N’avait-on pas l’impression que les choses devenaient plus « concrètes », plus « vraies » lorsqu’elles étaient prononcées à voix haute ? Morgan avait cette foutue impression et s’il ne s’était pas confié - la veille - auprès de Loyce, c’était par pure crainte. Lui & Kylian s’étaient disputés et sincèrement, l’androgyne crut que leur histoire allait s’achever ici - par téléphone. Son cœur ne pouvait fichtrement pas battre convenablement sans son homme. Et même s’il avait eu terriblement besoin d’une présence ce soir là, il n’avait pas réussi à parler des évènements récents. Pourquoi est ce que tout ne pouvait pas être plus simple ? En rentrant, tout avait été désagréablement calme au sein de l’appartement… mais Morgan ne fut pas au bout de ses peines. Effectivement, dès le lendemain matin - non seulement le chiot fit des siennes - mais en plus, le brun failli mourir écrasé par une voiture. Impossible de dire si ça avait été fait volontairement ou non - même si Morgan pensait de plus en plus à cette bande de mecs qui ne lâchaient pas depuis de trop nombreux mois. & si c’était eux ? Alors après les menaces, ça serait les tentatives d’assassinat ? Ça semblait tellement… énorme. Soit. Ayant atterri sur son poignet droit, l’allemand ressentait une légère douleur à laquelle il ne fit pas attention pour autant. Il se disait simplement que ça finirait par passer. Malheureusement, ce ne fut pas le cas mais il n’avertit personne. Si jamais ses proches se montraient inquiets, il allait paniquer et c’était une sensation qu’il détestait tout particulièrement.

Plus tard dans la matinée -ou dans l’après midi -, Morgan reçut un sms de la part de son meilleur ami. Ce n’était pas très étonnant d’ailleurs. Loyce était l’ami idéal - toujours là pour prendre des nouvelles, toujours là pour ceux qu’il aime… et l’androgyne s’en voyait terriblement touché. Après plusieurs messages envoyés, les deux garçons décidèrent de se retrouver dans très peu de temps. Maintenant, restait à savoir où est ce qu’ils se rendraient. L’Hudson ? Ou bien Central Park ? Les deux endroits étaient vraiment très agréables mais la veille, le brun s’était déjà rendu au bord de l’eau et ce n’était pas pour réfléchir à quelque chose de très joyeux. Il préférait donc marcher tranquillement au sein du parc & si jamais Chica avait besoin de se baigner, et bien elle n’aurait qu’à sauter dans la fontaine.

« xD Tu me sms ? Tu me vois pas au bout de la rue là... coucou »

Après avoir lu le sms, Morgan releva son visage et éclata tout simplement de rire. Inutile de chercher le pourquoi du comment, il était juste heureux de voir son meilleur ami & en plus, celui-ci n’avait véritablement pas trainé. Se redressant doucement, le brun plongea son téléphone dans l’une des poches de son sac à main puis esquissa un large sourire. Sa main s’agita en signe de « coucou » et il marcha pour aller à la rencontre du londonien. Évidemment, la première à se manifester vu la petite Chica - visiblement, tous les jeunes chiens étaient agités et cela avait un petit côté rassurant. Bonjour toi !, lança t-il joyeusement en chatouillant l’arrière son oreille noire. Il mordilla ensuite sa lèvre inférieure et attendit que le chien descende sur ses pattes pour reporter toute son attention sur son meilleur ami. Ca va, j’ai pas été trop long ? Était-ce une plaisanterie ? Loyce s’était montré très rapide et c’était d’ailleurs plutôt rare que l’androgyne pense quelque chose de semblable… Lui qui détestait tout simplement attendre. Hochant sa tête négativement, il tourna un peu sa tête pour laisser le londonien presser ses lèvres sur sa joue maquillée. Il plongea ensuite son regard charbonneux dans le sien et embrassa Loyce à son tour - au même endroit bien évidemment. Pas du tout, j’ai à peine eut le temps de fumer une clope, répondit-il avant de rire silencieusement. Il haussa ensuite lentement ses frêles épaules et se pencha pour toucher le chien qui sautait de nouveau contre ses genoux. Amusé, Morgan pencha un peu sa tête et enfonça sa main - valide - dans l’une des poches de sa veste blanche. L’autre étant encore un peu fragile à cause de son accident, il préférait ne pas trop la toucher.

-Alors, tu m’emmènes où ? Central Park ? Et après à l’Hudson pour rafraichir le chien ?, demanda t-il en baissant un instant son regard vers celui-ci. Comme quoi, Morgan finissait toujours par céder et ce, même s’il repenserait inévitablement à ses pensées douloureuses. Peu importe, de toute façon, aujourd’hui, il allait beaucoup mieux & ça se voyait sans mal sur sa gueule d’ange. Un léger sourire illumina d’ailleurs celui-ci tandis qu’il se baissait pour déposer un baisé sur l’épaule du londonien. Sans attendre, Aileen se mit ensuite en marche jusqu’à l’endroit voulu. Pour le moment, il leur faudrait s’éloigner du centre ville et étonnamment, le jeune allemand n’avait aucune envie de prendre sa voiture. Chica n’aimerait sûrement pas de toute façon, elle semblait beaucoup trop contente de sortir pour rester enfermée dans une voiture durant quelques longues minutes, non ?

