Dire que la semaine avait mal commencé était un euphémisme. Je n’arrivais toujours pas à croire que le directeur avait osé me mettre en équipe avec Sofia ! A croire qu’il était au courant, c’était pas possible autrement ! Et puis le sujet … Comment pouvait-il avoir des idées pareilles ? Il allait un jour falloir qu’on m’explique qui cela peut bien intéresser toutes ces futilités. Réellement, il y avait vraiment des personnes qui s’intéressaient à un dossier complet sur Halloween ? Qui cela pouvait bien intéresser de lire un dossier qui allait des préparations d’Halloween au porte-à-porte pour réclamer des bonbons ? C’était un peu du même style que l’article que j’avais dû écrire sur la rentrée des classes. Bref, inintéressant au possible. Allez, on ne sait jamais, peut-être qu’il y aurait un drame avec un des enfants laissé tout seul ? Après tout, qui pouvait bien laisser son enfant flâner dans les rues ? Avec tous les faits divers que les familles pouvaient bien visionner à la télévision ou lire dans les journaux, elles laissaient quand même leurs bambins vagabonder dans les rues, sans surveillance ? Du grand n’importe quoi ! Mais bon, cela ferait peut-être mon affaire s’il y avait un enlèvement lors de cette fameuse soirée, et qu’étant déjà sur place, j’écrivais un article dessus. On pouvait croire que j’étais une personne fétide – et peut-être même était-ce le cas – mais je n’avais jamais pensé que je souhaiterais qu’un enfant se fasse enlever, c’était déjà bien non ? J’avais simplement pensé que je sauterais sur l’occasion. Et puis si mon directeur arrêtait un peu de me donner des thèmes plus stupides les uns que les autres à couvrir, peut-être que je ne réagirais pas de cette façon non plus. J’essayais de chasser ce dossier de mon esprit, tandis que j’arrivais chez Mackenzie, ma meilleure amie. J’appuyais sur la sonnette, avant d’attendre qu’elle ne s’ouvre. « Hey Mac ! Ça va ? Comment s’est passée ta journée ? » lui dis-je dans un sourire, qui partit aussi rapidement qu’il était arrivé, tandis que je sentais sa main claquer sur ma joue. « Nan mais t’es malade ou quoi ?! C’est quoi ton problème ?! T’as tes règles ma parole ?! » m’écriais-je tout en frottant ma joue endolorie.

Il manquait plus que ça pour que cette semaine ne devienne parfaite ! Voilà que ma meilleure amie m'en voulait pour une raison que j'ignorais complètement. C'était bien ma veine ! Cela ne suffisait pas à l'univers de me faire me coltiner Sofia pour un article. Non non non, ce ne serait pas amusant sinon ! Il en fallait bien plus, et me priver de la présence de ma meilleure amie pour la nuit devait en faire partie. Je savais bien que le Seigneur s'amusait avec nous, un peu comme ma petite sœur avait l'habitude de jouer aux Sims pendant son adolescence, mais quand même, là, il exagèrerait ! Je regardais le Ciel d'un regard noir, avant de reporter mon attention sur Mackenzie. « Langage demoiselle ! Tu sais ce que je pense des vulgarités dans la bouche d'une jolie jeune femme ... » répondais-je dans un petit sourire en coin, espérant surtout que le compliment que je lui faisais la calmerait. Généralement, ce genre de passe-passe fonctionnait avec les femmes, mais je savais bien que ma meilleure amie ne se laisserait pas avoir si facilement. Bon, dans le pire des cas, j'avais toujours un coup de rechange, que je pourrais appeler si la soirée ne se déroulait pas comme je l'avais espéré. Mais je n'étais pas non plus un goujat, et Mackenzie n'était pas qu'un coup du soir, mais également ma meilleure amie, ce qui rendait les choses plus compliquées, malheureusement. « Bon, et si tu me disais ce qui te met dans cet état et te donne envie de m'émasculer ? »  lui demandais-je en me passant la main dans les cheveux. Et la différence était bien là. Si elle n'avait pas été ma meilleure amie, et seulement une fille avec laquelle je couchais, je serais parti sans me retourner et serait tout simplement allé voir ailleurs. Mais ce n'était pas le cas, et je n'aimais pas la voir dans cet état.

