Alexander de Suède Ҩ Apollinaria de Luxembourg

« I'd like to see your head flying above the trees »

Apollinaria s'étira dans son lit, profitant de la chaleur que lui prodiguait son lit. Qu'est-ce que c'était agréable bon sang, pourquoi devait-on se lever ? Pourquoi devait-on faire des choses dans la matinée ? La jeune princesse rêvait de passer toute sa journée à roupiller, à se tourner et à se retourner, les yeux mi-fermés. Mais ça ne se passerait pas comme ça, elle le savait. Et elle ne voulait pas s'imaginer à rester à rien faire pendant tant de temps. Elle n'avait pas été élevée de cette façon et rester ainsi chez elle serait un échec et sa journée serait ruinée. Elle avait tellement de choses à faire. Entre finir ses devoirs pour l'université et préparer ses prochains discours, la jeune Luxembourgeoise n'avait pas vraiment de temps pour elle. Elle avait loupé beaucoup de cours avec ses rendez-vous diplomatiques mais ne voulait absolument pas descendre dans le classement de sa promotion. Elle était la première et n'avait nullement envie de se voir dépasser par des new-yorkaises idiotes qui n'étaient rien par rapport à elle. Enfin, c'était sa conception des filles vivant dans cette ville et n'avait pour l'instant pas changé d'avis. Elle était arrivée il y a quelques mois dans la Grosse Pomme mais ne s'habituait toujours pas au mode de vie, à la façon d'être des américains. Elle avait été élevée en Europe dans la pure tradition alors vous expliquer les nombreuses différences de traditions prendraient des heures...

Elle se leva alors, jetant à regret un dernier regard vers son lit si douillet et confortable. Elle se rendit dans sa douche pour essayer de garder la chaleur que la nuit lui avait apporté. Puis elle se planta devant son dressing avant d'enfiler rapidement son short et son t-shirt de course. Elle courait tous les matins sans exception et ce matin-là n'y couperait pas, bien qu'elle n'en avait aucune envie. Alors qu'elle laçait ses chaussures, elle entendit la sonnette de sa porte d'entrée. Soulevant un sourcil, elle regarda l'horloge. Qui ça pouvait être à cette heure-ci ? Elle traversa alors son appartement, descendant les marches de son duplex pour arriver jusqu'à la porte d'entrée. Elle appuya alors sur le bouton de l'interphone avant de demander d'une voix lasse mais polie « Oui ? »

Le ciel est déjà presque clair, comme il aurait pu l'être lord d'un matin banal de ma Suède natale. Je n'avais pas dormis de la nuit et je n'avais pas pu continuer de me forcer à dormir. Je me levais alors et regardais ma montre que j'avais laissé sur ma table de chevet, il était 7h00 tapante. J'avais pas mal d'affaires à régler, puisque j'avais été obligé de faire coordonner mon voyage en Amérique avec mes rendez-vous officieux, ultime condition de ma mère pour nous laisser partir mon frère et moi en pleine crise familiale. En effet, juste après mon divorce quelques peu mouvementé, mon frère avait été victime, ou plutôt coupable, d'un autre scandale dans lequel une jeune fille inconnue avait déclaré porter son enfant. Un outrage pour la famille, doublement grave puisque mon frère était le premier héritier à la couronne de Suède. Carl m'avait juré que tout était faux et qu'il s'agissait d'une de ces nombreuses tentatives ayant pour but de gagner une grosse somme d'argent, et je le croyais, après tout c'était mon frère. Mais, après tout, j'avais la tête embrouillé et beaucoup trop de choses à penser. Cela faisais une heure que j'étais couché sur mon lit tout habillé, j'avais eu le temps de me doucher, de m'habiller, et de vérifier mes comptes. Bien sur, j'aurais pu appeller la gouvernante pour qu'elle me rapporte mon petit-déjeuner, mais je n'avais pas faim, mon estomac était noué, car je repensais à Azure, de tout façon quoi que je fasse, je pensais tout le temps à Azure . J'avais très mal vécu mon divorce, et j'avais pu compter sur le soutien de Carl ainsi que de l'une de mes deux plus jeunes soeurs, Katerina. Mais pas seulement, celle qui m'avait majoritairement aidé à "remonter la pente" était Apollinaria. Elle et moi, c'était une longue histoire, malgrès nos 6 ans de différence, nous avions pratiquement passé notre enfance ensemble. Oui, elle était princesse de Luxembourg et étant donné mon rang de prince de Suède nous avions été ammené à nous rencontrer souvent et elle avait toujours été là pour moi. J'avais quelquefois, il m'était arrivé à penser à plus que de l'amitié, car Apo était une jeune fille très jolie, mais bien sur mes devoirs et mes sentiments envers Azure m'avaient vite rappellés à l'ordre. C'est à ce moment que je me redressais d'un bond, je venais de me souvenir que celle-ci m'avait laissé son adresse, puisqu'elle aussi était arrivée à New-York. J'allais tout simplement passer chez elle, de plus elle habitait au numéro 4 dans mon quartier. Je descendais alors et saisisais ma veste et mes affaires, Apo devait surement être éveillée, c'était dans nos habitudes princières de nous lever tôt, contrairement à ce que certain pourraient croire. Je sortais dans la rue qui était seulement inondée de gens pressés pour prendre le métro. Je prenais tout de même soin de cacher mon visage en remontant le col de ma veste, les paparazzis pouvaient se lever tôt eux aussi surtout qu'ils me traquaient littéralement depuis ma venue dans la grosse pomme. J'arrivais rapidement à la demeure d'Apollinaria et sonnais à la porte, j'attendais quelques minutes et entendis la voix de la jeune femme parler dans l'interphone. J'étais à la fois confus et impatient de la revoir,

