Ce n'est parce parce qu'il ne travaillait plus que Paul était moins fatigué. Au contraire. Il avait même l'impression de l'être encore plus. Entre Charlie... et Cora, il n'avait vraiment pas une minute par lui. Et en fait, ce n'était même pas la petite qui le fatiguait le plus entre les deux. Soit, il attendait donc à chaque fois la nuit avec impatience mais, là encore, c'était bien trop court à son goût. Cette nuit-là, il était aux alentours de quatre heures du matin quand Charlie se réveilla et se mit à pleurer. Paul grogna et jeta un rapide coup d'oeil à l'heure avant de donner un coup de coude à Cora. « C'est ton tour. » grommela-t-il alors avant de mettre son oreiller sur sa tête, cherchant à se rendormir au plus vite. Il ne sentit néanmoins pas que la brune se levait et quand il se redressa, il s'aperçut que celle-ci n'avait en effet pas bougé. « Cora. » râla-t-il alors avant de la secouer un peu. Sans aucun succès. Il savait qu'elle était réveillée pourtant. C'était obligé. Tout en continuant de râler, le jeune homme finit donc par se lever et se dirigea vers la chambre de la petite.

En arrivant dans la chambre, il prit sa fille dans ses bras et tenta de la bercer un peu pour l'apaiser. Ca ne servait à rien parce qu'il savait ce qu'elle voulait. Elle avait faim. Il marcha donc jusqu'à la cuisine avec elle et mit à réchauffer le biberon qu'il avait prit le soin de préparer avant d'aller dormir. Après avoir vérifié qu'il était à la bonne température, il le porta à la bouche de sa fille qui ne tarda pas à se taire. En même temps, c'était tout ce qu'elle voulait là donc... Elle ne mit pas longtemps à le finir. Il fallait bien dire aussi que Charlie était une vraie morfale (elle tenait ça de sa mère évidemment), Paul put donc aller rapidement la recoucher et retourna à sa chambre en soupirant. Tout à l'heure, il était parti vite parce que Charlie pleurait mais Cora ne devait pas croire qu'elle allait s'en sortir comme ça maintenant. Il fit donc le tour du lit et se posta face à sa petite amie qui avait les yeux ouverts. Il savait bien qu'elle ne dormait pas. « Pourquoi tu ne t'es pas levée ? » lui demanda-t-il alors sèchement.

Avoir Paul avec elle était un grand soulagement. Vraiment. Elle pouvait souffler, elle pouvait se reposer, elle n’avait pas à gérer les crises de Charlie toute seule. Il lui permettait de ne pas virer folle. Elle savait bien qu’elle se reposait un peu trop sur lui et lui en demandait beaucoup mais… Ça lui faisait du bien. Elle ne lui avait même rien demandé à la base, elle n’aurait jamais osé… Mais son congé était franchement le bienvenu. Elle serait bien allée jusqu’à reprendre le travail et le laisser s’occuper de leur fille tout seul la majorité du temps mais elle était passée par là et elle ne pouvait pas lui infliger. Même s’il était plus fort quelle et même si elle était convaincue qu’il pourrait s’en sortir mieux qu’elle, elle ne pouvait pas. A présent, à chaque fois que Charlie avait besoin d’eux, Cora laissait Paul s’en charger. Elle essayait d’aller s’occuper d’elle, de le soulager un peu à son tour mais… C’était difficile. Elle savait que quelqu’un pouvait le faire à sa place alors elle ne faisait rien. Elle n’avait juste… pas envie. Et bien sûr elle se sentait coupable, comme toujours, mais elle ne pouvait pas. Charlie était entre de meilleures mains avec son père de toute façon.

« C'est ton tour. » La petite pleurait depuis quelques secondes maintenant et Cora était bien réveillée. Elle n’avait néanmoins pas bougé d’un millimètre, elle n’était encore pas prête à aller s’occuper de sa fille. Paul pouvait le faire, il était réveillé lui aussi après tout… Elle ne bougea donc pas plus et ne répondit rien. S’il croyait qu’elle dormait, il allait bien se lever, hein ? « Cora. » Non, il essayait encore de la réveiller et la secoua même un peu, ce qui n’eut toujours pas le moindre effet. Il finit alors par se lever et rapidement, elle n’entendit plus aucun pleur. Elle soupira, soulagée et enfonça un peu plus la tête dans son oreiller. Il lui était pourtant impossible de se rendormir. Elle se sentait trop horrible et elle essayait d comprendre pourquoi elle bloquait encore. Bien sûr, il fallut en plus que Paul fasse le tour du lit pour venir lui parler. Il voyait bien qu’elle était réveillée comme ça, elle n’avait aucune excuse. « Pourquoi tu ne t'es pas levée ? » La question à un million. Incapable de soutenir le regard du jeune homme, Cora baissa le regard et haussa doucement les épaules. Elle était à deux doigts de se tourner pour ne pas avoir à supporter son air furieux. « Je le ferai la prochaine fois. » lui assura-t-elle sans en être vraiment convaincue. Elle releva finalement le regard et le regarda assez longtemps en silence. « Va te recoucher, je suis désolée. » C’était sans doute facile à dire maintenant. Et surtout, il n’avait pas le voir de le vouloir. Il n’avait pas l’air prêt à être clément cette fois.

