sur les maigres informations tirées de la pierre. C'était très vague, mais ça permettait à Kiara de situer un contexte auquel elle se souvint avoir déjà pensé. Elle reprit donc, pensante. « Hm... Pour ma part, je pense qu'elle est assez grosse pour venir de Saturne. Elle devait l'être encore plus avant de heurter notre atmosphère. » S'arrêtant rapidement dans son explication, elle haussa les épaules et, les bras croisés, elle remonta sa main jusqu'à sa joue en souriant avec malice. « A ce stade, on pourrait la faire venir de n'importe où, en fait. C'est ce qui rend le travail compliqué, c'est facile d'émettre des hypothèses, beaucoup plus difficile de les prouver. »

Ils reprirent leur marche dans le musée et bien vite, Kiara demanda à Nolan ce qui le passionnait, lui. A vrai dire, Kiara-Luka ne s'était vraiment pas posée de questions avant de choisir sa voie : le MIT avait été le chemin le plus naturel à suivre, sur les traces de ses parents, et elle se savait parfaitement épanouie dans son travail. « Pas grand chose à vrai dire ! J'aime beaucoup de choses mais rien ne me passionne vraiment... mais si je devais en choisir un, ce serait sans doute l'aviation. Je rêvais d'être pilote quand j'étais encore assez naïf pour penser que les maths étaient de mon côté ! » Kiara-Luka haussa les sourcils, impressionnée par ses ambitions, et un sourire prit de nouveau place sur ses lèvres : l'aviation, ça c'était quelque chose. « C'est dommage, ça a l'air passionnant ! » s'exclama-t-elle, les yeux brillants ne serais-ce que d'imaginer être à bord d'un avion de chasse. « Et surtout terriblement excitant. Les sensations fortes qu'on doit avoir en volant... ! » Oui, elle l'imaginait très bien. Elle qui adorait les étoiles aurait rêvé de pouvoir être sur le point de les toucher !

Reprenant bien vite son sérieux, histoire de ne pas trop enfoncer le couteau dans la plaie - après tout, il avait abandonné l'idée de devenir pilote, ce n'était peut-être pas ses meilleurs souvenirs -, la jeune femme reprit la parole. « Et qu'est-ce que tu fais dans la vie, alors ? » reprit-elle en l'entraînant jusqu'à la salle qui contenait sa pièce préférée, finalement non loin de l'entrée et des animations pour les plus jeunes. Ils arrivèrent bien vite devant une grande photo qui prenait tout un mur et qui donna des frissons à Kiara-Luka : ce n'était pourtant pas exceptionnel pour elle de voir ça avec son travail, mais elle était juste toujours aussi fascinée. « Voila... Orion, la magnifique. Je peux passer des heures devant cette photo. » sourit-elle, légèrement gênée de son aveu.

« Hm... Pour ma part, je pense qu'elle est assez grosse pour venir de Saturne. Elle devait l'être encore plus avant de heurter notre atmosphère. » Nolan l'observait avec une moue, pas si sur de comprendre sa théorie. Donc Mars, Uranus et leurs copines ne pouvaient pas perdre une pierre de cette ampleur? Il se doutait bien qu'elle ne parlait pas juste pour dire de lui fournir une réponse, il devait y avoir des preuves, quelque chose qui lui indiquait que c'était de cette planète qu'elle venait. « A ce stade, on pourrait la faire venir de n'importe où, en fait. C'est ce qui rend le travail compliqué, c'est facile d'émettre des hypothèses, beaucoup plus difficile de les prouver. » Lui qui trouvait enfin une exemplication logique était ramené au point zéro. « On ne sait pas définir d'ou elle vient avec sa matière? » Matière ne devait pas être le mot scientifique pour désigné les mollécules que contenait cette pierre, mais passons. C'était la première question qu'il se posait vraiment, qui n'était pas là juste pour garder le fil de la conversation. Aprés tout, si la vie n'était pas permise sur d'autres planètes, c'était sans doute qu'elles étaient composées différement, non?

Nolan n'était pas mal à l'aise d'admettre qu'il avait du abandonné sa première ambition, après tout, il l'avait fait pour la bonne cause. Quand bien même il aurait obtenu son diplôme, ce n'était pas une vie stable pour un enfant d'avoir son père toujours à 1000 pieds mais surtout à des milliers de kilomètres pour plusieurs jours parfois. « C'est dommage, ça a l'air passionnant ! » Il haussait les épaules, signe qu'il n'avait aucun regret même si cette attitude ressortait aussi pas mal en " je m'en-foutiste ". « Une fois aux commandes, surement! Mais le chemin pour y arriver... Je ne suis pas sur que j'y serais parvenu! » Être pilote demandait beaucoup de connaissances, nottament dans la matière qu'il détestait le plus. « Et surtout terriblement excitant. Les sensations fortes qu'on doit avoir en volant... ! » Nolan avait difficilement supporter 4 heures de mathématiques par semaine pour obtenir son BAC, il n'avait pas réellement envisagé de survivre avec plus de 20 heures par semaine à l'université. « C'est certain! Tu n'es pas le genre de fille à avoir froid aux yeux, je me trompe? » Peu de filles semblaient emballée à l'idée de piloter un engin du style, du moins si elles étaient nombreuses, elles étaient aussi bien cachées.

