« Alors, tu vois là, il m'a dit un truc ENORME ! J'étais tellement hallucinée, t'imagines bien quoi et puis... » Kali regarda aussi discrètement qu'elle le pouvait l'heure qu'il était. Elle était certaine qu'elle aurait pu le faire ostensiblement sans que Rebecca la remarque mais elle ne voulait pas prendre le risque de la froisser. Elle ne savait pas vraiment ce qui lui avait pris d'accepter de venir prendre un café avec cette fille après les cours. Elle la connaissait à peine et puis, du peu qu'elle avait eu l'occasion de la côtoyer, elle lui avait toujours paru affreusement pénible. Mais voilà, Kali avait été blessée dans son orgueil la veille. Elle ne faisait aucun effort avec les autres, elle était snob et aussi glaciale qu'un iceberg. La jeune femme n'avait jamais eu pour habitude de prêter attention aux racontars la concernant mais cette fois, elle n'avait pas pu s'empêcher, comme elle n'avait pas pu s'empêcher d'être vexée. C'était exactement ce qui l'avait amenée ici, avec cette fille. Il y a un peu moins d'une heure, elle la connaissait à peine. Maintenant, elle savait tout de son enfance tragique marquée par l'affreuse perte de son petit chien Hector, mort après avoir reçu un ballon sur la tête. Ballon lancé évidemment par Rebecca qui s'en était toujours voulu, aujourd'hui encore, il lui arrivait de verser des larmes en repensant à ça. Kali avait eut du mal à réprimer un éclat de rire à ce moment là, c'était tellement drôle. L'autre fille avait ensuite enchaîné sur d'autres histoires tout aussi inintéressante et racontait maintenant son rendez-vous de la veille.

Après une éternité, ou plus exactement trente trois minutes et douze secondes plus tard, Kaliska quitta le café après avoir prétexté un rendez-vous important. Rebecca avait décrété que c'était avec garçon et avait comprit que Kali s'en aille en exigeant simplement un compte-rendu détaillé de ce qui allait se passer. *Compte là-dessus ma fille.* De toute manière, même si elle avait eu ne serait-ce que l'intention de lui raconter quoique ce soit, Rebecca aurait été bien déçu, la seule chose avec laquelle Kali pouvait avoir un rendez-vous actuellement, c'était sa télé. Même la vieille qui lui servait de voisine d'en face avait une vie plus trépidante que la sienne, et puis au moins, elle, elle avait des chats pour lui tenir compagnie. La chose la plus trépidante qui lui était arrivé ces derniers temps, c'était de se retrouver coincé dans son ascenseur. Pas le genre de chose dont elle aurait aimé se vanter quoi. La jeune femme soupira en refermant son manteau alors qu'elle commençait à avoir décidément très froid, elle était tellement pathétique. Elle arriva bientôt au niveau de Madison Avenue. En toute logique, elle n'aurait pas du passer par là pour rentrer chez elle mais elle s'était trompée de route en sortant du café et elle trouvait ça plus simple de filer pour tourner dans une autre rue plus tard plutôt que de faire demi-tour à ce moment-là. C'était un mauvais calcul bien sûr et Kali allait bientôt pouvoir ajouter à la liste des choses intéressantes qui se passait dans sa vie qu'elle s'était perdue sur un chemin qu'elle faisait presque tous les jours. Très glorieux. Elle était en train de réfléchir là-dessus quand le choc arriva. Ça non plus, elle ne l'avait pas vu venir.

S’il avait fallu désigner une chose qui manquait réellement à Phœnix, une chose qui n’était plus qu’un souvenir maintenant, un épisode du passé, de sa vie à Silverthorne, ç’aurait été le snowboard. Le temps filait à New York et chaque jour Phœnix repensait à ses pistes favorites et à la neige fraiche. Il repensait à son snowboard qui en avait vu de toutes les couleurs, à ses amis, les délurés de la piste, à ses descentes complètement dingues. Et lorsque ce moment de nostalgie l’envahissait, un brin de lumière lui traversait le regard. La neige, la montagne, la glisse. C’était son essence, un moyen pour lui de se lâcher au maximum, et d’évacuer tout le reste. Phœnix leva les yeux, trouva un gratte-ciel au loin. S’il avait pu surfer sur un gratte-ciel il l’aurait fait sans hésiter. Il prit une grand inspiration, effaçant un instant tous ces souvenirs et il jeta son skateboard en avant puis il atterrit dessus, se laissant glisser sans trop savoir où il allait. Il ne savait pas où il était, et à vrai dire, cela faisait déjà longtemps qu’il marchait un peu hasardement. Ayant repris conscience de la réalité, il avait décidé de rouler un peu. Le skateboard était devenu pour lui une sorte d’alternative. C’était pourtant sensiblement différent, mais Phoenix s’en contentait, du moins pour le moment. Une planche, ce n’était pas difficile à avoir. Mais ce qu’il ne pouvait pas commander, c’était la neige et les monts. Il se contentait des trottoirs new-yorkais, les moins fréquentés de préférence. Un rayon de soleil vint éblouir Phoenix, et il poussa plusieurs fois sur le bitume pour accélerer. Il atteignit une légère descente, et se sentant partir à toute vitesse, il se mit à sourire et à inspirer très fort. Cette sensation lui avait manquée.

Phoenix parcourut une longue distance ainsi, slalomant entre piétons, bouches d’égoût et passages piétons. Ses pieds étaient en osmose avec sa planche et il se laissait glisser, sautant quelquefois pour monter les trottoirs, ou bien tentant une quelconque figure. Il allait assez vite quand il décida de prendre un virage au coin d’une boutique, atteignant de nouveau une faible descente. Un chien lui aboya dessus et, égal à lui-même, Phoenix aboya à son tour pour lui répondre. L’adrénaline procurée par la vitesse le rendait heureux comme jamais, et c’était dans ces moments-là que Phoenix se sentait vivant et sûr de lui. Phoenix leva les yeux sans ralentir, regardant le ciel gris-bleu et espérant voir un autre rayon de soleil, mais le temps était assez couvert aujourd’hui. Et puis, il baissa les yeux, et tomba nez à nez avec une silhouette. Il voulu l’éviter, mais c’était déjà trop tard. Il tenta de freiner, appuyant de toute ses forces sur l’arrière de sa planche, et avec le poids et la vitesse, celle-ci fut catapultée en avant, et Phoenix bascula vers l’arrière, se fracassant le dos sur le macadam. Sa planche elle, fit un joli vol vers l’avant et tapa de plein fouet le menton de la jeune fille, qui bascula à son tour. Phoenix jura, puis se releva à moitié, découvrant alors le spectacle d’une jolie brune très amochée et étalée par terre. Il ouvrit grand les yeux, et se mit à genou, puis il s’approcha d’elle aussi vite qu’il le pût. Il se pencha sur son visage et fit une grimace. Ce n’était pas très beau à voir. Elle avait le menton tout ensanglanté et sa chute n’avait pas aidé. Peut être s’était-elle cassée quelque chose ? Phoenix lui attrapa les poignets pour l’aider à se relever, puis lança « Je suis sincèrement désolé, madame, je … » Il fronça les sourcils, puis reprit. « Mademoiselle. » Nouvelle pause. « Est-ce que ça va ? Je … attendez, j’ai un mouchoir, vous saignez beaucoup … » Il fouilla dans ses poches pendant une bonne minute, puis il trouva enfin un espèce de mouchoir, un peu chiffonné et dont il espéra qu’il n’avait jamais servi. C’est alors qu’il se mit à essuyer avec soin le sang qui coulait de la plaie, tout en s’efforçant de ne pas lui faire mal. Il tenta un sourire, même s’il savait qu’il était déjà trop tard pour se faire bien voir.

Ce fut au menton qu'elle ressentit la douleur en premier. Juste après, Kaliska se trouva projeter sur le sol sans vraiment comprendre ce qui s'était passé. Elle resta sur le sol plusieurs secondes, les yeux fermés. Si elle avait d'abord eu mal au menton seulement, maintenant, elle ne savait plus dire où elle n'avait pas mal. Ces coudes et ses mains devaient être écorchés par sa chute, elle s'était rattrapé du mieux qu'elle avait pu mais elle n'avait jamais su tomber correctement et elle craignait de s'être fait encore plus de mal que si elle s'était simplement laissé tomber. Une fois le choc passé, la jeune femme rouvrit les yeux lentement et son regard se posa sur ce qui avait causé sa chute. Kaliska n'était pas vraiment la personne la plus adroite au monde, surtout quand elle ne faisait pas attention où elle marchait. Lorsqu'elle réfléchissait à quelque chose de précis comme elle était en train de le faire un peu plus tôt, elle était capable de ne pas voir un trou ou encore un poteau qui aurait été devant elle. Quelque fois, elle allait même jusqu'à penser que si un voiture arrivait droit sur elle à un moment comme celui-là, elle serait capable de ne pas la voir. Néanmoins, la cause de ce qui venait arriver n'était pas un poteau apparu comme par magie sur son passage, ce n'était pas non plus une voiture – fort heureusement pour la jeune fille d'ailleurs, non, le responsable à tout ça était... une planche. Une simple et ridicule planche de skateboard qui gisait maintenant sur le sol non loin d'elle. Une planche et son propriétaire bien sûr.

Si se faire renverser par un pauvre mec en skateboard qui ne savait pas se servir d'une planche n'avait rien d'agréable, ouvrir les yeux et apercevoir cette même personne vous observer avec une grimace sur le visage ne l'était pas non plus. C'était pourtant ce qui était en train de se produire. Avant qu'elle ait pu dire quoique ce soit ou même lui lancer un regard tueur, l'homme qui avait bien failli la tuer – sans rien exagérer bien sûr, lui attrapa le poignet. Il faisait sûrement ça pour l'aider bien sûr mais il s'enfonçait en fait car la jeune femme avait mal partout et était, à cet instant, bien incapable de bouger. Elle grimaça et secoua la tête avant de lancer enfin le regard meurtrier qu'elle se devait de faire. « Je suis sincèrement désolé, madame, je … » Quand elle disait qu'il s'enfonçait, elle avait bien raison. En l'occurence, il aurait mieux fait, là, de se taire parce que déjà, elle se moquait bien de ses excuses et puis ensuite, elle n'appréciait pas de s'entendre appeler madame. Elle avait l'impression d'avoir pris un tas d'années en dix secondes à peine et cela n'arrangeait pas son état de colère. Certes, elle menait le même train de vie qu'une petite vieille mais cela n'était pas censé se voir au premier coup d’œil. Elle l'entendit à peine se reprendre et ne comprit même pas ce qu'il dit juste après. Elle le vit juste sortir un mouchoir de sa poche et s'approcher d'elle de nouveau. Si elle avait pu le faire, elle aurait reculer mais elle n'était pas sûre d'en être capable. C'est dont impuissante qu'elle le regarda tenter d'essuyer la plaie qu'elle devait avoir au menton avec le mouchoir qu'il venait de récupérer. Elle fronça les sourcils, est-ce qu'il était propre au moins ? S'il venait de sa poche, assurément pas. Il n'avait pas l'air très sain comme garçon, il suffisiat qu'il se soit mouché avec et c'était fini pour elle. Il devait donc juste chercher à la tuer en lui refilant tout un tas de microbes ou quelque chose dans ce goût là. Elle prit sur elle pour essayer de bouger la main gauche et récupérer le mouchoir mais elle était trop appuyée dessus et elle ne voulait pas risquer de s'écraser encore plus sur le sol « Stop. Vous voulez m'achever c'est ça ? Vous ne croyez pas que vous en avez assez fait déjà ? Lâchez ça maintenant. » Elle avait parlé d'un ton peu aimable mais qui était à ses yeux tout à fait justifié dans cette situation. Elle jeta un regard désespéré autour d'elle, elle aurait bien aimé que quelqu'un lui vienne en aide, quelqu'un d'autre que le danger public qui se tenait en face d'elle. Mais non, il n'y avait personne, personne à part lui et cela ne présageait rien de bon pour elle. Oui, elle préférait autant se débrouiller toute seule dans ce cas. « Vous devriez partir avec votre engin de malheur. »

« Stop. Vous voulez m'achever c'est ça ? Vous ne croyez pas que vous en avez assez fait déjà ? Lâchez ça maintenant. » Phoenix leva les yeux au ciel, avant de finalement poser son regard sur le visage de l'inconnue martyr. Il se demandait comment il avait pu l'appeler "madame". Elle devait avoir quelques années de plus que lui, deux, trois ans tout au plus. Phoenix se sentit subitement très honteux d'avoir osé la dénommer comme si elle avait quarante-cinq ans. Il fit une grimace assez marquée, illustration de son sentiment à ce moment précis. Et puis, la jeune femme se mit à balayer les lieux du regard, espérant sûrement trouver du secours ailleurs. Phoenix ôta le mouchoir de son menton, et fronça les sourcils. « Bon, bon ... Excusez moi mais ... je ne peux pas vous laisser comme ça ! Regardez moi ça, vous pissez le sang ... » lanca-t-il, sur un ton un peu moins mielleux, alors que le sang de la plaie ne cessait de couler. Phoenix tenta de limiter les dégâts avec son mouchoir tout imbibé de sang, mais le t-shirt de la jeune femme s'était déjà teinté d'une jolie couleur rouge. Très tendance, vraiment ...

