Kat n’en sait rien mais il y a déjà bien longtemps qu’Enzo Donovan n’a plus de secrets pour moi grâce à l’outil internet, notamment. L’avantage d’avoir un sosie à la vie très médiatique ! De cet inconnu à qui je ressemble trait pour trait, je connais absolument tout ; de ses goûts musicaux à sa gestuelle en passant par les hôtels qu’il fréquente et où je me glisse parfois pour me ressourcer. Jusqu’à présent, tout le monde n’y voit que du feu mais je ne baisse pas ma garde pour autant car je ne doute pas qu’en usurpant l’identité d’une personne célèbre – aussi ressemblante soit-elle – les choses peuvent rapidement se retourner contre moi. Toujours grâce à Internet, j’ai appris qu’Enzo se trouve actuellement à New York et j’ai décidé de m’offrir une descente à l’hôtel aux frais de ce cher prince. Ses fans ne mentent pas à son sujet ; il est bien trop généreux…

Les Donovan ont leurs petites habitudes. Parmi elle ; le Crowne Plaza. Un hôtel 4 étoiles situé en plein cœur de Times Square. Et c’est justement là que j’ai l’intention de passer la nuit.

Sûr de moi, je pousse la porte et pénètre à l’intérieur. Je meurs d’envie d’admirer le décor pour m’en imprégner mais je dois avoir l’air d’un habitué et non d’un clochard qui découvre l’endroit pour la première fois de sa vie alors de m’avance jusqu’à la réception en ayant l’air le plus naturel possible. Le sourire qui drape mon visage est identique à celui de mon sosie ; je le dois à des heures de visionnage sur Youtube et à l’instant où mon regard croise celui de la réceptionniste, je sais que j’ai fait mouche. « Mr Donovan. It’s nice to see you again ! ». Mais bien sûr. Allons, je sais très bien que ce qui vous intéresse c’est mon compte en banque. Ou plutôt son compte en banque. Pour ma part, je n’ai que $20 dans ma poche et j’ai l’intention de m’en servir comme pourboire pour le room service. Néanmoins, je glisse un rapide coup d’œil sur son badge pour y capter son prénom avant de lui répondre. « Nice to see you too, Candice. ». Je suis sur le point de me risquer à un clin d’œil enjôleur avant de me souvenir que ce n’est pas le genre de la maison. Gosh, même au naturel il est ennuyeux. Ce n’est pas pour me vanter, mais je préfère ma vie à la sienne. Bon ok, je suis carrément jaloux ! Parfois j’ai l’impression d’être dans un mauvais remake de la Belle & le Clochard. « Same room ? ». Dans ce genre d’endroit, nul doute possible : le client est Roi. Ils ont tous cette manie à anticiper le moindre de vos désirs avant même que vous y songiez. « You read in my mind… ». Je lui adresse un sourire alors qu’elle me tend la carte magnétique pour la poser dans ma paume et m’engouffre dans l’ascenseur pour atteindre le dernier étage de la tour.

Mon cœur bat à toute allure avant même de passer la carte dans le lecteur. Pourtant, je connais très bien cette chambre mais j’aime beaucoup venir ici sans trop savoir pourquoi. Je pousse la porte et soudain, ça me revient. Si j’affectionne autant cette chambre c’est parce qu’elle reste aussi immaculé que la première fois où j’y ai mis les pieds. Moi, le pouilleux brésilien. Je sais que je n’ai pas le droit d’être ici, que ce n’est pas ma place mais je m’y sens bien. Après cet instant de flottement, je décide de ne pas perdre de temps. J’appelle le room service pour commander un repas digne de ce nom, je m’engouffre dans la douche italienne et – une fois propre comme un sou neuf – me laisse tomber sur le lit au matelas à mémoire de forme (rien que ça) en attendant mon dîner.

Mais déjà, mes paupières peinent à rester ouvertes.

