Astaria + Valentino

Strike a pose

J'avais tendance à l'oublier tellement ça n'avait pas d'importance, mais il s'agissait-là d'un détail suffisamment décalé pour plaire à Valentino. Baronne, on frôlait le ridicule comique, tout de même. J'avais voulu lui confier ça pour lui témoigner de mon côté encore plus timbré qu'il ne l'imaginait, et aussi, peut-être, pour expliquer la présence de quelques ancêtres encadrés tout autour de nous. Lorsqu'il me rendait l'ordinateur, mon premier réflexe fut de tenter de relever le défi qu'il me mettait sous le nez. Parce que oui, sa phrase sans voyelle, je la percevais comme un défi auquel je ne pouvais résister. “vlntn, t s ps drl, t ss ?” Non, vraiment, non. “On dirait du klingon.” j'annonçais, finalement, en grimaçant. Rien ne servait de s'obstiner, il avait gagné, je lui laissais le dernier mot... Du coup, il ne pourrait pas faire les deux, mimer et tenir ma main. Tu me tiendras juste la main, alors... Ou alors tu mimeras seulement. Enfin, tu aviseras sur le moment. Oui, surtout qu'il n'était absolument pas certain qu'on se retrouve dans pareille situation vu que je faisais absolument tout pour les éviter. La suite de ma lecture fut beaucoup moins drôle. Après un bref passage dans lequel il s'étonnait de ma dénomination de baronne, tout autant que je pouvais le faire moi-même -non, mais sérieusement, baronne ! - il évoquait son passé, son enfance plutôt, et m'offrait quelques indices supplémentaires sur ce qu'avait été sa vie et son traumatisme. Faut toujours écouter sa soeur, je tapais avec un petit sourire en coin, histoire de dédramatiser un peu cette lecture, et l'aider à ne pas se sentir mal à l'aise. Après une courte réflexion, je me décidais à changer de place. Pour l'instant nous étions l'un en face de l'autre, et nous passions le portable à tour de rôle, devant attendre chacun son tour que l'autre ait fini. Ca avait ses avantages, mais ça avait surtout assez duré. Aussi, je me redressais, et venais me caler à ses côtés, posant l'ordinateur entre nous deux, une cuisse chacun. Ainsi, il pourrait lire l'écran en même temps que je tapais, et je pourrais en faire de même, sans plus qu'il ne se sente étudié lorsqu'il lisait ou écrivait. Si tu voulais, tu pourrais retourner au Brésil, ne serait-ce que pour un court séjour, par exemple, ou bien c'est trop compliqué ? je tapais à nouveau. Je n'imaginais pas ne jamais pouvoir retourner en France, ça m'aurait été bien trop douloureux, je crois. Je ne voulais pas qu'il me fasse de nouvelles révélations, simplement connaître ce fait-là, sans entrer dans les détails.

made by pandora.

J'aurais du m'en douter qu'elle allait prendre mes paroles, comme un défi. je fis un peu la moue pour lui signifier que je trouvais ça limite ridicule. Bon, surtout drôle qu'elle essaie alors qu'elle savait très bien que ça n'allait ressembler à rien du tout ! Mais quand même, c'était aussi assez ridicule. Et je ne me fis pas prier pour le lui faire comprendre par ma grimace équivoque. Je me sentais finalement tellement à l'aise avec elle, que je me permettais de la taquiner un peu à ma façon, en devinant sans trop de mal qu'elle n'allait pas se vexer. En même temps, niveau méchanceté, je n'étais quand même pas à un très haut niveau non plus. J'étais même gentil quand je voulais me moquer, c'était dire ! Je ne bronchai pas quand elle entreprit de se déplacer pour finalement venir s'asseoir à côté de moi et placer l'ordinateur entre nous deux. Ca n'allait pas être si pratique que ça d'écrire de cette façon. Mais ça avait quelques avantages quand même. Comme celle de pouvoir lire en direct, ce que l'autre écrivait. Je pu ainsi lire ce qu'elle avait commencé à écrire, avant d'étudier la suite de ses paroles. Je ne savais trop si c'était là une question piège ou non, pour tenter d'en savoir plus concernant les trucs louches de mon père. Mais je préférais me dire que non. Qu'elle n'était pas tordue à ce point ! Tu dis ça, simplement parce que tu es toi même soeur ... Remarquai-je avec un sourire amusé, avant d'enchaîner sans trop prendre la peine de réfléchir. Je pourrais m'y rendre. Je n'ai jamais éprouvé l'envie d'y retourner jusqu'à présent. Mais si je le voulais, je le pourrais. Conclus-je tranquillement, avant de me redresser. Soit, je pourrais y retourner donc. Mais je tâcherai évidemment d'éviter les lieux où je pourrais croiser mon père, cela allait de soit !

realised by morphine.