-Laisse-le un peu tranquille va ! Tu auras tout le temps de t’amuser avec lui après. Plutôt surprit de voir la petite chienne obéir si facilement, Morgan pencha sa tête sur le côté. Scotty était à peu près aussi obéissant avec Kylian ; il ne le cherchait pas, ne tenait pas tête. À croire que le seul problème, c’était l’allemand. Ce dernier avait sûrement raté quelque chose dans ce début d’éducation ou alors, il était définitivement la proie idéale pour les petits coups en douce. Certainement. Toute fois, il ne perdait pas espoir et se promettait intérieurement de se montrer un peu plus rigide par la suite ; qui sait ? Peut-être que ça fonctionnera. Docile, Chica s’installa entre les deux hommes & Morgan n’eut aucun mal à remarquer qu’elle mourrait de chaud. Lui-même commençait sérieusement à avoir envie de se mettre à l’ombre - il faut dire aussi que porter une veste par ce temps là n’était pas très intelligent. Soit. De toute façon, l’androgyne n’en avait que faire. Ses yeux charbonneux se baissèrent un instant vers le beauceron - qui reniflait son jean - et il ne put s’empêcher de penser que l’odeur de Scotty y régnait peut-être. D’ailleurs, qu’est ce que cela donnerait s’ils étaient réunis ? S’entendraient-ils bien ou au contraire, se grogneraient-ils dessus ?

-On restera dans le parc. Perdu dans ses pensées, Morgan sursauta faiblement en entendant la voix de son meilleur ami. Le parc ? Étonnant, lui qui tenait tellement à ce que son chiot se rafraichisse dans le fleuve. La boule de poils n’allait sûrement pas être très satisfaite mais de toute évidence, ce n’était pas à elle de décider du programme de l’après-midi. Tu m’as fait comprendre que ça te tentait pas trop de retourner vers le fleuve, alors Chica se contentera des points d’eau qu’il y a dans Central Park. Quelle idée de dire de telles choses ? À présent, Loyce s’entêtait à les dispenser de se rendre à l’Hudson alors que quelques minutes auparavant, il assurait qu’il en avait envie. Pourquoi faire attention à Morgan ? Ce dernier savait très bien faire la part des choses ; la preuve, il était d’accord pour y remettre les pieds sans discuter. D’autant plus que - puisqu’il était accompagné - il n’aurait pas le temps de se perdre dans ses pensées noires. S’apprêtant à ouvrir la bouche pour rétorquer, il fut interrompu par l’index dressé du londonien. L’air menaçant de ce dernier l’amusait beaucoup & il dut pincer rapidement ses lèvres pour ne pas partir dans un fou-rire incontrôlé. Et inutile d’insister, tu me feras pas changer d’avis ! Loyce semblait véritablement bien sûr de lui. Pourtant, il connaissait Morgan, non ? Ce dernier était capable de tout - ou presque - pour obtenir ce qu’il voulait. Ainsi, il n’hésiterait pas une seule seconde à agir, surtout si cela pouvait satisfaire son ami - en plus du chiot. Oui oui, c’est ce qu’on verra… T’avances pas trop vite hein ?, lança t-il avant que tous deux se mettent à marcher.

Étant donné que Morgan était déjà lancé, les deux Livingston durent accélérer un peu le pas pour le rejoindre. Une fois fait, l’allemand glissa son bras contre celui de son meilleur ami & tous marchèrent au même rythme. Heureusement, le parc n’était pas très loin. Cette chaleur était vraiment intenable par moment et l’androgyne priait d’ailleurs intérieurement pour qu’ils se trouvent très vite un point d’ombre. -Attends deux secondes, je dois acheter une bouteille d’eau pour la petite. Ce surnom interpella l’androgyne. La « petite » ? On dirait vraiment qu’il parlait comme s’il s‘agissait d’une enfant & c’était très amusant. Au fond, tout le monde agissait de la même façon… Scotty aussi avait droit à quelques traitements de faveur en plus de surnoms très affectifs. Cependant, il ne fallait pas trop en faire. Le chiot était déjà assez capricieux comme ça. Tu peux me la tenir ? Je reviens. Souriant légèrement, Morgan hocha la tête de haut en bas et attrapa la laisse.J’te la tiens oui…, lança t-il en adressant un regard en coin à son meilleur ami. (Perverse ! xD) Aileen attendit ensuite sagement que son meilleur ami revienne avec la bouteille d’eau. Pour rendre sa position plus confortable, il ressortit légèrement l’une de ses hanches - comme il en avait visiblement l’habitude - et baissa son regard vers la boule de poils toute sage.

Plus tard, ce fut à Loyce de s’occuper de sa petite chienne. Pendant qu’il l’a faisait boire, Morgan sortit son téléphone portable de son sac à main et lut le sms qu’il venait de recevoir. Kylian & lui s’étaient en quelques sortes réconciliés en s‘écrivant spontanément en début d’après-midi et ce n’était pas plus mal. Être en froid avec l’homme de sa vie le rendait vulnérable & il ne supportait pas cette putain de sensation. Finalement, les deux meilleurs amis se remirent en marche et l’androgyne décida de garder la laisse de Chica entre ses doigts. Puisqu’elle était docile, autant en profiter non ? Le trajet jusqu’à Central Park se déroula donc sans encombres et le brun attendit d’être arrivé pour rendre la laisse à son meilleur ami. Celui-ci prit l’initiative de détacher sa chienne & Morgan n’était pas contre cette idée. Ça pourrait lui faire du bien de se dégourdir un peu les pattes sans être retenue prisonnière. D’autant plus qu’il n’y avait pas énormément de monde présent. Ainsi, personne ne se plaindrait que « laisser un chien - même bébé - en liberté n’était pas prudent sous prétexte qu’il y avait des enfants ». Aujourd’hui, c’était assez calme.