« Vous devriez partir avec votre engin de malheur. » Phoenix fronça de nouveau les sourcils, puis répondit cette fois sur un ton presque ferme « Ah non ! » Puis, se rendant compte de la brutalité de ses paroles, il reprit « Je veux dire ... Pas question que je parte ! Je ne vais pas vous laisser seule avec une fontaine à la place du menton. » Phoenix se maudit d'être aussi peu ... modéré dans ses propos. Quoi qu'il en soit, la jeune femme ne se débarrasserait pas de lui aussi vite, car il était plutôt borné. Il regardait sa victime, les yeux inquiets en constatant que le mouchoir n'était plus d'aucune utilité. « Bon ce truc ne sert plus à rien... merde ! » Il jura encore dans ses moustaches, avant de reprendre « Vous n'auriez pas un mouchoir ou un truc du genre dans votre sac là ? Vous êtes sympa et tout, mais ça me ferait quand même mal au coeur de sacrifier mon t-shirt pour vous. » Voyant la tête de la jeune femme, Phoenix tenta un sourire rieur, puis reprit « Je plaisante ! » Il serra les dents. Peut être n’était-ce pas le meilleur moment pour faire ce genre de plaisanterie. Après avoir réfléchi, Phoenix parvint à conclure que c’était même une très mauvaise idée. Mais Phoenix était Phoenix. Impulsif, désinvolte et audacieux. Autant dire qu’il jouait avec le feu dans la situation présente. Car à voir le regard de la jolie brune, Phoenix songea a creuser tout de suite sa propre tombe, histoire de ne pas perdre de temps. Et puis, subitement il repensa au choc, à sa chute, et entre autre, à sa planche. Il chercha aux alentours, avant de fronçer les sourcils. Sa planche n’était pas dans son champ de vision, elle avait du rouler plus loin. « Merde, ma planche ! » Puis ses yeux se posèrent de nouveau sur la jeune femme, et à voir sa tête, il oublia complètement son skate. Elle avait l’air d’agoniser, et Phoenix eût subitement très peur qu’elle s’évanouisse. Elle était devenue toute blanche, et il fallait avouer que ça n’avait rien de rassurant « Euh … Vous êtes sûr que ça va ? Si jamais vous sentez que vous allez mourir, dites le moi vite, que j’appelle les secours. »

Elle allait sûrement mourir d'ici peu. Mourir à cause d'un accident de skateboard. C'était assez triste et désolant mais c'était comme ça, elle était prête à l'accepter. Ce qu'elle n'était pas prête à accepter en revanche, c'est que le danger public se permette de lever les yeux au ciel après qu'elle lui demandé de lâcher son mouchoir. Si ça l'embêtait d'être là, elle ne le retenait pas. Vu l’aide qu'il apportait actuellement, elle se débrouillerait aussi bien toute seule. « Bon, bon ... Excusez moi mais ... je ne peux pas vous laisser comme ça ! Regardez moi ça, vous pissez le sang ... » A qui la faute hein ? Kaliska poussa un soupir agacé et le laissa donc faire ce qu'il voulait avec son bout de tissu ridicule même si c'était peine perdue. Elle ne pouvait pas voir dans quel état elle était exactement mais il lui suffisait de jeter un coup d’œil au mouchoir ou même son tee-shirt pour en avoir une idée. Elle avait décidément tout gagné aujourd'hui !

« Ah non ! » Kaliska leva les yeux vers lui et fronça les sourcils. Apparemment, au vu du ton qu'il venait d'utiliser, il n'était pas décidé à partir. Soit, ce n'était pas une raison pour lui parler comme il venait de le faire. Elle ne l'aimait déjà pas beaucoup et cela n'arrangeait en aucun cas son cas. « Je veux dire ... Pas question que je parte ! Je ne vais pas vous laisser seule avec une fontaine à la place du menton. » Une fontaine à la place du menton. C'était sympa comme image et ça en disait long sur le spectacle qu'elle devait offrir. Heureusement que personne ne semblait leur prêter grande attention. Les gens ne faisaient jamais attention à rien de toute manière, Kali était sûre qu'un éléphant aurait pu se trouver au milieu de la route sans que quiconque ne le remarque ou ne trouve cela étrange. L'inconnu lui fit perdre le fil de ses pensées en reprenant la parole et en jurant visiblement énervé parce que le mouchoir ne servait plus à rien. Kali écarquilla, il avait du lui ouvrir le menton ou tout autre choses qui voulait dire que les choses ne rentrerait peut-être pas dans l'ordre comme ça. Elle allait sûrement devoir faire un passage aux urgences et là, elle mourrait de honte en expliquant comment elle s'était fait ça. Sauf si elle se vidait de son sang avant. Elle n’était pas capable de dire dans l'immédiat qu'elle était l'option qu'elle détestait le moins entre les deux. « Vous n'auriez pas un mouchoir ou un truc du genre dans votre sac là ? Vous êtes sympa et tout, mais ça me ferait quand même mal au cœur de sacrifier mon t-shirt pour vous. » Si elle avait été capable de le faire, elle l'aurait sûrement giflé là. Ça n'aurait sûrement pas été une bonne idée mais ça l'aurait soulagé un peu l'espace de quelques secondes. Il ne manquait vraiment pas d'air celui-là. Vraiment, vraiment pas d'air. Et elle se moquait bien qu'il plaisante comme il s'était empressé de le préciser. Au cas où il ne l'avait pas compris, Kali n'était vraiment pas d'humeur à plaisanter. « J'ai peut-être ça. Je m'en voudrais de devoir vous imposer un tel sacrifice. Vraiment, ce serait tellement triste. » Son sac était à portée de main, elle l'attrapa donc et mit la main rapidement sur un paquet de kleenex. Elle n'avait rien de mieux en stock. De toute manière, l'autre était maintenant très préoccupé par le sort de sa planche. Très bien ! Elle allait enfin pouvoir mourir en paix. Elle ne se sentait vraiment pas bien là. « Euh … Vous êtes sûr que ça va ? Si jamais vous sentez que vous allez mourir, dites le moi vite, que j’appelle les secours. » Ah non, il était encore là. Kaliska fronça les sourcils. « Bien sûr que je sens que je vais mourir, je n'arrête pas le dire depuis tout à l'heure. » Enfin de le penser plutôt mais c'était presque pareil au final hein. « Mais je me passerais très bien de secours merci. Je veux juste rentrer chez moi. »

L'idée de tenter une plaisanterie risquée dans la situation présente avait vraiment été une idée géniale ! A voir l'expression de sa victime, Phoenix songea qu'il avait peut être un petit peu dépassé les bornes. Comment avait-il pu envisager qu'elle ait envie de rire alors qu'elle était étalée par terre, au milieu d'un trottoir, le menton ensanglanté ? Il ne réfléchissait vraiment pas assez parfois. Mentalement, il se tapa la tête contre un mur pour se punir d'avoir été aussi idiot, et aussi pour se souvenir de ne plus jamais essayer d'introduire un peu d'humour dans une situation de ce genre. Heureusement pour lui, la jeune femme passa outre son comportement, préférant chercher un mouchoir dans son sac à main. Phoenix serra les dents tout en priant pour qu'elle trouve quelque chose qui fasse l'affaire. «J'ai peut-être ça. Je m'en voudrais de devoir vous imposer un tel sacrifice. Vraiment, ce serait tellement triste. » Phoenix voulut lui rétorquer quelque chose pour s'excuser mais il ne trouva pas les mots adéquats, et songea que se taire était peut être plus judicieux. Quelques secondes passèrent et elle trouva enfin un paquet de kleenex dans son sac. Il lui attrapa des mains sans aucune délicatesse, tira un mouchoir et le colla aussitôt à son menton qui dégoulinait. Le teint de la jeune femme devenait de plus en plus pâle, et Phoenix fit de son mieux pour ne pas lui faire mal, tout en comprimant la plaie pour qu'elle cesse de couler. Le mouchoir se teinta de rouge et devint inutilisable au bout de quelques secondes. Il soupira bruyamment, reprenant un autre kleenex et recommençant la même tâche. Puis son attention fut détournée par la voix d'un grand homme qui s'approcha tout près d'eux. « Qu'est ce qui se passe ici ? Mademoiselle, est-ce que ça va ? » Phoenix ne laissa même pas répondre la brune et lança « Oui oui, elle va bien ne vous inquiétez pas, ce n'est rien qu'un mauvais coup, ça va aller. » L'homme fronça les sourcils, interloqué par la mine terrifée de la jeune femme et son teint si blanchâtre « Un coup ? Dites donc, mademoiselle, vous êtes sûre que tout va bien avec ce monsieur ? » Phoenix fronça les sourcils à son tour et répondit froidement « Tout va bien, je viens de vous le dire. Je m'occupe de mon amie. » Il ponctua sa phrase d'un mouvement de tête, puis attrapa la jolie brune par les épaules, et lança un sourire hypocrite à son interlocuteur. L'homme fit quelques pas, inquiet, puis repartir finalement dans sa direction sans jeter de regard en arrière. Phoenix se tourna vers la jeune femme après lui avoir lâché les épaules et lança « Il ne manquerait plus que ce mec bizarre porte plainte contre moi parce qu'il me soupçonne de vous maltraiter ! Non mais vraiment, de quoi il se mèle celui là ! »

La jeune femme semblait vraiment mal en point. Phoenix avait les mains ensanglanté et le jean tâché de sang. La plaie de son inconnue était assez profonde, et Phoenix était assez connaisseur en matière de blessures pour dire qu'elle ne s'en sortirait pas sans un bon paquet de points de suture. Lorsque Phoenix évoqua son état, elle répondit « Bien sûr que je sens que je vais mourir, je n'arrête pas le dire depuis tout à l'heure [...] Mais je me passerais très bien de secours merci. Je veux juste rentrer chez moi. » Phoenix fronça les sourcils, touchant son front comme si elle était une petite fille malade « Vous avez l'air d'un fantôme. » Il fit une grimace qui en disait long sur le souci qu'il se faisait à son propos. Il sembla réfléchir un instant, avant de finalement dire « Pas question que vous rentriez chez vous dans cet état. Non, vraiment, je suis sérieux là. » Il fit une triste mine, puis lança « Vous savez, j'ai entendu un fait divers à propos d'un gars qui s'est ouvert le pied, mais vous voyez, une plaie ridicule, pas grand chose quoi ! Il s'est pas inquiété mais au bout du compte le sang s'est jamais arrêté de couler et il a claqué après quelques heures. » Il imagina la scène reproduite avec elle, mourrant dans ses bras d'une hémorragie du menton. Non vraiment, c'était trop idiot de mourir comme ça. Il ne pouvait pas laisser faire ça. Il se redressa un peu pour se mettre accroupi, puis reprit « En plus on a épuisé les kleenex. » Il la regarda des les yeux après avoir marqué une courte pause « Le Lenox Hill est à dix minutes de là en taxi. Essayez de vous lever. » Il se leva alors, en lui tendant la main, puis regarda l'état de son jean, et le t-shirt de la jolie brune. Splendide.

