Huit heures et demie du matin. Tôt, trop tôt surtout que j'avais encore passé la nuit à faire la fête dans une quelconque boîte de nuit. A côté de moi, le lit est froid. Ma maitresse était partie, tant mieux, cela faisait toujours un tracas de moins car il n'y avait rien de plus désagréable que de mettre dehors une personne. Oh ce n'est pas tant que cela me dérange mais je détestais voir une femme pleurer. Je ne savais jamais leur dire non dans ces moments-là bien qu'il m'arrivait de rester ce connard insensible. Je ne menais pas une vie faites pour l'amour mais j'étais un homme avec des besoins d'où mon problème. Heureusement, je trouvais mon compte dans les bras de ces amantes éphémères mais pour combien de temps? C'était toujours la question que je me posais. Combien de temps allais-je encore réussir à me contenter de substitut? Je n'en avais aucune idée. La seule chose que je savais, c'est que je devenais de plus en plus exigeant. Avant, un simple sourire m'aurait suffi désormais, j'apportais un peu d'importance à leur intelligence. Bon, j'étais encore loin de leur demander une conversation civilisée, j'avais encore une grande marge de progression avant la fin de non-retour.

Toutefois, il fallait que je songe à me bouger car ma belle coach sportive se radinait dans une demi-heure. J'aimais prendre soin de mon apparence, dans mon métier, valait mieux présenter bien. Qu'est-ce que je faisais? Aucune idée. Cela dépendait de mes humeurs : avocat, trader, cela dépendait du vent. Je n'avais pas besoin de diplômes, il suffisait de créer l'illusion. De donner le change. Après, cela se faisait tout seul même si sans me vanter, je jouissais d'une culture générale à proprement dit hallucinante. Je devais remercier mes heures et mes heures de lectures car si j'étais le roi de l'improvisation, il n'en était rien que je ne laissais rien au hasard. Tout devait être étudié, dans les moindres détails. Une demi-heure plus tard, pile à l'heure, le concierge de l'hôtel particulier où j'y avais un appartement me signala que mon invitée était arrivée. Bien. J'aimais les gens ponctuels.

# Penelope, pardonnez-moi de ma tenue débraillée mais j'ai eu ce qu'on dirait une panne de réveil.

Il fallait bien que j'explique pourquoi je me retrouvais seulement avec un pantalon de jogging lâche sur les hanches tandis que je continuais de me frotter les cheveux humides avec une serviette blanche. Je refermais la porte derrière avec un sourire charmeur comme à mon habitude.

# Installez-vous, bref, faites comme d'habitude, je vais finir de rapidement me préparer !

Je m'étais exclamé avant de repartir dans le sens inverse pour regagner ma salle de bain luxueuse comme l'était le reste de cet appartement d'inspiration penthouse. Quelques minutes plus tard, je revins vers elle, le torse recouvert d'un T-Shirt noir.

# Comment allez-vous aujourd'hui? Prête à me torturer?

Petite plaisanterie livrée avec ce sourire toujours aussi énigmatique.

La tenue légèrement débraillée, je me présentais à Penelope, le sourire légèrement séducteur comme  à mon habitude. Cette femme était belle, blonde comme je les aimais, un corps attirant et par miracle, semblait dotée d’une cervelle. Pour l’heure, je lui demandais surtout de m’entrainer afin de garder un corps sain et svelte. Il le fallait pour présenter correctement aux personnes et puis, soyons honnête, les femmes préfères les hommes musclés que les gros balourds. Elles ont beau le crier haut et fort, elles désirent les Apollons mais épousent les simples mortels.

