Nonchalamment assit sur le rebord de sa fenêtre, une guitare électrique rouge et blanche aux mains et un énorme casque reliée à celle-ci scotché sur sa tête, Tommy jouait distraitement une petite mélodie qu'il avait imaginé la veille, mais qu'il n'avait pas eu le temps d'arranger. Et cela faisait maintenant près d'une heure qu'il était en plein dans cette activité, multipliant accords sur accords, mélodies sur mélodies, tout en regardant d'un oeil vide ce qu'il se passait à sa fenêtre.

Soudainement, son portable qui était posé – ou jeté, cela dépendait comment on voyait les choses – sur son lit, à un ou deux mètres de lui se mit à vibrer... Et Tommy l'entendit. Oui, oui, même avec le gros casque qui lui enveloppait la totalité de ses oreilles, il avait entendu le petit vibreur de son cher petit smartphone. C'est que la pratique de la musique lui avait donné l'ouïe fine.

Il s'arrêta alors dans sa séance de gratouillage, puis enleva à moitié son casque tout en regardant ce dit-portable quelques secondes, sans bouger. C'est qu'il était loin, n'empêche. Et il était bien, là où il était. Et puis, il allait bien finir par s'arrêter de s'exprimer, ce foutu objet technologique...

A moins que non. En effet, cela faisait maintenant une dizaines de secondes qu'il regardait son portable vibrer sans que celui-ci ne daigne s'arrêter. Et cela ne pouvait vouloir dire que deux choses : Soit quelqu'un l'appelait, soit il avait déjà prévu qu'il allait oublier quelque chose d'important. Dans le premier cas, il s'en fichait pas mal, si vraiment la personne qui lui téléphonait tenait à avoir une réponse, elle le rappellerait. Mais dans le deuxième cas... Uhm, même si cela lui coutait, il vaudrait peu être mieux qu'il se lève et qu'il aille voir. Au lieu de rester planté là. Comme un c*n, en plus.

« Oh, et puis m*rde », souffla-t-il finalement en se levant négligemment.

Tom-Tom se dirigea alors en direction de son lit d'un pas lent, avant de s'affaler sur celui-ci et d'attraper la source de tous ses ennuis. Et c'est là qu'il pu y lire un petit message signé de sa propre main...

« Rendez-vous cours ! > 15h00 ▬ Downtown – n°1 SOHO. Antigone (premier) »

Eh ben. Heureusement qu'il était prévoyant, comme gars, parce qu'il l'avait complètement oublié, cette Antigone. Pourtant, avec un nom pareil, il aurait pu s'en souvenir. Bah. Il fourra alors son aide-mémoire dans sa poche, débrancha son casque à sa guitare qu'il posa délicatement sur son socle avant de prendre sa guitare sèche qui trônait à côté et de la mettre dans une de ses housses, sans fermer celle-ci. Suite à cela, le jeune éphèbe se dirigea vers son bureau, ouvrit un tiroir puis en sortit toute une piles de bouquins sur l'apprentissage de la guitare, ainsi que toutes sortes de cahiers où il avait lui-même noté une multitudes de partitions et autres tablatures, classés par niveau bien évidemment.

Tommy se prit alors d'une intense réflexion. Cette fille n'avait encore eut aucune approche avec la guitare, et allait avoir droit à son tout premier cour. Il ne faisait donc aucun doute qu'il allait lui apporter les libres d'apprentissages de base, mais était-ce la peine d'emporter également des cahiers de tablatures ?... Bah, allez, au cas où Tommy saisit le plus facile d'entre eux, avant de sélectionner deux-trois bouquins de la grosse pile, puis retourna vers sa housse où il les glissa dans les pochettes de rangement. Suite à cela, il ferma enfin cette dernière, saisit une veste en sky qui trainait par là, puis attrapa son fameux étui à guitare avant de partir de son appartement, sans oublier de fermer à clef, bien entendu.

