Kayla devait être une de ces très rares personnes qui apprécient de passer leurs jours de congés l'endroit même où ils travaillent toute la semaine. Il faut dire que le métier de la jeune femme était totalement lié à un de ses passe-temps favori depuis qu'elle était arrivée à New-York : la fête. En tant que serveuse dans un des bars les plus branchés de la ville, Kayla avait le privilège d'assister à toutes les soirées les plus courues de NYC. Et qu'elle soit devant ou derrière le comptoir, c'était toujours une occasion rêvée pour s'amuser et faire de nouvelles rencontres. La plupart du temps, elle jetait son dévolu sur une ou plusieurs proies, et s'arrangeait pour se faire inviter dans le lit d'un joli jeune homme. Après avoir prit du bon temps avec lui, Kayla attendait patiemment qu'il s'endorme, puis en profitait pour se glisser hors du lit, partant ainsi en quête du pantalon de sa conquête d'un soir. La seule chose qui l'intéressait alors était de trouver un portefeuille ou quelque chose qui y ressemblait le plus vite possible. La jeune femme récupérait alors quelques billets qu'elle empochait sans bruit, avant de repartir d'un pas feutré sans jamais plus donner de ses nouvelles à l'homme qui dormait paisiblement dans la chambre sans se douter ce qui se tramait autour de lui. Bien sûr, Kayla était quelque fois obligée de se cacher pendant quelques temps afin d'éviter de croiser une de ses victimes. Mais jusqu'ici, tout s'était plutôt bien passé pour l'apprentie pick-pocket.

Ce soir, Kayla était en congés et tout lui était donc permis dans l'enceinte de l'Awesome, au milieu de ses collègues de travail. Mais à peine eut elle passé la porte d'entrée qu'elle se figea. Installé au comptoir se trouvait Shakespeare, un garçon qu'elle avait détroussé quelques dizaines de jours auparavant. Et par malchance, il l'avait repérée dès son arrivée dans le bar. Mais il ne semblait pas fâché, au contraire, un sourire se dessina même sur ses fines lèvres. Soulagée, et pensant qu'il ne s'était perçu de rien (ou du moins qu'il n'avait pas fait le rapprochement entre la disparition de son argent et le passage de Kayla entre ses draps), et lui adressa à son tour un large sourire. Quelques minutes et quelques verres plus tard, ils se retrouvaient tous deux dans un taxi, direction Brooklyn. Puisqu'il avait l'air si ignorant, autant en profiter ! Un second petit tour par son lit et la poche arrière de son jean ne serait pas du luxe en cette fin de mois un peu tendue pour la jolie serveuse.

Si par malheur il s'apercevait de quoi que ce soit, elle était foutue. Mais Kayla avait cette tendance à aimer le risque qui la poussait toujours à tenter le diable. Et puis ce gars-là était tellement craquant... Il ne pourrait pas lui faire de mal. Même si elle n'en était pas à son coup d'essai, la jeune femme avait bien été contrainte d'avouer qu'elle avait passé un très bon moment dans ses bras. Souvent, il lui était arrivé de tomber sur des garçons trop timides ou au contraire, trop entreprenants. Mais Shakespeare semblait avoir trouvé le juste milieu, du moins au goût de Kayla. C'est d'ailleurs un peu ce qui l'avait poussée à recommencer son petit manège ce soir. Et comme elle l'avait espéré, leurs ébats furent tellement plaisants qu'elle ne oublia presque ce pourquoi elle était venue l'espace d'un instant. Mais une fois allongée à côté de lui, elle attendit patiemment que sa respiration se fasse plus longue, plus profonde. Elle prit même soin de se racler doucement la gorge en guettant une éventuelle réaction, ne serait-ce qu'un soubresaut. Rien. Shakespeare semblait dormir comme un bébé. Aussitôt, la jeune femme se leva, enfila ses sous-vêtements qui jonchaient encore le sol, puis son jean, mais ne prit pas la peine de mettre son t-shirt tant elle était pressée de s'enfuir avec les poches pleines. Elle se précipita d'un pas feutré vers le jean de son amant, et entreprit de fouiller avec attention chacune de ses poches. A sa deuxième tentative seulement, elle sortit de la poche arrière le tant convoité portefeuille, sans se douter une seule seconde de qui allait arriver.