Je ne comprenais vraiment pas ce qui pouvait bien se passer. Qu’est-ce qui pouvait bien mettre ma meilleure amie dans un état pareil ? J’essayais de penser à ce que j’avais bien pu pouvoir lui faire. Est-ce que j’avais annulé un de nos rendez-vous à la dernière minute ? Voir carrément posé un lapin ? Non, je ne voyais rien qui justifierait son comportement. J’étais donc parfaitement dubitatif, tandis que comme je l’avais prévu, elle ne se laissait pas prendre par des compliments sous-entendus. « C’est généralement ce qu’on appelle une boutade je te signale ! Donc calme-toi ! » m’exclamais-je, sans savoir quoi dire de plus. Surtout que sa façon de s’exprimer ne m’avait jamais gêné avant, ce n’était donc pas pour commencer maintenant. « Je ne vois pas ce qui te fait dire que je te prends pour une poupée gonflable. Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer dans ta tête pour que tu penses ça ? » lui demandais-je, avant d’être complètement sidéré par sa réponse. Rapidement, je m’énervais. « T’es qu’une hypocrite O’Connor. T’es là à mettre tout le temps en avant le fait que t’es un garçon manqué, mais t’es une femme, et tu viens d’en donner la preuve. D’un coup, parce qu’on couche ensemble, tu penses pouvoir me changer et faire en sorte que je ne couche pas ailleurs. En gros, t’essaye de me faire devenir ton petit ami. Comme toutes les autres femmes. C’est vraiment d’un pathétique. On avait un accord. C’est toi qui m’as proposé qu’on couche ensemble je te signale, alors que tu me connais très bien. Donc tu ne veux pas de ma présence ici, très bien. Je m’en vais. » répondais-je excédé, tout en commençant à me diriger vers la sortie. In-croy-able ! Je commençais vraiment à en avoir plus qu’assez que tout le monde essaye de me changer. Elle disait que je la considérais comme un objet, alors qu’elle venait tout simplement de donner la preuve que c’était l’inverse. Que c’était elle qui me considérait comme un objet qu’elle pourrait moduler à sa guise.

  « Okay, vraiment, je ne comprends même pas pourquoi on a cette conversation en ce moment. Personne ne t’oblige à ne coucher qu’avec moi hein. Tant que tu te protèges, tu peux coucher avec qui tu veux. » répondais-je agacé, ne comprenant vraiment pas quel était le problème. Elle me connaissait, et depuis des années maintenant, et pourtant, elle voulait que je ne couche qu’avec elle ? Vraiment, je ne comprenais pas ce qui lui prenait. Je n’avais été fidèle qu’une seule fois, et c’était avec Sofia. Et on voyait ce que ça avait donné … J’aurais mieux fait de ne jamais boire cette soirée-là, comme ça jamais je n’aurais accepté ce stupide défi et jamais je n’aurais été avec elle. Quand je repensais à comment elle m’avait humilié, cela ne me donnait vraiment pas envie de recommencer.   « Donc tu veux quoi exactement ? » lui demandais-je dans un rire nerveux.   « Si ça ne te suffit pas de juste coucher avec moi, tu veux quoi ? Qu’on se tienne par la main, qu’on aille au restaurant, et toutes ces autres choses ennuyeuses ? » continuais-je, sérieux. Je ne savais pas ce qu’elle voulait, et j’étais réellement énervé. J’avais eu une mauvaise journée, je pensais que j’aurais pu passer une bonne soirée, mais apparemment ce ne serait pas le cas. Parce que cette histoire m’avait enlevé toute envie, réellement. Je ne me voyais pas du tout appeler une fille pour passer la nuit avec. Entendant sa phrase au loin et remarquant qu’elle continuait de me parler, je faisais demi-tour pour retourner devant sa porte. Même si elle m’avait demandé de ne pas remettre les pieds ici, je n’avais tenu que dix secondes. Elle était ma meilleure amie, et je ne voulais pas qu’on se quitte sur une dispute comme celle-ci.   « Bon allez, tu me laisses entrer, on en parle une fois, j’écoute ce que tu as à dire, et on met tout ça derrière nous. »

Et voilà pourquoi, lorsque Mackenzie m’avait proposé que notre amitié évolue, je n’avais pas été des plus convaincus. Je me doutais bien que quelque chose comme cela se passerait. Que d’un coup, cela ne lui suffirait plus et qu’elle voudrait plus, bien plus.  « Mais pourquoi tu ne veux coucher qu’avec moi ? J’ai quoi de plus que les autres ? Rien. Okay, je suis un super coup, ça je veut bien l’admettre, mais … » commençais-je, avant qu’elle ne m’interrompe en disant que justement, elle voulait toutes ces choses ennuyeuses. Les films, les restaurants, les promenades au clair de lune. Bref, elle voulait être en couple avec moi. J’expirais longuement. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire ? Je savais que si je disais non, je perdrais probablement ma meilleure amie par la même occasion. Mais les relations de couple, j’avais déjà donné une fois, et j’en étais ressorti plus bas que terre. Bien sûr, elle ne le savait pas. Personne ne le savait. J’avais bien trop d’égo pour en parler à quiconque.  « Donc tu veux qu’on soit un couple en fait ? Tu veux qu’on sorte ensemble, que je te sois fidèle et tout le blabla qui va avec ? » répétais-je dans un petit rire nerveux. Vraiment, j’étais perdu et ne savais pas que faire. Mais en même temps, elle était ma meilleure amie et il était probable qu’au moins, elle ne me ferait pas souffrir. Et puis c’était juste deux amis qui sortaient ensemble. Pas forcément une relation de couple. Juste on sortirait comme maintenant, continuerait à coucher ensemble. La seule différence serait que je ne coucherais avec personne d’autre en fait.

