Tim et Elisabeth se sont rencontrés alors qu'ils menaient tous deux une mission en Afrique. Quand on y pense, ils étaient destinés à se croiser ! Le biologiste passionné qu'il était avait forcément tout un tas de points communs avec une militante écolo comme Elisabeth. Il y a tout juste une an, Tim se retrouvait en Afrique pour une mission de protection, en collaboration avec plusieurs associations. De nombreux scientifiques, ainsi que des militants étaient donc restés plusieurs jours sur un campement de fortune, et durant leur séjour Tim avait sympathisé avec plusieurs coéquipiers. Parmi eux, le courant était particulièrement bien passé avec cette jeune fille. Ils avaient énormément parlé de leurs boulot respectifs, de leur passion, de leurs opinions... Évidemment ils étaient tombés d'accord sur tout un tas de points, et une relation plus ou moins amicale s'était très vite installée entre eux.
Mais à la suite de cette mission africaine, les deux jeunes gens n'eurent pas vraiment l'occasion de se recroiser. Chacun était assez occupé par son propre travail, et même si Tim avait prévu de la recontacter, il n'avait encore jamais prit le temps de le faire.

Il y a très exactement deux semaines, Tim avait été appelé à partir en Louisiane pendant quelques jours. Le but était de faire un petit reportage sur la marée noire. La mission aurait pu s'arrêter là, mais après avoir prit conscience de la catastrophe, le jeune biologiste se sentit obligé de continuer, et d'apporter son aide. Pour cela, il avait pensé repartir en Louisiane avec son équipe, peut-être plus, et mener une mission de protection. Laisser les oiseaux se noyer et les plages noiricr jour après jour, très peu pour lui. Depuis son retour, il était donc en discussion avec les administrations, pour obtenir les autorisations nécessaires, seulement voilà, les autorités ne l'entendaient pas de cette oreille. Leur seule préoccupation était que l'affaire fasse le moins de bruit possible, et si les écolo s'en mêlaient, c'était foutu.

Tim étant du genre têtu, il réfléchissait chaque jour à une nouvelle stratégie pour parvenir à ses fins. Puis, un jour en rangeant son bureau qui en avait grandement besoin, il retrouva la carte que lui avait laissé Elisabeth lors de leur rencontre. Sans réfléchir, il attrapa son téléphone et composa son numéro. Il lui expliqua alors la situation et comme il l'avait espéré: elle répondit présent. Le rendez-vous était prit à Broadway et Tim se pressait maintenant vers le piano bar en question. Évidemment il était resté coincé au labo par un coup de téléphone de dernière minute, il était en retard, et quand il arriva, elle était déjà installée à une table avec une tasse devant elle. Il s'approcha, un peu confus de l'avoir faite attendre, et se racla la gorge avant de s'adresser à elle avec un petit sourire:

En arrivant, il la vit sursauter et remarqua deux jolies taches de thé sur elle. Tim ne put s'empêcher de rire un peu avant de s'approcher pour l'embrasser. Il s'installa en face d'elle, en posant son sac sur la chaise voisine avec un grand sourire, puis enleva sa veste pour se mettre plus à l'aise. Il était vraiment heureux de la revoir ici, après tout ce temps. Les deux jeunes gens s'étaient tellement bien entendus en Afrique ! Il avait hâte de la retrouver, c'était toujours très intéressant de revoir un collègue, qu'on avait rencontré en mission, et de le découvrir en dehors du travail. L'ambiance était alors beaucoup plus détendue, et on n'était pas obligés de s'interrompre toutes les cinq secondes parce qu'un téléphone sonnait, ou qu'un groupe d'animaux à compter traversait sous nos yeux.
Certes, la raison de ces retrouvailles étaient en partie professionnelles, mais ça n'empêcher en rien de passer un bon moment ensemble devant un bon café. Tim s'empressa d'ailleurs de faire signe au serveur, et de passer commande. Il reporta ensuite son attention vers Elisabeth avant de lui répondre:

- Oui, comme tu dis ! Ça me fait plaisir à moi aussi, on ne s'est pas recroisés depuis l'Afrique ! Il s'en est passé du temps depuis... Alors dis-moi ! Qu'est-ce que tu deviens ? Comment ça se passe avec ton boulot ? demanda-t-il en attrapant la tasse que le serveur lui tendait, et en le gratifiant d'un sourire.

Une idée lui traversa alors l'esprit. Le fait qu'il l'ait appelée juste maintenant, juste quand il avait des problèmes, elle aurait pu s'imaginer qu'il s'agissait d'un acte intéressé. Tim espérait qu'elle l'avait assez bien cerné pour comprendre que ce n'était pas ça: en aucun cas il ne l'aurait utilisée pour arriver à ses fins. L'espace d'un instant, il eut envie de le lui dire directement, mais il se ravisa, et décida d'attendre. Il allait voir ce qu'elle dirait, observer son comportement, et comme à son habitude, prendre sa décision ensuite.

Visiblement, Elisabeth n'avait même pas soupçonné qu'il pouvait l'utiliser pour l'aider dans sa mission en Louisiane. Cette réaction avait rassuré Tim, il savait qu'il pouvait lui faire confiance, et que leur relation n'avait pas changé malgré le temps qui s'était écoulé. C'était en fait la seule chose qu'il craignait, et maintenant qu'il était soulagé, il pouvait profité à fond de leur retrouvailles. Tim commença tout simplement par l'écouter, et il ne fut pas déçu. A la couleur que prirent ses joues quand il lui posa ses questions, il comprit que tout un tas de choses avaient dû se passer pour son amie. Il l'écouta donc avec attention et put très vite se réjouir de toutes ces bonnes nouvelles.

- Wow ! C'est super ! Euh... et bien félicitations pour tout ça ! Je vois que ça marche pour toi, ça me fait plaisir ! dit-il avec un grand sourire. Avec l'expérience qu'il en avait, il savait que la vie était faite de hauts et de bas, et il savait aussi que c'était chacun son tour. Pour lui, le tour était déjà passé et maintenant c'était fini. Mais il se réjouissait de voir que tout allait bien autour de lui. C'était en quelque sorte une consolation. Il resta un instant silencieux, en pensant à tout ça, mais se rattrapa vite et reprit la parole d'un air ironique. Oh, tu sais, ma vie à moi, elle va te paraître bien calme ! Ça fait deux ans et demi que je suis à New-York et je travaille toujours dans le même labo. Maintenant je suis chef d'équipe ! Et... ça me plaît toujours autant, je fais pas mal de reportages, documentaires un peu partout... Y'a quelques semaines, je suis allé en Louisiane justement, par rapport à la marée noire, entre autres... Et puis, tu sais comment ça se passe hein ? En voyant ça, je me suis dit que je ne pouvais pas juste passer, et ne rien faire. Depuis mon retour j'essaye de repartir là-bas, il FAUT que je reparte là-bas ! Le problème, c'est que les administrations empêchent les labo comme nous de travailler, ils veulent garder le secret sur ce qui se passe vraiment... Du moins, ils essayent de limiter les informations transmises par les média.

Il se tut précipitamment en s'apercevant qu'il parlait... beaucoup. En temps normal il n'était pourtant pas très bavard, mais dès que la conversation touchait de près ou de loin à son métier, il devenait soudain intarissable. Mais pour cette fois, il savait qu'il pouvait parler autant qu'il voulait, parce qu'il s'adressait précisément à quelqu'un d'aussi passionné que lui.