Astaria + Valentino

Strike a pose

Je n'avais pas une once de fourberie en moi. J'étais parfois chiante, trop bavarde, et je possédais un esprit de répartie assez efficace, mais je ne savais pas piéger les gens. C'était tellement peu naturel pour moi que je n'y songeais même pas. J'étais souvent maladroite de franchise, mais jamais manipulatrice. Aussi, ma question n'avait rien à voir avec ce type de manoeuvre, et je partais du principe qu'il me connaissait suffisamment, désormais, pour ne même pas se poser la question. Dans ma super nouvelle position, je pouvais lire en temps réel ce qu'il tapait, et même me fendre d'un rire à la lecture de sa réflexion quant à mon propre statut de soeur. Evidemment qu'il s'agissait de la raison pour laquelle j'estimais qu'il devait écouter sa soeur. Entre soeur, on se soutient, c'est bien connu. D'ailleurs, je partais du principe que j'aimais bien sa soeur. Je ne la connaissais pas, mais pour avoir un frère pareil, ça devait forcément être quelqu'un de bien. Forte de cette conviction, je retournais à ma lecture tout en écoutant ses doigts cliqueter contre le clavier. Non content de répondre à ma question, il répondait, également, à la prochaine que je comptais poser. A savoir, avait-il envie d'y retourner ? Pour l'instant non, donc. D'accord, je n'insistais pas. J'avais voulu savoir s'il souffrait d'un quelconque mal du pays, mais j'avais eu peur de lui faire du mal en posant cette question si jamais il n'avait plus la possibilité d'y retourner. Comme je ne voulais pas l'interroger sur cette expérience traumatisante qui avait changé sa vie à jamais, j'avais sans cesse peur de faire preuve d'indiscrétion ou de maladresse dès que la question s'avérait très personnelle. C'était comme avancer sur un fil sans craindre pour sa propre vie de funambule, mais plutôt pour le mal éventuel infligé au fil en lui marchant dessus. Et y a d'autres pays que tu aimerais voir, par contre ? Personnellement, j'adore voyager, j'aimerais faire le tour du monde si je pouvais. Mais faut de l'argent pour ça, beaucoup d'argent. Cela dit, je ne suis pas à plaindre, j'ai déjà vu de nombreux pays, et puis je suis ici, à New York, ce n'est pas donné à tout le monde. Avait-il déjà été en Europe ? J'en doutais. Je l'imaginais plutôt fuir le Brésil au profit des USA et ne plus bouger de New York, perdu dans la sécurité de cette foule anonyme et grouillante.  

made by pandora.

J'ignorais encore pour quelle raison Astaria s'était mise à m'interroger au sujet de mon pays natal. Peut-être parce qu'elle même souffrait du mal du pays et aurait bien envie de retourner plus longtemps en France d'où elle venait ? Ou simplement parce que c'était là une question qui lui trottait en tête, juste comme ça ? Je l'ignorais. Mais ça ne me posait pas le moindre problème de lui répondre. Au contraire, je le faisais avec grand plaisir ! Puisque j'appréciais beaucoup de discuter avec elle, à propos de tout et de rien ! Encore une fois, je pu lire sa réponse pendant qu'elle était en train de la rédiger. Raison pour laquelle j'avais déjà ma propre réponse en tête, quand elle eut terminé. Je pu donc la rédiger tout de suite, une fois que ses doigts eurent quitté le clavier d'ordinateur. Je dois avouer que je ne suis pas du genre aventurier ou simplement voyageur. J'aime me sentir en parfaite sécurité, dans mon nid douillet. L'idée de voyager plus loin que les Etats-Unis, ne m'a dont jamais effleuré l'esprit. Il est même très rare que je quitte New-York, pour être tout à fait honnête. Mais dis moi, toi, quels sont les pays que tu as visité ? Finalement, je n'avais sans doute pas vécu autant de choses fabuleuses qu'elle. Et n'avais donc pas autant de choses à raconter. Voir du pays, ça devait quand même être quelque chose ! Mais le fait est que pour ma part, j'étais trop bien dans mon petit confort personnel, pour ne pas vouloir 'prendre le risque' de le quitter. C'était peut-être stupide et je passais peut-être à côté de quelque chose. Mais à vrai dire, je m'en fichais pas mal. Tant que je me sentais bien dans mon petit appartement New-Yorkais et avec mon boulot bien simple, dans mon train train quotidien, je ne voyais pas de raison de vouloir partir à l'aventure.

realised by morphine.

Astaria + Valentino

Strike a pose

New York avait longtemps fait partie de mes rêves inassouvis. C'est aussi pour ça que je n'avais que très peux hésité lorsque la proposition était tombée. Voir New York, y vivre un peu, ça ne pouvait pas se refuser. J'avais foncé. Pourtant, je n'étais pas vraiment une fonceuse, plutôt une casanière, comme il était lui-même entrain de se décrire. Il aimait son chez lui, son confort, son quotidien. Moi aussi, dans un sens, lorsque j'étais en France. Mais cet aspect de moi n'avait jamais su faire taire mon besoin d'évasion et surtout de découverte. J'aimais plonger d'un monde à un autre, rentrer dans un mode de vie complètement différent, et apprendre, apprendre encore, toujours apprendre. J'étais curieuse de nature, parfois dans le mauvais sens du terme, souvent dans le bon. Ainsi, je n'avais eu de cesse de trotter à travers le monde, autant que mes finances me le permettaient, et les occasions également. Valentino voulait savoir, et j'avoue que j'avais très envie de lui raconter également, parce que si je n'étais habituellement pas très fière des différents aspects de ma vie, mes voyages échappaient à cette malédiction... J'ai pas mal voyagé en France, tout d'abord, mais ça ne te parlera pas. A l'échelle des Etats Unis et du Brésil, la France à des allures de bourgade, alors forcément, si je te parle du Périgord, tu ne vas même pas réussir à le situer. C'est au sud, mais ce n'est pas très important. Ma mère était italienne, alors j'ai passé une bonne partie de mes étés partagée entre le Périgord, la région d'où vient mon père, et la Sicile, l'île italienne d'où venait ma mère. Et puis Rome, et Milan, et Florence... D'ailleurs, je parle italien. Je parle allemand, aussi, mais pas très bien. J'ai appris à l'école, et grâce à ça j'ai pu faire différents voyages scolaires en Allemagne. Berlin et Düsseldorf, mais encore une fois, j'suis pas certaine que ça te parle. Je suis allée à Londres de très nombreuses fois, j'adore Londres, et puis c'est pas loin de Paris. Je suis allée en Belgique et en Suisse, également, en Espagne, au Portugal... La Grèce, c'est merveilleux ! La Turquie aussi... Le Maroc et la Tunisie, j'ai adoré... J'ai fait l'Egypte aussi, j'avais toujours rêvé de voir les pyramides. L'Irlande, l'Ecosse... La République Dominicaine et Cuba, de ce côté-ci, et puis Chicago, Los Angeles, et Miami... Mais c'est la toute première fois que je viens à New York. Je me relisais, avant d'ajouter : Ca fait beaucoup, en fait ! Moi-même surprise.

made by pandora.