Désolée je voulais te répondre avant de partir mais j'aurais sans doute dû m'abstenir

Charlie s'était mise à pleurer et avait une fois de plus réveillé Paul. Sauf que le jeune homme n'était pas décidé à se lever pour s'occuper de la petite. 'était au tour de Cora d'y aller. Il s'empressa d'ailleurs de le lui faire savoir. Sauf qu'il n'obtint aucune réponse. Cora devait faire semblant d'ignorer les pleurs de a fille et de l'ignorer lui aussi par la même occasion. Le blond n'abandonna pas et la secoua un peu en répétant le nom de la jeune femme. Il n'obtint néanmoins pas plus de succès. Et finit par se lever.

Paul s'occupa donc de Charlie. Il la prit dans ses bras et tenta de la bercer un peu. Mais comme la petite avait juste faim, il l'amena dans la cuisine où il ne tarda pas à la nourrir. Une fois la petite rassasiée, il n'eut aucun mal à la recoucher et regagna sa chambre. Il aurait pu juste se recoucher là mais à la place de ça, il fit juste le tour du lit pour se retrouver face à Cora. Elle était, comme il le pensait déjà avant, bien réveillée. Il ne put donc pas retenir un regard lourd de reproches et il lui demanda pourquoi elle n'avait pas daignée se lever. Parce qu'il avait clairement l'impression qu'elle en faisait le moins possible depuis qu'il avait prit son congé et ça avait tendance à l'agacer. Il avait fait ça pour l'aider et pour qu'ils puissent se soutenir l'un l'autre. Pas pour se retrouver à tout faire seul. « Je le ferai la prochaine fois. » Le jeune homme pinça les lèvres. « Va te recoucher, je suis désolée. » « Non. » répondit-il alors. « Je ne vais pas me recoucher sans avoir parlé. » Il croisa les bras. « Parce que je sais bien que tu ne vas pas le faire la prochaine fois et tu le sais très bien aussi. » Elle ferait juste comme là et resterait coucher à l'ignorer lui. Et à ignorer sa fille aussi parce que c'était normal ça. « Qu'est-ce qui cloche avec toi Cora hein ? » demanda-t-il ensuite sur un ton toujours furieux.

Depuis que Paul avait arrêté de travailler, à nouveau, Cora se reposait énormément sur lui. En fait… Elle ne faisait plus rien. Presque plus rien. Là par exemple, Charlie faisait une nouvelle crise et elle n’arrivait pas à se lever même si c’était largement à son tour de s’occuper d’elle. Elle ne pouvait pas, elle n’était même pas certaine de le vouloir et c’était horrible… Elle en avait parfaitement conscience, mais ça ne changeait absolument rien, elle ne voulait pas. Elle savait qu’elle risquait de se mettre son petit ami encore plus à dos comme ça mais elle n’y pouvait rien non plus. Un peu plus ou un peu moins de toute façon, elle imaginait que ça ne ferait pas une très grande différence.

Alors elle laissa Paul se lever et s’occuper de leur fille. Il réussit à la calmer sans trop de problème et il revint rapidement au lit. Enfin… Il fit le tour du lit pour venir se poster devant elle, plus précisément. Elle le savait parce qu’elle ne dormait pas comme elle l’avait laissé penser. C’était impossible. Elle avait donc les yeux grands ouverts quand il apparut dans son champ de vision. Elle ne chercha même pas à faire semblant de dormir ou à se défendre, elle n’avait aucune excuse et elle savait qu’elle ne pourrait pas s’en sortir comme ça. Pourtant, elle essaya quand même de le convaincre d’aller se rendormir. Elle n’avait pas envie de parler. « Non. Je ne vais pas me recoucher sans avoir parlé. » Contrariant, comme d’habitude. « Parce que je sais bien que tu ne vas pas le faire la prochaine fois et tu le sais très bien aussi. » La jeune femme pinça les lèvres et n’osa même pas le contredire. Il avait entièrement raison. « Parce qu’il n’y a rien à dire. » Tout simplement. Elle ne saurait pas lui expliquer ce qu’elle ressentait. Il ne comprendrait pas et la jugerait… Il avait assez d’elle-même qui se prenait pour un monstre, elle n’avait pas besoin qu’il la voie comme tel également. « Qu'est-ce qui cloche avec toi Cora hein ? » C’était exactement ce qu’elle était en train de penser. Il la trouvait horrible lui aussi et il avait réussi à poser la seule question à laquelle elle n’avait pas de réponse. A ses mots, elle se redressa dans le lit et ramena ses genoux contre sa poitrine, entourant ses jambes de ses bras. Elle avait envie de disparaitre, elle ne supportait pas qu’il la regarde comme ça et elle luttait énormément pour ne pas se mettre à pleurer. Elle ne savait faire que ça. « Tu ne crois pas que j’aimerais le savoir moi aussi ? » finit-elle par demander après une éternité. « Je ne sais pas ce qui cloche avec moi, je ne sais pas pourquoi je suis aussi horrible mais je n’y arrive pas. Ma propre fille, je n’arrive pas à m’occuper d’elle. » Elle secoua la tête et finit par relever le regard vers lui. « Alors je n’ai pas besoin que tu me fasses remarquer que je suis un monstre, je le sais déjà. »