Kali se demandait vaguement comment elle pouvait continuer de saigner, il lui semblait qu'elle avait déjà perdu tellement de sang. En tout cas, l'autre imbécile semblait avoir décidé de se taire et c'était déjà un grand progrès. Certes, il était encore là mais il ne fallait pas en demander trop d'un coup non plus. Et puis, pour oublier sa présence, il aurait presque suffit qu'elle ferme les yeux. Ça ferait exactement comme s'il était partie. Elle allait tenter de le faire pour voir mais un bruit de voix la retint. Ce n'était pas l'autre qui avait reprit la parole, non, fort heureusement. Celui qui venait de parler était un homme qui passait dans la rue. Son sauveur sans aucun doute, la seule personne de la rue ayant remarqué que quelque chose n'allait pas. Il lui demandait si ça allait, il s'inquiétait de savoir si elle n'était pas en danger et elle, elle ne prononça pas le moindre mot. Elle aurait du lui dire que ça n'allait pas, que l'autre cherchait à la tuer, qu'elle était encore trop jeune pour mourir ou d'autres trucs dans ce genre-là. Mais elle resta muette et laissa la jeune homme répondre à sa place et la prendre par les épaules comme s'ils avaient été de grands amis. C'est de cette manière que son sauveur tourna les talons, la laissant de nouveau seule avec l'imbécile. « Il ne manquerait plus que ce mec bizarre porte plainte contre moi parce qu'il me soupçonne de vous maltraiter ! Non mais vraiment, de quoi il se mèle celui là ! » Kaliska fronça les sourcils, le mec bizarre en question, elle le trouvait toujours moins bizarre que celui qui lui parlait à cet instant précis. Et puis en plus, ça aurait été justifié. « Mais c'est ce que vous faites. Ça aurait été normal qu'il fasse ça et vous n'auriez pas du le faire partir. Il m'aurait aidé, lui. » Elle appuya bien sur le dernier mot histoire qu'il comprenne bien ce qu'elle voulait dire par là.

Sitôt qu'elle avait eut fini de parler, elle avait sentit que la jeune homme ne serait pas d'accord avec ses paroles. Pourtant, elle ne demandait pas grand-chose, juste rentrer chez elle où elle pourrait enfin être tranquille. Le froncement de sourcil qu'il eut et la manière dont il toucha son front suffirent à confirmer ce qu'elle pensait. « Vous avez l'air d'un fantôme. » Ça, c'était peut-être un peu exagérer par contre, il n'avait pas du voir de fantôme très souvent. Enfin, ça devait être le cas de tous les gens normaux et sains d'esprits en fait. De toute manière, ça n'avait rien d'important, la seule chose qui comptait c'est qu'il ne voulait pas qu'elle rentre chez elle. C'était tellement injuste. « Vous savez, j'ai entendu un fait divers à propos d'un gars qui s'est ouvert le pied, mais vous voyez, une plaie ridicule, pas grand chose quoi ! Il s'est pas inquiété mais au bout du compte le sang s'est jamais arrêté de couler et il a claqué après quelques heures. » Il inventait au fur et à mesure qu'il parlait, elle en était certaine et cela l'agaçait. Comme si on pouvait mourir d'une petite blessure anodine comme ça. Il y avait genre une chance sur cent que cela puisse arriver. « N'importe quoi. » Peut-être, mais Kali était persuadé d'une chose, avec son peu de chance habituel, s'il y avait une infime chance que cela puisse arriver, cela ne faisait aucun doute que ça tomberait sur elle. Elle était déjà résigné quand il utilisa le fait qu'il n'y avait plus de kleenex comme argument. Elle n'avait aucune envie de finir à l'hôpital mais elle n'avait visiblement pas le choix. « Le Lenox Hill est à dix minutes de là en taxi. Essayez de vous lever. » Si on lui avait laissé le choix, elle aurait sûrement préféré attendre qu'il ait trouvé un taxi pour se lever. Mais elle ne l'avait pas. Il lui tendit la main et elle tenta d'évaluer la situation un peu. Elle n'avait pas réellement mal aux jambes, enfin pas en dehors des égratignures en tout cas. En revanche, son poignet gauche la faisait vraiment souffrir, elle avait du mal se rattraper dessus en voulant amortir sa chute. Elle attrapa la main qu'il lui tendait et se redressa péniblement. Elle tenait debout, elle ne savait pas pour combien de temps mais elle arriver à tenir debout. « Trouvez un taxi maintenant. Et vite. »

« Mais c'est ce que vous faites. Ça aurait été normal qu'il fasse ça et vous n'auriez pas dû le faire partir. Il m'aurait aidé, lui. » Phœnix se mit à rire avec ostentation, répondant sans aucun tact « Moi ? Vous maltraiter ? J’essaie de vous sauver la vie, là ! » Il leva les yeux au ciel et ajouta « Croyez-moi, je suis bien plus calé en terme de blessure que ce pseudo-superman. Les sports-extrêmes, c’est mon truc. Et se prendre une planche dans le menton, ça fait partie des risques du métier … » Il haussa les épaules d’un air faussement désolé. Il avait vu pire que ce genre de choc, bien pire. Surtout en snowboard, où il était incapable de déterminer combien de fois il s’était retrouvé à l’hôpital. C’était un casse-cou, il avait ça dans le sang et il ne pouvait pas lutter contre cela. Il lui était déjà arrivé de heurter d’autres personnes, notamment ses amis, ou même ses frères et sœurs, mais dans la majorité des cas il se blessait tout seul. Il se tourna vers la jeune femme et lança « Vous savez, je me suis cassé le bras droit huit fois. » Il leva le bras en question pour illustrer son geste avec une certaine fierté. Cela lui fit oublier un court instant que l’inconnue pissait le sang, et il repensa à sa dernière chute fatale qui lui avait coûté un plâtre et une planche de snow cassée en deux. Cela lui fit penser qu’il avait perdu sa planche de skate, et il se mit à la chercher du regard. En vain. Il ne la trouva pas plus que tout à l’heure. Il se résigna finalement en posant son regard sur la brune dont la survie comptait sûrement plus qu’un bout de bois avec des roulettes.

L’histoire de doigts de pieds de Phœnix laissa la jeune femme dubitative. En même temps, c’était compréhensible. C’était une histoire à dormir debout, et Phœnix préféra ne pas s’étaler sur le sujet, même s’il était certain que tout cela était bien arrivé et qu’il ne racontait pas du baratin. Finalement, il se rappela qu’il était temps d’aller à l’hôpital. La jeune femme n’allait pas bien du tout et il n’avait aucune envie qu’elle agonise devant ses yeux. Quitte à perdre une planche, autant que cela serve à quelque chose. Kaliska attrapa la main qu’il lui avait tendu avec une certaine méfiance et Phœnix leva de nouveau les yeux au ciel en soupirant. Elle semblait mal en point, et il constata qu’elle souffrait du poignet également. « Trouvez un taxi maintenant. Et vite. » Ses pensées se confirmèrent. Elle n’allait pas tenir debout longtemps. Phœnix s’approcha de la route tout en la retenant précautionneusement et en profita pour parler de nouveau « Je fais de mon mieux mais il faut espérer tomber sur un taxi sympa … Ce qui est rare ici. En général je tombe sur des cons ou bien des mecs bizarres. » Phœnix agitait la main dès qu’il voyait un véhicule jaune, et une minute passa avant d’un taxi daigne s’arrêter devant eux. Phœnix aida la brune à s’installer avant de s’asseoir à ses côtés. Il donna l’adresse du Lennox Hill au chauffeur qui répondit par un grognement désintéressé. Puis, au bout de quelques minutes de trajet, ce chauffeur se mit à klaxonner avec frénésie et à jurer dans ses moustaches. Phœnix constata qu’il y avait une ligne immense de voitures devant eux. Evidemment. Il fallait s’y attendre. « Bon. Espérons qu’on y arrive à temps, et que je ne sois pas forcé de vous traîner sur le trottoir. » Il tenta un sourire, puis se tourna vers elle, reprenant son sérieux. « Je crois qu’on peut se tutoyer, non ? Une aventure pareille, ça créé des liens. Je m’appelle Phœnix. » Il sourit de nouveau, espérant tout de même que le trajet ne serait pas trop long.

désolé c'est naze, mais je suis crevé

Il riait ! Kaliska crut rêver. Comment pouvait-il se permettre de rire dans une situation pareille ? Ne voyait-il pas que une des choses dont rêvait la jeune femme à cet instant présent c'était de l'étrangler ? « Moi ? Vous maltraiter ? J’essaie de vous sauver la vie, là ! » Ouais, simple question point de vue hein. Sa vie n'aurait pas eu besoin d'être sauvé si elle n'avait pas été mise en danger. Et c'était le seul responsable à tout ça. Elle aussi elle mettrait sa vie en danger si elle survivait à ça. En l'écrasant avec une voiture par exemple, c'était sans aucun doute plus efficace qu'une planche à roulettes pour tuer quelqu'un. « Croyez-moi, je suis bien plus calé en terme de blessure que ce pseudo-superman. Les sports-extrêmes, c’est mon truc. Et se prendre une planche dans le menton, ça fait partie des risques du métier … » C'était peut-être son truc à lui mais ce n'était assurément pas celui de Kaliska. Si elle avait voulu se mettre aux sports extrêmes, elle l'aurait fait depuis longtemps. Si elle avait voulu se mettre au sport tout court d'ailleurs. Or, elle ne l'avait pas fait, pour une bonne raison : elle voulait garder la vie sauve et s'éviter ce type d'accident. Il fallait croire que ce n'était pas possible. Elle cherchait quelles insultes elle avait le plus envie de le dire là tout de suite mais avant qu'elle n'ait pu prononcé le moindre son, il reprit la parole. « Vous savez, je me suis cassé le bras droit huit fois. » Elle fronça les sourcils et le regarda vaguement désespéré. « Impressionnant. Vous voulez une médaille peut-être ? » Elle ne voyait même pas pourquoi il avait cru utile de lui dire ça, il pouvait se casser le bras autant de fois qu'il voulait si ça lui faisait plaisir, elle s'en moquait pas mal. En revanche, elle aurait pu être plus intéressée sur le fait de savoir combien de personnes il avait déjà failli tuer. Beaucoup sûrement vu à quel point c'était un danger.

Elle ne savait pas exactement comment elle arrivait à tenir debout, mais il y arrivait. Pas pour longtemps sûrement mais elle espérait que cela dure au moins jusqu'à ce qu'il trouve un taxi. « Je fais de mon mieux mais il faut espérer tomber sur un taxi sympa … Ce qui est rare ici. En général je tombe sur des cons ou bien des mecs bizarres. » Oh mais niveau mec bizarre, elle n'était plus à ça près. Pareil pour les cons. Il n'en avait peut-être pas conscience mais il rentrait exactement dans la conception que Kali se faisait des gens bizarres et des cons. Ce n'était pas la peine de le lui dire cependant, puisqu'elle ne devait compter sur son aide et même si cela lui déplaisait franchement, elle n'avait pas très envie qu'il la plante ici en la laissant se débrouiller seule. Il trouva un taxi assez vite, c'était sûrement la première chose qu'il faisait correctement depuis le début. Ce n'était pourtant pas pour ça qu'ils allaient arriver plus vite à l'hôpital. En effet, une importante ligne de voiture se dressait devant leur taxi. Elle était tellement importante que Kali se demandait si ils en verraient le bout un jour. Elle sûrement pas, elle allait mourir dans ce taxi. « Bon. Espérons qu’on y arrive à temps, et que je ne sois pas forcé de vous traîner sur le trottoir. » Kali fit une grimace. Ça, elle l'espérait vraiment et certainement beaucoup plus que lui d'ailleurs. « Je crois qu’on peut se tutoyer, non ? Une aventure pareille, ça créé des liens. Je m’appelle Phœnix. » Kali ne voyait vraiment pas en quoi une aventure pareille pouvait créer des liens mais elle n'avait vraiment pas le courage de le contredire à cet instant. Puis elle préférait qu'il la tutoie plutôt qu'il l'appelle madame comme il l'avait fait tout au début. « Hm, oui on peut. Moi c'est Kali. » Elle aurait pu ajouter qu'elle était enchanté de le rencontrer mais pour le coup, ça aurait vraiment été mentir. Elle jeta un regard impatient par la fenêtre et soupira. « Je crois qu'on ne va jamais arriver en fait... On ne peut pas se vider de son sang par le menton hein ? » Là, elle espérait vraiment qu'il allait la rassurer mais elle doutait qu'il en soit capable. Elle s'attendait quand même au pire venait de lui.