Finalement, nous étions tellement différents tous les deux, que ça allait jusqu'à ce qui concernait les voyages et tout ça. Si Astaria avait dit qu'elle en avait fait 'quelques uns' j'étais en train de découvrir que c'était beaucoup plus que ça. En effet, vu tout ce qu'elle était en train d'écrire, juste sous mes yeux, on pouvait difficilement dire 'un peu'. Et j'étais un peu soufflé pour le coup et je faillis en rire. Mais au lieu de ça, j'étais presque super concentré, pour lire toute sa liste, bien garnie. Au départ, la liste des pays qu'elle avait visités, tournait surtout autour de la France qui était ni plus ni moins que son pays natal. Mais bien vite, géographiquement parlant, ça commença quand même à bien s'élargir. Je fis un peu la moue. Ca donnait presque envie de voyager tout ça ! Je ricanai un peu quand elle même sembla enfin réaliser que sa liste était longue et que, oui, ça faisait beaucoup ! Elle avait mit le temps pour s'en rendre compte quand même ! Bien sûr que ça fait beaucoup ! Tu ne t'en étais vraiment jamais rendu compte !? M'étonnai-je, véritablement surpris qu'elle semble enfin atterrir. D'un côté, venant d'elle, ce n'était pas si surprenant que ça ! Moi je n'ai connu que Brasilia et New-York ! Et on est venus en avion alors on ne peut pas dire que c'est la meilleure façon de voir du pays ! Est-ce que je le vivais mal ou en était frustré ? Eh bien pas le moins du monde à la vérité. Je le vivais même plutôt bien dans le fond ! Puisque c'était un choix tout à fait personnel, réfléchis et tout ça. Toutefois, ma soeur n'était pas du tout comme moi, même sur ce point là. Contrairement à moi, quand elle partait en vacances, elle quittait carrément les Etats-Unis. Ou se rendait dans une ville plus 'vacances' que New-York. Du genre Miami ou Los Angeles. Tu crois que je passe à côté de quelque chose si jamais je ne prends l'initiative de voyager ?

realised by morphine.

Astaria + Valentino

Strike a pose

Oui, ça faisait beaucoup, ça faisait même énormément lorsque tout se trouvait accolé, ainsi, façon liste. Lorsqu'il s'étonna que je ne le remarque que maintenant, j'eu la même réflexion envers moi-même. C'était comme si j'avais vécu et oublié tout aussi rapidement. Mais c'était normal, je suppose. Enfin, du moins, ça l'était un peu. Personne ne s'amuse à faire des listings de sa vie, si ? Mon frère avait une technique bien particulière : une carte du monde étalée sur un mur de sa chambre, dans laquelle il plantait des punaises pour symboliser les différents pays visités. Mais là encore, ça ne semblait pas autant que maintenant. Peut-être que seule une liste avait cette faculté de vue d'ensemble. Non, je répondais, je ne m'en étais pas rendu compte. Il faut dire que ces différents voyages s'étalent sur toute une vie, donc finalement ça ne fait qu'une ou deux semaines dans l'année, donc ça n'aide pas vraiment à prendre conscience. Mon premier voyage remonte à ma naissance, ou presque. Ca fait 25 ans que je voyage, donc finalement, ça ne doit pas être si impressionnant que ça sur la frise chronologique. J'aurais pu en faire bien plus. Surtout que j'avais fait une pause de plusieurs années, et que ce voyage à New York représentait le tout premier depuis près de quatre longues, très longues années durant lesquelles je n'avais pas bougé de Paris. Je chassais ces souvenirs douloureux de mon esprit, et reprenais ma lecture. Brasilia et New York, c'était déjà pas mal. Combien de ses compatriotes n'auraient jamais la chance de quitter Brasilia ? Est-ce que je croyais qu'il passait à côté de quelque chose ? Je m'écartais légèrement de lui pour secouer la tête vivement avant de lui offrir ce regard qui le mettait au défi de penser une chose pareille. Oui, j'avais finalement emprunté inconsciemment son mode de communication que je trouvais plus parlant que des mots. Non, absolument pas, Valentino. Je tapais à toute vitesse après m'être réinstallée convenablement. Il ne s'agit pas d'une nécessité mais avant tout d'une envie, d'un besoin. On est tous différent, et ce n'est pas parce que moi j'estime que voir le monde est important que tu dois en faire une priorité ou te sentir anormal de ne pas penser pareil. Et puis, tu es à New York, au centre du Monde, finalement. Il te suffit de changer de quartier pour changer de pays. Vrai ! Entre little italy, chinatown et l'european triangle, entre autres, New York était une réplique miniature de la planète. Par contre, un jour je t'emmènerais à Paris. Parce que tu peux pas être pâtissier et ne pas avoir mis les pieds dans le berceau de la pâtisserie. Deal ?

made by pandora.

