✿This is the reason why...

C'était une journée comme une autre. Mon réveil avait sonné à 6:50pm, j'avais d'abord grommelé en me retournant dans mon lit, puis j'avais fini par balancer mon coussin sur ce fichu engin qui hurlait dans mes oreilles. J'étais resté allongé quelques secondes, le temps d'ouvrir mes yeux et de scruter le plafond de ma chambre dans laquelle se propageait la lumière provenant de l'extérieur. Le mois d'août à New York City était rude ; la chaleur devenait insupportable et me donnait presque envie de rester enfermé dans le noir que j'instaurais dans mon appartement pour emmagasiner un maximum de fraîcheur. Je ne ressentais même plus cet engouement matinal qui me pousse habituellement à aller travailler de bonne humeur, c'est donc dire ! Comprenez-moi, même avec la climatisation, rester enfermé dans un studio de radio n'a rien d'attrayant quand les rayons du soleil ricochent contre les fenêtre des buildings new yorkais !
Et pourtant, en homme raisonnable, je m'étais une fois de plus secouer les puces pour me lever de mon lit qui tentait de me retenir prisonnier. À peine debout, j'ai senti un brusque étourdissement me faire vaciller. Sûrement la chaleur. Je me suis donc dirigé vers ma salle de bain pour allumer la radio qui s'y trouvait -me laver en écoutant l'émission de la chaîne où je travaille, une habitude que j'ai- et prendre une douche fraîche, ce qui m'avait réveillé une bonne fois pour toute. Une serviette de bain entourant ma taille, je me suis ensuite lavé les dents mécaniquement, le regard planté dans mon reflet, l'oreille à peine tendue sur ce qu'un de mes collègues racontait à la radio. Alors que ma brosse à dent frottait vigoureusement mes molaires et prémolaires, mes yeux avaient rencontré une brosse qui trainait sur le bord de mon lavabo depuis un bout de temps. Elle appartenait à Azure. Cet objet m'avait soudainement arrêté dans mon "activité" et j'étais resté immobile, le regard posé sur cette brosse. Depuis notre rupture, Azure n'était pas repassée chercher le peu d'affaires qu'elle avait laissées chez moi...
Ça y est, j'étais encore en train de me plonger dans des souvenirs heureux et douloureux à la fois. J'avais donc secoué ma tête pour refaire surface et avais à nouveau trouvé mon reflet très intéressant à regarder, le temps de terminer de me brosser les dents. J'étais ensuite retourné dans ma chambre pour m'habiller puis, après avoir éteint la radio, les lumières et avoir vérifié que les volets de mon appartement étaient tous bien clos, j'avais quitter les lieux pour prendre ma voiture et me rendre au travail.

Me voilà au volant de ma voiture, coincé dans les habituels embouteillages matinaux. J'ai l'habitude... heureusement, parce qu'il y aurait de quoi se transformer en Hulk avec ces files interminables et ces gens qui ne font que beugler les uns sur les autres en espérant que ça les aidera à arriver plus rapidement au travail. Moi, je reste tranquillement dans ma voiture, en tapotant sur mon volant au rythme de Rehab. Depuis la mort d'Amy Whinehouse, toutes les chaînes de radio trouvent amusant de repasser ses plus grands tubes de manière journalière. Ça avait été pareil avec le roi de la pop. À quand la mort de Justin Bieber, histoire que je m'envoie tous les médicaments de ma pharmacie le soir avant ?
La patience paye toujours ! La preuve ; j'étais sain et sauf dans le parking privé de mon lieu de travail. Conscient que le temps tournait et que mon passage à l'antenne de la matinée se rapprochait dangereusement, j'ai donc quitté mon véhicule après l'avoir verrouillé et, comme à mon habitude, j'étais rapidement passé au Coffe Shop de l'autre côté de la route pour me prendre un café. Étant un client habitué, en plus d'être plus ou moins célèbre grâce à la radio, je me suis fait servire très rapidement, une fois de plus, et j'étais reparti en sens inverse de meilleure humeur qu'à mon réveil. Lorsque j'ai avalé la première gorgée de ma boisson, ma gorge m'a presque brûlé. Je ne change pas mes habitudes, mais je dois avouer que boire quelque chose de bouillant comme le café alors que New York est plongé dans la canicule, ce n'est pas l'idéal. Enfin bref. Mes pas m'ont rapidement fait traverser la route pour me guider jusqu'à l'immense bâtiment où je travaillais depuis près de neuf ans. Je pouvais tracer mon chemin les yeux fermés : passer par l'accueil en saluant les hôtesses qui y étaient déjà et avec le sourire, prendre l'ascenseur jusqu'au sixième étage, partir directement sur la droite, longer le couloir et passer la deuxième porte de gauche et finir par saluer les gens de l'équipe se trouvant dans l'immense bureau, séparé du studio par une baie vitrée.