-Alors. Lâchant le chiot des yeux, Morgan s’approcha de la petite fontaine pour asseoir adorablement ses petites fesses sur le rebord. Il croisa ensuite ses jambes et fixa longuement son meilleur ami. Que voulait-il savoir ? Ta matinée s’est bien passée ? Question difficile à laquelle l’allemand mourrait d’envie de répondre un « non » ferme et définitif. Néanmoins, ça couperait court à la discussion et ce n’était pas l’idéal. Morgan tenait réellement à partager un maximum de choses avec le londonien. C’était son meilleur ami après tout, non ? Il se devait donc d’absolument tout savoir sur la vie du garçon. Hochant simplement la tête de gauche à droit, il inspira profondément. Son regard charbonneux fixait longuement son poignet meurtri tandis qu’il se décidait à prendre la parole. Pas vraiment…, lança t-il avant de grimacer faiblement. Fixant ses prunelles, il poursuivit sur sa lancée et ce, sans s’arrêter. Euhm, déjà Scotty m’a piqué ma serviette quand j’me lavais. Ça aurait du me mettre en garde… même s’il me fait des coups bas tous les matins, assura t-il avant de rire silencieusement. À force, le brun commençait à s’habituer. Fin c’pas l’pire… En fait, j’suis parti bosser à pieds et en traversant, j’ai failli me manger une voiture. J’ai du courir pour l’éviter et j’me suis cassé la gueule sur le trottoir. J’ai un peu mal au poignet mais bon, ça passera, expliqua t-il en faisant une petite moue. En fait, rien ne lui assurait que tout irait bien mais il avait envie d’y croire. Les hôpitaux lui faisaient peur, sans parler des médecins alors inutile de le pousser à consulter. Enfin, c’est à peu près tout c’qui m’est arrivé… & toi alors ?, demanda t-il d’un air intéressé. Un léger sourire venait d’ailleurs d’illuminer son visage d’ange. Pourquoi se lamenter sur son sort plus longtemps ?

Si Morgan avait décidé de parler de Scotty avant tout, c’était uniquement dans le but de détendre un peu l’atmosphère. L’épisode de ce matin avait été plutôt risible & d’ailleurs, Loyce ne perdit pas une seule seconde avant d’éclater de rire - entrainant donc son meilleur ami dans sa course. Ce chien était vraiment incroyable et semblait avoir énormément de ressources pour venir à bout de l’un de ses maitres. Cependant, qui gagnerait ? Une chose est sûre, l’allemand n’avait pas dit son dernier mot. Malgré tout, il se demandait à quoi est ce qu’il aurait droit en rentrant chez lui - le soir même. Aurait-il été faire un petit tour dans sa penderie ? Ça serait sans doute pire que tout. Toutefois, ce n’était pas là que Morgan voulait en venir. En effet, en début de matinée, il avait bel et bien failli rejoindre l’autre monde & cela procurait une sensation vraiment étrange. Son estomac malmené l’avait fait souffrir ; sans compter ce foutu poignet qui faisait des siennes. Pourquoi n’avait-il pas fait un peu plus attention ?

-Owf… pas grand-chose. Heureusement, Loyce prenait d’abord le temps de répondre à son meilleur ami quant à la matinée qu’il avait passé. À vrai dire, Morgan préférait avoir le temps d’anticiper ses questions pour être sûr de ne pas dire n’importe quoi. J’me suis couché le plus tôt possible hier, j’étais naze. Et c’matin, cette bobette m’a réveillé parce qu’elle a vu un oiseau sur le balcon. Baissant son regard charbonneux vers le jeune chien, l’androgyne ne put que sourire légèrement. Décidemment, toutes les boules de poils étaient les mêmes ; toujours prêtes à faire du boucan soit pour manifester leur présence, soit pour montrer leur agacement. Visiblement, l’instinct de chien de garde de Chica n’avait pas loupé… ou alors, elle désirait seulement s’approcher de cet oiseau pour jouer avec lui. Elle aboyait super fort. Le piaf a rien entendu mais alors moi… donc bon, je l’ai engueulée un coup et je suis reparti me coucher. Quand je t’ai envoyé le message, je venais de me réveiller. Amusé, Morgan pencha sa tête sur le côté. Il regarda ensuite longuement la petite chienne et la caressa du bout des doigts - puisqu’il avait la flemme de se pencher un peu plus en avant. Un petit rire franchit ensuite sa gorge tandis qu’il plaquait malicieusement le bout de sa langue percée contre sa lèvre supérieure. La prochaine fois Chica, réveille le plus tôt, d’accord ?, demanda t-il avant de rire un peu plus fort. Ça pourrait être marrant, non ? Dommage que le brun ne soit pas là pour voir ça, il jubilerait sérieusement.

Peu de temps après, la main blessée de l’allemand fut prise en charge par son meilleur ami. Ce dernier prit l’initiative de la poser sur son genou afin de commencer un délicat massage. À vrai dire, la douleur s’estompait petit à petit mais cela ne suffisait pas à la faire disparaitre. D’autant plus que Morgan n’arrêtait pas d’y penser ; c’était sans doute psychologique mais du coup, il avait cette terrible impression d’avoir quelque chose de grave. Ton poignet, tu n’as pas trop mal ? Haussant doucement ses frêles épaules, Aileen hocha la tête négativement. Ce n’était pas un mensonge puisque non, il n’avait pas « trop mal ». La douleur était supportable pour le moment. Parce que si c’est le cas, on va voir un médecin. Et puis quoi encore ? Morgan serra ses dents impeccablement blanches et baissa son regard en direction de ses baskets. Aller voir un médecin était juste inconcevable et il n’en démordrait pas. Inspirant profondément, il se décida enfin à fixer ses prunelles. De cette façon, Loyce comprendrait très certainement que le brun n’était pas en train de le mener en bateau. Mentir était une action qui l’insupportait réellement alors pourquoi agirait-il ainsi ? Non t’inquiète pas. C’est… ça lance un peu mais ça va passer, assura t-il avant de sourire faiblement. Maintenant que le message était - il l’espérait - transmit, le jeune allemand baissa ses yeux en direction de sa foulure. Heureusement que le londonien agissait avec douceur.

