Bah ouais, une autre soirée, comme les autres. Rien de bien spécial. Juste, encore une fois, l’envie de s’exiler pendant quelques heures, de danser et de profiter de la vie. Je n’avais appelé personne cette fois-ci, ni Manuela, Anaïs ou même Xavier, nan, juste ma petite personne. Ça pourrait certainement me faire du bien de sortir un peu par moi-même, et j’étais certaine de faire des nouvelles rencontres, ce que j’adorais. Peut-être n’étaient-ce pas les personnes les plus fréquentables, dans ce genre d’endroit, plutôt des vieux pervers qui se cherchent une jeune femme sexy ou des machos qui veulent la même chose. M’enfin, je ne voulais pas être trop pessimiste, mais je doutais de véritablement me faire un ami ce soir. Et puis, nouvelle boîte, l’Awesome ! Je n’y étais jamais allé, mais j’en avais entendu parler, il paraît que c’est bien amusant et que c’est toujours bondé de monde… Peut-être, ne sait-on jamais, j’allais rencontrer un beau jeune homme. Vêtue de simples jeans déchirés et d’un vieux t-shirt des Beatles, j’entrai dans l’endroit sombre. Belle ambiance, j’adore. La musique, les lumières, les gens qui dansent… C’était parfait, juste pour pouvoir penser à autre chose que les cours et la vie en générale. Pas contre, je ne voulais pas de drogue ce soir. J’en avais eu assez pendant la semaine, et je devais me calmer un peu, je ne voulais pas que ça tourne mal… Non, ça serait bien le bordel sinon. Je me faufilai à travers la foule, souriant à tout ceux qui croisaient mon regard, pour commencer à danser. Je laissai mon corps bouger au rythme de la musique pendant un moment, jusqu’à avoir envie d’un peu d’air. Je me faufilai à travers la foule jusqu’à une porte de côté, que je n’étais sûrement pas supposé fréquenter. Bah, peu importe, ils me diront de foutre le camp. Je sortis, pris une grande bouffée d’air frais et m’adossai au mur. Je sortis une cigarette et l’allumai, inhalant la fumée et fermant les yeux. Il y avait quelqu’un d’autre, certainement une employée qui prenait sa pause. Grande, brune, elle me semblait sympathique, simple, amicale même. Mais bon, il ne faut jamais trop se fier aux apparences. Je ne voulais pas nécessairement engager la conversation, mais je n’avais plus envie d’être par moi-même, alors je dis simplement : « Une cigarette ? » J’esquissai un sourire en l’observant, espérant qu’elle ne me trouverait pas folle.

C’était une soirée comme une autre qui débutait pour moi. Après avoir passé la journée chez moi, je devais me rendre au travail. Une douche rapide avant de quitter mon appartement. Je porte un jean et un tee-shirt blanc très simple, histoire de me fondre dans la foule. J’ai toujours préféré passer inaperçue et ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. La boîte de nuit est déjà ouverte quand j’arrive. Normal, il est déjà tard, et je prends la place d’une de mes collègues qui vient de terminer sa soirée. La mienne, en revanche, est loin d’être finie. En effet, elle ne fait que commencer. Je passe bien deux heures, debout derrière le comptoir, à servir des clients, à remballer les hommes déjà ivres qui me font des avances. J’ai l’habitude, heureusement. D’autres personnes pourraient très vite perdre leur calme dans une telle situation. Tout comme certaines personnes pourraient ne pas supporter d’avoir, pendant plusieurs heures, de la musique forte dans les oreilles. Comme tout le reste, j’y suis habituée, à présent. Ce n’est plus un souci pour moi. C’est même comme s’il n’y avait plus aucune musique, comme si tout autour de moi était calme. Ce n’est pourtant pas du tout le cas. Je m’active donc pendant deux heures, avant de décider d’aller prendre une pause. Comme tous les soirs, je veux aller me reposer un peu, fumer une cigarette et retourner travailler pour quelques heures supplémentaires avant que la soirée ne s’achève. Enfin. Je souris aux derniers clients que je sers. Je n’aime pas sourire mais je n’ai pas réellement le choix. Je finis par prendre une porte réservée au personnel, qui mène sur une rue isolée où personne ne passe, la plupart du temps. Je m’adosse au mur et allume une cigarette que je porte à mes lèvres. Cela fait plusieurs années que je fume maintenant, et je n’ai pas envie d’arrêter. En entendant la porte s’ouvrir pour laisser sortir une deuxième personne, je tournai la tête dans sa direction. Cette jeune femme n’était pas une employée de la boîte de nuit, sinon, je l’aurais reconnue. Hors, cette sortie était réservée aux employés, pour qu’ils puissent prendre leur pause sans se faire ennuyer. Mais je ne dis rien. Je n’en avais rien à faire, en réalité. Et puis, ce n’était pas dramatique non plus. La femme paraissait jeune, petite et sympathique. Elle se rendit compte de ma présence, devinant très certainement que j’étais une employée de la boîte de nuit. Je lui rendis son sourire, avant de lever le bras pour qu’elle voie que j’avais déjà une cigarette. « J’en ai déjà une, merci. »

La soirée était confortable ; ni trop chaude, ni trop froide. Le ciel était d’un noir d’encre, le genre de ciel qui emmène les poètes vers le chemin de l’inspiration. Je n’avais jamais été une grande poète, mais j’aurais bien voulu être en mesure de peindre ce ciel et d’y transmettre cette ambiance de calme, de sérénité et de beauté qu’il dégageait. C’était si rare à New York. J’adorais la nuit, car cette ville était extrêmement différente sous la noirceur. Tout était plus agité, mais en même temps, tout était bien plus paisible. Comme si tout le monde s’accordait à dire : quand la nuit tombe, le stress tombe, et on est là pour simplement vivre. Et les lumières, ces lumières, ce sont grâce à elles que je suis tombée amoureuse de New York et que je ne veux tout simplement plus partir. Mon chez-moi. Et j’adorerai toujours me promener dans les rues en observant tous ces gens si différents mais qui sont tous pareils. On pouvait être n’importe qui, n’importe quoi, et la Grosse Pomme allait nous accepter. Si seulement le monde entier pouvait faire pareil. J’observais tranquillement la jeune femme, qui semblait comme lassée. Oui, je n’avais pas le droit d’être ici, c’était clair, mais à quelque part, qu’est-ce que ça changerait au monde ? Je ne dérangeais personne. Un léger sourire étirant mes lèvres, je tenais une cigarette sur le bout de mes doigts en attendant sa réponse. Elle me rendit mon sourire d’un air sympathique et secoua la tête. Elle leva le bras et j’aperçus la cigarette déjà dans sa main, entamée. « J’en ai déjà une, merci. » J’avais peut-être besoin de lunettes. J’acquiesçai et la rangeai dans ma poche, prête à une future utilisation. « Ça doit être le bordel, travailler ici, parfois, je me trompe ? » demandais-je, ma curiosité trop forte pour la rembarrer. C’était bondé et les clients n’étaient pas toujours sympathiques, je m’étais toujours demandée comment ces employées faisaient. « Enfin, si c’est toujours bondé comme ce soir » ajoutais-je avec un petit rire.