À peine ai-je le temps de poser ma sacoche et de boire une gorgée de mon café que Chloé, une des gérante de l'émission, m'attrape par le bras pour m'attirer vers une des tables du bureau. Elle est en proie au stress, elle me parle de pleins de trucs à la fois, m'explique comme tous les matin comment devrait se dérouler l'émission. Et moi, je l'écoute mais je ne comprends que la moitié de ce qu'elle me raconte. J'arque mes sourcils et fait mine de comprendre en lui souriant et en hochant la tête. De toute manière, jamais cela ne se passera comme elle le souhaite, comme à chaque fois. Pourquoi se tue-t-elle à écrire des tonnes de feuilles pour organiser l'émission alors que nous traitons les sujets avec une bonne dose d'improvisation ? Mais bon, comme je travaille avec elle, je la laisse parler et fait comme si de rien avant de relever la tête et de regarder autour de moi, le visage neutre.
Et bien évidemment, comme tous les jours, j'aperçois Azure, debout devant la baie vitrée, bras croisés, qui regarde nos collègues clore leur émission. J'arrête mon regard sur elle et l'observe. Bien sûr, elle me semble toujours aussi belle. Elle a toujours été magnifique à mes yeux depuis le jour où nous avons fait connaissance dans cette même pièce. Je souris bêtement en la regardant puis mes souvenirs me rattrapent une fois de plus. Mon coeur se serre et la même question refait surface : Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi est-elle partie ? Des question auxquelles je ne trouve aucune réponse, malgré mon acharnement.
Elel tourne la tête, nos regards se croisent. Je lui souris et elle tourne la tête, visiblement gênée. C'est comme ça depuis notre séparation : des tensions, un malaise permanents. Je soupire puis je remarque que les places servant aux animateurs de l'autre côté de la vitre se libèrent une à une. À ce moment précis, il nous reste pas moins de cinq minutes avant de prendre l'antenne : à nous de nous installer. Je récupère ma sacoche et je traverse la porte vitrée pour aller prendre place au même endroit que d'habitude puis je parcoure rapidement les papiers que l'on m'apporte concernant les points à traiter dans l'émission. Je jette un coup d'oeil par dessus mes papiers et regarde Azure qui s'installe tranquillement en face de moi. Je me concentre à nouveau sur ce que j'ai en main puis je pose le tout devant moi. Je termine mon café, boit une gorgée de la nouvelle bouteille d'eau que l'on vient de poser devant chacun de nous, puis je mets mon casque sur ma tête et redirige mon micro correctement. « Attention, ça va être à vous. » nous annonce-t-on au travers des casques. Tout le monde acquiesce. La fin de la musique est proche. 10 secondes... Mes yeux se posent à nouveau sur Azure. 9... Nos regards se croisent. 8... Je lui souris et cette fois, elle fait de même. 7... Mon coeur s'emballe de trop et commence à battre un peu plus fort. 6... Encore ces satanés souvenirs. 5... Je baisse mon regard sur mes feuilles et pince mes lèvres. 4... La même question persiste : Pourquoi ? 3... Je redresse la tête et fais le vide dans ma tête. 2... Fait comme si de rien n'était, comme si elle n'était pas là, comme si tout ça n'avait jamais existé entre nous. 1... C'est dur, mais pour mon travail, je parviens à faire "comme si". Antenne.

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L'émission s'est bien passée, dans la bonne humeur, la plaisanterie, comme d'habitude. Notre émission matinale est terminée, nous rendons l'antenne. J'enlève mon casque en souriant alors qu'un de mes collègues remet sur le tapis un débat que nous avions eu pendant l'émission vis-à-vis de Lady Gaga. Eh oui, nous sommes pleins de culture, que voulez-vous ? Je rigola à ses propos et hausse les épaules tout en me levant. Il est passé 11:am, notre émission de l'après-midi débute à trois heure de l'après-midi. Une longue pause s'annonce donc, comme chaque jour. Je retourne dans le bureau principal, laissant ainsi place à ceux qui prennent notre relève. J'ai la gorge sèche d'avoir trop parlé et je me sens fatigué, ce qui me pousse donc à aller me prendre un café. En attendant que la machine ne prépare celui-là, j'attrape un magazine traînant sur la table de pause et le feuillette sans y porter une très grande attention. Les journaux people et moi, ça fait dix. Mais mon attention fut vite attirée lorsque j'entrevois une photo d'Azure sur une des pages. Tout ce qui la touche m'intrigue, je me sens donc forcé de lire l'article.
Mes yeux parcourent le titre noir en caractère gras : Le prince de Suède à la recherche de la princesse élue de son coeur. Je ne vois pas le rapport entre ce prince et Azure, ma curiosité l'emporte donc et je me mets à lire l'article. Plus les lignes défilent sous mes yeux plus mes sourcils se froncent. Et je comprends bien vite ce rapport qui me paraissait complètement aberrant : Azure a été mariée au prince de Suède. Je tombe des nues. Elle a été mariée ? Comment ça se fait ? Wouaw... ce n'est même pas un choc que je reçois là, c'est une chute du haut d'une des tours jumelles du WTC qui est en train de s'effondrer en feu. Non, c'est impossible, elle n'a pas pu... Comment a-t-elle... ? Sans que je ne demande quoi que ce soit, mon coeur se serre, vraiment fort, beaucoup trop fort. Ça pique, ça pince, ça me fait mal. Je me sens perdu, trahi. L'histoire que je croyais être la plus belle de ma vie s'effondre. Notre couple avait donc été basé sur un secret terrible ? Je n'arrive pas à y croire. M'a-t-elle seulement aimé ?
Voilà le pur exemple de ce qu'il faut fait pour me déstabiliser complètement, remettre toute ma vie en question et me mettre en rogne. J'ai toujours été persuadé qu'Azure était la femme de ma vie, qu'elle et moi étions faits l'un pour l'autre et qu'elle finirait par revenir vers moi, que nous finirions heureux. Mais tout devient clair maintenant. Si elle a refusé ma demande en mariage, c'est à cause de ce type, cet espèce de prince à la noix ! Ça y est, je suis énervé. Mes mains se crispent sur les feuilles du journal, si bien qu'elles commencent à se froisser. Je lance le journal sur la table, me retourne et envoie mon pied dans la machine à café, faisant tomber le gobelet rempli qui m'était destiné. Je m'appuie contre la machine, étourdi. Tout sonne bizarre dans ma tête, je me sens étourdi, j'ai même l'impression que j'hallucine, que j'ai inventé cet article, que tout ça n'était qu'un cauchemar...
J'entends des pas, puis une voix qui me demande si ça va. Une voix que je reconnaîtrai entre mille. Je serre les dents et marmonne un « Non, ça va pas du tout. » à peine audible. Je finis par me retourner et je fixe Azure. Mes yeux doivent montrer à quel point je suis en colère. Sans réfléchir, je m'avance vers la table et fait glisser le journal en direction d'Azure. Je la fixe, je tente de me calmer, mais j'éclate. « Tu tombes bien ! Je crois que tu me dois des explications. » Je suis agressif, je parle fort, je sais. Mais j'ai mal.

