New York-Presbyterian Morgan Stanley Children's Hospital ~ mi-juillet


Attendre. Ce verbe est le maître mot de nombreuses situations de notre vie quotidienne. Il faut attendre d’avoir vingt-et-un ans pour entrer dans un bar, il faut attendre le métro qui nous mènera au travail, il faut attendre que la sonnerie retentisse pour quitter enfin le lycée, il faut attendre que nos parents soient suffisamment de bonne humeur pour leur demander la permission de s’évader durant quelques heures. Demeurer, languir, moisir, patienter, rester et tout un tas d’autres synonymes à la con qui ne font pas partie du vocabulaire de Juan. La patience n’a jamais été une de ses qualités ; mais comme il aime le dire avec son air de tête à claques, il lui faut quand même un unique défaut. Cependant, la tête à claque était bien loin aujourd’hui, l’acteur était plus décontenancé que jamais. Depuis leur retour de Londres où Juan, Melody et leur fille, ainsi que Pedro et Felicity, étaient allés assister à l’avant-première mondiale d’Harry Potter and The Deathly Hallows part 2, tout s’était enchaîné de façon désagréable. Lily n’était pas bien, elle était malade, c’était un fait. Le couple avait pensé à un mauvais rhume, puis à une grippe. Les traitements qu’avait conseillés le médecin de la fillette n’avaient eut aucun effet. La situation n’avait fait que s’aggraver.

Tandis que Melody prenait son mal en patience et tentait tant bien que mal de tenir une Lily plus agitée que jamais, Juan ne cessait de tourner en rond sous le regard noir de sa femme et d’autres parents. Il ne s’était pas assis depuis qu’on leur avait dit d’aller s’asseoir dans la salle d’attente des urgences et d’aller attendre patiemment leur tour. Patiemment, comme s’il était possible d’être patient alors que sa fille ne parvenait plus à dormir depuis trois jours, que sa température était anormalement élevée et que deux des enfants avec qui elle était très souvent en contact étaient en ce moment même dans le service pneumologie de cet hôpital. Qu’avait dit Felicity déjà ? Le meilleur hôpital pédiatrique de New York ? Pourquoi avait-il voulu la croire pour une fois ? Juan secoua la tête, ce n’était pas le moment de pester contre elle, alors qu’elle était aussi malade que sa fille. A croire que le sort s’acharnait sur la famille atypique qu’ils formaient. Lassé de faire les cents pas il finit par se laisser tomber dans un fauteuil à côté de Melody qui sembla nettement soulagée.

Le vénézuélien tourna la tête vers la blonde et lui adressa un pâle sourire qu’elle eut bien du mal à lui rendre. Elle était aussi fatiguée que lui, et Lily qui ne cessait de s’agiter n’arrangeait pas les choses. Juan finit par prendre enfin une initiative et enleva sa fille des bras de la française pour que cette dernière puisse se ‘reposer’ un peu. Même si c’était plus mission impossible qu’autre chose. Le jeune père tenta de tenir Lily qui semblait rejeter tout signe d’affection. Elle n’arrêtait de gigoter que quand ils la posaient sur une surface plane dénuée d’objet ; mais il se voyait mal la poser par terre, ici en pleine milieu d’un hôpital. Son bras gauche soutenait le bébé, tandis que de sa main droite il attrapa doucement les petites mains de Lily, espérant la calmer un peu. « Ca fait combien de temps qu’on attend déjà ? » Demanda-t-il pour la énième fois à sa femme sans quitter sa fille des yeux.

