Si l’on devait lui décerner un award, Zelda recevrait sans doute celui de la pire amie qui soit. En effet, depuis qu’elle s’était installée à New York, la jeune femme n’avait pas encore trouvé le temps de rendre visite à une vieille connaissance : Ashton Duke. Pourtant cette dernière avait été informée de son emménagement par mail, à l’instant même où Zelda eut terminé de déballer ses cartons mais les deux amies n’avaient pas encore trouvé de bonnes occasions pour se retrouver. Ashton avait un métier assez prenant et – plus important encore – une vie de famille ! C’est en jetant un coup d’œil à sa bibliothèque remplie de DVD que la jeune femme en trouva finalement une : le coffret des films de Stargate SG-1 que la jolie rousse lui avait un jour prêté. En ce moment, Zelda passait beaucoup de temps à se morfondre devant son téléviseur. Elle se repassait les bons vieux classiques des séries télévisées américaines. De La Petite Maison dans la Prairie à Desperate Housewives en passant par Code Quantum, pratiquement tout y était passé ! Tant et si bien qu’influencée par Bree Van De Kamp, la jeune femme s’était mise à la cuisine. Un peu plus tôt dans le mois, elle avait poussé la porte d’une librairie pour acheter quelques bouquins sur l’art culinaire et avait pris quelques cours avec un chef reconnu ; rendre visite à Ashton semblait être une parfaite occasion pour réaliser de délicieux muffins ! Malheureusement, elle les oublia dans le four et ne s’en rendit compte que lorsqu’ils furent complètement carbonisés. Tant pis, elle trouverait bien une boulangerie/pâtisserie sur le chemin. L’odeur âcre de brûlé s’était répandue dans tout son appartement, y compris sur ses vêtements. Elle aéra donc la pièce aussi longtemps que dura sa toilette, enfila une tenue confortable et sans prétention puis quitta son petit « nid douillet » après s’être assurée que tout était bien fermé. Zelda quitta son appartement aux alentours de 15h30. Direction Noho, l’un des nombreux quartiers de Greenwich Village où vivait Ashton avec son fils, Shaun. Il devait avoir sacrément grandi depuis le temps et devait avoir le même âge qu’aurait eu son propre enfant si son inconscience n’avait pas provoqué une fausse couche. Comme convenu, la jeune femme fit un détour chez un maître pâtissier et acheta quelques mignardises pour accompagner une bonne tasse de thé ou de café. Elle arriva à destination vers les 16h de l’après-midi et se stationna dans une petite allée. Boîte de douceurs dans une main, coffret DVD de l’autre ; elle ne trouva rien de mieux que d’utiliser le bout de son nez pour presser la sonnette d’entrée afin de manifester sa présence et lorsqu’enfin la porte s’ouvrit sur Ashton, un large sourire étira ses lèvres. « Surprise ! » s’exclama-t-elle, en espérant ne pas la déranger. « Sorry for this unannounced entrance but I had to bring you this. Thanks for the rent. » dit-elle en lui tendant le précieux sésame. « Am I bothering you ? » s’enquit-elle aussitôt.

On pouvait aisément lire sur le visage de Zelda que celle-ci était gênée par son entrée en scène ; ce n’était pas vraiment une façon de débarquer chez une amie sans même lui téléphoner au préalable – bon d’accord, c’est un peu le principe d’une visite surprise et elle avait même amené des mignardises pour faire passer le tout – mais tout de même, Ashton avait une vie de famille désormais, sans compter son métier de militaire assez prenant ! Tout ceci n’était qu’une façon de se racheter auprès d’elle. Zelda avait parfaitement conscience de ne pas avoir été l’amie rêvée lorsqu’Ashton en avait eu le plus besoin et elle ne pouvait pas vraiment prendre l’excuse de son travail puisque ce n’était pas le cas. Elle avait préféré fuir plutôt que de l’aider à surmonter le décès de Garreth et c’était lâche, elle le savait très bien. Le pire dans tout ça ? C’est qu’elle n’expliquait pas son geste. Bien sûr, la jeune femme devait affronter le décès de l’enfant qu’elle portait, mais ne pouvait même pas s’en servir comme argument car – exceptés ses parents – personne n’était au courant.

Pourtant, Ashton ne semblait pas lui en vouloir. Bien au contraire, elle l’accueillit d’un rire que la jeune femme n’avait pas entendu depuis des lustres et l’invita aussitôt à entrer. L’américaine n’était pas du genre à se fâcher, du moins, elle ne se souvenait pas l’avoir un jour connue dans cet état. La température aidant, Zelda ne se fit pas prier et prit un moment pour observer les lieux où un sourire étira ses lèvres en reconnaissant l’univers de son amie. « Well, thank you for returning... that. I didn't even remember I gave it to you ! ». Une fois de plus, Zelda afficha une petite moue désolée. « Yeah… It was a long time ago. Sorry for that too. » dit-elle en la suivant jusqu’au salon. « So, yeah, it's been a WHILE. What have you been up to ? » lui demanda aussitôt son amie. Eh bien, elle n’allait pas être déçue. Zelda n’était plus vraiment la même. Il était loin le temps où elle restait prostrée dans un bureau pendant des heures à étudier les conditions de vol pour le compte de la base de Fort Hamilton. « Yeah. I- I was kind of busy, you know. I travelled a lot since few months. Right now, I'm not really attached to the National Weather Service. I'm kind of... independent worker thanks to Dean Gill so I hunt the storms and the others meteorologic tricks. I never really liked being in an office, so... ». En général, lorsqu’elle parlait de son nouveau métier, ses interlocuteurs écarquillaient les yeux et lui demandaient parfois quel était sa planète d’origine. « But you, always in the USAF ? » enchaîna-t-elle aussitôt. Mais ce fut à ce moment précis qu’elles entrèrent dans le salon face à un petit garçon absolument craquant. « Shaun, say hi ! ». Une fois dans ses bras, le petit observa la nouvelle venue avec une (fausse) timidité parfaitement décelable sur ses traits et chercha à se cacher dans les boucles rousses de sa maman. Zelda trouvait ça absolument adorable, comme en témoignait sa tête légèrement penchée sur le côté et ponctuée d’un sourire totalement gaga peint sur son visage. Il avait tellement grandi ce petit bout ! « Aw, look at you handsome ! You grew up so fast ! » s’exclama-t-elle en prenant affectueusement la petite menotte du bambin. « How old is your little prince, now ? I guess he loves airplanes? » sourit-elle, toujours captivée par la petite tête blonde ô combien adorable.