Comme Cora n'avait pas daigné se bouger, Paul était allé s'occuper de Charlie. Elle avait simplement faim et il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour la nourrir et la recoucher (sa fille était vorace aussi, il fallait bien le dire). Maintenant, il était presque assuré de pouvoir finir la nuit sans être plus dérangé. Enfin, il espérait en tout cas que ça se passerait ainsi parce que si Charlie venait à pleurer à nouveau, il savait déjà qu'il ne faudrait pas trop qu'il compte sur le fait que Cora s'occupe d'elle. C'était bien simple, elle ne faisait plus rien du tout depuis qu'il avait arrêté le travail. Il en regrettait même sa décision. Bien sûr, il aimait passer plus de temps avec sa fille et tout. Mais il voulait juste soulager Cora un peu et non se retrouver à tout faire. C'est pour ça qu'en revenant d'en la chambre, il décida de ne pas se recoucher tout de suite et d'aller d'abord à parler à la brune. Il fit donc le tour du lit et lui expliqua alors qu'il ne comptait pas se recoucher sans avoir parlé. Il devait avoir cette conversation depuis longtemps. « Parce qu’il n’y a rien à dire. » Oh ça, il n'était absolument pas d'accord à ce sujet. Il y avait plein de choses à dire au contraire. Et pour commencer, il aurait été ravi de savoir ce qui clochait avec Cora. Parce qu'il était évident qu'il y avait quelque chose qui clochait avec elle. Et il en avait marre de faire comme si de rien n'était et de tout supporter en silence. « Tu ne crois pas que j’aimerais le savoir moi aussi ? Je ne sais pas ce qui cloche avec moi, je ne sais pas pourquoi je suis aussi horrible mais je n’y arrive pas. Ma propre fille, je n’arrive pas à m’occuper d’elle. Alors je n’ai pas besoin que tu me fasses remarquer que je suis un monstre, je le sais déjà. » Paul secoua la tête. Habituellement, il aurait plutôt été du genre à la rassurer mais pas cette nuit. Là, il était fâchée. « Oh ne dis pas ça comme ça Cora. » répondit-il sèchement. « C'est facile de t'apitoyer comme ça mais tu ne te donnes même plus la peine de faire des efforts alors je ne vais certainement pas te prendre en pitié. »

Il n’y avait rien à dire. Rien du tout. Cora était incapable de faire quoi que ce soit pour sa fille et elle n’avait rien à dire pour sa défense. Elle culpabilisait, elle savait que c’était mal et qu’elle devait faire quelque chose pour remédier à ça mais elle n’y arrivait pas. C’était aussi simple que ça, ça n’appelait aucune explication. Oh, il devait bien y en avoir une logique, elle ne pouvait pas agir comme ça sans raison, ce n’était pas quelque chose qu’elle voulait, qu’elle avait choisi, mais la raison de tout ça lui échappait. Pourquoi elle ? Pourquoi était-ce si dur pour elle alors que d’autres y arrivaient ? Elle n’était pas plus nulle qu’une autre à la base. Alors oui, comme son petit ami, elle voulait savoir ce qui clochait avec elle. Et il n’avait pas besoin de lui dire qu’elle était un monstre, elle le savait déjà. Il ne faisait qu’aggraver les choses en la jugeant comme ça et elle ne le supportait pas. Elle avait plutôt besoin… de soutien ? De compréhension en tout cas. « Oh ne dis pas ça comme ça Cora. » Alors comment devait-elle le dire ? C’était ce qu’elle ressentait, elle n’était pas en train d’exagérer comme elle le faisait souvent. C’était réel, malheureusement. « C'est facile de t'apitoyer comme ça mais tu ne te donnes même plus la peine de faire des efforts alors je ne vais certainement pas te prendre en pitié. » Et non, elle ne s’apitoyait pas non plus. Elle lui en demandait sans doute beaucoup, elle avait eu beaucoup de mauvaises passes ces neuf derniers mois mais elle n’avait choisi aucunes d’elles. Et s’ils étaient arrivés à passer au travers, elle avait espoir qu’ils y arrivent aussi cette fois tous les deux. Mais déjà, elle devait arriver à lui faire comprendre ce qu’elle vivait et ça n’allait pas être facile. Vu comme il était furieux là… Elle allait sans doute devoir attendre qu’il se calme avant de pouvoir lui parler. Cora ouvrit la bouche pour lui dire qu’elle essayait mais comme ses tentatives échouaient toutes, il n’allait pas la croire alors elle la referma. Elle ne savait pas tellement quoi lui dire en fait. Ce n’était pas évident. « J’aimerais t’expliquer mais je ne sais même pas quoi te dire. » Elle lui avait dit, il n’y avait rien à dire. « Et comme tu es en colère ça ne servirait à rien alors tu ferais vraiment mieux d’aller te recoucher. » Ils pourraient réessayer quand ils seraient dans de meilleures dispositions. « Va te recoucher, s’il te plait. » Elle n’avait pas envie qu’il lui en veuille encore plus maintenant.