« Et qu'est-ce que tu fais dans la vie, alors ? » Changer de sujet n'était pas plus mal, au fond, il préférait parler de ce qu'il faisait et non de ce qu'il aurait aim faire. « Je suis publicitaire dans une grosse boite. Ca va de la radio, à la pub Martini en passant par les boites pour chien! » Dit-il avec un sourire amusé. Son boulot lui plaisait, justement parce qu'il se devait de faire preuve d'imagination, il ne restait jamais des mois sur un projet, c'était diversifié et pour quelqu'un qui se lassait aussi vite que lui, c'était parfait. « Et toi ? » Il aurait pu la prendre pour une guide de ce musée, si ce n'était qu'elle portait une tenue classique, alors que les employés en avait une bien spécifique. « Voila... Orion, la magnifique. Je peux passer des heures devant cette photo. » Nolan détachait son regard de la jeune femme pour le poser sur la toile qu'elle lui présentait. « J'en ai vaguement entendu parlé, je crois... » Il n'en était même pas certain, la photo en elle même ne lui disait rien, mais il était certain d'avoir déjà entendu ce nom. « C'est les étoiles qui font un noeux papillon papa ! » Lui glissait Maël comme si c'était tout à fait logique, tout en lui attrapant la main. Il n'avait même pas remarqué que l'animation s'était terminée, le moniteur avait du laissé Maël les rejoindre de lui même vu qu'ils n'étaient qu'à quelques mètres. Nolan sourit, levant les yeux au ciel. Non seulement son plan drague tombait à l'eau, mais en plus Maël le mettait KO. « Maël, tu peux dire bonjour à Kiara-Luka! Et voici Maël, mon fils... » Inutile de nier l'évidence à présent. Levant les yeux vers elle, Maël la détaillait d'un air septique avant de lui adresser un de ses sourires auquel Nolan ne pouvait pas résister. « Bonjour! Kiara comme dans le Roi Lion? » Lui demandait Maêl d'un ton curieux et amusé à la fois.

Complètement absorbée dans la contemplation de la pierre, Kiara-Luka fut interrompue par une question de Nolan qui la fit sourire. S'il prétendait ne rien y connaître, il posait déjà les bonnes questions. « On ne sait pas définir d'ou elle vient avec sa matière? » La brune hocha doucement la tête avant d'entrouvrir les lèvres, cherchant une nouvelle fois à simplifier cet amas de chiffres et de théories qui voguaient dans sa tête. « On peut, oui, mais ce ne sont que des estimations : si seulement on pouvait identifier les amas de matières parfois présents à l'intérieur des météorites, on a pas énormément d'échantillons avec lesquels les comparer. On peut étudier aussi leur forme, retracer une possible trajectoire avec la date & l'heure à laquelle l'objet a touché le sol, mais pour ça il faut que ce soit une chute, pas une trouvaille. 75% des météorites qu'on trouve sur Terre proviennent de la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter, mais rien n'exclut l'idée qu'elle puisse venir de plus loin, tellement de facteurs entre en jeu durant leur voyage ! » Se rendant compte qu'elle s'emportait, Kiara-Luka ferma brusquement la bouche et leva les yeux au ciel en invitant Nolan à passer dans une autre salle : lorsqu'elle commençait, il était vraiment difficile de l'arrêter. Elle se souvenait encore de la première fois qu'elle avait observé une chute ! Avec ses parents, elle était tombée dessus par hasard mais elle se souvenait parfaitement de l'excitation qu'elle avait ressentie lorsqu'elle s'était assise sur les genoux de sa mère, sur le côté passager de l'avant de leur caravane, et qu'ils avaient filé dans le désert pour suivre l'impact de la météore qui filait dans le ciel. Une fois devant, elle avait trouvé l'objet énorme alors que maintenant, elle en voyait des 100 fois plus grandes, mais lorsqu'elle avait pris l'objet entre ses doigts, elle avait senti des frissons envahir tout son corps : encore un moment où elle s'était promis, un jour, d'en faire son métier.