"Toute une vie" ! "Toute une vie" ! Venant d'une personne qui n'avait qu'un quart de siècle, c'était assez étrange et marrant en même temps, quand même. Ca aurait été exactement la même chose, de la part de quelqu'un qui avait presque trente ans, comme moi, en fait. Enfin je pouvais plus ou moins comprendre son point de vu, si vraiment il ne s'agissait que de courts séjours en général. Même si, en même temps, ça me dépassait complètement. Sans doute parce que contrairement à elle, je n'avais franchement pas vu grand chose ! J'étais totalement ignorant en ce qui concernant les pays autres que mon pays natal et celui dans lequel je vivais maintenant et depuis neuf ans ! Quand je lui eus répondu et même eus posé une question, je du lever la tête puisqu'elle me regardait d'une drôle de façon. Pour le coup, j'avais un peu de mal à la prendre au sérieux, tant je n'étais pas habitué à ce genre de regard de sa part. Surtout qu'elle ne parlait même pas à côté, pour me faire passer un quelconque message. Elle se contentait de me lancer un regard tout à fait clair sur ce qu'elle pensait. A mon image en fait. Avant de me répondre enfin, par écrit. Elle n'avait pas tord du tout sur le fait que New-York était assez représentatif de l'ensemble du monde, avec ses nombreux quartiers et le fait qu'il s'agissait quand même d'une ville multi-ethniques. Sa proposition de me faire découvrir Paris, ne m'inquiéta pas ni ne me fit hésiter quant à savoir si, oui ou non, cette idée m'intéressait. Il suffisait de me parler pâtisserie, pour me réveiller tout à fait ! Bien. Donc je suis toujours normal ? Demandai-je avec, malgré moi, un sourire amusé au coin des lèvres. On me donnait tellement souvent l'impression de ne pas être normal le moins du monde, qu'à la fin je ne savais plus moi ! D'accord ... Tu me feras découvrir Paris alors ! Et échange, je fais quoi pour toi ?

realised by morphine.

Astaria + Valentino

Strike a pose

C'était quand même un peu étrange comme situation, surtout si l'on partait du principe qu'il ne s'agissait que de la deuxième fois que l'on se voyait. On avait pas mal discuté par textos interposés, mais ça ne faisait pas huit ans qu'on partageait la vie de l'autre, on ne se connaissait pas depuis l'enfance, etc... Je n'allais pas m'en plaindre, cela dit, peut-être même n'en avais-je pas conscience, je ne faisais que suivre le courant sans me poser de question, au point de lui proposer d'être sa guide touristique à Paris. Enfin, dans un premier temps, j'avais cherché à le rassurer quant à sa non-volonté de voyager à travers le monde. Est-ce qu'il était toujours normal ? L'avait-il jamais été ? Non, t'es pas normal, je répondais. Toi, t'es mieux que normal. Les gens normaux sont juste super chiants. Vrai ! Et puis, c'était quoi un mec normal ? Un type qui n'avait rien vu, rien connu, aucun traumatisme, aucune histoire personnelle l'ayant façonné pour le rendre unique et précieux ? C'était d'un ennui... Non, je préférais Valentino avec ses marques et ses bosses, au moins, il avait des choses à raconter, il avait un parcours qui le rendait imprévisible et surprenant, et non linéaire et insipide. Et pour Paris ? Il était partant. Evidemment, tant qu'il n'y avait aucune date fixe, il ne pouvait qu'être partant. Mais je tiendrais cette promesse, et il n'avait aucune idée d'à quel point je pouvais être tenace. Il me suffirait de vendre quelques photos, et je serais en mesure de lui balancer les billets sous le nez. Ce que je voulais en échange ? Rien. Ou si, tu me laisseras t'accompagner dans ta tournée des pâtisseries. J'ai pas l'air comme ça, mais je suis une vraie gourmande. Du moins, je l'étais... avant la maladie... avant que la nourriture ne devienne que très secondaire et l'absence de nourriture un moyen de conserver le contrôle sur quelque chose. Je n'étais pas anorexique, j'avais juste perdu l'appétit. Je mangeais toujours, mais moins, et souvent j'oubliais. Ca faisait hurler mon frère qui ne comprenait pas comment on pouvait oublier de manger, ou simplement oublier d'avoir faim. J'avais perdu du poids, mais rien d'alarmant, j'avais toujours été très menue, alors forcément, ça se voyait un peu plus sur moi. Et puis, je n'avais rien de maladif, pas vrai ? Pas vrai ? Tu voudras voir quoi à Paris ? Je demandais, vraiment emballée à cette idée.

made by pandora.

Même si on ne se connaissait pas depuis des lustres, avec Astaria, j'avais tout de même l'impression que c'était le cas. Ou du moins, qu'on s'était vu plus que deux misérables fois. Et pourtant, pas du tout. J'ignorais si c'était normal ou même logique, que l'on s'entende déjà aussi bien tous les deux. Et dans le fond, je ne me posais plus vraiment la question. Parce que c'était agréable et que j'appréciais beaucoup Astaria. Même avec ses défauts étranges, pour sûr ! Sans doute que l'une des raison pour lesquelles je l'appréciais, c'était qu'elle ne m'avait pas prise de haut à cause de mon mutisme, comme beaucoup le faisaient. Pour elle, j'étais normal. Enfin, apparemment pas tant que ça, vu ce qu'elle était en train de me répondre par écrit. Mais je n'eus pas le temps de me vexer ni rien, que je souriais grandement déjà, à la lecture de ses mots. Elle me donnait vraiment l'impression d'être une personne formidable et intéressante. Ce que je ne pensais pourtant pas être jusqu'à présent ! L'idée de faire un voyage à Paris avec elle, me plaisait bien. Je n'étais pourtant ni aventurier, ni voyageur dans l'âme. En fait, j'étais très casanier. Et seul mon confort et mon train train quotidien, parvenaient à me rassurer tout à fait. Et pourtant, je venais d'accepter de me rendre à Paris avec elle. Et tout ça parce qu'elle m'avait parlé de pâtisserie ! D'accord !! Mais si j'apprends de nouvelles choses, en pâtisserie, à Paris, tu seras ma goûteuse ! Ecrivis-je dans un premier temps, avant de réfléchir à sa question. A vrai dire, je n'avais tellement pas envisagé de voyager un jour, que je ne voyais pas ce que je pourrais avoir envie de visiter ni rien. Je ne sais pas ... Je suis assez facilement impressionnable alors je suppose que le simple fait d'être dans une rue même miteuse de Paris, pourrait suffire à m'impressionner !

realised by morphine.