Comme bien souvent, mes rêves me conduisent dans des endroits familiers, aujourd'hui, je me trouve dans cet orphelinat de Rio De Janeiro qui m'a vu grandir. C'est étonnant de voir comme les détails m'apparaissent aussi clairement que si je m'y trouvais en cet instant même. Je me souviens de tout ; de la chaleur du soleil brésilien sur ma peau à l'odeur des draps de la couchette sur laquelle je suis étendu. Soudain, mon regard est attiré par un mouvement sur ma droite. Un oiseau s'est posé sur le rebord de la fenêtre, il s'est glissé entre les barreaux de ma prison et me toise d'un seul œil pendant que j'admire ses couleurs vives ; c'est à présent la seule touche de gaieté qui anime nos dortoirs au décor impersonnel. J'admire beaucoup les oiseaux. Je les envie parfois ; eux sont libres d'aller et venir comme bon leur semblent. J'ai un peu de mal à comprendre pourquoi certaines personnes s'entêtent à les enfermer dans une cage pour en faire des animaux de compagnie. Pendant que l'oiseau me regarde, je n'ose pas bouger de peur de qu'il ne s'envole avant de pousser son chant. Soudain, il ouvre le bec à la manière d'un chanteur qui s'apprête à livrer son plus beau concert. « Fuck fuck fuck fuck... ». Mes sourcils se froncent dans mon sommeil. Fuck, really ? En voilà un drôle de piaillement ! Tandis que j'esquisse un mouvement pour me redresser et mieux le regarder, celui-ci s'envole et trois coups contre la porte me ramènent à la réalité. « Room service ! ». Ah oui, l'hôtel...

Les yeux mi-clôt, je me redresse péniblement en passant une main sur mon visage puis dans ma tignasse brune pour tenter de les discipliner un peu. Je me racle la gorge et lance un « I'm comin' » qui se heurte à la porte close. Mes jambes cotonneuses me rappellent ô combien je n'aime pas faire la sieste en temps normal et lorsque je me redresse enfin, c'est pour croiser le regard d'une inconnue. « ...aaand fuck ». En voilà un d'oiseau de mauvais augure. De toute évidence, ce petit bout de femme n'est pas là pour changer les draps. « What the hell ? ». C'est tout ce que je trouve à dire et qui résume bien le fond de ma pensée. Je me demande si c'est ce qu'aurait dit Enzo, il ne doit pas jurer à mon humble avis. L'esprit embrumé et sous l'effet de la surprise, je ne tente pas de me défaire de mon accent portugais prononcé, même au risque de me faire pincer. Qui est-elle ? Une fan ? Est-ce que je suis victime de "stalking" ? Non. Elle a l'air beaucoup trop surprise pour ça. Il faut que je joue le jeu et que je me fasse passer pour Enzo si je ne veux pas qu'on découvre le pot aux roses. D'un signe de la main, je lui indique alors un coin où se cacher pendant que j'ouvre la porte pour faire entrer le serveur et le gratifier du fameux billet de $20.

Une fois la porte fermée, je me tourne vers l'étrangère en croisant les bras sur mon torse. Je suis perdu entre ma réaction et celle qu'aurait eu Enzo dans ce cas de figure ce qui doit donner une expression faciale assez amusante, j'imagine. « Who are you ? What are you doing in my room ? ». Je savais que mon temps d'usurpateur d'identité était compté, mais j'étais loin de me douter que ma couverture allait être percée à jour aussi tôt et malgré toutes les précautions dont j'ai pu faire preuve jusqu'à maintenant.  

Je sais que je dois garder mon calme pour ne pas compromettre cette couverture - censée me tenir chaud cet hiver grâce à de luxueux hôtels comme celui-ci - mais la surprise liée à la panique m’empêche d’aborder les choses calmement. En usurpant l’identité d’Enzo, je connaissais parfaitement les risques mais j’ai toujours fait très attention et voilà qu’une fille sortie de nulle part débarque pour foutre le bordel dans ma vie. Je croise les bras sur mon torse, curieux de l’entendre se justifier sur sa présence indésirable. « I... am the... one who was called to fix your door. Oh look, your door is perfectly fine again ! Thanks who ? Hm, so, is there anything else you want to report broken ? ». Et en plus de ça, elle me prend pour un con ! Stay calm, Danjel. Sans trop savoir comment, je parviens à esquisser un sourire. « Sure ! – je laisse ma phrase en suspens, juste pour lui donner l’impression que je marche dans son jeu avant de poursuivre – your fucking excuse ! No offense but you’re a poor liar. ». Et voilà, ça me reprend. Je bouillonne. Je ne suis pas forcément en colère contre elle, mais plutôt frustré de perdre ainsi le contrôle d’une situation parfaitement maîtrisée jusqu’à maintenant. De ce côté-là, je n’en mène pas large moins non plus : ma nervosité crève les yeux. Il ne manquerait plus que cette inconnue soit une groupie de mon sosie. En tout cas, je connais ce regard. J’ai le même. Pour avoir passé des années livrées à mon sort, je suis en mesure de reconnaître ce type de personnes lorsque j’en viens à en croiser. Et soudain, je comprends. Elle n’a pas besoin de parler, j’entrevois dans ses yeux bleus tout ce qu’elle ne doit pas oser dire par pudeur ou par honte. En fait, cette inconnue n’est pas si différente de moi. Je me radoucie.   « …and obviously a poor thief. » dis-je dans un souffle. Etrangement, je me sens mal. J’étais à sa place il y a encore quelques minutes. Pire, je fais encore partie de cette classe indésirable de la société sauf que j’ai la chance d’avoir un sosie plein aux as à exploiter de temps en temps. Mais tous n’ont pas cette chance. « Take what you want and go. ». N’est-ce pas là ce que ferait Enzo à ma place ? Il était connu pour avoir le cœur sur la main après tout… « Unbelievable… » murmurai-je en roulant des yeux. Je la quitte des yeux pour m’intéresser à ma commande, je soulève la cloche et salive déjà à la vue de toutes ces bonnes choses. Le moins que l’on puisse dire, c’est que j’en ai eu pour mon argent (autrement dit 20 misérables dollars). Et le malaise me reprend en la sachant juste derrière moi. « Are you hungry ? This is too much for me. ». Je ne prétends pas avoir l’âme charitable d’Enzo mais – en plus de faire partie du personnage - je ne peux pas fermer les yeux sur sa situation sans la comparer à la mienne. J'ai pitié, j'avoue. Et ça m'énerve dans le sens où je deteste les personnes qui se comportent de la même manière avec moi. 