"C'est Alexander, désolé de te déranger de si bonne heure."

Si elle n'habitait pas dans un luxueuse appartement, elle aurait parié sur quelqu'un qui voudrait lui vendre quelque chose. Oui mais voilà, elle avait un duplex sur Park Avenue et ce genre de choses n'arrivaient pas, grâce aux gardiens de l'immeuble. Elle était donc sûre que ça devait être relativement important. Le seul problème était qu'elle avait prévu d'aller courir mais qu'elle serait probablement retardée dans son jogging matinal. Sentant brusquement sa tête tourner un peu, elle vacilla avant de réussir à appuyer sur le bouton de l'interphone. Elle n'accorda aucune importance à ce trouble passager, mettant cela sur le compte de son manque de nourriture. Ele n'avait pas eu le temps de manger quelque chose et, tellement elle était en retard qu'elle songeait sauter ce premier repas qui était, soit disant, tellement important pour la journée selon les nutritionnistes. Mais d'un autre côté, elle avait également entendu parler que faire du sport sans rien dans le ventre permettait de brûler plus de graisses. Et son quota de calories avait vraisemblablement explosé ces derniers temps vu le nombre de dîners protocolaires qu'elle avait dû faire. Surtout que son dernier voyage avait eu lieu en Espagne, au château royal et ils savaient bien manger. Le nombre de plats était relativement impressionnant et pourtant, la jeune princesse était plus qu'habituée à manger plusieurs plats différents hautement bien garnis... Enfin, tout cela étant qu'elle voulait toujours rentrer dans ses robes et qu'il fallait qu'elle aille courir.

"C'est Alexander, désolé de te déranger de si bonne heure." Surprise, Apollinaria mit quelques secondes à répondre. Alexander ? Un instant, elle avait cru entendre "Alexandr" et reconnaître la voix de son défunt mari. La ressemblance de leurs prénoms et de leurs timbres de voix était très troublante. Toutefois, elle avait reconnu Alexander, son ami de toujours. Apollinaria avait très peu de véritables amis mais lui en faisait parti. Il avait passé quelques temps difficiles ces derniers temps et elle avait tout fait pour qu'il voie différemment la vie qu'il vivait actuellement, mais c'était difficile. Elle n'avait jamais vraiment aimé Azure, d'autant que c'était la demi-soeur un peu spéciale de Stanislas. Ce qui compliquait un peu tout. Toutefois, elle répondit à celui qui attendait dans la fraîcheur matinale d'une voix ravie « Oh, non, non. Je t'ouvre. » Elle appuya sur le bouton permettant l'ouverture des portes et ouvrit également sa porte d'entrée, qu'elle laissa entrouverte pour qu'il entre directement, faisant comme chez lui. Ils se connaissaient suffisamment pour cela. Elle se dirigea vers la cuisine afin de prendre une pomme, sentant encore sa tête faire des siennes. Alors qu'elle sortait un verre pour se servir un peu d'eau, sa main se mit brusquement à trembler, à trembler violemment jusqu'à ce qu'elle lâche son verre, sans pouvoir rien faire. « Merde ! »