Aujourd'hui allait sûrement être l'une des pires journées qu'avaient pu vivre Juan et Melody Alvarez. Ils devaient attendre qu'un médecin vienne s'occuper de leur fille et ce n'était pas gagné d'avance. Dès le moment où cette infirmière leur avait demandé d'aller s'installer dans la salle d'attente, c'était foutu. Ils allaient devoir rester là encore un bout de temps, Melody le sentait. Alors que la petite Lily s'agitait férocement dans les bras de sa mère, cette dernière observait son mari, d'un oeil désespéré. Il ne tenait pas en place et faisait les cent pas dans cette maudite salle d'attente. Quant à Melody elle essayait de calmer leur petite fille. « Ca va aller ma puce. » Elle consolait Lily autant qu'elle le pouvait mais leur fille était bien trop agitée. C'était la première fois qu'elle était aussi malade. Juan et Melody étaient d'abord passé par un médecin qui leur avait prescrit un traitement qui aurait du faire son effet, d'après lui. Mais voilà, que le jeune couple se retrouvait désormais à l'hôpital car ce foutu traitement n'avait pas fonctionné comme il aurait du. Ce n'était pas une simple grippe qu'avait leur petite fille, c'était bien plus grave apparemment.

Cette attente était réellement insupportable. Melody allait craquer si dans les minutes qui allaient suivre, personne ne viendrait s'occuper d'eux. Juan décida de s'installer à côté de sa femme et il lui adressa un faible sourire. La jeune mariée tentait, tant bien que mal, de répondre à ce sourire, mais elle n'y arrivait pas. Elle était submergée par la colère de l'attendre et l'inquiétude pour sa fille, elle n'en pouvait plus. Elle sentait également que la fatigue la gagnait, mais impossible pour elle de se reposer, sa fille passait, bien évidemment, avant son bien être à elle. Son mari finit par prendre une initiative qui soulagea quelque peu la jeune femme. Il prit Lily dans ses bras, tentant à son tour de la calmer. Melody pouvait, en quelque sorte, souffler un peu. « Ca fait combien de temps qu’on attend déjà ? » C'était une bonne question. Melody soupira et répondit nerveusement à Juan. « Je sais plus, mais bien trop longtemps si tu veux mon avis. J'en peux plus. » L'attente qu'ils devaient subire confirmait la popularité de ce centre pédiatrique mais ce n'était pas normal qu'il faille attendre aussi longtemps. Leur petite fille souffrait et ils ne pouvaient absolument rien faire. Attendre. Voilà la seule chose qu'ils étaient obligés de faire ...

Les yeux marron de Juan étaient à présent plongés dans ceux bleus de sa fille. Tout en écoutant Melody, il commença à fredonner la berceuse qu’il connaissait à présent par cœur, à cause des nombreuses heures passées à la chanter à Lily, quand elle ne voulait pas dormir. Encore une fois, cette méthode était inefficace, à croire qu’il était un bien piètre chanteur. C’est dans ces instants qu’il se disait qu’il ne regrettait pas une seule seconde les différents choix qu’il avait était obligé de faire durant la dernière année écoulée. Ce chemin qu’il ne pensait jamais prendre l’avait mené ici, dans cette salle d’attente, avec sa fille dans ses bras et sa femme à ses côtés. Certes, Lily était malade, mais elle irait vite mieux. Un médecin allait enfin pouvoir les voir, et il trouverait vite comment soigner l’enfant. Puis rien n’arriverait à Lily, après tout elle avait son spiderman de père, quelles difficultés pouvaient leur résister ? « Je ne sais plus, mais bien trop longtemps si tu veux mon avis. J’en peux plus. » Il comprenait la fatigue de la jeune femme, après tout, c’était celle qu’il ressentait lui aussi. « Je suis dans le même état que toi. » Murmura-t-il en réponse. Découragé, il finit par lâcher les mains de sa fille, et attrapa celle de Melody qui était la plus proche de lui. Il exerça brièvement une légère pression sur la main de la blonde, pour lui montrer qu’il était là, comme s’il voulait essayer de la rassurer en lui assurant que tout allait bien se passer parce qu’ils étaient ensemble. L’ancien Juan aurait rit à cette pensée assez niaise, songea-t-il ; mais ce vieux lui était rangé au fond d’un placard et ne devait pas réapparaître maintenant.