Et p’is ton accident là, c’était toi qui était en faute ou la bagnole ? Elle t’a foncé dessus volontairement ? Surprit, Morgan fronça ses sourcils. Pourquoi est ce que son meilleur ami s’aventurait sur son terrain ? Depuis quand est ce que les voitures se jetaient comme ça sur les gens ? Pour quelle raison ? Ce n’était pas franchement logique que Loyce demande ça sur un coup de tête mais qu’importe. Aileen allait y réfléchir sérieusement. Penchant donc faiblement sa tête sur le côté, il inspira profondément et bruyamment. Dans ce cas, j’dois vraiment avoir une gueule qu’on a envie d’exterminer…, lança t-il, en faisant référence à son paternel par exemple. Lui aussi s’en était prit à son fils sans grande raison. Morgan grimaça en y repensant avant de se reconcentrer sur l’évènement de ce matin. & finalement, si le châtain avait raison ? Complètement parano, il se mit à chercher intensément qui pourrait lui en vouloir à ce point. J’ai regardé avant de traverser… enfin, rapidement quoi. Mais en tout cas, il dépassait carrément la limitation de vitesse puisque j’ai à peine eut le temps de voir la couleur de la voiture, expliqua t-il avant de se mordiller la lèvre inférieure. Pour ne pas gêner l’anglais dans son massage, Morgan ôta son gros bracelet et le glissa dans son sac à main - assorti à la couleur de ses vêtements bien évidemment. De cette façon, il serait plus libre dans ses mouvements. C’est grave si quelqu’un veut m’buter… Mais… qui voudrait ça ? Fin, j’sais pas… J’ai pas tant d’ennemis que ça…, lança t-il avant de plonger dans ses intenses réflexions.

Quant bien même Chica semblait être un chiot moins agité que celui de Morgan et Kylian, mettons-nous d’accord sur le fait qu’elle reste un jeune chien qui a aussi ses moments de folie. Loyce a déjà haussé la voix sur elle bien plus qu’une fois, suite à certaines bêtises qu’elle avait fait, histoire de la calmer et de lui faire comprendre qu’elle ne devait pas récidiver. Par exemple, le premier jour de vie commune avec sa chienne avait été marqué par la disparition du sandwich qu’il avait malencontreusement laissé deux minutes sur la table basse de son salon, le temps d’aller chercher quelque chose à boire. Chica avait également fait chuter son maître en pleine rue, faisant marche arrière soudainement, emportant avec lui un londonien qui n’avait eu d’autre choix que s’encoubler et tomber au sol. Il y avait aussi eu la fois où, toute fière d’elle, la petite s’était amusée à sortir la majeure partie de ses vêtements pour ensuite s’endormir, emmitouflée entre les tee-shirt, les jeans, les chemises, les pulls. Mignon, mais terriblement agaçant. Heureusement, ces incidents s’étaient produits une seule et unique fois et ce n’était pas comme si la beauceronne était toujours en train de faire des âneries. Elle était même plutôt sage pour un chien de 2 mois et demi.

-La prochaine fois Chica, réveille le plus tôt, d’accord ?

Non mais, il ne manquait plus que ça, que Morgan essaye d’embobiner la jeune chienne pour que celle-ci se mette à semer la pagaille partout, comme Scotty. Jouant le garçon outré, Loyce ouvrit grand s abouche et fixa son ami de ses deux yeux chocolats écarquillés. La beauceronne, elle, semblait plutôt d’accord avec l’androgyne -évidemment, si celui-ci se met à la caresser tendrement du bout de ses doigts vernis. Quand l’allemand retira sa main, la petite se dressa sur ses pattes arrières pour s’appuyer contre ses fines jambes, tendant la langue pour lui léchouiller les doigts qui venaient de lui procurer une douce caresse, la tout en agitant sa queue de bonheur. Loyce, lui, était moins enchanté par l’idée prononcée par son meilleur ami. Son regard se tourna vers la chienne, il la fixa normalement et tendit sa main pour lui frotter le dos doucement.

-L’écoute pas pupuce, émit-il d’une voix douce, les yeux guignant Morgan. Il te dit ça pour se venger sur quelqu’un, pour que je sache ce que c’est d’avoir un chiot turbulent qui me rendrait fou. Il marqua une courte pause durant laquelle il se redressa et fixa son ami avec un regard des plus attendrissant pour finir par éclater de rire. Il se sentirait moins seul comme ça, le pauvre. Chica fut attirée par le rire de son maître. Restant appuyée contre les jambes de mannequin de l’androgyne, elle tourna la tête et souleva légèrement ses oreilles avant de japper, visiblement heureuse. Puis elle redescendit ses deux pattes pour prendre un peu d’élan et sauter sur les genoux de Loyce, le tout avant de lui léchouiller adorablement le visage, pattes avant contre son torse. Le jeune homme la tint en rigolant, tentant d’éviter ses léchouilles. Maiiiiis oui cocotte, moi aussi je t’aime ! Tu es la plus gentille, la plus douce, la plus disciplinée, la plus sage, la plus obéissante de tous les bébés chiots.. Il marqua une pause, regarda Morgan et lui sourit, comme pour gentiment se moquer de lui, par pure taquinerie précisons-le. Puis il attrapa sa chienne un peu plus fortement pour la faire descendre de ses jambes. Elle avait, d’un côté, raison de profiter, car elle ne pourrait plus rejoindre son maître de cette façon une fois adulte, étant donné la corpulence qu’elle allait prendre avec le temps.