Alexander entendit la voix douce et vive de son amie d'enfance par le microphone qui lui disait qu'elle allait lui ouvrir. Il entendit le bruit de la porte qui lui permit d'entrer dans le hall puis dans l'appartement d'Appolinaria. Il entra à son aise, sachant que depuis le temps qu'ils se connaissaient il n'y avait pas besoin qu'ils fassent des manières et cela même si ils demeuraient fille et fils de rois. Il referma la porte d'entrée et vit Appolinaria de dos dans sa cuisine un peu plus loin. Elle était en tenue de sport, il avait du la déranger alors qu'elle s'apprêtait à sortir. Il ne fallait pas prêter attention aux clichés dans lesquels l'ont disaient que les enfants princiers étaient des fainéants. Au contraire, les journées étaient plutôt épuisante et entretenir sa forme faisait partie du tralala et de l'image de marque que l'on se devait d'avoir. Tout cela en devenait même quelquefois épuisant, la vie de chateau n'était pas si fabuleuse qu'elle en avait l'air. Alexander se dirigea alors vers la cuisine se préparant à proposer à la jeune Luxembourgeoise de repasser plus tard afin de la laisser vaquer à ses occupations. C'est à ce moment là, qu'il la vit trembler puis lacher brusquement le verre d'eau qu'elle tenait à la main et qui se fracassa en mille morceau sur le carrelage blanc. Il se dirigea rapidement vers elle en prenant soin de dégager au passage les plus gros débris de verre avec son pied, elle n'avait pas l'air de se sentir bien et tremblait encore quelques peu. Alex la fit s'appuyer sur ses épaules et la fit assoir sur le sofa du salon qui ne se trouvait qu'a quelques mètres.

-Apo, est-ce que ca va ?

Après tout il ne savait pas, elle avait peut-être une maladie grave ou qu'elle était trop stressée. Après tout, nous les descendants royaux étions constamment sous pression. Que ce soit par la faut des médias, ou encore de leur responsabilités. Chacun gérait tout cela à sa manière, Carl lui faisait tout pour scandaliser la presse et aller à l'encontre de leur parents, et l'une de ses deux jeune soeurs se sentait tout à fait à l'aise dans ce luxe abondant et en était même félicité régulièrement. Certains avaient mal tourné ou sombré dans la drogue, mais ce n'était pas son cas et il espérais que ce n'étais pas non plus celui d'Apollinaria. Il se mit à imaginer les pires scénarios quand soudain ses pensées s'emmelèrent, et il eut du mal à trouver où s'appuyer pour ne pas tomber. Alexander s'asseya difficillement sur le sofa lui aussi et tenta de reprendre ses esprits, malgrès le trouble qui l'avait saisit tout à coup.

-Tu..tu veux que je..je t'appelle un docteur ?

Apollinaria ne comprit pas vraiment se qui se passait. Comment avait-elle fait pour faire tomber ce foutu verre ? Pourquoi est-ce qu'elle tremblait comme une feuille ? Elle se sentait faible et sentait son corps complètement à côté de ses pompes. Elle se sentait mal à l'aise d'être dans cette situation et surtout avec la présence d'Alexander. Bien sûr, ils se connaissaient depuis longtemps mais elle ne voulait pas paraître faible devant qui que ce soit. Elle sentit Alexander s'approcher d'elle et la caler contre lui. Tout en jetant un regard sur les débris de verre à terre, elle se laissa finalement faire. Elle ne pouvait décidément pas faire comme elle le souhaitait réellement, c'est-à-dire, se débrouiller toute seule. Elle se laissa transporter jusqu'à son canapé avant de s'y laisser complètement aller. Elle posa sa tête contre l'appui-tête tandis qu'il lui demandait doucement Apo, est-ce que ca va ? Elle esquissa un sourire et voulut ouvrir la bouche avant de finalement la refermer car sa tête se mit brusquement à tourner. Elle ferma les yeux et attendit que ça passe tout en émettant une sorte de grognement afin de répondre tout de même à son ami.

Malgré tout, elle vit du coin de l'oeil en relevant à moitié les yeux, Alexander s'asseoir à côté d'elle tout en se tenant un peu, histoire de ne pas tomber. Tu..tu veux que je..je t'appelle un docteur ? Un sourire naquit sur ses lèvres avant de se terminer en un petit rire. Ses paroles semblaient tellement dénuées de sens. De un, elle n'avait absolument pas envie de voir un docteur, elle n'en avait absolument pas besoin. Elle avait juste un peu la tête qui tournait et son corps qui se mettait à trembler sans raison apparente. Et de deux, il n'avait vraiment pas l'air beaucoup moins qu'elle. Il semblait avoir du mal à arriver à la fin de sa phrase, balbutiant et se tenant pour ne pas tomber. « Je pense que t'en as besoin plus que moi... » Son rire se fana avant qu'elle ne bascule sa tête vers lui. D'un voix un peu faible, elle demanda la question qui la tiraillait depuis qu'il avait sonné à sa porte. « Depuis quand t'es à New-York ? » avant de le prévenir, levant le doigt et le ton mi-sérieux, mi-malicieux « Si tu réponds depuis de deux semaines, ça va mal se passer ! »

« Je pense que tu en as plus besoin que moi...»