Paul était en colère contre Cora. Pas seulement parce qu'il avait du s'occuper de Charlie là. Non, en soit, c'était le genre de choses qui pouvaient arriver. mais genre... une fois de temps en temps quoi. Le problème avec la brune c'était que ce genre d'incident était devenu très courant ces derniers temps. plus que courant même. A dire vrai, elle en faisait juste le moins possible. Si bien que Paul se demandait quand elle s'était donnée la peine de s'occuper de sa propre fille pour la dernière fois. Il se demandait comment elle ferait si elle venait à s'absenter un peu. Elle savait s'occuper de sa fille pourtant, il n'aurait pas du avoir à se poser de question à ce sujet. Mais bon, les circonstances faisait que... Il avait demandé à la jeune femme ce qui clochait chez elle et elle avait répondu quelque chose comme quoi elle se posait la même question et qu'elle savait qu'elle était un monstre blablabla. Ca n'avait pas apaisé la colère du jeune homme. Il avait même plutôt eut l'impression qu'elle cherchait à l’apitoyer. Mais ça ne marchait pas. Pas quand elle ne se donnait plus la peine de faire des efforts. Ca le rendait juste encore plus furieux. « J’aimerais t’expliquer mais je ne sais même pas quoi te dire. » Bah oui, bien sûr. C'était tellement facile de se cacher derrière ça aussi. « Et comme tu es en colère ça ne servirait à rien alors tu ferais vraiment mieux d’aller te recoucher. Va te recoucher, s’il te plait. » Le jeune homme secoua la tête. « Je n'ai bizarrement plus aucune envie de dormir. » répondit-il sèchement. Il était fatigué pourtant quelques minutes auparavant. Mais là, même en se recouchant, il ne voyait décemment pas comment il pourrait réussir à se rendormir. « Et j'ai de très bonnes raisons d'être en colère Cora. J'ai été très patient avec toi. Vraiment. » Pourtant, il ne l'était pas du tout naturellement. Alors il avait du fournir de gros efforts pour ne pas exploser juste avant. Parce qu'elle avait été infernale. Pendant sa grossesse déjà mais là, il se disait que ça serait passer une fois le bébé là. Ca l'avait aidé à tenir un peu. Mais quant il voyait comment les choses étaient maintenant. Pourtant, il avait continué de tout faire pour que ça aille bien. Il avait arrêté son boulot pour elle. En vain. « J'ai l'impression que quoique je fasse, ça ne va jamais avec toi. » souffla-t-il alors un peu désespéré. Il ne voyait juste plus quoi faire maintenant. Franchement. Il aurait voulu pouvoir tout arranger comme ça. Mais il ne pouvait juste pas et il se sentait inutile pour le coup. Lui tomber dessus était tout ce qu'il avait trouvé là. « Ce n'est vraiment pas comme ça que j'imaginais les choses... »