Une fois débarrassé de son chiot, Loyce entreprit de prendre délicatement la main blessée du styliste afin de lui administrer un doux massage, en espérant que cela aura son effet et que la douleur s’atténuera. C’était seulement une fois que Morgan avait confié son petit accident de la matinée que le londonien avait remarqué qu’il tenait -inconsciemment sûrement- sa main en retrait pour lui éviter toutes brusqueries. Il devait donc tout de même avoir un minimum mal s’il essayait d’éviter tout contact avec son membre meurtri.

-Non t’inquiète pas. C’est… ça lance un peu mais ça va passer.
-Sûr ?, demanda le châtain, légèrement inquiet. J’ai pas envie que tu te retrouves avec un bandage durant X temps parce que tu auras fait ton négligé hein…

C’était juste pour se rassurer un peu plus. Loyce était comme ça, il se faisait très rapidement du soucis pour son meilleur ami. Pas qu’il n’ait pas confiance en lui, loin de là. Mais il ressentait le besoin constant de le protéger -un peu comme Edward Cullen et Bella… maggle -.-’. Bref. Le sujet se tourna vers le fautif de cet accident. Alors, Morgan ou voiture ? Connaissant le premier, le châtain ne pensait pas que c’était de sa faute. Il était rarement dans la lune quand il marchait dans la rue et il faisait très attention à vérifier la route avant de la traverser. Ce serait donc plus logique que ce soit la voiture qui ait commis une faute. Et Loyce pensa inutilement que l’incident pouvait être volontaire.

-Dans ce cas, j’dois vraiment avoir une gueule qu’on a envie d’exterminer…

Là n’était pas la question. Et puis déjà, pourquoi Morgan disait cela ? Avait-il reçu des menaces ? Le châtain réfléchit rapidement aux événements essentiels de la vie du styliste et c’est là qu’il comprit. Son père. Une ordure, tout comme le sien. À cette idée, il manqua de s’étouffer et dû se racler la gorge (sexy !) pour ne pas se mettre à cracher des poumons. Il se frotta doucement la cage thoracique et ne répondit rien. De toute façon, Morgan reprenait déjà la parole.

-J’ai regardé avant de traverser… enfin, rapidement quoi. Mais en tout cas, il dépassait carrément la limitation de vitesse puisque j’ai à peine eut le temps de voir la couleur de la voiture.

C’était vérifié, Loyce avait raison. En personne responsable, Morgan avait vérifié la route avant d’entreprendre sa marche jusqu’au trottoir d’en face. Si la voiture dépassait la limitation de vitesse, il était presque certain que le conducteur n’avait pas eu le temps d’apercevoir l’androgyne. L’aspect volontaire de l’acte était donc à mettre de côté. Mais l’androgyne semblait tout à coup très perturbé par cette hypothèse qu’avait émis Loyce au travers de sa question.

-C’est grave si quelqu’un veut m’buter… Mais… qui voudrait ça ? Fin, j’sais pas… J’ai pas tant d’ennemis que ça…
-Non mais attends, le coupa le châtain, yeux grands ouverts. J’ai sorti ça sans trop réfléchir. Si le mec dépassait la limitation, c’est logique qu’il ait pas eu le temps de te voir et de freiner. Enfin j’pense. Qui te voudrait du mal de toute façon ?

Directement, il lâcha doucement sa main endolorie et alla poser la sienne dans le bas de son dos et le lui caressa doucement pour le rassurer. Il n’avait aucune raison de se prendre la tête avec cet accident. Le conducteur était un chauffard méritant le retrait de permis, point. Inutile d’aller chercher plus loin. Histoire de rassurer un peu plus Morgan, le londonien sourit gentiment, sans arrêter ses caresses dans le bas de son dos. Puis il tourna la tête juste pour vérifier si la chienne était toujours dans les parages. Et là, le drame, au premier regard, il ne la vit pas. Tout à coup stressé, sa main se crispa légèrement dans le dos de l’androgyne. Il refit un tour des alentours avec son regard et finit par apercevoir une tâche noire et brune qui ressemblait à Chica, au loin, qui semblait suivre quelqu’un. Loyce se leva donc immédiatement et couru dans sa direction.

-CHICA !, hurla-t-il. CHICA, AU PIED, TOUT DE SUITE !

Comme il se rapprochait, le chiot l’entendit rapidement et se retourna, apercevant ainsi son maître qui l’appelait. Ne percevant pas son énervement, elle se mit donc à courir dans sa direction, toute langue dehors, plutôt joyeuse. Rassuré, le londonien fit demi tour et retourna vers Morgan qui n’avait pas bougé de sa place, au bord de la fontaine. Et là, au moment où les fesses de Loyce allaient toucher la pierre, la chienne arriva à vive allure et sauta vers son maître avec l’envie de ratterrir sur ses genoux. Tentative ratée. Comme le jeune homme n’était pas tout à fait assis et étant donné la force avec laquelle courrait la petite, les deux se retrouvèrent à basculer en arrière pour finir dans la fontaine. Une vague fut créée, mouillant évidemment Morgan qui était juste à côté. La chienne refit vite surface et nagea, un peu affolée, dans l’eau, jusqu’à comprendre qu’elle ne risquait rien. La fraîcheur lui fit du bien, elle resta donc là, à nager tranquillement. Loyce, quand à lui, émergea sa tête un peu plus tard, après s’être rendu compte de ce qu’il s’était passé et après s’être mis à genou dans la fontaine pour pouvoir sortir son visage. Là, il cracha l’eau et toussa doucement en tournant la tête vers le chiot.

-CHICA !, cria-t-il. Mais c’est pas vrai !

Même si l’eau le rafraîchissait énormément, il faut dire qu’il se serait passé de se retrouver habillé dans la fontaine.