Lorsqu’elle m’avoua être amoureuse de moi, mon sang se glaça. Je n’aimai pas ça. Et surtout, j’étais bien incapable d’être amoureux d’elle en retour. J’avais ouvert mon cœur qu’une seule fois, et il s’était bien fait piétiner, c’était le moins que l’on puisse dire. Je n’avais pas envie que cela recommence. Et puis même, si j’avais dû être amoureux de Mackenzie, je l’aurais déjà été, depuis le temps que nous nous connaissions. Et ce que je ressentais pour elle n’était pas de l’amour, c’était sûr. Mais qu’est-ce qui me retenait de tenter le coup, exactement ? Je n’avais pas grand chose à perdre. En fait, la seule chose qu’elle me demandait, c’était de ne plus voir ailleurs. Peut-être pouvais-je me contenter d’elle ? En attendant, je ne savais pas vraiment quoi lui répondre. Je tentais de faire le vide dans mon esprit et de trouver une solution. Peut-être pouvais-je essayer ? Sofia partait en Egypte bientôt de toute façon, et je ne la reverrais probablement plus jamais. Ce n’était donc pas comme si j’allais me retrouver en couple. Et puis, Mac était ma meilleure amie et peut-être qu’être en couple avec elle ne serait pas si mal … Qu’est-ce que cela changerait pour moi, exactement ? Probablement rien. Nous continuerions à nous voir de la même façon, sauf qu’en plus, nous irions au restaurant et toutes ces autres choses qu’elle souhaitait faire. Ce n’était pas inhumain comme demande, non ? Prenant ma respiration, je me levais et allais fermer la porte qu’elle venait d’ouvrir. « On va essayer, okay ? Je ne peux pas te promettre que je serais génial dans ce rôle et tout, mais … on peut essayer si tu veux. » répondais-je tout en me grattant doucement la tête pour me donner consistance.

Je ne savais réellement pas quoi faire. D’un côté, j’avais envie d’essayer de tenter quelque chose avec ma meilleure amie. Après tout, elle était bien ma meilleure amie pour une raison, non ? Et c’était bien parce que je l’adorais réellement. Donc pourquoi pas après tout ? Elle ne me ferait pas souffrir, c’était sûr. Et puis elle m’aimait, réellement. Qu’est-ce que j’avais à y perdre, techniquement ? Rien. Donc pourquoi ne pas essayer ? Puis lorsqu’elle me dit que je n’y arriverais pas, je la regardais plus froidement que d’habitude. « Tu crois réellement que je suis un connard ou quoi ? » lui demandais-je froidement. « J’ai déjà été fidèle tu sais ? Pendant deux longues années. Donc non, je n’ai pas « besoin de te sentir aimer de plusieurs femmes ». » répondais-je assez sèchement. Je n’aimais pas du tout ce qu’elle pensait de moi en cet instant. « Ecoute, si je pensais pas y arriver, je ne te proposerais pas de tenter quelque chose. Après, sincèrement si c’est ce que tu penses réellement de moi, je ne vois même pas ce que je fais ici. »

« Non, même avec les femmes que je fréquente. Je ne leur promets jamais rien, donc je ne vois pas en quoi je suis un connard avec elle. » répondais-je à ma meilleure amie, sidéré qu’elle puisse réellement penser cela de moi. Donc oui, je ne donnais pas dans les relations de couple, mais jamais je ne promettais le contraire. Elles étaient pleinement conscientes que ce ne serait que pour une nuit, et que ça n’irait jamais au-delà d’un rapport purement sexuel. En quoi cela faisait-il de moi un connard, alors que les femmes que je fréquentais recherchaient exactement la même chose que moi ? À l’exception de Mackenzie, apparemment, qui je ne sais comment, avait fini par tomber amoureuse de moi et voulait maintenant plus. Mais elle était ma meilleure amie, et puis j’avais déjà été qu’avec une seule personne. Pendant deux ans même, sans jamais aller voir ailleurs. Donc bon, pourquoi pas tenter ? Qu’est-ce que j’avais à y perdre ? Me regardant dans les yeux, elle me demanda ce que j’avais envie de faire, à propos de nous deux. « On tente ? Et on verra bien où ça nous mène … »