Encore heureux qu'il n'avait rien prévu pour aujourd'hui. Car s'il avait du se trimbaler une blessée toute la journée ,alors qu'il avait d'autres choses à faire, il aurait beaucoup moins rigolé. Pourtant, Phoenix finit par s'impatienter en regardant la file interminable de voiture qui se dressait devant eux. D'un côté, il n'était pas très friand des transports fermés, et de l'autre, il avait quand même un peu peur que la brune s'évanouisse dans ses bras. Il n'avait aucun brevet de réanimation ou autre chose de ce genre, et il n'était pas sûr que le chauffeur soit doué pour ça non plus … Le chauffeur en question ne cessa de klaxonner, à tel point que Phoenix soupira sans aucune discrétion, agacé par ce bruit qui n'avait rien de plaisant. « Euh, vous savez, les voitures vont pas avancer plus vite si vous klaxonnez. Y a pas moyen d'avancer devant, vous voyez bien. Alors à moins qu'elles montent sur le trottoir, ça va pas changer grand-chose. » Phoenix soupira de nouveau, espérant que le chauffeur n'allait pas mal prendre cette remarque, mais qu'il allait cesser tout son raffut. Il se contenta de pousser un grognement et d'ajouter « Si ça vous plait pas, vous n'avez qu'à sortir, vous et votre copine blessée » Phoenix songea que ce n'était pas si idiot, et que tout compte fait, il serait peut être plus ingénieux et surtout plus rapide d'y aller en marchant. Mais c'était aussi impossible à envisager, car Phoenix n'était pas sûr que la jeune femme ait assez de force pour se rendre au Lennox Hill.

Et puis vint le moment des présentations. « Hm, oui on peut. Moi c'est Kali. » Phoenix hocha la tête avec conviction, ravi de pouvoir mettre un nom sur sa victime. Kali. C'était étrange comme prénom. Il n'avait jamais entendu un truc pareil. « Sympa comme prénom. Ca vient d'où ? » Où l'art de lancer une conversation totalement inutile et à laquelle il n'accordait guère d'importance. A vrai dire, il voulait essayer de saisir sa chance de se rattraper, et s'intéresser à elle était un bon début. Il en profita pour ajouter « Oh et, au fait, excusez ... excuse moi ! pour le "madame" de tout à l'heure. C'était vraiment pas sympa mais bon, j'ai vu qu'une silhouette étalée par terre alors …» Phoenix haussa les épaules d'un air désolé, repensant à la scène. C'était vrai, en soi. Il n'avait vu qu'une femme écrasée sur le sol, et il n'avait pas vraiment fait attention à son visage. Il avait juste regardé ses vêtements et à première vue il avait conclut que c'était plutôt un look de femme d'âge mur. « Je crois qu'on ne va jamais arriver en fait... On ne peut pas se vider de son sang par le menton hein ? » Phoenix sembla réfléchir sérieusement, avant de se tourner vers elle et de répondre « Bof, j'en sais rien. Je crois qu'au pire vous .. euh, tu perdras un litre ou deux, mais tu en auras encore assez pour survivre le temps qu'on te transfuse et tout le tralala. » Il soupira, car il se voyait déjà en train de tourner en rond dans la salle d'attente tandis que Kali se faisait charcuter en salle d'opération. Il espéra tout de même que quelques points de sutures suffiraient, et qu'elle n'aurait pas besoin d'une greffe de peau.

Visiblement, elle n'était pas la seule à trouver que ça allait trop lentement. Il suffisait pour le prouver de regarder le chauffeur qui s'acharnait sur son klaxon. Enfin, même sans regarder, le bruit parlait de lui-même. La jeune femme n'aurait vraiment pas été surprise qu'il rende l'âme d'une seconde à l'autre, ça aurait fait tellement de bien aux oreilles de tout le monde. Cela ne se produisit pas néanmoins et il fallut attendre l'intervention du jeune homme assis à côté d'elle pour que le chauffeur daigne leur laissé du répit pendant quelques instants, au moins le temps de répondre que si ça ne lui plaisait pas, il pouvait toujours descendre. Ça bien sûr, c’était une très très mauvaise idée, si elle avait été capable de marcher jusque là-bas, elle ne serait sûrement pas monté dans son maudit taxi ! Elle ne se serait même pas laissé convaincre d'aller à l'hôpital, elle serait rentrée chez elle et puis c'est tout. Ça aurait été tellement mieux.

En attendant qu'ils arrivent enfin, Phoenix – puisque c'était comme ça qu'il s'appelait, semblait avoir décidé à ce qu'ils aient un semblant de conversation. Et bien sûr, pour ça, il avait inévitablement fallu commencé par des présentations. Après qu'elle lui ait finalement dit qu'elle s'appelait Kali, le jeune homme lui demanda d'où cela venait. Elle ne savait pas si cela l'intéressait vraiment ou s'il demandait juste ça histoire d'avoir quelque chose à dire, néanmoins, elle lui répondit quand même. « En fait, mon prénom en entier c'est Kaliska, c’est un truc nord-amérindiens il me semble. Enfin voilà quoi. » Elle se tut, ceci annonçait vraiment une conversation passionnante. Presque aussi intéressante que la conversation qu'elle avait eu au café un peu plus tôt. Vraiment, Phoenix pouvait être fier de lui, il était presque arrivé au même niveau que cette chère Rebecca. Un léger sourire apparut sur les lèvres de Kali lorsqu'elle pensa à ça mais elle le masqua aussi vite qu'il put, il n'avait vraiment pas besoin de savoir ce qui l'amusait. « Oh et, au fait, excusez ... excuse moi ! pour le "madame" de tout à l'heure. C'était vraiment pas sympa mais bon, j'ai vu qu'une silhouette étalée par terre alors …» La jeune femme fronça les sourcils. C'était cool qu'il s'excuse mais là il venait de lui rappeler quelque chose qu'elle avait presque réussi à oublier. Elle haussa les épaules. « Ça fait rien. » Et le plus surprenant, c'est qu'elle ne mentait pas, elle ne lui en voulait pas. Enfin pas pour ça en tout cas mais bon, elle avait déjà assez de raisons pour lui en vouloir donc ça ne faisait pas grande différence. En tout cas, elle avait eu raison de penser que Phoenix ne serait pas le mieux placé pour la rassurer. « Bof, j'en sais rien. Je crois qu'au pire vous .. euh, tu perdras un litre ou deux, mais tu en auras encore assez pour survivre le temps qu'on te transfuse et tout le tralala. » Un litre ou deux, rien que ça... Ce type était vraiment vraiment nul. Elle ne savait pas s'il en était déjà conscient mais si ce n'était pas le cas, elle devait le mettre au courant, c'était réellement très important. Elle décida d'essayer de lui dire avec gentillesse et tact. « Tu es vraiment nul, sache le. » Ouais, on avait déjà fait mieux hein. Mais Kaliska n'était pas franchement la personne disposant du plus de tact au monde. En plus de ça, elle n'avait pas très envie d'être gentille avec lui donc bon.

En jetant un coup d’œil par la fenêtre, Kali réalisa alors qu'ils avaient avancés. C'était donc ça l'étrange silence laissé par la fin des coups de klaxons incessants. Elle avait remarqué que le chauffeur avait arrêté ça un peu plus tôt mais elle avait simplement pensé que c'était à cause du fait qu'il avait cessé de fonctionner. Elle avait aussi envisagé que peut-être il avait écouté ce qu'avait dit Phoenix mais elle n'aurait jamais pu se douter que la raison était toute autre. Et pourtant, ils étaient presque arrivés ce qui était une excellente chose. Elle allait enfin pouvoir se débarrasser de Phoenix et du chauffeur râleur. « T'as de la chance, tu vas bientôt pouvoir envoyer quelqu'un d'autre à l'hôpital. »

« En fait, mon prénom en entier c'est Kaliska, c’est un truc nord-amérindiens il me semble. Enfin voilà quoi. » Phoenix hocha plusieurs fois la tête comme s’il méditait sur ce qu’elle venait de dire. Sauf que ce n’était pas la nouvelle du siècle, c’était même plutôt barbant comme conversation. Incapable de faire semblant de s’intérésser plus longtemps, Phoenix retrouva sa dérision légendaire « Kaliska. Ca fait un peu folklorique. Ou sauvage, un truc du genre. Tu viens d’une tribu Inuit? » Il reprima un rire, s’imaginant la jeune femme en train de faire la danse de la pluie, avec un chapeau en queue d’écureuil sur la tête. C’était vraiment très drôle quand on y pensait. Finalement, il sortit tout cela de ses pensées et reprit une expression qui se voulait sérieuse. Etonnament, la jeune femme semblait de plus en plus apaisée à mesure que le temps passait, et elle en arriva même à lui pardonner son lapsus de tout à l’heure. C’était impressionnant. Il fut soulagé de voir qu’elle ne le haïssait pas à mort, et qu’elle se comportait même de façon courtoise avec lui. C’était déjà ça de gagné. Quelqu’un en moins sur la liste d’ennemis susceptibles de venir l’attaquer dans son sommeil. Mais évidemment cela ne dura pas. Phoenix était Phoenix, et même s’il venait de blesser quelqu’un, il fallait toujours qu’il agisse sans réfléchir. « Tu es vraiment nul, sache le. » Phoenix leva les yeux au ciel. Il prit un air outré avant de répondre « Je suis peut être nul, mais j’suis pas un salop. Sinon je t’aurais abandonnée depuis longtemps sur le trottoir, et à l’heure qu’il est tu seras en train de te faire piétiner. » Phoenix accompagna ses paroles d’un soupir de satisfaction, puis tourna son regard vers la fenêtre.

Miracle. Ils avançaient. « T'as de la chance, tu vas bientôt pouvoir envoyer quelqu'un d'autre à l'hôpital. » Phoenix se tourna vers Kaliska et la gratifia d’un sourire. « Oh, je crois que j’ai atteint mon quota pour aujourd’hui. » Le jeune homme songea qu’il en avait assez vu et qu’il allait bannir le skate de ses activités pour les jours à venir. Il n’avait pas envie de revivre ce genre d’aventures pour le moment. « C’était très sympa hein, mais j’ai vraiment pas envie de me la jouer superman à nouveau. Vu la façon dont les gens vous remercient de nos jours … » Il secoua la tête d’un air déploré, puis le taxi se gara enfin dans la cohue face à l’hopital. Il y avait là des tas d’ambulances et de voitures garées en vrac et les gens rentraient par vagues. Un après-midi chargé en urgence, apparemment. Phoenix avait oublié la rapidité du service hospitalier new-yorkais … Ils descendirent du taxi et Phoenix s’assura que Kaliska tenait sur ses deux jambes. L’hémorragie s’était calmée mais demeurait active et ça n’avait rien de rassurant. Pourtant Phoenix s’arrêta net en face de l’entrée, doublé par un homme très pressé. Il regarda Kali, sourcils froncés. « Y en a pour trois heures à attendre. A quoi bon se presser ? » Evidemment, il disait ça de façon intéressée. Il fouilla dans sa poche, tira un paquet de cigarettes et l’agita devant les yeux de la jeune femme « Tu peux bien attendre un petit peu non ? J’ai besoin de ma dose, chérie, la trajet était long et dans toute cette agitation j’ai pas eu le temps d’en fumer une. » Il illustra ses paroles en s’emparrant d’une clope et en la coincant entre ses lèvres, avant de l’allumer. Il accompagna tout cela d’un sourire un peu méprisant.

« Kaliska. Ca fait un peu folklorique. Ou sauvage, un truc du genre. Tu viens d’une tribu Inuit? » Kaliska essaya de se souvenir pourquoi elle avait cru bon de répondre à sa question d'avant. Elle savait pertinemment que ça ne l'intéressait pas et qu'il réponde une chose pareille ne l'étonnait vraiment pas. Phoenix était définitivement un des pires crétins qu'elle ait pu rencontrer dans sa vie et pourtant, elle en avait rencontré pas mal. Cette fois, elle ne répondit rien et le va simplement les yeux au ciel, le laissant se marrer tout seul dans son coin. Elle serait peut-être tranquille plus de trois minutes avant qu'il ne sorte une autre remarque à mourir de rire qui réussirait seulement à l'agacer d'autant plus. « Je suis peut être nul, mais j’suis pas un salop. Sinon je t’aurais abandonnée depuis longtemps sur le trottoir, et à l’heure qu’il est tu seras en train de te faire piétiner. » Elle aurait tellement préféré qu'il l'abandonne sur le trottoir, au moins, elle n'aurait pas eu à le supporter le temps d'un long voyage en taxi. D'ailleurs, elle lui avait demandé de partir, il ne l'avait juste pas écouter. Elle restait persuadée en plus qu'elle aurait pu s'en sortir toute seule ou, qu'au moins, elle aurait réussi à trouver une personne un peu moins dérangée et pénible que lui pour l'aider. « Mouais, simple question de point de vue hein. Puis, je me demande si j'aurais pas préféré me faire piétiner. » Elle se tut et fixa les rues qui défilaient à l'extérieur. Sa plus grande hâte était qu'ils arrivent même si l'idée de rentrer dans un hôpital ne lui plaisait pas énormément.