-L’écoute pas pupuce. Amusé, Morgan hocha la tête positivement en fixant la jeune chienne. Le regard qu’il lui lançait voulait dire quelque chose comme « Si si, écoute moi ». Chica semblait d’ailleurs intriguée puisqu’elle s’approcha du styliste afin de prendre appui sur ses maigres genoux. C’était comme une première victoire pour Morgan. Sa main vernie - intacte - trouva sa place dans le pelage de l’animal tandis qu’il souriait d’un air heureux. Il te dit ça pour se venger sur quelqu’un, pour que je sache ce que c’est d’avoir un chiot turbulent qui me rendrait fou. Pinçant ses lèvres pulpeuses quelques secondes, Morgan essaya d’imaginer Chica dans le rôle de Scotty. Ça pourrait être tordant, non ? Pour une fois, ça serait Loyce qui tournerait en bourrique et son meilleur ami qui partirait dans des fous-rires incontrôlés. Ce dernier rit d’ailleurs silencieusement en cessant ses caresses, puis il croisa délicatement ses bras contre son torse. Il se sentirait moins seul comme ça, le pauvre. Éclatant littéralement de rire - la bouche grande ouverte-, le jeune allemand se pencha en avant. D’un côté, ce n’était pas faux mais de l’autre, il ne s’était jamais réellement plaint du comportement de son chien. Scotty était jeune et il avait juste envie de s’imposer au sein du couple… même s’il utilisait des méthodes pas toujours choisies judicieusement. Finalement, Aileen se redressa et hocha la tête négativement. N’importe quoi ! J’assume très bien le fait d’avoir un chien turbulent ! Au moins… on s’ennuie pas, lança t-il comme s’il s’agissait d’un seul avantage. Mais bien évidemment, ce n’était pas le cas. Croire que Morgan n’aimait pas son chiot ou regrettait son achat serait une erreur.

Finalement, le poignet blessé du garçon eut droit à un agréable massage. Il savait pertinemment que Loyce allait se faire du souci pour lui mais il ne fallait pas. Dès l’instant où il allait - à peu près - bien, c’était l’essentiel, non ? Morgan n’aimait peut-être pas les hôpitaux ou même les médecins mais il n’était pas inconscient au point de négliger sa santé. -Sûr ? J’ai pas envie que tu te retrouves avec un bandage durant X temps parce que tu auras fait ton négligé hein… Amusé - parce qu’ils pensaient à la même chose au même moment - Aileen hocha la tête négativement. S’il sentait que son poignet ne guérissait pas, il prendrait ses précautions et irait soigner tout ça. C’était comme le jour où son père avait été trop violent avec lui. Quelques côtes avaient été brisées mais Morgan avait eu trop peur pour se rendre directement aux urgences. Son frère l’y avait donc trainé de force quelques heures plus tard - et heureusement. T’en fait pas Loyce, je fais attention…, souffla t-il avant de fixer l’air interrogateur du châtain. Visiblement, celui se posait quelques questions auxquelles Morgan aimerait pouvoir répondre. & c’est vrai… Comment est ce que cet incident avait pu se produire puisque de toute évidence, il avait fait très attention avant de traverser la route ? Dire que quelqu’un avait agi volontairement était une accusation très grave qui pourtant, suscitait beaucoup d’intérêt. Dorénavant, Morgan partait dans ses réflexions et cherchait par tous les moyens, qui aurait pu vouloir lui rouler dessus. Et honnêtement, il ne voyait pas… Hormis peut-être cette bande d’imbéciles qui le suivaient depuis qu’il était arrivé à New-York ? -Non mais attends. J’ai sorti ça sans trop réfléchir. Si le mec dépassait la limitation, c’est logique qu’il ait pas eu le temps de te voir et de freiner. Enfin j’pense. Qui te voudrait du mal de toute façon ? Ce n’était pas totalement faux. Depuis quand est ce que les gens faisaient attention aux panneaux de limitation de vitesse ? Certains s’en moquaient totalement - et ce, même dans les endroits fréquentés - alors inutile de s’inquiéter plus longtemps. Un simple haussement d’épaules servit de réponse claire.

De toute façon, même s’il avait voulu répondre, Morgan n’en eut pas l’occasion. En effet, après une certaine vérification, Loyce put constater que le chien s’était volatilisé. Mince, mais où était-il parti ? Lançant quelques regards par ci par là, l’androgyne pointa son index vers la boule de poils. Et il n’en fallut pas plus pour que le londonien se mette à courir dans sa direction. Immobile, Aileen regarda la scène qui se déroulait sous ses yeux… jusqu’à ce que les deux reviennent vers lui. Le sourire aux lèvres, il s’apprêtait à faire une remarque - plus de la taquinerie qu’autre chose - mais il referma rapidement sa bouche en anticipant ce qui allait se passer. Chica courrait très vite et ce n’était pas difficile de deviner qu’elle ne comptait pas se stopper en si bon chemin. Bingo. En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, Loyce se retrouva dans la fontaine, suivit par la chienne. Malheureusement pour Morgan, il se retrouva trempé et poussa un hurlement digne d’une grande diva. C’était un mélange de couinement, de gémissement et tout ce qui le caractérisait très bien. Dos creusé, il tendit sa main valide dans le bas de son dos et gémit de plus belle en remarquant de sa veste blanche était toute mouillée. Quoi que ce n’était pas tout… le haut de ses fesses aussi, ainsi que - par conséquent - son boxer blanc. Bordel ! Loyce !, s’indigna t-il avant de se redresser brutalement. Chica semblait amusé par ce comportement de Diva puisqu’elle grimpa sur le rebord de la fontaine afin de se secouer. Un nouveau cri s’échappa de la bouche de l’androgyne tandis qu’il repliait ses frêles bras contre son torse. Comme si ça allait le sauver de toutes ces gouttes d’eau…