Astaria + Valentino

Strike a pose

Paris... J'avais toujours adoré ma ville. Non pas par chauvinisme, mais bien pour son aspect esthétique qui ressortait si bien sur mes clichés. La ville en elle-même avait une âme, un peu comme Rome et même New York. D'autres, par contre, n'avait rien à me raconter. Berlin ne me disait rien, Miami non plus et Athènes ne parlait que sous certains aspects. Paris... Paris c'était tellement différent, tellement plus vivant, vibrant, enthousiasmant, consternant par instant. Il fallait qu'il voit ça ! Il devait voir ça ! Et pas seulement les pâtisseries et les pâtissiers. Je comptais bien tout lui montrer. Mais avant de lui poser la question de ses priorités, je répondais à sa question, lui signifiant que je ne demandais rien en échange, si ce n'est pouvoir le suivre dans sa tournée des gourmandises. Et bien, j'avais bien fait de le prévenir, je venais d'hériter du titre de goûteuse officielle. Et je l'imaginais déjà tester ses nouvelles recettes pendant que j'attendrais à la table en lui demandant toutes les quinze secondes si c'était bientôt prêt. Avec plaisir ! Je répondais avec enthousiasme. Je réclame même le titre d'officielle ! Goûteuse officielle, c'est plus classe ! Quant à ce qu'il comptait faire à Paris, sa réponse me fit sourire. Une rue miteuse de Paris ? Je doute que cela puisse l'impressionner. Je pensais plutôt au Louvre, à la Tour Eiffel, à Notre-Dame... Mais le tour des rues miteuses de Paris, ça marche aussi. Sinon, je te propose Ladurée, Pierre Hermé, Laurent Duchêne, Dalloyau... La boulangerie Pain de Sucre aussi... Et puis, le tour des palaces, évidemment, Le Ritz, le Plaza Athénée, le Georges V, le Lutetia... Mon Dieu, j'ai déjà une crise de foie rien qu'à l'énumération de ces différentes institutions. Après, faudra qu'on fasse un régime et du sport. On ira courir au jardin du Luxembourg ? Oui, je poussais le vice jusqu'à imaginer totalement notre séjour sur place, et ça faisait longtemps que je n'avais pas fais preuve d'autant de légèreté. Ca faisait du bien.  

made by pandora.

Astaria + Valentino

Strike a pose

Oui, mon listing pouvait sembler quelque peu irréaliste, et je l'aurais su immédiatement si nous étions restés dans nos positions initiales, à savoir l'un en face de l'autre. Alors, j'aurais pu voir chacune des émotions se disputant son visage pour finir sur quelque chose comme la stupeur. Sauf qu'à présent, nous étions l'un à côté de l'autre, et que puisqu'il était plus grand que moi, et plus massif aussi, je me perdais dans son ombre et ne distinguais ses traits qu'en faisant l'effort de me décaler et me retourner. Ce que je ne faisais pas souvent, à vrai dire, et seulement lorsque je voulais, moi, lui faire comprendre quelque chose ou appuyer un propos d'un regard. C'était sans doute stupide, mais je n'avais pas besoin de lui faire face pour anticiper ses réactions. C'était comme si je savais à l'avance s'il allait lever les yeux au ciel ou sourire à l'une de mes réflexions. Peut-être était-ce la force de l'habitude ou mes aptitudes particulières pour l'observation. Je n'en savais rien, et ne me posais pas vraiment la question. Sauf que là, sa stupeur m'échappa, et ce n'est qu'en lisant ce qu'il m'écrivait que je me retournais vers lui pour découvrir son regard choqué. A raison de matin, midi et soir, pour les tests gustatifs et une petite visite digestive entre chaque, j'imagine qu'on peut s'en sortir avec une semaine. Je tapais, avant de me re-retourner vers lui pour lui offrir un sourire exagéré. Pendant ce temps, il avait profiter de l'occasion pour ajouter une nouvelle question. Le jardin du Luxembourg, mais oui, mais quelle gourde ! Forcément, si je lui foutais des pièges, aussi ! Non, désolée, c'est vrai que ça porte à confusion. On est un peu fourbe, nous, les français. C'est un jardin publique qui s'appelle ainsi, dans Paris. J'sais même pas pourquoi, d'ailleurs. Attends, on va regarder. Je tapais, avant d'ouvrir une page google et de rechercher 'jardin du luxembourg'. J'ouvrais la page wikipédia en français, et lui fournissais la traduction à voix haute, pendant qu'il pouvait s'occuper à regarder les photos illustrant l'article. “XVIIème siècle, blablablablabla... quartier au pied de la montagne sainte Geneviève, blablabla... hôtels particuliers dont celui du duc de Piney-Luxembourg... blablabla... Marie de Médicis, blablabla... pense à cette propriété, blablabla... huit hectares de terrain, blablabla.... édifier le vaste jardin florentin dont elle rêvait. Ooook ! Donc en gros, voilà pourquoi ça s'appelle comme ça, à cause d'un duc de Luxembourg qui avait son hôtel particulier à cet endroit, avec un super grand terrain qui faisait de l'oeil à Marie de Médicis. C'est la maman de Louis XIII, un de nos roi, pas le plus sexy d'ailleurs, je préfère Louis XV... Bref ! Elle voulait un grand jardin, du coup elle a réquisitionné l'hôtel particulier du duc, là, a fait rasé la baraque pour en construire une plus grande et plus classe, mais comme elle est sympa, tout de même, elle lui laisse le nom du duc SDF, et ça donne Palais du Luxembourg qui va de paire avec le jardin du Luxembourg.” Finalement, c'est simple l'Histoire de France.  

made by pandora.