Mon palpitant se serre et se contracte à mesure qu'il accélère ses battements. Heureusement que je ne suis pas porteur d'une maladie cardiaque, parce que j'aurais fini étalé sur le plancher avec les montagnes russes qui secouent mon coeur en ce moment ! J'ai commencé à déverser ma rage sur Azure sans la prévenir, sans lui adresser un seul sourire. Cela peut paraître méchant, mais je me sens tellement mal... Il n'y a même pas de mot pour décrire mon état d'âme. Je me sens seul, je me sens trahi, j'ai l'impression que ce que je vois comme étant la plus belle histoire de ma vie n'a été en réalité que mensonges, non-dits et manque de confiance. Pourquoi m'a-t-elle caché cela ? Encore et toujours la même question...

Je la regarde, en me concentrant afin de ravaler mes larmes. Elle ne devait pas voir un soupçon de tristesse dans mon regard, elle ne devait voir que la colère. C'était dur, mais j'arrive à dissimuler à quel point mon coeur était brisé. Je la regarde donc qui saisit le journal et qui le parcoure du regard. Je n'arrive pas à déceler l'expression qui s'empare de son visage : de la surprise, de la panique ou simplement de l'ignorance ? Pourtant, quand elle relance le journal sur la table et me regarde, les traits de son visage angélique sont totalement neutre. Pas un seul soupçon de sentiment ne transparait, ni dans ses yeux ni dans quoi que ce soit d'autre. Elle reste là, en face de moi, comme si de rien n'était. « Je ne vois pas ce qu’il y a expliquer … ça n’a rien à voir avec toi … » Si j'avais des fusils à la place des mes pupilles, Azure serait déjà étendue, morte, sur le sol. Le regard que je lui lance est rempli de colère, d'incompréhension. Des éclairs y craquent, réguliers et violents. Mon coeur se tord tellement fort que j'ai envie d'hurler. Mais je contiens ma furie du mieux que je peux. Ça n'a rien à voir avec moi ? Elle se fout de moi ! J'ouvre la bouche pour lui répondre, mais elle me coupe la parole tout en s'éloignant de moi. « On n'a pas de temps à perdre avec ces détails, on a beaucoup de boulot avant le début de l’émission … » Quel culot ! Hors de moi, je me dirige vers elle et lui barre la route, tendant mon bras en face d'elle pour poser ma paume contre le mur. Elle ne partira pas sans avoir répondu à mes questions. Cette fois, pas d'échappatoire possible pour elle. Je pose mon regard noir et pesant sur elle, attendant qu'elle ose m'affronter. Quand nos yeux se croisent, je suis secoué par un frisson violent. Son regard m'a toujours fait cet effet... mais pas de sentiments maintenant ! Il s'agit pour moi de me montrer fort et de ne pas me laisser avoir une fois de plus. J'inspire donc et essaye de canaliser ma colère pour parler calmement. Dents serrées, ma voix montre mon énervement sans pour autant être agressive. « Oh que si ça a rapport avec moi ! » Je marque une pause, dans le but d'essayer de calmer mon coeur. Je vais finir par faire une crise cardiaque si ça continue... Je souffle, ferme les yeux quelques secondes puis fixe à nouveau mon ex de mes iris foncés. « Je croyais que tu me faisais confiance... je vois que j'ai eu tort. Pourquoi tu ne m'as pas parlé de ça ? Oh mais pardon, tu as ton prince, je n'étais qu'un moyen de l'oublier, c'est ça ? Un mec que tu as choisi au bol pour te distraire et ne plus penser à ton ancien mari ? » Ma voix est montée d'un ton alors que je parlais. Je n'en peux rien, je ne contrôle rien. Je me sens tellement mal que mes émotions prennent le dessus sans que je puisse les faire taire. Je décolle ma main du mur et passe mes deux paumes sur mon visage en soufflant bruyamment. Mes larmes menacent mais je les refoule encore et encore. Je ne me montrerai pas sous mon vrai jour aujourd'hui, je ne veux pas qu'elle se rende compte que je souffre depuis notre rupture. Je la regarde et reposa ma main contre la paroi à côté de nous pour lui barrer la route. « C'est à cause de lui que tu m'as quitté ? » J'ai besoin de réponses à toutes ces questions que je me pose depuis notre séparation. Je n'ai jamais compris pourquoi elle était partie. Je pense que le jour est venu pour elle de me donner des explications claires.

