It's bugging me, grating me
And twisting me around
Yeah I'm endlessly caving in
And turning inside out

Mon Ipod branché sur les oreilles je marchais lentement le long des allées de Central Park en écoutant Muse, je m’efforçais de ne pas penser, il fallait juste que je me concentre sur les paroles et sur mes pieds. Mes pieds, la chanson, je ne devais pas tomber, je devais écouter, m’imprégner de chaque mot et ne pas penser. Je devais ignorer l’envie immense que j’avais de courir au magasin le plus proche pour acheter une bouteille. Je ne devais pas penser que j’étais malheureuse, que j’avais 26 ans et que la seule personne qui était dans ma vie, que j’avais perdu Casey et apollon par ma faute, que j’étais une sotte. Je voulais un chien. Cette pensée là, je me l’autorisais, c’était mignon un chien, ça vous tenait compagnie et j’avais besoin de compagnie. Je ne supportais plus mon appartement vide et dérangé, la solitude me rendait folle… j’étais folle… folle et incroyablement seule. Je ne devais pas penser.

'Cause I want it now I want it now
Give me your heart and your soul
And I'm breaking out I'm breaking out
Last chance to lose control

J’avais l’impression d’être face à une impasse, au bord d’un gouffre non face à une impasse, je n’aimais pas trop l’image du gouffre car un gouffre on pouvait sauter dedans et je n’avais pas envie de sauter, nulle part… Je savais que je ne devais pas penser mais je ne parvenais pas à m’empêchais, je ressassais toujours et encore les mêmes choses ne parvenant pas à m’en détacher. Ce qui m’avait paru si simple en présence de Nathaniel quelques jours plus tôt m’apparaissait à présent aussi haut qu’une montagne infranchissable. Décidément, j’aimais bien les métaphores aujourd’hui. Je trébuchais sur une pierre et me rattrapais de justesse, je devais me concentrer sur mes pieds.

It's holding me, morphing me
And forcing me to strive
To be endlessly cold within
And dreaming I'm alive

Je vivais dans une sorte de brouillard, certains moments de mes journées passaient à la trappe tandis que d’autres restaient bien présents. Ces derniers étaient plus anciens et plus douloureux mais quelques uns faisaient exceptions, je me souvenais très bien par exemple de ma rencontre avec Nathaniel et des bonnes résolutions que j’avais alors prises, de la tâche au plafond, d’avoir été travaillée il y a deux jours et d’avoir croisé Sam, et d’avoir parlé à mon père au téléphone ce matin. Ils étaient diffus et sans lien entre les uns et les autres. J’étais ainsi incapable de savoir ce que j’avais fait entre le coup de fil de mon père et maintenant. J’avais peut-être tué un homme, braqué une banque ou peut-être même les deux mais je ne m’en souvenais pas. Je savais que j’aurais du m’inquiéter de ces absences mais je n’y parvenais pas. C’était dur, très dur et je savai qu’elles étaient là pour me protéger, de quoi ? Je l’ignorais.

Cause I want it now I want it now
Give me your heart and your soul
And I'm not breaking down I'm breaking out
Last chance to lose control

J’étais vêtu d’un vieux survêtement gris que je mettais depuis le lycée. J’avais beau avoir bien changé mentalement depuis cette époque, c’était loin d’être le cas, j’étais la même petite, mince et maladroite, seul mon sourire éternel manquait à l’appel, remplacé par une imitation très mauvaise mais qui a force d’être répétée paraissait de plus en plus crédible. Toutefois, je savais qu’elle ne tromperait pas les gens qui me connaissaient le mieux. J’avais réussi à devenir totalement indifférente à ce qui m’entourais. Je regrettais de ne pas parvenir à être aussi douée avec mes pensées mais ce n’était pas aussi simple, elles faisaient parties de moi, de même que mon cœur ou que mes yeux. J’entendis des cris d’enfants, je me trouvais devant une aire de jeu, je m’assis sur un banc et les regardais s’amuser. Rien ne valait l’innocence et la pureté d’un enfant.

And I want you now I want you now
I'll feel my heart implode
And I'm breaking out Escaping now
Feeling my faith erode

Lorsque j’étais enfant, je montais aux arbres, je débordais d’énergie et étais une pile électrique du matin au soir. A présent j’étais fatiguée. Je regardais ces enfants et me demandais ce que eux seraient plus tard : d’important politicien, des stars en vogues, des scientifiques de talents, de simples gens normaux serveurs, vendeurs ou encore professeurs ? Quoique ce soit, il connaîtrait comme tout le monde leurs joies et leurs peines. Je me demandais ce que je ferais si un jour j’avais un enfant, une mère débordée et nulle sans aucun doute, j’étais incapable de m’occuper de moi-même. Je voulais un chien.
J’étais absorbée par mes pensées, ma musique. Quelqu’un me tapota l’épaule, je sursautais et me cognais contre l’arrière du banc.