Astaria + Valentino

Strike a pose

Bouchées ou pas bouchées, je doutais que quelque pâtisserie que ce soit puisse ne pas contenir mon poids de sucre. J'observais les lignes qu'il venait de taper avec perplexité, et lui offrait l'équivalent au niveau du regard que je lui lançais, tournant très lentement la tête vers lui, à la manière d'Arnold, dans Arnold et Willy. Qu'est-ce que tu me racontes, là ? Il essayait de me faire croire qu'il était le premier pâtissier diététique au monde ? Ouais, à d'autres ! Surtout que, si un éclair ou une religieuse ne s'avérait pas saturé en sucre et autres conneries du genre, il ne franchissait pas la barrière de mes lèvres. J'aimais le salé, évidemment, mais je raffolais du sucré. Je me damnais pour du sucré, quitte à y perdre mon poids et ma ligne. De toute manière, niveau ligne, je n'avais pas grand chose à craindre. A moins que mon métabolisme ne change d'ici Paris, je pouvais manger n'importe quoi sans prendre un gramme. Ce qui, à une époque, avait plus qu'agacé ma mère qui, elle, devait surveiller son alimentation continuellement. Un cauchemar pour une italienne. Je compte bien reprendre un maximum de poids quitte à finir obèse, alors oublie tes bouchées, moi j'veux le format XXL avec supplément chantilly ET supplément chocolat. Je tapais, sans regarder les touches, trop occupée à lui offrir mon regard n°54, celui qui se voulait défiant, sans qu'il ne parvienne à être crédible pour autant. Foutu visage mi-enfantin, mi-angélique, j'étais née pour ne pas être prise au sérieux. JAMAIS ! Enfin, il n'y avait pas que niveau autoritarisme que je ne serais jamais prise au sérieux, niveau cours d'histoire aussi, je galérais un peu. En même temps, c'est vrai que c'était con, un jardin nommé Luxembourg, en France. Stupide. Ayant moi-même besoin d'explications, j'interrogeais Wikipédia pour ça, et lui en fournissais la traduction très approximative. Le pire étant qu'il semblait réellement concentré sur ce que je disais, et intéressé aussi. Ce type n'était décidément pas normal, et ça me faisait un bien fou ! D'ailleurs, ses mots suivants me tirèrent un grand éclat de rire. J'expliquais vachement bien ? Voilà, ça aussi jamais ça ! Qu'il n'ait plus aucune gêne ou angoisse à l'idée de me charrier ouvertement. Et son humour valait vraiment le coup. J'eu une pensée pour tous ces cons qui passaient à côté de ça de peur d'avoir à fournir le moindre effort en voulant communiquer avec un muet. Tant pis pour eux, ça en faisait plus pour moi. Mais oui, avec plaisir ! Attends que je te parle de Versailles, des grandes dames qui se soulageaient tout en marchant, à l'abris, sous leurs larges robes à panier, et de l'odeur infecte qui planait dans les couloirs... Tu ne vas pas regretter de m'avoir pour guide. Je tapais à mon tour, ricanant bêtement à l'idée de toutes ces anecdotes qu'on apprenant pas dans les livres, pas assez glamour pour être cités. Mais, dis-moi, t'as le droit à des vacances dans ton boulot, ou il va falloir que j'organise ton kidnapping ? Bah oui, parce que ça allait être un peu compliqué de partir s'il n'en avait pas l'occasion.  

made by pandora.

Astaria + Valentino

Strike a pose

Une bataille de regards. Les gens normaux s'interdisaient ce genre de jeux dès l'âge de neuf ans, parce qu'à dix ans on est un grand et qu'on ne fait plus ces choses-là. Moi, je le faisais continuellement, essentiellement avec mon frère. Et je gagnais tout le temps. Forcément, puisqu'en général, je l'attaquais en fourbe sous la table, plantant mon talon dans une cuisse, un tibia, et parfois même un peu plus haut lorsqu'il s'obstinait à vouloir gagner. Je n'avais pas l'intention d'abimer Valentino, aussi je rendais les armes avant lui. Parfois, il fallait savoir perdre pour mieux vaincre par la suite. Je venais de lui offrir un faux sentiment de confiance, et lors de notre prochain duel, il ne s'attendrait absolument pas à ma force d'attaque. Oui, je réfléchissais à tout ça tout en tapant mon message concernant les pâtisseries qui se devaient de faire exploser mon taux de cholestérol. L'avantage d'être une femme : j'étais multitâche. Une fois ma prose posée, je me laissais aller en arrière, m'affalant contre une épaule tandis que je l'observais taper sa réponse. Comment ça des choses inutiles ? On avait jamais trop de chantilly ! Ha, et le coup des femmes sans gêne semblait l'avoir marqué. Mais ce qui m'intéressait le plus fut sa réponse suivante : il allait pouvoir prendre des vacances. Je me redressais alors, forçant sur les abdos pour atteindre le clavier, et tapais : Je préfère fermer les yeux sur ton insulte envers Sainte Chantilly. Aussi, je vais faire comme si je n'avais rien lu, mais tu seras mignon de réciter trois 'je vous salue Marie' et deux 'Notre Père'. Je lui jetais un coup d'oeil faussement affligé, avant de reprendre. Concernant les femmes de Versailles, oui, c'est la stricte vérité. L'un de mes cousins est étudiant en Histoire, il passe son temps à nous raconter des trucs de ce genre. C'est à la fois fascinant et légèrement dérangeant. Par exemple, tu savais que la guillotine avait été inventée par un docteur ? Le Docteur Guillotin, qui en avait marre de voir le Bourreau s'y reprendre à dix parfois vingt fois avant de parvenir à trancher un cou. Du coup, la guillotine fut une invention très humaine, finalement. J'haussais les épaules nonchalamment, puis j'achevais : Et pour tes vacances, tu sais quoi ? Tu viens de m'offrir la meilleure nouvelle de la semaine. Parce que je suis sérieuse, hein, on va partir, je vais t'emmener voir Paris. C'est pas un projet en l'air, tu sais ? J'insistais parce qu'il était fréquent de lancer des idées, comme ça, tout en les sachant irréalistes et irréalisables. Ici, ce n'était pas le cas, alors s'il n'avait pas réellement dans l'intention de me suivre, il lui fallait me le dire tout de suite, ou se taire à jamais. Amen.  