Eh oui, vous l'aurez comprit, Tommy, en musicien généreux, avait décidé de donner des cours de guitare. C'est que le jeune homme en avait franchement marre de dépendre de ses parents. Même aujourd'hui alors qu'il vivait enfin seul, il avait encore l'impression qu'ils lui pompaient son oxygène. En fait, ce dont Tommy avait besoin, c'était de l'indépendance. Il désirait donc pouvoir lui-même subvenir à ses besoins, il voulait être vu et connu comme Tommy Sallen le jeune guitariste chanteur et auteur/composteur. Et non pas le fils rebelle des deux avocats les plus doués de New-York. Qu'est-ce qu'il pouvait en avoir marre, de ça.

Enfin. C'est pour cela qu'il avait décider de donner des cours de guitare à domicile. Sans dépendre d'aucune société, évidemment. Non parce que sinon, bonjour les em*erdes ! Cela faisait maintenant six ou huit mois qu'il s'était vêtu de la casquette de prof, et il devait bien avouer qu'il aimait bien ça. Bon, par contre, beaucoup de fois, ses élèves, qu'ils soient jeunes ou vieux lui avaient donnés du fil à retordre. Et puis il fallait avouer qu'il n'était pas la patience incarnée. Qu'il s'énervait facilement, aussi. Mais il n'empêchait qu'il aimait bien cette activité, et qu'il ne comptait pas arrêter de si peu.

Sauf s'il devenait un jour trop connu pour pouvoir sortir dans la rue sans qu'une hordes de groupies en délires lui cours après... L'horreur. Quand il pensait à ça, Tommy se disait que finalement, ne pas être connu n'était pas une si mauvaise idée que cela.

Une fois dehors, le jeune homme sortit son portable afin d'y regarder l'heure : 14h30. A raison d'un quart d'heure de métro environ de Park Avenue à SOHO, il serait sans problème à l'heure. Comprenant ceci, Tommy fut prit d'un petit soupire soulagé. C'est qu'il détestait le manque d'assiduité, que ça soit pour lui, comme pour les autres, et faisait tout le temps tout ce qui était en son pouvoir pour être parfaitement à l'heure. Et il y arrivait parfaitement bien, d'ailleurs.

Au bout d'une ou deux petites minutes de marche, Tommy arriva enfin au métro. Mon dieu qu'il détestait cet endroit... Si sale... Bruyant... Peuplé. Non pas que Tom-Tom était associable, non, seulement... Il appréciait le calme, la solitude. Et le métro n'était pas vraiment le lieu le plus adéquat à tout cela. Enfin. Que quelques petites minutes de torture avant la liberté, voilà ce qu'il se répétait !

Et effectivement, après à peine seize minutes au sein de cette Antre de l'Enfer qu'était ce fichu métro aux yeux de Tommy, celui-ci sortit enfin de ces galeries souterraines pour arriver à l'air libre. Enfin, façon de parler. Il se trouvait à New York, après tout.

Suite à cela, Tommy n'eut qu'à marcher quelques minutes pour enfin trouver le lieu tant recherché. Il regarda un instant ce bâtiment où vivait cette Antigone puis, dans un petit soupire, baissa sa tête pour regarder l'heure de nouveau : 14h53. Il état en avance. Bah. C'était pas si grave. Tom-Tom avança donc d'un pas nonchalant en direction de la porte d'entrée, tout en se mettant à chantonner de sa voix douce et rauque « Fisrt Day Of My Life », chanson du groupe The Rasmus, qui se trouvait être son groupe préféré. Puis, une fois devant la porte de cet appartement, il toqua énergiquement deux trois fois, pour ensuite fourrer ses mains dans les poches de son jean tout en s'épaulant contre le mur à côté de lui, attendant qu'on lui ouvre tout en continuant de chantonner.

Tommy trouva d'ailleurs étrange le fait que cette fichue porte restait fermée alors qu'il lui avait semblé entendre du bruit à l'intérieur. On voulait le faire patenter, ou quoi ? Okay, il était en avance, mais c'était pas une raison ! Mieux valait ça que d'être en retard, à ce qu'il savait. M'enfin. Au bout de quelques minutes, la porte finit par doucement s'ouvrir, laissant place à une adolescente brune aux cheveux bouclés.

En la voyant, Tommy se redressa tout aussi nonchalamment dans un nouveau micro-soupir, tandis que la jeune femme fixa Tommy d'un drôle d'air.