Mais ils n'étaient pas encore arrivé et Phoenix trouva une nouvelle fois l'occasion de l'irriter. Elle en était un peu responsable cette fois, c'était elle qui avait cru bon de mentionner qu'il allait pouvoir envoyer quelqu'un d'autres à l'hôpital maintenant. « C’était très sympa hein, mais j’ai vraiment pas envie de me la jouer superman à nouveau. Vu la façon dont les gens vous remercient de nos jours … » Elle fronça les sourcils, en d'autres circonstances elle aurait peut-être pu trouver Phoenix drôle mais là, elle n'y arrivait vraiment pas. « Sûr que je vais te remercier pour m'avoir envoyer directement à l'hôpital ! C'est la manière rêvée pour finir une journée. » Heureusement pour elle, le taxi se gara à ce moment-là et après avoir soupiré, elle sortit du véhicule aussi vite qu'elle le pouvait. Elle n'aurait jamais cru pouvoir être aussi soulagée de mettre les pieds dans ces lieux. Elle avança vers l'entrée, Phoenix à ses côtés et freina en voyant que le jeune homme s'était arrêté. « Y en a pour trois heures à attendre. A quoi bon se presser ? » Ouais, c'était un peu le principe des urgences, faire attendre les gens pendant des années pour trois fois rien mais bon, c'est lui qui avait voulu qu'elle vienne là. « Tu peux bien attendre un petit peu non ? J’ai besoin de ma dose, chérie, la trajet était long et dans toute cette agitation j’ai pas eu le temps d’en fumer une. » Elle le fusilla du regard alors qu'il sortait une clope. Trop, c'en était vraiment trop là. « Ne m'appelles pas chérie. Fais ce que tu veux, ça m'est égal. Je n'ai pas besoin de toi. Je n'ai jamais eu besoin de toi en fait. » Elle secoua la tête avant de se remettre à marcher vers l'entrée. Qu'il parte puisqu'il n'attendait que ça, elle s'en moquait. Tout ce qu'elle voulait, c'était que tout ça finisse au plus vite.

« Sûr que je vais te remercier pour m'avoir envoyer directement à l'hôpital ! C'est la manière rêvée pour finir une journée. » Pour toute réponse, Phoenix se mit à rire très grossièrement et sans aucune retenue, visiblement très amusé par ce qu'elle venait de dire. A quoi bon déprimer ? Le mal était fait, ce n'était rien qu'une petite égratignure et elle n'allait pas en mourir. Du moins, il l'espérait. Il décida ensuite de s'arrêter pour fumer, car après tout attendre ici ou dedans revenait au même : ils n'étaient pas près de passer. Pourtant, son geste ne sembla pas plaire à Kaliska, qui se mit à froncer les sourcils tout en s'exclamant « Ne m'appelles pas chérie. Fais ce que tu veux, ça m'est égal. Je n'ai pas besoin de toi. Je n'ai jamais eu besoin de toi en fait. » Phoenix écarquilla les yeux. Il se croyait dans une scène de soap ringard, au beau milieu d'une rupture douloureuse. Et Kaliska était vraiment très bonne actrice. Il secoua la tête rapidement, la suivant alors qu'elle se dirigeait vers l'entrée. Seulement, elle y pénétra avant qu'il n'ait le temps de la rattraper, si bien qu'il se stoppa net devant les portes, cigarette à la main. Il soupira bruyamment, regarda sa clope, Kaliska, sa clope, Kaliska, et encore sa clope, puis finalement il la balança par terre à contre coeur et entra à son tour. Il atteignit Kaliska très vite, l'attrapant par le bras pour qu'elle se retourne. Il plongea son regard dans le sien, l'air très sérieux, puis lança « Ohé, ça va, excuse moi. Je pensais pas que ça te dérangerait. » Il esquissa un léger sourire, sincère malgré tout ce qu'il avait pu dire. Mais avec Phoenix cela ne durait jamais, si bien qu'il se mit à parler de nouveau, cette fois en plaisantant « Et je sais que t'as pas besoin de moi mais je partirais pas, pas tant qu'il t'auront pas arrangé ça. Et tu vas pas mourir, je te le promets, quitte à ce que je prenne en otage les infirmières. Donc, c'est pas la peine de froncer les sourcils, parce que déjà c'est moche, et en plus ça fait ressortir tes origines Inuit. » Il cessa de parler, lui lançant un large sourire, puis l'attrapa par le coude pour qu'elle se retourne et il la tira vers l'accueil, d'un pas déterminé.

« C'est pour quoi ? » lança l'infirmière-secrétaire-naine, en regardant Phoenix et Kaliska par dessus ses lunettes. Phoenix leva les yeux au ciel, posant ses deux mains sur le comptoir d'un air las « Ben ça se voit pas ? Elle est en train de tacher tout votre comptoir avec son menton qui pisse le sang. Donc euh, c'est pour ça qu'on est là. » L'infirmière soupira, lançant un regard noir à Phoenix, puis elle s'adressa à Kaliska, lui demandant quelques renseignements de base. Phoenix tapota nerveusement des mains, pressé qu'ils en aient terminé avec toute la paperasse et le blabla inutile. Elle souffrait, ce n'était donc pas suffisant ? Quand enfin ils eurent terminé, le jeune homme soupira bruyamment, et la secrétaire se tourna de nouveau vers lui tout en s'exclamant d'un air méprisant « Très bien vous pouvez aller patienter dans la salle d'attente, sur votre droite. Jeune homme, profitez en pour récupérer quelques compresses, afin de colmater la plaie de votre amie. Un médecin viendra s'occuper de vous le plus vite possible. » Phoenix fronça les sourcils et répondit aussitôt « Ca veut dire quoi, le plus vite possible ? » « Le plus vite possible, monsieur. Figurez vous qu'on vient de recevoir en urgence une femme qui s'est coincée la main dans son mixeur. » Phoenix fit une grimace, tout en s'éloignant peu à peu du comptoir, sans rien répondre. Son silence suffisait. Kaliska avança vers la salle d'attente tandis qu'il attrapait quelques compresses au passage. Finalement il rejoignit Kaliska qui s'était installée sur un siège, lui tendit les compresses et soupira tout en s'installant à côté d'elle.

Kaliska était arrivée à la hauteur des portes d'entrées. Elle avait cessé de prêter toute attention à l'autre abruti depuis qu'elle l'avait laissé seul avec sa cigarette et était bien contente de s'être débarrasser de lui. Elle était persuadée que s'énerver n'était pas bon pour elle dans l'état où elle était et la présence de Phoenix ne lui apportait rien d'autres que de l'agacement donc tout était pour le mieux maintenant. Enfin si on omettait le fait qu'elle était en train de pisser le sang et qu'elle avait affreusement mal partout bien sûr. Elle passa la porte et l'odeur de désinfectant propre à l'hôpital lui saisit le nez. La jeune femme fronça les sourcils et fit de son mieux pour essayer de faire abstraction de tout ça. Elle n'eut pas vraiment de mal parce que c'est ce moment-là que choisit Phoenix pour lui attraper le bras. Elle n'eut aucun mal à deviner que c'était lui parce qu'il n'y avait que lui pour attraper comme ça le bras qui justement la faisait souffrir. Quand elle disait qu'elle se portait bien mieux en son absence, elle n'avait pas tord. Elle grimaça tandis que l'autre était en train de parler. « Ohé, ça va, excuse moi. Je pensais pas que ça te dérangerait. » Mais ça ne la dérangeait absolument pas, il pouvait fumer autant qu'il le voulait elle n'en avait rien à faire. Il n'avait vraiment rien compris. « Et je sais que t'as pas besoin de moi mais je partirais pas, pas tant qu'il t'auront pas arrangé ça. Et tu vas pas mourir, je te le promets, quitte à ce que je prenne en otage les infirmières. Donc, c'est pas la peine de froncer les sourcils, parce que déjà c'est moche, et en plus ça fait ressortir tes origines Inuit. » Elle soupira. « Même si je suis flattée que tu m’aie préféré à ta cigarette, dégage. J'ai décidé que t'étais nocif. » Voilà, comme ça c'était dit. « Oh et, avant que tu partes, sache que je n'ai aucune origine inuit okay. » Elle ne savait pas pourquoi elle s'était donnée la peine de préciser ça, c'était tellement inutile de lui dire quoique ce soit.

Elle était quand même arrivée devant le bureau d'accueil de l'hôpital, Phoenix toujours là. C'est lui qui parla à l'infirmière que Kali décida de détester avant même qu'elle ait dit le moindre mot. Et cela ne s'arrangea pas quand elle ouvrit la bouche et que Kali comprit qu'en plus d'avoir l'air conne et méchante, elle était également stupide. Elle dut alors répondre à des questions de base, et s'occuper de la paperasse, choses tout à fait inutiles d'ailleurs. Heureusement que son cas n'était pas vraiment une urgence sinon elle aurait eu le temps de mourir dix fois rien que le temps de remplir un seul de ces papiers. Finalement, elle s'entendit dire qu'elle devait allait s'installer dans la salle d'attente en attendant un médecin. Chose qui n'était pas prête d'arriver puisqu'apparemment une femme s'était coincé la main dans son mixeur. Kali fronça les sourcils en entendant ça, même à elle ce genre de truc n'arriverait pas. Il fallait dire aussi qu'elle n'avait pas de mixeur donc ça réduisait considérablement les risques. Quand elle arriva près du siège pour s'asseoir, elle était en train de se demander ce qui était le plus ridicule te le plus risible entre un accident de mixeur et un accident de skate. Le premier sans aucun doute ! Phoenix lui tendit les compresses avant de s'installer à côté d'elle. Kali le remercia d'un simple signe de tête, elle l'appréciait un peu plus depuis qu'il s'était occupé de parler à l'infirmière, évitant à la jeune femme de piquer une crise, mais il ne fallait pas trop lui en demander non plus. La brune tenta de colmater la plaie du mieux qu'elle le pouvait, elle devait vraiment avoir une tête à faire peur, pas assez pour passer comme une urgence mais quand même. « Tu sais, tu ne fais rien correctement, t'aurais au moins pu... je sais pas, t'y prendre mieux pour qu'au moins on est pas à attendre deux heures, en me cassant les deux jambes par exemple. » Elle essaya de s'imaginer avec les deux jambes cassées et fini par secouer la tête. « Ouais, non oublie, je t'aurais tué si t'avais fait ça. »

« Même si je suis flattée que tu m’aie préféré à ta cigarette, dégage. J'ai décidé que t'étais nocif. [...] Oh et, avant que tu partes, sache que je n'ai aucune origine inuit okay. » Whoooo, elle ne rigolait plus, pour le coup ! Phoenix arqua les sourcils d'un air outré, mais au bout de quelques secondes, un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Kaliska était plutôt drôle, en fait. Un peu rude sur les bords, mais Phoenix trouvait sa présence agréable et il aimait la façon dont elle lui disait d’aller se faire voir. Elle lui rappelait … lui-même, son impulsivité et son tempérament borné. Finalement il ne regrettait plus de lui avoir envoyé son skate en pleine figure, car avec le recul et il était content que son après-midi ait pris une tournure différente. Par contre il n’était pas sûr que ce soit le cas de la jeune femme. Mais peu l’importait. Il avait trouvé une fille comme lui, et c’était plutôt cool finalement. C’était toujours plus drôle que ces filles qui disent oui à tout et n’ont aucune conversation. Un fois passés par l’accueil, les deux individus se dirigèrent vers la salle d’attente, où ils s’installèrent. Phoenix jeta un oeil à Kali qui essayait tant bien que mal de diminuer le flot de sang qui lui sortait par le menton. Il fit une grimace, ce qui était supposé lui montrer qu’il la soutenait dans cette épreuve, mais ça ressemblait plus à une expression de dégoût. Pourtant, il était un habitué du sang, et ce qu’il voyait ne lui faisait pas peur. C’était juste que là … Son visage était devenu tout pâle et elle ne s’arrêtait pas de saigner, si bien qu’elle ressemblait à un espèce de vampire. Pas très rassurant. Phoenix attrapa un magazine qui trainait sur le côté, le feuilleta grossièrement, puis tomba sur un article qu’il lut à voix haute. « Tu savais que le dauphins pouvaient nager et dormir en même temps ? » Phoenix croisa le regard de Kaliska, lui montrant du doigt l’article en souriait niaisement.