Azure semble complètement déstabilisée. Quand je lui demande si elle s'est servi de moi pour oublier son prince à la noix, j'ai l'impression de lire de la tristesse dans ses yeux, comme si ce que je venais de lui dire l'avait blessée. Mais qu'est-ce que je suis censé penser dans cette situation ? Comment interpréter le fait qu'elle ne m'ait jamais dit qu'elle avait été mariée ? Je ne peux que mals le prendre et elle devrait le comprendre, s'excuse de m'avoir caché un si gros secret. Mais au lieu de ça, elle recule d'un pas pour mettre de la distance entre elle et moi. Je ne la lâche pas du regard et je souffle, doucement, pour tenter une énième fois de me calmer. Si je veux engager la conversation avec elle, je dois réussir à parler calmement sans laisser éclater ma colère. « Ça n’a rien à voir avec la confiance, je ne t’en ai pas parlé parce que ça n’avait pas d’importance et ça n’en a toujours pas, tout ça c’est mon passé, il est mon passé. » Ça n'avait pas d'importance ? Mais bien sûr que si ! Avoir été marié, c'est plus qu'important ! Je sens une nouvelle vague d'agacement me prendre, mais je tempère. Je ferme les yeux et souffle bruyamment, prenant le temps de chercher les mots à employer. Mais avant même que je ne prenne la parole, Azure continua sur sa lancée. « Tu ne peux pas penser ça ? tu crois vraiment que j’aurais passé autant de temps avec toi si c’était pour oublier un autre homme … » Mes yeux toujours fermés, j'entends tout de même une once de tristesse dans sa voix. Alors oui, ce que je lui ai dit auparavant l'a affectée. Et qu'est-ce que je dois en déduire moi ? Complètement perdu, je laisse ma tête partir légèrement en arrière, sans relever mes paupières. Réfléchir, prendre mon temps pour ne pas la faire fuir. C'est la première fois depuis notre rupture que nous avons une conversation en rapport à cela, alors je ne dois pas laisser ma chance, je ne dois pas lui faire peur. Sans ouvrir mes yeux, je lui répond sur un ton calme, réussissant miraculeusement à canaliser ma colère. « Azure, essaye de comprendre que... tu es partie sans me donner une seule explication. Et là, j'apprends que tu as été mariée. Comment veux-tu que je le prenne ? Toutes les possibilités sont envisageables étant donné que je ne sais même pas pourquoi tu m'as quitté. » Ça doit être une des premières fois que je prononce ce genre de phrase avec autant de calme. Je m'impressionne moi-même ! Bref. Je décide de rouvrir les yeux et j'aperçois avec étonnement que mon ex petite-amie s'est éloignée de moi et me tourne le dos, debout de l'autre côté de la pièce. Je me mords la lèvre inférieure. Peut-être que j'y suis allé un peu fort, peut-être que j'aurais dû laisser passer l'orage secouant mon coeur avant de lui parler. Mais le mal est fait, pas de retour en arrière.

Finalement, Azure se retourne. À la vue de son regard brillant, je devine que les larmes doivent lui être monter aux yeux. Directement, je me sens fautif de l'avoir blessée avec mes paroles crues et irréfléchies. Cela dit, comment aurais-je pu lui parler comme si de rien était avec ce que je venais d'apprendre ? « Ecoute, il n’a rien à voir avec nous, je ne l’ai pas revu depuis plusieurs années, je ne sais pas ce qu’il fait ici … et ça n’a rien à voir avec notre rupture, j’ai pris cette décision toute seule, je l’ai pris parce que c’était le mieux pour toi … » Ohla... parce que c'était le mieux pour moi ? Cela ressemble à un semblant d'explications, la première phrase qu'elle utilise pour justifier son départ. Je la regarde, soudainement comme aspiré par ses paroles. Elle retient toute mon attention, j'espère qu'elle va m'en dire plus ! Je me décolle du mur et en croisant mes bras contre mon torse puissant, la soutenant d'un regard encourageant comme pour lui dire "Allez, raconte-moi tout." « Ecoute, il vaut mieux oublier de toute cette histoire c’est du passé, Alexander est mon ex mari, il fait partir de mon passer et ça ne vaut pas la peine que tu te rendes malade … » Je devais m'y attendre ! Elle fuit, une fois de plus. Mais cette fois, hors de question de la pousser à partir. Je dois la retenir jusqu'à ce que j'ai reçu les réponses que j'attends depuis si longtemps.

Je souffle un bon coup et décroise mes bras pour ensuite m'avancer jusqu'à elle, évinçant les quelques mètres qu'elle avait pris le soin d'imposer entre nous. Mon coeur bat toujours aussi vite, mais une vague d'espoir me parcoure, ce qui me permet de rester très calme. Mon visage reste neutre, avec une légère pointe de supplication mêlée à la compassion. Je dois la mettre en confiance, absolument. « Oublie la crise que je viens de te faire d'accord ? Comme tu le dis, c'est ton ex-mari, ça n'a plus d'importance. Je te crois mais... » Là, par contre, je débloque. Je ne sais pas pourquoi mais mes mains se tendent en avant afin d'aller prendre celles d'Azure. Le contact de ses paumes dans les miennes déclenche une série de frissons le long de mon échine. Ce contact m'avait tellement manqué... Je plonge mon regard dans le sien, brisant la barrière de larmes qui lui brouillait la vue, et tente de lui faire comprendre à quel point j'ai envie et besoin qu'elle me parle. « Explique-moi pourquoi tu es partie, s'il te plait. Tu me demande de ne pas me rendre malade avec tout ça, mais comment veux-tu que je fasse autrement puisque je... » Ma gorge se serre subitement, m'empêchant de sortir une immense connerie qui, à tous les coups, allait la faire fuir à toute allure. Voilà que je m'apprêtais à lui dire "Puise que je t'aime". Non mais quel con ! C'est la vérité, certes, mais inutile de lui balancer ça maintenant, ce ne la fera pas revenir. Je ravale donc mes mots, priant pour qu'Azure n'ait rien remarqué, et tente de réparer la boulette à laquelle je venais d'échapper. « ... puisque tu m'a laissé sans un mot, sans rien. » Voilà, j'ai évité le pire. Reste à savoir si elle voudra bien me donner une explication, pour une fois. Alors je reste en face d'elle, à tenir ses mains dans les miennes en espérant qu'elle parlera.