Ce n’était pas qu’elle ne voulait pas lui parler. C’était simplement qu’il n’y avait rien à dire. Elle ne savait pas quoi dire, elle ne savait pas comment lui expliquer ce qui n’allait pas sans passer pour une folle. Elle ne comprenait pas pourquoi tout ceci lui arrivait et si elle ne le comprenait pas, comment Paul pourrait-il le comprendre ? Ca s’annonçait d’autant plus impossible. En plus quand il n’était pas d’humeur il n’était pas très patient et pas très prompt à faire des efforts. Alors là, il ferait juste mieux d’aller dormir parce qu’ils n’avanceraient pas. « Je n'ai bizarrement plus aucune envie de dormir. » Evidemment. Il voyait qu’elle était au plus mal et il voulait encore plus l’enfoncer. C’était tellement bien. Bien sûr, elle savait que s’ils ne parlaient pas ils n’allaient jamais y arriver, et bien sûr elle avait besoin d’aide, mais elle avait besoin de… constructif. Ce qui n’était pas le cas là. Aussi, elle savait que ce n’était pas facile et qu’il avait le droit d’avoir des explications, mais ce n’était pas comme a non plus qu’ils allaient y arriver. « Et j'ai de très bonnes raisons d'être en colère Cora. J'ai été très patient avec toi. Vraiment. » « Je sais. Je dis juste que ce n’est pas forcément la meilleure approche, là. » Elle n’était pas bien placée pour se plaindre et exiger quelque chose de lui alors qu’elle n’était pas capable de lui donner quoi que ce soit. Ou en tout cas pas ce qu’il voulait. Mais c’était comme ça, si elle avait pu l’arranger elle l’aurait fait. « Tu ne crois pas que si j’avais pu te répondre je l’aurais fait ? Que j’aime le fait que tu m’en veuilles et que je fais tout ça intentionnellement ? » C’était toujours le même problème en fait. A chaque fois qu’il y avait quelque chose qui clochait avec elle, il croyait qu’elle le faisait exprès. Ça en disait quand même beaucoup sur ce qu’il pensait d’elle… « T’as vraiment une très mauvaise image de moi en fait. » Elle imaginait qu’elle n’avait pas le droit de le blâmer et qu’elle en était en partie responsable, mais quand même… « J'ai l'impression que quoique je fasse, ça ne va jamais avec toi. » La jeune femme s’empressa de secouer la tête. Elle ne pouvait pas le laisser dire ça. Elle ne pouvait pas le laisser penser que tout était de sa faute… « Arrête tout de suite. Ce n’est pas toi le problème, tu fais tout ce que tu peux et tu fais bien assez. » Il n’arrivait juste pas à la comprendre mais ça avait toujours été leur principal problème. « C’est moi. Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne vient certainement pas de toi. » Il faisait tout ce qu’il pouvait. Il était présent, il l’avait toujours soutenu. Elle savait qu’elle lui en demandait beaucoup. « Ce n'est vraiment pas comme ça que j'imaginais les choses... » Il semblait tellement déçu et malheureux. A cause d’elle. Elle ne le supportait pas, elle n’avait jamais voulu lui faire de mal. « Tu regrettes ? » Elle avait toujours eu la sensation de lui avoir forcé la main. Il lui avait bien dit que c’était ce qu’il voulait mais peut-être qu’il se rendait compte maintenant que ce n’était pas le cas et qu’il aurait voulu pouvoir fuir. Elle ne savait plus trop maintenant, c’était horrible.

Paul avait fini par perdre patience. Il avait du se lever une fois de plus pour s'occuper de Charlie parce que Cora ne voulait pas bouger. Elle ne voulait plus s'occuper de leur fille en même temps, c'était bien simple. C'était en tout cas l'impression qu'avait le jeune homme. Comme il était furieux, il tenait donc à avoir une petite conversation avec la brune. Il voulait qu'elle comprenne qu'il avait de très bonnes raisons d'être en colère. Il avait tout essayé franchement. Il avait arrêté son boulot pour l'aider. Il avait voulu lui laisser du temps. Mais comme rien ne marchait que lui restait-il à part s'énerver hein ? « Je sais. Je dis juste que ce n’est pas forcément la meilleure approche, là. » « Ah oui et ce serait quoi la meilleure approche hein ? » Il ne voyait vraiment pas. Et, en toute honnêteté, il n'avait même pas envie de chercher. Il était un peu fatigué de tout ça. « Tu ne crois pas que si j’avais pu te répondre je l’aurais fait ? Que j’aime le fait que tu m’en veuilles et que je fais tout ça intentionnellement ? » Et voilà, elle recommençait à se poser en victime. Ca ne faisait qu'accentuer la colère du jeune homme mais bon. Elle devait être bête si elle ne comprenait pas ça. « T’as vraiment une très mauvaise image de moi en fait. » Paul pinça les lèvres. « Tu as fais que j'ai une mauvaise image de toi. » la corrigea-t-elle aussitôt. Parce qu'à la base, ça n'avait pas du tout été le cas. Le blond n'avait pas réfléchi à ce qu'il venait de dire, c'était juste la colère qui le faisait parler comme ça pour le moment. Il y avait fort à parier qu'il regretterait bientôt ses paroles mais pour l'instant ce n'était pas encore le cas. En plus d'être fâché, il était aussi un peu désespéré. Il se sentait tellement inutile et impuissant. Parce que quoiqu'il fasse pour Cora, ça n'allait jamais. Ca avait déjà été le cas pendant sa grossesse et ça continuait maintenant. « Arrête tout de suite. Ce n’est pas toi le problème, tu fais tout ce que tu peux et tu fais bien assez. C’est moi. Je ne sais pas pourquoi, mais ça ne vient certainement pas de toi. » Le jeune homme releva la tête. « Oh oui, je sais bien que c'est toi le problème Cora. » répondit-il sur un ton cassant. Mais il avait espéré qu'il serait en mesure d'y remédier quand même. Parce que ce n'était vraiment pas comme ça qu'il avait imaginé les choses. Il avait été ravi d'avoir un enfant avec Cora et puis maintenant... Bien sûr, il aimait Charlie plus que tout mais il avait l'impression que rien n'allait. « Tu regrettes ? » Cette question laissa le jeune homme songeur quelques minutes. « Oui. » répondit-il après un moment d'hésitation. « Charlie mérite mieux que ça. » ajouta-t-il ensuite. Il se redressa et s'éloigna un peu de Cora. « Tu dois aller voir quelqu'un. »