Les minutes passaient, toujours aucun médecin. Kaliska semblait commencer à perdre patience « Tu sais, tu ne fais rien correctement, t'aurais au moins pu... je sais pas, t'y prendre mieux pour qu'au moins on est pas à attendre deux heures, en me cassant les deux jambes par exemple. » Phoenix répondit par un rire qui réveilla la grand mère qui somnolait à côté de lui. Il regarda Kali, amusé, puis regarda ses jambes et s’imagina comment il aurait pu les casser avec un skate. Il prenait le défi. Peut être que Kali remarqua la lueur qui brillait dans ses yeux, ou bien peut être qu’elle changea juste d’avis, en tout cas elle lança « Ouais, non oublie, je t'aurais tué si t'avais fait ça. » Il se mit à rire de nouveau, puis attrapa la compresse qu’elle avait dans la main et se chargea d’appuyer sur la plaie tout en restant le plus doux possible. Il leva les yeux vers elle, puis lança « Oh tu sais même avec une jambe cassée ils t’auraient laissé attendre. Ca m’est arrivé il y a trois ans, accident de snowboard. J’ai attendu une heure trente avant qu’ils se rendent compte que c’était pas juste une entorse. » Il haussa les épaules. Mauvais souvenir. Puis il ajouta « Non, la meilleure solution aurait été d’avoir un mixeur sous la main. Mais c’est pas le genre de truc que les filles transportent avec elles, même si elles ont tout un tas de bordel inutile dans leur sac à main … » Phoenix accompagna ses paroles d’un sourire malicieux, puis il fut interrompu par un interne qui venait d’arriver dans la salle, calepin en main. « Mademoiselle …Aix ... euh ...» Il fronça les sourcils, avant de placer des lunettes sur le bord de son nez. Il ouvrit grand les yeux, s’exclamant « Ayling, pardon ! Mademoiselle Ayling, venez avec moi. » Une rousse en tenue de course se leva, boitant de la jambe droite. Phoenix la regarda s’éloigner, avant de se tourner vers Kaliska et de remarquer qu’elle était sur le point d’exploser. Il écarquilla les yeux.

Attendre, attendre, attendre... C'était tout ce qui restait à faire maintenant. Sauf que Kali n'avait jamais été douée d'une grande patience et que la douleur n'arrangeait rien à ça. Du coin de l'oeil, elle vit Phoenix se saisir d'un magazine. Elle se demanda vaguement pourquoi il faisait ça étant donné qu'il ne devait même pas savoir lire. « Tu savais que le dauphins pouvaient nager et dormir en même temps ? » En fait, si, il savait lire et c'était bien triste pour elle. Au moins, s'il n'avait pas su, elle n'aurait pas été forcée d'entendre des trucs dont elle avait autant rien à faire comme ça. EN plus de ça, il arborait un sourire tellement niais que la jeune femme avait bien envie d'attraper la magasine qu'il tenait dans la main pour le frapper avec. « C'est vraiment, vraiment trop cool pour eux. Je suis RAVIE d'apprendre ça. Ça va changer le cours de ma vie. » Elle s'appuya sur le siège derrière elle en soupirant.

Ce qu'elle venait de dire devait visiblement être drôle vu que Phoenix se mit à rire. Elle fronça les sourcils, elle ne voyait vraiment pas comment il avait pu trouver matière à rire là-dedans. Ce type était décidément vraiment très bizarre. Il attrapa ensuite une des compresses qu'elle tenait et la mexicaine eut un regard vaguement inquiet. Elle n'était pas sûre de vouloir que cette brute se charge de colmater la plaie. Étonnement, il se montra un peu plus doux qu'avant et Kali poussa un soupir de soulagement. « Oh tu sais même avec une jambe cassée ils t’auraient laissé attendre. Ca m’est arrivé il y a trois ans, accident de snowboard. J’ai attendu une heure trente avant qu’ils se rendent compte que c’était pas juste une entorse. » Mais ça, c'était normal. Les médecins dans les hôpitaux voulait juste du sang alors quelqu'un avec une simple jambe cassée ça ne pouvait vraiment pas les intéresser. Kali n'aurait néanmoins pas la patience d'attendre une heure trente avant d'aller incendier la pauvre femme derrière son bureau. « Non, la meilleure solution aurait été d’avoir un mixeur sous la main. Mais c’est pas le genre de truc que les filles transportent avec elles, même si elles ont tout un tas de bordel inutile dans leur sac à main … » Bah voyons. A choisir, elle préférait toujours attendre plutôt que se retrouver avec la main coincée dans un mixeur. Elle ne savait vraiment pas à quoi pouvait ressembler une main après ça et elle préférait éviter d'y réfléchir d'ailleurs. « Bah surtout que j'ai pas de mixeur du tout donc ce serait difficile. Et c'est faux ce que tu dis, tout ce qui est dans mon sac est utile. » Et pourtant son sac était vraiment très lourd.

Ce qui devait être un interne arriva et Kaliska le regarda espérant entendre son nom. Il valait mieux pour sa vie qu'il n'appelle pas quelqu'un d'autres. « Mademoiselle …Aix ... euh ...» Il avait pourtant très bien commencé mais cet imbécile décida de se reprendre. « Ayling, pardon ! Mademoiselle Ayling, venez avec moi. » Le sang de la jeune femme ne fit qu'un tour tandis qu'un jeune femme rousse et boiteuse s'éloignait. Boiteuse ! Cette petite imbécile boitait juste et elle passait quand même avant elle alors que la brune se vidait de son sang. Elle les regarda s'éloigner sans rien dire et puis, à un moment, elle sentit qu'elle allait exploser. Elle vit vaguement Phoenix se tourner vers elle mais l'ignora et se releva à ce moment-là. La colère semblait avoir décuplé sa force. Elle se dirigea d'un vers décidé vers l'accueil vers l'autre imbécile qui la regarda de haut en bas d'un air méprisant. « Je viens vous dire que je vais rentrer chez moi. Parce que de toute façon, que ce soit ici ou là-bas, je serais aussi bien soigner donc bon. Oh et, sérieusement, revoyez l'ordre de priorité de vos patients. Parce que, une boiteuse alors que je me vide de mon sang vraiment. » Elle laissa échapper un reniflement dédaigneux. « Et j'espère que vous aurez ma mort sur la conscience. » Après ça, elle tourna les talons, faisant de son mieux pour avoir l'air toujours aussi décidée mais elle avait de plus en plus mal. En tout cas, elle aurait vraiment du songer à faire carrière dans le théâtre, elle aurait été très douée pour jouer dans des tragédies. Elle arriva à la hauteur de Phoenix et réussit à lui faire un sourire. Maintenant qu'elle avait passée ses nerfs sur quelqu'un, elle pouvait se le permettre. Surtout qu'en fin de compte, elle ne le détestait pas tant que ça. « T'as de la chance mec, tu vas pouvoir fumer quand même finalement. A moins que tu ne préfères apprendre d'autres trucs passionnant à propos des dauphins. »

C'est très nul Mais tu m'aime donc c'est pas grave

« C'est vraiment, vraiment trop cool pour eux. Je suis RAVIE d'apprendre ça. Ça va changer le cours de ma vie. » Phoenix leva les yeux vers elle, estomaqué. Alors maintenant elle se moquait de lui ? Il fronça les sourcils, mécontent de voir qu'elle se fichait éperdument des dauphins. Après tout il avait juste fait ça pour lui changer les idées, il aurait très bien pu lire le magazine dans son coin sans rien dire, et elle, elle osait lui répondre comme ça ? Il était énervé. « Tu sais quoi, tu ne devrais pas être si ironique, parce que tu pourrais très bien mourir dans les minutes qui viennent. » Il marqua une pause, puis reprit, comme s'il la sermonnait « Tu devrais être heureuse que je t'apporte un peu de savoir avant que tu flanches, ma vieille. Les dauphins sont des animaux très intéressants et tu ne devrais pas te moquer comme ça. Le monde ne tourne pas autour de ton menton ensanglanté. » Bon il était un peu trop susceptible, surtout sur un sujet pareil, auquel il n'accordait pas plus d'importance qu'elle. Jusqu'à lors, Phoenix ne s'était jamais préoccupé de la vie des dauphins. C'était juste qu'il était entêté de nature et n'aimait pas qu'on le contredise.

Quelques minutes plus tard, Kaliska semblait avoir écarté la possibilité de se casser les deux jambes. C'était peut être mieux ainsi, car Phoe n'avait pas spécialement envie de lui briser les os, là comme ça. Ca risquait d'effrayer les gens et de nécessiter un peu de force, or il n'avait pas tellement envie de faire des efforts pour elle. Il avait évoqué l'idée du mixeur, mais ça ne semblait pas lui convenir non plus. Décidément elle n'était jamais contente ! C'était bien une fille … « Bah surtout que j'ai pas de mixeur du tout donc ce serait difficile. Et c'est faux ce que tu dis, tout ce qui est dans mon sac est utile. » Phoenix fit une grimace, puis leva les yeux au ciel « Ben j'ai plus d'idées moi, t'es jamais contente ! » Il marqua une pause, jetant un coup d'œil au sac de la jeune femme. Il lui lança un regard interrogateur « Si tu n'as pas de mixeur là-dedans alors explique moi ce que tu transportes, un micro-ondes ? » Il leva de nouveau les yeux au ciel, soupirant d'agacement.

Décidément depuis que l'interne était passé, Kaliska n'avait pas l'air dans son assiette. Il ne savait pas si c'était l'un des effets de l'hémorragie, en tout cas il n'aimait pas ça du tout. Finalement elle se leva d'un bond. Elle semblait très en colère, et Phoenix ne sut pas vraiment comment réagir, alors il la regarda sans bouger. Elle reprit de chemin de l'accueil et il se pencha pour voir ce qu'elle allait faire, estomaqué. Il l'entendit faire une scène et se retint d'éclater de rire. Mais c'en était trop, d'autant plus qu'il l'entendit ajouter « Et j'espère que vous aurez ma mort sur la conscience. ». Cette fois là il se mit à rire, cachant son visage dans son magazine passionnant. Il savait que les gens le regardaient et s'imaginaient que Kaliska était sa copine et qu'elle était vraiment sans-gêne d'aller gueuler comme ça. Lorsqu'il sortit sa tête du magazine, la jolie brune était revenue et il se mordilla la lèvre inférieure pour ne pas rire de nouveau. « T'as de la chance mec, tu vas pouvoir fumer quand même finalement. A moins que tu ne préfères apprendre d'autres trucs passionnant à propos des dauphins. » Il se raidit aussitôt, regardant son magazine, puis de nouveau Kali, et répondit, sourcils froncés « Pas question qu'on parte de là. T'as besoin qu'on te soigne ça, chérie, et sauf tu me laisses te faire des points de suture moi-même, vaudrait mieux qu'on se trouve un médecin tout de suite. » Il jeta son magazine en se levant, d'un air déterminé, attrapa son poignet et se mit à marcher vers l'accueil. Mais il ne s'arrêta pas, marchant droit devant lui sans lâcher Kaliska. Finalement il arrêta ce qui semblait être un médecin, et s'exclama « Bon, ça fait trois heures qu'on est là, et elle va tomber dans les pommes si ça continue ! Je sais bien que certaines personnes coincent leurs mains dans des mixeurs et tout ça, mais honnêtement ils avaient qu'à être moins feignants et à utiliser leurs mains –quand ils en avaient- pour touiller eux-mêmes leur soupe. » Il marqua une pause, reprenant son calme un instant « Occupez vous d'elle, tout de suite. » Le médecin sembla déstabilisé, visiblement il manquait d'assurance et Phoenix lisait la culpabilité dans ses yeux. En même temps il l'avait chopé alors qu'il traînait dans les couloirs, c'était normal. Il aurait du être en train d'examiner tous ces gens qui patientaient là-bas. Phoenix lui lança un regard noir, attendant qu'il réponde. Le médecin bégaya « Euh, je … Oui, très bien, je … Avez-vous des antécédents mademoiselle, des … allergies quelconques ? » Phoenix leva les yeux au ciel, lâchant brutalement le poignet de la jeune femme avant de s'exclamer « Non mais qu'est ce que ça peut vous foutre qu'elle soit allergie à la banane ou aux poils de chats ? Elle doit juste se faire recoudre le menton ! » Bon il fallait peut être qu'il calme ses nerfs là. Le médecin ouvrit grand les yeux, un peu perdu et effrayé de dire quoi que ce soit. Au bout de quelques secondes, Phoenix se calma, et décida qu'il avait été très clair et qu'il était maintenant temps pour le médecin de faire son travail.

c'est pas nul et oui je t'aime et désolé par contre moi c'est du grand n'importe quoi

Kaliska ne savait pas ce qu’elle avait bien pu dire de mal mais apparemment, elle aurait mieux fait de se taire vu la réaction du jeune homme. « Tu sais quoi, tu ne devrais pas être si ironique, parce que tu pourrais très bien mourir dans les minutes qui viennent. » Il était tellement sympathique, c’était impressionnant. Et rassurant ! C’était exactement le genre de personnes qu’on voulait avoir près de soi quand on était comme ça en train d’attendre dans un hôpital. « Tu devrais être heureuse que je t'apporte un peu de savoir avant que tu flanches, ma vieille. Les dauphins sont des animaux très intéressants et tu ne devrais pas te moquer comme ça. Le monde ne tourne pas autour de ton menton ensanglanté. » Elle leva les yeux au ciel, tout ça pour des dauphins à la noix quoi. Elle ne savait pas qu’ils lui tenaient autant à cœur, sinon elle se serait bien gardé de tout commentaire. « Excuse-moi, excuse-moi, je savais pas que t’étais un fanatique des dauphins hein. » En tout cas, il n’était définitivement pas très net comme gars. A côté de lui, elle apparaissait comme la plus normale des filles au monde.