made by pandora.

Astaria + Valentino

Strike a pose

Je ne suis pas une fille sympa. Je suis l'antithèse de la fille sympa. Je suis cette fille au fond de la cour de récré, celle qui fume une cigarette entourée de toute une bande de mec. La fille avec son jean troué et son éternel air blasé. Je ne suis pas une fille sympa, je suis celle qui fait un peu flipper parce qu'on ne sait jamais ce qu'elle peut faire. Se mettre à claquer des dents façon Hannibal Lecter si on la regarde un peu trop ? Probablement. Parce que, finalement, ce n'est pas que je ne sois pas une fille sympa, c'est simplement que je ne suis pas une fille du tout. Je suis une anomalie, un hybride, le chainon manquant. Mes réactions ne sont pas anormales, c'est moi toute entière qui le suis. On me juge mal, parce qu'on ne me connaît pas, parce qu'on ne cherche pas à me connaître, ou parce que je m'arrange pour qu'on ne s'y essaie pas. Avec Valentino, c'est différent. C'est différent parce qu'il a lu en moi aussi bien que je suis parvenue à le faire pour lui. Les gens ne veulent pas le connaître tout autant qu'ils ne souhaitent pas m'approcher. C'est peut-être ça, finalement, le secret de notre rapprochement spontané et fulgurant, le fait qu'on soit deux invisibles qui se sont vus et reconnus. On ne se connait que depuis une semaine, et je projette déjà de lui présenter ma famille. Parce que oui, qui dit Paris, dit mon clan. Mon propre ex-fiancé avait du patienter deux ans avant que je ne l'autorise à passer par la porte d'entrée plutôt que d'avoir à escalader ma fenêtre une nuit sur deux. Et puisque je n'avais pas vraiment d'ami, je n'avais jamais eu personne d'autre à présenter. De nouveau affalée contre une épaule, je l'observais taper, plissant les yeux afin de pouvoir lire l'écran, laissant échapper un rire à son indignation face à la chantilly, puis celle concernant mon anecdote sur le Docteur Guillotin. Pauvre petite chose que je réconfortais d'une bise furtive sur l'épaule, justement, puis me redressais afin d'écrire à mon tour. Je zappais le sujet de la chantilly, lui laissant le dernier mot tant que je pouvais avoir le dernier coup de crème fouettée, et me concentrais plutôt sur sa deuxième réaction. D'accord, j'ai compris. Je tapais. Tout ce qui est scato, ça passe, mais tout ce qui est tête tranchée, c'est plus possible. C'est noté. Du coup, je regarderais jamais Game of Thrones avec toi. Ou alors si, je l'y forcerais, filmant ses réactions pour les poster sur la toile, par la suite, comme beaucoup l'avait déjà fait pour l'épisode 9 de la saison 3, ou le 8 de la saison 4. A moins que ce ne soit l'inverse ? Le 8 du 3 et le 9 du 4 ? Je n'avais pas la mémoire des chiffres. Et concernant Paris, on a qu'à regarder les prix dès maintenant, histoire d'éviter les périodes les plus chères. Remarque, en plein été, c'est toujours extrêmement cher. Tu peux vraiment partir n'importe quand ? Faut que tu les préviennes combien de temps à l'avance, tes boss ? Moi, je m'en moquais, j'étais mon propre patron, je pouvais bien faire ce qui me chantait, mais... Lui ?  

made by pandora.

Astaria + Valentino

Strike a pose

J'éclatais de rire en lisant son message suivant, indiquant sa réaction face à un épisode que je situais très bien, de Game of Thrones, avant de le ravaler immédiatement, et de tenter de faire taire mon sourire amusé alors qu'il me contemplait avec sévérité. Ok, ok, je ne me moque pas, mais c'est juste que... merde, vous avez vu comment il était foutu ? Il était difficile de l'imaginer en trouillard se planquant derrière sa soeur au visonnage d'un simple épisode. Je préférais le prendre avec le sourire et amusement plutôt que de lui offrir regard inquiet et sourire compatissant. Non, auprès de moi, il était normal, et cette normalité allait de paire avec les taquineries. Arrête de me regarder comme ça, j'ai l'impression d'être bizarre à tes yeux. Je tapais sans cesser de sourire. Mais promis, si jamais on se fait agresser dans la rue, je te servirais de bouclier humain. J'ajoutais en insistant sur le sourire pour qu'il ne le prenne surtout pas mal. Après tout, j'apprenais encore ses réactions, ses intentions, ses émotions. J'en devinais certaines, j'en découvrais d'autres. La dernière chose que j'aurais souhaité aurait été de le vexer sans le vouloir, par maladresse, ou par excès de douces provocations. Evidemment, je m'empressais de répondre à la suite, notant mentalement qu'il faudrait, tout de même, qu'on s'y prenne suffisamment en avance. Trois semaines, ce n'était pas rien, finalement. Il avait raison, la fin de l'été était une excellente option. Quand je pensais que théoriquement je ne devais rester à New York que deux petites semaines et que j'étais déjà en train de prévoir d'y demeurer, au moins, jusqu'à la fin août... Mon frère allait me tuer. Oui, c'est une excellente idée. Je tapais, préférant taire le fait que j'allais probablement être éviscérée par mon frère dès ma descente d'avion. Bah oui, le sang, tout ça, il allait forcément prendre la fuite si je l'en informais de suite. Immédiatement, j'ouvrais la page XL.com, parce que j'étais française, parce qu'il me paraissait totalement logique de passer par la ligne low cost d'Air France. En quelques clics, je lançais la recherche pour le début septembre, et attendais patiemment l'affichage. Jusqu'à ce que les meilleurs prix tombent. 604€ l'aller. Super le low cost. Je rouvrais la page de traitement de texte. A ce prix-là, autant y aller à la nage, en fait. J'écrivais.   