« Ah oui et ce serait quoi la meilleure approche hein ? » Cora ne répondit rien, gardant les lèvres serrées. Il prendrait mal le fait qu’elle exige quelque chose de lui alors elle préférait ne rien répondre. Ça n’allait pas les aider à avancer mais elle préférait encore qu’ils en restent-là plutôt que de creuser un peu plus le fossé qui les séparait. Fossé qui était déjà énorme, visiblement. Sinon, il aurait fallu qu’il se montre encore patient. Il l’était déjà énormément mais… Encore plus. Ça aurait été beaucoup lui demander, elle en était consciente. Mais ça n’allait plus être pour longtemps, hein ? Elle ne croyait pas beaucoup en elle en ce moment mais elle avait espoir pour que les choses s’arrangent rapidement. Les mauvaises passes n’étaient pas censées durer trop longtemps, ou en tout cas pas plus qu’un être humain ne pouvait le supporter. Or, la jeune femme ne le supportait plus, et Paul non plus. Elle détestait lui infliger ça mais elle ne le faisait pas exprès. Bien sûr, il n’y croyait pas. Rien de ce qu’elle disait ne trouvait grâce à ses yeux, il avait une trop mauvaise image d’elle pour ça. « Tu as fait que j'ai une mauvaise image de toi. » Ok, oui, elle pouvait accepter ça aussi. Parce qu’elle n’avait pas de quoi le contredire, elle savait qu’il avait raison. Mais ça ne l’empêchait pas d’avoir mal à cause de ça, parce que c’était horrible à entendre de la bouche de l’homme qu’elle aimait et qui était censé l’aimer aussi. Alors elle baissa les yeux et se mordit la lèvre pour ne pas pleurer une fois de plus. Ça ne ferait qu’aggraver son cas et elle en avait marre d’être cette petite chose fragile qu’elle n’était pas à la base. Paul en vint ensuite à dire qu’il faisait tout de travers. Ce n’était pas lui le problème, il faisait tout son possible, ce n’était simplement pas assez mais il n’y pouvait rien non plus. Bien sûr, Cora s’empressa de le corriger. « Oh oui, je sais bien que c'est toi le problème Cora. » Décidément. Elle aurait mieux fait de faire semblant de dormir. Il la détestait tellement, elle avait envie de disparaitre. « Ok. » répondit-elle sans trop savoir pourquoi. Elle n’avait pas réussi à ouvrir la bouche de tout à l’heure et elle avait senti que c’était nécessaire… Elle aurait sans doute pu s’en passer. Finalement, le jeune homme déclara que les choses ne se déroulaient pas comme il l’avait prévu. Well… C’était la même chose pour elle hein, elle ne savait même pas comment il pouvait penser qu’elle avait voulu tout ça. Sans trop savoir pourquoi, elle lui demanda s’il regrettait. D’être resté avec elle, principalement. Elle savait que Charlie n’était pas un problème pour lui. « Oui. » répondit-il après ce qui lui semblait une éternité. C’était douloureux aussi. Mais elle avait demandé. « Charlie mérite mieux que ça. » Oh, ça, oui. Elle le savait. C’était ce qu’elle n’arrêtait pas de répéter depuis qu’elle avait appris qu’elle était enceinte. « Je sais. Elle est bien mieux avec toi. » Ca ne justifiait en rien le fait qu’elle ne s’occupe pas d’elle mais il ne pourrait pas la contredire. Maintenant… Elle ne savait pas quoi faire. Elle ne voulait pas l’abandonner pour autant, elle avait juste besoin d’un peu de temps. « Tu dois aller voir quelqu'un. » ajouta-t-il ensuite. C’était une chose à laquelle Cora n’avait pas pensé. Elle n’aurait jamais pensé que ça puisse être utile, ou que ce qu’elle vivait pouvait justifier une telle chose. Elle n’avait jamais pris la peine de faire des recherches parce qu’elle pensait que c’était elle le problème et pas que ça puisse venir d’autre chose. Mais peut-être que oui ? « D’accord, je vais le faire. Si c’est la seule solution pour ne pas vous perdre, je vais le faire. » Se confier n’était pas son genre mais pourquoi pas ? Si ça pouvait l’aider, ça valait le coup d’essayer.