Mila était maintenant enceinte de pratiquement 7 mois, cela faisait presque 2mois qu’elle avait apprit qu’elle était enceinte. De puis la jeune femme avait eu le temps de s’habituer à l’idée d’être mère et surtout être une mère célibataire. Au début ce fut très difficile, Mila n’avait pas voulu de ce bébé et voilà que maintenant elle n’avait plus le choix il fallait qu’elle fasse avec ne pouvant plus avorter. Par-dessus le marché le père de son enfant était marié à une autre et Mila ne souhaitait pas être au milieu d’un couple alors elle avait préférer mettre de la distance avec le père de son bébé.
Il y a quelques semaines de cela Mila n’aurait jamais cru qu’elle gèrerait aussi bien sa grossesse, surtout émotionnelle ment parlant. Il ne fallait pas croire que Mila était seule là dedans, elle avait ses amis qui l’a soutenait et surtout Esperanza sa voisine enfin elle était plus que ça maintenant, c’était essentiellement son amie.
A partir du moment où Mila avait apprit qu’elle était enceinte, son corps c’était mis à changé et voilà que maintenant elle présentait un ventre assez proéminent, Mila portait un pull moulant qui mettait d’ailleurs en valeur ses nouvelles courbes, et même si elle portait un manteau, il était facile de deviner que la bosse au niveau de son ventre était un bébé.
Mila faisait donc sa promenade quotidienne dans centrale park, elle ne travaillait plus qu’à mitant ne voulant pas arrêter totalement son travail, qu’elle aimait tant. Cependant elle savait qu’elle devrait bientôt s’arrêter car elle se fatiguait trop facilement et ne pouvait plus trop assurer son service, de toute façon ses collègue s la ficherait à la porte si elle s’obstinerait à revenir à l’hôpital pour travailler.
Alors qu’elle se disait qu’il faudrait réellement qu’elle s’assoit pour reprendre son souffle, elle vit Esperanza, son ami. D’abord surprise de la croiser ici, elle reste quelques secondes debout sans bouger, puis réalisant qu’elle ne l’avait toujours pas vu, elle s’approcha et lui tapota l’épaule « Eh bien, tu étais dans les nuages encore, tu ne m’as même pas vu arriver, pourtant en ce moment avec mon ventre je ne passe pas inaperçu » , dit ‘elle en rigolant. Ensuite, elle décida de s’asseoir près d’elle soufflant de soulagement, elle pouvait enfin se repose « Je suis épuisé et tu imagines cela ne fait que 10 minutes que je marche … toi comment vas-tu ?»

J'étais vraiment imperméable à ce qui se passait autourde moi, je ne voyais rien et n'entendait rien, c'était le prix à payer pour ne pas penser et si ce n'était que cela, je pouvais l'affronter. J'aurais pu rester dans cette transe un moment si je n'avais pas senti quelqu'un me tapoter l'épaule. J'ouvris les yeux alors que je ne me souvenais même pas les avoir fermé et me tournais vers la main. C'était Mila, superbe et rayonnante, et enceinte... Je clignais les yeux l'ai hébétée. J'étais certaine que j'avais du passer à côté de quelque chose.

*Souviens-toi Esperenza, Mila est enceinte, elle a bien du te le dire.*

Je me concentrais et la revoyais vaguement chez moi en train de m'annoncer la bonne nouvelle, je voyais aussi ma réaction excessive et joyeuse comme à mon habitude. Je ne parvenais pas à comprendre comment j'avais pu oublier une chose pareille. Le temps que je réfléchisse Mila s'était assise à côté de moi et contemplais l'aire de jeux ou plutôt elle couvait les enfants qui s'y trouvaient du regard.

-Mais c'est normal ça, il faut que tu te reposes. Comment tu vas ? Dire que dans pas si longtemps, ce sera le tien que nous regarderont.

Je me tus. J'avais essayé de cacher mon trouble du mieux possible et j'avais volontairement esquiver son allusion au fait que j'étais dans les nuages et sa question sur ma santé. J'avais voulu lui parler de ce qui n'allait pas chez moi mais à ce moment-là je n'avais plus souvenir qu'elle était enceinte. Mila portait la vie et moi la mort, je n'avais pas le droit de l'importuner avec mes soucis.

-Tu sais Mila, je crois que je vais prendre un chien.

Ca c'était quelque chose que je pouvais lui dire, c'était mignon un chien quand ça ne crottais partout et que ça n'aboyait pas et puis, c'était beaucoup plus affectueux qu'un chat même si j'aimais aussi énormément mon chat.