Par principe, le jeune homme soutenu le regard de sa nouvelle élève quelques secondes avant de finalement prendre doucement la parole.

« Emm... Antigone ? 'Suis Tommy. On s'est eut la semaine dernière au téléphone. Pour tes cours de guitare. » ajouta-t-il en montrant de son pouce la housse qu'il portait sur son dos.

Ennuyeux. Ennuyeux. Encore plus ennuyeux. Inintéressant. Pertinent, mais je suis pas d’humeur à me casser la tête. Ce gars-là m’énerve. Impertinent. Bref, on peut vraiment le dire, à cette heure-là, il n’y avait rien, strictement rien à la télévision. Je pense que ça pouvait se lire sur chaque partie de mon corps que je m’ennuyais à mourir. J’étais revenue assez tard d’une fête – ou bien tôt, sa dépend de votre vision des choses -, amochée comme à l’habitude. Natie n’était pas là, je ne savais pas ou elle était, mais bon. On savait dans quoi on s’embarquait en se mettant en colocation : pas trop de questions, juste un endroit pour vivre. J’étais encore dans mes habits de la nuit passée, c’est-à-dire des collants noirs troués, une jupe bleue royale à volants et un t-shirt des Ramones. Ma veste de cuir était juchée sur le fauteuil à mes côtés, mes cheveux étaient en bazar total et mon maquillage aussi. Bref, j’étais une épave, j’avais mal partout, mais j’étais incapable de réussir à m’endormir malgré tout. Je n’étais étrangement pas fatiguée, depuis quelques jours. La preuve, je n’avais du dormir que quelques heures sur 72. Non, ça m’arrivait parfois. J’allais aux cours, je faisais la fête, je rentrais, j’allais parfois travailler, et voilà. C’était tout. Une vie simple, pas très routinière, qui me plaisait parfaitement.

Je jetai un coup d’œil à l’horloge. 13h30. Ça faisait déjà 5 heures que je parcourais les postes de la télévision en quête d’une émission intéressante ? Woah, le temps passe vite. Laissant la télévision à l’émission divertissante qu’étais Jersey Shore, je me levai avec difficulté, avec la bonne intention de me faire à manger. Ouais, mon ventre criait famine. Je me fis donc rapidement une salade au poulet, avec les quelques ingrédients qu’il restait dans le frigo, et la savourai avec délice. 13h50. Ouaiiiiiiiiiiis, le temps est long. Soudainement fatiguée, j’allai m’écrouler sur mon lit, fixant le plafond. Décidément, j’étais d’humeur à ne rien faire aujourd’hui. Me recroquevillant sur mes couvertures, je songeai à tout et à rien en même temps, me perdant dans mes pensées. Puis, au bout de quelques minutes, je me redressai, soudainement prise d’inspiration. Il fallait que je me bouge un peu ! Allez An, tu ne pas rester une épave comme cela toute la sainte journée ! Bouge tes fesses ! C’est ce que Lily me dirait, c’était évident. Je me levai avec énergie. Que faire ? Les courses, tiens ! Natie n’y avait certainement pas pensé, je décidai donc d’aller acheter les trucs nécessaires pour qu’on mange sainement… ou pas. Je sautai sous la douche et ressorti toute propre. D’un geste rapide, je me retrouvai complètement nue dans ma chambre. Si j’avais peur que quelqu’un me voit par la fenêtre immense de ma chambre ? Aucunement. Si j’avais des voisins voyeurs, cela faisait longtemps qu’ils avaient vu mon corps. J’enfilai des sous-vêtements propres, puis j’observai ma garde-robe. Et si je m’habillais correctement, aujourd’hui ? M’enfin, ça dépend de ce que vous entendez par correctement, moi je vois quelque chose… d’inhabituel pour moi. Je me sentais d’humeur frivole tout à coup, j’enfilai donc des collants rouges vifs avec des mini-shorts noirs. Très ‘je fais de l’exercice’, mais j’avais vu ce style dans un magazine et j’avais toujours eu envie d’essayer. J’avais tellement de trucs bizarres dans ma garde-robe que je pouvais tout essayer. J’enfilai un simple t-shirt rayé noir et blanc, mais sans veste car il semblait faire assez chaud dehors, pour ce mois de mai. L’été arrivait, j’adore. J’allai sécher mes cheveux mouillés pour qu’ils soient au naturels – un genre de frisé-ondulé bizarre que je n’avais jamais réussi à qualifier -, me maquillai comme j’avais l’habitude de le faire (eye-liner et mascara) et me sentis prête à affronter cette journée. Journée déjà bien entamée, oui, mais on s’en fout. Tombant dans la lune, j’observai la ville par la fenêtre quelques minutes. C’était bien moi ça. Je tombais toujours dans mes pensées au mauvais moment. Reprenant mes esprits, j’enfilai mes souliers, pris mon sac et sortit à l’extérieur.