# J’espère que cela ne veut pas que tu me trouves désagréable à regarder.

Le ton était à la fois ironique et amusé lorsque je m’exprimais avant de la laisser quelques minutes pour terminer de me préparer.  Aujourd’hui, une longue journée m’attendait car non seulement, je devais m’entretenir avec un nouvel associé au sujet du rachat d’un immeuble mais en prime, j’avais rendez-vous dans la soirée avec ma mère et son organisatrice de mariage. Douzième mari et elle s’entêtait à vouloir se marier en blanc. Le noir lui correspondrait bien plus mais elle me taxerait de rabat-joie. Des fois, je me demandais si elle n’était qu’une simple arnaqueuse ou si elle éprouvait sincèrement quelque chose pour ses maris. Personnellement, je ne croyais pas en l’amour du moins, je ne voulais pas y croire. Comment ne serait-ce une seule seconde imaginer qu’une femme puisse avoir envie de s’engager auprès d’un homme dont la seule vérité est le prénom ?! Je mentais quotidiennement sur mon identité que c’était un miracle que j’arrive à toutes les retenir. Je pouvais dire merci à ma mémoire même si, ma mémoire visuelle laissait à désirer. Je crois que j’étais un paradoxe à moi tout seul : excellente mémoire mais pas des visages. Au quotidien, c’était légèrement handicapant.

# Je veux bien te mettre une fessée si tu le souhaites.

C’était une plaisanterie bien sûr car le sourire qui me barrait le visage était le même que le sien. Je la laissais m’expliquer ce qu’elle comptait faire aujourd’hui pour notre séance. J’hochais la tête avec attention tandis que je me préparais psychologiquement à être torturé de la sorte.

# Eh bien, c’est tout un programme que tu as prévu. Cela me plait ! Les travaux de la salle de sport sont terminés, nous allons pouvoir avoir de la place pour faire les exercices que tu as prévus.

La fameuse salle de sport que j’avais fait construire en rachetant l’étage où se trouvait mon penthouse. Tout n’était pas terminé car il fallait faire tous les raccordements entre les différentes pièces mais celle-ci était terminée. Bientôt, je l’espérais, mon appartement serait terminé car je commençais déjà à m’en lasser. J’étais ainsi, incapable de me fixer quelque part.

# C’est toujours bon pour l’égo qu’une femme vous trouve parfait.

Le ton était à la plaisanterie et je lui servis un sourire des plus séducteurs tandis que mon égo s’enorgueillit de ce compliment. J’étais un peu trop narcissique sur les bords pour ne pas être flatté d’une telle reconnaissance pour mon physique d’Apollon que j’avais plaisir à entretenir. On n’a rien sans rien après tout et puis, en quelque sorte, avec mon intelligence, il était un peu mon gagne-pain. En tous les cas, je ne fuyais pas son regard ayant l’habitude de fixer mes interlocuteurs droit dans les yeux. Le contraire aurait été étonnant car lorsque vous traitiez affaire et surtout lorsque vous étiez un escroc de haut vol comme moi, valait-il mieux avoir le courage de regarder les gens en face sinon vous ne faites pas de vieux os dans ce domaine. Toutefois, je devais aussi avouer que ce beau visage ne m’était pas inconnu mais impossible de remettre ce dernier dans un contexte précis. Ma foi, cela ne devait pas être important si je n’y arrivais pas n’est-ce pas ?! Cette légèreté me couterait certainement beaucoup mais pour l’heure, elle me semblait totalement anodine tandis que j’éclatais de rire à sa question. Elle semblait être d’humeur joueuse aujourd’hui et cela pour mon grand plaisir. J’avais toujours aimé séduire mon entourage et les belles femmes dans son genre étaient un met bien trop délicieux pour que je ne décide de faire un régime.

# Je n’ai jamais aimé la théorie alors si tu veux en savoir plus, je pourrais te faire une démonstration sauf si tu as dans l’intention de me faire un procès par la suite pour harcèlement sexuel.

A nouveau, je plaisantais avec elle, faisant preuve d’une légèreté car je me détendais de plus en plus en sa présence. Toutefois, je pris conscience qu’il fallait peut-être que je fasse attention à mes paroles en sa présence car la demoiselle semblait réellement attentive à mes propos.

# En fait j’ai racheté tout l’étage pour en faire un grand appartement. J’ai plusieurs pièces en travaux dont le fameux bureau en question seulement comme je suis un grand sportif mais je n’aime pas vraiment traîner dans les salles de sport, je me suis fait construire ma propre salle, équipée des derniers engins de torture. Souhaites-tu la voir ? J’aimerais beaucoup avoir ton avis sur la question après tout, tu es une professionnelle dans ton domaine.

Noyer le poisson était tout un Art dans lequel, je pouvais exceller ou au contraire m’empêtrer surtout quand une aussi jolie femme me faisait face.