« Une fois aux commandes, surement! Mais le chemin pour y arriver... Je ne suis pas sur que j'y serais parvenu! » avait repris Nolan par rapport à son souhait de devenir pilote. Kiara-Luka se contenta de hocher les épaules : pour elle, c'était facile à dire, mais si on voulait quelque chose il suffisait de se battre pour l'obtenir. Son objectif à elle avait été fixé dès qu'elle avait appris qu'on devait travailler en devenant adulte, et elle avait tout fait pour réaliser son rêve, travaillant jour & nuit avec passion pour obtenir son diplôme du MIT et, plus tard, pour obtenir la reconnaissance de la communauté scientifique auprès de laquelle elle travaillait. « C'est certain! Tu n'es pas le genre de fille à avoir froid aux yeux, je me trompe? » Un sourire surpris prit place sur les lèvres de Kiara-Luka et elle lança un bref regard au jeune homme : il ne pouvait pas avoir tapé plus juste, et son regard le montrait. Bien que tout à fait consciente des risques qu'elle prenait, elle était toujours prête pour une nouvelle aventure ou une escapade, et ses longues ballades en moto le prouvait. Flattée, la jeune femme ne put cacher son trouble et baissa les yeux en tentant de cacher son sourire, enchaînant avec le travail de Nolan. « Je suis publicitaire dans une grosse boite. Ca va de la radio, à la pub Martini en passant par les boites pour chien! » Kiara resta interdite un instant avant de ne pouvoir s'empêcher de répondre, surprise. « Ah oui, c'est vraiment pas la même chose ! » s'exclama-t-elle avant de lui sourire, remarquant que ce métier semblait lui convenir parfaitement. « Et toi ? » reprit-il. Le sourire de Kiara s'élargit de nouveau, comme à chaque fois qu'elle parlait de son travail. « Je suis chercheuse. En ce moment, je travaille surtout en astronomie, mais c'est aussi plutôt large. » Avec le diplôme qu'elle avait obtenu du MIT - à vrai dire, le même que ses parents - elle pouvait même parfois conseiller d'autres chercheurs en météorologie, c'était pour dire qu'elle faisait vraiment de tout !

Une fois devant la grande photo d'Orion, Kiara-Luka passa un moment à détailler les différentes étoiles qui peuplaient le nuage, silencieuse et admirative, se contentant d'un bref regard brillant à Nolan lorsqu'il lui prononça quelques mots. « J'en ai vaguement entendu parlé, je crois... » Oui, c'était fortement probable, une beauté comme ça se devait d'être connue. Ce ne fut que lorsqu'une petite voix lui parvint près d'elle qu'elle tourna la tête. « C'est les étoiles qui font un noeux papillon papa ! » Papa ?! Kiara-Luka fit les gros yeux lorsque son regard tomba sur un petit garçon absolument adorable qui venait de saisir la main de Nolan et, suivant ce tracé, elle laissa ses yeux remonter jusqu'au visage du jeune homme qui venait de lever les yeux au ciel, un léger sourire qui ne cachait en rien sa surprise sur les lèvres mais incapable de faire un commentaire. Ca, pour une surprise ! « Maël, tu peux dire bonjour à Kiara-Luka! Et voici Maël, mon fils... » Son fils ! Évidemment, il avait parlé d'un petit, Kiara-Luka avait tout de suite prétendu à un frère mais elle aurait dû se douter dès le début que c'était d'un fils dont il parlait. Désormais, le dit Maël la détaillait, la mettant presque mal à l'aise tellement elle était surprise, avant de lui adresser un sourire si adorable qu'il brisa immédiatement toutes les défenses de la jeune femme. « Bonjour! Kiara comme dans le Roi Lion? » s'exclama-t-il, arrachant un léger rire à la brune. « Exactement comme le Roi Lion ! » lui répondit-elle avec un sourire jovial. A vrai dire, elle soupçonnait Disney d'avoir copié sur elle : mais, à dix ans, lorsqu'elle avait regardé ce dessin animé pour la première fois, il fallait avouer que ça lui avait plu d'avoir un personnage qui portait le même prénom qu'elle ! Et puis, on lui parlait souvent de cette similitude. « Enchantée de te connaître, Maël. Les animations t'ont plu ? » lui demanda-t-elle finalement, remontant de nouveau les yeux vers son père après sa réponse, en profitant pour observer discrètement la main de Nolan à la recherche d'une éventuelle alliance qui aurait pu lui échapper. Le regard qu'elle lui adressa ne trahissait pas sa surprise, mais elle ne s'en formalisait pas vraiment : il avait un enfant, soit ! Ca restait une surprise, mais pas négativement. « Une petite sortie père-fils, alors ? » lui demanda-t-elle, amusée.