Je l’ai offensé !? Certes, je ne suis pas un modèle d’empathie, mais je n’allais pas non plus lui dérouler le tapis rouge pendant sa performance ratée d’Arsène Lupin, tout de même ! Cette fille vient tout juste d’entrer par effraction dans « ma » chambre d’hôtel pour « me » voler et je reste persuadé que la réaction de mon double aurait été similaire même si j’ignore totalement ce que peut donner un Enzo énervé. Je ne sais pas, c’est comme… un pokémon non répertorié. « Wow, you're serious ? I'm not gonna steal you just like that, in front of your eyes, I'm not... ». Sa tentative pour se défendre et se donner du crédit m’arrache un rire nerveux. Parce qu’elle me prend pour Enzo, la voleuse est loin de se douter que je connais parfaitement la situation dont elle est victime. J’ai déjà volé à maintes reprises pour survivre et malgré un métier beaucoup plus respectable aujourd’hui, j’usurpe l’identité de mon clone. Un voleur reste un voleur ; ils en ont même fait une maladie, à ce qu’il paraît. Je reste silencieux, scrutant sa réaction après l’avoir invité à partager le repas que l’on vient de me livrer et les plats semblent la mettre en appétit. Qui ne saliverait pas devant tous ces mets délicieux soigneusement préparés par des chefs étoilés ? « I don' need your pity... but, well, I guess it would be a shame to throw that stuff away. ». Je roule des yeux d’un air beaucoup plus amusé que véritablement blasé par son comportement. Sans avoir besoin de le lui demander, je sens qu’elle n’est pas très à l’aise et qu’elle doit sûrement se sentir humiliée d’avoir été ainsi prise sur le fait. Je le sens parce que j’ai déjà éprouvé cette situation par le passé et que ça m’est encore arrivé aujourd’hui parce que cette fille avait été à deux doigts de me percer à jour. Pendant qu’elle s’approche docilement, je reste en retrait et veille à ne faire aucun geste qui l’inciterait à prendre ses jambes à son cou. Il y a deux minutes encore, je l’aurais flanqué à la porte sans sommation mais j’ai trop connu la misère pour la laisser partir comme ça ; j’aurais culpabilisé à coup sûr ! « So it's true what they say about you... Enzo Donovan The Great, the Kind... You know I could be some dangerous crazy-ass chick, right ?. ». Je souris. Puis ma grimace se transforme vite en un rire franc face à l’ironie de la situation. Des deux, c’est sûrement moi le plus dangereux. « ‘Faut pas croire tout ce qu’on raconte. J’ai juste un bon agent. ». J’hausse les épaules d’un air nonchalant avant de grignoter dans les différents plats. J’essaye de jouer les modestes mais ce n’est pas vraiment mon truc. Ca doit ressentir car ma phrase sonne plus ‘gosse de riche’ que ‘bon samaritain’. « J’ai bien fait de me réveiller alors, je suis sûr que tu m’aurais tué dans mon sommeil. ».