made by pandora.

Astaria + Valentino

Strike a pose

Il n'était pas vexé, hein ? Non, il ne l'était pas, pas vrai ? Toutefois, je me reculais légèrement pour l'observer après lecture de sa dernière répartie, et m'assurer que ce n'était vraiment pas le cas. Je ne faisais que plaisanter, puisqu'il était évident que ce n'était pas avec mon mètre vingt et mes douze kilos que j'allais pouvoir prendre sa défense devant qui que ce soit. Même un chiot anorexique serait apte à me tenir en respect... J'en doute absolument pas. Je tapais alors afin de m'assurer de le détromper dans le cas où il aurait prit ma taquinerie avec sérieux. Faut bien que ta carrure serve à quelque chose. J'ajoutais, plaisantant à moitié. C'est vrai qu'il avait l'air d'être assez bien bâtit, après ce qu'il faisait avec je n'en savais rien et quelque part, ça ne me regardait pas vraiment. Cela dit, j'imaginais sans problème n'avoir absolument rien à craindre à ses côtés. Les boulets ne devaient même pas oser s'approcher. Après quoi, je consultais les offres de vols sur internet, découvrant, alors, des prix absolument imbattables niveau indécence. Sans déconner, j'allais devoir hypothéquer un rein pour pouvoir rentrer chez moi ? Valentino ne répondait rien, mais à son regard, je su qu'il attendait que je prenne une décision, que je détermine ce qu'on ferait, maintenant, de cette information. Je n'abandonnerais pas mon idée, je voulais vraiment partir, lui montrer Paris, et surtout me gaver d'absolument tout ce qu'il me préparerait. “Tu connais pas un site pour des vols moins chers, toi ?” je demandais, alors, en refermant ma page pour rouvrir Google. Après tout, on était pas obligé de voyager sur une ligne française. Si c'était moins cher ailleurs, je prendrais ailleurs. “Sinon, j'vais devoir vendre mon corps à un Sugar Daddy.” j'ajoutais, songeuse. Oui mais non, hein, j'irais clairement pas jusque là. Cela dit, on finirait par trouver une solution. Soit on trouverait un vol moins cher, soit... soit je travaillerais plus dur encore. Mais je ne lâcherais rien. C'était dans mon tempérament.   

made by pandora.

Astaria + Valentino

Strike a pose

Il ne répondit pas. Ou du moins si, mais sans utiliser le traitement de texte, d’un simple haussement d’épaules qui ne m’avançait pas à grand chose. Ok, il n’avait donc aucune idée concernant un éventuel site internet qui permettrait de voler pas cher, à défaut de voler gratuitement jusqu’à mon pays d’origine ? Vraisemblablement, non. Cela dit, ma référence à un hypothétique Sugar Daddy le fit bien rire. Ouais, bah il ne me restait plus que ça, finalement. Sauf que, n’étant pas du genre à vendre mon corps à qui que ce soit, et certainement pas pour de l’argent, j’allais devoir vendre quelqu’un d’autre. Ma Grand-tante ? Cette idée me fit sourire, et je redressais le regard vers elle, toujours occupée a prendre ces clichés qui ne ressembleraient, probablement, à rien. 1200€, c’était bien trop pour moi. Quand bien même je les aurais, je trouvais cette sommes parfaitement indécente. Qui pouvait encore se payer ça ? C’était un salaire complet, bon sang ! Pour t’offrir le voyage -et sans compter, donc, le logement, l’alimentation et les loisirs sur place- tu n’avais plus de vie sociale pendant deux ou trois mois, durant lesquelles non content de ne pas sortir, tu ne mangeais plus non plus, et tu t’arrangeais pour ne pas payer ton loyer, évidemment, aussi, sinon ça pas drôle. Voilà, l’excitation retombait, la déception grimpait, et je me retrouvais frustrée et agacée face à cet écran qui ne me montrait pas du tout ce que je souhaitais. À moins que... Je testais d’autres sites, Air France directement, puis tous les comparateurs de prix, de vols, de séjours qui pullulaient sur la toile, trouvais un aller à 400€, mais déchantais pour le retour, toujours plus cher... Finalement, mon dernier prix fut 900€ aller et retour compris, début octobre et à des horaires improbables, avec plusieurs escales, et le nom d’une compagnie absolument imprononçable. Vingt-six heures de vol -escales comprises- avec, en bonus, deux heures d’attente à... Kohtla-Järve. Bordel, c’était où, ça, Kohtla-Järve ? Est-ce que c’était dans notre système solaire ? C’était quoi le nom de cette compagnie ? Le Tardis ? « T’es prêt à risquer ta vie pour moi ? » je lui demandais, tout de même, parfaitement perplexe devant cet itinéraire improbable et pas des plus rassurants.  

made by pandora.