Kali avait écarté toutes les idées susceptibles de la faire passée plus vite ici et la jeune homme avait l’air agacé. Il avait un peu tendance à être agacé pour un rien en fait, presque plus irritable qu’une fille dans sa mauvaise semaine. « Ben j'ai plus d'idées moi, t'es jamais contente ! » Il n’avait pas tout à fait tord là-dessus mais Kali se garda bien de lui donner raison quand même. Elle se contenta donc de lever les yeux au ciel. « Si tu n'as pas de mixeur là-dedans alors explique moi ce que tu transportes, un micro-ondes ? » Kali regarda son sac puis Phoenix puis son sac à nouveau. Elle voulait bien admettre que son sac était un peu rempli et tout mais un micro-onde quoi, il ne fallait rien exagérer non plus. « Oui bien sûr, je me balade partout avec mon micro-onde. Normal quoi, on sait jamais au cas où j’aurais un petit creux. Puis j’ai mon frigo aussi, histoire de, tu vois bien. » Désespérant.

Après ça, elle s’était rendue jusqu’au bureau d’accueil pour faire une scène à l’espèce de secrétaire qui ne servait strictement à rien. Elle était très fière de sa scène soit dit en passant. Mais Phoenix vint gâcher la fin dramatique qu’elle avait prévue. A savoir qu’elle quittait l’hôpital et mourrait quelque part entre ici et chez elle à cause de l’incompétence des gens qui travaillaient dans ce lieu. A la place de ça, elle fut forcer de rester là parce que monsieur l’avait décidé. « Pas question qu'on parte de là. T'as besoin qu'on te soigne ça, chérie, et sauf tu me laisses te faire des points de suture moi-même, vaudrait mieux qu'on se trouve un médecin tout de suite. » En même temps, dit comme ça, elle pouvait difficilement protester. Elle ne savait pas trop pourquoi mais elle ne croyait pas aux compétences de Phoenix en matière de point de suture. Et comme elle n’avait pas envie de se faire charcuter, la seule solution était donc de rester ici. Mais elle refusait d’attendre plus longtemps. Soit, l’autre semblait avoir compris si parce qu’il l’attrapa par le poignet – le mauvais bien sûr, celui qui lui faisait mal depuis qu’elle était tombé – et la tira jusqu’à ce qu’ils croisent un médecin. « Bon, ça fait trois heures qu'on est là, et elle va tomber dans les pommes si ça continue ! Je sais bien que certaines personnes coincent leurs mains dans des mixeurs et tout ça, mais honnêtement ils avaient qu'à être moins feignants et à utiliser leurs mains –quand ils en avaient- pour touiller eux-mêmes leur soupe. » Kaliska avait beau n’aimer aucun membre du personnel hospitalier, médecins compris, elle arriva presque à compatir pour le pauvre qui se trouvait là et qui n’avait pas l’ai de savoir quoi faire. Enfin, au moins, Phoenix avait eu le mérite d’obtenir que l’autre s’occupe d’elle. C’était fou, elle, elle pouvait piquer sa crise sans que personne ne fasse rien et lui, il arrivait à lui trouver un médecin. Enfin, elle n’allait pas trop s’en plaindre parce que c’était sûrement la première fois qu’il faisait quelque chose d’utile et de bien depuis leur merveilleuse rencontre. Encore un truc comme ça et elle allait peut-être devoir réviser sa théorie comme quoi il était nocif. Bon, elle était tranquille, il y avait quand même peu de chance que ça arrive. « Euh, je … Oui, très bien, je … Avez-vous des antécédents mademoiselle, des … allergies quelconques ? » Elle fronça les sourcils. Tout compte fait, elle n’était pas sûre de vouloir qu’un médecin qui savait à peine parler s’occupe d’elle. Après tout, s’il n’arrivait pas à faire une phrase digne de ce nom, il y avait peut-être d’autres choses qu’il ne savait pas faire correctement, recoudre un menon par exemple. « Non mais qu'est ce que ça peut vous foutre qu'elle soit allergie à la banane ou aux poils de chats ? Elle doit juste se faire recoudre le menton ! » A ce moment là, Kali réalisa que le problème de venait pas du médecin mais du jeune homme. C’est pour ça que lorsque le médecin s’avança en leur faisant signe de le suivre, elle se tourna vers Phoenix avant de prendre la parole. « Je crois que tu devrais rester là, tu lui fais peur et j’ai pas envie qu’il rate tout à cause de toi. En plus, je dois lui dire que je suis une femme battue et ça le fait carrément pas si t’es là. » Elle suivit ensuite le médecin. Très contente parce qu’elle allait enfin pouvoir rentrer chez elle bientôt.



Vrai Mais c'était bien quand même Par contre là xDDD Tu peux admirer l'inutilité totale de ma réponse

« Je crois que tu devrais rester là, tu lui fais peur et j’ai pas envie qu’il rate tout à cause de toi. En plus, je dois lui dire que je suis une femme battue et ça le fait carrément pas si t’es là. » Phoenix leva les yeux au ciel, agacé mais en même temps plutôt d’accord avec ce qu’elle disait. Il commençait à péter les plombs dans cet hôpital, et il valait mieux, pour la santé de tous, qu’il reste à l’écart de toute cela. Il soupira longuement, avant de dire « Très bien, je t’attendrais là. Bon courage, j’espère pour toi qu’il était attentif en cours de couture. Parce que si ce n’est pas le cas, tu risques de souffrir et je ne serais pas là pour te tenir la main. » Il haussa les épaules d’un air compatissant, puis la regarda s’éloigner en lui faisant coucou de la main. Quand elle fut sur le point d’entrer dans la pièce, il leva le pouce d’un air faussement encourageant. Son sourire hypocrite disait clairement ‘ tu vas morfler ma vieille, accroche toi’, et il tourna les talons, revenant sur ses pas jusqu’à la salle d’attente ou il s’installa à la même place que tout à l’heure. Il constata que son magazine n’était plus là et il fronça les sourcils, balayant la salle du regard à la recherche du voleur. Quelqu’un avait osé lui piquer SON magazine ? Alors qu’il était en pleine lecture sur le mode de vie des dauphins ? Finalement son regard s’arrêta sur la coupable, une vieille dame qui était là depuis un moment déjà et qui avait profité de son absence pour lui prendre son magazine. « Hey mamie, c’est un peu malpoli de prendre les magazines des gens alors qu’ils n’ont même pas fini de lire ! Je sais que les dauphins sont une espèce très intéressante, mais pas la peine de se jeter sur mon bouquin dès que j’ai le dos tourné ! » La vieille dame se raidit et posa le magazine, visiblement toute retournée par ce qu’il venait de dire. Son mari qui avait la jambe dans un sale état lança un regard noir à Phoenix, et s’exclama « Ce n’est pas parce que j’ai la jambe cassée que je vais me retenir de vous coller un poing dans la figure, petit insolent ! » Phoenix ouvrit les yeux très grand, puis répondit aussitôt « Ca va, ça va, je plaisantais, du calme ! » Mais le papy n’avait pas l’air plus calme qu’avant et tous les gens présents dans la salle avaient les yeux rivés sur Phoenix.

Kaliska refit son apparition, le menton comme neuf et le visage pâle. Phoenix lui lança un large sourire, puis se leva et s’approcha d’elle, avant de murmurer quelques mots pour justifier l’agitation qui régnait ici « T’inquiètes pas c’est rien, j’ai juste vexé une mamie et apparemment son mari est un peu violent sur les bords. » De là on pouvait entendre des bribes de chuchotements à propos du comportement de Phoenix, et ce dernier tenta d’en faire abstraction, concentrant son attention sur le menton recousu de la jeune femme. « Alors Frankenstein, pas trop douloureux ? Ton médecin est pas très soigneux dis-moi, j’ai presque eu du mal à te reconnaître. » Il la regarda très sérieusement, puis se mit à ricaner. En réalité on ne voyait presque pas la différence et maintenant qu’il n’était plus omnibulé par le sang qui s’écoulait de son menton, Phoenix s’attarda un moment à regarder le visage de Kaliska et constata qu’elle était plutôt jolie. Très jolie en fait. Il lui lança un sourire, songeant qu’elle devait très certainement le détester après toutes ces péripéties riches en émotion. Mais cela ne l’empêcha pas d’en rajouter une couche. « Bon maintenant que t’es remise sur pied, à ton tour de faire preuve de charité. Tu me dois un skate, chérie. »

sorry c'est si petit et nul mais faut pas m'en vouloir c'était y a longtemps je t'aime

« Très bien, je t’attendrais là. Bon courage, j’espère pour toi qu’il était attentif en cours de couture. Parce que si ce n’est pas le cas, tu risques de souffrir et je ne serais pas là pour te tenir la main. » C’est fou ce que Phoenix pouvait se montrer encourageant. Enfin, au moins, elle n’allait plus avoir à le supporter pendant les quelques minutes à venir et ça, ça n’avait pas de prix. Avec un peu de chance, il allait même quitter directement l’hôpital. Ca ne la dérangerait franchement pas parce qu’elle avait recommencé à le détester. C’était ce que ça lui faisait dès qu’il ouvrait la bouche en fait. Elle cessa de penser à ça et observa le médecin qui allait s’occuper d’elle. Elle espérait vraiment qu’il savait coudre parce que ça ne devait même pas être un vrai médecin, juste un interne. Il allait la charcuter et elle n’allait plus ressembler à rien, elle le sentait bien comme ça avec sa chance. Elle aurait bien exigé de voir un vrai médecin avec des vrais diplômes dans lequel elle pourrait presque avoir confiance mais elle n’était pas certaine que l’autre accède à sa requête. C’était bien triste parce que, déjà qu’elle avait de grande chance de finir sa vie seule avec ses chats (elle n’en avait pas encore mais elle songeait vraiment à en acheter un), si en plus l’autre la dévisageait, c’était fini pour elle.

Au final, Kali n’avait pas eu d’autres choix que de le laisser faire. Elle ne le regrettait pas puisqu’il s’était avéré qu’il savait coudre et qu’en plus, il était gentil. A tel point qu’elle en était même venu à s’excuser pour le comportement de Phoenix en soulignant bien le fait que c’était un crétin. Un crétin qui lui avait trouvé un médecin certes, mais ça ne changeait rien à ça quand même. D’ailleurs, quand elle revint dans le hall, elle fut forcée de constater qu’il était encore là déjà mais aussi qu’il semblait être au centre de l’attention. Elle leva les yeux au ciel. Il l’aperçut et se dirigea vers elle, après lui avoir sourit. Vu la manière dont les gens le regardait, elle avait envie de leur dire à tous qu’elle ne connaissait en aucun cas cet étrange énergumène et qu’il ne fallait pas la juger parce qu’elle avait eu le malheur de croiser sa route aujourd’hui. « T’inquiètes pas c’est rien, j’ai juste vexé une mamie et apparemment son mari est un peu violent sur les bords. » Elle fronça les sourcils mais ne fit aucun commentaire. Il y avait de quoi devenir violent avec lui. Par exemple, elle, elle avait bien envie de lui arracher la tête presque à chaque fois qu’il parlait. Alors bon, elle ne pouvait que comprendre le mari en question. « Alors Frankenstein, pas trop douloureux ? Ton médecin est pas très soigneux dis-moi, j’ai presque eu du mal à te reconnaître. » Kali fusilla l’autre imbécile du regard. Elle était presque certaine qu'il était resté là juste pour la torturer encore quand elle reviendrait. Ca ne lui avait pas suffit d'avoir failli la tuer et de lui avoir imposé sa présence depuis, il fallait qu'il continu maintenant. « Bon maintenant que t’es remise sur pied, à ton tour de faire preuve de charité. Tu me dois un skate, chérie. » Kali lança un nouveau regard assassin au jeune homme. Comme si elle pouvait lui devoir quoique ce soit quoi. Il ne fallait pas non plus abuser. « Je te dois rien du tout, si tu savais regarder devant toi tu l’aurais toujours ton skate. » Elle soupira et prit la direction de la sortie. « Puis c’est sûrement mieux pour tout le monde que t’ai plus de skate d’abord. » Elle pressa alors le pas, elle avait tellement hâte de se débarrasser de lui là tout de suite.