Paul était furieux après Cora. Tellement qu'il en devenait même méchant. Dans chacune de ses paroles, il ne cherchait qu'à blesser la jeune femme. Mais même ça n'avait pas l'air de trop la faire réagir. C'était aberrant quand même. Il lui disait des horreurs et elle ne répondait juste rien. Il se demandait bien où était passé la Cora qui ne se serait pas laisser faire pour rien au monde et qui l'aurait envoyé chier directement. La seule chose qu'il avait réussi à obtenir d'elle était un petit ok quand il lui avait dit qu'il savait que tout le problème venait d'elle. Parce que oui, c'était très net. Il faisait tout pour elle et rien n'y faisait. C'était terrible à voir quand même. En tout cas, ce n'était vraiment pas comme ça qu'il avait imaginé que se passerait les choses quand il aurait un enfant. Il en fit par à la brune et elle lui demanda s'il regrettait. Il dut y réfléchir un peu mais la seule réponse qui lui vint fut oui. Il ne regrettait pas Charlie non... il aimait sa fille plus que tout. Il regrettait juste... tout le reste. Parce que sa fille méritait mieux que ça. Elle méritait une mère qui l'aime et qui s'occupe d'elle. Elle n'avait surtout pas à se retrouver complètement délaissée comme ça. « Je sais. Elle est bien mieux avec toi. » Le blond secoua aussitôt la tête. C'était tellement facile de dire ça. « Elle a besoin de ses deux parents. » dit-il alors. Alors il allait falloir que la brune fasse quelque chose. Il n'allait certainement pas la laisser se comporter ainsi. Il déclara donc finalement qu'elle ferait bien d'aller voir quelqu'un. C'était la seule solution qui s'imposait à lui en cet instant. Parce que clairement quelque chose n'allait pas chez elle et tout devait se passer dans sa tête à elle. « D’accord, je vais le faire. Si c’est la seule solution pour ne pas vous perdre, je vais le faire. » « Bien. » répondit-il alors. « Appelle demain alors. Mais tu dois le faire avant tout pour toi Cora. » Parce que bon, il imaginait qu'elle devait être la première à souffrir de tout ça. C'est ce qu'elle avait l'air de dire en tout cas même s'il avait personnellement du mal à le concevoir. Soit. « Et tu ne me perdras pas si facilement non plus. » ajouta-t-il ensuite. « Je t'aime malgré tout. » C'était important qu'il le lui dise. Même s'il était toujours fâché et qu'il lui avait dit des choses peu sympathiques depuis tout à l'heure, c'était quelque chose qu'il ne remettait pas en doute. Et qu'elle ne devait pas mettre en doute non plus.