Apollinaria avait rit légèrement, c’était vrai qu’il s’était sentit bizarre tout à coup. Ses pensées s’emmêlaient, et il avait du mal à rester stable. Il lui adressa un faible sourire pour seule réponse, se laissa aller sur le dossier moelleux du sofa et ferma les yeux un instant. Même les yeux fermés il avait encore le vertige. Il resta ainsi un moment quand il sentit la tête de son amie d’enfance basculer vers lui. Celle-ci lui demanda depuis combien de temps il était à New-York et ajouta avec amusement que s’il répondait qu’il y était depuis plus de deux semaines cela allait mal se passer. Alexander sourit à cette idée. En réalité cela faisait exactement 3 semaines et 2 jours qu’il était dans la ville qu’on nommait « la grosse pomme . » Il avait eut tellement à faire ces dernières semaines, jongler entre les recherches d’Azure, les affaires qu’il se devait de régler et les conférences qu’il se devait de donner à distance et avec les contribuants américains . Tels avaient été les mots de sa chère mère qui pensaient à la politique avant tout : « Business innan hjärtans värk ! » , traduction : « Les affaires avant les peines de cœur ! ». A ce moment là, Erwan et lui s’étaient compris d’un seul regard qui voulait tout dire : vite partons d’ici.
Alexander appuya ses mains sur son front et regarda Apollinaria,

« -Si je te dis que ça fait trois semaines, tu me tue ? De toute façon, tu y arriverais sans que je puisse me débattre je me sens vraiment trop bizarre ce matin. »

Il sourit à nouveau et se massa les tempes par la même occasion. Il avait l’intention de passer à la résidence d’Azure maintenant qu’il avait trouvé son adresse grace à l’aide précieuse de son frère ainé. Il s’était rendu compte que beaucoup de ses amis étaient à New-York, Elias, Aaron .. Mais il avait du mal à se concentrer sur autre chose que son ex-femme. Malgrès tout il adorait cette nouvelle ville, elle lui apportait un souffle nouveau, loin de sa culture des pays de l’Est et de sa famille beaucoup trop oppressante à son goût . Il reprit la conversation, cette fois-ci en se redressant et en appuyant ses coudes sur ses genoux.

« Et toi ? Depuis combien de temps ? »

Il voulut lui demander si elle allait mieux, il ne l’avais pas revu depuis son divorce avec Azure qui avait précédé la mort de son mari . Il avait entendu parler de l’horrible meurtre de celui-ci, qui d’ailleurs avait le même prénom que lui à une lettre près, il se souvint lui avoir adressé ses plus sincères condoléances ainsi que sa famille. Il ne savaist pas si il devait lui demander si elle allait mieux, cela risquait de jeter un froid, surtout qu’elle avait vraiment l’air d’aller bien. Il se contenterait alors de ne pas parler de ça, à moins qu’elle-même ne vienne sur le sujet. Il avait toujours la tête qui tournait mais se disait à lui-même que ca allait passer.

« -Si je te dis que ça fait trois semaines, tu me tue ? De toute façon, tu y arriverais sans que je puisse me débattre je me sens vraiment trop bizarre ce matin. » Apollinaria fit la fausse choquée tout en l'étant un peu tout de même. Si ça faisait trois semaines, pourquoi n'était-il pas passé la voir avant ? Qu'y avait-il de plus important que d'aller voir celle qui avait toujours été là dans les situations délicates, qui l'avait aidé pendant son divorce, soutenu quand il pleurait, quand elle avait envie de tout quitter, quand elle lui avait fait part de sa décision d'aller en Afrique faire un voyage humanitaire afin d'oublier toute sa vie au Luxembourg. Etrangement, Alexander et Apollinaria pouvait se voir très régulièrement comme de temps en temps sans que rien n'ait changé entre temps, entre eux. La même complicité, la même conversation comme s'ils vus la veille, les mêmes partages. Malgré tout, il venait de lui avouer que ça faisait trois semaines qu'il était dans la même ville que lui et ça lui paraissait inconcevable. Elle tourna difficilement la tête vers lui avant de lancer « Tu as de la chance que je ne sois pas non plus au top de ma forme. Mais dès que ça va mieux, compte sur moi pour t'étrangler. » finit-elle, sourire aux lèvres. Elle était incapable d'étrangler Alexander tant il était important pour elle.

« Et toi ? Depuis combien de temps ? » Apollinaria fronça les sourcils ce qui lui fit mal à la tête. Elle prit quelques temps pour répondre. Ca lui paraissait tellement de temps et en même temps tellement peu qu'elle était à New-York qu'elle ne savait plus trop. « Depuis... septembre. » Elle était là depuis le début de l'année scolaire mais elle était toujours aussi perdue dans cette ville immense qui lui était inconnue et la rendait perplexe. Elle ne s'y sentait pas totalement à l'aise et préférait et de loin le Luxembourg et ses villes à taille humaine.

Finalement, Apollinaria se tourna vers Alexander avant de demander, perplexe « Pourquoi t'es venu ? Ne me dis pas que c'est à cause d'Azure ! » finit-elle, le ton réprobateur.