-On s’ennuie pas ? Le jour où Scotty s’attaquera à tes créations, tu verras. Le jour où Scotty s’attaquera aux créations de Morgan, ce dernier ne réagira certainement pas de la meilleure façon qui soit. Ce jour là, le chiot aurait « la chance » de voir son maitre plus furieux que jamais, et peut-être que -pour une fois- il le craindrait sérieusement. Il faut dire aussi que le styliste passait beaucoup de temps à créer ses vêtements et lorsque tout ceci était gâché, ce n’était pas que quelques heures de travail effectuées pour rien. Non. Il y avait aussi le prix du tissu complètement gaspillé, le temps d’attente par rapport aux clients qui allait augmenter. En bref, cela ferait un énorme décalage qui lui ferait perdre en rémunération. Mais heureusement, il n’y avait absolument aucun risque dans la mesure où - la plupart du temps - le brun travaillait dans sa boutique et non chez lui. Évidemment, ça lui arrivait parfois - quand il n’avait aucune envie de se retrouver plus longtemps loin de son homme. Toutefois, il faisait toujours très attention à ce que l’animal ne soit pas dans les parages. Parce qu’une chose est sûre, celui-ci n’hésiterait pas une seule seconde pour planter ses dents dans ses croquis, pour lui piquer ses crayons ou quoi que ce soit d’autre de terriblement agaçant. Du Scotty tout craché. Porte moi la poisse Loyce et j’te fais bouffer ta guitare la prochaine fois, lança t-il avant de pincer ses lèvres. Inévitablement, un rire bruyant et communicatif s’échappa de sa bouche - avertissant toutes les personnes présentes au sein de Central Park. Il faut dire qu’avec un rire pareil, il ne passait sérieusement pas inaperçu.

Après sa petite escapade, Chica fut bien vite de retour auprès des deux meilleurs amis. Malheureusement, tout ne se passa pas aussi « bien » que prévu puisque Loyce termina sa course dans l’eau, éclaboussant alors inévitablement le brun qui lui servait de meilleur ami. Ce dernier hurla donc à s’en péter les cordes vocales et jura intérieurement. Non, il n’était pas énervé - quoi qu’à première vue, ça y ressemblait grandement - il pensait seulement à ses pauvres vêtements. Baissant un instant son regard charbonneux sur son propre corps, Aileen ne put que se mordre la lèvre et pencher sa tête. Sérieusement, il avait envie de se noyer directement dans la fontaine. Quoi qu’il n’aurait peut-être pas du y penser aussi fortement. En effet, Loyce ne mit pas très longtemps avant d’entourer sa frêle taille à l’aide de ses bras dans le but de le lancer dans la flotte glacée. N’était ce pas abusé ? Par simple réflexe, Morgan tendit son bras - pour éviter que son poignet blessé soit touché et touche le sol. Cependant, à cause de ce simple geste, il se retrouva trempé de la tête aux pieds. Ses cheveux étaient évidemment dans tous les sens mais heureusement, son maquillage n’avait que peu coulé. Waterproof oblige, bien vu. Se redressant brusquement, l’allemand glissa sa main valide dans sa tignasse et fronça les sourcils. -Alors, elle est bonne ? Ce furent certainement les mots de trop. Faussement agacé, il se mit debout et marcha - difficilement à cause du poids de l’eau - jusqu’au rebord. Arrivé à destination, il retira sa veste blanche et la déposa calmement près de son sac à main. Franchement Loyce…la ferme, lâcha t-il avant de se retourner vers lui. Ses yeux lançaient certainement des éclairs mais ce n’était pas - trop - méchant. D’ailleurs, un léger sourire venait de s’afficher sur ses lèvres. Comme quoi… il ne tenait jamais longtemps son rôle de « dominant agressif ».

S’approchant finalement du londonien et de la petite chienne, il souffla bruyamment - envoyant valser quelques petites gouttelettes qui s’étaient préalablement déposées sur ses lèvres. Ses mains entourèrent délicatement le petit corps de Chica et il l’incita à aller nager ailleurs, non sans lui avoir gentiment caressé la tête. La vexer n’était pas son but. Deux secondes Chica, j’m’occupe de c’grand taré !, avoua t-il avant d’arroser faiblement ce dernier. De l’eau atterrit sur son visage mais évidemment, Morgan avait fait attention à ne pas se montrer trop « violent » & surtout à ne pas viser ses yeux. Ça pourrait être désagréable en plus d’être douloureux. Si son poignet n’était pas blessé, il aurait sans doute pu lui en faire voir de toutes les couleurs. Seulement, se retrouver avec des os brisés ne l’enchantait guère alors il préférait s’abstenir et rester « soft ». La prochaine fois Loyce… la PROCHAINE fois… !, répéta t-il en fronçant ses sourcils. Après avoir raclé sa gorge, il baissa ses yeux - histoire de chercher ses mots - et profite pour remonter son pantalon qui descendait progressivement. Évidemment, ce n’était pas grand-chose puisqu’il avait toujours une ceinture qui serrait sa taille. J’vais t’étriper !, couina t-il avant de s’approcher encore de lui pour le repousser doucement dans l’eau. Un léger rire s’échappa de sa bouche quand le jeune londonien se retrouva allongé dans la fontaine. Profitant de ce moment de « tranquillité » - le temps que son ami émerge -, Morgan s’éloigna en trottinant difficilement. Sans attendre, il enjamba le petit rebord en béton et tira sur son t-shirt pour l’essorer du mieux qu’il pouvait. Ses petites fesses rebondies se posèrent ensuite sur le muret et il tourna son visage en direction de Loyce. Sait-on jamais… ses idées tordues pouvaient refaire surface à tout moment, non ?