Cette présence. C’est une sensation très étrange. J’ai la curieuse sensation d’être en contradiction avec moi-même. Je sais que le moindre faux pas m’expose, mais je ne peux me résoudre à lui claquer la porte au nez alors qu’elle a tenté de me voler – ou plutôt de piller la chambre de mon sosie – pendant mon sommeil et je ne sais pas vraiment ce qui me pousse à agir ainsi. La culpabilité, peut-être ? Car, grâce à mon physique qui se rapproche de celui d’Enzo, j’ai l’opportunité de devenir un privilégié l’espace de quelques instants alors qu’en réalité, je ne vaudrais pas mieux qu’elle. « Mh... En attendant, c'est pas lui qui m'offre des frites, pas sûr que j'aurais fait pareil à ta place... ». J’hausse les épaules en me donnant un air nonchalant, mais intérieurement, je me sens tout de même un peu flattée. « Sans vouloir t'impressionner, je suis sûre que j'aurais au moins pu te faire super mal, t'assommer, même. I've had training. ». J’arque un sourcil en la toisant d’un regard sans vergogne. Mon expression se veut presque moqueuse. Cette petite chose capable de terrasser quelqu’un comme moi ? Je n’en crois pas un mot. Non, je ne suis pas misogyne. Juste un peu – beaucoup - macho. « Quel genre d’entraînement ? ». Je le lui demande par pure politesse. D’après moi, elle se serait contentée de me donner un coup dans les valseuses. Rien d’imprévisible, en somme. Elle a côté si fragile et tellement jeune que j’ai un peu de mal à l’imaginer se défendre contre quelqu’un. A vu d’œil, je dirais qu’on doit bien avoir… 5 ans de différence. « Je veux dire, j'ai plus l'effet de surprise, maintenant, alors forcément... mais j'aurais pu, quoi. Le poulet, il est comment ?. ». Je lui réponds, du tac-au-tac. « Gosh, il est à se rouler par terre. Je ne connais que celui du KFC et je te garantis qu’il n’y a pas photo. ». Lorsque je réalise ce que je viens de dire, je m’étouffe avec ledit morceau de poulet.

Merde !

Je me suis renseigné sur Enzo pendant des semaines entières, mais je ne me suis jamais intéressée à ce qu’il pouvait bien mettre dans son assiette. Pour moi, ce qui n’était que des détails me parait maintenant d’une importance cruciale. Je m’aperçois que je ne suis pas aussi préparé que je le pensais. Jusqu’à présent, j’ai tout misé sur ma ressemblance physique mais que ce passerait-il si un journaliste ou un fan avéré venait à découvrir le subterfuge ? Si ça se trouve, Enzo est végétarien et il milite contre les fast-foods (ça ne m’étonnerait qu’a-moitié). Lorsque je reprends enfin mes esprits, mes yeux rougis en pleurent encore et je continue de toussoter. « Désolé, j’ai avalé de travers. ». Je me sers un verre d’eau et le boit d’une seule traite avant de pousser un soupir de soulagement. « T’as l’air d’apprécier. Dommage que tu n’ais pas ramener un Tupperware. ». Je lui adresse un sourire pour lui faire comprendre que je plaisante même si sa situation est loin d’être risible. « Tu t’appelles comment ? Je te rassure, je n’ai pas l’intention de te porter plainte sinon je ne t’aurais pas invité à manger, c’est juste par pure curiosité. Un simple prénom suffira. Moi c’est Danjel. ». OH MY GOD. Je passais mon temps à me méfier des autres alors que d’une phrase, je venais de reveler mon secret. « Oh shit… SHIT ! I’m a fuckin’ idiot !!!! ».