Perdu. J'étais perdu, perdu dans mes sentiments pour Azure, perdu dans tous ces doutes qui me parcouraient depuis que mes yeux s'étaient posés sur le papier de ce foutu journal people, perdu dans tout ce que mon ex petite-amie me disait. Où était le vrai ? Où était le faux ? Larmes aux bords des yeux, je tentais d'apaiser la souffrance qui tirait mon coeur, sans grand succès. Et Azure, elle restait dos à moi, de l'autre côté de la pièce, ce qui me rendait encore plus mal. La voir aussi distante me blessait... et pourtant, c'est un comportement normal venant de sa part étant donné que nous ne sommes plus ensemble. Et elle essaye certainement de se protéger, allez savoir pourquoi. « Je … je comprends, d’ailleurs jamais ils n’auraient du parler de ça, je veux simplement oublié cette partie de ma vie, j’ai beaucoup souffert et je ne voulais plus en parler c’est pour cela que je ne t’ai rien dit, normalement cette histoire était enterré. » J'aquiesce, comme si elle était capable de me voir. Très bien, cette histoire est une partie lourde de son passé qu'elle aurait aimé garder secret à jamais, je peux encore comprendre. Mais pourquoi était-elle partie si ce n'est pas à cause de l'homme auquel elle avait été mariée ? Mon palpitant se sert un peu plus et je baisse la tête, soufflant doucement pour retenir un sanglot. Ma gorge se sert, la tâche devient plus difficile, mais je lutte. Il est hors de question que je m'effondre devant elle. « Je respecte le fait que tu aies certains éléments de ton passé que tu aimerais garder pour toi. Je ne vais pas insister sur le sujet alors... » Merde, ma voix tremble ! J'espère qu'elle n'a rien entendu. Pour m'en assurer, je redresse ma tête et m'avance d'un pas dans sa direction, laissant toujours une distante significative.


C'est là qu'elle se retourne et me fait face. L'image s'offrant à moi me perturbe. Je ne mets pas long à deviner les larmes qui scintillent dans ses yeux. Serait-elle à la limite de pleurer elle aussi ? Pourquoi ça ? Parce que j'ai remué quelque chose de douloureux en elle ? Son passé ? Parce qu'elle s'en vut ? Pourquoi ? Tant de questions sans réponses. Je passa ma langue sur mes lèvres pour les humecter et souffle discrètement, dans le but de me calmer. Puis, prenant mon courage à deux mains, je traverse la pièce pour me retrouver à deux mètres de la femme que j'aime. Mon coeur tambourine dans ma cage thoracique, douloureux. Je plante mes yeux noirs dans les siens, priant pour qu'elle ne remarque pas les larmes qui y brillaient. Heureusement, elle n'attend pas longtemps avant de prendre la parole pour me répondre. « Ecoute, il n’y a pas grand chose à dire, je pense que tu es beaucoup mieux sans moi et même si pour le moment c’est difficile à comprendre, lorsque tu seras marié à une jolie et gentille femme qui te donnera pleins d’enfants, tu verras que je n’étais pas la bonne. » Un coup de poignard en pleine poitrine. Je serre les dents et baisse la tête, lèvres entrouvertes, bloquant ma gorge pour retenir un gémissement. Alors elle croit sincèrement que tout est fini pour moi et que je parviendrai à trouver l'amour avec une autre femme pour faire ma vie avec celle-ci ? Là, c'en est trop pour moi, pour mon état d'âme, pour mon coeur. Ma souffrance remonte d'une traite le long de ma trachée, me serrant violemment la gorge et une larme finir par rouler sur ma joue, puis une autre. Gardant la tête baissé, je me force à répondre, en essayant tant bien que mal de cacher mon état calamiteux « Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour que tu penses soudainement que je suis bien mieux sans toi... » Je ferme mes yeux et là, c'en est trop, je craque. Je redressa ma tête et tant pis si Azure finit par voir à quel point je souffre. S'il me faut montrer ma faiblesse pour qu'elle revienne, alors je pleurerai des rivières, des torrents de larmes. Je soutien son regard de mes yeux larmoyants alors que les petites gouttes glissent doucement contre ma peau. Alors que je prends la parole, ma voix se fait plus forte, s'emporte, déraille légèrement. « J'ai vraiment l'air d'aller mieux sans toi ? Azure, je n'ai pas envie de faire ma vie avec une autre. C'est toi que je veux, toi et personne d'autre. » Ça y est, j'ai déjà à moitié déballé ce que je retiens au fond de mois depuis notre rupture. Il ne me reste plus qu'à laisser sortir l'ultime phrase, celle de toutes les joies, celles de toutes les colères, celles de tous les chagrins. Trois mots, sept lettres. Je m'avance d'un pas, me retrouvant bien plus près de mon ex petite-amie, et j'attrape délicatement ses épaules de mes mains tremblantes. Mes yeux brillants ne lâchent pas les siens, ma bouche reste entrouverte et cette phrase finit par se perdre dans le silence pesant qui règne entre nous. « Je t'aime... »