Le soleil rayonnait, et j’esquissai un sourire. Je vous avais dit que j’étais un peu bipolaire ? Je me dirigeai d’un pas rapide vers la petite épicerie qu’on avait l’habitude de fréquenter et pris tout le nécessaire : légumes, pain, lait, et tout le tralala. Je fis un clin d’œil au caissier en partant, qui rougit jusqu’aux oreilles, et retournai à l’appartement. J’étais en feu ! Il n’était que 14h40, j’avais la journée devant moi. Tout en rangeant mes achats dans les armoires, je me mis à fredonner joyeusement. Peut-être pourrais-je passer voir Lily, ou même Felicity voir si elle avait besoin de quelqu’un pour garder les gosses… Ou peut-être que Lynch m’appellerait. Perdue dans mes pensées, jetant le sac de carton dans la poubelle, je sursautai violemment lorsque des coups retentirent à la porte. Je fronçai des sourcils. Qui cela pouvait-il bien être ? Certainement pas Natie, elle serait entrée, elle avait une clé. Lily ? Non, n’importe qui m’aurait appelé, ils savent qu’on ne doit pas arriver à l’improviste chez moi, sauf Alix, mais il était occupé ces derniers temps. Je me dirigeai tranquillement vers la porte, indécise. Ouvrir, pas ouvrir ? Et si c’était un meurtrier en série ? Puis je secouai la tête. Moi et mon imagination fertile.

Je me postai derrière la porte et l’ouvrit tout doucement, juste au cas. Je fixai le jeune homme avec un drôle d’air. Il avait l’air nonchalant, avec son étui de guitare et sa veste et les mains dans ses poches de jeans, des cheveux bruns bien coiffés et un air de charmeur averti. Je l’observai, sourcils arqués. Mais qui c’était, celui là ? Il n’avait certes pas l’air dangereux, bien au contraire, il m’apparaissait assez sympathique, mais on ne sait jamais. Venait-il vendre quelque chose ? Il soutenait mon regard de ses très jolis yeux et j’attendis qu’il prenne la parole. « Emm... Antigone ? 'Suis Tommy. On s'est eut la semaine dernière au téléphone. Pour tes cours de guitare. » J’haussai des sourcils. Oh, ça ! Bah, merde ! Ca m’était complètement sorti de la tête ! Encore un coup d’impulsivité signé Antigone Johanson, des cours de guitare… J’étais probablement high quand je l’avais appelé… Mais bon, c’est vrai qu’une guitare traînait dans ma chambre depuis une semaine, sans que je sache vraiment pourquoi, j’avais toujours pensé que c’était Alix qui l’avait laissé là. « Ah, oui ! Désolé, vraiment, j’avais complètement oublié ! » J’esquissai un sourire. Ça pouvait s’avérer amusant. J’avais une guitare et un prof de guitare, et j’avais toujours voulu apprendre à jouer de la musique, une autre forme d’art, en quelque sorte. J’ouvris la porte plus grand en souriant davantage. « Entre, referme la porte derrière toi. »

Je le laissai passer et me dirigeai vers ma chambre à toute vitesse pour aller chercher la guitare. « Désolé de t’avoir fait attendre, je reviens de faire les courses, j’avais étrangement faim ! Fais comme chez toi ! » Je revins dans la cuisine ou il attendait. « Je pense bien qu’on fera ça au salon, qu’en dis-tu ? Tu veux quelque chose à boire, à manger ? » dis-je en l'entraînant vers le salon, légèrement intimidée par sa grandeur.