Cora n’avait jamais pensé que son ‘problème’ puisse prendre une telle ampleur. Elle l’avait plus ou moins nié jusqu’ici, se disant que ça allait finir par passer. Seulement, ça n’était pas passé et ça n’avait fait qu’empirer. Et Paul s’en était rendu compte bien sûr. Il était là 24h/24 alors elle n’aurait pas pu lui cacher bien longtemps. Sauf qu’il ne comprenait pas. Tout se déroulait exactement comme lors de sa grossesse. Il était sceptique, furieux, il refusait de comprendre. Et en plus de ça, il regrettait. Il avait fini par le reconnaitre. C’était douloureux mais au moins il était honnête, elle ne pouvait pas lui enlever ça. Il regrettait qu’elle ne soit pas une bonne mère pour Charlie. Elle l’avait prévenu dès le départ pourtant, elle lui avait dit qu’elle n’y arriverait pas et qu’elle serait nulle. Il avait choisi de croire en elle malgré tout et voilà où ils en étaient. La petite aurait été tellement mieux rien qu’avec lui, il ne pouvait pas la contredire. « Elle a besoin de ses deux parents. » Oh oui, Cora ne pouvait pas le contredire non plus, mais honnêtement, elle n’était pas le meilleur des parents alors elle serait sans doute mieux sans elle. « Je sais mais quand l’un des parents craint vraiment, je ne crois pas que ce soit vrai. » Ca ne pourrait rien lui apporter de bon. Le jeune homme sembla enfin le comprendre. Ou en tout cas, il finit par accepter et voir que quelque chose n’allait pas avec elle et lui demanda d’aller voir quelqu’un pour se faire aider. Ok. Elle pouvait faire ça, et elle allait le faire même si ce n’était pas son truc. Si c’était sa seule solution pour ne pas les perdre… « Bien. Appelle demain alors. Mais tu dois le faire avant tout pour toi Cora. » La jeune femme pinça les lèvres. Bien sûr elle voulait redevenir normale et ne plus se sentir aussi horrible mais elle voulait aussi que ça soit plus facile pour son petit ami et pour Charlie. Il était clair qu’ils souffraient eux aussi de la situation. « Oui mais ça reste vous ma priorité. » Il était important qu’il le comprenne même si ça n’avait pas l’air évident à voir. « Et tu ne me perdras pas si facilement non plus. » Pourtant elle avait bien cru qu’elle allait le perdre là. « Je t'aime malgré tout. » Et elle était très soulagée d’entendre ça. A force de le pousser à bout, sa colère aurait pu finir par surpasser tout ça. « C’était ça dont je voulais parler tout à l’heure, quand je t’ai demandé si tu regrettais. Je voulais savoir si tu regrettais d’être resté avec moi, si tu t’étais finalement rendu compte que tu voulais autre chose. » Elle ne remettrait jamais en doute son amour pour Charlie. Il était un père génial. « Mais je suis soulagée de t’entendre dire ça parce que je t’aime aussi, je vous aime tous les deux. » C’était juste très compliqué comme elle l’avait déjà dit une bonne centaine de fois au moins.

Paul était tellement furieux. Le comportement de Cora le mettait tellement hors de lui. Et bien sûr, le fait que ce soit le milieu de la nuit n'arrangeait rien. La brune avait sûrement raison, il aurait mieux fait de se rendormir. Ce n'était malheureusement juste pas envisageable. Il savait que même s'il se forçait, il n'y arriverait pas. Il fallait que ça sorte avant et qu'ils parlent. Alors ils avaient parlés. Si on pouvait dire ça... Et le jeune homme avait fini par s'énerver franchement et dire à Cora qu'il regrettait. Il ne regrettait pas d'avoir eu sa fille. Non, il aimait sa fille. Mais il regrettait vraiment la manière dont les choses se déroulaient maintenant. Il se disait que c'était peut-être trop tôt. Il aurait du attendre un peu plus. Peut-être qu'alors les choses n'auraient pas été si pire. Soit. Les choses étaient ce qu'elles étaient et il n'y avait plus moyen de faire marche arrière maintenant. Mais Charlie avait besoin de ses deux parents. « Je sais mais quand l’un des parents craint vraiment, je ne crois pas que ce soit vrai. » Le jeune homme secoua aussitôt la tête. « C'est vrai quand même. » rétorqua-t-il aussitôt. « Et dans ce cas-là c'est au parent qui craint vraiment de se remettre un peu en question. » Et de s'améliorer. Et puisque que Cora avait un problème et n'était visiblement pas capable de remédier à ça toute seule, il fallait qu'elle appelle quelqu'un pour l'aider. Voir un psychologue ne pourrait pas lui faire de mal après tout. La brune accepta ça aussitôt. Elle voulait faire ça pour eux et pour ne pas la perdre. Mais Paul crut on de lui signaler que c'était avant tout pour elle qu'elle devait faire ça. « Oui mais ça reste vous ma priorité. » Oh, il n'en avait pas eu tellement l'impression ces derniers temps mais bon, si elle le disait, elle voulait bien la croire. « D'accord. » souffla-t-il alors. Il ajouta quand même qu'elle n'allait pas les perdre si facilement non plus. Paul aimait bien trop Cora pour l'abandonner au premier obstacle qu'ils croisaient. Elle comptait plus que ça pour lui et il l'aimait même s'il était furieux après elle en ce moment. C'était comme ça. « C’était ça dont je voulais parler tout à l’heure, quand je t’ai demandé si tu regrettais. Je voulais savoir si tu regrettais d’être resté avec moi, si tu t’étais finalement rendu compte que tu voulais autre chose. Mais je suis soulagée de t’entendre dire ça parce que je t’aime aussi, je vous aime tous les deux. » Paul eut un petit sourire triste et caressa lentement la joue de la jeune femme. « Je ne pourrais pas regretter d'être resté avec toi. Tu reste la meilleure chose qui soit arrivée dans ma vie. » Elle avait de la chance, il s'était un peu calmé. Sa colère retombait vite en général. Le blond se redressa par la suite. « Je devrais peut-être me rendormir. »