Je ne veux pas passer pour un homme à fleur de peau. Ce que j'ai traversé dans mon enfance m'a énormément endurci et j'ai tendance à rester froid face au situation qui devrait éveiller un sentiment de tristesse chez moi. Je hais la tristesse, je déteste pleurer. C'est une sensation que je n'ai que trop senti suite à la mort de mon père et c'est d'ailleurs pour cela que j'ai mis longtemps avant de laisser mon coeur s'ouvrir à quelqu'un, à Azure. Et voilà ce que je récoltais. À trop se frotter contre une rose, on finit par sentir la douleur des épines enfoncées dans notre chair. Je ne comprenais la signification de cette phrase que maintenant. Certes, je souffrais depuis qu'Azure avait mis un terme à notre relation. J'avais pleuré, toujours seul, chez moi, jamais face à quelqu'un, que ce soit un inconnu dans la rue ou un ami proche. J'avais beaucoup parlé de ce que je ressentais à Elias notamment, et à d'autres personnes proches de moi. Mais je ne m'étais jamais montré aussi faible devant une personne que maintenant. J'avais tant emmagasiné la douleur en moi durant ces derniers moi, j'étais tellement déstabilisé face à Azure que me voilà devenue une proie facile. Si elle avait envie de m'arracher le coeur et de le réduire en miettes, elle n'aurait même pas besoin de faire ne serait-ce qu'un effort. Elle pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. Chaque traits de mon visage, chaque détails de mon corps laissait transparaître cette souffrance infernale que je ressentais. Je n'avais plus la force de me retenir et laissait donc mes larmes couler, une à une, avec une énorme lenteur, sur mes joues.

La distance entre elle et moi étant à présent évincée, mes battements de coeur doivent être perceptibles à ces oreilles très facilement tellement il se balance dans ma cage thoracique, se heurtant violemment contre les parois qui l'entourent, criant de douleur. J'avais fini par craquer, je ne pouvais plus revenir en arrière. Mon regard larmoyant planté dans le sien, tout aussi brillant, je venais de lui demander ce qui avait pu se passer pour que, soudainement, elle se soit mise en tête qu'elle n'était pas faite pour moi. Je redoutais la réponse, mais je devais en avoir le coeur net. Je devais savoir ce qui l'avait poussée à fuir suite à ma demande en mariage. « Rien … j’ai juste compris que tu serais plus heureux sans moi. » Foutaise ! Bon sang Azure, si tu prenais un peu plus le temps de m'observer, tu verrais que je ne suis plus l'homme heureux qui était avec toi. Je suis devenu une loque humaine, sans âme, transportée par un semblant de motivation, détruit par l'amour qu'il croit perdu pour toujours. J'ai envie de lui hurler de me regarder, de fixer mes larmes et de me répéter que cette rupture est la meilleure chose à faire pour moi, mais mes sanglots m'empêchent d'articuler un seul mot. C'est donc Azure qui reprend la parole, luttant visiblement contre ses larmes elle aussi. « C’est dur pour le moment, mais ça ira mieux avec le temps, tu rencontreras une femme faite pour toi, qui te rendra heureux. Il faut juste un peu de temps, mais crois moi c’est la meilleur chose à faire… » Je hoche négativement la tête en me pinçant les lèvres, mes yeux plantés dans les siens. Non, ça n'ira pas mieux dans quelques temps et aucune autre femme ne pourra me rendre heureux. Je le sais. J'entrouvre mes lèvres, mais je ne parviens qu'à marmonner un mot bref, sans grande signification. « Non... » Impossible pour moi d'en dire plus. Si j'articule encore un mot, je risque de m'effondrer en larmes devant elle. Et c'est la dernière chose que je souhaite.