-Tu m’fr’as bouffer c’que tu veux, mais pas ma guitare, j’t’en supplie ! Et pourquoi pas ? Morgan savait parfaitement que s’il y avait quelque chose à ne pas toucher, c’était sa guitare. C’est d’ailleurs pour cette simple raison qu’il s’en prendrait à elle directement pour le faire payer de ses terribles actes. Enfin, comme souvent, ses paroles furent prononcées à la légère et il n’avait absolument aucune envie d’y aussi fort dans son semblant de vengeance. Le sourire aux lèvres, Aileen essaya cependant de s’imaginer la scène. Celle où son meilleur ami se retrouverait avec sa tête dans l’instrument de musique. Ça serait sans doute tordant pour l’androgyne… mais beaucoup moins pour le plus âgé. Soit. Inutile de penser à des choses aussi absurdes. D’autant plus que quelques secondes plus tard, le beau brun se retrouva plongé dans l’eau gelée. Après avoir poussé plusieurs hurlements qui n’appartenaient qu’à lui, il se remit debout. Son regard charbonneux se baissa immédiatement et une grimace prit place son visage tandis qu’il constatait l’allure de ses vêtements à présent mouillés. Heureusement qu’il était de bonne humeur… sinon les deux meilleurs amis se seraient sans doute disputés. Certes, ça aurait été du grand n’importe quoi. Toutefois, s’en prendre aux fringues du styliste - ainsi qu’à sa coiffure etc. - n’était pas l’idée du siècle. Sinon quoi ? Son organe vital s’était mit à battre un peu plus fort suite à cette phrase. Visiblement, Loyce le provoquait et cherchait la moindre petite chose capable de le faire sortir de ses gonds. En même temps, c’était assez risible de voir Morgan totalement hors de lui ; ses cris aigus faisaient rire, la façon dont il agitait ses mains aussi, sans parler de ses fausses crises de nerfs incontrôlés. Grognant légèrement, le jeune allemand s’approcha du londonien et le poussa assez fort pour qu’il bascule en arrière. Chica semblait amusée puisqu’elle nagea tout autour de son maitre.

Pendant ce temps, le brun décida de retourner près du rebord, qu’il enjamba rapidement afin de poser ses adorables fesses dessus. Ses jambes se croisèrent habilement et ses yeux fixaient - en coin - son meilleur ami. Ce dernier rampait jusqu’à lui et inutile de préciser que cela l’inquiétait grandement. Puis sans qu’il ne s’y attende - quoi qu’un peu quand même - les mains de Loyce attrapèrent ses épaules pour le suspendre quelques centimètres au dessus de l’eau fraiche. T’en n’a pas assez eu ou quoi ? Par simple réflexe, Morgan tendit ses bras en arrière afin de se retenir. Grave erreur. Son poignet se mit à craquer légèrement, ce qui lui arracha un gémissement des plus sonores. Tant pis pour ses vêtements ; l’androgyne fit glisser ses fesses sur le rebord - pour qu’elles se retrouvent dans la fontaine - et ramena ses bras contre son maigre torse. Bordel, siffla t-il entre ses dents impeccablement blanches. Depuis ce matin, la douleur s’était à peu près atténuée… mais là, ce fut multiplié par dix en un rien de temps. Durant plusieurs secondes, Morgan se demandait sérieusement si ça n’avait pas été cassé. D’ailleurs, il se montra assez fou - ou inconscient - pour bouger son poignet de gauche à droite, puis en cercle histoire de vérifier ses craintes. À première vue, ce n’était pas fracturé. Heureusement.

Petit à petit, Morgan se redressa et se mit à debout. Enjambant à nouveau le bord en béton - pour la dernière fois espérons -, il se mit à faire les cents pas dans l’herbe. Ses vêtements étaient dégoulinants, ce qui intriguait quelque peu les passants mais honnêtement, Aileen n’en avait que faire. Sa main libre entourait son poignet et il serrait très fort ses dents comme si ça allait éteindre sa douleur. Malheureusement, cela n’eut aucun effet positif. J’ai l’poignet en vrac putain, lança t-il en le massant faiblement. Ses yeux se fermèrent une dizaine de secondes avant qu’il ne retourne auprès du rebord. Posant ses fesses dessus, il ne put résister à l’envie de plonger l’endroit blessé dans l’eau gelée. Le contraste de température lui faisait un bien fou. Les doigts de sa main libre glissèrent dans sa tignasse ; comme s’il pensait dompter ses cheveux indisciplinés. Toutefois, ce n’était pas ce qui l’embêtait le plus pour le moment. J’vais pu bouger jusqu’à ce que j’doive rentrer j’crois, rigola t-il tout en hochant la tête négativement, faussement exaspéré. Vu comment les choses se déroulaient, ça ne serait même pas étonnant que l’androgyne se blesse une fois dans son appartement. Peut-être que Scotty se montrerait trop joueur. Peut-être même qu’il réussirait à faire chuter le brun une fois de plus. Ou alors… glisserait-il peut-être sous la douche ? Non, décidemment, il fallait sérieusement qu’il cesse d’être parano. À force, il allait lui-même se porter la poisse.

Les nerfs à vif, Morgan se pencha et attrapa son paquet de cigarettes. Évidemment, il fit attention à ne pas tout tremper et saisit un bâtonnet nocif, qu’il coinça entre ses lèvres pulpeuses. D’un geste habile, il sortit son briquet et fit jaillir la flamme. En ce moment, il fumait comme un pompier mais qu’importe, ça le soulageait étrangement - ou pas. Creusant ses joues, il aspira la fumée blanche et soupira de bien-être, yeux fermés et sourire aux lèvres.