« Well, je vais pas te révéler tous mes secrets de combat, ça niquerait vraiment tout l’effet de surprise, pour le coup ! ». J’arque un sourcil, avant de lâcher un soupir lourd de sens. En d’autres termes ; je ne crois pas un traitre mot de ce qui sort de sa bouche. Il ne faut jamais croire un voleur, j’en suis la preuve vivante. Si ça se trouve, cette fille n’a qu’une bombe lacrymo sur elle et ne connait aucune autre technique de combat susceptible de me terrasser que le « casse-noisettes » ou le « pince-tétons ». J’affiche aussitôt une grimace en pensant aux dommages que ces trois méthodes peuvent provoquer chez moi. Une phrase de travers et je me retrouverai castré, aveugle et condamné en ne plus me mettre torse-nu. Finalement, je me dis que ne pas la chambrer là-dessus plus longtemps est une sage décision. C’est en essayant de rendre l’ambiance plus agréable pour lui délier un peu la langue que le piège s’est refermé sur moi sans que je n’en prenne conscience. Je venais de lui donner mon nom. « Danjel ?! ». Il ne m’est pas venu à l’idée de lui mentir en trouvant la parade du « second prénom » ou d’un véritable prénom avant adoption (car tout le monde savait que les Donovan avaient un faible pour les pupilles de l’Etat). Non, au lieu de ça, je m’enfonce un peu plus en m’insultant de tous les noms d’oiseaux possibles et inimaginables – y compris dans ma langue maternelle – en ne faisant qu’éveiller ses soupçons. « Taking the words right out of my mouth ! Who the hell are you ? Cause you're definitely not Enzo Donovan. ». C’est à son tour de se mettre sur ses gardes, de me toiser comme un voleur – ce que je suis – mais, curieusement, je ne supporte pas son vis-à-vis envers moi et me surprend à m’emporter. « Hey ! I remind you that you’re the one who came to my room to rob me ! ». Je me sers de ce prétexte comme bouclier et je viens sans doute de perdre le peu de « confiance » qu’elle m’avait en partie acquise et qui m’aurait permis de connaître au moins son prénom. Je soupire. Pourquoi continuer de mentir alors que je viens de me vendre tout seul ? Et de toute façon, elle est beaucoup trop jeune pour être de la police. « Ok, ok ! Yes, I’m not Enzo. I’m just… Danjel, a kid who comes from favelas but, hey, I'm not so different from you. I just steal the identity of a guy who looks like me to survive and enjoy some privileges… Honestly, isn't the best chicken you've never eat ? ». J’essaie encore de m’accorder un minimum de crédit, mais je sais que c’est mal. Je le sais depuis que j’endosse l’identité d’Enzo et me retrouver devant le fait accompli ne me rend que plus mal. « I have to admit, at first it was to help me but now it's a game. ».

Danjel essayait de se défendre du mieux qu’il le pouvait – ou plutôt de rejeter la faute sur l’intruse plutôt que sur lui-même – mais le fait est qu’ils étaient tous deux en tort. L’un était une voleuse, l’autre un imposteur : quelle fine équipe ! « Obviously it wasn’t YOU I came to rob… » se défendit-elle. Piqué au vif, le brésilien eut un mouvement de recul et fronça les sourcils en faisant mine de réfléchir à une contre-attaque, mais tout ce qu’il trouva à dire fut un : « ‘kay, you’ve got a point… » en levant les mains comme s’il rendait les armes. Danjel tenta alors de l’amadouer en lui parlant de ce succulent poulet bien entamé et la jeune femme le lui concéda aussitôt. Il lui avoua par la suite que l’usurpation d’identité était devenue un passe-temps. Pire que ça ; une vraie drogue. Il pouvait sentir l’adrénaline affluer dans son sang rien qu’à cette idée. Prendre l’identité de quelqu’un d’autre, c’était tellement excitant ! « Yeah, I feel you... Danjel. » dit-elle, lui faisant ainsi comprendre qu’ils en étaient au même point tous les deux. « I’m glad you do. Relieved, mostly. » sourit-il à son tour avant de se laisser tomber sur le lit. « Sooo if you're not Enzo, I guess that means I can... just look around for a couple of stuff. » reprit-elle. Surpris par son culot, Danjel resta interdit quelques instants avant de faire un geste de la main pour lui donner l’autorisation de se servir ; il préférait ne se contenter que du poulet. « I gotta say, you got a pretty smart move here. You look just like him – I mean, what I guess he looks like from the pictures in the magazines, you know. ». Le brésilien pouffa de rire. « Yeah I know. I’m really proud of that one, but I still have to improve my acting. » répondit-il pendant qu’elle inspectait la valeur d’une montre délaissée sur une commode. Show-off ? Yeah, maybe a little. « So what, are you his doppleganger or are you guys related ?». Ah, la question tant attendue. Kat était la seule à s’être risquée de lui poser la question et de le pousser à s’intéresser au passé d’Enzo. C’était d’ailleurs de là que tout était partie. « Since we’re both orphans, I admit I thought about this possibility but we’re not born in the same country. I was born in Brasil and he spanish, so geographically it’s not possible.». Tyler donnait l’impression d’être plus intéressée par les objets appartenant au véritable Enzo qu’à l’histoire de Danjel. Celui-ci en fut légèrement offusqué, d’ailleurs. Ca lui plaisait d’être le centre de l’attention pour une fois ! « Did you find something ? » demanda-t-il, curieux de savoir si elle avait dégoté un objet intéressant parmi les effets personnels de son jumeau. « Et toi, dis moi… ? J’ai cru comprendre que tu volais depuis un certain temps. Comment tu t’y prends ? Tu peux peut-être m’apprendre quelques tuyaux. Je suis nouveau dans tout ça. Comment t’as su quand venir, exactement ? »