J'ose finalement m'approcher définitivement d'elle pour l'attraper avec douceur par les épaules avant de laisser parler mon coeur comme je ne l'avais jamais fait depuis notre rupture. Ça ne me soulage en rien, bien au contraire. Et pourtant, ce n'est que la pure vérité. Je l'aime et cela continuera de la sorte pour encore bien longtemps. Après avoir prononcé cette pseudo-déclaration, je reste attentif au moindre geste, au moindre souffle, au moindre mot que pourrait faire Azure. Elle ne parle pas, ferme les yeux, visiblement déstabilisée. Puis, contre toute attente, elle vient poser sa main contre ma joue. Une série de frissons me secoue le corps. Ce contact m'a tellement manqué... et je suis encore loin de la plus grande surprise. Je la vois qui me regarde avec intensité de ses yeux bruns noyés de larmes et qui, finalement, se hisse sur ses pieds pour venir poser un baise à la commissure de mes lèvres. Je reste la bouche entrouverte, ne réalisant pas ce qu'elle était en train de faire. Ce n'est que quand sa voix tremblante résonne dans le silence que je refais surface. « Je suis désolée… c’est fini » Je n'ai pas le temps de la retenir, elle s'enfuit déjà, prenant ses jambes à son coup pour quitter la pièce et s'engouffrer dans le couloir en courant. Je la regarde s'éloigner, mon coeur se tordant dans tous les sens. Celui-ci me hurle de lui courir après. Ma tête m'ordonne de rester ici et de l'oublier une bonne fois pour toute. Trop amoureux pour suivre la voie de la raison, je m'élance donc contre la porte et suit la course de mon ex petite-amie en l'appelant pour qu'elle s'arrête. « Azure ! » Rien n'y fait, elle continue de courir. Je redouble d'efforts pour accélérer alors que mes sanglots me serrent la gorge, et je finis par la rattraper. Je l'attrape par le bras et la tire contre moi pour l'encercler de mes bras. Hors de question qu'elle s'en aille avant que j'aie terminé mon mélodrame. Je la plaque doucement contre un mur, la gardant contre moi et je plonge mes yeux dans les siens. Mes larmes roulent, plus nombreuses cette fois, contre ma peau alors que la souffrance éclate dans mes pupilles. « Je ne serai jamais heureux sans toi Azure ! Jamais ! Et non, ça ne passera pas avec le temps. Cette souffrance qui m'arrache le coeur depuis que tu es partie, je la ressentirai jusqu'à mon dernier souffle. Je t'aime ! Tu es la première femme qui a réussi à me faire tomber amoureux. Mon coeur t'appartient et t'appartiendra toujours. » Je marque une pause, le temps de prendre une grande inspiration, entre deux sanglots. « Tu ne peux pas prétendre que c'est mieux ainsi pour moi... J'ai besoin de toi, plus que quiconque. Je ne peux pas continuer sans toi. Et je me fiche de savoir ce qui a pu se passer avec ce prince, tout ce qui compte, c'est celle que tu es maintenant, celle que j'aime. Je t'aime telle que tu es et je t'interdis de dire que tu n'es pas faite pour moi. » Une vraie scène dramatique de film à l'eau de rose. Et dans ce genre de film, le couple déchiré finit toujours par s'embrasser non ? Sans réfléchir, porté par mon amour pour elle, c'est ce que je finis par faire. Alors que mes larmes ne stoppent plus leur chute, je rapproche mon visage du sien et viens poser mes lèvres, salées de larmes, contre les siennes. Un instant de vie, un moment intense où je me sens plus amoureux que jamais.

Moi qui ne voulait pas laisser ma faiblesse éclater au grand jour, me voilà qui faisait tout le contraire ! Mon corps appuyé contre celui d'Azure pour l'empêcher de filer, mes larmes roulaient sur mes joues, perles lentes mais terriblement significatives. Mon coeur battait à mille à l'heure. J'avais attendu de pied ferme le jour où je pourrais enfin lui dire tout ce que je ressentais, et pourtant, en ce moment même, je me haïssais de lui avoir tout révélé. Me taire comme je le faisais depuis notre rupture était la seule solution que j'aurais dû adopté.... mais me voilà contre elle, à pleurer comme un gosse et à voir les larmes glisser sur ses joues à elle. J'étais simplement pathétique de m'abaisser à ça.


Elle me supplie d'arrêter, mais je ne l'écoute pas. Au point où j'en suis, autant aller jusqu'au bout. Alors je parle, je parle, je parle et je lui balance tout ce que mon coeur retient enfermé en lui. Cela sonne autant à une libération qu'à une scène de torture : mon coeur se soulage de plus en plus autant qu'il se crispe au fur et à mesure que je prononces mes phrases. Quand je termine enfin mon speech, ma respiration est haletante. J'ai parlé tellement vite et ceci, ajouté à mes sanglots, m'empêchait de respirer convenablement. Je laisse mon souffle s'échapper bruyamment entre mes lèvres et c'est là qu'Azure pose sa main sur ma joue. Un contact simple mais qui a le don de faire partir mon coeur en sucette. C'est dingue comme elle me rend fou... cette femme pourrait me faire faire n'importe quoi, elle a une emprise incroyable sur moi. Je garde mes lèvres entrouvertes et mon regard larmoyant se plante dans celui, semblable, de mon ex petite amie. « Arrête Tim, tu réaliseras ça plus tard, s’il te plait ne rend pas les choses plus difficile qu’elles le sont, je te promet que ça ira mieux dans quelques temps, tu m’oublieras … » Je n'arrive pas à l'écouter d'avantage. Je n'en peux plus de l'entendre me dire que je l'oublierai et que tout s'arrangera. À bout, je craque et finis par avancer mon visage vers le sien jusqu'à ce que nos lèvres se rencontrent. Je m'attends à ce que la main d'Azure rencontre violemment ma joue, où à ce qu'elle me repousse vivement et se mette à hurler sur mois. Mais une seconde passe, puis deux, trois, quatre... rien. Et à ma grande surprise, je sens ses bras entourer mon cou, son corps se coller au mien, ses lèvres désirer encore plus les miennes. Je ne me fais pas attendre et sers sa taille pour l'avoir tout contre moi et prolonge ce baiser. Nos lèvres se caressent, se cherchent, se retrouvent dans un véritable feux d'artifice... malheureusement trop court.