Pfff, c'est trop bidon

« Je te dois rien du tout, si tu savais regarder devant toi tu l’aurais toujours ton skate. » Phoenix leva les yeux au ciel. Avait-elle besoin d'être aussi peu aimable ? Après tout, ce n'était pas parce qu'elle s'était ouvert le menton qu'elle avait le droit de lui parler ainsi. Phoenix perdit son sourire taquin et fronça les sourcils. Kaliska, quant à elle, se dirigea vers la sortie. Il se leva et suivit ses pas sans pour autant se presser. « Puis c’est sûrement mieux pour tout le monde que t’ai plus de skate d’abord. » ajouta-elle avant d'accélérer. Cette fois, il poussa un grognement et marcha un peu plus vite de façon à la rattraper une fois qu'elle serait dehors. Elle passa la porte et il fit de même, puis la laissa marcher encore un peu avant d'accélérer brutalement et de lui attraper le bras. « Hey ! Tu sais quoi, je suis désolé de t'avoir foncé dedans et de t'avoir écorché le menton ! J'ai sûrement gâché ta journée et je t'ai contrainte à garder sur ton menton un super souvenir de moi, mais putain, je l'ai pas fait exprès ! Et blague à part, un skate ça coûte cher, peut être que tu n'y as pas réfléchi, mais j'ai du beaucoup bosser pour me payer cette planche ! Alors arrête de me prendre de haut, je sais que tu me détestes mais je mérite pas d'être traité de comme ça ! » Il avait un peu haussé le ton, peut être trop d'ailleurs mais il en avait eu besoin. Kaliska était une fille tout à fait sympathique et il en était persuadé, mais depuis qu'elle était s'était faite recoudre le menton, elle était devenue vraiment sans gêne et malpolie. Il lui en voulait, et ne comptait pas la laisser partir alors qu'elle avait une sale image de lui. Il lui était peut être rentré dedans, mais à aucun moment il ne lui avait manqué de respect, et il était resté avec elle et ne l'avait pas regretté une seule fois. Maintenant qu'elle était soignée, il avait espéré que les choses se calment et qu'elle daigne enfin le traiter d'une meilleure manière. Mais visiblement à ses yeux, il était toujours un triple idiot, un mec méprisable qui faisait exprès de foncer dans les filles. Phoenix n'était absolument pas d'accord avec ça.

« Alors tu comptes te barrer comme ça ? Tu sais quoi, vas-y ! Pars ! Je regrette pas d'être resté ici, dans cet hôpital, pour être sûr que tu irais bien. Je regrette rien de tout ça, même pas d'avoir perdu ma planche de skate ! Je regrette juste que tu ne m'aies toujours pas pardonné alors que j'ai tout fait pour me racheter. » ajouta-t-il en baissant les yeux d'un air déçu. Il l'était certes, il aurait pensé que Kaliska serait un peu plus tolérante à son égard et lui accorderait une seconde chance. Qu'ils pourraient se séparer en bons termes et garder un bon souvenir de cet évènement malgré les dommages causés. Il aurait espéra la connaître plus, parce qu'au fond il l'appréciait et il avait envie d'en savoir davantage sur sa victime l'inuit, en dépit de leur première rencontre fracassante. Quelques longues secondes passèrent, avant qu'il reprenne la parole « On devrait aller boire un verre. Ne prends pas ça pour un rencard ou quoi, les Inuits c'est pas mon truc et puis ton menton n'a rien de sexy -d'ailleurs je plains ton mec si t'en as un... Il se racla la gorge en ricanant. Juste un verre, Frankenstein. Pour garder un bon souvenir de cette journée. Et puis, ça anesthésiera un peu ta douleur. »

Elle avait dépassé la porte de l’hôpital et croyait vraiment qu’elle en avait fini et qu’elle allait pouvoir enfin être en paix. Evidemment, elle se trompait. Quelques secondes à peine après avoir pensé qu’elle était tranquille, Phoenix arriva à sa hauteur et l’attrapa par le bras… pour lui faire une scène. « Hey ! Tu sais quoi, je suis désolé de t'avoir foncé dedans et de t'avoir écorché le menton ! J'ai sûrement gâché ta journée et je t'ai contrainte à garder sur ton menton un super souvenir de moi, mais putain, je l'ai pas fait exprès ! Et blague à part, un skate ça coûte cher, peut être que tu n'y as pas réfléchi, mais j'ai du beaucoup bosser pour me payer cette planche ! Alors arrête de me prendre de haut, je sais que tu me détestes mais je mérite pas d'être traité de comme ça ! » La jeune femme fronça les sourcils, un peu surprise. Sa première pensée fut que Phoenix avait vraiment tout d’une parfaite drama queen. Elle n’aurait pas cru comme ça mais bon, il fallait croire que pour une fois, elle s’était trompée sur un point. En tout cas, malgré le fait qu’elle le trouvait un peu ridicule – bah oui quand même hein – elle réussit presque à s’en vouloir de s’être comporté comme elle venait de le faire. Il y avait peut-être une légère part de vrai dans ce qu’il venait dire. Elle envisagea même l’idée de s’excuser même si elle l’abandonna très rapidement. De toute façon, même si elle avait voulu dire quelque chose là, elle n’aurait pas pu parce que Phoenix avait repris la parole et continuait son petit numéro. « Alors tu comptes te barrer comme ça ? Tu sais quoi, vas-y ! Pars ! Je regrette pas d'être resté ici, dans cet hôpital, pour être sûr que tu irais bien. Je regrette rien de tout ça, même pas d'avoir perdu ma planche de skate ! Je regrette juste que tu ne m'aies toujours pas pardonné alors que j'ai tout fait pour me racheter. » Elle dut faire un gros effort pour retenir un éclat de rire, elle n’était pas certaine qu’il l’aurait très bien pris si elle s’était mis à rire là. Même si elle s’en moquait pas mal en fait. Enfin, pas autant qu’elle aurait voulu le faire croire. « Oh ça va, c’est bon. Pas la peine de faire un drame, t’es pardonné c’est bon. Et même… je m’excuse d’avoir été une ingrate. T’es content là ? » Cette fois, elle ne put retenir un sourire moqueur. Mais il n’allait pas encore venir se plaindre, elle venait de s’excuser là quand même en pensant presque ce qu’elle disait en plus. C’était assez exceptionnel.

« On devrait aller boire un verre. Ne prends pas ça pour un rencard ou quoi, les Inuits c'est pas mon truc et puis ton menton n'a rien de sexy -d'ailleurs je plains ton mec si t'en as un... Juste un verre, Frankenstein. Pour garder un bon souvenir de cette journée. Et puis, ça anesthésiera un peu ta douleur. » Quelques secondes s’étaient écoulés avant que Phoenix ne reprenne la parole. Et Kali fut forcé de constater qu’il était définitivement vraiment très étrange. Les gens qui se plaignaient de ses changements d’humeur intempestifs à elle n’avaient visiblement jamais eu à croiser le chemin du jeune homme. « Hmmm… d’accord. Et pas la peine de préciser, je prends pas ça pour un rencard. En plus, les drama queen c’est pas vraiment mon truc non plus. Tu sauras quand même, que les inuits sont très bien, parfait même. » Ouais, elle se souvenait bien que quelques minutes plus tôt, elle avait juste hâte de se débarrasser de Phoenix mais bon, en y réfléchissant bien, il n'était pas si désagréable que ça. Si elle arrivait à faire abstraction de tout ce qui l'agaçait chez lui, elle pensait même pouvoir réussir à l'apprécier donc bon.

« Oh ça va, c’est bon. Pas la peine de faire un drame, t’es pardonné c’est bon. Et même… je m’excuse d’avoir été une ingrate. T’es content là ? » Phoenix arqua un sourcil, à demi-satisfait. Kaliska arborait un petit sourire moqueur qui en disait long sur ses pensées, mais Phoenix songea qu'après tout, c'était déjà une victoire de lui avoir fait dire ça. Ce n’était donc pas la peine de lui faire de nouveaux reproches, d’autant plus qu’il détestait éperdument les prises de tête. Au fond, il l’aimait bien, malgré le ton hautain dont elle usait à tout bout de champ, malgré le fait qu’elle passe son temps à se plaindre, malgré son menton repoussant. Il y avait quelque chose intriguant chez elle, et il songea qu’envoyer ses planches de skate fracasser le visage des gens pouvait avoir des effets positifs, à terme. « Ingrate, c’est un euphémisme. Mais bon allez, vu que c’est mon jour de bonté, je te pardonne. » Et dire qu’il était parti pour arrêter les reproches … Il n’avait pas pu retenir ces quelques mots, trop heureux de pouvoir reprendre son éternel ton dérisoire. Fini le numéro de drama queen, Phoenix le chieur était de retour. Et à voir la tête de Kali, il se doutait qu’elle allait très vite regretter de lui avoir présenté des excuses.

Lui proposer un verre, mais qu’est ce qui lui était passé par la tête ? En y réfléchissant, c’était quand même très idiot et surtout, dangereux, étant donné les deux heures un peu explosives qu’ils venaient de passer. Mais il était comme ça, très lunatique et imprévisible, le genre de gars à réfléchir après avoir agi. Au fond, il n’avait juste pas envie que leur aventure se termine sur une note aussi dramatique. Il n’était pas question qu’il la laisse repartir comme ça, après lui avoir entaillé le front et aussi le cerveau à cause de ses remarques cinglantes et toutes plus impolies les unes que les autres dans ce genre de situation. Être mielleux et aux petits soins, ça ne lui ressemblait pas vraiment, alors le seul moyen qu’il avait de se racheter c’était de lui payer un verre pour qu’elle se ressaisisse un peu et ne passe pas une si mauvaise journée que ça. Étonnamment et même s’ils étaient loin d’être les meilleurs amis du monde, il était persuadé que ça ne serait pas si atroce que ça et que peut être, ils parviendraient à trouver un terrain d’entente. « Hmmm… d’accord. Et pas la peine de préciser, je prends pas ça pour un rencard. En plus, les drama queen c’est pas vraiment mon truc non plus. Tu sauras quand même, que les inuits sont très bien, parfait même. » Drama queen ? Elle avait dit drama queen ? Il haussa les sourcils, tentant de cacher sa surprise, mais c’était plutôt difficile. Elle avait du culot de lui dire ça ! Il fit abstraction de sa remarque, sans pour autant l’effacer totalement de son esprit. Il avait horreur qu’on se moque de lui comme ça. « Donc tu n’as vraiment aucune origine inuit. » lança-t-il avec un sourire en coin, tout en se rapprochant pour se mettre à côté d’elle. Maintenant il ne restait plus qu’à trouver un bar un minimum décent ou l’emmener, histoire de ne pas trop l’effrayer et d’éviter de mettre en péril sa vie. « Bon c’est parti, je connais un bar écossais dans le coin, c’est le top, il y a même le mec avec sa cornemuse qui fait un concert gratos, et puis évidemment, tous les poivrots qui chantent. Tu vas adorer, c’est tout à fait ton élément ça ! Et puis, quand ils vont voir le truc que t’as au menton, ils vont peut être nous offrir des consos gratuites … Fais une grimace pour voir ? Ce sera encore plus efficace, allez ! » Et il se mit à ricaner avant de l’attraper par le bras pour la traîner jusqu’au trottoir, tout en prenant soin d’éviter son regard qui devait sans aucun doute, briller de fureur.