Une nouvelle fois, il tourna la tête vers sa femme. Il n’aimait pas la voir comme ça, ah ça non. Depuis le jour où Lily avait commencé à être malade, Melody avait comme refusé de dormir elle aussi. Elle n’arrêtait pas de dire qu’elle devait veiller sur sa fille, même si Juan lui répétait au moins une centaine de fois par jour, que rien ne lui arriverait vu qu’il était là. Il aurait rit en songeant à ça, dans une autre situation. La blonde avait encore parfois un peu du mal à faire totalement confiance à son mari. Ce dernier trouvait ça normal, vu le nombre de bêtises que Lily avait subit durant les premières semaines de sa vie, il fallait mieux être très […] très prudent. « Tu crois que si je leur dis que Spiderman va attaquer leur hôpital si on ne voit pas un médecin tout de suite, ils vont se bouger ? Ou alors, si je leur paye une nouvelle aile ça pourrait être bien non ? Genre l’aile Alvarez, ils seront obligés de nous recevoir tout le temps. » Il savait que là, Melody allait pousser un léger soupir, lever les yeux au ciel, mais quand même esquisser un léger sourire. Il était devenu un véritable pro quand il s’agissait de la faire sourire. Il était aussi un vrai maître quand il fallait quelqu’un pour agacer Felicity. C’était les deux choses qu’il savait le mieux faire, avec aussi faire le pitre, ou boire des shooter très vite. « Ou alors, je peux faire un scandale ? Comme dans les séries, genre je pète un câble et je leur dis que j’ai des amis très haut placés qui risquent de ne pas être contents s’ils apprennent que j’ai attendu. T’en penses quoi ? »

La jolie blonde regardait son mari qui tentait de calmer leur fille en chantant une berceuse pour tenter de l'endormir. Quelques fois, Melody l'entendait fredonnait cette berceuse. Il était dans la chambre de leur enfant, tenant sa fille dans les bras et chantant pendant que Melody l'observait, souvent posé contre l'entrée de la chambre. Et c'est en le regardant, içi dans cette salle d'attente, que Melody esquissa un sourire. Quant à son mari, il lui certifia qu'il était aussi désespéré par la situation qu'elle. « Je suis dans le même état que toi. » Melody soupira. C'était inconcevable de rester comme ça. La pire chose que des parents pouvaient vivre c'était bien cela. Observer sa fille souffrir et ne rien pouvoir faire, absolument rien. Juan prit la main de la jeune femme. Cette dernière tourna la tête en sa direction et lui donna un sourire. Il lui montrait qu'il était là et c'était ce dont elle avait besoin dans ce genre de situation. La jeune femme s'approcha de l'amour de sa vie et l'embrassa. Un baiser rapide mais un baiser tout de même. Elle regarda ensuite sa fille et passa sa main dans son dos et l'embrassa sur la joue. Mais ça ne la calmait pas. Lily se remettait à pleurer de plus belle.

La fatigue se faisait de plus en plus sentir. Elle soupira et passa ses mains sur son visage, montrant sa lassitude et sa fatigue. Elle n'avait qu'une envie, c'était de faire un véritable scandale afin qu'ils puissent s'occuper de leur fille mais ça ne résoudrait rien. « Tu crois que si je leur dis que Spiderman va attaquer leur hôpital si on ne voit pas un médecin tout de suite, ils vont se bouger ? Ou alors, si je leur paye une nouvelle aile ça pourrait être bien non ? Genre l’aile Alvarez, ils seront obligés de nous recevoir tout le temps. » A ces paroles, la jeune femme pencha la tête sur le côté et esquissa un léger rire. « Je t'aime. » elle ne le quittait pas du regard. Elle l'aimait tant, lui et son côté enfantin qui était toujours là. « Ou alors, je peux faire un scandale ? Comme dans les séries, genre je pète un câble et je leur dis que j’ai des amis très haut placés qui risquent de ne pas être contents s’ils apprennent que j’ai attendu. T’en penses quoi ? » « Tu peux toujours essayer mais je crois que ça ne servira à rien, mon amour. Ca ne marche que dans les séries ce genre de truc! » dit elle en soupirant. Oh ce qu'elle aimerait dormir en sachant que sa fille irait bien. Etre une mère était une chose totalement extraordinaire mais quelques fois c'était dur, vraiment dur ...