Après m'avoir embrassé passionnément, Azure se stoppa net et se décolla de moi comme si ma peau brûlait la sienne. Je redescends sur terre brusquement, soudainement tombé du nuage sur lequel j'étais monté l'espace de quelques secondes, et j'ouvre mes yeux pour la regarder de mes yeux sombres et brillants. « Je suis désolé, je… on aurait pas du s’embrasser … je ne reviendrais pas sur ma décision Tim … s’il te plait laisse moi partir maintenant … » Et bam, prends ça Tim'. Mon coeur se serre, bien évidemment, si fort qu'un léger gémissement s'échappe d'entre mes lèvres entrouvertes. Mes larmes tremblent au bord de mes cils et je croise son regard, suppliant, tout aussi larmoyant que le mien. Elle me demande de la laisser, mais je ne peux pas, je ne veux pas ! Comment laisser filer la personne qui représente notre vie ? Je baisse ma tête et pince mes lèvres, soufflant doucement par le nez pour tenter de me calmer. Je dois me faire une raison... allez bordel, ressaisis-toi ! Après quelques secondes je redressa ma tête pour regarder celle qui me rend dingue, et je prends mon courage à deux mains pour parler. « Je ne peux pas te forcer à revenir, même si c'est mon souhait le plus cher... mais avant de te laisser partir, j'aimerais te demander une chose... » Les mots me brûlent la gorge. Je vais encore dire une connerie, je le sens ! Mais au point où je me trouve, une phrase de plus ou de moins n'allait pas changer la donne. Je prends une bonne inspiration pour ravaler mes sanglots et je laisse un murmure filer de ma bouche alors que mon regard ne lâche pas celui d'Azure. « Est-ce que tu m'aimes encore... ? » Je prends un risque énorme, je le sais. Mais si elle ne ressentait vraiment plus rien pour moi, ne m'aurait-elle pas repousser au moment où je me suis approché d'elle pour l'embrasser ? Mon coeur prie pour qu'elle me réponde oui, ma tête espère que ce sera un "non" qui franchira la barrière de ses lèvres.

L'attente est insupportable. Ma question semble la déstabiliser et elle reste immobile face à moi, songeuse, alors que je m'impatiente. Mon coeur joue aux montagnes russes en s'amusant à battre dans tous les sens, à mille à l'heure, et je sens une crispation me prendre le ventre alors que je me force encore à me retenir de parler. Je suis tellement pathétique... c'est donc à ça qu'on ressemble quand on souffre d'être fou amoureux d'une personne ? Puis tout à coup, la réponse tant attendue sonna. Enfin tant attendue... non, je ne voulais pas m'attendre à ÇA, à CES paroles là. Et, malgré le premier mot qu'elle prononce et qui me brise le coeur, je l'écoute. Que puis-je faire d'autre de toute manière ? « Non … écoute je ne veux pas te faire de mal, alors on va arrêter là…. Enfin on se fait du mal Tim et je n’ai pas envie de perdre ton amitié … on est obligé de se voir tous les jours au boulot, donc le plus simple est de rester ami … » La goutte d'eau qui fait déborder le vase. Une larme roule sur ma joue, je détourne ma tête et regarde ailleurs en me mordant la lèvre inférieure. Bordel, mais je ne veux pas de son amitié ! Je veux que tout redevienne comme avant, qu'elle revienne vers moi, qu'elle m'aime comme avant... Je sens sa main attraper la mienne, ce qui me fait sursauter avant d'attirer mon attention sur elle. Elle pleure elle aussi, ce qui ne me fais que me perdre un peu plus loin dans la forêt de mes doutes.C'est pas vrai... elle me dit qu'on doit rester ami mais elle m'a embrassé et là, elle est en larmes et me tient la main. Qu'est-ce que je suis censé comprendre ? « Je vais y aller … je suis désolé Tim, je t..t’apprécie beaucoup … au revoir … » Elle ne me laissa même pas le temps de la retenir encore un moment, elle s'enfuit, s'éloignant de moi en s'enfonçant dans le couloir. Moi, je la regarde partir, laissant libre cours à mes larmes, le coeur brisé. Mes lèvres s'entrouvrent pour l'appeler encore une fois d'une voix tremblante. « Azure... AZURE ! » Mais elle disparait de mon champs de vision.

Je ne sais pas combien de temps je suis resté seul dans ce couloir, assis au sol contre un mur, à laisser mes larmes couler. Maintenant, mes yeux larmoyants me brûlent, j'ai la gorge sèche et une affreuse douleur me tire le coeur. Je suis au plus mal et pourtant, je ne vais pas me laisser abattre et camper ici cette nuit. Je me relève donc et retourne sur mon lieu de travail. Dans la pièce principale, je ne fais pas attention aux regards intrigués qui me fixent ni aux remarques que l'on me fait. Je me dirige dans le bureau où j'ai laissé mes affaires, le bureau que je partage avec Azure et mes collègues de la matinale. Elle a oublié ses affaires. Prenant sur moi, je les attrape en même temps et, après avoir passé ma sacoche sur mon épaule, je ressors du bureau et quitte le studio pour ensuite emprunter le chemin me menant à la sortie du bâtiment. Tel un zombie, je pars retrouver ma voiture et conduis jusqu'à chez Azure pour poser ses affaires devant chez elle. Je retourne dans ma voiture et sors mon iPhone pour lui écrire un message.

Spoiler:

Puis, le coeur en miettes, je redémarre ma voiture pour rentrer chez moi. La soirée va être longue et laborieuse. Je vais pleurer, beaucoup, je vais appeler Aladiah, ma meilleure amie, pour lui demander de l'aide et elle viendra me voir pour me consoler du mieux qu'elle peut. Mais ça ne changera rien : je resterai inconditionnellement amoureux d'Azure et ceci pour encore longtemps.